Duncan Flowers - Le Bâtard des Cendres

>>>> Naître affligé de la condition de bâtard n'est pas simple, et Duncan en porte le fardeau depuis son premier souffle. Même s'il a grandi dans une famille aimante, cela l'a rendu plus réservé qu'il n'aurait pu l'être s'il avait été conçu dan un autre lit ; plus prudent aussi, que ce soit en amitié ou en affaires, sans parler d'amours. Sa condition lui a forgé un caractère bien trempé, capable de résister aux moqueries ou aux regards peu amènes de la bonne société. Il aime profondément sa famille, les Cendregué, les seuls parents qu'il ait connu, et il mourrait pour eux. Ou tuerait. Il l'a d'ailleurs déjà fait, servant son père comme écuyer, puis chevalier, et combattant à son côté. Il est fier de son titre de chevalier et respectera toujours ses serments.  Mais les années lui ont appris à rester un peu à l'écart, à observer plutôt qu'à participer et à être prudent. La vie d'un bâtard ne vaut pas cher, et sans son père pour protéger la famille, il s'est trouvé un nouveau rôle, bien qu'officieux. Ses demi-frère et soeur étant encore jeunes, c'est à lui de veiller sur eux, un rôle parfois compliqué, mais auquel il ne se dérobera pas. Franc et volontaire, il a tôt préféré dire les choses en face, quitte à choquer les bonnes gens, mais au moins, on ne pourra le traiter de menteur. Il a l'habitude du jugement d'autrui et préfère voir le verre à moitié vide, afin de ne pas être déçu. Assez froid en façade avec les étrangers, il peut à l'occasion se montrer enjoué, même si ces moments se sont raréfiés depuis la mort de son père, puis de sa mère adoptive. Il a la mémoire longue et est assez lent au pardon, de même qu'il est lent à la colère.

>>>> Duncan est un chevalier, et fier de ce titre, il respectera toujours ses devoirs. Habile au combat et vétéran de plusieurs batailles, son arme de prédilection est la hache, même s'il sait également se servir d'une épée. Cavalier adéquat, il préfère combattre à pied. Ayant vu la guerre, il juge les joutes inutiles et futiles. En situation réelle, personne ne vous laissera le temps de ramasser votre arme si elle tombe de votre main, et la lance telle qu'utilisée en joute est bien trop lourde et peu maniable pour avoir un quelconque effet. Une belle perte d'argent et de temps, quand ce n'est pas de vies.

Son éducation s'est concentrée sur le combat et le maniement des armes, la chasse et la stratégie martiale, et fort peu sur les arts ou les langues. Il possède quelques bribes de connaissances sur les coutumes dorniennes, de par sa mère d'adoption, et connait quelques rudiments d'étiquette, mais il n'a pas été éduqué pour prendre la tête d'un fief ou d'un domaine, et la politique est une chose dont il se méfie autant que de la peste.

Vétéran de plusieurs batailles, son corps est couvert de cicatrices, dont la plus notable est le petit doigt qu'il lui manque à la main gauche, celui-ci ayant dû être amputé après s'être fait broyer sous un marteau de guerre alors qu'il tentait de défendre son demi-frère lors de son dernier combat. Il aurait donné sa main, ou même sa tête pour sauver Jansen, et la cicatrice lui rappelle chaque jour son plus grand échec.

>>> généalogie: Fils aîné et bâtard de Théoden Cendregué (décédé), il n'a jamais connu sa mère (morte en couche) et aujourd'hui il veille sur Ombeline et Treyvir Cendregué, ses demi-frères. Il possède aussi 2 cousins: une cousine bâtarde, Meyrian, fille illégitime de son oncle Morren, et Bryen, fils de Morren.

Chronologie: 278 : Naissance à Cendregué, sa mère décède en le mettant au monde. Theoden Cendregué le reconnaît comme son bâtard et le nomme, avant de partir en mission diplomatique à Dorne. Duncan est confié à une nourrice.

279 : Theoden revient de sa mission diplomatique marié à une noble de Dorne, Andeline Noirmont, qui s'occupe de Duncan comme s'il était son enfant.

280 : Naissance de Jansen Cendregué, fils de Théoden et Andeline.

286 : Duncan devient l'écuyer de Théoden.

287 : Naissance des jumeaux Treyvir et Ombeline

290 : Jansen est envoyé en écuyage auprès de la maison Tyrell. Fait connaissance de Meryan Flowers

296 : Duncan est fait chevalier par Theoden.

Lune 11, 298 : Levée du Ban des Tyrell ; Duncan accompagne son père et son frère Jansen.

