[Au large de Belle-Île] Rencontre en haute mer | Tyldr Salfalaise

Aelinor était plus à l’aise dans un salon et n’y connaissait rien en navigation, mais elle n’était pas idiote pour autant. Si son expérience des batailles navales se limitaient à des lectures approfondies d’ouvrages les décrivant en détail, elle savait que parfois, un courant contraire, un coup de vent, un mât brisé pouvait changer le cours d’une bataille et faire gagner celui, ou celle, sur qui personne n’aurait parié. Sur terre comme sur mer, il fallait savoir garder son sang froid et attendre le meilleur moment pour lancer l’offensive et éventuellement renoncer si ce moment ne se présentait pas. Mais il ne s’agissait pas d’une offensive pour la brune aux yeux céruléens qui fixait le païen, il s’agissait d’équilibrer les forces.


C’est un peu soulagée qu’elle écouta la réponse de Tyldr. Elle savait que s’il avait voulu la tuer ou même en faire sa femme-sel, il n’aurait pas attendu pour lancer l’attaque. Cela ne l'empêchait pas de serrer les fesses et de prier les Sept de la protéger, cela ne l'empêchait pas de craindre que la situation ne dégénère en une fraction de seconde. Mais obligée de faire face par la nature même des bateaux qu’il dirigeait, elle ne devait pas montrer sa peur. En choisissant cette voie, elle connaissait les risques et elle ne pouvait pas se permettre de flancher maintenant. Elle ne savait même pas comment elle faisait pour tenir en vérité, l’idée d’un mariage avec Bronn lui donnait des crises d’angoisse incontrôlable et là elle se tenait face à des hommes bien pires que le paysan de la Nera et elle arrivait à ne pas perdre connaissance. Savoir que, d’une part, la vie de ses hommes reposait entièrement sur ses épaules, d'autres par qu’elle les emporterait tous avec elle s’ils venaient à attaquer et enfin qu’elle ne finirait pas dans le lit du Gouverneur du Bief mais au fond de la Baie du Fer-Né l’aidait à rester maitresse d’elle même et à dompter sa peur.


La jouvencelle pensa qu’il aurait été dommage pour une Fer-Né d’envoyer l'Albe Écume par le fond alors qu’il aurait aisément pu la prendre au Fer-Prix, mais elle garda cette réflexion pour elle. Si elle ne parvenait pas à faire entendre raison au Salfalaise, ils allaient tous mourir, les Fer-Nés comme les Bieffois, dans un brasier. Mais elle pouvait encore faire relever les voiles et laisser le capitaine tenter de les sortir de là malgré les risques.

__ Je le sais bien, sans quoi je serais déjà morte et mes hommes également. Quant à moi, si je n’étais pas prête à vous écouter, je ne serais pas ici, face à vous, en train de discuter.  


Evidemment, les autres boutres avaient profité du temps laissé par la discussion pour s’approcher dangereusement de la blanche caraque. Ils étaient prêts à l'assaut, mais ce n’était pas une surprise dès lorsqu’elle avait décidé d’arrêter de fuir. Les jambes de la brune tremblaient, à deux doigts de se dérober sous elle, elle s’enfonça les ongles dans la paume de la main, serrant le poing de toutes ses forces pour se forcer à rester debout. Elle dut se faire violence pour ne pas reculer en voyant la main du Fer-Né se lever et leva la main à son tour en le défiant du regard. Les marins équipés d’arcs commençaient à faiblir, tremblants de peur devant la horde de sauvages. Cela aussi elle l'avait remarqué, et avant qu'une flèche ne parte malencontreusement, elle fit un signe d’apaisement aux archers pour qu’ils baissent leurs armes. Les moins aguerris débandèrent, n’y tenant plus après plusieurs minutes à tirer la corde tout en se chiant dessus au sens propre pour certains, comme au figuré. Mais les plus aguerris, les soldats de Grand Tour, eux, se contentèrent de baisser les flèches enflammées tout en gardant une posture adéquate pour viser à nouveau et tirer en une fraction de seconde.

__ J’accepte à condition que deux de vos boutres s’éloignent de plusieurs miles, mais pas celui qui accueillera mon homme.  Je demande également à ce qu'il soit traité comme vous le serez, selon les lois de l’hospitalité.


