Les secrets des Cendres ft. Ombeline
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Les secrets des Cendres
Vêtu d'une cape de laine bleu sombre au-dessus de vêtements de la même teinte, Duncan marchait d'un pas vif dans les rue de Port-Réal, les yeux en l'air, fixés sur son objectif. La lune éclairait faiblement les toits et les rues, et à part quelques lueurs de chandelles de ci-de là, le reste de la rue était sombre. Il faisait sombre, même si la nuit n'était pas encore très avancée. Il était sorti quand il avait réalisé que sa soeur n'était plus dans la chambre qu'elle était supposée occuper. Il connaissait son itinéraire habituel et avait commencé à remonter la piste, quand il trouva ce qu'il cherchait.
« Lili ! Descends de là, s'il te plaît. » Sa voix était mi autoritaire, mi suppliante. La demoiselle avait encore décidé d'escalader les murs pour gambader sur les toits, et lui avait suffisamment le vertige pour que simplement la regarder faire lui donne le tournis. Seul réconfort, si un homme voulait lui faire du mal, il aurait également du mal à l'atteindre, à cette hauteur. Mais Duncan ne pouvait s'empêcher d'avoir peur pour elle. Elle n'était jamais tombée... Jusqu'au jour où...Il la suivait au sol, prêt à tenter de la rattraper dans ses bras ou à se jeter par terre pour amortir sa chute au moment où cela se produirait. Car il était certain que cela se produirait, tôt ou tard.
« Ne m'oblige pas à monter te chercher. » Ce n'était pas une menace en l'air, il le ferait vraiment, même s'il détestait cela. Monter, ça allait encore. Descendre, par contre... Il frissonna. Descendre était pire que tout. Monter sur quelque chose de plus haut qu'un cheval avait toujours été une épreuve. Les enfants de Dame Andeline Noirmont, par contre, ne semblaient pas souffrir de cette affliction. Et il était suffisamment pesant pour passer à travers les toits sur lesquels elle galopait. C'était mieux si elle descendait. Il passa une main dans son dos pour en sortir son arme secrète.
Il leva l'outre qu'il tenait en main, « C'est un rouge dornien. Si tu veux que je t'en laisse, t'as intérêt à te dépêcher ! » Un œil sur sa soeur et un autre sur le récipient, il le déboucha et bu une gorgée. Ombeline aimait sa liberté, et il avait toutes les peines du monde à la garder sauve. Mais la perspective d'un bon verre pourrait peut-être la tenter, lui faire se changer les idées autrement qu'en jouant les acrobates. Il faisait trop sombre pour une passe d'archerie, les écuries étaient au repos, et il n'y avait guère d'autres options qui lui viennent en tête. Elle n'était pas demoiselle à rester pensive et attendre anxieusement le dénouement d'une affaire ; alors il devait ruser s'il voulait qu'elle lui parle... et qu'elle soit en état pour se présenter au procès qui se tiendrait quelques jours plus tard. Si le guet passait par là... Il priait pour qu'il n'en fut pas ainsi.
« Lili ! Descends de là, s'il te plaît. » Sa voix était mi autoritaire, mi suppliante. La demoiselle avait encore décidé d'escalader les murs pour gambader sur les toits, et lui avait suffisamment le vertige pour que simplement la regarder faire lui donne le tournis. Seul réconfort, si un homme voulait lui faire du mal, il aurait également du mal à l'atteindre, à cette hauteur. Mais Duncan ne pouvait s'empêcher d'avoir peur pour elle. Elle n'était jamais tombée... Jusqu'au jour où...Il la suivait au sol, prêt à tenter de la rattraper dans ses bras ou à se jeter par terre pour amortir sa chute au moment où cela se produirait. Car il était certain que cela se produirait, tôt ou tard.
« Ne m'oblige pas à monter te chercher. » Ce n'était pas une menace en l'air, il le ferait vraiment, même s'il détestait cela. Monter, ça allait encore. Descendre, par contre... Il frissonna. Descendre était pire que tout. Monter sur quelque chose de plus haut qu'un cheval avait toujours été une épreuve. Les enfants de Dame Andeline Noirmont, par contre, ne semblaient pas souffrir de cette affliction. Et il était suffisamment pesant pour passer à travers les toits sur lesquels elle galopait. C'était mieux si elle descendait. Il passa une main dans son dos pour en sortir son arme secrète.
Il leva l'outre qu'il tenait en main, « C'est un rouge dornien. Si tu veux que je t'en laisse, t'as intérêt à te dépêcher ! » Un œil sur sa soeur et un autre sur le récipient, il le déboucha et bu une gorgée. Ombeline aimait sa liberté, et il avait toutes les peines du monde à la garder sauve. Mais la perspective d'un bon verre pourrait peut-être la tenter, lui faire se changer les idées autrement qu'en jouant les acrobates. Il faisait trop sombre pour une passe d'archerie, les écuries étaient au repos, et il n'y avait guère d'autres options qui lui viennent en tête. Elle n'était pas demoiselle à rester pensive et attendre anxieusement le dénouement d'une affaire ; alors il devait ruser s'il voulait qu'elle lui parle... et qu'elle soit en état pour se présenter au procès qui se tiendrait quelques jours plus tard. Si le guet passait par là... Il priait pour qu'il n'en fut pas ainsi.
