[PORT REAL] Les secrets seront bien gardés | Alaric

Les secrets seront bien gardés

Alaric alias Edward

305 - Lune 8 - Semaine 1 - Jour 4

__ Messers, je cherche à m’entretenir avec un homme nommé Edward du Val, un homme issu du peuple qui porte quelques maillons de Mestre et la moustache comme nul autre ne le pourrait. Si vous le voyez, amenez le moi.

Tels furent les ordres donnés par Aelinor à ses gardes le lendemain du tournoi après avoir aperçu Edward et Bronn en grande discussion au banquet et après avoir réglé les autres problèmes urgents qu’elle avait rencontrés entre temps. Elle devait absolument savoir ce qu’il faisait à Port-Real et ce qu’il voulait afin de s’assurer qu'il ne divulgue pas ce qu’il savait sur elle. Elle ne s’attendait cependant pas à ce qu’ils le trouvent dans le Donjon Rouge, mais plutôt dans la capitale, aussi, elle fut surprise d’apprendre qu’il avait été vu non loin de la tour de la main dans la matinée. Ses hommes également et c’est ainsi qu’incertain de l’identité de l'homme, ils lui avaient décrit Edward pour s’assurer que c’était bien lui avant de lui amener.

__ C’est bien lui, retrouvez-le moi au plus vite !

En début d’après-midi, deux soldats gardaient donc la porte de la brune tandis que les trois autres cherchaient l’homme dans la forteresse tout en faisant comme si de rien n’était. Ils étaient donc désarmés et déambulaient tranquillement quand l’un d’eux glissa à son voisin.

__ A 11 heures, je crois que c’est lui.
__ C’est lui, allons-y.

Les trois hommes vêtus de gambisons gris aux couleurs des Hightower s’approchèrent sans grande discrétion du moustachu.

__ Bonjour monsieur, Dame Aelinor souhaiterait vous parler. Veuillez nous suivre s’il vous plaît.

Un des soldats ouvrit la marche tandis que les deux autres se plaçaient derrière Edward pour s’assurer qu’il vienne avec eux. Ils avaient beau ne pas porter leurs épées, ils restaient des soldats. Ils traversèrent le Donjon Rouge jusqu’à l’hostellerie où résidait la Hightower et montèrent les escaliers avant de s’arrêter devant la porte gardée par l’épée lige d’Aelinor, Ser Creighton, que le moustachu connaissait déjà et un autre homme, lui aussi armé. Ils annoncèrent l’invité et l'épée lige entra avec lui après que la brune aux yeux azur les y ait autorisés. Elle était assise à son bureau et invita le Valois à s'installer en face d’elle.

__ Edward ! Je me fais une joie de vous revoir après tant d’années. Comment vous portez-vous ?

Fit-elle avec un large sourire, regardant néanmoins son ami avec des yeux perçants.

__ Nous n'avons pas eu l’occasion de discuter l‘autre jour au banquet, vous m’en voyez navrée. Je me suis dit que nous aurions un tas de choses à nous raconter après tout ce temps et qu’il serait bon de se voir dans un endroit tranquille.

Gladys versa du thé dans deux tasses et la brune prit un biscuit avant de pousser l’assiette sur laquelle d’autres étaient disposés vers Edward. Aelinor portait une robe de brocart grise et argentée avec des motifs floraux aux manches longues et ajustées. Plissée sur les hanches et lacée d’un ruban argenté dans le dos elle était dotée d’un décolleté carré légèrement arrondi qui ne montrait pas grand chose.

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Arpentant les couloirs du Donjon Rouge, Alaric laissait traîner ses oreilles cherchant à glaner la moindre information qu’un des nobles présent aurait la mauvaise idée de dévoiler dans ces couloirs. Cela ne faisait que deux jours qu’il était entré au service du Grand Argentier, sa présence était encore fortement marquée par les gardes qui n’hésitaient pas à le stopper pour s’assurer de la légitimité en ces lieux. Pour le moment, aucun n’avait eu la bonne idée de faire un excès de zèle et le parchemin qu’il gardait sur lui suffisait pour preuves. Il lui faudra encore de longues semaines voir mois pour que ses déplacements deviennent invisibles au sein même du Donjon Rouge.

