[Forêt Hantée] Les vents de l'hiver ✧ ft. Meera Reed

ft. meera reed

306 | lune 1 | semaine 1 | jour 2
Forêt Hantée

les vents

de l'hiver

L’ennui rythmait ses journées. L’ennui et le froid. Arrivée près d’une lune plus tôt, Arianne s’ennuyait ferme, ici. On ne lui avait pas permis d’envoyer une missive à Dorne, la laissant déçue et amère. Elle était en mission pour la principauté mais on l’empêchait de prévenir la princesse de son arrivée ici ? Malgré elle, la bâtarde rongeait son frein. Elle espérait qu’on lui donne des ordres, qu’on l’envoie faire quelque chose de réel, d’utile. Mais rien. Rien que l’ennui, et le froid.

Ce matin-là, elle quitta ses quartiers, enroulée dans au moins trois peaux de bêtes. Elle sema sur son passage quelques rires gras, et évidemment des blagues graveleuses des corbeaux. Forcément, une femme à la Garde de Nuit, voilà qui était rare. Elle leur avait à tous lancé des regards noirs, les défiant de s’attaquer à elle. L’un d’eux, sans doute un ayant trop écouté les racontars sur les dorniennes, avait répondu à son appel. Elle se trouva donc au cœur de la cour, armée de sa lance, à botter le train de l’impudent. Les hommes en noir durent prendre cela pour une quelconque activité ludique, un amusement dans leur vie morne. Ils se relayèrent pour la combattre, et avec sa hargne brûlante et sa susceptibilité à toute épreuve, Arianne leur fit mordre la poussière.

L’exercice réchauffait un peu son corps et elle se débarrassa même de deux des peaux qui la couvraient, n’ayant alors plus qu’un seul manteau sur le dos. Au moins elle ne crevait plus de froid, ni d’ennui. C’est alors qu’un autre homme vint, brailla après tout le monde et ses adversaires se dispersèrent en râlant. Arianne siffla. Retour au froid et à l’ennui.

Quand le soleil fut au plus haut dans le ciel, un petit groupe commença à se former. La Sand, curieuse, s’approcha d’eux et regarda par-dessus l’épaule d’un homme. Ils s’organisaient pour une chasse dans la Forêt hantée. Les sourcils haussés, Arianne se vit confier un sac de jute, contre sa volonté. Celui qui le lui donna précisa qu’en tant que femme, elle pouvait bien poser des pièges. Elle se renfrogna. Connards de corbeaux.

Malgré son agacement perceptible, Arianne décida d’accepter de se joindre à leur chasse. Forêt hantée ou pas, elle voulait respirer un peu et se tirer de l’ennui mortel qui ne tarderait pas à avoir sa peau.

La porte s’ouvrit bientôt sur le nord, le « vrai » Nord comme certains l’appelaient. Un coup de vent, glacial, agita les longues tresses de la dornienne. Plissant ses lèvres épaisses de mécontentement, elle s’engouffra bientôt dans la Forêt hantée et commença à poser ses pièges. Plus loin, elle pouvait entendre les Frères jurés et d’autres volontaires qui chassaient à l’arc. Et elle était condamnée à se contenter de pauvres pièges à lapins, alors même qu’à Dorne, elle extrayait elle-même le venin des scorpions. Elle siffla, agacée.

Et ne remarqua que trop tard qu’elle s’était éloignée du groupe. Occupée à poser un piège, elle le recouvrit rapidement de neige et de feuilles avant de se redresser. Il faisait atrocement froid, ici. Elle resserra la cape en peau autour de ses épaules.

— Hé ho ? appela-t-elle.

Ses lèvres frémirent tandis qu’elle se rappelait des mots de Larence, concernant les dangers du Nord… Les sauvageons. Les Autres. Un blizzard glacial balaya ses cheveux.

— Il y a quelqu’un ? murmura-t-elle.

Elle aperçut une silhouette, assez fine, pas celle d’un homme en tout cas… Sa main se crispa autour du bois de sa lance, son souffle se coupa.

— Qui est là ?

Elle maudissait Larence. Lui, ses histoires à la con, et son pays glacial.

when It Comes To War
I Fight For Dorne
When It Comes To Love
I Don't Choose Sides

elirose

Meera était une éclaireuse née peut-être même la meilleure de Westeros. D’ailleurs en tant que telle qu’elle collaborait présentement avec la garde de nuit. Toutefois elle le faisait à sa façon, c’est-à-dire seule.

Les corbeaux étaient impressionnés par son comportement. Elle s’aventurait tout de même en solitaire dans la fameuse forêt hantée.

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A vrai dire ce n’était pas exactement du courage. La paludière avait déjà vu ce que les terres sauvages au-delà du Mur pouvaient offrir de pire.

Des dangers demeuraient tout de même. Comme le vent glacé, qui se manifesta brusquement. Mais pas au point de surprendre Meera, du moins pas complètement.

Si elle pressentit bel et bien le froid à venir, la paludière s’était aventurée un peu trop loin pour l’éviter complètement.

Par conséquent elle dut subir le vent glacial et aveuglant. Le plus dangereux avec les blizzards, c’est qu’il efface les traces de pas pour votre retour.