Il n’y avait hélas pas cinquante personnes auxquelles elle tenait sur ce navire, et même si elle aurait préféré le garder avec elle pour assurer sa sécurité, elle posa une main sur l’épaule de son épée lige. Lui demandant silencieusement, de son regard azur, de passer de l’autre côté. Il détacha son baudrier et confia son arme à sa dame qui ferma un instant les yeux pour une courte prière silencieuse à la mère.

__ Vous poser des conditions supplémentaires, moi également Lord Safalaise, c’est aussi simple que ça.


Répliqua vivement la Hightower qui trouvait que Megalis Farman cédait bien trop facilement à ses sauvages et qui savait pourquoi. Elle se demanda si elle était prête à prendre les paris sur leur capacité à fuir avant que tout le bateau ait pris feu, mais elle ne voyait pas pourquoi tel ne serait pas le cas. En revanche, les Fer-Nés risquaient fort de les rattraper à nouveau et ils seraient certainement en colère. Comme avec Yara, Aelinor prit sur elle, mais par les Sept, cela commençait à lui taper sur les nerf de devoir ménager les égos mal placés de ses soudards. Elle prit donc une longue inspiration en serrant les dents, taisant le fait qu’elle n’avait pas à mettre de l’eau, salée ou non dans son vin étant donné sa position et son rang.


L'opportunité offerte par cette alliance avec les Fet-Né étant franchement merdique vis à vis de celles offertes par l’alliance avec Lamarck, l’Orage, Dorne, les autres maisons nobles du Bief. Enfin, si l’envie de leur mettre des baffes à tous la démangeait sans nul doute, elle tâcha de garder son calme et d'éviter d'envenimer les choses. Elle avait envie de vivre malgré tout, même si la perspective des flottes coalisées de tous ses alliés fondant sur les Îles de Fer pour répliquer à cet acte de guerre étira le coin de ses lèvres.


Ainsi Aelinor Hightower fit-elle face à Tyldr, laissant son épée lige rejoindre le bord des Fer-Nés et Lord Safalaise le sien sans autre condition. Méfiance oui, comment en serait-il autrement, mais maintenant qu'il l'avait foutue en rogne, son regard était de glace, sa mâchoire serrée. Un millier de pensées traversaient son esprit et elles étaient toutes plus sanglantes les unes que les autres, mais quitte à perdre son homme, elle ouvrirait celui-ci de haut en bas. Elle se souvint que cet énergumène n’était pas censé être son esprit et que l’accord passé avec Yara l'empêchait de mettre son idée à exécution. Alors, après l’avoir laissé saluer ses hommes et montré aux chevaliers de Grand Tour qu’il était désarmé, elle lui offrit un sourire.

__ Vous êtes également toujours en vie, comme quoi les miracles existent.


Elle se retint de faire allusion aux Sept, s’eut été probablement la plaisanterie de trop.

__ A votre avis combien de temps faudra-t-il à la couronne pour rassembler ses navires et venir faire hurler vos femmes et vos filles sur les Îles de Fer ?


Dit-elle en le regardant dans les yeux, mais pas trop près non plus, inutile de se mettre en danger.

__ Ne me menacez pas sur le pont de mon navire, je ne suis peut-être pas une Fer-Née, mais je sais vos coutumes et votre manque de respect ne me donne en rien envie de vous écouter. Mais je vous l'accorde, vous parlez peut-être un peu trop et ce pour ne rien dire. Alors maintenant, dites-moi pourquoi vous êtes là, je suis toute ouïe.

__ Ce monde est à l’image des hommes qui le façonnent.


Répondit la brune aux yeux céruléens. Les soldats Hightower les plus proches pourraient peut-être entendre des bribes de la conversation, mais ils avaient autre chose à faire que d’écouter, ils se méfiant de Tyldr, même désarmé il constituait un risque et il était bien trop près de leur Dame à leur goût. Pour les autres, le vent et le claquement des vagues contre les coques faisaient se perdre le son de leurs voix. Qu’importe d’ailleurs, parce qu’elle avait confiance en ces hommes, elle les savait loyaux à la Maison Hightower et ceux qui veillaient directement sur elle étaient habitués aux tractations de la jouvencelle.


