[PORT REAL] Bas les masques ➹ pv Aelinor [Terminé]
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An 305 | Lune 11 | Semaine 4 | Jour 2
Port-Réal
À gauche à droite, il avait donné des directives claires. Bennar collé à ses bottes systématiquement, Bronn ne se départait plus lui-même de son épée. Bien à son côté, il était prévoyant. Qui pouvait l’assurer que ses ennemis n’allaient pas s’en prendre à lui ? Évidemment, il aurait été stupide de s’en prendre à lui au cœur même du Donjon Rouge, mais il se faisait plus prudent. Ainsi, lorsqu’il avait vu dame Redwyne la veille, il s’était assuré qu’elle mange avant que lui ne le fasse.
Il n’était pas encore totalement fou, et même un pied dans la tombe, il se serait battu jusqu’au bout. Il ne risquait pas sa vie dans ce procès, au moins. Tout au plus de sévères remontrances de la Couronne, peut-être sa place de Grand Argentier ? Il doutait qu’on lui reprenne Hautjardin comme la peluche d’un enfant puni.
Mais il devait être prudent. Prudent et conciliant. Le Bief grondait plus que jamais et Bronn s’accrochait comme un désespéré.
Alors qu’il marchait dans les jardins, flanqué d’un Bennar aux aguets, ruminant ces maudites pensées, il aperçut des couleurs dont il ne devrait peut-être plus s’approcher. Était-ce bien lady Aelinor qu’il avait repéré, au loin ? Il s’arrêta et se tourna vers Romberd.
— Souviens-toi ce que j’ai dit : tu renforces ma garde ce soir, compris ?
Bennar hocha la tête et, sur l’ordre de son seigneur, s’apprêta à s’éloigner. Mais il se figea, l’air incertain, quand Bronn lui confia son épée dans son fourreau, la détachant de son ceinturon. Le sire de Hautjardin lui intima de partir en dépit de sa méfiance. Bronn n’était pas fou. Ses appartements seraient bien protégés en cette dernière nuit avant le procès. Ne prendre aucun risque, s’était-il dit… Et pourtant, c’était désarmé qu’il pressait le pas en direction de la Hightower.
— Lady Aelinor, l’appela-t-il doucement.
Il n’osa pas s’approcher trop. Il s’arrêta quelques mètres derrière elle, espérant pouvoir discuter avec elle. Il ne se permettrait, ce jour, pas la moindre imprudence. Il était temps que les masques tombent et que les vérités soient dites. Bronn avait déjà une idée de sa stratégie du lendemain. Il devait simplement rester prudent dans ses mots à l’égard d’Aelinor.
— Pourrions-nous discuter, ma dame ? demanda-t-il. Sans fourberie, ni coups bas, ni détours, précisa-t-il de son ton franc.
Et pour une fois, il était on ne peut plus sincère. Il leva même les mains pour lui prouver qu’il était désarmé.
Bronn La Néra
Le procès contre Bonn La Nera allait s’ouvrir le lendemain. Le Grand argentier avait fini par dépasser les bornes au point d’ébranler la paix du Roi, sa justice allait entendre les parties et les témoins, la Main rendrait un jugement. Aelinor ignorait si Tyrion soutiendrait son acolyte et ami ce coup-ci, elle espérait que oui, pour des raisons stratégiques, elle espérait que non, pour des raisons personnelles. Mais c’était bien le Gouverneur du Bief qui était à l’origine de la colère de ses vassaux et du Prince de Dorne, il n’avait eu de cesse, depuis deux ans de traiter les grandes maisons bieffoises, et particulièrement les Hightower avec mépris et arrogance. Le mal prenait racine dans le traitement réservé à Ser Baelor lors de sa venue à Hautjardin, ce dernier alors était prêt à négocier, mais les demandes et le ton de Bronn étaient inacceptables. Ainsi, il avait brisé toute volonté de la part des Hightower, et de leurs nombreux alliés, de se montrer conciliants. Son dernier acte avait, en plus, été très irrespectueux du Prince de Dorne et de son frère. La goutte d’eau avait fait déborder un vase déjà bien trop plein.