Une pisteuse de talent ne se laissait pas avoir ainsi. Elle savait s’orienter autrement.

Meera allait s’en sortir sans dommage. Il n’y avait aucun doute à avoir. Quoiqu’il subsistait une autre menace, le froid cinglant.

Elle grinça des dents. C’était un peu comme faire face à un ennemi tangible. Après tout il frappait, et tranchait à sa façon.

Au milieu du fracas du vent un son se distingua. Meera se tourna dans la direction de cet intrus, et distingua une silhouette.

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Elle ne perdit pas de temps à tenter de l’identifier. Cette personne appelait à l’aide. Le reste pouvait attendre.

« J’arrive ! » Dit-elle avant d’accourir.

Bien qu’elle soit dans l’action, Meera finit par s’arrêter sur un détail. Car même emmitouflée l’autre personne révélait quelques éléments sur son physique. Son profil révélait des formes féminines, et surtout son visage était de couleur noire.

Il s’agissait d’une première pour la paludière. Peu versée dans la géographie en dehors du Nord elle savait qu’il existait des gens ainsi vers Essos ou à proximité.

Le trouble ne dura qu’un court instant. L’urgence de la situation l’emportait toujours.

En guise de présentation elle se contenta de lui prendre le bras en cria :

« Suivez-moi. »

La suivre où ? Telle était la question. Le plan de départ de Meera était d’atteindre le Mur à marche forcée. La manœuvre qui s’avérait déjà difficile, devenait impossible avec cette novice à ses cotés.

La fameuse solidarité nordienne empêchait même de songer à l’abandon. Alors son instinct de survie dénicha une alternative.

Son œil aiguisé de chasseresse identifia un arbre ayant un creux à sa base. Elle s’y engouffra avec toujours l’étrangère derrière.

Le duo n’était pas en sécurité pour autant. Car le froid persistait même au sein de cet abri. Et il n’était pas question d’y faire un feu.

Faute de mieux restait la chaleur corporelle au détriment de la pudeur.

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Arianne Sand

Meera Reed

an 306; lune 1; semaine 1; jour 2;
Forêt Hantée

La silhouette s’approcha soudain en criant. Arianne se figea un peu plus, fit même un pas vers l’arrière quand elle distingua enfin une femme, emmitouflée dans de chaudes fourrures comme elle. Ce ne devait pas être une sauvageonne, du moins, la bâtarde l’espérait : à écouter Larence, c’étaient des barbares, des sauvages. Elle avait entendu de sombres histoires sur certains de leur clans, lesquels ne se privaient pas de massacrer les étrangers et faire de leurs os des outils. Cette jeune femme-là, sans être trop rassurante puisqu’elle criait, n’avait pas l’air d’une ennemie.

Alors Arianne, sa lance fermement agrippée, la suivit dans sa course. Elle s’épuisait vite sous le froid glacial qui paraissait brûler sa gorge, alors haletante, elle jeta un regard par-dessus son épaule.

— C’est des Marcheurs Blancs ? s’égosilla-t-elle soudain.

Non, ils avaient disparu… Elle avait vu les cicatrices sur la peau de Larence. De multiples entailles qui parcouraient son corps de la gorge au bas-ventre, des restes de ce qu’ils avaient appelé la Longue Nuit. Alors quel était le danger, ce vent glacial qui soufflait ? Le danger, c’était le Nord lui-même, lord Corbois le lui avait appris. Elle fronça les sourcils.

L’inconnue la guida jusqu’à un arbre au tronc ouvert d’un creux où elles parvinrent à s’engouffrer toutes les deux. Une fois dedans, Arianne, transie de froid, s’enfonça un peu plus sous ses fourrures. Quel pays de merde ! Elle regrettait Dorne et sa chaleur. Ses dents claquèrent en y repensant, puis elle tourna ses yeux sombres vers l’étrangère.

— Merci, souffla-t-elle. Vous êtes de la Garde de Nuit ?

L’idée lui paraissait un peu étrange, à vrai dire, les dorniens présents au Mur étaient rares, voire même inexistants – pour autant, il lui semblait que l’ordre était exclusivement masculin. Était-elle une des membres du clan de Fallon ? Ou bien de la troupe de l’autre nordien, dont elle avait oublié le nom… Forêt ? Forestier ? Peu importait. Elle ne devait pas être des Corbeaux.

Mais au moins l’avait-elle sauvée d’un brouillard glacial qui l’aurait sans doute tuée, elle qui était si peu habituée au froid… Plus les jours, les semaines passaient, et plus Arianne songeait qu’elle n’avait rien à faire ici. Encore plus quand on ne lui avait octroyé qu’un rôle mineur, alors même qu’elle devait aider le Nord au nom de Dorne.

Si seulement on la laissait envoyer un corbeau, elle pourrait expliquer sa situation à Edmund. Il la ferait sans doute revenir sur-le-champ. Son cousin n’allait pas la laisser crever, tout de même…

Achéris

La mention des marcheurs blancs fit frémir Meera un court instant. Bien que la bataille de Winterfell ait entraîné leur disparation, leur souvenir demeurait vivace chez la jeune paludière.

