Humfrey ✿ We light the way

An 283, lune 5, Villevieille

Un cri fit trembler les murs de la Tour : l’arrivée d’un quatrième fils et dernier enfant pour le couple seigneurial. Humfrey Hightower, aux boucles blondes et aux grands yeux bleus. D’abord chétif et fragile, il fut surtout confié aux bras de sa mère, son père bien qu’aimant étant déjà bien occupé par le reste de la fratrie. De ses yeux de mère, Rhea Florent se promettait de tout faire pour offrir un bel avenir à ce petit dernier. S’il ne pouvait prétendre à des terres, il n’en demeurait pas moins un membre de la famille Hightower, l’ambition dans le sang. Une carrière militaire attendait ce petit, songea-t-elle en soufflant avec amour. “Humfrey…”

An 289, Port-Réal puis Villevieille

Le petit garçon admirait les yeux brillants les imposants bâtiments de la capitale de Westeros, tout paraissait si grand, si impressionnant pour le jeune garçon. Du haut de ses six années, ce voyage était le premier de son existence, loin de la familiarité rassurante de la Tour. Villevieille n’avait rien en commun avec ce qu’il découvrait aujourd’hui. Toute la famille avait fait le déplacement pour l’occasion : il partagea évidemment sa joie avec sa nièce, Aelinor. Deux années les séparaient, il passait une bonne partie de son temps avec elle, ses frères et sœurs étant déjà trop grands pour des jeux d’enfants. L’émerveillement ne cessait pas alors que le convoi pénétrait dans l’enceinte de la cité, surplombé par le Donjon Rouge. Majestueux. “Regardez !” Disait-il en le pointant du doigt, avec enthousiasme.

Le Tournoi organisé accueillait toutes les plus grandes familles du continent, événement immanquable pour la plupart, l’occasion de nouer des alliances, ou de les pérenniser. Humfrey était loin de toutes les préoccupations politiques, observant de ses yeux d’enfants les joutes. Il se promettait un jour de se tenir à leur place, d’être auréolé de gloire. Si Aelinor rêva d’être couronnée Reine d’Amour et de beauté comme Lynce ce jour-là, le blondinet lui promettait de devenir aussi fort que Jorah Mormont.

Toutefois, le rêve fut de courte durée. Brutalement, il s’arrêta lors de la rébellion Greyjoy.
Frappé par l’odieuse réalité, les rêves d’enfants s'évanouirent.

Les lumières de Grand Tour s’éteignirent pour la première fois tandis qu’aux côtés d’enfants et des femmes, Humfrey attendait, la peur au ventre. La féérie du tournoi semblait si loin, à présent, il avait serré la main de sa nièce aussi fort que possible, comme si sa vie en dépendait, comme pour résister à la tempête qui s’abattait sur eux.

An 290, Villevieille

Alors que sa nièce débutait son éducation, lui se tournait vers l’apprentissage de l’épée et de l’arc. Courageux et brave, le gamin redoublait d’efforts, malgré les chutes et échecs. Quelque peu casse-cou, il se relevait toujours, son idéal encore en tête, Humfrey rêvait encore de tournoi et de gloire. Il recevait quelques enseignements du Mestre, afin d’avoir une éducation minimale, mais son domaine de prédilection restait l’entraînement et surtout les chevaux qu’il ne cessait d’admirer. Evidemment, Humfrey était encore trop jeune pour chevaucher des chevaux et devait se contenter de poneys, mais s'en était trop ! Il tenta l’expérience une fois. Et la fois de trop, il tomba et se blessa dans le dos et à la tête sans trop de gravité mais écopa surtout d’une interdiction formelle de s’en approcher. “Sois patient.” Disait sa mère au petit qui voulait aller trop vite, mais pouvait-elle réellement le blâmer ? “Un jour, tu deviendras un excellent cavalier.” Une promesse tacite qu’il comptait tenir. En attendant, il devrait rester sage le temps que son corps douloureux se remette de cette mésaventure.

An 294, Pont l’Amer

Voilà un an qu’il était devenu l’écuyer de Lord Lorent Caswell. Loin des siens, il n’avait pourtant pas cessé de leur écrire pour prendre des nouvelles, notamment auprès de sa nièce, qu’il considérait comme une sœur. Humfrey se montrait particulièrement travailleur et attentif aux exigences de son mentor, n’hésitant pas à s’entraîner encore et encore pour progresser. L’oncle du sire de Pont-l’Amer était maître d’armes, il n’hésita pas à abuser de ses conseils, faisant preuve d’une détermination sans faille malgré son jeune âge. Les Caswell devinrent rapidement une nouvelle famille pour le Hightower qui sympathisa avec Mina et Melessa, les deux filles du couple. Son apprentissage se passait bien, entouré de guerriers expérimentés, il avait confiance quant à ses chances de réussite, il touchait son rêve du bout des doigts désormais, ce n’était plus qu’à lui de faire le nécessaire.