Etait-il possible, après tout ce qu’il avait fait, de rétablir la paix ? L’attitude de Bronn lors du procès et dans les lunes qui suivraient en déciderait. Baelor, désormais Lord de Grand Tour, avait bien d’autres chats à fouetter qu’un reître mal dégrossi et il connaissait la valeur de la paix et de la tranquillité d’esprit. En effet, les quelques Hightower présents à Port-Réal, Baelor, Humfrey et Aelinor, ne justifiait pas la même escorte que lors du Tournoi, de plus, ils logeaient au sein même du Donjon Rouge et il était clair qu’ils ne pouvaient pas y faire entrer toute la garde de Villevieille. Enfin, durant son court séjour, le nouveau Lord de la cité blanche avait démobilisé son ban, ainsi la sécurité de ses habitants ne pouvait être assurée que par son guet. Ainsi, ils n’avaient qu’une trentaine de gardes dont deux tiers résidaient en ville.
Aelinor n’avait toujours pas pris de décision quant à la suite à donner aux événements, en revanche, elle était bien moins conciliante que son père, ne supportant pas l’idée que Bronn ait osé l’emprisonner. Elle n'appréciait pas non plus ne pas être parvenue à cerner le bougre avant et avoir déjoué ses plans avant que la situation s’envenime. Elle ne souffrait pas que celui-ci exige sa main comme un dû et empêche toute tentative d’alliance de sa part sans jamais lui avoir fait la cour durant tous les temps qu’ils avaient passés ensemble. Elle n'était pas une chose qu’on réclamait sans s’exposer et qu’on obtenait sans le moindre effort.
Vêtue d’une robe de brocart d’un vert profond et brillant, Aelinor prenait l’air dans les jardins du Donjon Rouge en regrettant de ne pas être tranquillement en train de se reposer après les festivités données pour son anniversaire. La robe de la brune découvrait ses épaules et venait se fermer devant par des boucles dorées qui n’unissait pas les deux bords de tissu, laissant, jusqu’au dessus du nombril, un fin sillon de peau apparaître entre les seins de la jouvencelle Les manches étaient doubles, la partie du dessous, ajustée était brodées de fil d’or et la partie du dessus s'arrêtait au coude devant et descendait derrière jusqu'au sol. Une tresse enroulée autour de sa tête unissait ses cheveux qui tombaient en cascade dans son dos, or et émeraudes parent son cou, ses oreilles et ses doigts. Son épée lige, comme toujours, était à son côté, armure d’acier sur le dos, épée au côté et écharpe bleue et argent en travers de son plastron portant la Tour immaculée des Hightower et la flamme jaune en son sommet.
Tandis qu’Aelinor humait les roses blanches qui bordaient le chemin, Creighton aperçut Bronn, flanqué de Bennar Romberd, tous deux armés et sur le qui-vive. Instinctivement il se plaça devant la brune, attendant de voir s’ils approchaient pour la prévenir du danger. Quelle ne fut pas sa surprise de voir le Grand Argentier donner son arme à son compagnon qui s’éloigna et s'approcha seul. Creighton fit un pas sur le côté et baissa la tête.
__ Ma Dame.
Détournant alors son regard des fleurs blanches elle entendit l’appel de Bronn. En le voyant s’approcher à grand pas, elle eut un mouvement de recul, se tendant immédiatement et ouvrant ses grands yeux azur, mais, heureusement pour ses nerfs, elle le vit bientôt s’arrêter à bonne distance.
__ Lord La Nera ! Vous m’avez fait peur.
S’exclama-t-elle en posant la main sur sa poitrine.
__ Bonjour Sire.
Répondit-elle en s’inclinant dans une profonde révérence.