Elle ne voulut pas à l’étrangère. Entre le froid, la tempête, et ce lieu maudit, ce moment de panique était pardonnable.

Meera remarqua au passage que sa compagne parlait la langue commune. Un fait, qui allait faciliter les choses. Et ce n’était pas de refus au vue de la situation.

Une fois à l’abri du moins partiellement les deux femmes commencèrent à faire connaissance.

Le remerciement était agréable, et la question troublante.

Qu’est-ce qu’une femme irait-elle faire dans les rangs de la garde nuit ?

Puis la paludière se rappela que son interlocutrice venait d’ailleurs. En la regardant de plus près elle remarqua la présence d’une lance dans sa main. Une guerrière. Elles étaient rares dans le Nord à part dans l’île aux Ours.

Faisant face désormais à une consœur Meera se sentit plus à l’aise.

« Non je suis du Neck. » Dit-elle avant d’apporter une petite précision. « C’est à la frontière du Conflans. J’aide la garde de nuit temporairement. »

Elle aurait pu se montrer plus méfiante face à une étrangère. Seulement les subtilités de l’espionnage lui échappaient quelque peu.

Lors de ses voyages Meera était habituée à veiller sur son frère. C’est pourquoi elle perçut également que sa confrère supportait très mal le froid. Il fallait agir.

Elle se rapprocha, et commença à ouvrir ses fourrures. D’une nature spontanée c’est après coup, qu’elle fournit des explications.

« Pour ce réchauffer, il va falloir se coller l’une contre l’autre…. »

La paludière qui d’habitude n’hésitait pas à se crotter dans les marais, rougit légèrement. Elle conservait une forme de pudeur.

Car sans être une dame comme sa reine Sansa Stark, Meera comptait parmi une respectable famille nordienne. Par conséquent elle ne pouvait pas se permettre de « fauter ». Sinon l’honneur des siens s’en trouverait entaché.

Puis son instinct de baroudeuse lui rappela ses priorités. Le froid engourdissait. Le sommeil tuait. Parler maintenait éveillée.

Alors elle posa la première question lui venant à l’esprit.

« Comment êtes-vous arrivée, jusqu’ici ? »

Dehors le vent continuait à souffler. Quand se calmerait-il ? Meera était incapable de le dire. Ses chers marais subissaient des pluies et du brouillard, mais pas de véritables tempêtes.

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Cette situation la frustrait beaucoup. Parce qu’elle la réduisait à l’attente. Or la paludière aimait avant tout agir, foncer, aller au devant du danger…

Présentement elle se trouvait réduit à une stratégie défensive, le comble pour une éclaireuse.

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Arianne Sand

Meera Reed

an 306; lune 1; semaine 1; jour 2;
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Le Neck… Arianne fronça les sourcils mais son interlocutrice lui indiqua tout de suite ce dont il s’agissait. Le Neck, donc. Elle avait dû y passer pour venir à Winterfell depuis Dorne, mais n’avait pas spécialement fait attention : loin de la principauté, le froid glacial avait tendance à étouffer ses sens pourtant toujours en alerte. Alors elle hocha la tête, imprimant dans son esprit les informations.

Elle aussi venait en aide à la Garde de Nuit. Pourquoi ? Elle ne le savait pas vraiment, même si elle était là dans ce même but. Arianne avait soigneusement été laissée à l’écart des réalités de leur mission, Larence n’avait pas dit grand-chose. Aider la Garde de Nuit, représenter Sansa, un rappel sur les dangers mythiques du Nord… C’était tout.

La fille du Neck lui indiqua qu’il fallait se serrer pour se réchauffer. La bâtarde acquiesça avec un grand sourire. Elle avait appris ça de Fallon, à son arrivée au Mur. Sans hésitation, Arianne se colla à sa compagne d’infortune, sans gêne aucune : à Dorne, on n’apprenait pas aux femmes la pudeur ni à préserver leur virginité à tout prix. Ainsi, la proximité avec la paludière ne lui fit rien ressentir de honteux, seulement la saveur habituelle de la sororité des dorniennes.

Sa question était légitime, et Arianne eut un sourire un peu piteux. Elle-même se demandait ce qu’elle fichait ici. Elle n’avait aucunement rapproché le Nord et Dorne et avait été directement expédiée au Mur, sans savoir quoi y faire.

— Je viens de Dorne, lui apprit-elle avec un regard fier. La princesse Elia Dayne m’a envoyée à Winterfell pour que je me mette au service du Nord, afin de rapprocher nos deux royaumes au nom de mon cousin, le prince de Dorne.

Si naïve d’avoir cru à cette histoire d’Elia, la dornienne eut un sourire fier. Elle se blottit un peu plus sous ses fourrures.

— Et vous, alors ? J’ai l’impression que les corbeaux de Châteaunoir ne voient pas souvent de femmes.

Un sourire un peu moqueur barra ses lèvres en y pensant. Ils étaient pitoyables, entre leurs regards lubriques et leurs blagues graveleuses. Heureusement, dressée aux armes et au poison, Arianne ne les craignait pas : au contraire, elle les attendait de pied ferme.

