Le cul entre deux chaises | Meera

Cela faisait maintenant quelques temps que Meera avait proposé une stratégie à Asher et bien sûr, Fallon avait proposé son aide. Et maintenant que la nouvelle de la prise de Winterfell était arrivée à eux, l’idée prenait tout son sens. Il s’agissait de prendre la tête d’un commando pour libérer la demeure des Stark. Mais dans les faits, il fallait encore établir la nature du commando et la manière dont ils pourraient agir ainsi que les priorités. Fallait-il d’abord reprendre Winterfell des Fer-Nés ? Sauver la Reine Sansa ? Pour Fallon, la priorité était de faire sortir ses enfants et sa grand-mère de ce guêpier où elle les avaient elle-même plongés, mais elle se doutait bien que Lord Forrester ne serait pas du même avis. Or, tant que la forteresse était assiégée, ils pouvaient espérer empêcher les assaillants d’en prendre possession, mais là, c’était trop tard !

Fallon alla donc voir Meera pour discuter des possibilités et du fait qu’elle voulait sauver sa famille, ou en tout cas ce qu’il en restait. Elle s’approcha donc et lui sourit de toutes ses dents, un peu gênée de la déranger.

__ Hum hum… moi besoin parler toi.

Elle regarda autour comme s’il s’agissait d’un secret et s’approcha pour que personne n’entende ce qu’elle allait révéler à la paludière. Pourtant, personne n’ignorait que Fallon avait laissé sa famille et les membres de son clan qui n’étaient pas capables de se battre avec la Reine avant de se rendre à Châteaunoir. Certes la plupart des gens ici présents s’en fichaient comme de leur première chemise et n’avaient probablement pas retenu l'information, mais Meera s’en souvenait peut-être. En tout cas, ce n'était pas une information difficile à obtenir.

__ Mes enfants être prisonniers dans Winterfell. Moi vouloir aider toi pour le Nord, mais moi pas pouvoir les laisser. Tu comprendre ?

La brune aux yeux de glace essayait de faire preuve de calme, mais en vérité elle était terrifiée pour sa progéniture. En effet, même si elle ne connaissait pas suffisamment bien les Fer-Nés pour savoir ce qu’ils étaient capable de faire à ses enfants, elle savait bien qu’il n'était jamais bon d’avoir des proches aux mains des ennemis, surtout quand on envisageait de les combattre.

__ Toi savoir comment nous reprendre Winterfell et sauver Sansa et mes enfants ?

Demanda-t-elle simplement car elle n’était pas une stratége ou en tout cas elle estimait qu”une noble devait l‘être bien plus qu’elle et pensait donc que Merah avait déjà réfléchi à tout ça ou en tout cas, avait une petite idée de la manière d’opérer.

Fallon allait peut-être devoir faire plus que prendre la lance de sa mère pour un bâton de marche, mais qui pour lui apprendre à l'utiliser correctement ? Morna avait essayé maintes fois, mais Fallon était toujours un peu dans son monde, dans ses rêves, durant ses leçons. Elle n’était pas particulièrement douée pour le combat, elle l'était cependant pour la chasse. Avec un arc, elle pouvait presque tout faire et avec une dague, elle savait se défendre autant que possible, mais elle ne ferait certainement pas le poids contre les épées et les haches en acier et en fer bien aiguisées des Fer-Nés. Pourtant la sorcière guerrière lui avait asséné l’art du combat à grand renfort de coups et de bleus. Cela aurait dû rentrer, mais rien n’y faisait. Peut-être que la sauvageonne avait besoin d’une autre méthode. A moins qu’elle ne soit simplement nulle. Elle avait cependant un talent certain pour survivre en milieu hostile, mais pas pour se faire accepter parmi les nordiens. Heureusement que Meera n’était pas de ceux qui la fuyaient, elle la tenait pour une amie et elle était parmi les seules femmes de la troupe, alors un peu de solidarité féminine et de tranquillité vis à vis des hommes n'était pas de refus.