299 : La bataille de la Nera coûte la vie à son père en début d'année, puis un autre combat aux côtés des Lannisters tuera Jansen en fin d'année.

302 : La maison Tyrell rejoint Daenerys ; La maison Cendregué se désolidarise de ses actions et rappelle son ban. Duncan peut enfin rentrer chez lui.

Lune 10, 303 : Décès d'Andeline Cendregué dans une chute d'escalier.

Lune 11, 303 : Ombeline s'enferme dans sa chambre, refusant de voir qui que ce soit à part son frère jumeau ; Treyvir prend des conseils auprès de son oncle pour gouverner, malgré l'avis de Duncan sur le sujet.

Lune 1, 305 : Duncan finit par parler de Meryan à Treyvir, inquiet pour elle.

Début Lune 4, 305 : Ombeline est envoyée auprès d'un ami de la famille, Tytos Fléaufort.

Début Lune 5 : Arrivée à Fléaufort afin de protéger Ombeline.

Fin Lune 5 : Départ avec Tytos Fléaufort pour le Tournoi.

Pseudo - Tiny
Âge - plus que le personnage

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Quelque chose à ajouter ? - un bon ennemi est un ennemi mort

Duncan n'a jamais connu sa mère biologique, et même s'il fut un temps curieux de savoir qui elle avait bien pu être, elle ne lui a jamais vraiment manqué. Sa belle-mère, ou plutôt sa mère d'adoption, Andeline Cendregué, ayant pris ce rôle dans sa vie. Il ne se souvenait pas qu'elle lui ait un jour reproché d'être né, ou se soit méfié de lui, de peur qu'il fasse de l'ombre à ses propres enfants. Il en fut de même pour son père, qui avait eu le courage et la force de le reconnaître alors qu'il aurait pu l'abandonner à son sort. Duncan était et reste toujours reconnaissant envers ses parents et il sait qu'il ne pourra jamais payer la dette qu'il leur doit ; sa propre vie.

Il a pu grandir dans une famille aimante et aisée, et il sait qu'il aurait tout aussi bien pu finir à mendier sur le bord des routes... s'il avait vécu assez longtemps pour cela sans leur aide.

Sa position de bâtard l'a rendu  prudent et assez solitaire, car on mélange rarement les torchons et les serviettes, même si en famille on n'en faisait pas grand cas ; il sentait bien que lorsqu'il s'agissait d'affaires de cour ou d'affaires tout court, il valait mieux s'éclipser afin de ne pas porter ombrage à sa famille. Et néanmoins, Morren, le frère de son père, ne se privait pas de remarquer quelle disgrâce il était pour le nom de Cendregué. C'était là la seule tache sur un tableau autrement parfait.

Duncan était débrouillard et assez risque-tout, mais l'âge et l'expérience l'ont rendu prudent.Quand il a eu 2 ans, il a eu la chance de voir naître son premier petit frère, et comme il en était fier ! Il a tout de suite senti que là était son devoir : protéger sa famille, c'était son destin. Et c'est ce qu'il s'employa à faire dès qu'il fut en âge de tenir une arme. Il adorait son petit frère et jouait souvent avec lui, se pliant à ses moindres caprices et se faisait parfois punir à la place de Jansen quand ce dernier inventait quelque farce. Mais Duncan ne lui en avait jamais tenu rigueur bien longtemps, il l'aimait trop pour ça.

Quand il  eut 8 ans, son père le prit pour écuyer, afin qu'il apprenne les bases de la chevalerie et soit à même de remplir cette mission qu'il s'était donnée. Théoden le soutenait dans cette décision, et l'y encourageait, et Duncan faisait tout ce qu'il pouvait pour rendre son père (et sa mère) fier de lui. Et il voulait prouver à son oncle que bâtard ou pas, il valait la peine qu'on s'intéresse à lui. Un jour, il le battrait et lui prouverait sa valeur.

Il venait d'avoir dix ans quand Andeline donna naissance à des jumeaux, qui le ravirent tous deux. Il ne les vit guère, car son apprentissage lui prenait beaucoup de temps, mais quand il le pouvait, il ne manquait pas de venir jouer avec eux ; même si la différence d'âge faisait qu'il se sentait moins proches d'eux que de Jansen. Quand ce dernier partit auprès des Tyrell pour faire son écuyage, Duncan en prit un coup.

