[BELLE-ÎLE][EVENT] La danse du scorpion et du lion
Page 3 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
— Cette même famille qui a, à l’époque, fait détaler les Fer-Nés qui avaient envahi cette île, me semble-t-il. Comme quoi le mouton sait se faire loup lorsqu’il le faut.
Derrière ses mots, une mise en garde claire : elle croyait en leur alliance, puisqu’elle en était l’initiatrice. Mais ne fermerait jamais les yeux sur les jugements portés sur les Farman. Ne renierait jamais ce nom qui était sien, ainsi que le sang qui coulait dans ses veines. Si elle se drapait volontiers de douceur et de gentillesse, elle avait été dressée en lionne et ne tolérait nul affront. Moins encore sous son toit.
— Mais je suppose que nous n’en arriverons pas là, n’est-ce pas ? tempéra-t-elle en haussant les épaules dans un flegme dont elle refusait de se départir.
Malgré l’avertissement et tout le mal déployé pour camoufler ses émotions, une chose trahissait Megalis : ses yeux qui luisaient d’orgueil. De celui-ci, elle ne savait se défaire et s’en parait ouvertement lorsqu’elle était ici. Loin des négoces et de l’hypocrisie ambiante de la cour, elle pouvait laisser éclater sa véritable essence. Peut-être était-elle plus conciliante que le reste des ouestiens, peut-être aussi plus brave de par les mœurs insulaires, elle restait l’une d’eux : fière et vaniteuse.
Alors qu’elle tempérait au mieux sa morgue qui voulait hurler, Ulwyck y parvint mieux qu’elle : son rire attira l’attention de la jeune femme et elle leva sur lui regard plus doux. Le baiser contre ses cheveux lui arracha un nouveau sourire et elle apprécia son contact rassurant.
— Si tu tentais de guider ma vie, je risquerais de t’empoisonner, souffla-t-elle moqueuse.
Disant cela, elle songea que le fait qu’Eddara ne s’en soit jamais pris à elle était un miracle : depuis ses fiançailles avec le dornien, l’aïeule perdait grandement en influence sur sa petite-fille. Puis de son fait, le dernier vrai représentant Reyne se trouvait fiancé à une Fer-Née, toute suzeraine soit-elle, cela relevait du prodige. Megalis regarda Yara avec surprise.
— Un présent ? s’enquit-elle.
Elle ne s’attendait pas à recevoir de cadeaux, à vrai dire. Son mariage était précipité et les invités tenaient plus d’alliés politiques que de proches. Elle sourit pourtant, la curiosité piquée, avant de darder sur Ulwyck un regard feignant l’outrage, mais toujours accompagné d’un rictus narquois. D’une impulsion contre son bras, elle l’invita à les suivre et fit signe à des gardes de l’accompagner : elle préférait ne prendre aucun risque. Parmi eux, son oncle Yoren s’approcha.
Megalis se surprit que Criston ne se joigne pas à eux, lui qui veillait si souvent à sa protection. En balayant la salle du regard, elle l’aperçut. Il s’enfilait une rasade de vin avant de se resservir, et surtout, avait refusé de se départir de son épée. Elle étouffa un soupir, songeant qu’il ne lui pardonnerait jamais ce qu’elle avait fait.
Event
Aelinor écouta Luthor en réfléchissant. Enfin tout cela était valable si finalement le procès avait lieu.
__ Pensez-vous possible que l’un de vous témoigne en ma faveur et l’autre contre moi ? Si Megalis, qui est mon amie, parle pour moi et révèle ainsi que je suis venue lui demander son aide pour échapper à Bronn, vous pourrez prétendre m’avoir entendu l’insulter. Dans le contexte, tout le monde comprendrait que mes paroles aient pu déraper tant j’étais terrifiée, surtout si Megalis insiste sur ce fait. Et l’histoire est vraie à quelques détails près, vous n’étiez pas là. Ainsi, Tyrion ne pourrait en vouloir à votre sœur d'être de mon côté du fait de notre amitié et de la peur qui était la mienne, et il vous sera gré de révéler ce détail qui jouera contre moi sans être rédhibitoire. En revanche, nous ne pouvons, ni vous ni moi, dire que j’ai souhaité sa chute sans risque de trop en révéler sur nos plans à venir.