__ Nous le pouvons, Mon Seigneur.
Fronçant légèrement les sourcils elle pensa : Sans fourberie et coup bas de la part de qui exactement ? Jusqu’ici les fourberies et les coups bas c’est toi qui les assène. Creighton leva les yeux vers lui, méfiant, mais il fut bien obligé de mettre les mains derrière le dos devant un Seigneur désarmé. Aucun des deux ne croyait un seul instant en la sincérité du Grand Argentier, il n’avait jusqu’ici pas montré le moindre respect, ni, justement la moindre bonne foi à l'égard des membres de la Maison Hightower. Mais ce n'était pas une raison pour se montrer impoli et refuser tout dialogue, ce n'était pas dans les habitudes de la Maison Hightower, et encore moins dans celle de la diplomatie de couper les ponts avec qui que ce soit, encore moins avec leur Suzerain. Elle tendit gracieusement sa main vers le Sire de Hautjardin, l'invitant ainsi à approcher pour la baiser. Mais ce rustre comprendrait-il seulement ?
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An 305 | Lune 11 | Semaine 4 | Jour 2
Port-Réal
— Pardonnez-moi, je ne souhaitais pas vous faire peur.
Ce n’est que lorsqu’Aelinor tendit la main vers lui qu’il se permit de s’approcher, plongeant ses yeux dans les siens comme pour la prévenir de ce geste qu’il allait esquisser. Il la rejoignit donc en quelques pas, prit les doigts de la dame d’une main douce et la baisa avant de se reculer d’un nouveau pas, bien décidé à faire les choses correctement. Il avait tenté d’améliorer ses relations avec La Treille la veille, il était temps d’en faire de même avec Villevieille.
Il plaça ses mains dans son dos et balaya les jardins d’un regard prudent. Comme craignant qu’un ennemi surgisse, ici, là où il était pourtant le plus en sécurité. Il s’était fait bien trop d’ennemis et craignait de voir un jour un mercenaire surgir dans une taverne douteuse, une arbalète à la main, envoyé par l’un d’entre eux – comble de l’ironie pour celui qui avait failli tuer les frères Lannister d’une telle manière.
— Je sais que les circonstances sont… particulières, dit-il dans un court sourire. Et je tiens avant tout à ce que vous le sachiez : je regrette que nous en arrivions là.
Qu’elle le croit ou non, il était au moins honnête là-dessus.
— Puis-je vous proposer un déjeuner ? Ou une balade ? Comme il vous plaira.
Conciliant, se surinait-il. Il devait se montrer conciliant. Désormais, il était temps qu’il tende la main à ses vassaux et qu’il se fasse accepter d’eux autrement que par la contrainte. Il était coincé et ses méthodes autoritaires ne donnaient rien, alors, il était plus que temps d’évoluer et d’en changer.
Bronn La Néra
__ Vous êtes tout pardonné.
Sourit la brune aux yeux azur qui percevait un changement dans l’attitude de Bronn. Révérence, prudence, respect et excuses ?! C’était presque trop, mais Aelinor préférait lui laisser le bénéfice du doute. Elle regarda seulement son épée lige, étonnée par tant de mansuétude. C’était inhabituel pour le moins, et déstabilisant, lui qui n’avait eu de cesse de se moquer de tout et de tout le monde depuis son entrevue avec Baelor. Essayait-il de se faire bien voir avant le procès pour que les Hightower retirent leurs accusations ? Ou essayait-il de se rattrapper avec sincérité, comprenant enfin qu’il était allé beaucoup trop loin.
Il avança sur l’invitation de la jouvencelle et lui baisa la main avant de reculer à nouveau. Il avait donc compris. Aelinor hocha la tête et croisa ses doigts devant elle. Elle aurait pu lui demander son bras, mais elle n'était pas prête à faire preuve de tant de familiarité avec celui qui avait emprisonné son père deux ans plus tôt et qui venait de briser ses fiançailles avec damion pour la forcer à l’épouser. Elle inspira profondément et expira lentement en le regardant dans les yeux, ne sachant plus sur quel pied danser et essayant surtout de chasser la peur qu’il lui inspirait.
