[Darry] L'homme qui se faisait appeler le Serpent

Le bruit des sabots, les hennissement des chevaux, la fougue du groupe : il n’y avait rien de plus beau qu’une chevauchée. Cela faisait quelques jours que nous étions arriver dans le Conflans. Pendant ces quelques jours, j’avais réfléchi à la suite à donner pour les hommes. Piller était une chose mais il fallait faire attention à ne pas être traquer dans l’intégralité des couronnes. Aussi, lorsque je me trouvai dans le Conflans, je prenais bien soin de m’insérer dans les luttes politiques entre seigneurs pour perpétuer mes exactions.
Ainsi, ce fut avec une grande surprise et un certain plaisir que j’accueillis l’émissaire de l’intendant du château de la maison Darry. Il y avait eut la Hightower de Port Lannis puis ça. A croire que ma renommé atteignait les hautes sphères.
Il ne nous fallu pas longtemps pour chevaucher jusqu’à la forteresse. Cela aurait pu être un piège mais j’aimais à penser que j’étais une souillure nécessaire à la bonne politique de la région. Aussi je ne me sentis pas inquiéter outre mesure lorsque mes cavaliers se tenirent à l’entrée du château, guettant les soldats sur la muraille.

-Mes amis, ça sent les dragons.

Riant légèrement, je pris les devants, laissant les autres à l’entrée avant de pénétrer dans la place forte. Je fus accueillis par un homme avec un sourire aux lèvres. Descendant de ma monture, j’allais pour lui offrir mon bras tout en souriant à mon tour.

-Ainsi donc, voici le fameux Bedrir. Lord Darry a bien de la chance de vous avoir. Vos capacités de gestion sont légendaire !

Cyrus m’avait soufflé le nom du bonhomme juste avant de rentrer. La flatterie avec les petits gens ouvraient toujours bien des portes.

-Je vous remercie de votre invitation.

Posant ma main sur son épaule, je l’invitai à prendre les devants et à faire quelques pas.

-Mon oreille est votre.

Je marchai à coté de l’intendant tout en prenant soin de laisser ma main trainer sur le pommeau de mon épée. Non pas que j’étais prêt à faire un carnage mais la vie d’épée à louer avait son lot de rebondissement. L’intendant m’informa de la situation au sein du Conflans avant de me parler du cas de Harrenhal. Ah Harrenhal, la plus grande forteresse du Royaume et également la plus maudite. Entretenir cette place forte entièrement représentait un gouffre financier, aussi les seigneurs qui l’avaient occupé avait prit l’habitude de vivre dans seulement un cinquième de l’édifice.

-Ce n’est que lorsque les hommes de biens ne font rien que le mal l’emporte.

Inconsciemment, ma langue s’extirpa de ma bouche pour venir lécher ma lèvre inférieure. J’en avais entendu des belles sur cette forteresse et la suite du discours de l’intendant ne fit que confirmer les rumeurs.
Mon regard alla sur les quelques soldats présents dans la cour et sur les remparts. Il n’y avait pas tant de monde que ça.

-Si le Lord Suzerain ne désire pas agir, Lord Darry, lui peut bien détacher un contingent pour aller frapper ces vauriens. A moins que ce dernier ne craigne aussi les maléfices de la vieille ruine ?

Je souriais de toute mes dents. J’appréciais énormément la situation actuelle.

-Que pouvez vous me dire sur les vauriens de Harrenhal ? Sont ils nombreux ? Trouve t’on plusieurs bandes ou une seule ? Qu’ont ils attaqués ? Et enfin, quant est il de la rémunération ?

Si les locaux se chiaient à l’idée de massacrer de l’édentés, c’était qu’il devait y avoir du monde. En tout cas, une information était bonne à noter : « tout le monde fermera les yeux ».

-Autant que je peux l’être.

J’écoutai attentivement chacune des informations tout en prenant soin de promener mon regard sur les murailles. Elles n’étaient pas bien hautes et des grappins pouvaient s’y loger. Ainsi donc, il y avait bien cinquante lascars dans les ruines. Cela en faisait du monde.

