Re: [BELLE-ÎLE][EVENT] La danse du scorpion et du lion

Willos Farman

Le brun hocha la tête à la question de sa jeune sœur, souriant.

La proposition de sa sœur fut surprenante, et Willos lui lança un regard, les sourcils légèrement froncés. A vrai dire, il n’avait même pas eu l’ombre de l’idée de les accompagner, pensant que jamais Eddara ou Luthor accepteraient une telle demande. Mais peut-être que s’ils étaient trois contre deux… oui, cela pourrait peut-être marcher. Surtout que même Rowena semblait tenir à ce qu’il les accompagne.

— Eh bien… Oui, je suppose que oui. J’aimerai vous accompagner, en tout cas, répondit-il dans un murmure en saisissant la main de Megalis avant de lui sourire. Nous verrons tout cela en temps et en heure ma très chère sœur, profite de ton mariage avant tout, souffla-t-il ensuite avant d’embrasser sa tempe avec affection.

Même s’il ne se souvenait plus d’eux, il appréciait Megalis et savait qu’inconsciemment, il ferait tout pour la rendre heureuse. C’était plus fort que lui.

Lorsque la fer-née arriva, il lui lança un regard gouaille avant de tirer sa jeune sœur dans son sillage pour l’éloigner de la vermine. Il n’appréciait absolument pas les nouveaux alliés de Megalis, mais il n’avait rien à dire malheureusement : il ne pouvait que se méfier en silence.

Reportant son attention sur la blonde, il sourit tendrement en l’entendant et hocha doucement la tête.

— Je serai heureux de venir également, mais cela ne dépend pas de moi Rowena. Seulement du bon vouloir de notre famille, malheureusement… souffla-t-il en grimaçant avant de passer une main dans les cheveux de sa sœur pour les ébouriffer. Je ne pourrai t’empêcher d’aller chercher ton bonheur ailleurs : si je ne peux venir, pars avec Megalis, je préfère cela plutôt que tu restes ici avec les serpents nous servant de famille.

Saisissant les deux coupes que lui tendait Rowena, plus une troisième pour lui, il lui sourit avant de commencer à avancer. Pensant qu’elle le suivait, il ne s’arrêta pas et rejoignit Megalis sur le port, l'ayant vu sortir du château, avant de lui tendre la coupe qu'il avait pris pour elle. Il donna également la sienne à Ulwyck, ignorant totalement la fer-née au passage. Il but dans son verre et émit un léger soupir. Surtout qu'il devait prendre sur lui étant donné la présence de la fer-née.

— Rowena n'a pas l'air dans son assiette, je crois qu'elle craint un peu tes nouveaux amis, lâcha-t-il dans un murmure, son ton sonnant légèrement comme un reproche.

305 - LUNE 10 - SEMAINE 3 - JOUR 7 À BELLE-ÎLE

NC

Scorpion & Lion

† I'll lead you home tonight. When you're tired of the dark nights and need someone to hold, I'll be your fire in the cold rain. I'm never gonna let you go.

@Rowena Farman
An 305 ✧ Lune 10 ✧ Semaine 03 ✧ Jour 07

Du bruit, des manières rustres, mais quelques paroles et gestes qui se voulaient presque timidement désolés. Les fer-nés étaient égaux à eux-mêmes, une image de sauvageons, comme si les bonnes manières n'existaient pas de leur côté de Westeros. Une volonté probablement de se démarquer des petits seigneurs propres aux ongles soignés et aux parures dorées, comme une envie de garder une distance avec le semblant d'élégance que tentaient d'instaurer les normes. Mais sans se départir pour autant de leurs titres de lord et lady, l'image de sauvages qui n'avaient pas le temps pour les fioritures ne valaient que lorsqu'il s'agissait de l'apparence. Pour le reste, fallait pas déconner, la place de roi était tout aussi convoitée que la meilleure des épées. Pendant quelques secondes, Mezzara tenta d'imaginer ce qu'il se passerait si des Dothrakis et des Fer-nés étaient mis ensemble dans cette salle. Ou ils deviendraient les meilleurs amis du monde, ou ils s'entretueraient après quelques minutes seulement, elle ne voyait pas d'autres alternatives. Et à cette pensée, un petit sourire se mit à flotter sur ses lèvres. Jusqu'à ce qu'une forme impromptue se jette dans ses bras, qu'elle réceptionna de justesse. Son regard se posa sur Rowena qui avait l'air aussi paniquée que désespérée. La jeune Farman n'aurait jamais dû rester aussi longtemps à la fête, elle était trop jeune, trop sensible pour être plongée parmi tous ces hommes et femmes qui devaient lui paraître être des monstres. « Un jour, oui. Vieilles et entourées de notre famille, dans un lit confortable. » tenta-t-elle de la rassurer. Les mains de la caméristes attrapèrent le visage de Rowena pour le lui relever vers le sien, plongeant ses yeux sombres dans ceux de la jeune fille. « Tout va bien Rowena. » souffla-t-elle pour qu'elle soit la seule à l'entendre. « C'est un jour de fête, tu es chez toi, tu n'as rien à craindre. Ils sont humains, ils saignent et ils meurent, comme toi et moi. » Elle lui caressa la joue puis relâcha son visage en regardant un peu autour d'elle, reprenant également un ton normal. « Auriez-vous, lady Rowena, la gentillesse de me guider vers le vin ? Je n'ai pas su le trouver, tout comme votre soeur. » Elle l'aurait, son foutu verre de vin.