Invité
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La nuit est fraîche et Ombeline saute par-dessus une ruelle pour atterrir sur le toit suivant, le souffle court et le sourire absent. Elle essaye de s’occuper l’esprit, incapable de trouver le sommeil ou l’appétit ces derniers jours. Elle voudrait simplement que les choses tournent comme cela l’arrange ; elle aurait aimé ne pas avoir à s’inquiéter à nouveau de son avenir et de son oncle. Pas aussi rapidement, en tout cas. Elle récupère à peine de plusieurs mois enfermée dans sa chambre.
Elle est terrifiée à l’idée de retourner dans la cage dont elle a eu tant de mal à s’extirper.
Elle s’arrête cependant brusquement dans sa course vagabonde en entendant son surnom résonner ; elle soupire alors qu’elle se rend compte que Duncan l’a suivie et se trouve dans une rue en contrebas. Elle s’étire et fait craquer ses articulations, hésitant un bref instant à faire comme si elle n’avait rien entendu pour ne pas avoir à lui parler, ou descendre et affronter la discussion qu’elle évite depuis des jours comme la peste.
Lorsque Duncan la menace d’aller la chercher lui-même, Ombeline abandonne toute idée de fuite ; son idiot de frangin risque de se blesser en voulant la rejoindre et elle traîne assez de culpabilité derrière elle pour ne pas en rajouter plus. Un soupir lui échappe alors qu’elle se penche pour lui répondre :
— Ne monte pas après moi, je ne voudrais pas que tu te fasses mal ! J’arrive !
Un rire lui échappe lorsque Duncan tente de l’appâter avec du vin de Dorne ; si elle n’avait pas déjà décidé de le rejoindre, elle aurait sans doute cédé à la tentation de l’alcool. Elle devrait en consommer moins, elle en a conscience, mais elle y trouve un réconfort particulier dont elle a encore besoin. Peut-être qu’un jour, elle saura s’en passer ; ce jour-là n’arrivera pas avant que son oncle ne crève.
Elle désescalade le mur avec agilité pour tomber devant son frère. Elle lui sourit, avant de s’emparer de l’outre et de lui tirer la langue.
— Un jour, j’arrêterai de boire et tu devras trouver autre chose !
Sans doute que son sourire sonne faux et ne monte pas jusqu’à ses yeux ; Ombeline ne se sent pas d’humeur aussi taquine qu’elle tente de le faire croire pour ne pas inquiéter Duncan. Elle aimerait que ses frères puissent avoir l’esprit tranquille à son sujet, pour une fois, qu’ils n’aient pas à gaspiller leur temps avec ses conneries et elle.
Elle est bien consciente pourtant d’être un cas désespéré qui a passé l’âge de changer.
— Tu voulais me voir pour quelque chose en particulier ?
Question stupide et Ombeline le sait. Elle se doute des raisons qui ont poussé Duncan à la chercher ce soir. Le procès de Bronn approche et il s’inquiète sans doute pour elle. Elle aimerait le rassurer, lui dire que tout va bien se passer et qu’elle va bien, mais les mots restent coincés dans sa gorge alors qu’elle prend une gorgée de vin.
Ce serait un mensonge.
Si Bronn perd, c’est peut-être bien sa liberté et sa sécurité actuelles qu’elle perdra aussi ; cette idée l’empêche de dormir. Elle est cependant trop fière pour s’en ouvrir à son protecteur et elle voulait épargner à ses frères des cheveux blancs supplémentaires. En vain, visiblement.
La culpabilité d’être encore et toujours un poids pour ses frères pèse sur sa langue, plus que le vin.
Elle est terrifiée à l’idée de retourner dans la cage dont elle a eu tant de mal à s’extirper.
Elle s’arrête cependant brusquement dans sa course vagabonde en entendant son surnom résonner ; elle soupire alors qu’elle se rend compte que Duncan l’a suivie et se trouve dans une rue en contrebas. Elle s’étire et fait craquer ses articulations, hésitant un bref instant à faire comme si elle n’avait rien entendu pour ne pas avoir à lui parler, ou descendre et affronter la discussion qu’elle évite depuis des jours comme la peste.
Lorsque Duncan la menace d’aller la chercher lui-même, Ombeline abandonne toute idée de fuite ; son idiot de frangin risque de se blesser en voulant la rejoindre et elle traîne assez de culpabilité derrière elle pour ne pas en rajouter plus. Un soupir lui échappe alors qu’elle se penche pour lui répondre :
— Ne monte pas après moi, je ne voudrais pas que tu te fasses mal ! J’arrive !
Un rire lui échappe lorsque Duncan tente de l’appâter avec du vin de Dorne ; si elle n’avait pas déjà décidé de le rejoindre, elle aurait sans doute cédé à la tentation de l’alcool. Elle devrait en consommer moins, elle en a conscience, mais elle y trouve un réconfort particulier dont elle a encore besoin. Peut-être qu’un jour, elle saura s’en passer ; ce jour-là n’arrivera pas avant que son oncle ne crève.
Elle désescalade le mur avec agilité pour tomber devant son frère. Elle lui sourit, avant de s’emparer de l’outre et de lui tirer la langue.
— Un jour, j’arrêterai de boire et tu devras trouver autre chose !
Sans doute que son sourire sonne faux et ne monte pas jusqu’à ses yeux ; Ombeline ne se sent pas d’humeur aussi taquine qu’elle tente de le faire croire pour ne pas inquiéter Duncan. Elle aimerait que ses frères puissent avoir l’esprit tranquille à son sujet, pour une fois, qu’ils n’aient pas à gaspiller leur temps avec ses conneries et elle.
Elle est bien consciente pourtant d’être un cas désespéré qui a passé l’âge de changer.
— Tu voulais me voir pour quelque chose en particulier ?