Cependant, sa course fut stoppée une nouvelle fois par des hommes. À la seule différence que ceux-ci portaient les couleurs des Hightower, avec ce symbole gravé dans l’esprit du nordien suite à ses quelques années à la citadelle. Autant leur présence dans la capitale n’avait rien d’étonnant, ce qui n’était pas le cas du fait que les trois hommes l’avaient encerclé. Alaric n’avait rien d’une menace, il avait certes une dague cachée pour se défendre, mais son utilisation ici serait bien mal avisée.

- Pardon Dame comment ? Demanda-t-il avec l’air le plus innocent possible. Il avait très bien compris qui la demandait, mais avoir l’air idiot lui avait toujours servi autant continuer. Ne répondez pas. Ce sera mon petit jeu de le deviner sur le trajet en vous suivant, puisque c’est si gentiment demandé. Compléta-t-il avec un sourire.

Malgré ses tentatives, les gardes restèrent silencieux pendant les quelques minutes de marche qui les séparaient de l’hostellerie. Il décida donc lui aussi de se terrer dans le silence jusqu’à la fin du trajet. Passant la porte des appartements des Hightower, il aperçut Aélinor assise à son bureau et se parra de son plus beau sourire. C’était toujours un plaisir de poser les yeux sur la jeune femme qui avait tout de même légèrement changé depuis leur dernière rencontre.

- Lady Aelinor, je savais que c’était vous ! Quel plaisir de vous revoir ! Dit-il les bras écartés avant de poser son postérieur sur la chaise qui lui faisait face. Ma foi, je me porte à merveille. Vivre au milieu de la légendaire effervescence de la capitale est un réel plaisir. Et vous ? J’ai appris pour vos fiançailles avec le frère du Prince de Dorne, toutes mes félicitations !

Alaric remercia d’un signe de la tête accompagné d’un sourire la douce Gladys qui lui servait un thé.

- Oh oui le banquet ! Quel magnifique événement, je n’avais encore jamais posé les yeux sur un tel festin. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de bruit, je vous avoue ne même vous avoir vu. Alaric but une gorgée de son thé. Oh, vous savez ma vie n’est pas très palpitante, je ne souhaite pas déranger ma dame avec des histoires du petit peuple. Mais vous racontez moi ! Quels sont les rebondissements pour la maison Hightower ?

Toute information était bonne à prendre, Alaric avait beau être au fait des tensions dans le Bief certains détails lui échappaient. D’autant plus que si la brune l’avait aperçu au banquet, elle l’avait très certainement vu parler avec Bronn. Son recrutement par Bronn n’était pas un secret, mais l’information ne lui était peut-être pas encore parvenue, il était préférable savoir sa position dans un premier temps avant de lui lancer l’information.

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Les soldats, qui n’avaient aucun humour, se contentèrent de regarder l’homme à la moustache que leur Dame voulait tant voir d’un air supérieur avant de le mener au appartements de la brune aux yeux céruléens. Seule l’épée lige attitrée de la jouvencelle trouva étrange qu’il redemande le nom et mette plus d’une seconde à savoir à qui les hommes de Villevieille le menaient. En effet, la livrée grise à la Tour blanche ne laissait pas beaucoup de place au doute ou à la réflexion et il était rare qu’on ne retienne pas le nom d’Aelinor du premier coup. Enfin il ne se formalisa pas plus que ça et se contenta de garder le silence, comme les autres, tout au long de chemin, observant simplement ledit Edward.

__ Merci Edward, je me porte à merveille également. Je me fais une joie de rencontrer mon fiancé lors des noces du Prince à Lancehélion.

Répondit-elle avec un large sourire. Elle ne mentait pas vraiment, elle avait véritablement hâte de faire connaissance avec Damion.

__ Rien de nouveau excepté le fait que nous soyons encore plus riches que lors de notre rencontre à Villevieille.

Elle prit un biscuit et le dégusta lentement en observant le valois avec un sourire hochant bientôt la tête. Edward venait de détourner la conversation de lui et de poser une question sur la Maison Hightower. Cela ne lui disait rien qui vaille et elle se demanda s’il n’était pas devenu l’informateur du Grand Argentier. Elle n'aimait pas ça du tout, alors bien sûr, son sourire s’élargit et elle renvoya la balle au centre.