C'est aussi à cette époque qu'il apprit qu'il avait une cousine dont il ignorait jusque-là l'existence. Morren, ce bon penseur aussi rigide que ses bottes avait eu une fille hors lit de son mariage ! C'est Andeline qui le lui annonça, l'enjoignant de garder le secret, ce qu'il fit jusqu'à sa mort. Il allait parfois jouer avec la demoiselle et lui apportait quelques cadeaux à l'occasion, un peigne, un ruban,... de quoi rendre ses journées un peu moins moroses. Car si lui ne manquait de rien, ce n'était pas le cas de Meryan. Et il ne pouvait s'empêcher de la plaindre, même s'il ne le lui montrait jamais. Elle était aussi fière que lui, et tout aussi solide mentalement. Et Andeline veillait sur elle et sa mère. Tout allait donc pour le mieux. Duncan continua son apprentissage et se révéla assez doué pour le combat, surtout à pied, et à la hache, une arme moins noble que l'épée, mais plus résistante, selon lui. De plus, sa carrure, qui se développait alors pleinement ; lui permettait de manier cette arme aussi efficacement et agilement que s'il s'était agi d'une rapière.

Il avait rapidement compris que les joutes et les tournois, même s'ils pouvaient permettre à un bâtard de remporter gloire et argent, n'étaient qu'un jeu pour enfants gâtés, et qu'une épée, pour être utilisée efficacement, avait besoin de beaucoup plus de finesse que ce dont il se sentait capable. La hache lui convenait parfaitement. A la fois arme et outil, c'était un objet qui faisait son travail efficacement et sans chichis.

C'est au bout d'un apprentissage qui aura duré 10 ans qu'il reçut son titre de chevalier, et il n'en n'était pas peu fier. Il reçut aussi un peu plus d'autonomie que ce dont il avait joui en étant écuyer, et cela lui seyait parfaitement.

Il était adulte et officiellement reconnu comme un membre respectable de la société, quoi que puisse en penser son oncle et certains autres bien-nés. Son père n'essayait pas de jouer les entremetteurs, ni n'essaya de le marier pour cimenter une quelconque alliance et pour cela il remerciait le ciel d'être un bâtard.

Il avait bien eu quelques expériences auprès des demoiselles, mais il avait toujours pris garde de ne pas engendrer de bâtard à son tour, sa situation étant assez délicate comme cela. Il n'avait de toute façon guère de temps à consacrer à badiner et cela lui convenait parfaitement.

Sa vie prit un tournant décisif  quand les Tyrell décidèrent de lever leur ban en 298. Ducan répondit à l'appel, accompagnant son père et son frère au front. Ils prirent part à plusieurs escarmouches, qui lui parurent une bataille, mais qui, rétrospectivement, n'étaient que des broutilles comparées aux combats qui allaient suivre. Il était présent à la bataille de la Néra, et vit de ses yeux les bateaux flamber et l'horreur d'un vrai combat. A ce moment, en cet endroit, le concept même de chevalerie avait été effacé, pour ne laisser place qu'à la barbarie. Il avait vu des femmes violées, des citoyens pillés, des enfants piétinés par des chevaux devenus fous, des corps agonisants alors même qu'ils auraient dus être morts, tellement leurs blessures étaient affreuses. Il avait vu la mort et l'avait offerte à plusieurs autres, il n'aurait su dire combien. Le brouillard du combat pesait sur son esprit et il n'aurait su dire exactement ce qu'il s'était passé ; jusqu'à ce qu'il soit averti que son père avait été blessé, gravement. Il avait alors couru rejoindre l'endroit où il était tombé, mais il arriva trop tard pour faire quoi que ce soit, même lui dire adieux. Jansen s'était tenu près de lui, et ensemble ils avaient pleuré leur père, une fois les serviteurs et curieux disparus. Ce n'était que quelques heures plus tard que Duncan avait remarqué la brûlure qui recouvrait une partie de ses jambes, causée par les feux de la Néra. Il en garda des cicatrices, les premières d'une longue série. Mais elles n'étaient rien en comparaison de la blessure dans son coeur.

Cet événement marqua durablement Duncan, qui s'en voulait de n'avoir pas été assez proche de son père pour lui venir en aide à temps ; il avait failli à son seigneur, et à son père. A toute sa famille. De retour à la maison, le temps des funérailles, il se jura d'être le bouclier qui protégerait les Cendregué, puisque Theoden n'était plus là pour le faire. Jansen prit la suite de son père et Duncan lui jura son allégeance, prêt à tout pour se racheter. Il savait à présent ce que c'était que la guerre, et n'en parlait pas; s'enfermant dans le silence. Seule Andeline eut droit à des détails, du moins, ce qu'il pouvait se rappeler, et Jansen compléta sans doute le récit, même s'il ne sut jamais à quel point.