Question stupide et Ombeline le sait. Elle se doute des raisons qui ont poussé Duncan à la chercher ce soir. Le procès de Bronn approche et il s’inquiète sans doute pour elle. Elle aimerait le rassurer, lui dire que tout va bien se passer et qu’elle va bien, mais les mots restent coincés dans sa gorge alors qu’elle prend une gorgée de vin.
Ce serait un mensonge.
Si Bronn perd, c’est peut-être bien sa liberté et sa sécurité actuelles qu’elle perdra aussi ; cette idée l’empêche de dormir. Elle est cependant trop fière pour s’en ouvrir à son protecteur et elle voulait épargner à ses frères des cheveux blancs supplémentaires. En vain, visiblement.
La culpabilité d’être encore et toujours un poids pour ses frères pèse sur sa langue, plus que le vin.
Invité
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Ombeline se mit à descendre de son perchoir et en un rien de temps elle avait rejoint le plancher des vaches. Ouf, le truc de l'outre fonctionnait toujours. Duncan émit un rire bref quand sa sœur lui demanda ce qu'il ferait si elle décidait d'arrêter de boire. Ce n'était pas près d'arriver. Il massa sa main gauche un court instant, pour faire passer la sensation de son petit doigt qui le démangeait. Il n'avait plus de petit doigt depuis des années, mais quand il pensait à son frère décédé, c'était comme si la phalange manquante était toujours présente. Duncan aimait à s'imaginer que c'était Jansen qui le protégeait... ou qui avait quelque chose à lui dire, même si le message était toujours obscur, et s'apparentait plus à une discussion avec lui -même qu'autre chose. * Je la protégerai, mon frère, soit-en sûr. * Ombeline lui demanda ensuite ce qu'il venait faire dans les parages. Il haussa un sourcil inquisiteur en même temps que les épaules, l'air et la voix indifférents, même s'il n'en était rien.
« Tu veux dire à part pour te signaler que je préférerais ne pas être celui qui devra ramasser ta cervelle à la petite cuiller sur le pavé, le jour où tu tomberas ? » La rue n'était pas pavée à cet endroit précis, mais cela ne changeait rien à la chose. Il avait vu ce qu'il restait d'un homme qui tombe du haut des remparts ; ce n'était pas beau à voir, et c'était pire encore si on n'était pas tué sur le coup. Il comprenait qu'elle ait besoin de sa liberté et l'escalade en faisait partie, surtout après ce qu'elle avait vécu, mais c'était affreusement dangereux. Il arbora un léger sourire pour retirer le piquant de ses mots,
« J'ai remarqué que tu n'étais pas au Donjon, alors je me suis dis que j'allais empêcher le guet de t'arrêter pour vagabondage... » Ils ne pouvaient se permettre de perdre en réputation avant le procès. Cela desservirait grandement leur cause si un scandale éclatait, et ils auraient déjà fort à faire pour défendre ce brigand de suzerain. Il lui offrit son bras pour l'escorter, « Viens, j'ai quelque chose à te montrer. » Son autre main restait sur la poignée de sa dague, prêt à dégainer en cas d'attaque. Il portait une épée au côté, également, symbole de sa position de chevalier et manière de montrer aux malandrins locaux qu'il ne serait pas une proie facile, mais une épée serait plus une gêne qu'un atout dans ce genre de ruelle. Pas la place de dégainer. Il prit la direction de la Porte de la Gadoue après avoir rejoint la rue du même nom. Sa soeur pourrait se rassurer, il ne l'escortait pas vers sa prison...
Il y avait du monde dans les rues principales, malgré l'heure tardive. La perspective du spectacle du surlendemain avait attiré du monde à la capitale. Un port ne dort jamais vraiment, et la Porte de la Gadoue menait sur la Néra et les docks. Ce n'était sans doute pas le quartier le plus recommandable de la ville, mais tout du moins ce n'était pas Culpucier. Il gardait le silence, concentré sur le but de leur promenade. Il n'était pas certain que ce soit une bonne chose, mais ne voyait pas d'autre moyen de parvenir à son objectif : protéger Ombeline tout en essayant de lui préserver une part d'innocence et de joie de vivre. Ou au moins, la faire parler. Si elle avait été homme, il l'aurait emmenée dans une taverne des bas fonds pour se saouler et peut-être terminer la soirée auprès d'une fille de joie, mais en l’occurrence ce n'était pas possible. Il gardait le silence et marchait d'un bon pas, curieux de voir si Ombeline saurait attendre ou lui poserait des questions avant même d'avoir franchi le premier carrefour.
Ils durent s'arrêter un moment, alors qu'un attroupement s'était fait sur la rue. Des amuseurs de rue s'étaient stationnés de part et d'autre de la route et faisaient leur spectacle. Duncan resserra sa poigne sur le manche de son couteau.
