[Motte la forêt] Autrefois, elle errait librement et sauvagement, maintenant elle était perdue et effrayée ( ft. Orion )

Autrefois, elle errait librement et sauvagement, maintenant elle était perdue et effrayée
AN 306, LUNE 5 SEMAINE 1, JOUR 5
La porte principale s'ouvrait sur le passage de Mordreau. Plusieurs jours se sont écoulés depuis qu'il avait mit la main sur cette curieuse gamine au teint pâle et ses acolytes. Une forme d'opportunisme et un désir belliqueux de se faire bien voir de ses maîtres avait poussé l'individu à la ramener à Motte comme on exhibe un trophée. Le chemin jusqu'au fief avait dévoilé des tours de guets inexistante encore il y a encore quelques lunes de ça. La palissade de bois s'étirait à des kilomètres maintenant protégeant non seulement les villages mais et surtout Motte la forêt qui avait désormais un fossé conséquent et de larges pics coupés grossièrement autour de la forteresse.

Mordreau avait fait passé le mot demandant audience tenant à sa prisonnière comme à un paquet de pièces d'or. On l'invita après plusieurs heures à attendre dans un coin du fief n'oubliant pas de nourrir Orion lui tendant un morceau de porc salé. Le pillard bedonnant appréciait cette nouvelle vie bien moins laborieuse qu'aux Îles de Fer. Des hommes vinrent jusqu'à lui le sommant d'attendre dans le corridor de Motte la forêt. Orion pouvait voir le faciès du marin buriné bouillir et se contenir. On escorta dans le dédale sommaire la jeune femme jusque dans une pièce qui semblait bien lointaine de la grande halle ou on accueillait visiblement les courtisans et personnalités importantes. Un bureau gardé par des gardes plus menaçant les uns que les autres et la voilà jeté au sol ou en pâture. Debout et de dos l'ossature pas moins plus imposante que celle de son frère Lothar zieutait la frêle silhouette blanche. Un long silence s'installant, il expira entre ses lèvres un long soupir avant de prononcer ces quelques mots.

« Tu t'appelles Orion c'est ça ? »

J’étais restée calme durant tout le trajet, j’avais observé tout autour de moi avec grande attention. Des tours de guet, je n’aimais pas cela. Je continuais de prier en voyant tous les changements. Voir ainsi le Bois-Aux-Loups massacré me faisait mal au cœur. Je l’avais parcouru cet endroit des centaines de fois. Durant les différents jours, pas une seule fois je n’avais laissé mes cheveux libres, j’avais prié et m’étais toujours montré fort calme et polie. Il ne valait mieux pas énerver les fernés. Mordreau ne m’avait pas touché, c’était déjà ça. Et le fief avait changé. Je n’aimais pas cela non plus. Je me mordis légèrement la lèvre, m’arrachant sans que je ne sente la douleur, un morceau de peau. Je le sentis au goût du sang. Je recommençai. Je le savais quand j’étais nerveuse, même si je ne le montrais pas, l’auto mutilation. Ça je le faisais.

J’étais assise avec Mordreau, dans un coin, mastiquant un morceau de porc. Ils aimaient être là, mais ils n’avaient pas le respect des lieux. Je remontai mes genoux contre moi en mastiquant, je me mordis la langue à nouveau, plus fort. Non, Orion, ce n’est pas parce que tu es tendue, que tu dois abîmer ton corps. Je restais muette alors que je priais toujours, les Anciens pour qu’ils me protègent. Jusqu’à ce qu’on vienne me chercher. Mordreau semblait furieux de ne pas pouvoir m’accompagner. Je suivis, sagement les hommes dans la forteresse, regardant tout autour de moi. Je n’aimais pas les hommes devant le bureau, mais on avait pu me fouiller plusieurs fois, je n’avais aucune arme, Rick avait mon arc après tout et quant à mes herbes et plante, ce n’était que du soin. Mon genou à peine au sol, puisqu’on m’y avait poussé, je me redressai pour faire face à l’homme. Je m’inclinai devant lui.

« Oui. »

Une question simple, une réponse simple.

« Vous devez être le seigneur Lothar, n’est-ce pas ? »

Si j’avais bien retenu son nom, c’était cela. Lothar. Je restais toujours à ma place, gardant mon visage très calme alors que je n’aimais pas du tout cette situation. Je ne pouvais pas fuir, j’étais seule. Mais que les Anciens gardent mon âme. Je ne savais toujours pas réellement ce qu’il voulait. Réellement ? Juste à cause de quelques prières ? J’en doutais.