-Et vous dites qu’il y a un trésor là bas ?

Ma langue ressortit de sa bouche tandis que je semblais pensif. Il devait surtout y avoir des vivres et quelques babioles. Lorsque l’on dirigeait une troupe d’un certain nombre, le pillage de village ne rapportait plus assez pour entretenir le tout. Ils avaient peut être attaquer des caravanes le long de la route royale mais l’opération pouvait s’avérer dangereuse s’il ne se montraient pas mobile.

L’intendant parla ensuite d’une armure, ce qui attira mon attention. Un de mes sourcils se leva lorsqu’il se mit à rire allègrement de mon allure. Enculé de ta race maudite. Je riais en chœur avec lui tout en lui offrant une tape amicale dans le dos.

-Ecoutez mon bon Bedrir, je vais régler votre problème en prenant cette amure et je m’engage même à ramener à votre maitre une partie des rapines de ces brigands. Au vu de la région, je me doute qu’ils ont du lui voler une partie de ses récoltes. Je lui rendrais ses biens et lui livrerais Hill en personne pour qu’il en dispose comme il l’entend.

Le vrai trésor était ici et non dans les ruines. Comment ces brigands ne pouvaient ils pas le voir ?

-En échange, je veux rencontrer votre maitre et qu’il me prenne, moi et mes compagnons, à son service. Lord Lyman doit bien être en recherche d’individu… Efficace… ?

Mon sourire se fit plus prononcé tandis que je coulais un regard vers mes hommes, leur faisant signe d’un départ imminent.

-De suffisamment pour chasser ses vauriens.

Je tendis par la suite ma main en direction de l’intendant.

-Nous avons un marché ?

Mon regard continua d’être à l’affut, cherchant une éventuelle faille dans les défenses de cette forteresse. Vingt homme ne pouvaient pas faire grand-chose ici mais soixante dix… Et puis… Tout le monde fermera les yeux.

Je prenais soin d’écouter chaque mot. Ce sac à merde comptait venir à la forteresse ? Il appela à lui un type qui, au vu de son allure, devait être capitaine de la garde ou une connerie du genre. Ils échangèrent des messes basses pendant un bref instant ce qui me fit hurler intérieurement. C’était moi le voyou, c’était moi qui devait sodomiser à sec, pas l’inverse. Le doute ce fit plus prononcé lorsqu’il me proposa dix épées supplémentaires.

-Bien… Que vos hommes se tiennent prêt à partir. J’aimerai gagner le nid de bandits le plus tôt possible.

Je laissai les deux hommes dans la cour pour retourner voir mes forces à l’extérieur. Je tachais de leur expliquer ce que l’on allait faire même si en vérité, je n’en savais rien. Seul Cyrus vit le doute. Ce bon Cyrus. Ca devait être le plus ancien de la compagnie, après moi.
Nous attendîmes bien une demi heure que les dix hommes des Darry arrivent. L’ensemble des membres de la bande étaient sur des montures, bien qu’il n’y ait aucun destrier dans ce panorama. Du haut de ma monture j’avisai les hommes des Darry. Le plus âgé devait avoir la vingtaine.

-Bien messieurs… Nous allons débarrasser la forteresse maudite d’Harrenhal des vauriens qui y logent. Je vous cache pas, un bon paquet d’entre vous vont y passer dans l’opération. Mais on peut éviter un drame si chacun reste à sa place et que personne ne joue les héros pour en mettre plein la vue à son seigneur.

Mon regard se posa sur les hommes des Darry. Putain de merdeux.

-En avant !

Je donnai le ton, prenant l’avant d’une petite colonne qui avançait sur la route. En chemin, je fis signe à un des hommes du seigneur Lyman, l’incitant à avancer à coté de ma monture.

-Dis moi une chose mon garçon. De quoi ton maitre a t’il peur ? Il doit avoir suffisament de guerriers dans sa forteresse pour pouvoir se débarrasser du nid de vipère où nous nous rendons. Puis pourquoi c’est toi et tes compagnons qui venaient nous appuyer ? Vous vous êtes mis qui à dos ?