Le titre de chevalier ne s’obtenait pas dans l'oisiveté. Malgré les nombreuses chutes, il n’abandonnait pas, l’épée dans la main, le cœur battant de courage. Le début de son histoire chevaleresque s’écrivait ainsi, dans la boue et la terre.

An 298, plusieurs lieux

Les années défilaient à vive allure et le chétif Humfrey prenait du galon : développant ses compétences martiales, il excellait dans le maniement de l’épée. Juché sur son cheval, l’écuyer se trouvait de plus en plus dans son élément, il sentait que son rêve n’était plus qu’une utopie d’enfant à mesure que ses apprentissages continuaient. Force était de constater qu’il ne cessait de s’améliorer.

De nouveau, il se rendit à Port-Réal, cette fois-ci, la cité lui semblait bien moins somptueuse que lors de sa première visite. Probablement que ses yeux d’enfants avaient embelli la réalité. La capitale empestait, les rues étaient emplis de mendiants et le Donjon Rouge lui paraissait bien plus petit. Le Tournoi d’anniversaire du Prince Joffrey Baratheon était l’événement immanquable pour le seigneur Lorent Caswell, même en étant simple spectateur. Humfrey découvrit avec méfiance le prince, et du peu qu’il pu voir ne lui convenait guère. Le Lannister semblait étouffer d’arrogance et de suffisance. Comme tous les autres lions, finalement.

Peu de temps après cette visite, son mentor lui confia ses doutes quant à la paix, il sentait qu’une guerre approchait pour le Trône de Fer. Tout comme ses filles, Humfrey resta à Pont-l’Amer tandis que ce dernier assistait au mariage de Renly Baratheon et Margaery Tyrell. Les premiers pions furent utilisés pour reprendre Accalmie sous les ordres de Renly et de Loras Tyrell.
L’armée du Bief fit escale à Pont-l’Amer où un tournoi était organisé. Spectateur, Humfrey ne put s’empêcher d’admirer les combats et rêver d’un jour y prendre part. Il n’avait jamais oublié la gloire d’une victoire et celle de Jorah Mormont. Mais ce ne fut pas un homme qui l’emporta mais une femme, Lady Brienne de Torth, à la carrure impressionnante. Le Hightower devait reconnaître ses qualités de combattante ! Elle avait mis au tapis tous ses adversaires, non sans mal cependant.

Suivant son seigneur et mentor jusqu’à Accalmie aux côtés de Loras et de Renly, ils retournèrent prématurément à Pont-l’Amer lorsque Renly fut assassiné par une ombre. Un mystère pour le jeune écuyer qui était quelque peu déçu de ne pouvoir faire ses preuves. Et là, il demeura aux côtés des Caswell tandis que la guerre commençait à gronder sur le continent.

Humfrey demeurait toujours accroché à son désir de chevalerie. Et cette fichue guerre n’allait pas l’en empêcher.

An 300, lune 4, lune 13 Port-Réal

Le mariage de Margaery Tyrell et de Joffrey Baratheon fut somptueux, en grandes pompes, ils échangèrent leurs vœux. Le juvénile eut la chance de croiser sa nièce, devenue suivante de la rose. L’occasion pour eux de rattraper le temps perdu, ce que les lettres ne pouvaient compenser. Néanmoins, son bonheur se dissipa lorsque le Prince succomba brutalement au moment du banquet. S’étouffant dans son propre sang, la foule assista, impuissante à son trépas, à son agonie. Si Humfrey n’appréciait guère ce gringalet, il n’avait jamais vu la mort en face, jamais vu un corps inerte sous ses yeux et il en fut profondément choqué.

Cette nouvelle risquait d’engendrer une nouvelle guerre, son mentor s’y préparait en tout cas. En toute hâte, ils rentrèrent à Pont-l’Amer. Quelques lunes plus tard, Margaery Tyrell fut arrêtée par la Foi, avant d’être libérée.

An 302, Pont-l’Amer

Avec stupeur, il apprenait l’explosion du Grand Septuaire de Baelor, Olendra Caswell succomba ainsi que la Tyrell. Une peur sourde s’empara de lui, sachant que sa nièce se trouvait certainement aux côtés de la rose. Heureusement, elle avait survécu, sauvé in extremis par un homme, Jonas Caron. Humfrey était soulagé mais pas moins inquiet de la tournure des événements. Daenerys Targaryen à Peyredragon, celle-ci convoitait évidemment le Trône de Fer. Une partie des troupes de son seigneur fut vaincue, l’obligeant à se replier et laisser passer le convoi de provision en direction de Port-Réal.