__ Qui est ce nous ? Car c’est vous qui vous êtes mis, tout seul, dans cette situation où vous êtes désormais. Dois-je lister les dommages que vous nous avez causés ? Je regrette également que nous en arrivions là, mais nous sommes dans notre bon droit. Celui qui nous autorise à nous défendre contre vos agissements devant la justice du Roi.
Bronn semblait croire les responsabilités partagées, mais elles ne l’étaient en rien. Il avait mené le Bief à la rébellion, il avait traité ses vassaux, Hightower en tête, comme des chiens, il faisait tout pour détruire sa famille, alors elle n’était pas prête de pardonner. Ses sourcils froncés sur son regard d’acier en disaient long sur la rancoeur qu’elle lui portait.
__ Si vous êtes sincère dans votre désir d'apaiser les choses, puissent les Sept vous montrer la voie de la rédemption.
Devait-elle croire un traître mot qui sortait de sa bouche ? Peut-être lui, car il semblait avoir peur. De quoi, telle était la question. Du procès ? De la vengeance des Hightower ? Avait-il seulement donné le choix à Baelor d'œuvrer pour sa chute ? Et à Aelinor de tout faire pour se protéger de lui quitte à s’allier aux Fer-Nés pour l'éliminer ? Qu’importe, il se rendait peut-être enfin compte qu’il était acculé et ne pouvait qu’opérer un mouvement vers son vassal le plus puissant pour espérer sauver son statut, voir sa vie. Pourquoi, par les Sept, avait-il fallut en arriver là pour qu’il daigne montrer le respect que tous méritaient et la volonté de bien faire que tous attendaient.
__ Après tout le temps que vous avez eu pour poser les conséquences de vos actes et changer de direction, j’ai certainement tort de vous laisser une chance, mais je suis, et je serais toujours pour la paix. Promenons-nous donc, et tâchons de trouver un terrain d’entente.
Fit-elle alors en gardant ses mains croisées devant elle avant de commencer à marcher. Elle s’arrêta presque tout de suite, pour replonger son regard azur dans celui de La Nera afin de mettre dès le début les choses au clair.
__ Avant toute chose, je dois vous prévenir, nous ne retirerons pas notre accusation. Vous avez manqué de respect au Prince de Dorne et remis en question son droit de marier son frère et de faire des alliances avec le Bief. Vous nous empêchez également de conclure le moindre mariage, excepté avec vous. Notre alliance avec Dorne nous oblige à soutenir son altesse durant ce procès, et ce quelle que soit l'issue de nos discussions.
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An 305 | Lune 11 | Semaine 4 | Jour 2
Port-Réal
— Vous ai-je accusés de quoi que ce soit, à l’instant ? Je pense que vous avez mal interprété mes mots. Je disais regretter que nous nous trouvions dans cette situation, car il me semble que ce procès nous concerne, Hightower comme moi. Pour autant, ma dame, je ne vous ai accusés de rien. Et je respecte votre désir de faire appel à la Couronne pour vous défendre.
Il aperçut la rancœur sur le visage de la bieffoise, elle dansait dans ses yeux et se confirmait par ses sourcils froncés. La voie de la rédemption… Un chemin qu’il était bien contraint d’emprunter s’il souhaitait se tirer de tout ce merdier. Il inclina la tête pour toute réponse et, puisqu’elle acceptait une marche en sa compagnie, ils se mirent en route.
— Peut-être avez-vous tort de me laisser une chance, ou peut-être pas. J’ai choisi de changer de méthodes et désormais, je tends une main vers vous. Libre à vous de la saisir ou non.