Cela dit, la plupart des nordiens avait trop peur d’elle pour la convoiter, la brune était une sorcière guerrière après tout, comme sa mère, même si elle n'était en vérité ni l’un ni l’autre, elle y ressemblait et ses hommes la traitaient comme telle, soit avec beaucoup d'égards et de respect. Eux même la craignaient, eux même croyaient qu’elle pouvait parler avec les Dieux et parfois, les rêves qui la réveillaient en sursaut et ses hurlements de loup laissaient penser que c’était le cas. Ils ignoraient tout de ses pouvoirs et elle se gardait bien d’en parler, mais non, elle ne parlait pas avec les Dieux, elle ne paraît même pas aux loups, elle voyait seulement à travers les yeux de l’un d’entre eux et peut-être était-ce plus eux qui lui parlaient, ou qui parlaient à travers elle. De plus, c’était l’héritière de Morna Masque Blanc et si dans sa culture on héritait pas de biens ou de terres, elle n’en était pas moins devenue la matriarche de son clan et à ce titre, son statut était proche de celui d’une Reine. Bon une Reine façon sauvageon, sans robe ni formules pompeuses, tous se tutoyaient, de toute façon en langue ancienne le vouvoiement n'existait pas et la plupart de leurs échanges avaient lieu dans cette langue que presque personne ne comprenait dans les rangs nordiens. Cela ajoutait une couche de mystère et de distance avec les soldats d’Asher. Distance que la jeune femme préférait garder finalement.

__ Oui. D’accord.

Meera avoua à Fallon qu’elle ne pourrait pas sauver ses enfants. Elle comprenait, mais l’évocation de leur état lui fit se pincer les lèvres. Elle était tellement inquiète pour eux. Elle rétorqua :

__ Alors moi venir, moi les libérer pendant que toi sortir Sansa. Ça être diversion si toi partir dans un sens et moi dans l’autre. Si moi entrer avec quelques hommes, nous pouvoir les porter.

Les paroles de la paludière tombèrent comme un couperet et résonnèrent dans l’esprit de la brune aux yeux de glace comme un tambour de guerre. Les hommes pour les mines. Les femmes pour les forcer. Les enfants… Que feraient-ils de deux bouches inutiles à nourrir ? Elle préférait ne pas y penser. Mais l’espoir de les retrouver en vie venait encore de s’amenuiser.

Fallon était une sauvageonne, la notion de sacrifice pour une cause plus grande, pour une femme plus importante lui était étrangère. Mais Meera avant d’être une noble était son amie et Sansa lui avait octroyée une place dans le Don. Ça n’était pas rien, même si le concept d'allégeance et de loyauté à la Reine lui échappait quelque peu. Elle se rendait cependant bien compte de l’importance de la mission et de Sansa, elle savait que si elle restait aux mains des Fer-Nés, les nordiens ne reprendraient pas Winterfell, et alors, elle ne pourrait pas espérer retourner dans son village avec ses enfants. A quoi bon les sauver si c’était pour être à nouveau menacé par les Fer-Nés, libres de semer la terreur dans tout le Nord depuis Winterfell. Elle sourit et, bien que pas rassurée elle même à l’idée de pénétrer dans Winterfell avec si peu d’hommes, elle se voulut rassurante et ajouta les siens à l’équation.

__ Toi, moi et mes amis. Eux aussi savoir être silencieux. Peut-être d’autres chasseurs faire partie de l’armée d’Asher…

La sauvageonne savait qu’ils ne pouvaient pas être trop nombreux pour cette mission, mais deux, cela lui semblait trop juste, ne serait-ce parce qu’elle n’était pas une excellente combattante. Meera l’était peut-être, mais elle, elle n’en savait rien car elle ne l’avait jamais vu se battre. Évidemment, tout reposait sur la discrétion et le silence, mais il était peu probable qu’ils ne croient personne même en prenant toutes les précautions requises. Ils devraient se battre et tuer, le plus vite possible. Si quelqu’un donnait l’alerte, c’était terminé et elles se retrouveraient toutes deux prisonnières, ou pire. Si cette entreprise tournait mal, la Reed serait peut-être gardée en vie comme otage, mais la brune aux yeux de glace, elle, ne valait rien et ils n’avaient donc aucune raison de la garder en vie.

__ Moi comprend oui. Moi comprend.

Elle comprenait mais ne pouvait cependant pas s’y résoudre, mais était-elle prête à finir entre les mains des Fer-Nés pour autant ? Elle allait devoir faire des choix et ces choix, elle les ferait certainement au derrière moment, devant le danger. De toute façon c’était toujours comme ça qu’elle faisait, la planification, ça n’était pas vraiment son fort et elle avait survécu sans jamais rien prévoir. C’était son instinct qui la guidait et la plupart du temps, il ne la trompait pas.