La brune jouait sa partie pour elle, mais elle n’aimait pas l’idée de trahir ses alliés pour arriver à ses fins, encore moins de les voir mourir pendant la partie. Elle ne voulait pas être mêlée à quoi que ce soit qui puisse concerner Edmund. Ainsi, quand Luthor lui proposa de discuter avec Ulwyck elle secoua la tête, mais n'ajouta rien, Lord Uller ferait ce qui lui semblait le mieux sans qu’elle n’interfère, peut-être se contenterait de parler avec Megalis pour qu’elle lui parle à son tour. Elle nota également la réponse du Farman, une menace à peine voilée, mais elle savait qu’il avait raison, et que dans l'éventualité où il ne se joignait pas à la rébellion ils ne pourraient pas laisser Dorne entre les mains de celui qui deviendrait inévitablement un ennemi. Elle s'était mis dans de beaux draps avec cette alliance, elle aurait certainement dû rester à Lancehélion avec Damion en attendant le procès plutôt que d’aller se fourrer dans ce traquenard. Mais maintenant qu’elle y était et qu’elle s’était engagée à participer, elle devait faire en sorte que cela réussisse, elle n’avait pas le choix. Sa loyauté envers Edmund était l’unique frein, mais elle n'était pas prête à abandonner celui qui l’avait sauvée des griffes de Bronn en premier lieu, celui qui s'était mouillé pour elle, contrairement à Megalis qui n’avait, jusqu'ici, pas levé le petit doigt. Une promesse, cependant les liait toutes deux, celle que Bronn deviendrait un dommage collatéral de cette lutte contre Tyrion et qu’il y laisserait, d’une manière ou d’une autre la vie, la débarrassant de son principal problème et permettant aux Hightower de récupérer le Bief et de l’inclure tout entier dans cette nouvelle alliance. Les rouages du mécanisme qu’elles étaient en train de construire étaient si complexes que les intérêts des différentes parties s'entremêlaient.
__ Merci Lord Luthor.
Répondit la brune aux yeux céruléens, consciente dès cet instant que si elle voulait sauver Edmund, elle allait peut-être devoir se mêler des histoires entre Denfert, Belle Île et Lancehélion. Elle comprenait parfaitement la position de Luthor et elle n’en aurait pas eu une autre à sa place.
An 305
Lune 10, Semaine 3, Jour 7
Event
— Si je voulais offrir un cadeau à l’abri des regards, j’aurais adopté une toute autre approche.
Un regard équivoque accompagna ses paroles sans qu’elle n’étoffât. Le couple comprendrait ce qu’il voudrait, mais Yara ne s’embarrassait rarement des convenances. Elle aurait trouvé une ruse pour attirer la truitesse à l’écart afin de lui offrir un présent à l’abri des regards - et à dire vrai, elle y pensait, pour un cadeau des plus osés. Toutefois, elle s’accordait encore le temps de la réflexion pour ne rien brusquer. L’audace avait ses limites dans des circonstances comme celles qui la conduisaient à sa présence dans ce septuaire. Et si elle exigeait de ses hommes qu’ils se tiennent bien pendant leur séjour, ce n’était pas pour qu’elle commît elle-même une erreur diplomatique.
Pourtant, lorsque le nouveau lord truite mentionna Ellaria, Yara arqua un sourcil. Il savait. Il n’y avait pas de doute possible, et son sourire s’étira. Décidément, cette famille savait comment s’amuser.
— Votre sœur était une femme remarquable.
Le regard et le sourire entendus, Yara ne cachait guère son aventure avec Ellaria Sand. Elle regrettait même de ne pas avoir profité davantage de sa présence.
Néanmoins, elle n’épilogua pas sur le sujet, et invita plutôt le couple du jour à la suivre. Sans surprise, plusieurs gardes leur emboîtèrent le pas, dont l’un des oncles de la truitesse - mais pas Criston. Et comme à son habitude, Corneille la suivait comme son ombre.