An 302, lune 13, Winterfell

Le froid fouettait violemment la peau du jeune écuyer qui tremblait, tant de peur qu’à cause des températures négatives. La douceur du Bief lui manquait terriblement en cet instant, dans cette contrée si éloignée. Dans d’autres circonstances, il aurait adoré visiter le Nord, mais comment en profiter alors qu’ils allaient affronter la Mort ? Tandis que la nuit tombait, les hommes se préparaient à la bataille à venir. En cet instant, tout Westeros s’était uni derrière une même bannière. Tous étaient là pour défendre la vie au-delà des dissensions politiques.

Dans la tente de fortune, il aida son seigneur Caswell à se préparer, plaçant son plastron dans des gestes maîtrisés et précis. Des années s’étaient écoulées depuis son début de service, et ce soir, il allait vivre sa première grande bataille. Cette nuit était peut-être sa dernière. Les dernières heures avant l’assaut étaient décisives et par bonté d’âme, on lui laissa quartier libre. Lui qui n’avait connu le plaisir charnel eut l’occasion de le découvrir dans les bras d’une servante, au beau milieu d’une cabane miteuse. “Quel est ton nom ?” Lui demanda-t-elle alors qu’il s’apprêtait à la quitter, déjà. “Humfrey.” Souffla-t-il avant de disparaître, le cœur battant.

Les soldats se positionnèrent, nobles, roturiers, tous se mélangeaient et en cet instant, ils n’avaient qu’un objectif : survivre. La peur le saisit, ou était-ce ce froid mordant ? Comme si la vie semblait quitter son corps, il aperçut les silhouettes mortifères de leurs ennemis, dans l’obscurité, l’on entrevoit leurs apparences décharnées, et surtout ses yeux bleus effrayants. Puis l’assaut fut donné, dans un fracas de métal et de cris, ils s'élançèrent à corps perdus. Dans les airs ou sur terre, la bataille faisait rage. Un chaos dans lequel se retrouvait le jeune Humfrey et qui le marqua au fer rouge. Parmi les combats, la silhouette de Jorah Mormont se dessina, celui qu’il avait tant admiré jadis. Impuissant, il l’aperçut rendre son dernier souffle, sonnant le glas d’une innocence enfantine.

Marqué tant physiquement que mentalement, l’écuyer regagna avec son seigneur sa terre natale en homme.

An 303-305, Villevieille, Port-Réal

Devant les Sept, Humfrey fut enfin adoubé chevalier. La main sur le cœur, le bieffois récitait avec solennité ses vœux. Ses années d’efforts se voyaient récompensés. Une page se tournait pour en écrire une nouvelle, cela ne dépendait que de lui. Rappelé auprès des siens en ce début d’année, il retrouva les couloirs de Villevieille. Si rien n’avait changé, il n’était plus cet enfant ayant quitté les lieux quelques années plus tôt. Son frère Baelor et sa nièce quittèrent Villevieille pour se rendre au Grand Conseil afin d’élire un nouveau Roi. La capitale ayant été mise à feu et à sang par la folie d’une seule se devait d’être reconstruite. Bran Stark fut élu Roi des Six Couronnes, forcé de ployer le genou, Baelor jure fidélité au Roi et au nouveau Suzerain du Bief, Bronn de la Néra.

Tout s’enchaîna, le jeu des alliances et de la politique reprenant de plus belle. Humfrey tentait de soutenir de son mieux son père et son frère dans la gestion de Villevieille pendant que sa nièce gérait des affaires plus urgentes à Port-Réal. Humfrey fut à la tête de l’unité pour libérer le Mestre avant que la forteresse ne soit prise par les Peake. Son frère Baelor demanda une audience auprès de Bronn et fut emprisonné. Cela ne fit que renforcer sa haine à l’égard de ce dernier. Un fils de putain qui enchaînait les affronts envers eux, envers le Bief tout entier en donnant des fiefs à des reitres tels que lui. Dans l’ombre, une révolte débute à laquelle sa tendre nièce n’est pas étrangère. Tout comme sa rencontre avec la douce Desmera Redwyne.

Portant ses couleurs au Tournoi du Donjon Rouge, le chevalier s’illustre mais échoue contre Andar Royce, ne pouvant la couronner Reine d’Amour et de Beauté. Au milieu du jeu des alliances, il semblait que l’amour naisse là où on s’y attend le moins…
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