« Tu veux dire à part pour te signaler que je préférerais ne pas être celui qui devra ramasser ta cervelle à la petite cuiller sur le pavé, le jour où tu tomberas ? » La rue n'était pas pavée à cet endroit précis, mais cela ne changeait rien à la chose. Il avait vu ce qu'il restait d'un homme qui tombe du haut des remparts ; ce n'était pas beau à voir, et c'était pire encore si on n'était pas tué sur le coup. Il comprenait qu'elle ait besoin de sa liberté et l'escalade en faisait partie, surtout après ce qu'elle avait vécu, mais c'était affreusement dangereux. Il arbora un léger sourire pour retirer le piquant de ses mots,
« J'ai remarqué que tu n'étais pas au Donjon, alors je me suis dis que j'allais empêcher le guet de t'arrêter pour vagabondage... » Ils ne pouvaient se permettre de perdre en réputation avant le procès. Cela desservirait grandement leur cause si un scandale éclatait, et ils auraient déjà fort à faire pour défendre ce brigand de suzerain. Il lui offrit son bras pour l'escorter, « Viens, j'ai quelque chose à te montrer. » Son autre main restait sur la poignée de sa dague, prêt à dégainer en cas d'attaque. Il portait une épée au côté, également, symbole de sa position de chevalier et manière de montrer aux malandrins locaux qu'il ne serait pas une proie facile, mais une épée serait plus une gêne qu'un atout dans ce genre de ruelle. Pas la place de dégainer. Il prit la direction de la Porte de la Gadoue après avoir rejoint la rue du même nom. Sa soeur pourrait se rassurer, il ne l'escortait pas vers sa prison...
Il y avait du monde dans les rues principales, malgré l'heure tardive. La perspective du spectacle du surlendemain avait attiré du monde à la capitale. Un port ne dort jamais vraiment, et la Porte de la Gadoue menait sur la Néra et les docks. Ce n'était sans doute pas le quartier le plus recommandable de la ville, mais tout du moins ce n'était pas Culpucier. Il gardait le silence, concentré sur le but de leur promenade. Il n'était pas certain que ce soit une bonne chose, mais ne voyait pas d'autre moyen de parvenir à son objectif : protéger Ombeline tout en essayant de lui préserver une part d'innocence et de joie de vivre. Ou au moins, la faire parler. Si elle avait été homme, il l'aurait emmenée dans une taverne des bas fonds pour se saouler et peut-être terminer la soirée auprès d'une fille de joie, mais en l’occurrence ce n'était pas possible. Il gardait le silence et marchait d'un bon pas, curieux de voir si Ombeline saurait attendre ou lui poserait des questions avant même d'avoir franchi le premier carrefour.
Ils durent s'arrêter un moment, alors qu'un attroupement s'était fait sur la rue. Des amuseurs de rue s'étaient stationnés de part et d'autre de la route et faisaient leur spectacle. Duncan resserra sa poigne sur le manche de son couteau.
Invité
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Ombeline soupire face à l’indifférence affichée de Duncan, bien qu’elle sache qu’il n’en est rien. Elle secoue la tête, préférant ne pas s’imaginer en crêpe sur le sol – la peur est le plus dangereux, une fois sur les toits – et se permet de répliquer.
— Tu pourras toujours laisser cette tâche à Bronn. Il a un don pour me faire descendre de là sans passer par du vin.
Ombeline sourit, avant de plisser le nez devant sa bêtise. Mieux vaut que son frère ignore pourquoi leur suzerain arrive à la convaincre de ne pas partir en vadrouille, contrairement à lui. Avouer que Bronn lui apprend l’escrime ? Autant offrir tout de suite son ami en pâture à deux frères en colère qui ne comprendraient peut-être pas toute l’importance que cela revêt pour elle.
Au moins, elle dort rarement aussi bien que lorsque Bronn l’épuise en l’entraînant. Cela faisait bien depuis la mort de Jansen qu’elle n’avait pas eu le sommeil aussi profond, au point que sa cousine ait du mal à la réveiller le matin.
Cependant, elle s’indigne lorsque Duncan implique qu’elle pourrait se faire arrêter par le Guet pour vagabondage. Il faudrait déjà qu’ils l’aperçoivent, ensuite qu’ils l’attrapent ; son frère leur accorde sans doute un peu trop de crédit, là.
— Y’a pas de raisons que je me fasse arrêter par le Guet. Sauf en cas de pigeon con, bougonne-t-elle.
Elle peut entendre le rire de Bronn résonner à ses oreilles à ce souvenir. Dire qu’ils ne se seraient peut-être jamais parlé sans ce volatile bienvenu. Peut-être était-il envoyé par les Sept, qui sait ? Ombeline aime bien l’idée que ce soit un présage des dieux. Peut-être daigneront-ils enfin éclairer son avenir de bonheur. C’est bien parti pour, en tout cas, même si elle ne fera pas l’erreur de s’en remettre uniquement à eux.
Surtout pour le procès à venir. Et merde. Elle y pense encore.
Elle saisit le bras de son frère sans protester ; même s’il la ramène au Donjon Rouge, elle lui a sans doute fait suffisamment de cheveux blancs pour le restant de la nuit. Elle ne s’inquiète pas de se faire attaquer, au moins, en sa compagnie. Elle n’oserait même pas retourner au palais royal en ayant les deux pieds bien ancrés au sol. Même avec ses vêtements discrets, elle risquerait de le payer de sa vie. Ou pire.
Cependant, elle hausse un sourcil surpris alors que Duncan l’emmène vers les docks, à l’opposé du Donjon Rouge. Elle lui jette un regard en coin et se mordille la lèvre, incertaine de la conduire à tenir. Essaye-t-elle de se faire violence et d’attendre gentiment que son frère l’emmène là où il le souhaite, ou l’assaille-t-elle de questions parce que cela titille sa curiosité ?
Définitivement, la curiosité gagne.
— Où est-ce qu’on va ?
Ils s’arrêtent à un carrefour, interrompus par la foule amassée devant un spectacle de rue. Ombeline se rapproche de Duncan, sa main libre sur la poignée de son couteau de chasse. Un sourire innocent sur ses lèvres, ses yeux restent cependant à l’affût des ennuis. Juste au cas où.
— Allez, dis-le moi, s’il te plaît !
Si Duncan continue à se jouer de sa curiosité, elle compte bien bouder.