Je riais légèrement tout en regardant les bois bordant la route.

-Enfin, je dis ça moi, je dis rien… Mais si vous êtes ici, c’est que l’on veut se débarrasser de vous.

Je pris quelques instants pour observer d’avantage mon interlocuteur. La loyauté prenait des aspects bien étrange par moment. Si jamais nous venions à triompher, ces types là n’aurait rien du butin dans la forteresse. Ils pouvaient tout au plus espérer une petite prime sur leur solde et une tape sur la joue. Alors pourquoi restaient ils au service de ce seigneur ?

-Ceux qui rentreront ne seront ni les plus forts, ni les plus malins mon ami. Vous êtes sous mon commandement et si je le souhaite, je peux vous envoyer en première ligne faire diversion. Elle est là, la triste réalité.

J’envoyai ma main dans le dos de l’archer en signe de camaraderie avant de rire.

-Mais ne t’en fais pas. Contrairement au seigneur Darry, j’accorde de la valeur aux hommes sous mon commandement. Vous rentrerez tous en un seul morceau si vous suivez les instructions.

Je pris une grande inspiration. Harrenhal avait beau être en ruine, il demeurait des parties encore fortifiées et contrairement à ses résidents, nous ne connaissions pas ses recoins. En l’état, il était impossible de les déloger. Par contre nous pouvions peut être y loger.

-J’ai ma petite idée oui mais chaque chose en son temps

Le voyage se passa sans encombre. Lorsque nous ressentîmes le besoin de bivouaquer, aucun feu ne fut allumer pour ne pas trahir notre position. Je pris soins de laisser dans le flou l’ensemble de la troupe quant à la suite des évènements. Le crépuscule pointait le bout de son nez lorsque les tours de la citadelle maudite apparurent non loin de nous. Nous étions en demi cercle et je donnais enfin le plan de bataille.

-Bon messieurs… Nous sommes trente et ils sont cinquante dans ce tas de ruines. Nous pourrions nous entretuer mais… Ce serait contre productif. Aussi, nous allons avancer avec un drapeau blanc et nous allons nous joindre à eux !

Mon regard se posa sur les hommes du seigneur Darry.

-Nous allons leur offrir le château de votre maitre, du moins en apparence. Leur chef ne pourra pas résister à une prise aussi alléchante et lorsque nous aurons leur confiance. Lorsque ils auront baissé leur garde, j’enverrai le signal et nous les massacrerons. Ne vous y trompez pas, il n’y a aucun honneur à tromper mais je pisse allègrement sur l’honneur si cela peut nous épargner un massacre.

Les hommes de la bande se mirent à rire avant de se préparer.

-Je compte sur vous pour jouer le jeu, les gars.

Mon regard alla sur ce Gawin à qui j’offris un signe de la tête. Notre approche vers la forteresse se fit en colonne. Flambeau à la main, nous fûmes des cibles de choix aux abord de la ruine. J’avançai avec un morceau de tissu blanc suspendu à un bâton, le tout bien en l’air pour être vu. La curiosité… C’était ça notre plus grande défense. Leur capitaine voudrait savoir de quoi il retourne avant de donner l’ordre à ses archers de nous massacrer. Me grattant la gorge, je pris une grande inspiration avant de hurler.

-Je sollicite une entrevue avec le capitaine Hill. Je suis ser Aenar le Serpent !

Des silhouettes apparurent sur les remparts. Quelques secondes après je pus entendre un sifflement et une flèche se planta à mes pieds.

-Ah…

Ma main libre glissa dans mon pantalon avant d’aller palper mon cul. Je pensais mettre chier dessus mais c’était une fausse alerte. Ressortant ma main, je levais cette dernière en dressant mon pouce.

-C’est bon les gars, on se détend !

Je reportai mon attention sur les hommes présent sur le mur tout en sifflant. Gawin vint se poser à côté de moi.

-C’est toi Hill !? Enchanté ! Moi c’est Aenar et ce jeune homme à côté de moi c’est Gawin ! Comme tu peux le voir, il porte les couleurs des Darry. On a une proposition pour toi !