Sans mot dire, Yara les guida jusqu’au port, où Âpre-Langue avait coordonné les efforts de l’équipage resté à quai. Tout avait été une question de discrétion, et d’accords délicats avec les gardes pour qu’ils ne s’alarment pas quant à ce cadeau. Elle se retourna alors vers la mariée, et lui dévoila son présent avec un large sourire.
— Voici La Noble Truitesse, un boutre qui saura vous plaire j’espère.
C’était un geste symbolique pour les Fer-Nés et pour leur alliance, que Yara avait tenu à soigner dès qu’elle avait appris pour ce mariage. Par le passé, les Fer-Nés avaient certes détruit une bonne partie de la flotte belle-isloise, mais une page se tournait désormais, et ils avançaient de concert à présent.
Luthor Farman
— Bien. Si cela vous convient, je viendrai à Port-Réal et je témoignerai contre vous. Megalis prendra votre défense. Elle plaidera la peur d’une jeune femme craignant d’être contrainte à une mésalliance. Cela vous ira ?
Le sire Belle-Islois vit que, malgré le remerciement de la Hightower, ses mots l’avaient d’une certaine manière peinée. Évidemment, le prince de Dorne l’avait grandement aidée et elle ne souhaitait pas sa mort. Il réprima l’envie de lever les yeux au ciel, las de ce sentimentalisme. Mais n’en fit rien : il plaqua à ses lèvres un sourire de circonstance et tendit une main presque avenante à la Bieffoise tandis que les luths jouaient un air dansant.
— Voudriez-vous danser, lady Aelinor ?
Nulle chaleur dans sa voix, mais une preuve de sa… sympathie à son égard. Il n’avait pas mieux à lui offrir, et peu habitué aux marques de sympathie ni aux démonstrations en général, il s’appliquait ainsi à lui montrer qu’il était son allié et faisait en ce sens un grand effort.
NC
Elle laissa à Yara et Ulwyck se remémorer le souvenir d’Ellaria Sand. Sans jamais lui avoir parlé, l’ouestienne l’avait brièvement aperçue, plusieurs fois : au mariage du prince Joffrey, bien sûr, lors du duel judiciaire où Oberyn périt, et enfin, lorsqu’Euron vint la livrer en cadeau à Cersei. Elle se rappela l’avoir vue, enchaînée, traverser les rues de Port-Réal sous bonne escorte. Le peuple lui hurlait après, sans réelle haine à son égard, en réalité. Le petit peuple se fichait d’elle. Il ne désirait que s’attirer la sympathie de Cersei, alors reine, dans le seul espoir qu’elle leur jette des miettes. Le peuple n’était qu’une bande de gueules affamées. Ils n’avaient que faire des luttes de pouvoir, eux voulaient manger.
Tandis que Yara affirmait qu’Ellaria était une femme remarquable, Megalis posa une main douce sur le bras d’Ulwyck, dans un soutien silencieux. Elle savait que sa demi-sœur lui manquait terriblement et combien il fut proche d’elle. Par chance, Megalis n’avait perdu ni frère, ni sœur, mais son père oui. Elle pouvait deviner, du moins imaginer, une esquisse de sa peine.
La jeune femme, entraînant Ulwyck et ses gardes à sa suite, quitta la grand-salle pour suivre Yara. Elle se surprit qu’elle la mène hors du château, puis hors de sa cour et enfin jusqu’au port. Là, Megalis s’immobilisa en découvrant le présent. Dans sa franche surprise, elle relâcha le bras de son époux et entrouvrit une bouche émerveillée. Ses yeux s’illuminèrent avec passion.
La Noble Truitesse.
Le sang Reyne pouvait couler dans ses veines, celui des Farman le supplantait sans hésitation. Avant même d’être cette lionne rouge parée de griffes saillantes, elle était fille du sel, du vent et de la mer. Un sourire des plus honnêtes coula à ses lèvres. L’émotion marqua son visage. La dernière fois qu’on lui avait offert un navire, c’était Willos qui l’avait fait – un navire que Sebaston, son cher père, avait fait construire pour elle sans jamais avoir eu la chance de lui offrir. Le présent la touchait sincèrement et Megalis fit un pas vers Yara. Elle prit franchement ses mains dans les siennes et les serra en plantant son regard dans le sien.