— Tu pourras toujours laisser cette tâche à Bronn. Il a un don pour me faire descendre de là sans passer par du vin.
Ombeline sourit, avant de plisser le nez devant sa bêtise. Mieux vaut que son frère ignore pourquoi leur suzerain arrive à la convaincre de ne pas partir en vadrouille, contrairement à lui. Avouer que Bronn lui apprend l’escrime ? Autant offrir tout de suite son ami en pâture à deux frères en colère qui ne comprendraient peut-être pas toute l’importance que cela revêt pour elle.
Au moins, elle dort rarement aussi bien que lorsque Bronn l’épuise en l’entraînant. Cela faisait bien depuis la mort de Jansen qu’elle n’avait pas eu le sommeil aussi profond, au point que sa cousine ait du mal à la réveiller le matin.
Cependant, elle s’indigne lorsque Duncan implique qu’elle pourrait se faire arrêter par le Guet pour vagabondage. Il faudrait déjà qu’ils l’aperçoivent, ensuite qu’ils l’attrapent ; son frère leur accorde sans doute un peu trop de crédit, là.
— Y’a pas de raisons que je me fasse arrêter par le Guet. Sauf en cas de pigeon con, bougonne-t-elle.
Elle peut entendre le rire de Bronn résonner à ses oreilles à ce souvenir. Dire qu’ils ne se seraient peut-être jamais parlé sans ce volatile bienvenu. Peut-être était-il envoyé par les Sept, qui sait ? Ombeline aime bien l’idée que ce soit un présage des dieux. Peut-être daigneront-ils enfin éclairer son avenir de bonheur. C’est bien parti pour, en tout cas, même si elle ne fera pas l’erreur de s’en remettre uniquement à eux.
Surtout pour le procès à venir. Et merde. Elle y pense encore.
Elle saisit le bras de son frère sans protester ; même s’il la ramène au Donjon Rouge, elle lui a sans doute fait suffisamment de cheveux blancs pour le restant de la nuit. Elle ne s’inquiète pas de se faire attaquer, au moins, en sa compagnie. Elle n’oserait même pas retourner au palais royal en ayant les deux pieds bien ancrés au sol. Même avec ses vêtements discrets, elle risquerait de le payer de sa vie. Ou pire.
Cependant, elle hausse un sourcil surpris alors que Duncan l’emmène vers les docks, à l’opposé du Donjon Rouge. Elle lui jette un regard en coin et se mordille la lèvre, incertaine de la conduire à tenir. Essaye-t-elle de se faire violence et d’attendre gentiment que son frère l’emmène là où il le souhaite, ou l’assaille-t-elle de questions parce que cela titille sa curiosité ?
Définitivement, la curiosité gagne.
— Où est-ce qu’on va ?
Ils s’arrêtent à un carrefour, interrompus par la foule amassée devant un spectacle de rue. Ombeline se rapproche de Duncan, sa main libre sur la poignée de son couteau de chasse. Un sourire innocent sur ses lèvres, ses yeux restent cependant à l’affût des ennuis. Juste au cas où.
— Allez, dis-le moi, s’il te plaît !
Si Duncan continue à se jouer de sa curiosité, elle compte bien bouder.
Invité
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Duncan se figea comme un chien de chasse à l'odeur du sang. Sa main se referma sur la poignée de son épée. Oublié le fait que dégainer en rue était inutile à cet endroit... Mâchoire serrée, il énonça lentement et distinctement, « Il a le don pour quoi ? » Ses mots tenaient plus du grondement que du langage. Il aurait à parler à Messire La Néra. Rapidement ! Et si elle commençait à lui faire les yeux doux, il faudrait qu'il en avertisse Treyvir. Il ne manquerait plus que leur suzerain fasse un nouveau bâtard à Cendregué ! Un seul suffisait amplement ! Est-ce qu'il était déjà trop tard ?!
Duncan lui répondit du tac au tac quand elle affirma que le seul danger sur les toits résidaient dans les pigeons. « Il n'y a pas que les pigeons qui sont cons... Et dangereux ! Te rends-tu comptes de la peur que tu me fais chaque fois que je ne te trouve pas ?! » Si un malheur lui arrivait il n'oserait jamais reparaître devant leur frère pour le lui annoncer. Il essayait de rester calme, mais il n'était pas certain d'être parvenu à cacher la peur et la colère de sa voix. Elle avait besoin de sa liberté. Il essayait d'être compréhensif, mais parfois c'était très difficile.
Ombeline au bras, il fendait la foule en direction des docks... jusqu'à ce qu'un attroupement se fasse devant eux. Et c'est là que la patience de la demoiselle s'arrêtait également. Il aurait parié que cela irait plus vite. Peut-être avait-il été trop sévère, plus tôt ? Il aurait voulu pouvoir affirmer qu'il le regrettait mais ce n'était pas le cas. L’œil aux aguets, il continua d'avancer, le bras d'Ombeline calé sous le sien pour ne pas la perdre.
« Patience petite libellule. »
Les jongleurs de feu et musiciens finirent par s'écarter une fois leur numéro terminé. Duncan passa rapidement une main à sa ceinture, sa bourse y pendait toujours. Il continua sa route jusqu'à arriver sur les docks, et une fois arrivé sur un des quais où était amarrée une petite barque, il secoua le type qui dormait à l'intérieur. Trois mots et deux sous de cuivre plus tard, l'autre lui laissait sa place. Duncan monta dans l'embarcation et aida Ombeline à faire de même. Les amarres furent larguées et Duncan se mit à ramer en direction de l'autre rive de la Néra, « Où veux-tu aller ? » Les torches du quais lançaient des reflets d'or sur les eaux sombres du fleuve. Les étoiles, haut dans le ciel éclairaient à peine l'étendue d'eau noire.