__ Le banquet était somptueux, effectivement, je vous y ai vu en train de discuter avec le Grand Argentier, Lord Bronn La Néra. Et je vous trouve aujourd’hui au cœur du Donjon Rouge.

La jouvencelle prit un air étonné et presque naïf, ce qui pour elle était une véritable performance.

__ La capitale vous réussi, mais…

Aelinor but une gorgée de thé et reprit.

__ Je ne vois pas votre chaîne, ni vos habits de Mestre. Vous connaissez ma curiosité, qu'est-ce qui vous amène au cœur du Donjon Rouge si ce n’est votre charge ?

Pour ce qu’elle en savait, le jeune homme n’avait jamais terminé sa formation à la Citadelle et n’avait jamais prêté serment, il n'était donc pas Mestre. Cela aurait été une bonne raison d'intégrer le Donjon Rouge, même si la forteresse disposait déjà d’un Grand Mestre, qui plus est l’ami d’Aelinor, Samwell Tarly. Mais le fait que quelques jours plus tôt, il ait été en grande conversation avec Bronn et que maintenant il était là, au sein même des arcanes du pouvoir était pour le moins étrange. Elle essayait de ne pas prendre un air soupçonneux et de garder son sourire comme si elle revoyait un vieil ami, en quelque sorte c'était le cas, malgré la différence de rang, ils avaient été proches. Ces deux là s’étaient retrouver complices dans un certain nombre d'emprunt de livres appartenant à la Citadelle, il l’avait souvent aidée à s’introduire dans cet antre du savoir réservé aux hommes.

C’était une sacrée surprise de le retrouver ici, une bonne en soi, même si le voir avec Bronn lui avait donné froid dans le dos. Elle ignorait qu'il avait été recruté par La Néra, mais elle se doutait que sa présence avait un rapport avec leur échange, fut-il bref, lors du banquet. Elle craignait qu’Edward ait appris des choses croustillantes au Gouverneur du Bief sur elle et que ce soit cela qui lui ait valu cet accès à la forteresse des Rois.

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Oh ça oui, la capitale lui réussissait et tout était encore à faire. Mais les avancées récentes étaient encourageantes et il allait dorénavant pouvoir naviguer dans ce centre névralgique de la capitale comme il le souhaitait. La remarque de la brune était pertinente, il n’avait pas complété sa formation de mestre et n’était resté qu’un acolyte.

- Nous vous avez vu juste, je ne suis pas un mestre donc pas de chaîne pour moi, seulement quelques maillons. Dit-il en tapotant l’une de ses poches. De vous à moi, j’étais plutôt partant au départ, mais dès lors que j’eus posé le regard sur le mot “chasteté”, je peux vous assurer que le projet fut rapidement avorté. Plaisanta-t-il.

Bien belle erreur à la vue de l’odeur nauséabonde de certaines ruelles de la capitale.

- Mais n’ayant pas la chance de faire partie d’une grande famille comme vous, il me fallait bien trouver un travail pour me nourrir. Et quel magnifique signe des dieux que de croiser le Grand Argentier durant le banquet, il n’y avait pas meilleure personne dans tout le royaume à qui je pouvais proposer mes services. Alaric avança sa chaise en sautillant pour se rapprocher de la hightower, faisant grincer les pieds sur le sol en pierre. Il se pencha le plus qu’il le pouvait sur la table et commença à chuchoter.Je suis encore en période d’essai, mais j’ai bon espoir de réussir et de pouvoir mettre mes talents à la disposition du royaume. Conclut-il avant de se redresser en ajustant sa tenue.

Le nordien se gardera bien d’y laisser plus de détails, mais avait bon espoir d’avoir assez intrigué la brune. Il se voulait neutre dans cette histoire. Moins il avait d’ennemis, moins ces faits et gestes seront épiés, lui laissant une plus grande marge de manœuvre.

- Vous savez parfois, Villevielle me manque, la citadelle aussi. Tous ces livres, toutes ces connaissances réunies en un tel endroit. Et puis vos lettres pour me dire de venir vous rencontrer avec de nouveaux ouvrages. Alaric marqua une pause fronçant les sourcils. Roh, j’ai un trou de mémoire sur le dernier ouvrage que vous m’aviez demandé. Il tapota la table des doigts comme si cela allait pouvoir l’aider à s’en souvenir. Mais si, un épais ouvrage de 563 pages, couverture bleue. Remèdes et concoctions des sept couronnes ! Voilà ! Dites-moi, vous l’avez tout de même bien retourné après mon départ de la citadelle rassurez moi ?