Mais la guerre n'attend pas, et bien vite il dut rejoindre les troupes de leur suzerain, aux côtés de Jansen. Il le suivait comme son ombre et ils passèrent ainsi au travers de plusieurs batailles , mais aucune de l'ampleur de celle qui avait vu tomber Theoden.

Mais lors d'une confrontation, quelques mois seulement après avoir enterré leur père, les deux frères se virent à nouveau participer à une bataille de plus grande ampleur. Et c'est là qu'une fois encore, il se trouva à voir mourir un membre de sa famille. Il était resté aux côtés de Jansen, rendant coup pour coup face à l'ennemi, et il ne sentait plus les coupures infligées par ses adversaires, ses mains poisseuses de sang glissaient sur le cuir du manche de sa hache. Il fatiguait mais tenait bon. Il était le bouclier de son frère. Ils avaient travaillé à combattre ensemble et formaient une mécanique bien huilée, un mur de lames capable de faire face à tous les adversaires. Jusqu'au moment où... Duncan était occupé à défendre son flanc gauche quand un cavalier perça la ligne et fonça sur Jansen, massue en l'air. Duncan n'eut que le temps de lever sa hache pour tenter de parer le coup qui visait son frère. L'adversaire de Duncan lui asséna un coup à l'épaule, mais Duncan ne s'en rendit même pas compte. Le coup du cavalier fut dévié, mais pas suffisamment pour que Jansen en sorte indemne. Le coup qui visait sa tête avait atteint sa poitrine à la place, broyant ses côtes et arrachant presque le petit doigt de Duncan au passage. Duncan avait achevé son mouvement par un arc de cercle qui abattit la tête de sa hache sur la jambe du cavalier, la trancha et atteignit le cheval par la même occasion alors même que l'homme tentait de relever le bras pour un autre coup. L'ennemi n'était plus un danger et Duncan se retourna pour aider son frère, pour le remettre sur pied le temps que les secours arrivent. Mais une fois encore, il avait été trop lent. Il gisait au sol, du sang coulait de la bouche de Jansen et son souffle soulevait difficilement une cage thoracique enfoncée. Le seigneur de Cendregué agonisa deux jours durant, avant de finalement trépasser.  Duncan venait de perdre son frère. Par sa faute. Il rentra à la maison pour de nouvelles funérailles.  Cette fois, il ne savait que dire à Andeline. Pas plus qu'à Ombeline et Treyvir. Il ne pouvait leur expliquer l'agonie de leur frère. C'était au-dessus de ses forces. Alors que Duncan se remettait de ses blessures, Jansen avait parlé, le souffle court, les mots hachés par le manque d'air ; et Duncan avait écouté. Jansen regrettait la façon dont il avait quitté la maison, sa famille, sa brouille avec Ombeline. Il lui raconta ses peurs pour Treyvir, les luttes d'influence au sein des troupes des seigneurs, une chose à laquelle Duncan n'avait jamais prêté beaucoup d'importance auparavant, laissant ce rôle à celui qui portait le titre de Cendregué. Il lui fit jurer de toujours veiller sur sa famille. Duncan promit, alors même qu'il avait failli à ses promesses, qu'il se sentait aussi impuissant que le plus petit ver de terre. Aussi sale.

Que pouvait-il faire ? Il était rentré, avait enterré son frère, et remis l 'épée de Jansen à Treyvir, et un arc à Ombeline. Jansen le lui avait demandé. Et il comprenait et approuvait. Le monde était devenu fou. Plus personne n'était en sécurité. Il avait vu trop de pillages et de viols pour croire que Cendregué pouvait rester indemne. Mais il ne pouvait pas non plus abandonner son poste de chevalier. Une fois ses blessures guéries, il retourna au front, où il combattit, mais sans la fougue qu'il avait pu montrer autrefois. Sa place n'était pas là, mais à Cendregué. Il combattait, comme un mercenaire aurait pu le faire, sans coeur, sans volonté autre que celle de survivre et retourner à la maison.  Il prêtait l'oreille aux discussions des chefs de section quand il le pouvait, car Jansen lui avait montré que c'était important ; mais hormis pour savoir ce qu'il en était de la situation dans le Bief, il s'en fichait. Les alliances, les complots, le dégoutaient et il n'écoutait que pour protéger sa Maison. Il écrivait parfois pour signaler qu'il était toujours en vie, mais n'attendait guère de réponse, car les armées bougeaient trop pour que les messagers aient la tâche facile.  

Au bout de près de trois ans de combat, il put enfin rentrer à la maison. La politique ne l'intéressait pas, tout ce qui importait était qu'il puisse revenir chez lui.