Aelinor hocha la tête aux mots du Salfalaise. Elle ne pouvait le nier, et c’était d’ailleurs ce qui rendait cette alliance si compliquée, leurs peuples s'entretuaient depuis des siècles. Les Fer-Nés razziant les côtes du Bief et le Bief répondant à ses incursions par la violence. Baelor Noirmarée avait été otage à Villevieille pendant près de huit longues années et il avait été converti à la foi des Sept. Elle avait prié avec lui, il avait vécu avec la famille et seule leur différence d’âge les avaient empêchés de devenir amis. Il avait été tué par Euron et même si cet assassinat était probablement plus politique que religieux, cela avait servi d’excuse à l'œil de choucas.


Pour la jouvencelle, il était clair que c’était l’antique voie et leur mode de vie qui de fait excluait les Fer-Nés de la paix du Royaume. Ils avaient une fâcheuse tendance à la bafouer et si les chenus avaient régné un temps sur le Conflans et sur une partie de l’Orage, les continentaux n’avaient jamais pleinement accepté leur souveraineté et il avaient saisi l’opportunité de s’en libérer aux prémices de la conquête. Alors oui, le passif était lourd entre les Îliens et les autres royaumes, tous avaient subi bien des massacres et des pillages qu’ils avaient lourdement fait payer à leurs ennemis. Comment dans un tel contexte espérer une paix durable ? Comment imaginer une suite heureuse à une histoire aussi sanglante. Aelinor avait déjà son idée pour éviter que d’ici dix ou vingt ans, l’alliance passée entre l’Ouest, le Bief et la couronne de Bois-Flotté ne soit réduite à néant par le manque de ressources des Îles de Fer. Mais Yara n’avait pas voulu en entendre parler, encore fallait-il effectivement que leur plan aille jusqu’au bout.


Encore des garanties ? Mais par les Sept, ils me fatiguent avec leurs foutues garanties ! Et eux, où sont leurs garanties quand le pacte de non agression est brisé au bout de quelques jours seulement ? Se dit la Hightower en gardant sa réflexion et sa colère pour elle-même, se retenant de grogner de serrer les dents ou de lui envoyer sa main dans la figure. Elle saurait se souvenir de cet affront en temps voulu, cela constituait une nouvelle opportunité pour elle aussi après tout.

__ Vous venez donc demander des garanties que votre peuple obtient habituellement au Fer-Prix sans se soucier de la haine et de la défiance que cela engendre ? J’ai proposé le Conflans à Yara, pour que les Fer-nés puissent bénéficier de ses ressources et de ses nombreuses voies d’eau qui pourraient donner un accès direct à Essos. Mais elle n’a pas tort quand elle dit que le conquérir sera difficile et le garder plus encore, les riverains seront-ils prêts à se soumettre aux Fer-Nés une fois de plus ? Quant à Essos, reste à voir si vous saisirez l’opportunité de développer le commerce avec ce continent ou si vous vous contenterez de les piller comme vous l’avez fait sur nos côtes. J’ai des contacts, mais saurez-vous leur apporter la garantie qu’ils gagneront de l’argent grâce à vous ? Enfin, les ressources dont dispose Villevieille sont limitées, encore plus maintenant avec deux fiefs en moins sous notre autorité. Si je peux vous vendre une partie des récoltes, et plus encore si les Hightower prennent la tête du Bief grâce à notre alliance, j’ai d’autres alliés à nourrir, et il ne fait aucun doute qu’en cas de mauvaise année, l’approvisionnement sera grandement réduit. Et alors, la faim vous poussera à venir à nouveau piller nos côtes, réduisant à néant les accords passés. L‘indépendance des Îles de Fer est à ce prix, parce que les Fer-Nés n’ont toujours pas compris qu’ils avaient besoin des continentaux pour survivre et que les pillages n’étaient pas la meilleure manière de s’en faire des alliés sur le long terme.


La brune plongea son regard azur dans celui de Tyldr, tout aussi céruléens.

__ Alors dites moi, quelle est votre vision des opportunités actuelles qui garantiraient la pérennité de l’alliance entre les Îles de Fer, les Farman et Villevieille ainsi qu’un accord entre vous et moi ? Et dans quel but je chercherais à conclure un autre contrat que celui que j’ai avec Yara Greyjoy ?

Aelinor hocha la tête aux paroles de Tyldr. Elle jouait ses propres cartes depuis un moment déjà, se souciant peu de ce que voulait le Roi, son suzerain ou même son père. Le Sire de Salfalaise pourrait devenir un atout dans sa manche, mais elle se demandait si elle avait un meilleur jeu que lui. Il représentait plus un danger qu’un allié pour le moment, alors il fallait qu’elle voit ce qu’il avait à proposer qui justifie qu’elle ne le dénonce pas à Yara Greyjoy comme celui qui avait brisé le pacte de non agression quelques jours à peine après sa signature. Et tandis qu’il dévoilait son jeu, elle leva vers lui un regard amusé.