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Aelinor fit mine de rire à la plaisanterie d’Edward sur la chasteté. Il devait savoir dès le départ que les Mestre de la Citadelle se dédiaient au savoir et qu’il n’y avait pas de place pour la famille là dedans. Elle pouvait cependant concevoir que c’était difficile à accepter de ne jamais se marier ni avoir d‘enfants, même pour quelqu'un qui n’avait pas de nom à transmettre. Elle ne comprit qu’après quelques instants qu’il ne parlait pas de cela mais plutôt d’avoir des relations charnelles avec des femmes en dehors du mariage. Il n’aurait pourtant pas été le premier Mestre à oublier cette part du contrat dans le lit d'une prostituée, aussi, elle se demanda si c’était vraiment la raison qui l’avait fait arrêter son apprentissage.

__ Quel magnifique signe effectivement, et quelle chance pour vous, le hasard fait parfois bien les choses, mais je suis un peu attristée que vous ne soyez pas venu me voir. Si vous cherchiez du travail, je vous en aurais trouvé avec plaisir. Je vous suis tellement reconnaissante pour tout ce que vous avez fait pour moi à Villevieille.

Elle sourit en hochant la tête, posant délicatement sa main sur celle de l’homme à la moustache.

__ Enfin, vos talents sont multiples, je suis bien placée pour le savoir. J’imagine que le Grand Argentier a pu être séduit par votre capacité à transformer les liards en dragons d’or. J’espère que grâce à vous, les finances de la couronne ne s’en porteront que mieux. Mais qui sait, si vous étiez venu me voir, j’aurais pu vous trouver une bonne place au Donjon Rouge et nous aurions pu nous entendre pour une rémunération supplémentaire en échange d’informations glanées au sein de la forteresse.

Le valois glissa alors sur une pente glissante, formulant ce qu’Aelinor prit pour une menace claire de divulguer ses secrets. Cela dit, si dans remède et concoctions des sept couronnes il y avait l’inventaire des produits de la pharmacopée des Mestre et donc un certain nombre de poissons avec le détail de leurs effets, il y avait surtout des remèdes et des concoctions dédiées aux soins. Pour une dame s'intéressant à la guérison, cela n’avait rien de bien étonnant de fourrer son nez là-dedans. Évidemment elle répondit avec un large sourire.

__ Bien sûr Edward, je l’ai retourné comme tous les autres. J’y ai appris comment soigner une plaie, quoi faire en cas de choc sur la tête et quelle fumigation envisager en cas de toux en fonction de la nature de celle-ci. C’était très intéressant, comme chacun de mes emprunts.

Ces livres étaient trop précieux pour être volés.

__ Vous m’avez manqué cependant, après votre départ, j’aimais tant échanger avec vous sur certaines de mes lectures. Souvenez-vous quand nous dissertions sur les récits contenus dans les Feux des Possessions. Mais dites-moi, où êtes-vous donc allé entre-temps ?

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Alaric écoutait attentivement la bieffoise faire ses éloges et lui proposer un travail. L’espion s’essuya la bouche de sa main libre avant de prendre la parole.

Ce n’est que trop d’honneurs que vous me dites, je vais finir par rougir. Vielleville a déjà fait beaucoup pour moi durant toutes ces années à la citadelle, je n'ai pas abusé de votre générosité non plus et venir quémander un travail. Ceci étant dit, je suis moi-même friand de potins, je n’ai pour le moment rien de croustillant, mais je serai ravi que l’on échange nos trouvailles autour d’un thé comme aujourd’hui. Dit-il en présentant la table de sa main. Qu’est-ce qui vous intéresse au Donjon Rouge ?

Le nordien appréciait ce petit moment avec la brune et cela lui fit remonter beaucoup de souvenirs de ses années passées dans le bief. L’homme fut soulagé d’apprendre que les livres aient été correctement retournés à la citadelle après son départ. Vous ne vouliez surtout pas avoir la réputation de voler les ouvrages là-bas, il s’agissait d’un crime plus grave qu’un homicide à en croire certaines langues. Leur sujet de discussion dévia sur ce qu’il avait fait après la citadelle et il n’avait aucunement l’intention de mentir.