Il haussa encore les épaules. Sa voix, calme et posée, ne se teintait d’aucune menace, et dépourvue de gouaille pour une fois. Il n’était pas là pour provoquer une fois encore les Hightower, ni pour leur lancer un autre avertissement. Pour une fois, il venait en paix. Ils pouvaient choisir d’accepter cette proposition de paix ou de la refuser, le choix revenait désormais aux natifs de Villevieille.
À peine partis, à peine arrêtés : Aelinor se tourna vers lui pour lui parler de nouveau. Bronn ne sourit pas à ses mots : il afficha un air dubitatif.
— Ma dame, je comprends parfaitement votre position, et je ne vous en tiendrai pas rigueur. Mais j’aimerais que vous m’éclairiez sur un point… Lorsque vous dites que je vous empêche de conclure un autre mariage qu’avec moi, de quoi parlez-vous exactement ? Je ne suis pas sûr de vous suivre.
Ses sourcils arqués, sa mine perplexe, Bronn semblait bien surpris par les paroles de la dame. Et sa voix mesurée, sans sarcasme, lui donnait un visage bien différent de celui auquel était habituée Aelinor – elle, comme les autres Hightower, d’ailleurs.
Bronn La Néra
__ Non, si vous m’aviez accusée de quoi que ce soit, cette conversation aurait pris fin. Mais vous avez dit que vous regrettiez que NOUS en soyons arrivés là. Je le regrette également, mais il n’y a pas de nous, vous êtes le seul responsable de la situation actuelle. Quant à ce procès, il concerne les Hightower, vous, et également Dorne et tous les royaumes qui voudraient sceller des alliances avec d’autres régions. Apprenez, Sire, à peser les conséquences de vos actions et que ceci soit la première leçon que vous deviez retenir en tant que Gouverneur du Bief.
Être conciliant impliquait que les torts soient partagés, or, ils ne l’étaient pas. Au moment où la Maison Hightower lui avait proposé son aide, il l’avait refusée et avait traité son représentant avec un manque de déférence éhonté. Baelor s'était vu contraint de lui rappeler que sans le soutien de son plus puissant vassal, il n’était rien de plus qu’un homme assis sur un fauteuil bien fragile. Qu’il soit un homme du peuple ne le dispensait pas de faire montre d’un minimum de respect envers sa noblesse.
__ Encore une fois, vous me laissez la responsabilité de recoller les morceaux d’un Bief que vous avez brisé. N’inversez pas les rôles, je saisirais la main tendue si elle est propre et dénuée de toute velléité de me nuire. Il va falloir du temps et des efforts de votre part pour que je puisse à nouveau vous faire confiance. Je préfère que vous sachiez, d'ores et déjà, de quel point nous partons pour vous laisser une véritable chance d’arriver là où nous nous retrouverons. Vous l’avez dit vous-même, sans fourberie, ni coups bas, ni détours.
Il parut surpris des paroles de la brune aux yeux azur, elle lui rafraîchit donc la mémoire puisqu’il ne semblait pas se souvenir de ce qui les avaient effectivement menés à ce procès.
__ Je parle du fait que vous avez demandé ma main et celle de mon oncle à mon père, que quand il a refusé, vous l’avez jeté au cachot et qu’ensuite, vous avez rompu mes fiançailles avec Damion.
La conclusion n’était pas difficile à tirer de l'enchaînement des faits. Aelinor avait appris une chose en côtoyant Bronn lors de ces dernières années à la capitale, il savait jouer les idiots quand cela l’arrangeait, mais il ne l’était pas. Elle reprit la marche.
__ A vous de me dire où vous voulez en venir.
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Oui oui, il lui laissait la responsabilité de recoller les morceaux du Bief. Oui, oui, pas de fourberie, pas de détours, il l’avait dit et l’avait promis, le pensait, même. Oh, l’ego Hightower commençait à le lasser. Alors il laissa courir. Il n’allait pas se battre contre elle, pas ce jour, le procès du lendemain suffirait amplement. Il savait qu’il allait perdre, il avait toutes les chances que cela arrive. Bronn n’était pas stupide ni naïf : tous les torts qu’on lui prêtait étaient vrais – presque tous, du moins.