(c) AMIANTE

La danse du Scorpion et du Lion

Event

Aelinor leva les yeux au ciel en entendant les Fer-Nés rappeler, en scandant l’une de leur prière au Dieu Noyé, qu’ils n’étaient que des sauvages dénués de bienséance. Ces rustres ne feraient jamais pleinement partie de Six Couronnes, leurs mœurs, leur culture, tout les en séparaient. Devaient-ils être réduits à piller les côtes de leurs voisins pour les siècles à venir comme il en avait été lors des siècles précédents ou cette alliance pouvait-elle donner lieu à un nouvel ordre où chacun trouverait sa place sans semer la terreur chez les autres ? Elle ne pouvait que l’espérer de tout son cœur et prierait pour cela. Elle se souvenait que, fut un temps, les Septons avaient gagné l’Île et avaient converti certains d’entre eux, mais c'était pour que la génération suivante les chasse en en noyant un certain nombre au passage.

La brune plongea son regard azur dans celui de Luthor alors qu’il évitait une fois de plus son décolleté. Était-il insensible aux charmes féminins, habitué peut-être à ne pas tomber dans le panneau avec une sœur comme Megalis, pas intéressé, ou trop bien élevé ? Le mystère planait, quand il lui demanda si elle passait une bonne soirée. Son ton était dénué d’émotion, mais pas aussi froid qu’à l'accoutumée.

__ Excellente, grâce à vous Messire. Il me plaît de tenir conversation et de danser avec un homme de votre qualité.

Excellente en effet, car un de ces invités particulier aurait pu l’inviter à danser ou engager la conversation avec elle. Qu’aurait-elle bien pu faire à part refuser poliment. Cette pensée la fit frémir et elle ferma les yeux pour prier brièvement la jouvencelle afin qu’une telle chose n’arrive pas. Aussi, alors que la musique s’estompait pour faire place à une autre, elle serra ses doigts sur la main directrice de Luthor en lui souriant pour qu’il ne la lâche pas.

La danse du scorpion et du lion

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Willos ébouriffa la crinière blonde et bouclée de la Perle de Mer qui le regarda d’un air de réprimande avant d’éclater de rire. Sa chevelure était difficile à dompter et quand il faisait cela, il gâchait sa coiffure. Mais elle savait que c’était affectueux et au final, elle appréciait ce geste qui signifiait beaucoup. Peut-être ne se souvenait-il pas des bons moments passés ensemble, mais l’amour avait survécu au drame qui l’avait frappé.

__ Je sais Willos, et il en est de même pour moi. J’espère qu’ils accepteront.

Fit Rowena avant de serrer son frère dans ses bras. Elle non plus n’avait pas pensé à suivre Megalis à Port-Real avant qu’elle ne le suggère, n’imaginant pas un instant qu’Eddara ou Luthor pourraient accepter et n’osant demander, mais finalement l’idée germait dans son esprit et elle en serait très heureuse. Encore plus si Willos venait avec elles.

La jouvencelle suivait son frère vers la porte de la grande salle quand le bruit la fit perdre Willos de vue et la panique aidant, elle ne put le retrouver. Heureusement, elle tomba sur Mezzara plutôt que sur un Fer-Né. Celle-ci, d’une phrase, la rassura quelque peu. Elle aimait quand la camériste lui disait que tout irait bien. Elle préférait y croire, au fond, que de regarder en face les dangers qui se dressaient sur leurs chemins. Ce n’était pas la première fois que la servante devait aider Rowena à surmonter ses angoisses.

__ Ils ne sont pas vraiment humains, Mezzara.

S’ils l’avaient été, ils n’auraient pas choisi de piller les côtes de leur Île, de violer, incendier, noyer, piller Belle Île, l’Ouest, le Conflans, le Bief. Ils étaient des animaux, et les animaux aussi saignaient et mourraient. Mais la camériste avait raison en un sens elle était chez elle, même si en cet instant elle n’en avait vraiment pas l’impression. Un vague sentiment d’invasion terrifiante la submergeait depuis leur arrivée. Il y avait des gardes partout et ils n’allaient tout de même pas faire du mal à la sœur de Megalis. Si ?