Lui savait très bien où il allait, mais il se demandait si elle l'avait deviné et où elle voudrait aller, si on lui en donnait l'opportunité. Et au moins, seuls au milieu de l'eau, ils pourraient causer sans être entendus. Elle pourrait gueuler à pleins poumons pour se défouler ou piquer une colère et personne n'entendrait. Il ne savait trop que faire d'autre pour que la tension due au procès à venir ne la quitte, au moins un temps.
Duncan lui répondit du tac au tac quand elle affirma que le seul danger sur les toits résidaient dans les pigeons. « Il n'y a pas que les pigeons qui sont cons... Et dangereux ! Te rends-tu comptes de la peur que tu me fais chaque fois que je ne te trouve pas ?! » Si un malheur lui arrivait il n'oserait jamais reparaître devant leur frère pour le lui annoncer. Il essayait de rester calme, mais il n'était pas certain d'être parvenu à cacher la peur et la colère de sa voix. Elle avait besoin de sa liberté. Il essayait d'être compréhensif, mais parfois c'était très difficile.
Ombeline au bras, il fendait la foule en direction des docks... jusqu'à ce qu'un attroupement se fasse devant eux. Et c'est là que la patience de la demoiselle s'arrêtait également. Il aurait parié que cela irait plus vite. Peut-être avait-il été trop sévère, plus tôt ? Il aurait voulu pouvoir affirmer qu'il le regrettait mais ce n'était pas le cas. L’œil aux aguets, il continua d'avancer, le bras d'Ombeline calé sous le sien pour ne pas la perdre.
« Patience petite libellule. »
Les jongleurs de feu et musiciens finirent par s'écarter une fois leur numéro terminé. Duncan passa rapidement une main à sa ceinture, sa bourse y pendait toujours. Il continua sa route jusqu'à arriver sur les docks, et une fois arrivé sur un des quais où était amarrée une petite barque, il secoua le type qui dormait à l'intérieur. Trois mots et deux sous de cuivre plus tard, l'autre lui laissait sa place. Duncan monta dans l'embarcation et aida Ombeline à faire de même. Les amarres furent larguées et Duncan se mit à ramer en direction de l'autre rive de la Néra, « Où veux-tu aller ? » Les torches du quais lançaient des reflets d'or sur les eaux sombres du fleuve. Les étoiles, haut dans le ciel éclairaient à peine l'étendue d'eau noire.
Lui savait très bien où il allait, mais il se demandait si elle l'avait deviné et où elle voudrait aller, si on lui en donnait l'opportunité. Et au moins, seuls au milieu de l'eau, ils pourraient causer sans être entendus. Elle pourrait gueuler à pleins poumons pour se défouler ou piquer une colère et personne n'entendrait. Il ne savait trop que faire d'autre pour que la tension due au procès à venir ne la quitte, au moins un temps.
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« Te rends-tu compte de la peur que tu me fais chaque fois que je ne te trouve pas ?! »
Les mots de Duncan hantent Ombeline plus qu’elle ne le voudrait. Bien sûr qu’elle sait, qu’elle se doute des cheveux blancs qu’elle fait à son frère à chaque fois qu’elle sort. Elle s’en veut, plus souvent qu’elle ne pourrait lui dire, mais elle se sent enfermée dans une vie qu’elle refuse.
Parfois, elle songe à disparaître, à rejoindre les rangs des anonymes où personne n’attendrait d’elle quoi que ce soit. Mais elle a ses frères, sa cousine, et Bronn désormais ; elle n’a jamais pu franchir le pas. Elle les apprécie trop pour juste partir et couper tous liens avec eux.
Elle est la Dame de Cendregué, quand bien même elle ne l’a pas voulu. Cela aurait dû être sa mère encore bien des années, jusqu’à ce que Treyvir se marie. Elle n’aurait jamais dû l’être. Mais elle a choisi de ne pas fuir et abandonner son frère face à leur oncle ; elle ne le fera pas non plus aujourd’hui, alors que son avenir est libre des nuages noirs qui jusque-là l’obscurcissaient.
Ses pensées errent alors que Duncan la mène doucement à travers les rues. Peut-être devrait-elle vraiment essayer d’arrêter de se balader sur les toits ? Cela rassurerait ses frères et puis, avec l’aide de Bronn pour s’occuper, peut-être arriverait-elle enfin à avoir d’autres passe-temps plus sains.
Elle se fige cependant lorsque Duncan bifurque vers les docks et loue une barque ; l’étendue d’eau obsidienne dans la nuit lui donne l’impression d’être prête à l’aspirer toute entière à n’importe quel moment. Mais elle n’a plus aussi peur qu’avant de rencontrer Bronn ; maintenant, elle arrive de nouveau à plonger ses jambes dans l’eau et elle sait que Duncan ne laissera rien lui arriver en sa présence. Une des rares choses dont elle est sûre.
Aussi, elle saisit sa main pour monter à bord de la barque et se contente d’un soupir de soulagement une fois assise. Si elle reste concentrée sur son frère et pas sur la Nera en-dessous d’eux, ça devrait le faire.
Un autre soupir lui échappe à la question de Duncan.
— Loin du monde, c’est possible ?