Autrefois, elle errait librement et sauvagement, maintenant elle était perdue et effrayée
AN 306, LUNE 5 SEMAINE 1, JOUR 5
La confirmation de qui elle était fut ponctué du silence du Salfalaise. Lothar avait beau être à la tête de Motte la forêt en l'absence de son frère il y percevait déjà les décisions difficiles que Tyldr avait à prendre après la mort de leur père. Dans sa tête le fer-né écartait maintenant le doute sur les dires de ce nordien aussi étrange qu'elle finalement. Orion cette gamine avait vraiment l'intention de faire du repérage sur les terres annexées par lui et la maison Harloi ? Des nordiens en colère il pouvait le comprendre mais menés par elle ? Voilà qui était d'autant plus étrange.

Il se retourna entièrement les mains s'apposant sur le siège qui appartenait avant lui à lord Glover.

« Pour toi oui et pour d'autres non. Je ne suis pas le seigneur de ma maison. Les titres et les ratifications se ne sont pas des choses facile à comprendre. »

Ses yeux fixaient l'oiseau fragile à l'intérieur même d'une immense cage.

« J'ai du mal à comprendre pourquoi une gamine cherche à connaître les défenses des fiefs que nous contrôlons. Peut-être peux-tu m'éclairer à ce sujet ? »

Je marche dans les traces des anciens. J’avance. Pas à pas. Je suis nommé par ma mère, fille des Barral. J’avance simplement, pas à pas. Mes racines sont profondes et je sais que je peux réussir. Je priais, toujours, silencieusement, face à l’homme qui me tournait le dos. Je n’avais pas à craindre la mort. J’étais ce que j’étais. Le destin est une bête que je ne peux contrôler. J’avançai sur le chemin. Ne laisse pas la peur t’envahir Orion. *Je ne connaîtrais pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterais ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.* J’inspirai profondément avant d’expirer. La peur était naturelle, mais je ne devais pas la laisser gagner. J’inclinai la tête à la remarque du ferné sur les titres.

« Bien. »

Je fronçai légèrement les sourcils à sa question, putain d’espions toi aussi je mangerais ton cœur, traître. Mais je conservais toujours la même attitude. Entraînement de ma mère et de mes frères. Garder toujours la même expression. Même si mon frère restant était beaucoup plus expressif.

« L’incompréhension est également de mon côté, seigneur. Je n’ai que faire de vos défenses, pardonnez-moi de parler ainsi. Mais je ne suis point une guerrière, vos défenses sont vos défenses. Elles ne m’intéressent pas. »

Mon apparence pas banale était à cet instant un atout à double tranchant. Reste toujours très calme Orion. Très calme. Je joignis simplement mes mains ensemble devant moi.

« Il est cependant facile de me décrire pour me faire porter une accusation alors que je n’ai aucune idée de quoi il s’agit. »

En effet, difficile à croire que j’avais la moindre volonté belliqueuse alors qu’en effet, nos armes étaient des bâtons ou un chien. C’était même Rick qui portait mes dagues, et j’avais laissé mon arc, qui ressemblait plus à un arc de chasse qu’autre chose, au groupe. Je ne laisserais pas la peur tuer mon esprit. Je gardais une attitude calme, soumise et paisible.

* Dune de Frank Herbert

Autrefois, elle errait librement et sauvagement, maintenant elle était perdue et effrayée
AN 306, LUNE 5 SEMAINE 1, JOUR 5
Au fur et à mesure des paroles échangées, les sourcils se froncèrent puis l'étonnement et l'incompréhension se mêlèrent. Elle préférait feinter la réalité plutôt que d'avouer ce qu'elle avait fait faire à un homme et qui plus est pas l'un des plus futés. Pour autant il avait décidé d'avoir suffisamment de jugeote pour la trahir et ça, le nord avait participé de lui même à cette dualité. Si les nordiens étaient fidèles aux Stark autrefois désormais le monde était bien plus complexe et vaste que cela.

« Tiens donc... Intéressant. »

La démarche du fer-né le faisait s'asseoir sur le coin du bureau depuis lequel il avait prit le temps de lire un peu près tout ce qu'il trouvait. C'est ici même qu'il avait aussi interrogé Sybelle Locke en échange de la vie sauve de ses enfants et la sienne.

« C'est étrange parce que j'ai un nordien ici même qui prétend avoir été envoyé par Orion. Sa mission étant simple, glaner des informations sur nos fiefs, le nombre de mes hommes, les seigneurs à la têtes des fiefs et les failles qui pourraient permettre une attaque. »

Le calme avant la tempête Lothar avait passablement plus envie de croire le nordien que elle désormais.

« Alors... Dis moi est ce que tu as quelque chose d'autres à me répondre ? »

J’allais le tuer à petit feu cet homme. Je restais silencieuse face au ferné qui s’installa face à moi. Il avait tout balancé cet espion. J’inclinai légèrement la tête sur le côté, pensivement. Qu’est-ce que j’étais censée répondre à cela ? Je poussai un petit soupir, ennuyé. J’allais donc mourir ici, très bien. Quelque chose à lui répondre ? Je haussais les épaules.