__ Bien sûr. Megalis est dehors avec… Hum… Lady Greyjoy. Mais je puis vous mener au vin.

Fit-elle avant de prendre la main de la servante, s’y agrippant plutôt, pour se diriger vers la table où l’on servait le vin. Elle continuait de regarder partout et d'éviter soigneusement de s’approcher à moins de trois mètres d’un Fer-Né, aussi, elle fit quelques détours avant d’y arriver.

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305 | lune 10 | semaine 3 | jour 7

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Willos parvint au port. Megalis lui adressa un léger sourire mais se heurta à ses reproches. Elle était trop peu habituée à ceux-ci, les jumeaux avaient toujours été comme une seule âme, un seul cœur. Eux qui avaient toujours battu en chœur, les dernières décisions de la jeune femme les déchireraient-elles ? Elle se vexa et perdit toute trace de joie, ne prenant pas la peine de lui répondre. Ses yeux s’attristèrent et se firent glace, jetant un œil au soleil qui entamait sa descente dans le ciel, elle songea qu’elle ne pouvait plus traîner au port. Elle arracha presque sa coupe des mains de Willos et, jetant un signe à ses gardes, elle intima qu’une moitié protègent Ulwyck – l’autre moitié la suivirent alors qu’elle remontait vers le château.

La chaleur de Belcastel ne sut la réconforter. Le soir qui tombait doucement annonçait la venue prochaine de l’heure du coucher, cette cérémonie qu’elle redoutait tant. Pas qu’elle craigne son époux et ce qu’ils partageraient ce soir-là, mais bien les traditions entourant la cérémonie. Allait-on la déshabiller publiquement ? Elle lança un regard oblique vers Eddara, qui lui rendit une œillade glaciale. La vieille lionne ne le permettrait pas. Megalis se renfrogna un peu plus et but son verre d’une seule gorgée avant d’en reprendre un. Elle chercha du regard un soutien, espéra pouvoir échanger quelques mots avec Aelinor. Celle-ci dansait avec Luthor.

La mariée écrasa un soupir dépité et, sa coupe à la main, elle partit trouver l’air frais des remparts attenantes à la salle où se tenait la fête. Sa tête commençait à tourner un peu, ou étaient-ce ses pensées sombres qui la rendaient nauséeuse ? Elle espérait qu’un peu d’air lui permettrait d’apaiser ses angoisses et qu’elle retrouverait en sérénité. Mais elle n’y trouva que Salfalaise, un Fer-Né aussi recommandable que tous ses pairs avec qui elle conversa un peu.

Plus que jamais, elle se sentait seule.

Luthor Farman

Un homme de sa qualité. Luthor écrasa un rire cynique entre ses lèvres pour se parer d’un seul rictus, crispé comme toujours. Il ne croyait pas un mot de cela, si Aelinor était l’amie de Megalis, elles devaient se valoir d’un point de vue moral. Pour autant, la bieffoise n’était pas d’une compagnie foncièrement désagréable, et il la préférait aux barbares que sa sœur avait cru bon d’inviter. D’ailleurs, il vit enfin celle-ci revenir.

Il croisa brièvement ses yeux et fronça aussitôt les sourcils en remarquant que quelque chose n’allait pas. Tout distant soit-il, et toute peste soit-elle, ils étaient frère et sœur. S’il ne se perdait jamais en démonstrations futiles, il aimait sa cadette et serait présent pour elle en cas de problème. Par-dessus l’épaule d’Aelinor, il la vit boire son verre d’une traite et comprit qu’elle était en détresse. Luthor s’immobilisa un instant. Mais Megalis se resservit et partit s’isoler sur les remparts. Il savait très bien ce que cela signifiait : elle était de mauvaise humeur, ou triste, ou les deux, et avait besoin d’être seule.

Le souci s’incrusta un instant sur ses traits avant que Luthor ne se pare à nouveau de glace. Il reporta ses yeux sur Aelinor, l’air de rien.

— Et votre compagnie est tout aussi agréable, lady Aelinor.

305 - Lune 10 - Semaine 3 - Jour 7 à Belle-Île

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La danse du scorpion et du lion_{- Event -
An 305, Lune 10, Semaine 3, Jour 7
Belle-Île}

L’arrivée soudaine de Willos gâche la bonne humeur ambiante.