Ombeline sourit tristement, avant de lever la tête vers le ciel étoilé. Il n’y a exactement les mêmes étoiles qu’à la maison, elle a l’impression ; ou est-ce sa nostalgie qui lui joue des tours ? Elle se rappelle d’histoires du soir avec sa mère, de ses difficultés à dormir et de celle-ci qui la portait jusqu’à la fenêtre pour la bercer en comptant les étoiles.
Elle aimerait retourner à ce temps béni où leurs parents étaient en vie et où sa plus grosse peine était Treyvir qui mangeait sa part de tarte en plus de la sienne.
— Je ne veux pas aller au procès.
L’aveu n’est pas difficile à faire. Les chances sont grandes pour que Bronn perde le procès, même avec la stratégie qu’il a et dont elle fait partie. Un regard à Duncan ; la vérité lui brûle les lèvres, mais elle ne peut rien dire pour l’instant. Même au milieu de l’eau, elle ne peut s’empêcher d’être méfiante.
Sa candeur s’est noyée dans le baquet où son oncle l’a torturée.
— Je voudrais bien que tout reste comme maintenant. Avec toi, Merry, Bronn. Et Treyvir en plus.
Dieu, que son jumeau lui manque. Ombeline sait pourtant qu’elle doit se faire à cette sensation de vide dans son cœur, elle commence à s’y faire, mais il lui semble être amputée d’une partie d’elle. Elle donnerait n’importe quoi pour qu’il soit là et qu’elle puisse le serrer contre elle, qu’elle puisse lui confier ses secrets à voix basse comme lorsqu’ils étaient enfants.
Mais ils ne sont plus des enfants. Ils n’en ont plus le droit s’ils veulent rester en vie.
Les mots de Duncan hantent Ombeline plus qu’elle ne le voudrait. Bien sûr qu’elle sait, qu’elle se doute des cheveux blancs qu’elle fait à son frère à chaque fois qu’elle sort. Elle s’en veut, plus souvent qu’elle ne pourrait lui dire, mais elle se sent enfermée dans une vie qu’elle refuse.
Parfois, elle songe à disparaître, à rejoindre les rangs des anonymes où personne n’attendrait d’elle quoi que ce soit. Mais elle a ses frères, sa cousine, et Bronn désormais ; elle n’a jamais pu franchir le pas. Elle les apprécie trop pour juste partir et couper tous liens avec eux.
Elle est la Dame de Cendregué, quand bien même elle ne l’a pas voulu. Cela aurait dû être sa mère encore bien des années, jusqu’à ce que Treyvir se marie. Elle n’aurait jamais dû l’être. Mais elle a choisi de ne pas fuir et abandonner son frère face à leur oncle ; elle ne le fera pas non plus aujourd’hui, alors que son avenir est libre des nuages noirs qui jusque-là l’obscurcissaient.
Ses pensées errent alors que Duncan la mène doucement à travers les rues. Peut-être devrait-elle vraiment essayer d’arrêter de se balader sur les toits ? Cela rassurerait ses frères et puis, avec l’aide de Bronn pour s’occuper, peut-être arriverait-elle enfin à avoir d’autres passe-temps plus sains.
Elle se fige cependant lorsque Duncan bifurque vers les docks et loue une barque ; l’étendue d’eau obsidienne dans la nuit lui donne l’impression d’être prête à l’aspirer toute entière à n’importe quel moment. Mais elle n’a plus aussi peur qu’avant de rencontrer Bronn ; maintenant, elle arrive de nouveau à plonger ses jambes dans l’eau et elle sait que Duncan ne laissera rien lui arriver en sa présence. Une des rares choses dont elle est sûre.
Aussi, elle saisit sa main pour monter à bord de la barque et se contente d’un soupir de soulagement une fois assise. Si elle reste concentrée sur son frère et pas sur la Nera en-dessous d’eux, ça devrait le faire.
Un autre soupir lui échappe à la question de Duncan.
— Loin du monde, c’est possible ?
Ombeline sourit tristement, avant de lever la tête vers le ciel étoilé. Il n’y a exactement les mêmes étoiles qu’à la maison, elle a l’impression ; ou est-ce sa nostalgie qui lui joue des tours ? Elle se rappelle d’histoires du soir avec sa mère, de ses difficultés à dormir et de celle-ci qui la portait jusqu’à la fenêtre pour la bercer en comptant les étoiles.
Elle aimerait retourner à ce temps béni où leurs parents étaient en vie et où sa plus grosse peine était Treyvir qui mangeait sa part de tarte en plus de la sienne.
— Je ne veux pas aller au procès.
L’aveu n’est pas difficile à faire. Les chances sont grandes pour que Bronn perde le procès, même avec la stratégie qu’il a et dont elle fait partie. Un regard à Duncan ; la vérité lui brûle les lèvres, mais elle ne peut rien dire pour l’instant. Même au milieu de l’eau, elle ne peut s’empêcher d’être méfiante.
Sa candeur s’est noyée dans le baquet où son oncle l’a torturée.
— Je voudrais bien que tout reste comme maintenant. Avec toi, Merry, Bronn. Et Treyvir en plus.
Dieu, que son jumeau lui manque. Ombeline sait pourtant qu’elle doit se faire à cette sensation de vide dans son cœur, elle commence à s’y faire, mais il lui semble être amputée d’une partie d’elle. Elle donnerait n’importe quoi pour qu’il soit là et qu’elle puisse le serrer contre elle, qu’elle puisse lui confier ses secrets à voix basse comme lorsqu’ils étaient enfants.
Mais ils ne sont plus des enfants. Ils n’en ont plus le droit s’ils veulent rester en vie.