Achéris

Que se soit Dorne au lieu d’Essos ne changeait pas grand-chose. Ces deux terres étaient aussi étrangères l’une que l’autre aux yeux de Meera. Car elle n’était jamais descendue plus loin que la frontière conflanaise.

D’ailleurs elle avait du mal à différencier les deux endroits. Selon son maigre savoir en la matière il s’agissait de lieux chauds où on portait des vêtements colorés, et buvait du vin.

Exceptionnellement son ignorance n’alla pas de pair avec sa xénophobie. Les terres de l’Ouest et celles de la Couronne avaient fait la guerre au Nord. Tout comme les fer-nés harcelaient leurs côtes de temps à autre.

Par contre sa patrie ne souffrait d’aucun grief envers Dorne, du moins à la connaissance de la paludière.

A ces éléments s’ajoutaient la mission diplomatique.

Bref Meera n’éprouvait plus de méfiance envers l’étrangère. D’ailleurs elle lui répondit avec sa spontanéité habituelle.

« Je suis un cas à part. » Dit-elle d’abord avec malice avant de s’expliquer. « J’étais venue aider un seigneur, qui avait besoin d’une pisteuse pour traquer des brigands sur ses terres à proximité du Mur. Puis comme Château noir ne donnait plus de nouvelles, il a lancé une expédition à laquelle je me suis jointe. »

Dehors le vent s’acharnait. Pourtant la chasseresse cessa de grelotter grâce à la chaleur unie des deux corps. Si le froid était comme un ennemi, la dornienne se révélait être en toute logique une sœur d’arme.

A ce propos elle demeurait plutôt calme malgré la situation.

La présence de la lance revint à Meera. En regardant plus attentivement son alliée, elle remarqua une silhouette similaire à la sienne. Celle d’une femme dont les activités ne se limitaient pas à la broderie.

Un autre détail se rappela également à Meera. Selon ses propres dires la sudienne avait été envoyé par la princesse de son fief en personne. Ce genre d’émissaire bénéficiait normalement de gardes du corps. A moins qu’elle n’en ait pas l’usage.

Elle avait aussi précisé être d’ascendance noble. Toutefois cette information restait mineure aux yeux de la paludière et de sons sens pratique.

« Vous êtes une combattante ? » Demanda-t-elle bien que le ton était plus proche de la constatation que de la question.

Si Meera se désintéressait généralement des us et coutumes étrangers, il en allait différemment pour les techniques de guerre.

Cela venait du fait que les paludiers se battaient d’une manière différente des autres nordiens plus basée sur les raids et les embuscades que les batailles rangées.

De plus ce type de stratégie était basée sur l’adaptation et l’observation. Car il fallait savoir où frapper et comment.

Et puis il fallait bien reconnaître qu’une femme maniant les armes, n’était pas pour lui déplaire.

Meera avait un très grand respect pour sa reine, et la savait à sa manière capable de courage. Malgré tout une différence subsistait entre la grande dame de Winterfell et la crapahuteuse des marais.

Et ce principe se répétait généralement avec les autres ladys du Nord.

Peut-être en irait-il différemment avec cette étrangère ?

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Arianne Sand

Meera Reed

an 306; lune 1; semaine 1; jour 2;
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Un cas à part ? Arianne tendit l’oreille, écoutant attentivement les paroles de sa compagne d’infortune. L’information prit quelques secondes à son esprit rompu aux mœurs dorniennes pour saisir enfin ce qu’elle voulait dire. A Dorne, il était plutôt coutumier que les femmes combattent. Du moins, ce n’était pas quelque chose d’exceptionnel. Les dorniens chassaient peu, qu’y avait-il à chasser dans les déserts et autres terres arides ? Alors rencontrer une pisteuse était chose rare pour elle. Elle accueillit la nouvelle d’un grand sourire, quoique figé par le froid ambiant.

— Pisteuse ? Je ne connais rien à la chasse. Vous pourriez m’apprendre ?

Sa voix s’éclaira joyeusement dans cette question. Elle s’ennuyait ferme depuis son arrivée à Châteaunoir. Arianne détestait les regards que posaient les hommes sur elle, ici, alors la compagnie des femmes lui était plus qu’agréable. Fallon avait été d’un grand soutien, et elle espérait que la fille du Neck le soit aussi. Les dorniens étaient si chaleureux en comparaison avec les nordiens qu’elle trouvait terriblement austères.

Le vent semblait siffler toujours plus fort, et la bâtarde lançait parfois des regards de biais au dehors. Quelle région inhospitalière. Comment pouvait-on vivre ici sans geler sur place ? Les sables de sa région natale lui manquaient de plus en plus. Mais elle était là pour Dorne. Elle le faisait pour le prince. Son cousin. Son héros.

La question de la paludière lui arracha un sourire fier, Arianne regarda sa lance avant de hocher la tête.

— Oui, je faisais partie des gardes princiers avant d’être envoyée ici. Quand on est né bâtard, il faut bien se trouver une utilité.

Son sourire se crispa en prononçant ces mots. Elle aurait aimé porter le nom de son père, être Allyrion elle aussi, mais n’était destinée qu’à un rôle mineur, pour toute sa vie hélas. Elle agita la tête pour chasser ces pensées, s’enfonçant toujours plus dans ses fourrures. Dans sa franchise abrupte, elle observa la silhouette de la jeune femme, a priori elle aussi connaisseuse du combat.