Quand il eut terminé, elle sourit et lui fit face, posant les mains sur les hanches et le détaillant en réfléchissant à sa proposition et à ses implications. Elle avait grand besoin d’alliés certes, mais elle devait pouvoir leur faire confiance et ce Fer-Né ne lui disait rien qui vaille. Pour autant, il était convainquant, preuve que même en homme d’action, il savait aussi parler. Pour sûr elle lui trouverait une utilité, tôt ou tard, mais pour l'heure, elle ne savait pas trop quoi lui proposer.

__ Je suis une diplomate Sire, pas une guerrière. Mon rôle est effectivement de bien parler et de ne surtout pas m’exposer. Ce n’est un secret pour personne et c’est pourquoi je m’entoure d’hommes capables de me défendre quand cela s’avère nécessaire.


Fit la brune aux yeux céruléens à la fois amusée et intriguée par cette proposition comme par le personnage. Avait-il vraiment besoin de faire mine de l’attaquer pour en arriver là ? Que cherchait-il, la gloire ? Elle comprenait qu’il voulait ainsi tirer son épingle du jeu en écrivant ses propres règles, elle espérait qu’il ne chercherait pas à trahir la Greyjoy, cette alliance était trop précieuse pour elle ainsi que pour Megalis. Évidemment, quand il parla d’action et de se salir les mains, elle pensa immédiatement à Bronn, mais Tyldr ne pouvait pas décemment attaquer le Grand Argentier au beau milieu de Port-Real. Au delà d’être du suicide pur et simple, se serait totalement inutile et pourrait révéler les dessein profonds de l’accord tripartite entre les Farman, les Greyjoy et les Hightower. Que pourrait-elle bien lui proposer alors que pour le moment toute offensive sur les Six Couronnes était prématurée. Mais avant, elle avait un point à éclaircir.

__ Ainsi vous me proposer de travailler pour moi dans l’ombre si je comprends bien. Qu’avez-vous à y gagner et comment puis-je m’assurer que vous ne me trahirez pas à la moindre occasion ?


Demanda-t-elle en plongeant son regard dans le sien. Elle ne se souciait nullement du sort des insulaires, mais elle n’était pas idiote, elle savait que si les insulaires crevaient de faim, les côtes de Westeros en feraient à nouveau les frais, Villevieille et La Treille comprises. Alors pour se protéger ses terres e celles de ses alliés, elle devait s'assurer de trouver de nouveaux débouchés aux Fer-Nés.

__ Ne me donnez pas de raison de vous trahir et je ne vous trahirais pas. C’est aussi simple que cela. Trouvons des intérêts communs et travaillons, ensemble, à les mettre en œuvre, c’est sur ce genre de projet, je pense, que toute alliance devrait se construire.


Aelinor resta de glace tandis que Tyldr la regardait de bas en haut comme une vulgaire marchandise, extérieurement tout du moins, mais intérieurement, elle en était plus terrifiée qu’outragée. Elle avait l’habitude, pourtant, elle se servait même de ses courbes et de ses charmes dans certaines circonstances, attisant le désir des hommes pour parvenir à ses fins. Mais pas avec lui, c’était bien trop dangereux et elle le savait. Elle préférait garder ses distances. Ainsi, elle fit preuve d’une grande franchise quand il lui demanda ce qu’elle désirait, cela mettait les choses au clair sur les chances qu’il avait de la faire sienne.

__ Je veux une couronne Lord Salfalaise, mais cela vous ne pouvez me l’octroyer, je le crains. Il nous faudra bien des manœuvres, dans le cadre de l’alliance entre les Fer-Nés, Villevieille et les Farman pour arriver à nos fins, à savoir l’indépendance de nos trois royaumes et une couronne pour chacune de nous. Mais je veux aussi que l'indépendance des Îles de Fer ne finisse pas par nous retomber dessus. Un partenariat commercial me semble indispensable pour que nous échangions nos ressources et évitions les raids sur mes terres, et la contre attaque sur les Îles de Fer. Est-ce que des opportunités commerciales vous siéraient ? Et pour pallier le manque de combat, du piratage cible qui pourrait affaiblir certaines maisons, mais il vous faudrait pour cela dissimuler vos couleurs.