Ulwyck plaque sur ses lèvres un sourire de convenance, alors que Megalis arrache des mains de son jumeau la coupe qu’il lui tend, avant de partir presque en trombe, la moitié des gardes à sa suite. Le Dornien n’est pas serein à l’idée de laisser seule son épouse dans cet état ; aussi, quand Willos lui met une coupe entre les mains, il la tend à Yara avec un sourire désolé.

Le geste n’est pas anodin. Il crie à Willow que Yara est une alliée et qu’Ulwyck n’aura pas la même patience que sa femme à son égard.

— Veuillez m’excuser, je m’en vais rejoindre mon épouse. Nous nous reverrons sans doute plus tard.

Sans un regard de plus pour Willos, Ulwyck se dépêche de retourner à la salle de réception, espérant y trouver Megalis, ou tout du moins quelqu’un qui l’aurait vue. Cependant, alors qu’il parcourt rapidement la pièce du regard, une main se pose sur son épaule. Ulwyck tourne la tête et soupire en apercevant le visage bienveillant et fatigué de son frère.

— Aurais-tu vu Megalis ?

— Je n’ai même pas le temps de te saluer que déjà tu cours après les jupons de ta femme. Je te fais si peur que ça ?

Harmen rit doucement dans sa barbe, avant de lui adresser un sourire doux. Compréhensif. Lui aussi a aimé une femme, il y a longtemps, avant même la naissance d’Ulwyck. Il est peut-être le plus à même de deviner – et comprendre – les sentiments qui troublent son cœur et son jugement.

— Tu l’aimes, n’est-ce pas ?

Ulwyck se contente de hausser les épaules avec un sourire en coin ; Harmen ne s’y laisse pas tromper et soupire, le regard à la fois tendre et inquiet, celui d’un frère usé par la vie qui a peur que son cadet traverse les mêmes tempêtes que lui.

— Si jamais il t’arrive quelque chose, elle sera bien accueillie à Denfert. Je t’en fais la promesse.

Il y a tout ce que Harmen pense et ne dit pas, dans ces quelques mots. Son approbation de son choix d’épouse, sa volonté de se battre pour vivre encore quelques années malgré la mort d’Ellaria, sans doute d’abord pour ses petites-filles mais aussi pour sa belle-sœur et ses potentiels neveux et nièces.

Sa détermination à être un refuge et à s’élever contre le monde entier, quoi qu’il arrive, même s’ils trahissent la Couronne. Ulwyck ne lui a pas caché sa haine des Lannister, ni son désir de devenir Prince de Dorne, après tout. Harmen doit se douter que les prochaines années ne seront reposantes pour personne.

Ulwyck hoche doucement la tête pour acquiescer, avant qu’un frisson d’effroi ne le parcourt lorsqu’il s’aperçoit du sourire de chat de son frère. Qu’a-t-il donc encore en tête ?

— Tu te rappelles la tradition du coucher ? À ta place, je récupérerai ta chère et tendre qui se trouve par là-bas et je filerai en catimini avant que quelqu’un d’autre ne s’en souvienne.

Harmen lui désigne la direction où se trouvent les remparts du pouce et Ulwyck se fige. Bon sang, il en aurait presque oublié cette tradition qu’il trouve quelque peu infâme d’imposer, surtout à des jeunes femmes qui ne se sont sans doute jamais dévêtues devant un homme.

— J’expliquerai la disparition des tourtereaux, ne t’inquiète pas.

Ulwyck lève les yeux au ciel, grogne.

— Va te noyer dans une barrique.

— Mais je suis déjà une barrique !

Le rire amusé de Harmen l’accompagne alors qu’Ulwyck s’éloigne et esquive d’autres invités pour rejoindre les remparts. Il aperçoit finalement Megalis qui s’apprête à revenir dans la grande salle et un sourire amusé étire ses lèvres alors qu’il la rejoint et l’attire contre lui par la taille, la ramenant dans l’ombre.

— Ma sirène, il est temps pour nous de s’éclipser. Ceci est un enlèvement de mariée !

Ulwyck chuchote à son oreille, gouailleur, avant de lui saisir la main et de l’emmener loin de la grande salle, loin des invités un peu trop prêts à se mettre sur la gueule et promptes à blesser Megalis à son goût.

Emme

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Elle quitta les remparts sans plus écouter ce qu’il pouvait se dire dehors. Que cette enflure qu’était Salfalaise se taise une bonne fois pour toutes. Si elle tâchait de garder un pas mesuré et une expression neutre, quiconque connaissait bien Megalis savait qu’elle était furieuse. Les traits de son visage un peu tirés, ses yeux incrustés de glace, ses lèvres à peine pincées – de vagues détails qui trahissaient son ire. Celle-ci s’évanouit pour faire place à une peur sincère quand on la saisit par la taille. Mais à peine arrivée contre Ulwyck, elle le reconnut immédiatement et un sourire soulagé coula contre ses lèvres.

