Gyl Du Rouvre, pieux des racines aux branches

L'enfance de Gyl est d'une banalité absolue pour l'aînée d'une famille importante du Bief. Né dans la grâce des Sept au sein de la famille Du Rouvre, il fut élevé par sa mère Arwyn jusqu'à ses sept ans avec une éducation sérieuse et très pieuse. La Foi étant une chose importante pour la famille, il passa de nombreuses heures formés aussi bien par des septons que les mestres. Entouré de ses frères, dont il était très proche, le jeune garçon était turbulent mais respectueux lorsque ce n'était nécessaire. Lorsqu'il fêta sa septième année, Gyl fut confié pour sa plus grande fierté à son père, Ser Joryl du Rouvre, qui se chargea de son éducation martiale mais également noble. Ecuyer personnel de son père, il apprit ainsi le maniement de l'épée - à laquelle il se révéla catastrophique - , de l'archerie, du marteau d'armes et surtout de la cavalerie. Elevé dans une pure tradition bieffoise, il ne put qu'aimer l'art de la monte et de la charge auxquelles il excellerait par la suite et ce jusqu' à aujourd'hui.

Le temps de faire ses preuves vint bien plus vite qu'il ne l'aurait crû dans un monde en paix. Lorsque la rébellion de Robert Baratheon éclata, Ser Joryl, son frère Ser Bennard et leur ost rejoignirent presque aussitôt les troupes de Mace Tyrell et rejoignirent le gros de l'armée. Aussi Gyl ne put participer à sa grande frustration à la bataille de Cendredgué. Ses seuls états d'arme aux côtés de son père furent la charge des fuyards de l'armée du rebelle. Le massacre d'hommes vaincus laissa un goût amer au écuyer qui ne comprenait pas la violence des soldats et leur volonté de tout détruire puis violer et encore détruire pour refroidir leur sang bouillonnant. La bataille des Cloches eut raison de ses rêves d'enfance sur la guerre. Jetés au coeur de la mêlée sanglante de Pierremoûtier, les troupes du Rouvre furent mises à mal par les forces Tully et bientôt acculées. Dans une ruelle, Sers Joryl, Bennard et l'écuyer Gyl durent se défendre à corps défendant. Les deux premiers tombèrent bien sous le coup des forces rebelles et leur héritier survécut autant par chance que par ténacité. Trébuchant sur un marteau de guerre qu'il était à peine capable de soulever il réussit à repousser les ennemis et même à briser un écu, qui lui vaudrait son surnom plus tard.

Traumatisé par les violences des combats, écoeuré et hanté par des rêves sombres, le nouveau seigneur réclama de pouvoir enterrer le corps de son père et son oncle lui même et refusa de suivre le prince Rhaegar jusqu'à son tombeau à la bataille du Trident. Son souhait lui fut accordé et il put rentrer ainsi au Vieux Rouvre. Arwyn, sa mère, prit dès en charge son destin et s’appropria le pouvoir au Vieux Rouvre en tant que régente jusqu’à la majorité de Gyl. Elle obtient par la suite la succession en sa faveur. Son héritier fut confié à un autre chevalier de la maison et continua son éducation martiale mais également de futur seigneur jusqu'en 285 où il fut oint des sept huiles et adoubé chevalier. Il prit dès lors en charge l'éducation de ses jeunes frères, perdus de vue au fur et à mesure qu'ils étaient confiés à d'autres maisons pour leur initiation à la chevalerie. In confirma également sa mère comme dyarque du Vieux Rouvre, faisant elle le véritable seigneur du fief à ses côtés.

Lorsque Balon Greyjoy décida de se proclamer roi, les Du Rouvre répondirent de nouveau à l'appel du Trône du Fer, peu leur importait qui l'occupait. A contrecoeur, Gyl participa à l’assaut de Vieux Wyk aux côtés de Ser Barristan Selmy. Embarqué avec les galères des Îles Boucliers, il s’y distingua notamment en sautant des navires à cheval, il y gagna un nouveau surnom : la Pouliche de la Mander. Il participa ensuite au tournoi de Port Lannis sans y gagner d’honneur ou de gloire. Gyl y prit néanmoins un profond plaisir et passa les dix prochaines années à écumer les tournois du Bief tout en gouvernant le Vieux Rouvre avec sa mère jusqu'à devoir se rendre à Port-Réal pour celui de la Main. Malheureusement blessé à la dextre suite à un entraînement, il dut se contenter de l'observer de loin. Il en profita néanmoins pour se mêler à la belle noblesse du reste du royaume s'étant toujours concentré sur la vie sociale du Bief.