— Vous êtes une bâtarde vous aussi ?

Achéris

« Oui c’est possible. » Répondit Meera étonnée par cette proposition, la chasse étant une activité essentiellement masculine.

Mais le plus surprenant était à venir.

« La garde princière ! » S’exclama-t-elle.

Malgré son savoir limité en géographie la paludière comprenait, que la femme lui faisant face comptait parmi l’élite. C’était réjouissant et également rassurant. Elle pourrait compter dessus en cas de problème.

D’ailleurs cela expliquait son sang-froid malgré la dangerosité de la situation. Puis une autre information suivie encore plus surprenante.

On trouvait des cas de bâtardise également dans le Nord. Mais on ne le reconnaissait pas si ouvertement. Peut-être fallait-il mettre cette révélation sur le compte de la proximité ?

Ce sujet mettait mal à l’aise Meera. Car il était indéniablement lié à l’adultère. Or dans sa nation il subsistait une certaine pudibonderie.

D’un autre coté elle avait croisé furtivement Jon Snow, qui semblait être une personne respectable. Et puis après tout ces gens mal nés ne devaient pas être tenu responsable des fautes de leurs géniteurs.

Pourtant selon ses propres dires la dornienne subissait ce traitement.

La paludière se sentait presque coupable. Elle avait toujours su où était sa place au sein du Neck, de sa famille, et de ses suzerains les Starks.

Par compassion elle aurait pu mentir sur ses origines. Seulement ce genre de manipulations même bien intentionnées, n’étaient pas dans sa nature.

« Non je suis l’héritière d’une maison, la Reed. »

Elle ne précisa pas l’importance de sa famille par délicatesse. Puis une autre pensée lui vint à propos de la question. L’étrangère croyait qu’une condition similaire à la sienne, valait à Meera sa présence dans cet endroit hostile.

Concrètement les mal-nés étaient sacrifiables. Cette constatation lui parut bien triste.

D’un autre coté il s’agissait d’une mission diplomatique donc importante. Toute cette politique perdait un peu la paludière.

Les sens toujours en éveils elle perçut, que la lumière dehors baissait considérablement. Du fait du danger immédiat Meera avait quelque peu négligé le temps.

L’obscurité alliée à cette tempête de neige, allait constituer un piège mortel.

La situation était à la fois périlleuse et simple. Car elle offrait une seule tactique.

Entre le froid et le manque de visibilité il n’était pas envisageable de tenter une course effrénée jusqu’au Mur.

Le duo pouvait uniquement rester sur place et encaisser jusqu’à l’aube.

L’épreuve se serait dure surtout pour une personne étrangère à la région et à son climat.

Toutefois l’étrangère en question était du genre coriace. Alors Meera l’estima donc capable d’encaisser la vérité.

« La nuit va bientôt tomber. Le froid va être terrible. »

Ces mots étaient formulés comme une simple information. A la dornienne de la gérer.

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Arianne Sand

Meera Reed

an 306; lune 1; semaine 1; jour 2;
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La réponse de Meera lui arracha un grand sourire. Arianne avait tant à apprendre du Nord, à en croire son incapacité à se mouvoir sans trembler de tout son corps. La température, la neige… Elle ne connaissait rien à ces choses-là. Elle, elle était habituée au sable, au désert, et à la morsure vive du soleil sur sa peau. Tout ce qui lui manquait ici. Alors si au moins elle pouvait apprendre à chasser…

La paludière parut surprise qu’Arianne fasse partie de la garde princière, ce qui n’était au final dû qu’à sa filiation avec Edmund. Un bref lien de sang qui les avait faits se côtoyer dans l’existence, les amenant elle et son frère à entrer au service de leur cousin. Puis son propre frère, d’ailleurs, l’avait bien aidée dans la vie : il avait été l’écuyer d’Oberyn Martell, permettant à Arianne de se balader dans ses pattes après qu’elle ait été renvoyée de la Citadelle – une sacrée histoire.

La paludière parut alors mal à l’aise, était-ce parce qu’être vue en compagnie d’une bâtarde lui porterait préjudice ? La Sand sentit sa gorge se nouer, elle avait peut-être fait quelque chose de mal. Quand sa compagne de l’instant avoua être l’héritière d’une maison, Arianne sentit la honte l’envahir. Elle devint livide et se confondit aussitôt en excuses.

— Oh pardon, ma dame, bafouilla-t-elle. Si j’avais su, j’aurais utilisé les termes appropriés… ma dame.

Elle baissa aussitôt les yeux, comme elle le faisait toujours face aux nobles. Arianne se rappela religieusement les mots de son père : tu n’es rien, tu n’es personne, tu n’es que la bâtarde. Voilà ce qu’elle était. Son souffle ralentit, elle se sentait si honteuse.

Mais les paroles de la Reed la ramenèrent à l’urgence de l’instant : la nuit allait tomber. La Sand songea qu’elle crèverait sans doute si il faisait un peu plus froid que ça… Alors un froid terrible ?