La jeune femme enroula doucement ses bras autour de lui et reposa sa tête contre son torse. Elle se permit de fermer les yeux et de respirer son odeur, baissant sa garde, ne serait-ce que quelques secondes. Elle était mieux ici que nulle part ailleurs. Elle releva ses yeux clairs vers lui quand il lui chuchota à l’oreille. La gouaille qu’il avait toujours dans la voix lui insuffla le courage qui lui avait manqué, quelques minutes durant. Des minutes déterminantes qui lui avaient probablement coûté une potentielle alliance puissante, mais il était hors de question qu’elle s’incline face à un Fer-Né.

— Ainsi, la mariée n’aura même pas droit à une danse ? rit-elle tandis qu’Ulwyck l’entraînait déjà à l’écart.

Si dans sa voix, malice et rire étaient réels, ses yeux ne mentaient pas à son époux : elle était peinée par les derniers événements, du reproche de Willos à la guerre qui s’annonçait, à cette menace à peine voilée de Tyldr. Dans les entrelacs de son esprit, elle peinait à y voir clair. Alors elle se raccrocha aux yeux sombres d’Ulwyck et d’une impulsion de la main, elle tenta de le ramener dans la grand-salle, accrochant à ses traits une mine faussement boudeuse.

— Offre au moins une danse à ta dame, minauda-t-elle.

Ses doigts se serrèrent autour de ceux de son dornien d’époux et elle s’approcha pour lui voler un baiser, plongeant dans son regard. Dans les yeux d’Ulwyck, elle avait la douce impression de voir se dessiner l’avenir.

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Ulwyck n’est pas dupe une seule seconde ; derrière la malice de Megalis se cache des ombres qu’il se désespère de ne pas pouvoir chasser. Il ne devrait y avoir que de la joie dans les yeux de son épouse aujourd’hui ; pas des doutes et des craintes qu’elle garde pour elle et qu’il ne peut ainsi pas combattre.

Il se sent démuni face à cette situation où il ne sait quoi faire pour la réconforter et lui jurer que tout se passera bien, même s’il ne peut pas être certain de tenir cette promesse. Aussi, lorsqu’elle insiste pour une danse, lui volant même un baiser, il pose une main douce sur sa joue, avant d’embrasser délicatement son front.

— Tout ce que tu voudras, mon cœur.

Le nom tendre lui échappe, mais Ulwyck se surprend à sourire plus intensément alors qu’il vole à son tour un baiser à son épouse. Il n’a certes pas répondu par des mots à son frère, mais ce dernier a raison ; il aime Megalis, plus que tout au monde.

Elle est l’air dont il a besoin pour vivre.

— Mais si quelqu’un esquisse la simple idée de suivre la tradition du coucher, je ferai mon pirate et je t’embarquerai à ma merci pour toute la nuit avant que quiconque ne puisse faire un seul geste.

Ulwyck rit alors qu’il saisit Megalis par les hanches pour la soulever légèrement et la faire tournoyer dans les airs quelques secondes, avant de la reposer au sol. Il se sent ivre, alors qu’il n’a pas tant bu ; il est ivre de bonheur et d’amour pour la femme qu’il a entre ses bras, au point qu’il a du mal à respirer.

Megalis est sa femme. Il a encore du mal à se faire à l’idée.

— Et je t’offrirais toutes les danses que tu voudras ensuite pour me faire pardonner.

Ulwyck irait décrocher la Lune et défierait le soleil pour observer son épouse heureuse et épanouie. Alors, il serre doucement ses mains dans les siennes, avant de la mener dans la grande salle pour la danse qu’elle désire tant.

Emme

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Franchement surprise, elle sourit un peu plus à l’entente du surnom. Elle n’avait encore jamais entendu tant de miel dans les mots d’Ulwyck et ses yeux se mirent à pétiller de malice, le défiant comme elle l’avait toujours fait d’un air frondeur.

— Mon cœur ? Rien que ça ?

Megalis leva un sourcil, plus joueuse et attendrie qu’elle n’était moqueuse. Sous ses cillements émerveillés de se sentir si bien et si complète, l’ombre dans ses yeux s’évapora peu à peu pour afficher un scintillement trahissant sa plénitude. Elle esquissa un léger rire aux mots d’Ulwyck quant à la cérémonie du coucher, ravie qu’il ne veuille pas prendre part à cette coutume stupide.