Et vint le sujet des fiançailles. Bronn inclina un peu la tête, fronça les sourcils, pinça les lèvres. Puis les entrouvrit sur un sourire plein d’embarras. Il joignit sagement les mains devant lui.
— Pardonnez-moi, ma dame, je crains qu’il n’y ait un malentendu… Vous savez bien que j’ai demandé votre main à votre père, oui, il y a combien – deux ans ?
Ses yeux se plissèrent, il perdit un instant son sourire.
— Je n’ai plus jamais évoqué de fiançailles avec vous, avec votre père ou avec le moindre membre de la maison Hightower depuis. Je pense que vous avez mal compris mes intentions… sans vouloir vous offenser. Il retrouva son rictus. Puis, même si je le voulais, je ne pourrais demander votre main, lady Aelinor.
Bronn La Néra
Discuter ne servait à rien, s’il comptait faire amende honorable, il devait déjà reconnaître ses torts. C'était le seul moyen qu’il ne recommence pas à déconner à plein tube dès le procès terminé, ce qu’il soit gagné ou perdu. La Nera avait trop l'habitude d’agir en toute impunité et à présent qu’il ne le pouvait plus, il se sentait certainement acculé, obligé de tendre la main. Cette main était-elle un piège ? Aelinor le craignait, mais puisqu’il était là, autant lui laisser le bénéfice du doute et voir ce qui se cachait derrière ses sourires.
__ Deux ans, effectivement.
Aelinor prit un air surpris. Il y avait certainement un énorme malentendu, ou pas...
__ C’est heureux, emprisonner Lord Baelor n’est pas une bonne manière de convaincre les Hightower de s’unir à vous. Commencez par arrêter de vous complaire dans la débauche et nous pourrions envisager, peut-être, de vous trouver une épouse parmi les femmes de notre famille, si tant est que vous n’ayez pas déjà la vérole.
La brune aux yeux céruléens n’était pas offensée, elle préférait même ne pas être l’objet de convoitise d’un homme qui, manifestement, préférait les catins aux dames. Par les Sept, la jouvencelle était on ne peut plus soulagée par cette nouvelle, mais ne pouvait que rester méfiante après tant de manigances.
__ Effectivement, vous ne pourriez pas car je suis fiancée avec le frère du Prince de Dorne, en tout cas jusqu’à l’issue du procès qui décidera si, oui ou non, les pouvoirs qui vous sont conférés en tant que gouverneur du Bief, s’arrêtent à vos frontières et là où commence la paix du Roi que par cette union, nous voulons consolider.
C ela expliquait pourquoi, au lieu de lui faire la cour, il avait préféré forniquer avec toutes les prostituées de la capitale. Elle lui demanda donc :
__ Mais alors, si vous ne souhaitez pas m’épouser, pourquoi vous opposer à mon union avec Lord Gargalen ? Est-ce seulement pour m'empêcher de contracter un bon mariage ?
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Sans sourire, Bronn la regarda dans les yeux.
— Mais ma vérole ne sera pas votre souci, ma dame, elle ne l’est pas et ne le sera jamais. Mes fiançailles sont en discussion depuis des lunes, et celles-ci ne vous concernent pas.
Il retrouva un mince sourire. Se croyait-elle si importante ?
— Le mariage que vous ferez m’importe peu. Mais comprenez ma méfiance de voir un vassal contestataire se lier avec la famille princière de Dorne. Cette même région connue pour ne jamais ployer.
Bronn leva les sourcils et esquissa un pas vers l’arrière.
— Je pense en avoir dit assez. Je ne vais pas vous importuner plus longtemps, nous nous reverrons demain. Il inclina la tête en commençant à s’éloigner. Je vous souhaite une bonne journée, ma dame.