Après l’obtention de mon dernier maillon, il était temps pour moi de rentrer et prendre les responsabilités qui m’attendaient. Retrouver les odeurs des forges fut un réel plaisir, le charbon, le métal chaud. Oh et puis les sons ! Alaric ferma les yeux. Les coups de marteaux sur les enclumes, l’air s'échappant des soufflet. Passe-moi le marteau ! Quooooooooi ? Le marteau ! Ah d’accord ! Suivi du bruit de l'outil qui tombe au sol. Le Nordien laissa échapper un léger rire. La vie finalement. Conclut-il prenant une nouvelle gorgée de thé.

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Vielleville. ? Elle ne releva pas. Faisait-il exprès ? Possible. Mais ça n’était qu’un détail insignifiant, au fond, face à ce qu’il se tramait et se négociait à présent. L’espace d’un instant, l’impression d’avoir totalement foiré la négociation assombrit son regard, mais si Alaric refusait le travail proposé, il acceptait d’échanger les potins. Alors ne pouvait-elle pas donner un peu contre sa contribution ? Il était probable que si, et qui si elle voulait obtenir quelque chose de sa part, elle devrait procéder à des échanges d’information. Et après tout, pourquoi pas. Évidemment elle devrait être prudente, garder secret certaines choses qu’elle savait et plus encore ce qu’elle préparait elle-même. Mais elle devait essayer cette option avant d’en envisager d’autres.

__ Vous savez pourtant que je vous apprécie et que mes portes vous seront toujours ouvertes.

Fit-elle avec un sourire avant de demander.

__ Vous connaissez Lord Larraq, le maître des chuchoteurs ? J’aimerais bien savoir quelles informations il envoie à Pentos et à qui.

Poussant un soupir désabusé, elle ajouta :

__ J’aimerais également savoir pourquoi Lord La Néra nous déteste autant. Vous êtes proche de lui, peut-être trouverez-vous des réponses qui nous aideront à apaiser la situation.

Aelinor se mit à rire devant l’étonnant et vivant récit des souvenirs de l’ancien acolyte de la citadelle, il n’y avait pas à dire, il savait raconter. Elle se prit à penser que s’il n'avait été forgeron, il aurait pu devenir acteur ou conteur, plus probablement acteur d’ailleurs, car tout ce qui sortait de sa bouche se muait en une divine comédie et à vrai dire, elle ne savait plus trop reconnaître la vérité dans ses mots. L’avait-elle seulement jamais su ? N’avait-elle pas été trop naïve à l’époque de leur rencontre quand elle s’était servie de lui pour obtenir livres et informations, lui donnant énormément de matière sur elle ? La paranoïa la gagnait et elle ne savait plus à qui se fier. Une seule chose lui semblait certaine, elle ne pouvait pas se fier à lui.

__ La vie oui. Une vie bien remplie de ce que je vois. Et quel doit-être à présent votre rôle auprès du Grand Argentier ? Je sais que vous êtes plus que doué avec les chiffres, ce qui n’est pas toujours mon cas d’ailleurs, je leur préfère les mots. J’imagine que cela à avoir avec les comptes du Royaume. Ils ne doivent d’ailleurs pas être très fournis avec les guerres qui ont déchiré Westeros les années précédentes. Je n’ose imaginer les difficultés que Lord La Nera doit rencontrer.

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Plus Aelinor parlait, plus la vitesse de mastication d’Alaric diminuait. Qu’est-ce que pouvait bien vouloir dire tout son baragouinage ? Il avait parlé de quelques potins et voilà que la brune du Bief lui demandait des informations sur Larraq et Bronn. Il y avait méprise, la moustachu avait plus en tête qui fricotait avec qui ou qui cassait du sucre sur le dos de quelqu’un d’autre. Pas de dévoiler les secrets du conseil restreint, il s’agissait là de haute trahison, ni plus ni moins. Pendant un court instant, Alaric semblait oublier dans quel camp il jouait réellement.

Tentant de se rassembler comme il le pouvait, il se donna l’air le plus pensif possible.