— Je vous remercie, Dame Seiche, sourit-elle. Il est splendide et vous n’auriez pu viser plus juste.
Puis elle recula pour remettre un peu de distance entre elles, reposant ses yeux sur le boutre qui désormais était sien.
Event
Aelinor était venue avant tout pour faire en sorte que, avec son entrée dans cette alliance, les plans de Megalis aient une chance d'aboutir à autre chose qu’au massacre de sa famille. Évidemment, elle avait demandé quelque chose en échange, mais pas grand-chose considérant le risque immense qu’elle prenait, d’autant qu’elle avait déjà de nombreux alliés, dont la plupart ne verraient pas cette alliance d’un bon œil. Bronn devait être un dommage collatéral de leur rébellion, quand aux Fer-Nés, le pacte de non agression suffirait bien à justifier qu’elle les soutienne dans leur quête de liberté. Mais pendant que le royaume s'étiolait, tout le monde cherchant son indépendance, ses rêves d’en devenir la Reine disparaissaient peu à peu. Elle voyait bien que l’arrivée d’un Targaryen, n’unirait en rien, tout ces rebelles, voire qu’elle risquait de perdre les alliances nouées jusqu’alors. Seul le temps dirait si une telle entreprise serait rendue possible par les circonstances, en attendant, elle devait trouver un plan B. Mais tout plan était pour le moment envisageable tant que La Nera était en vie, il n'accepterait aucune union quitte à se mettre tout Westeros à dos, alors elle devrait patienter, qu'elle choisisse finalement l’amour ou la politique. Elle espérait cependant que Bronn, à force de s’attirer les foudres de tout le monde, mourrait bien avant que les Farman soient en mesure de mettre leur plan à l'œuvre.
La brune aux yeux azur tourna également la tête vers Megalis quand cette dernière suivit Yara dehors. Son cœur manqua un battement, craignant le pire pour son amie avant de se rappeler que son entente avec la Greyjoy était bien meilleure que quiconque aurait pu imaginer. Bien meilleure certainement, qu’elle ne le serait jamais entre la fer-Née et la native de Villevieille. La Hightower se contenta d’opiner du chef avec détermination quand Luthor lui proposa de témoigner contre elle tandis que Megalis témoignerait en sa faveur. Le terme de mésalliance la fit sourire, Bronn, Grand argentier et gouverneur du Bief apprécierait. Mais ce plouc ne méritait rien d’autre que le mépris, surtout après avoir fait enfermé Baelor et après s’être entêté à vouloir forcer sa fille à l’épouser. Elle ne comprenait pas tellement son intérêt dans tout ça à part mettre la moitié de Westeros en rogne, mais à chaque erreur grossière qu’il commettait, il se faisait toujours plus d’ennemis et elle avançait un pion de plus pour l'éliminer. Cette pensée ne l'empêchait pas d’avoir peur, car elle savait que si elle perdait le procès, elle allait devoir ruser pour s’en sortir intacte, mais elle avait déjà quelques options, à elle de tout mettre en place pour les concrétiser.
Surprise par la proposition du jeune homme, elle qui fixait toujours la porte par laquelle son amie avait disparu tourna lentement la tête vers lui. Elle adorait danser, mais elle n’imaginait pas un instant Lord Farman l'emmener sur la piste de danse. Elle se demandait ce que cela pouvait bien signifier, mais y voyait quelque chose de positif en tout cas. Il souriait en plus, ça n’était pas le même sourire qu’Aelinor laissa alors se dessiner sur ses lèvres, le sien était aussi salé et froid que l’océan quand celui de la jouvencelle était chaleureux et charmeur. Elle posa sa main sur le bras de Luthor et tous deux, ils se dirigèrent vers le centre de la salle, la demoiselle de Grand Tour de sa démarche assurée et altière, pour danser au son entraînant des luths. Une fois en place, elle se tourna vers lui, déposa délicatement ses doigts dans la paume de son cavalier en suivant sa main des yeux, lui offrant à voir son cou paré de perles et le décolleté plongeant offert par le col en V ourlé de fourrure que, sans le poids du regard de la jouvencelle, il pourrait observer à loisirs. Elle s’approcha pour qu’il puisse poser son autre main sur sa taille et le laissa guider leurs pas sans résister.