Il proposa de poser leur accord sur un parchemin, elle n’aimait pas du tout l’idée de l’emmener dans sa cabine, alors au lieu de cela, elle avisa le capitaine pour qu’ils se réunissent dans sa cabine. C’est accompagnée de trois gardes qu’elle invita le Salfalaise à y entrer avant de s’introduire elle-même dans la pièce où un imposant bureau de bois marqueté trônait recouvert de cartes et d'instruments de navigation. Elle proposa à Tyldr de s'asseoir et rangea avec soin les affaires du capitaine pour faire de la place.

__ Vous aurez la primauté sur la protection de nos convois maritimes et, en échange de votre fer, une quantité comptable équivalente en denrées alimentaires. De plus, si vos charpentiers de marine venaient à nous aider à réduire notre temps de construction des bateaux, nous pourrions fournir du bois et du tissu en quantités non négligeable pour entretenir et agrandir votre propre flotte. Qu'en dites-vous ?


Demanda-t-elle avec la plume dans la main, sans pour le moment avoir rien écrit sur le précieux vélin qui allait sceller leur alliance. C'était un premier pas, un échange de ressources. Pour obtenir terres ou épouse, il allait devoir faire bien plus, mais si la suite du plan pouvait ouvrir des opportunités de mission spéciale, pour l’instant elle devait faire profile bas, quand à lui parler de Bronn, c’était également prématuré. De plus, elle ne comptait coucher sur papier aucun accord qui pourrait la faire accuser de trahison, pour cela ils devraient absolument avoir mutuellement confiance en leur parole.

La franchise avait du bon parfois, pas de faux-semblant, pas de mensonge, juste la vérité brute. Qu’il en fasse ce qu’il voulait, mais il ne pouvait qu’imaginer ce que cela impliquait pour lui de bénéfices. Si le but était affiché, la manière n’était pas encore très claire, Aelinor avait une idée de ce qu’elle devait entreprendre pour parvenir à l’impossible, mais le plan mettait du temps à se dessiner et encore plus à se mettre en place.

__ Effectivement.


Répondit-elle laconiquement au Fer-Né avec un petit sourire en coin. Elle n’avait pas l’habitude de demander la permission, plutôt celle qu’on la lui demande en vérité. Mais pour son projet dantesque, elle avait besoin de plus d’alliés, toujours plus d’alliés. Mais pas n’importe lesquels, car une fois le grabuge enclenché, il n’y aurait plus de retour en arrière, et le chaos n'était pas fait pour les mauviettes et encore moins pour les traitres. Or, la confiance se gagnait, s’instaurait, même, elle s’installait au fur et à mesure de la relation et engageait l’être tout entier, il fallait longtemps pour la construire et une fraction de seconde suffisait à la détruire, elle était en cela plus fragile que la loyauté, mais tellement plus riche que cette attitude servile qu’on demandait aux vassaux. Elle ne saurait lui imposer quoi que ce soit et il ne pouvait pas non plus la contraindre à agir dans son sens, ainsi, ils partaient sur un pied d’égalité et, s’ils y trouvaient leurs comptes respectifs, il œuvreraient ensemble à l’avènement d’une nouvelle air.

__ Heureuse que cela vous plaise. Je vous ferais savoir qui attaquer et quand, mais évidemment, tout ce qui pourrait déstabiliser le Conflans, notamment la Maison Tully sera le bienvenu.


Aelinor sourit devant son enthousiasme, l’idée semblait lui plaire et c’était bien ainsi, elle n’aurait pas aimé qu’il signe à contre-cœur. Après tout, elle l’avait dit, il s’agissait d’un partenariat et si elle n’ajoutait pas de petites lignes au contrat précisant certaines missions qu’elle pourrait lui confier, c'était parce que ces missions les exposeraient autant l’un que l’autre, le Salfalaise aux lames et à la mort, la brune à la trahison. Ainsi, ils seraient liés par le secret autant qu’elle était liée à Yara et Megalis par le complot.

__ Très bien.


Fit la jouvencelle alors que Tyldr acceptait l’accord qu’elle venait d’énoncer. Elle commença à rédiger et retourna le vélin pour que le Salfalaise puisse relire l’accord et apposer sa signature. Elle même regarda le contrat avant de reposer ses yeux azur sur le Fer-Né avec un léger sourire.