Je marquai une pause, histoire que mon interlocteur analyse bien tout ce que je lui disais.

-Moi et mes hommes, on a été engagé pour vous péter la gueule. Le hic c’est que l’on a pas été payé assez cher ! Le seigneur Lyman connaît vos effectifs et il sait ou vous trouver. Toutefois si c’est moi qui suis ici c’est qu’il n’a pas assez de soldats pour vous attaquer et pour défendre sa demeure. Aussi Gawin ici présent, qui en a marre d’être payer au lance pierre, s’est proposé de nous parler des défenses du château.

Je venais poser ma main libre sur l’épaule du chasseur, serrant légèrement tout en lui accordant un bref regard.

-Trente hommes m’accompagnent et d’après ce que l’on pense, il y en a cinquante avec toi. T’as déjà fait le tour des exploitations agricoles voisines et les caravanes marchandes doivent être moins fréquentes. Il va te falloir une sacrée prise si tu veux que tes amis restent à tes côtés et nous… Nous on est venu nous mettre à ton service. Pour un temps !

Je fis un pas en avant et un seul.

-Laisses moi entrer avec mon ami pour que l’on puisse parler de tout ça ! Le reste de ma troupe restera dehors !

Baissant le volume sonore, je me livrai à quelques confidences avec l’homme d’arme des Darry.

-Tu vas devoir lui dire des vérités si tu veux que l’on gagne sa confiance. Cet homme est un vétéran, il sera si tu lui ment.

Un grincement se fit entendre et la lourde porte à quelques pieds de nous s’ouvrit. Je pris les devant tout en coulant un regard à mon acolyte.

-Ca s’annonce bien.

Mes yeux rencontrèrent les hommes gardant les lieux. Ils n’étaient pas bien différent de mes fiers édentés. On nous conduisit en direction d’une haute tour où le maitre des lieux attendait. On prit place autour de la table calmement. Je laissai Gawin livrer les informations qu’il avait tandis que je prenais mes marques. Nous étions deux contre trois, au moindre soucis, nous avions une chance. Je laissai quelques secondes de silence passer avant de prendre la parole.

-Evidemment. Occuper une ruine c’est une chose, occuper un fief en est une autre. Si nous occupons Château Darry, le seigneur Tully lèvera un ost pour nous écraser. C’est pour ça que nous n’allons pas l’occuper. Nous devons simplement piller. Certes il n’y a pas d’or mais l’armurerie doit contenir assez de matériel pour armer concrètement toute la troupe et il ne faut pas oublier les chevaux et le bétails que nous pourrons emporter, ni même les bijoux et autres objets de valeur.

Je venais prendre une gorgée de vin avant de poser ma main libre sur l’épaule de Gawin.

-Nous recevrons tous un part égal du butin et Gawin recevra l’équivalent de cent dragons d’or supplémentaire pour sa coopération.

Il fallait retourner les dix jeunes et pour cela, rien de tel qu’un peu d’avidité. Je coulai un regard entendu en direction du capitaine des Traques Sangs.

-Si nous pillons simplement, le seigneur Tully ne viendra pas. Que va raconter le seigneur Darry ? « Une bande de brigands édentés a réussi à pénétrer ma demeure ! ». S’il fait ça, il perdra toute crédibilité au près de son seigneur. La seule chose possible, c’est qu’il demande l’aide des autres seigneurs de la région mais nous pouvons acheter leur neutralité.

Je posai ma main sur la table, tapant dessus.

-On doit juste réussir à rentrer et à mettre un couteau sous la gorge du seigneur Lyman. Les combats cesseront à ce moment là. On prend tous ce que l’on veut et on s’en va ensuite.

Mon regard se reposa sur Gawin à qui j’offrais un sourire.

-Il doit bien avoir une faille. Une patrouille qui tarde à aller à son poste ? Un mur endommagé ? Quelqu’un qui est désireux de s’enrichir ? Il y a combien d’homme là dedans ? Cent, deux cents, trois cents ?