AN 305, LUNE 10, SEMAINE 3
La quantité allait avec la qualité, des mets plus raffinés que ce qu'il avait bien plus l'habitude de manger. Gelée, haricot de mouton, tartes sucrées, échinée de saumon,brouet jaune sur chapons. Tant de noms dont le fer-né ne s’embarrassait pas préférant se distraire à observer et à sourire aux différents regards le dévisageant son clapet toujours ou presque remplit digne d'un pélican.
Cette alliance avait au moins ça de bon. Il se montrait vigilant, Yara était une cible ici et il ne l'oubliait pas. Sous ses traits plus joviales et décontracte il laissait son œil droit se plisser sur des personnalités plus ou moins importantes. C'est alors que Brunhild vint le tirer de sa mastication excessive se saisissant d'un gobelet rempli il entrechoqua sa boisson et la sienne en laissant l'alcool éclabousser le sol.
« Ta sollicitude me va droit au cœur ! À toi Brunhild et à l'avenir ! »
Je ne doutais pas de la confiance que j'engageais auprès de la guerrière. Après tout ici dans cet amas de convives plus guindés les uns que les autres elle était bien la seule à être authentique.
Luthor Farman
Une main sur la taille d’Aelinor, l’autre entourant les doigts de la jeune femme, il dansa au son des luths, une danse bien trop joyeuse pour le visage qu’il affichait. Alors qu’il la faisait tourner sur un accord, l’éloignait pour la ramener contre lui, il s’assura de croiser son regard pour ne pas plonger dans son décolleté plongeant, et surtout, lui offrir une œillade appuyée – lui aussi pouvait bien jouer un peu de son charme glacial.
À mesure que les luths chantaient, Luthor se prit un peu au jeu, et une brève ourlure para ses lèvres. Un rictus toujours sans feux, mais cette fois dépourvu de noirceur. Pas mauvais, pas ironique, pas carnassier – un sourire qui indiquait seulement qu’il passait, pour une fois, un moment agréable. Et ce en dépit de leurs invités Fer-Nés et de la disparition de sa sœur avec leur suzeraine. Si les autres barbares des îles étaient toujours ici à festoyer, il ne devait pas y avoir trop de risque.
Puis s’ils l’enlevaient, ce ne serait que la deuxième fois que cette idiote finirait otage.
NC
Scorpion & Lion |
Les doigts s'étaient activés avec dextérité sur les lacets du corset malgré les tremblements incontrôlés de ses mains. Des vagues de souvenirs lui revenaient en mémoire à mesure que les minutes s'égrenaient, la rapprochant un peu plus de ce mariage dont elle avait tant entendu parler. Son bébé n'en était plus un. Elle n'en était déjà plus un quand elle avait écopé de sa garde, mais dans la tête de Mezzara sa petite protégée avait la même place que Willis, si ce n'était plus. Elle l'avait vu grandir, murir, s'embellir, s'assagir, devenir réellement une femme, parfois capricieuse, parfois juste, elle avait fait en sorte de la façonner de la meilleure façon possible en dépit de l'éducation voulue par Eddara. Et aujourd'hui, tout lui glissait entre les doigts. L'enfant qu'elle avait élevé -alors qu'elle même venait à peine de quitter l'enfance- était devenue une femme. L'aboutissement de toute une vie allait se réaliser ce soir et Mezzara était partagée entre l'excitation et l'appréhension. La crainte que tout change, qu'elle ne retrouve plus rien de ce qu'elles avaient construit ensemble. La peur d'être abandonnée, probablement. « J'ai encore du mal à y croire. » souffla-t-elle. Elle retenait difficilement les larmes qui lui montaient aux yeux. « Hier encore tu étais si petite... » L'émotion s'éteignit lorsque la porte s'ouvrit, laissant entrer la matriarche. Le visage de Mezzara s'assombrit et elle recula aussi en baissant la tête, les mains rangées devant elle.