Bronn La Néra
Aelinor soutint le regard de Bronn, il pouvait prétendre que c’était l’insulte qui avait tout déclenché, mais il s’était montré irrespectueux au possible durant tout l’entretien avec Baelor et sa fille le savait. Que croyait-il ? Qu’il pouvait cracher sur ses vassaux et obtenir leur adhésion, leur soutien et leur frère en plus de leur fille ? Une fois de plus il montrait son incapacité à gouverner quoi que ce soit, même sa queue et à reconnaître ses erreurs. Faire amende honorable était certainement trop lui demander. Elle se mit à rire.
__ Allons, vous savez aussi bien que moi qu'il y a eu des attaques de votre part bien avant que mon père ne vous insulte. Vous pouvez prétendre que vous n’avez fait qu’exercer votre droit sur un vassal, mais là où vous auriez pu gagner le respect et le soutien de la plus grande Maison du Bief ainsi que ma main, vous n’avez fait que vous attirer sa défiance et la mienne.
En somme, vous vous êtes cru intouchable du fait de votre tout nouveau rang et de votre victoire à Hautjardin. Et comme l’a si bien souligné sa semaine passée dans vos geôles, personne n’est intouchable. La brune aux yeux azur fait une grimace d'incompréhension quand le Sire de Hautjardin évoqua la maison hightower comme vassaux contestataires. Ce qu’il ne fallait pas entendre. Qu’il s’inquiète de leur union avec Dorne si cela lui chantait, mais il aurait tout à fait pu, au lieu de chouiner et de manquer de respect au Prince Edmund, demander à prendre part à l’alliance qui concernait en soi, tout le Bief et pas uniquement Villevieille. Son choix s'était porté sur le conflit plutôt que sur un arrangement qui profitait à tous, une preuve de plus de sa bêtise. Elle leva les yeux au ciel, lassée de devoir justifier une fois de plus que la justice du Roi se plaçait au dessus de la justice d’un gouverneur et que tout vassal était en droit de la demander s’il estimait que le dit gouverneur abusait de son autorité dans le but de pourrir la vie de ses vassaux pour son bon plaisir.
__ Nous n’avons jamais contesté votre autorité Sire. Pour rappel, le jour où vous avez fait enfermer mon père, il était venu vous proposer son engagement à vos côtés en échange de deux fiefs qui lui appartenaient de droit et qui lui appartiennent toujours. La contestation n’existe que dans votre tête, et votre esprit retors et paranoïaque est la source de tous les malentendus. Nous attaquons, devant la justice du roi, vos manières plus qu’indélicates, votre façon de vous croire tout permis et le mépris évident que vous avez pour vos propres vassaux ainsi que pour les suzerains d’autres régions, mais nous ne contestons rien. Je ne saurais que trop vous conseiller de redescendre sur terre, car aucun gouverneur ne gouverne sans ses vassaux, encore moins contre eux.
Fuyant le dialogue une fois de plus, Bronn souhaita une bonne journée à la jouvencelle qui souffla un rire plein de mépris. Sans fourberie, ni coups bas, ni détours, de qui se moquait-il puisque dès lors qu’on n’acquiescait pas à tout ce qu’il disait il refusait la discussion. C’était fatiguant d’essayer de conseiller un sourd.
__ Bonne journée à vous aussi et j’espère que ce procès vous remettra les pieds sur terre et la tête sur les épaules.
Sans mauvais jeu de mot. @Edmund serait ravi d’apprendre que Bronn la Nera, l’éléphant dans le jeu de quille de la paix du roi considérait Dorne comme un danger pour cette même paix.
__ Et félicitation pour vos fiançailles !
Puisse-t-il être heureux et arrêter de faire chier le monde avec ses conneries. Se dit-elle en reprenant sa petite promenade, humant à nouveau les roses pour retrouver la sérénité que Bronn avait quelque peu ébranlé. Or il ne méritait certainement pas qu'elle soit un tantinet saoulée par cette conversation.
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