Larraq… Larraaaaaaaaaq … ? Ah ! Larraq ! Un brun ? Pas très grand ? Toujours très bien vêtu ? Maître des chuchoteurs pour le compte de notre roi, de la main et du conseil restreint ? Connaît pas. Conclut-il avant de reprendre une bouchée et de pointer sa fourchette en direction de son interlocutrice. Et vous devriez en faire de même. Les espions sont toujours peu recommandables… Surtout lorsqu’ils sont bien habillés. Déclara-t-il passant visiblement à côté de l’ironie de sa propre phrase.

Alaric disait la vérité, il ne connaissait pas personnellement le personnage. Il avait déjà suffisamment à faire avec le Grand Argentier pour s’éparpiller dans tous les sens. Il s'agissait d’ailleurs du sujet de la question suivante d’Aelinor.

Je pense qu’il est exagéré de dire que le seigneur La Nera vous déteste pour être tout à fait franc avec vous. Commença le moustachu en faisant tournoyer le thé dans sa tasse. C’est difficile pour lui, vous savez ? Imaginez, se retrouver à sa place en étant parti de rien, que dis-je même moins que rien ! Vous êtes une hightower, vous incarnez la haute noblesse depuis des générations maintenant. Ce qu’il doit apprendre est une évidence pour vous. Monseigneur n’a connu que la violence, laissez lui du temps. S’il se sent soutenu, il trouvera, et j’en suis convaincu, une approche moins… provocatrice de faire les choses. Dit-il avant d’enfin boire une gorgée de thé.

Le petit spectacle a eu l'air de plaire à la belle brune et Alaric finit par la rejoindre dans ses rires. Avant de revenir au sujet de son rôle auprès du Grand Argentier et de son possible évolution.

Hélas, pour le moment, mon rôle est bien peu flamboyant. Je dis hélas, mais il s’agit certainement d'une bonne chose que le nouveau ne puisse pas mettre le nez dans les comptes du royaume. Beaucoup de paperasse à vrai dire, notamment pour le tournoi du Donjon Rouge. Bien qu’exquis, ces Lézards-Lions coûtent une vraie fortune, je sais bien que les nordiens ne font plus partie du royaume, mais ils auraient pu faire un effort. À croire que notre roi n’est même pas un Stark. Plaisanta-t-il avant de rire et de reprendre encore une nouvelle fois une bouchée.

Mais je ne suis pas pressé, comme à la citadelle, je vais montrer ce que je vaux et les portes finiront par s’ouvrir à moi. Je dois avouer que la place de comptable du roi me siérait à merveille. Gérer la collecte de l'impôt et pourquoi pas voyager de temps en temps pour rendre visite aux grands noms de ce royaume. Comme c’est excitant !

L'émotion pouvait réellement se lire sur le visage du nordien, visiblement très attaché au sujet.

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Obtenir des informations n’était pas une trahison, s’en servir contre la couronne oui et c’était bien ce qu’elle comptait faire, parce que ce ramassis de péquenauds et de tarés n’avaient rien à faire à la tête du royaume. Que fichait un parricide sur la chaise de Main du Roi, pour commencer ?! Mais pour l’ensemble des hypocrites qui s’inclinaient devant cet ersatz de Conseil Restreint et autres gouverneurs sortis tout droit du chapeau de Bran, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Elle rêvait parfois que tout ceci ne soit qu’une vaste blague imaginée pour la faire enrager et il fallait bien dire que c'était le cas, elle enrageait. En silence et dans l’ombre avec un sourire en coin et un regard assuré, comme toujours.

Aelinor se mit à rire au conseil avisé d’Edward. Le Valois n’avait pas tort, il n’y avait qu’à voir comment avait fini Varys. mais bon avec un nom pareil, cela ne pouvait pas décemment bien finir. Cela dit Larraq, ça n'était pas beaucoup mieux. Il fallait croire que tous les espions avaient des prénoms de merde. En attendant, il prétendait ne pas le connaître, peut-être que cela changerait s’il était invité aux parties fines de Bronn et que le Maître des chuchoteurs y faisait une apparition. Mais elle avait donné suffisamment d'informations pour aujourd’hui, elle espérait qu'il mordrait à l’hameçon et cherche des informations, restait à lui donner envie de les partager avec elle.