— Il y a une chance pour qu’on rentre à Châteaunoir avant la nuit ? Je tiendrai pas avec ce froid, avoua-t-elle la voix déjà hachée par la fraîcheur des lieux.

Achéris

Madame. Le terme et le reste déconcertèrent quelque peu Meera. Certes du fait de son ascendance elle bénéficiait de certains égards. Toutefois on n’était pas aussi formaliste dans le Neck.

Et puis de quoi s’excusait-elle au fait ?

De toute façon elle ne s’attarda pas là-dessus au vue de la situation.

D’ailleurs la dornienne l’avait également saisi, et fait le choix qui s’imposait.

« On peut le faire. » Lui répondit la paludière d’un timbre à la fois déterminée et complice.

A vrai dire il s’agissait plus d’un cri de ralliement pour motiver les troupes que d’une véritable affirmation.

D’abord en combattante disciplinée Meera se prépara. Elle se rhabilla, et resserra les attaches de son équipement.

Ensuite elle eut une hésitation en se tournant vers la sortie de l’arbre, le genre qu’on éprouve avant de fondre sur ses adversaires. Même le plus aguerri des guerriers ne parvenait pas à s’en débarrasser complètement.

Elle fit tout de même le pas fatidique, et quitta la chaleur relative à l’intérieur.

Son corps tout entier se rétracta face à la tempête. L’affrontement venait de commencer, et l’ennemi avait porté le premier coup.

Meera n’était pas du genre à se contenter d’encaisser. Elle couvrit le haut de son visage de sa main, et observa. Son regard perçant distingua le Mur au milieu de la neige et des arbres.

C’était à présent son tour d’attaquer. Elle n’oublia pas avant de rassembler ses troupes.

« Par-là. » Cria-t-elle au milieu du vent en indiquant la direction du doigt. « Restes prêt de moi. »

Dans le feu de l’action elle venait de passer au tutoiement. Le champ de bataille et le danger immédiat, brisaient souvent les barrières et les conventions.

La marche débuta. Progresser dans la neige constituait un exercice difficile. Vos pieds s’en trouvaient alourdis.

Meera avait l’habitude. Tout le monde ne disposait pas de son expérience. Régulièrement elle jetait un coup d’œil en arrière. La dornienne éprouvait clairement des difficultés, mais s’accrochait.

Cette sudiste commençait à lui plaire. Elle devait bien l’admettre.

L’avancée continua avec ses hésitations, ses chutes, ses tremblements…. Rien ne fit renoncer les deux guerrières.

Progressivement l’image du Mur devint moins flou. Elles touchaient au but.

« On y est ! » S’exclama Meera en prenant sa complice par les épaules.

Son enthousiasme lui avait fait oublier une règle essentielle. Il ne faut jamais baisser sa garde tant que le combat n’est pas achevé.

Heureusement que ses sens demeuraient toujours en éveil.

Derrière la dornienne une forme indistincte se manifesta. A quatre pattes, pas très haut… la paludière identifia immédiatement la bête. Une bête qui se déplaçait rarement seul.

Un coup d’œil circulaire l’informa que l’animal en question ne faisait pas exception à la règle.

A cause du bruit et du manque de visibilité Meera avait ressentit leurs présences presque trop tard.

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« Des loups. » Murmura-t-elle à l’oreille de son alliée. « Ils nous ont encerclé. »

Y avait-il ce genre d’animaux à la pointe sud de Westeros ? Peut-être.

Elle préféra ne pas prendre de risque.

« Il faut à tout prix les tenir à distance. »

L’arc était l’outil idéal pour ce genre de tactique. Sauf que ce vent si violent décalerait ses tirs. De plus la chute de neige empêchait de viser précisément.

La chasseresse se rabattit alors sur son trident. Lui aussi ferait l’affaire. En serait-il de même pour sa partenaire du moment ?

La réponse allait bientôt venir.

Les vents de l'hiver

Arianne Sand

Meera Reed

an 306; lune 1; semaine 1; jour 2;
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La paludière parut surprise par la réaction d’Arianne. Mais celle-ci avait tant été ramenée à sa condition et à celle des nobles – elle n’était pas une noble, elle n’était rien, une erreur, un égarement de son père. Alors elle était contrainte de s’excuser, se mettre plus bas que terre, et employer les mots justes pour celle qui était une héritière tandis qu’elle était une bâtarde. Mais la nordienne ne rebondit pas, préférant se concentrer sur la situation.

Et à raison. Arianne en était sûre. Elle sentait à ses poils dressés sous les couches de vêtements, à la tension dans tout son corps, que le froid n’aurait aucun mal à la tuer. Lord Corbois avait bien pu tenter de la terroriser avec ses légendes du Nord, il n’avait qu’à peine évoqué le plus grand des dangers : le Nord lui-même. Alors le souffle court, elle regarda Meera et hocha vivement la tête. Elles pouvaient le faire – elle l’espérait en tout cas, la détermination de sa compagne de l’instant lui donna confiance.