__ Toi dire qu’il vaut mieux ne pas être capturé par eux… Les Fer-Nés. Qu’est-ce à dire que ceci ?

Demanda Fallon en hochant la tête. Ce qui était certain, c’était que la mission était périlleuse et qu’elles ne pourraient compter que l’une sur l’autre, avec peut-être quelques renforts pour assurer leurs arrières.

__ Oui. No tracasse. Si moi leur dire, eux écouter toi.

Les sauvageons n’étaient peut-être pas les plus obeissnts de tous els soldats, la preuve, Fallon elle même n’avait obeit à aucun ordre en s’introduisant dans chateau noir à l’insue des crbeaux, ils ne desobeiraient pas pour rien. Après tout, elle n’avait pas désobéi non plus. Et cette petite incursion prouvait une chose, de une, elle était capable de se sacrifier pour les autres, en effet, elle était sortie pour que les autres ne se fassent pas prendre et puissent profiter Asher et Meera. De deux, ils étaient doués pour s'introduire quelque part et pour rester discrets. Après tout, elle n’avait été repérée que parce que la configuration des lieux ne lui permettait pas de se cacher et que les circonstances l'empêchaient d’attaquer ou de fuir. De plus, les hommes de Fallon écoutaient leur cheffe sans ciller, alors si elle leur ordonnait d'obéir à Meera, ils le feraient. Ce qui les liait était bien plus fort qu’une relation de vassalté, ils étaient comme frères et soeurs en quelques sorte, soudés par l’adversité et par le respect dû par les hommes du clan aux sorcières guerrières et qui plus est à l’héritière de Morna Masque Blanc. Le fait qu’elle n’ait pas prouvé qu’elle en était digne ne changeait rien, pour le moment en tout cas.

__ Lui pas avoir d’archers ? Nous devoir lui demander pour être sûrs.

Les nobles des grandes Maisons Nordiennes pratiquaient effectivement une chasse bien différente de celle à laquelle était habituée Fallon, ou même Meera. Mais parmi les troupes, il y avait peut-être des roturiers, des gens qui chassaient du petit gibier à l’arc. Et puis parmi les clans, comme le clan Forrester, il n'était pas certain que la chasse à cour soit des plus répandue.

Meera expliqua à Fallon que les Fer-Nés n'avaient aucun honneur et maltraitaient les prisonniers, cela ne rassura pas vraiment Fallon qui n’eut aucun mal à imaginer ce qu’ils pourraient faire à sa grand-mère et à ses enfants. Cependant, elle se demandait s’ils étaient assez cruels pour s’en prendre à une vieille femme et à deux jeunes sauvageons gratuitement. En plus, la vieille en question était une guérisseuse renommée au-delà du mur, il serait sacrément bête de leur part de se la mettre à dos en lui faisant du mal à elle et à ses arrières petits enfants qu’elle adorait. Alors quelque part, la brune préférait garder espoir que les Fer-Nés ne feraient rien à sa famille. Mais la fin de la phrase de Meera impliquait aussi qu’ils pourraient bien être déjà morts.

__ Eux être dans le campement.

Répondit Fallon en se levant à son tour avant de suivre la paludière jusqu’au petit groupe de huit Sauvageons qui se tenait à part des nordiens et des tentes. Ils étaient installés par terre sur des peaux de bêtes derrière un paravent doté d’un toit fabriqué avec des branches et des feuillages fermement imbriqués. Ils se partageaient un lièvre rôti et des baies et autres noix agrémentées d’autres plantes comestibles. Meera demanda qui leur cheffe lui conseillait, mais la mission était trop dangereuse pour qu’elle impose à ceux qu’elle pensait être les plus qualifiés de participer. Alors, elle émit trois brefs sifflements auxquels répondit un hululement, puis elle  s’assit près du feu et invita la nordienne à faire de même. Un bruit de feuille se fit entendre dans un arbre non loin de là et bientôt un jeune homme en descendit aussi vite qu’un écureuil et il vint s'asseoir à côté de Meera. Elle ne le reconnaîtrait probablement pas, mais lui il l’avait reconnue, il était encore un jeune garçon quand la noble avait croisé le chemin du clan de Morna. D’autres étaient également présents, mais beaucoup manquaient à l’appel et deux avaient suivi Fallon après, mais ne faisaient pas partie du clan. Fallon fit passer un morceau d'écorce rempli de nourriture à la paludière avant d’expliquer en ancienne langue.