« Non, c'est trop chargé, enlèves en un peu. » ordonna-t-elle avec un signe de tête. La servante obéit et retira quelques fleurs qu'elle venait de poser. Mezzara tira un peu plus les peaux du lit, lissa encore les oreillers, puis recula pour observer leur travail. La chamade dans son coeur n'avait cessé, elle n'avait pu l'arrêter. Elle avait tout raté de la soirée qui avait lieu dans la grande salle, mais elle avait encore du travail. Elle aurait pu le bâcler, elle aurait pu déléguer quelques tâches de plus aux autres serviteurs, mais ça avait été plus fort qu'elle. Elle avait eu besoin de tout régir, du début jusqu'à la fin, de s'attarder sur les moindres détails. Cette nuit son enfant verrait une nouvelle facette de la vie que seul son mari pourrait rendre agréable, s'il avait un tant soit peu de respect pour sa nouvelle femme, et Mezzara angoissait. A défaut de pouvoir contrôler les compétences sexuelles de lord Uller, elle pouvait au moins faire en sorte que Megalis se sente comme sur un petit nuage.
Le bruit était lourd, la chaleur ambiante de la pièce presque étouffante, la musique à la fois forte et étouffée par les conversations. A peine entrée dans la pièce que Mezzara le regretta presque. Elle aimait le calme et la sérénité. Mais pour rien au monde elle n'aurait raté sa chère Megalis. Elle voulait la féliciter, la voir rayonner au centre de tout ce monde, et -évidemment- profiter d'une petite coupe de vin, elle aussi, que personne n'oserait lui refuser. Elle s'avança parmi les convives, souriant poliment lorsqu'elle croisait des regards. Insignifiante. Presque invisible. Elle n'était personne. Et pourtant pas un ne manquerait de venir se plaindre si elle faisait preuve d'une impolitesse même involontaire. Mais à mesure qu'elle se frayait un chemin à travers la foule, l'évidence la frappa. Megalis n'était plus là. Elle n'était pas déjà montée dans la chambre, où elle l'aurait croisée. Un peu dépitée, elle chercha Rowena, qu'elle ne vit pas non plus, probablement à cause du monde. Alors à défaut de retrouver la compagnie qu'elle aimait tant, elle fit ce qu'elle savait faire de mieux. Elle laissa traîner ses oreilles en promenant son regard sur les groupes insolites.
Event
Luthor semblait ne rien savoir ressentir d'autre que la colère, sous bien des aspects, il ressemblait plus à Megalis que cette dernière ne voudrait jamais l’avouer. Bien plus qu'on ne retrouvait la jovialité de Willos dans aucun de ces deux-là. Mais si la Lionne pouvait être devenue la meilleure amie d’Aelinor si vite, leur caractères et leurs ambitions les rapprochant et faisant parfois quelques étincelles, qui sait ce qu’il pourrait advenir entre Lord Farman et elle. Il était beau sans aucun doute et son charme glacial ne pouvait pas laisser la Hightower indifférente. Mais le souvenir de la douceur des lèvres de Jonas lui revint en tête et elle se surprit à penser qu’elle voulait que se soit lui en cet instant qui la fasse tournoyer au son du luth. Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle envisage, son coeur était plus fort que son esprit. Ses sentiments, plus puissants que sa raison et sa volonté. Ce baiser infiniment plus important que ses ambitions.
Il dansait bien, technique irréprochable et connaissance des pas, mais il n’y mettait aucun entrain, ni aucune âme. En cela, leurs caractères certainement différents, Aelinor mettait toute son énergie dans chaque chose qu’elle faisait, et elle adorait danser. Il ne semblait pas décidé à plonger dans le décolleté vertigineux que la brune, alors elle finit par poser son regard dans le sien avec un sourire lumineux. Elle s’amusait de son air si grave et de son grand sérieux alors qu’il aurait pu profiter de la vue et du moment. Elle soutint son regard appuyé un instant avant de détourner les yeux en laissant échapper un soupir d’entre ses lèvres entrouvertes.