— N’a-t-on déjà pas assez de semblants de pirates ici ? demanda-t-elle en lançant un bref coup d’œil à des Fer-Nés attablés. Si cela peut te rassurer, je doute que Luthor laisse qui que ce soit poser un doigt sur moi ce soir. Mais promis, après cette danse, nous pourrons fuir.

Elle lui offrit un sourire complice, se laissant entraîner au cœur de la grand-salle. Entre les bras d’Ulwyck, elle se sentait toute-puissante et entière, comme s’il lui avait toujours manqué quelque chose. Contre lui, son cœur enflait comme les voiles d’un navire sous les autans. Elle faisait cap sur un océan de promesses qui lui étaient toutes destinées, à lui et lui seul. Elle tournoya au bout de ses mains, le dévorant de ses yeux emplis d’un bonheur immense.

Elle oublia ses peines, ses chagrins et même toute colère. Il n’y avait plus rien. Rien que lui pour lui faire ressentir l’envie de se battre contre leurs ennemis communs. Elle n’agissait plus pour le nom de Farman, et pas plus pour celui d’Uller, elle se fichait désormais du lion rouge, des Reyne, de Castamere. Rien n’importait plus qu’Ulwyck, à cet instant précis. Au chant des luths et des violes, Megalis ondoya en mer paisible, et de pauvre houle, elle se découvrit tsunami.

Dans un pas de danse, elle revint à lui. Ancra son regard au sien et cessa de danser pour approcher leurs visages. Pour lui murmurer un secret, rien qu’à lui.

— Je t’aime plus que le vent et la mer.

Un chuchot, une promesse – elle avait déjà prononcé ces mots mais uniquement à son frère jumeau, cette moitié d’elle-même. Et désormais, elle était prête à se scinder en trois pour offrir une partie d’elle à Ulwyck. La tempête de sable et le raz de marée ; ensemble, ils se feraient Déluge.

La danse du Scorpion et du Lion

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Il pouvait pourtant le croire, son éducation parfaite n’était pas pour déplaire à la brune, son rang laissait à désirer, mais étant donné ce que Megalis avait comploté, si tout se déroulait comme prévu, il ne serait pas un simple Lord toute sa vie. Mais était-ce cependant le meilleur parti ? D’autres plans et des tas de sentiments contradictoires s’opposaient à cette idée, sans compter l’incertitude sur la conquête de l’Ouest par les Farman. Il était bien trop tôt pour prendre la moindre décision. Dans ce monde où le chaos pointait à l’horizon plus sûrement que le soleil à l’aube, il fallait être patient et mesurer chaque décision. Aussi, Luthor allait devoir se contenter de ce qu’Aelinor avait à offrir, quelques danses, un petit complot et une conversation agréable.

__ Je vous remercie, Sire.

Aelinor nota cependant le léger changement dans son attitude et surtout l’arrêt dans leur danse.

__ Quelque chose ne va pas, Lord Luthor ?

Les yeux plongés dans ceux de l’ouestrien, elle n’avait pas vu Megalis revenir, ni boire son verre d’une traite avant de quitter la pièce. Elle n’était certes pas sa sœur, mais une amie suffisamment proche pour se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Et une femme, absolument terrorisée par la cérémonie du coucher comme par la nuit de noces. Mais ça n’était pas le sujet.

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Ulwyck aperçoit brièvement l’air goguenard de son frère alors qu’il amène Megalis au cœur de la grande salle pour réaliser son vœu. Il songe qu’il en entendra parler pendant des mois, avant de saisir la main et la taille de son épouse pour la faire danser.

Et oublier tout ce qui n’est Megalis.

Il est si facile de se plonger dans ses yeux pour calmer sa folie latente, celle qui veille au fond de son cœur sans jamais s’endormir, malédiction de sa famille qui en a mené plus d’un à sa perte. Il est si facile de se perdre dans son sourire ; Ulwyck mettrait Westeros à feu et à sang pour ce sourire. Il déplacerait des montagnes, assécherait des mers, abattrait la Lune pour n’autoriser que le Soleil à briller au-dessus d’eux.

Il a trouvé sa moitié, la personne qui donne un sens à son existence, à côté de qui il veut vieillir et mourir.

Megalis arrête un instant leur danse pour lui murmurer un aveu, un secret rien qu’à eux. Elle l’aime ; Ulwyck se sent pousser des ailes. Qu’importe le monde autour d’eux ; le chevalier resserre ses mains et se penche pour lui voler un long baiser, avant de murmurer contre ses lèvres, comme une prière à une déesse :

— Mon amour pour toi est comme le sable du désert. Infini, brûlant et immuable.