Quatre sauvageons frappèrent leur poitrine pour se porter volontaire, le jeune écureuil, un grand brun puissant, un blond avec une large balafre en travers du visage et une piqueuse. Fallon regarda Meera, cette dernière avait dit pas plus de trois personnes, mais quatre, c'était bien aussi, non ?

Les lois de l'hospitalité dataient de temps immémoriaux et même les sauvageons les respectaient. C'était d’ailleurs ce qui avait poussé la clan de Fallon à accueillir Meera et ses compagnons pour une nuit et à partager leurs maigres réserves pour leur fournir de quoi continuer leur voyage. Personne n’avait posé de question sur le but de leur périple au Nord du Mur, pourtant leur présence à cet endroit avait de quoi interroger, mais peu importait. Cela ne conditionnait pas l’hospitalité tant que les hôtes respectaient eux aussi les lois de l’hospitalité. Or, les sauvageons n’avaient la plupart du temps pas grand chose de plus à partager qu’un repas et un feu.

Que Meera ne se vexe pas de n’avoir pas repéré le gamin, même Fallon peinait à le pister et ne parvenait que rarement à savoir où il se trouvait, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle l’avait appelé plutôt que de le chercher. Une telle entreprise aurait pris un temps fou et se serait peut-être soldée par une échec cuisant de la part de la chasseuse et de la Reed. Et il était volontaire, mais la sauvageonne n’avait, au fond, pas envie de risquer une si jeune vie dans une entreprise aussi dangereuse, même si sa discrétion et son habileté à escalader à peu près n’importe quoi pourrait s’avérer précieuse. Et comme Meera ne semblait pas s’opposer fermement à ce qu’ils viennent tous, il allait participer donc.

La paludière demanda s’ils parlaient la langue commune. Fallon se mit à rire et les autres avec elle.

__ Oui, nous parler tous la langue commune. Excuse moi, c’est un réflexe quand je m’adresse à eux de parler notre langue. Et puis j’ai pensé qu’il ne valait mieux pas trop en dire à découvert.

Ils acquiescèrent et le blond parla.



Il parlait mieux que Fallon, ce qui n’était pas difficile. Ce n’était pas le cas de tous, mais en vérité, Fallon n’utilisait que peu la langue commune contrairement à d’autres membres de son clan, aussi, si leur langage n’était pas châtié, ils comprenaient tout et pouvaient aisément échanger.

__ Tu te souviens de moi ?

Demanda le gamin, curieux. cela fit rire les hommes présents lors de cette première rencontre et Fallon lui lança un regard noir pour qu’il arrête d’importuner son amie. Mais visiblement cela ne servit à rien.

__ Moi je me souviens de toi.

Il se souvenait aussi qu’elle avait un frère et deux autres compagnons.

Fallon comprenait nettement mieux les subtilités de l'espionnage et la nécessité du secret que les batailles rangées et les mouvements massifs de troupe. La traque, la discrétion et l’observation était bien plus usitée au Nord du Mur qu’il s'agisse de chasse ou de conflit entre clans que la guerre ouverte et les grandes charges. On pouvait parler de petite guerre, de guérilla, et les sauvageons étaient bien plus à l’aise avec ça. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils étaient passé près de prendre Châteaunoir, l’armée de Mance Rayder attaquant par le nord n’aurait jamais suffi si les grimpeurs n'avaient pas attaqué à revers. Ils allaient gagner grâce à cette stratégie avant que Stannis ne mette un coup d’arrêt à cette bataille et ne décime leur rang. Et c'était probablement la plus importante bataille que les ressortissants du peuple libre avaient organisé depuis des lustres.

La brune aux yeux de glace écouta les précisions de la Reed avec attention. Elle était déjà allée plusieurs fois à Winterfell, elle y avait même séjourné un moment, et pourtant elle n’arrivait toujours pas à s’orienter dans le dédale de couloirs, de tours et de salles qui lui paraissaient toutes immenses. Il n’y avait que quand elle était dehors dans une des cours qu’elle pouvait se repérer, notamment grâce à l’immense arbre cœur qui était visible de presque partout.