Du coin de l'œil elle le vit commencer à sourire, à prendre du plaisir, entraîné par la musique. Ainsi, il n’était pas totalement dénué de sentiments, il avait bel et bien une âme, il fallait peut-être juste une infinie patience pour l’entrevoir. Et tandis qu’Aelinor était en proie à un dilemme qui l'écartelé entre le chemin vers une couronne et celui de l’amour pur et sincère, mais totalement inutile, elle se dit qu’elle avait envie de creuser un peu, pour voir quel homme était vraiment Luthor.
__ A nous ! Et à la boustifaille !
Dit-elle avant de scander :
__ Qu’il nous soit donné de festoyer dans les demeures liquides du Dieu Noyé !
Sa coupe levée, les Fer-Nés présents ne se gênèrent pas pour répondre à son appel. il fallait bien mettre un peu de sel dans cette fête par trop sucrée. Elle darda un regard glacial sur Aelinor qui dansait avec Lord Farman. En vérité, elle haïssait les Hightower pour ce en quoi ils avaient transformé son fils, mais la brune n’y était pas pour grand chose, c’était une gosse, elle n'allait pas l’égorger, ni ce soir, ni jamais à moins qu’elle ne s'attaque aux Îles de Fer. Brunhild, se mit ensuite à se gaver de tout ce qui pouvait lui passer sous le nez de consommable. D’ailleurs, en tirant sur un chapon pour arracher la cuisse, elle manqua de le faire tomber. Par chance, ces réflexes étaient bons et elle le rattrapa avant de le remettre sur le plateau à pleine main, de le tripoter un peu pour le remettre en état en s’excusant. Elle croqua dans le pilon et vit le serviteur faire demi-tour pour ramener le plat désormais souillé en cuisine.
__ Hop hop hop ! Vous allez pas jeter ça quand même !!
Fit-elle en attrapant le plat. Le domestique sursauta, manifestement surpris, mais elle ne comptait pourtant manger que ce qu’il y avait sur le plat. Elle lui sourit en disant :
__ Laissez le moi, j’en fais mon affaire.
Elle récupéra le plat pour le partager avec le Salfalaise et laissa partir le serviteur un peu effrayé.
En entendant une Fer-Né parler du Dieu Noyé, elle tourna vivement la tête vers le bruit qui se répétant comme un écho un peu partout dans la grande salle. Elle sursauta pour la énième fois et manqua de défaillir, elle se rattrapa à une table, perdant alors Willos des yeux. Perdu dans son propre château, elle paniqua, alors quand elle aperçut Mezzara, elle se précipita vers elle et se jeta dans ses bras.
__ Nous allons tous mourir n’est-ce pas ?
Luthor Farman
À un moment où il l’approcha de lui, Luthor attrapa son regard et esquiva encore une fois son décolleté. Il n’était pas un rustre, on l’avait élevé en gentilhomme. Eddara, en charge de son éducation, lui avait donné la meilleure qui soit : cultivé, connaisseur de l’histoire de Sept Couronnes, bon comptable, dressé à l’étiquette, il n’avait dédaigné ni l’apprentissage des arts – quoique Willos le surpassait en ce domaine – ni ce qu’il y avait à savoir d’Essos. Quant au maniement de l’épée, son éducation avait été parfaite par ses oncles Criston, Gareth, ainsi qu’un maître d’armes. Rien n’avait été laissé au hasard.
— En dépit de ses invités particuliers, passez-vous tout de même une bonne soirée, ma dame ?
Comme toujours le ton froid, Luthor avait pourtant son sourire figé aux lèvres et une expression plus chaleureuse qu’à l’accoutumée. Si cela ne se voyait que peu sur ses traits, il passait un moment agréable, et le son des luths était plaisant à ses oreilles. D’autant que les musiciens étaient bien au fait que de leur répertoire, une seule musique était à bannir, et qu’ils respectaient cet ordre sans ciller. Tous savaient que l’hymne des Lannister était très malvenue à Belle-Île et serait sévèrement punie par son seigneur s’il venait à l’entendre.