Il était heureux d'y être, même si ici l'absence de son père et son frères semblaient encore plus écrasantes qu'au combat. Il fit du mieux qu'il pouvait pour tenter de remonter le moral de ses petits frères, même si de son côté rien ne pouvait vraiment effacer sa peine.

Et une autre tragédie vint frapper les Cendregué, quelques lunes seulement après son retour. Andeline avait fait une chute dans les escaliers et était morte. Les enfants, qui n'en étaient plus vraiment à présent, venaient de perdre leur mère chérie. Et Meryan avait perdu sa bienfaitrice.

Duncan fit ce qu'il pu pour l'aider, en secret, loin des yeux et des oreilles de Morren qui ne supportait pas les bâtards. Comme l'avait fait Andeline auparavant. Sauf qu'il n'était pas seigneur de la Maison Cendregué, pas plus qu'il n'était riche en son propre nom. Tout ce qu'il possédait lui venait de la Maison; loger, manger, linge, armes etbagages. Oh, il avait bien un peu d'argent à son nom, mais rien qui puisse permettre d'entretenir une demoiselle en secret bien longtemps. De plus, il n'était pas toujours à Cendregué et ses visites au village étaient rares, autant par besoin du secret que par un emploi du temps chargé.

Car pendant qu'il vaquait à ses devoirs, Morren en avait profité pour prendre en influence et Duncan le voyait prendre petit à petit le pouvoir sur son neveu, le nouveau seigneur de Cendregué. Duncan ne comprenait pas pourquoi Treyvir le laissait ainsi profiter de la situation, alors que son frère n'avait pas du tout ce genre de tempérament, habituellement. La mort d'Andeline avait du frapper plus fort qu'il ne le pensait. Il avait eu beau essayer d'expliquer à Treyvir que s'il continuait ainsi, il allait se retrouver en marionnette au bout d'un fil tenu par Morren, le jeune seigneur ne réagissait pas. Impuissant, Duncan avait tenté de parler à Ombeline, mais cette dernière ne quittait plus sa chambre. Elle ne parlait plus à personne, à part son jumeau.
   
Le chevalier s'inquiétait, mais que pouvait-il faire ? Ni l'un ni l'autre de ses frères ne daignait l'écouter, et il finit par se résigner, convaincu qu'il avait perdu deux frères de plus quand Andeline était morte. Il tentait de limiter l'influence de Morren quand il le pouvait, mais l'homme était plus expérimenté que lui en matière de politique, et c'était un Cendregué de sang ; sa parole pesait  plus lourd que celle d'un bâtard.

Au bout de deux années ce cette vie en demi-teinte, il finit par parler de Meryan à Treyvir. Il ne savait pas trop comment son frère prendrait la nouvelle, mais au final, il fut satisfait d'avoir parlé. Duncan n'avait pu subvenir aux besoins de Meryan par lui seul, et la demoiselle avait sombré dans la pauvreté.

Quelques mois plus tard, on lui annonça qu'Ombeline allait être envoyé chez les Fléaufort. La nouvelle surprit Duncan ; sa soeur n'avait pas quitté sa chambre depuis plus de deux années. Il était heureux de la voir sortir de son donjon, même si cela l'emmènerait loin de lui. C'est en discutant avec Meryan qu'il apprit qu'elle l'accompagnerait lors de son départ, en tant que camériste. Duncan était soulagé, à la fois pour Meryan, mais aussi pour Ombeline, qui aurait une personne de confiance à ses côtés.

Il fut d'autant plus heureux quand il apprit ce qui s'était réellement passé le jour de la mort d'Andeline. Et ce qu'il se passait depuis. Duncan en fut sidéré. Sa mère de coeur avait été assassinée par son beau-frère, et Ombeline torturée. S'il l'avait pu, Duncan aurait tordu le cou de Morren séance tenante. Sauf que cette mort aurait été trop douce pour cette ordure. Et que cela finirait par rejaillir sur la Maison Cendregué. Ils fallait montrer un front uni, surtout en cette période tourmentée. La guerre avait changé bien des choses, et on ne pouvait plus être certain de rien. Montrer la moindre faiblesse ouvrerait la porte aux ennuis.

Sous les conseils de Treyvir, il se tint coi et accepta de rejoindre Ombeline auprès des Fléaufort afin de lui servir d'épée lige. Sans sa soeur sur laquelle faire pression, Treyvir allait pouvoir retrouver son indépendance, et Morren paierait. Oh oui,un jour, il paierait.

Duncan s'empressa de rejoindre Ombeline à Fléaufort, et l'accompagna lorsqu'elle suivit Tytos Fléaufort pour le tournoi quelques semaines plus tard. Cela, au moins, il pouvait le faire.