Ulwyck ignore s’il lui dira un jour qu’elle est la seule à avoir eu le droit à ces mots, qu’elle est la seule qu’il ait jamais voulu marier et qu’elle fait de lui aujourd’hui le plus heureux des hommes. Oh, des conquêtes, il en a eues, il ne le niera pas, mais jamais personne d’autre que sa sirène n’a su l’envoûter et capturer son cœur dans leurs filets.

— Jamais plus je ne saurai penser à une autre que toi. Mon cœur et mon âme sont tiennes, jusqu’à ce que le monde s’éteigne.

Il souhaiterait presque que leur danse ne s’arrête jamais et qu’il puisse contempler à l’infini son épouse, son corps épousant le sien pour ne faire qu’un seul être, qu’un seul cœur, qu’une seule âme. Ses vœux et ses rêves, il les fera siens. Il espère qu’elle le sait et qu’elle n’en doutera jamais.

Le monde peut bien sombrer, Ulwyck se sent prêt à affronter tous les déluges de la vie en compagnie de Megalis.

Emme

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Dans l’arrêt de leur danse, ce temps mort, ce temps à eux, Megalis sourit comme jamais elle ne l’avait fait. D’un bonheur réel. Un bonheur exempt de tout ce qu’elle portait toujours sur ses épaules. Le secret de sa grand-mère et la guerre de celle-ci. Le nom de son père dont elle se drapait avec orgueil, comme si elle avait des choses à prouver au monde. Avait-elle des choses à prouver ? Plus maintenant. Pas quand elle était contre Ulwyck, en tout cas, car contre lui, elle n’était que Megalis. Et même sans patronyme, elle se sentait entière.

Elle apprécia son baiser, sentant son amour vibrer au fond d’elle. Il lui confirma que ses sentiments étaient partagés. Ils vivraient et vieilliraient ensemble. Elle avait toujours redouté le mariage, d’une certaine manière. À une époque, elle avait rêvé finir vieille fille – ne jamais s’encombrer d’un homme et de son nom. À un autre temps, elle s’était prise à rêver épouser Alessandre – il était parti, mais il y avait Ulwyck. Il n’y avait plus qu’Ulwyck.

Megalis s’accrocha à sa main comme si elle craignait qu’il lui échappe, qu’il disparaisse de son existence, comme s’il n’avait été qu’un mirage. Mais sous ses doigts, elle le sentait trop réel. Il était là. Il existait. Et il l’aimait.

— Allons-nous-en, lui souffla-t-elle.

Sa voix s’était empreinte de la plus grande des douceurs. Une tendresse qu’elle n’avait jamais offerte et n’offrirait jamais à personne d’autre. Elle se rapprocha un peu plus pour enlacer son corps, poser sa tête contre son torse. Elle apprécia entendre son cœur battre, sentir son souffle et sa chaleur. Elle voulait que le temps s’arrête. Qu’il s’étire à jamais sur cet instant précis. Un sourire mutin coula à ses lèvres et elle reprit en regardant son époux dans les yeux.

— Je pense que le siège a assez duré, roucoula-t-elle pour lui remémorer leur première conversation.

Les forts les plus beaux et les plus puissants nécessitaient un long siège pour être pris… Il n’avait que trop attendu. Megalis tourna la tête pour chercher son frère dans la foule. Croisant les yeux de Luthor, elle l’interrogea d’un simple regard. Et d’un geste du menton, il lui indiqua de filer. Alors elle releva son visage joueur vers Ulwyck. Elle feignit l’impatience de sa voix rieuse :

— Alors… Tu comptes m’enlever, oui ?

Luthor Farman

Alors que Luthor s’alarmait de l’attitude de Megalis, qui ne lui disait rien de bon, cela alarma à son tour lady Aelinor. Les yeux du sire de Belle-Île se figèrent en direction des remparts, sans lâcher la fille de Villevieille, il hésita à aller rattraper sa sœur.

— Meg, laissa-t-il échapper d’une voix grave pour toute réponse.

Au fond, il se fichait bien de ses états d’âme – mais elle ne pouvait pas craquer et se comporter en gamine capricieuse ce jour-là. Pas alors qu’ils étaient cernés par des ennemis séculaires. Du coin de l’œil, il aperçut Eddara qui fixait le même endroit. La vieille lionne, malgré ses articulations âgées, semblait prête à bondir. Mieux valait que ce soit lui qui y aille, sinon Megalis allait passer un sale quart d’heure. Encore.

Il relâcha à peine la pression autour d’Aelinor quand il vit sa sœur revenir. Il la trouva bouleversée, mais son dornien parut sauver sa soirée d’un sourire. Luthor eut un léger froncement de sourcils, à quoi jouait Meg ? Il secoua lentement la tête, incapable de comprendre ce qu’elle trouvait à lord Uller. Hormis ses titres et sa belle gueule, il n’avait pas grand-chose d’intéressant aux yeux du Farman. Peu importait. Il observa un instant les tourtereaux se mettre à danser et lui-même reprit sa présence auprès d’Aelinor.