Charmé par les manières de Renly, Gyl sut convaincre sa mère de rejoindre sa cause et les Du Rouvre suivirent de très près les Tyrell lorsque vint le moment de lui jurer fidélité. Commandant l'ost du Rouvre au nom d'Arwyn, celle-ci sut gagner la confiance de leur nouveau roi et fit bientôt partie de sa suite de conseillers. Malheureusement cette aventure tourna vite court avec l'assassinat de Renly au grand détriment de Gyl. Il fut un des premiers hommes à replier ses troupes vers Pont-L'Amer. S'il essaya de défendre le massacre de l'infanterie des Florent, il refusa de servir Stannis et préféra camper sur place jusqu'à l'arrivée de lord Baelish. Arwyn et Gyl s'échappèrent longtemps sur la conduite à tenir. La première souhaitait rejoindre les rangs Lannister par opportunisme, mais également par la présence de son fils Arys aux côtés de Joffrey Baratheon en tant que Garde Royal, tandis que le second voulait rester fidèle à son serment prêté à Renly. Sa mère eut finalement gain de cause et les Du Rouvre combattirent aux côtés de Lord Tywin lors de la bataille de la Néra.

Gyl chargea avec ses frères lors de la bataille de la Néra. Il repoussa les renforts de la Maison Florent et abattit plusieurs de leurs chevaliers. Echaudé par les combats, il fut prêt à jeter sa monture dans les eaux enflammées du fleuve pour poursuivre ses ennemis mais ses troupes le ramenèrent à la raison et il put ainsi rejoindre sain et sauf le camp des vainqueurs. Les Du Rouvre furent remerciés pour leur fidélité par l’octroi de terres dans le Bief, renforçant légèrement leur puissance territoriale du nord de la Mander. Gyl fut également profondément déçu de ne pas voir son frère, chargé de la protection de la princesse Myrcella à Dorne. Pour renforcer les liens avec le trône mais également pour suivre leurs Tyrell, il décida de rester à Port Réal et fit renvoyer mère, frères et ost, débandé peu après, au Vieux Rouvre. Il garda un souvenir amer de son séjour dans la capitale. Agacé par le manque de ferveur religieuse d'une partie de la Cour, il s'étonnait également de la stratégie politique de Mace Tyrell, trop subordonné à Tywin Lannister à son goût. Aisément charmé par la magnifique Margaery Tyrell qui faisait naître en lui des pensées bien peu prudes, il jalousait ses fiançailles avec le roi Joffrey. S'il ne prit aucun plaisir à la mort horrible de ce dernier, Gyl ne crut pas Tyrion Lannister coupable une seule second. Malgré son arrogance pour le Lutin, un être difforme et mal luné selon bien qu'une intelligence sournoise, le peu qu'il avait échangé avec l'homme ne lui donnait pas l'impression d'être difficile.

Gyl fit tout pour se tenir éloigné du nid de vipères de la capitale. Il suivit de loin, mais avec une certaine excitation, les remous de la religion et l'élection du Grand Moineau. Il comprenait les principes enseignés par l'homme, bien qu'il ne le soutienne par ouvertement. Les attaques de ses moineaux contre les nobles mais également l'humiliation de Cersei Lannister, puis l'emprisonnement des Tyrell, eurent raison de son soutien silencieux. Lors de la destruction du Grand Septuaire de Baelor, Gyl se trouvait sur les champs d'entraînement du Donjon Rouge. Horrifié par ce sacrilège ultime, il renia son serment envers des parjures tels que les Lannister et quitta la capitale presque immédiatement en toute discrétion pour revenir au Vieux Rouvre. La guerre revint malgré tout vite demander son dû et Gyl participa au siège de Hautjardin pour défendre les derniers Tyrell. Il mena plusieurs charges contre les arrières des Lannister mais le manque de cohésion des troupes du Bief empêcha de briser l’encerclement de la ville. Il se replia vers ses terres une fois la mort d’Olenna officielle, mettant fin à la suzeraineté des Tyrell.

Gyl, à l’image des seigneurs, déteste la nomination de Bronn La Néra en tant que suzerain. Tout d'abord par sa basse extraction mais surtout parce qu'il n'était pas Bieffois et ne pouvait que souiller les traditions du royaume vert. De la même manière, pour l'avoir côtoyer de loin, les manières rustres du manant étaient incompatibles avec une si noble charge.  Il l’accepta cependant, soucieux de ne pas faire de faux pas, poussé en ce sens par sa mère. Il profita des liens étroits avec ses voisins les Rowan pour en épouser la benjamine, Ireyne.  Il l'avait rencontré d'ores et déjà à Port Réal suite à la bataille de la Néra et la trouvait fort charmante. Il trouve en elle une femme qui comblait ses désirs, bien éduquée et si la passion n'était pas toujours au rendez vous, Gyl ne put que s'épanouir dans une sorte de bonheur arrangé. Malgré cela, lorsque elle tomba enceinte et accoucha d'un enfant mort-né, le chevalier ne sut comment réagir autre maladroitement et négligea son propre deuil et celui de sa femme pour se dédier à la gestion de son domaine.

Bronn la Néra disparu, Gyl et Ireyne envoyèrent des missives aux grandes maisons du Nord du Bief afin de réunir un concile pour discuter du sujet de la régence. Motivé par sa femme, mais également son ambition et son désir de ramener une cohésion sociale, politique et religieux au Bief, Gyl décida de se présenter.