« Je crains que nous fussions dans une impasse. Puisque je ne connais pas cet homme et je n’ai que faire de vos défenses ou de vos fiefs. Et cet homme prétend le contraire. Il suffit que nous ayons eu un différent, pour qu’il souhaite se venger d’une manière ou d’une autre. Ai-je l’air d’une guerrière ? »

Avais-je de quoi me suicider rapidement ? Il y avait toujours de quoi, d’une manière ou d’une autre. J’inclinai la tête vers lui avec respect.

« J’ignore si ma voix à une quelconque valeur pour vous. Mais mon cœur est à la paix et aux Anciens. Je ne serais jamais une guerrière. Je suis une guérisseuse. »

Je soutiens toujours son regard sans frémir. J’avais peur, mais je ne la laissai pas me guider et je me forçai à contrôler le moindre de mes gestes comme Mère m’avait appris.

Autrefois, elle errait librement et sauvagement, maintenant elle était perdue et effrayée
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Lothar pouvait-il croire une gamine qui plus est avec un physique aussi atypique et un comportement plus suspect à chaque phrase qu'elle rétorquait aux siennes ? Croire le nordien qui c'était rendu ou la gamine qui courait les bois ? Les minutes passaient et si Tyldr aurait su sans doute trouver les dissonances et user de ses stratagèmes tortueux, son frère avait bien moins d'options sur ce qu'il allait faire.

« La paix ? Mais cela fait bien longtemps que le nord n'est plus en paix. »

Incompréhensible et sujet de curiosité quoiqu'à cette heure il aurait sans doute préféré s'atteler à résoudre d'autres affaires.

« La voie est sans issue. pour toi comme pour lui. »

Le calme plat comme une pause, accalmie qui allait maintenant faire apparaître les gros nuages gris au dessus de sa tête.

« Tu ne me laisses donc pas le choix. Je ne suis pas homme cruel mais si il faut user de cruauté à ton sujet... »

Dernier avertissement alors que sa main s'emparait du couteau attaché à son ceinturon.

Bien longtemps ? Seulement depuis l’arrivée des fernés, mais n’allons pas contrarier l’homme. N’est-ce pas ? Une voie sans issu… Je détournai le regard pour observer le ciel au travers de la fenêtre pendant un instant. Sans issue. La mort c’était toujours pareil. Je suivis le mouvement de sa main qui saisit un couteau. Quand bien même je ne sentais pas la douleur, je n’avais aucune envie de finir mes jours comme un lambeau de viande. J’inclinai la tête sur l’autre côté en l’observant avec attention. Donc je devais dire la vérité, la question suivante c’était à quel point le reste de mon groupe avait été suivi ? Partons du principe qu’il savait. Je haussais les épaules.

« C’était en effet une idée que j’avais eue, tenter de détruire vos ports. Mais en voyageant, je me suis rendu compte de votre force et que c’était une idée stupide. Alors, j’ai préféré renoncer, mais pour la demande d’information, je n’ai pas pu l’arrêter. Et comme vous avez pu le voir, je n'étais pas en direction de vos ports. »

Je soutiens son regard, je sentais mon cœur cogner avec violence dans ma poitrine, je ne devais pas laisser la peur me gagner. Je parlais toujours d’une voix calme. Qu’il me croit ou non, maintenant mon sort était scellé. Et de toute manière, s’il me plantait, cela ne serait qu’une marque en plus sur ma peau. C’était fou, quand on avait aucune sensation de douleur comme parfois on se faisait du mal pour comprendre comment le corps fonctionnait. Machinalement, je rajustais légèrement mon turban.

Autrefois, elle errait librement et sauvagement, maintenant elle était perdue et effrayée
AN 306, LUNE 5 SEMAINE 1, JOUR 5
Le changement de ton avait donc opéré. Tous les même ces nordiens. Il fallait se montrer menaçant pour qu'ils s'avilissent. Lothar non seulement gardait le couteau bien fermement ancré dans sa main mais il n'en avait pas fini.

« J'ai pas besoin que tu m'lèches le cul gamine. Mais enfin je vois un peu de vérité chez toi. »

Il pointa la pointe de son couteau sur elle lui qui était toujours assit sur le rebord du bureau. La question maintenant qui était évidente c'était de savoir qu'est ce qu'il allait faire d'elle.

Je restais immobile quand il pointa la pointe de son poignard sur moi. J'observais avec attention la pointe acéré. Je me demandais quelle était la douleur si elle se plantait dans ma chair. Je fronçais légèrement les sourcils. Je relevais les yeux vers lui sans répondre à sa remarque sur la vérité..

Autrefois, elle errait librement et sauvagement, maintenant elle était perdue et effrayée
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