— Pardonnez-moi. Je suis juste sur mes gardes ce soir, vous le comprendrez je suppose.

Il reporta son regard sur la demoiselle bieffoise. La glace s’était de nouveau refermée sur ses traits, Luthor n’exprimant à nouveau plus rien que l’acier dans lequel on l’avait toujours forgé. Il ne fit même pas l’effort de forcer un sourire à ses lèvres, reprenant la danse là où il l’avait laissée, comme si de rien n’était. Après quelques minutes, il sentit un regard appuyé sur lui – il croisa les yeux de Megalis – encore… Qu’elle pouvait l’agacer.

Dans ses yeux, des questions, une pointe d’inquiétude et un bonheur écœurant. Elle ne voulait pas de la coutume de la première nuit. Lui-même ne l’aurait toléré. Toute peste soit-elle, c’était sa sœur. Son sang. Une Farman. Il ne laisserait pas leurs convives la tripoter et la déshabiller aux yeux de tous jusqu’à sa chambre nuptiale. Alors il lui lança un bref geste du menton, l’autorisant à faire ce qu’elle avait à faire. Il était temps qu’elle devienne une femme.

Et lui, comme il l’avait promis, inspecterait les draps au lever du jour.

305 - Lune 10 - Semaine 3 - Jour 7 à Belle-Île

NC

La danse du Scorpion et du Lion

Event

Quand elle entendit le surnom de son amie, Aelinor suivit le regard de Luthor et vit qu’il pointait sur la porte. Elle était dehors ? Seule ? Avec les Fer-Nés qui rôdaient partout ? La brune frémit et se crispa entre les mains du Sire de Belcastel. Elle n’aimait pas ça, mais elle se souvenait aussi des négociations de la veille avec Yara, non seulement la Farman semblait bien connaître la Greyjoy, mais cette dernière semblait apprécier la tristesse. La seiche ne lui ferait rien et le Fer-Né qui lèverait la main sur elle était fou et probablement mort. Cependant, la brune s’inquiéta et elle sentit que Luthor était également inquiet. Si elle avait aperçu Eddara, elle aurait été tout à fait pour qu’il rejoigne sa sœur avant cette mégère, mais même sans cela, elle lui dit

__ Allez-y, Sire. Allez la rejoindre.

Elle fut rassurée, et lui également quand, ils aperçurent tous deux la blonde refaire son apparition au bras de son époux. Aelinor leur adressa même un large sourire en les voyant rejoindre la piste. La brune aux yeux azur ne comprenait pas plus que Lord Farman ce qu’elle pouvait bien lui trouver et en l'occurrence elle ne le trouvait même pas beau, mais elle était ravie pour elle qui avait trouvé une bonne situation en même temps que l’amour. Elle quitta Megalis des yeux en sentant son cœur se serrer. Elle n’aurait probablement jamais cette chance et qu’elle allait probablement devoir renoncer à l’amour qui ne lui réussissait pas et choisir le meilleur parti possible parmi les rescapés de la grande guerre. Autant dire que les options étaient limitées et que finalement, l’union avec Damion était probablement la plus sûre de toutes. En effet, l’avenir de Luthor était loin d'être certain. Patience.

__ Vous êtes tout pardonné.

Répondit la jouvencelle en se remettant à danser avec le beau blond qui ne souriait plus le moins du monde, au contraire, il paraissait même agacé. Néanmoins la Hightower lui sourit et plongea son regard dans le sien. Cela lui permit de le voir tourner la tête vers la Lionne et lui jeter son menton dans un dialogue silencieux et secret que seuls frère et sœur étaient à même de comprendre.

Avec tout ça, Aelinor n’avait même pas pensé à la cérémonie du coucher qui approchait et heureusement parce que l’idée même de cet horrible rite lui donnait envie de vomir plus sûrement qu’un lapin trop faisandé. Le taré qui avait inventé ça méritait d’être écorché vif et donné à picoré aux corbeaux jusqu’à ce que mort s’en suive. La brune aux yeux azur n’avait aucune idée de comment les autres jeunes épouses faisaient pour supporter ça sans défaillir. Mais surtout, elle ne savait pas comment elle, quand son tour viendrait, elle ferait pour ne pas s'évanouir avant la chambre nuptiale, et si elle parvenait à rester consciente, elle devait éviter d’arriver en pleurs tremblante et terrifiée devant son époux. Déjà qu’elle serait nue. Heureusement, pour l’instant, le glaçon de service la distrayait suffisamment pour qu’elle n’y pense pas.