La brune aux yeux céruléens écouta attentivement la suite, elle portait sur La Néra et la première affirmation du moustachu l'intrigua grandement. Mais à la fin du laïus, la déception et la lassitude s'affichaient sur son visage.

__ J’en suis consciente Edward. Je lui ai proposé mon aide, j’étais justement à la capitale pour cela depuis plus de deux ans. Mais il a préféré emmerder mon père plutôt que d’accepter son soutien et de profiter de mes connaissances et de mon expérience. Il est entièrement responsable de sa situation actuelle, il a fait le choix d'humilier ses vassaux plutôt que de s’en faire des alliés. Il provoque l’ire de toute le monde et se plaint ensuite de récolter ce qu’il sème. Si vous voulez mon avis, cet homme est un idiot qui passe son temps à se cacher derrière son complexe d'infériorité pour qu’on lui passe ses frasques. Il n’a aucune envie d’apprendre, ni de changer d’approche.

Il parla ensuite des Lézards-Lions dont la jouvencelle n’avait que faire, cela dit, évoquer leur coût et la paperasse autour du Tournoi du Donjon Rouge n’était peut-être pas anodin. Elle tente de prêcher le faux pour avoir le vrai afin de creuser la question, sans grand espoir cependant que le Valois lui révèle quoi que ce soit d'intéressant.

__ Le Roi s’est-il impliqué dans l’organisation ? J’ai ouï dire que c’était surtout Tyrion qui était à l’initiative. Bronn semble ne pas avoir regardé à la dépense.

Edward voulait donc devenir Grand Argentier. Calif à la place du Calif. L’idée réjouissait Aelinor et ce même s’il refusait d'espionner le conseil restreint pour elle, car au final le simple fait de voir Bronn démis de ses fonctions lui donnerait un plaisir sans mesure. Cela dit, il reviendrait alors dans le Bief, à Hautjardin, était-ce vraiment une bonne chose ?

__ Très excitant, effectivement. J’aurais peut-être le plaisir de vous recevoir à Villevieille.

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Visiblement, les griefs qu’Aelinor portait à l’encontre de Bronn étaient plus tenaces qu’il ne les aurait aimés. Si les Hightower pouvaient ouvertement tenir ce discours, il y avait fort à parier qu’une partie du bien trop conséquente devait partager cet avis. Soit, le moustachu devrait à l’avenir composer avec cette haine contre son employeur, peut-être même arrivera-t-il à s’en servir pour ses propres intérêts.

Alors mes prières iront pour que cette situation change et que le bief parvienne finalement à une nouvelle entente. Déclara Alaric en se reposant sur le dossier de sa chaise.

Le sujet de l’organisation semblait grandement intéresser la brune, bien trop au goût du nordien. La grande majorité des nobles avaient profité des festivités sans se préoccuper du moindre sujet des préparatifs, la curiosité était plus forte chez certains, fallait-il croire.

Je n’ai pas d’informations sur l’organisation du tournoi à vrai dire, étant arrivé après la bataille disons que cela faisait parti du passé lorsque l’on m’a donné mes premières tâches. J’obtiens mes directives de Bronn, si ces demandes viennent à l’origine de notre Roi ou de la Main ne change rien pour moi. Répondit-il, en prenant le soin de rester vague sur les réelles informations que demandait Aelinor.

Leur entrevue touchait à sa fin, un moment fort agréable à tous les égards. Il était temps pour Alaric de dire au revoir à son hôte du moment. Le devoir ne pouvait pas attendre plus longtemps.

Villevieille, Port-Réal ou même Lancehélion. Le plaisir de vous voir sera indépendant de la géographie de l’instant. Le moustachu se leva gracieusement. Je vous remercie pour votre invitation, et encore une fois toutes mes félicitations pour vos fiançailles. Je vous demanderais bien de transmettre mes hommages à Lord Gargalen, mais je crains que mon nom ne résonne point à son oreille.

Désormais debout à côté de sa chaise, il plaisanta une dernière fois. Et la prochaine fois, un simple bout de parchemin suffira si vous souhaitez me voir. Dit-il en lançant un bref regard vers les gardes présents. Madame... Conclut-il avec une révérence avant de tourner les talons.

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