NC
An 305, Lune 10, Semaine 3, Jour 7
Belle-Île
Le Dornier pose un regard sur sa femme qui s’extasie face à un tel présent et son sourire s’agrandit. Il remercie d’un signe de tête Yara – il la remercierait en personne plus tard – avant de se glisser derrière son épouse qui admire le navire pour entourer ses hanches de ses bras et poser sa tête au creux de son épaule.
— C’est un présent vraiment magnifique.
Son frère se ficherait sans nul doute de lui s’il entendait la douceur dans sa voix à l’instant et Ulwyck l’enverrait voir à Lancehélion s’il y était. C’est plus fort que lui ; Megalis a son cœur entre les mains et il ne peut que la couvrir de tout l’amour qu’il possède.
— Tout comme toi, lui murmure-t-il à l’oreille.
Il se redresse légèrement pour lui embrasser le haut du crâne, serrant son corps contre le sien. Il remercie silencieusement les Dieux d’avoir mis sur son chemin une telle sirène et de l’avoir autorisé à la prendre dans ses filets. Ou n’est-ce pas plutôt lui qui est tombé dans les siens ? Il mettrait le monde à feu et à sang pour ses beaux yeux.
Peu importe. Megalis seule compte.
— Tu veux monter à bord ? Nos invités attendront.
Ce n’est pas tous les jours qu’un tel cadeau est offert ; autant que son épouse profite de son émerveillement jusqu’à la dernière goutte.
Elle avait eu peur devant l’autel, avait frémi dans la grand-salle, et pourtant, elle se trouvait là où elle devait être et avec qui elle voulait être. Il n’avait fallu que quelques mots échangés pour qu’elle sache, la nuit de leur rencontre, qu’elle ne désirait que lui. Du bout des doigts, elle pressa ceux d’Ulwyck avec tendresse, lui signifiant par ce geste qu’elle… ressentait des choses étranges à son sujet. Il était comme la mer, houleuse et dangereuse, qui la passionnait tant.
Sans qu’elle puisse mettre le doigt sur quoi.
— C’est cette journée qui est magnifique, murmura-t-elle contre ses lèvres. Et toi… Nous.
Ce nous qu’elle pouvait enfin prononcer et même crier au monde si elle le souhaitait. Il n’y avait plus de secret à leur relation. Ils étaient une seule chair, un seul cœur, une seule âme, comme l’avait dit le septon. Et si Megalis ne croyait pas aux dieux, elle voulait bien croire en ces mots.
À sa proposition, elle hocha vivement la tête, dans un air presque enfantin qu’on ne lui connaissait pas : ce cadeau la ravissait et elle avait hâte de le découvrir. La jeune femme se tourna vers Yara, tout sourire.
— Nous pourrions ? Tu serais d’accord ?
Elle se sentait si heureuse et si complète qu’elle en oublia toute idée de vouvoyer Yara – puis après tout, en étaient-elles toujours là ?
Page 3 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
» [Corneilla] Danse avec les ours FT Brynden Nerbosc
» [PORT REAL] Une danse d'ombres ♛ pv Ulwyck [Terminé]
» Hector Dent-de-Lion
» Daven Lannister - The lion roars once more
Lun 23 Sep - 14:06 par Invité
» Fermeture
Sam 20 Juil - 11:17 par Le Multiface
» Pour vivre heureux, vivons cachés | Hector
Sam 13 Juil - 18:30 par Aelinor Hightower
» Un grand mariage pour le chevalier blanc
Sam 13 Juil - 18:28 par Aelinor Hightower
» Safe Zone
Sam 13 Juil - 15:33 par Invité
» [Event] Un gouverneur pour le Sud
Mer 10 Juil - 6:27 par Lorent Caswell
» Les liens de Melchior Zalyne
Lun 8 Juil - 22:24 par Vhaesa Riahenor
» Top-Sites
Lun 8 Juil - 21:17 par Nyessos Vhassar
» Myrielle Lannister, bébé lion ou petit chat (UC)
Lun 8 Juil - 18:08 par Tyldr Salfalaise