Imitant Meera, Arianne redressa le col de son manteau, tentant d’emprisonner encore plus son corps dans les fourrures. Ses dents claquèrent à la seule idée de sortir mais après une profonde inspiration, elle franchit à son tour la barrière de l’arbre. Agrippant sa lance avec plus de fermeté encore, elle réprima un couinement tant le vent était fort. Et reproduisant les gestes assurés de la nordienne, elle plaça une main devant son visage, essayant d’éviter le blizzard qui la fouettait.

Elle obéit, tâchant de rester près de sa compagne d’infortune. Les lèvres pincées tant le froid autour d’elle devenait violent, douloureux, les pas alourdis par la neige qui s’amassait sur ses bottes, Arianne refusa de se laisser abattre. N’avait-elle pas vécu pire ? Les hurleurs dothrakis étaient une épreuve aussi, elle ne s’en rappelait que trop bien, ayant abandonné les cheveux longs depuis cet affrontement puisqu’ils avaient manqué de lui coûter la vie. Et après une traversée périlleuse, l’exclamation de Meera la fit soupirer de joie – elles y étaient.

— Enfin, lâcha-t-elle comme si elles avaient passé des semaines ou des lunes dans la neige.

Mais Meera lui souffla de nouveaux mots qui réveillèrent aussitôt son instinct de survie. Des loups ? Elle retint un hoquet de surprise et plissant les yeux tout en se retournant, elle distingua les silhouettes sombres autour d’elles. Elle avait connu pire ennemi, du moins elle l’imaginait… Mais dans le désert, c’étaient surtout les scorpions ou les serpents qui l’inquiétaient.

— Et… On peut les faire fuir ? Enfin, c’est comme heu… des lynx ? Ou des coyotes ?

A Dorne, les loups ne pullulaient pas. Des lynx, des coyotes… Pas des loups. Puisque Meera semblait empoigner avec plus de force son trident, Arianne l’imita avec sa lance. Sans hésitation, elle la pointa lentement devant elle, plus guerrière que chasseresse, elle s’ancra bien sur ses pieds et observa leurs ennemis, attendant des instructions de la paludière. Elle ne comptait pas prendre le risque de les mettre plus en danger qu’elles ne l’étaient déjà.

Achéris

« Comme des quoi ? » Répondit d’abord Meera instinctivement.

Au sujet de la faune comme le reste en général son savoir ne s’étendait pas au sud du Neck. Or il était difficile de faire plus au sud que Dorne.

Elle savait seulement qu’il y avait du sable, des chevaux, et du vin.

La question ne fut pas inutile pour autant. Car elle démontrait un certain sang-froid vis-à-vis du danger de la part de l’étrangère.

Face à l’ennemi elle recherchait une façon de le vaincre. En plus cette femme usait d’une arme parfaitement adaptée à la situation.

Se sentant en confiance la paludière se mit à dos à dos avec sa partenaire de combat. Puis tout en restant à l’affût elle finit par lui fournir une véritable réponse.

« On peut les mettre en déroute. S’ils ne voient pas d’opportunité, ils n’insisteront pas. »

La chasseresse connaissait son sujet. Ces bêtes ne se battaient pas pour la gloire ou une nation.

Il était juste question de subsistance. Par conséquent un risque peu trop élevé les ferait renoncer.

De son côté la meute ne demeurait pas en reste du point de vue tactique.

Un loup s’approcha subrepticement du flanc droit de Meera. Flairant un piège elle se contenta d’agiter son trident dans sa direction afin de stopper son avancée.

Son intuition se révéla judicieuse. Une autre bête accourait de l’autre côté, mais dut freiner des quatre pattes. Car la paludière avait eu le temps de reprendre ses marques, et aurait pu l’embrocher dans son élan.

Derrière la dornienne s’agitait également.

Et dire que Châteaunoir était si proche. Cette ironie fit pester Meera.

Il n’était pas question de mourir si près du but ! Après tout elle avait affronté un lézard-lion à seulement treize ans. En comparaison ses quadrupèdes poilus faisaient figures de gringalets.

L’image des guerriers du Neck discrets voir fantomatiques en prit un coup. Chacune des piques de Meera était accompagnée d’un cri de rage. Parfois suivait le couinement d’un loup.

Fallait-il y voir un signe annonciateur de victoire ?

A vrai dire tout ne reposait pas sur ses seuls talents.

Les vents de l'hiver

Arianne Sand

Meera Reed

an 306; lune 1; semaine 1; jour 2;
Forêt Hantée

Arianne jeta vers Meera son désespoir. Leurs différences culturelles devenait un problème quand, dans une situation critique, elles peinaient à se comprendre. La dornienne, tout en pointant sa lance vers les loups, laissa à la nordienne le soin de prendre les choses en main. Meera vint se placer dos à dos avec elle, lui donnant des indications supplémentaires.

Arianne hocha la tête vivement, tout en fixant les bêtes dont les silhouettes se confondaient avec le vent et la neige. L’image était plutôt belle en soi, mais l’adrénaline qui avait grimpé en elle à toute vitesse lui interdisait d’en profiter. Le cœur de la bâtarde battait à en sortir de sa cage thoracique, le sang filait à toute allure dans ses veines.

Ses expirations, lentes et profondes pour tenter d’apaiser son pouls, soulevaient un nuage de fumée que le vent emportait tout aussi vite.