__ Oui, valloir mieux que toi nous guider.

Tout le monde se mit à rire car tous savaient que la jeune femme s’était maintes fois perdue dans Winterfell. Pour les autres, ceux qui étaient avec elle lors du combat contre les Marcheurs blancs et lors de sa venue suite aux attaques d’Odda, ils se perdaient tout de même moins, mais n’étaient cependant pas à l’aise pour s’y retrouver entre quatre murs. Peu à peu, la conversion se fit plus légère. Le garçon sourit de toutes ses dents quand Meera lui répondit.

__ Je me souviens que tu étais très belle et que vous aviez faim. Il y avait un garçon qui ne marchait pas avec toi et un homme qui ne parlait pas et un autre garçon qui te ressemblait.

Fallon coula un regard sur le jeune furtif et regarda la Reed en espérant que le souvenir de son frère ne soit pas trop douloureux. Mais bien vite il se rattrapa.

__ Tu es toujours belle !

S'exclama-t-il conscient d’avoir dit une bêtise. Tout le monde éclata de rire et il ne fallut pas attendre longtemps avant qu’on tende une chope de bière à la paludière et que tout le monde se mette à trinquer.

Aucune sauvageonne ne portait de robes de cour, aussi, les canons de beauté au nord du Mur étaient-ils certainement bien différents de ceux du sud. Comme Meera, Fallon était toujours affublée d’un pantalon, cuir, laine ou lin selon la saison et l’activité. Brun ou noir selon ce qui lui tombait sous la main le matin. Pire qu’elle, elle coiffait ses cheveux en dreadlocks, bien plus simples à entretenir que les jolies boucles de Meera. Comme ornements elle avait des fils de laine colorés enroulés sur certaines mèches. Et pourtant, dans son monde en tout cas, elle n’avait jamais eu la moindre difficulté à trouver un amant. Mais trouver un amant n’était pas trouver un mari ni même l’amour d’ailleurs et cela ne revêtait pas pour elle les mêmes implications que pour la Reed, héritière de la plus puissante maison de paludiers.

En tout cas le compliment du gamin, aussi maladroit soit-il, fit hocher la tête à plus d’un sauvageon. Mais ils savaient par avance que venant d’un autre monde et d’un autre milieu, ils n’avaient aucune chance avec elle. Car malgré l’hospitalité dont ils faisaient preuve et le respect que leur montrait la noble Meera, il y aurait un fossé entre eux. Le même au fond qui séparait tous les nordiens et les sauvageons malgré les tentatives de réconciliation entreprises par Jon. Il était clair cependant, pour eux comme pour ceux qui passaient en la regardant de travers ainsi assise au milieu des membres du peuple libre, que les paludiers étaient loin d’être les plus différents, loin d’être les plus distants et méfiants avec ces êtres un peu étrange qui était nés et avaient grandi au nord du Nord.

Fallon s’amusait à les regarder de travers en retour avant de boire sa bière et de s’essuyer les lippes du revers de sa manche. Elle savait que tous ici présents ne reviendraient pas vivants de cette mission en fait tous le savaient et derrière les rires et les sourires, il y avait autant de prières et d’adieux silencieux. Une dernière soirée de joie pour être sûr d’avoir suffisamment vécu avant de rendre l’âme. Mais encore fallait-il rejoindre Kharold et ensuite Corbois. Encore fallait-il qu’ils lèvent des troupes pour reprendre Winterfell, car il ne s’agissait pas uniquement de sauver la Reine, mais bien de sauver le Nord. Et la menace des sauvageons qui continuaient de peser sur la colonne et le campement n’était pas à négliger.

La brune aux yeux de glace se retrouvait malgré elle embrigadée dans cette guerre qui la dépassait totalement. Ses enfants pris en otage par les Fer-nés, son clan menacé d’extinction, son peuple en danger, pris entre deux feux. Ni vraiment nordienne, ni vraiment sauvageonne, elle était un peu perdue elle qui s’était installée dans le don pour mettre les siens en sécurité. Pour autant Meera était son amie, plus qu’une alliée, elles étaient liées. Elle était aussi liée à Sansa, parce qu'elle lui avait donné des terres, une ferme, de quoi survivre. Et également à Asher et Larence pour la simple et bonne raison qu'aucun d’eux ne la rejetait ou ne la regardait de haut depuis son arrivée dans cette armée qui lui semblait des plus glaciales à son égard. Heureusement que les commandants étaient moins hostiles que leurs soldats sinon il ne faisait aucun doute qu'elle et ses hommes auraient déjà eu quelques problèmes et autres embrouilles. Mais non, on les laissait tranquille.