Le calme ne dura pas : derrière elle, Meera repoussait un loup, puis deux, qui tentaient de les approcher. Arianne fit face aux mêmes tentatives de son côté. Elle n’avança que d’un pas pour chasser le premier loup, deux sur le côté pour en écarter un autre. Usant de ce qu’elle avait appris auprès des Aspics, mais avec bien moins d’aisance dans la neige, Arianne avait le geste ample et souple.

Elle se remit en position, dos à Meera. Le calme revint quelques secondes, qui s’étirèrent en minutes.

— On va s’en sortir, chuchota-t-elle – plus pour elle-même que pour Meera, sans doute.

Achéris

Les échanges avec les loups se poursuivirent. La dornienne semblait tenir le coup. Un court instant elle causa une frayeur à Meera en se décollant de son dos, mais revint très vite à sa place.

Puis les assauts cessèrent. Seul un murmure de la dornienne perturba le silence soudain. Il en fallait plus pour gêner la meilleure pisteuse du Neck dans ses observations.

Après vint l’analyse, puis la conclusion.

« On s’en est sorti. Ils ont préféré fuir. »

Ensuite Meera se retourna afin de constater l’état de sa compagne d’arme du moment. Pas de blessure et du sang au bout de sa lance.

« Tu sais te défendre. » Lui dit-elle tout en effectuant une tape amicale sur l’épaule en plus du tutoiement.

Dans le Nord se battre cote à cote créait du lien.

Toujours à l’affût même après un combat, Meera remarqua que le froid affectait la dornienne. Les signes étaient clairs : tremblements, pâleur…

Châteaunoir se trouvait à deux pas. Son alliée pouvait certainement tenir encore le coup à condition de faire le nécessaire.

« Il faut repartir. »

Cette phrase ne sonnait pas comme un ordre plutôt comme une sorte d’annonce. Malgré son statut Meera n’était pas naturellement autoritaire. Elle avait toujours eu l’habitude de se débrouiller seule sans serviteur à commander.

La marche reprit. Le froid tranchant réapparut également une fois la chaleur de l’affrontement retombé.

Un peu de panique prit forme chez la paludière jusqu’à ce qu’une forme cyclopéenne se dégage de la tempête.

« Le Mur ! » S’exclama-t-elle.

Une sorte réponse fusa du bâtiment.

« Halte-là ! »

Derrière le ton menaçant se cachait un certain épuisement de la part du pauvre garde en faction.

La fatigue était souvent source d’erreur.

« C’est Meera ! » Cria immédiatement la chasseresse. « Et.. »

Elle se tourna alors vers la dornienne. Au milieu de toutes ces épreuves elle n’avait pas songé à lui demander son prénom.

Les vents de l'hiver

Arianne Sand

Meera Reed

an 306; lune 1; semaine 1; jour 2;
Forêt Hantée

Le silence les entourait depuis quelques secondes, et Arianne ne savait distinguer la présence, ou non, de leurs adversaires. Si elle n’entendait plus les grognements des loups, les vents froids soulevaient des salves de neige tout en l’empêchant de voir. Etaient-ils toujours là ? Cramponnée à sa lance, le regard féroce, la bâtarde restait en position. Elle tarda à baisser sa garde, même quand sa compagne d’infortune lui assura qu’ils avaient fui.

C’est finalement la tape amicale contre son épaule, les mots de Meera, qui la ramenèrent pleinement à la réalité. Arianne releva les yeux vers elle, dans son soupir soulagé, elle eut un sourire.

— Toi aussi, lâcha-t-elle. Tu as un sacré instinct.

Après tout, la paludière avait repéré les loups très tôt, et avait immédiatement su faire face. Seule, la dornienne n’aurait sans doute pas su comment réagir. Elle n’avait jamais eu à confronter de loups. Ni les vents de l’hiver. Ceux-ci étaient d’ailleurs revenus la harceler, d’ailleurs, échauffant son visage et raidissant ses mains.

La nordienne lui indiqua qu’elles devaient repartir. Arianne ne se fit pas prier. Un vif hochement de tête, un bref sourire, soulagée d’enfin rentrer, et elle emboîta le pas à la paludière. Plus encore qu’avant, ses pas étaient rendus difficiles par la neige, mais pressée par l’envie de rentrer au plus vite pour se mettre au chaud, Arianne persista malgré tout.

Le Mur ! s’exclama sa guide. Arianne expira, d’aise, tout en souriant. Enfin… Quelqu’un, un membre de la Garde sans doute, les héla.

— Arianne, murmura d'abord la bâtarde. Et Arianne ! s'annonça-t-elle aux portes.

Elle lança un regard plein d’espoir, priant qu’on lui ouvre enfin ces portes et qu’elle se mette au chaud. Après quelques secondes, un cliquetis résonna, suivi de roulements métalliques. La grille qui barrait l’entrée de Châteaunoir s’ouvrit lentement. Arianne tourna son sourire vers Meera.

— Enfin.

Et empoignant de plus belle sa lance, s’emmitouflant toujours plus dans ses fourrures, la bâtarde entra dans le tunnel où, déjà, il semblait faire plus chaud. Une simple illusion, sans doute.

Achéris

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