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Il voyait bien que ses mots avaient touché durement Ombeline, mais il était trop tard pour les reprendre. Elle lui demanda d'aller loin du monde. C'était également ce qu'il avait en tête. Il lui sourit tristement en continuant de ramer, « C'est possible. » Pour un temps, du moins. Sa jeune soeur lui avoua alors qu'elle n'avait pas envie d'aller au procès. Il s'en doutait, à vrai dire.
« Je sais. Mais le procès aura lieu, que nous soyons présents ou non. Et ta présence au côté de Bronn permettra peut-être de le faire paraître sous un jour plus favorable. » Il avait accepté de la prendre pour pupille, un geste qui prouvait qu'il n'était pas entièrement mauvais, ni sans intérêt pour le Bief. « Au moins, tu n'auras rien à regretter. Et quoi qu'il advienne, je serai à tes côtés. » Même s'il savait qu'il ne remplacerait jamais Treyvir dans le coeur de la demoiselle. Et c'était tout à fait naturel. Il ramait régulièrement, et les eaux étaient calmes, la barque glissait sur l'onde comme la pluie sur une toile cirée. Les lumières de la ville s'éloignaient, alors que la masse sombre du Bois-du-Roi s'approchait. Il faisait sombre, mais la lune reflétée sur l'eau permettait d'y voir, un peu.
« Rien n'est éternel, à part les Dieux. », répondit-il quand elle affirma vouloir que tout reste tel qu'il était actuellement. Pour preuve, sa situation par rapport à quelques années plus tôt... « Tu reverras Treyvir. » Si les chose tournaient mal, il conduirait Ombeline jusqu'à Cendregué. Leur oncle pouvait pourrir en enfer, il ne s'approcherait plus d'elle sous peine d'y perdre la tête. Duncan y veillerait. « Je te le promets. » Il écrirait à son demi-frère pour faire en sorte que les jumeaux se retrouvent, au moins un temps. Il n'avait pas réalisé à quel point Treyvir manquerait à sa soeur, mais il aurait dû le savoir. Elle était encore si jeune. Une fois ce procès terminé, il les rassemblerait, même s'il ne savait pas encore exactement comment.
Il ne savait trop comment la distraire, avec les soucis du lendemain, et la présence d'eau sous la barque... Elle était brave, ce soir. Bien plus qu'elle n'était en droit de l'être. Il lui sourit, alors que la barque venait heurter doucement un des quais de bois de la berge. Duncan récupéra une amarre et attacha l'embarcation pour ne pas qu'elle bouge, prenant garde à limiter ses mouvements pour ne pas faire tanguer le bateau. Il tendit une main à Ombeline pour l'aider à débarquer, avant de sortir lui-même. « Nous sommes bientôt arrivés à destination. Suis-moi. »
Sur les berges, la forêt avait été rasée pour laisser place aux bûches qui seraient charriées sur l'eau pour alimenter la ville en bois, mais à quelques centaines de pas, la forêt reprenait ses droits, des arbres hauts, des chênes, hêtres et des autres feuillus, assez denses pour permettre au roi d'aller courir le cerf ou le sanglier si l'envie lui en prenait. Peu de chance que Bran ne le fasse, mais les monarques précédents ne s'en étaient pas privés. Duncan lui proposa son bras et il se mit en route sur la voie royale, jusqu'à un petit chemin à demi effacé menant à une clairière. Là les arbres avaient été rasées, mais la friche commençait à pousser. La clairière formée par la friche, large de plusieurs centaines de pas était baignée par la clarté de la lune et des étoiles. On n'y voyait guère, mais la lueur des astres était suffisante, et avec la masse sombre des arbres autour d'eux, encore plus impressionnante. Ils étaient arrivés au bon moment. Une très légère brume se répandait, rampant comme un voile blanc drapé sur le sol, s'accrochant à leurs chevilles, avant de tourbillonner plus loin. La brume avait moins d'un pied de haut, mais elle cachait le relief du sol, à part pour quelques souches et rochers qui saillaient de ci de là. Le sol était couvert de fleurs pâles dépassant de la brume, qui ne s'ouvraient que la nuit tombée. Des belles de nuit, leur pétales jaunes presque blancs sous la lune, illuminaient la clairière comme autant de lanterne. Des lucioles allaient et venaient entre les fleurs en un ballet à la chorégraphie mystérieuse. L'eau n'était pas très éloignée, mais son bruit était étouffé par les arbres. Ici régnait le silence, hormis pour le cri d'une chouette ou d'un animal dans le sous-bois. Il lui murmura, « Nous y sommes. » et attendit sa réaction.
« Je sais. Mais le procès aura lieu, que nous soyons présents ou non. Et ta présence au côté de Bronn permettra peut-être de le faire paraître sous un jour plus favorable. » Il avait accepté de la prendre pour pupille, un geste qui prouvait qu'il n'était pas entièrement mauvais, ni sans intérêt pour le Bief. « Au moins, tu n'auras rien à regretter. Et quoi qu'il advienne, je serai à tes côtés. » Même s'il savait qu'il ne remplacerait jamais Treyvir dans le coeur de la demoiselle. Et c'était tout à fait naturel. Il ramait régulièrement, et les eaux étaient calmes, la barque glissait sur l'onde comme la pluie sur une toile cirée. Les lumières de la ville s'éloignaient, alors que la masse sombre du Bois-du-Roi s'approchait. Il faisait sombre, mais la lune reflétée sur l'eau permettait d'y voir, un peu.
« Rien n'est éternel, à part les Dieux. », répondit-il quand elle affirma vouloir que tout reste tel qu'il était actuellement. Pour preuve, sa situation par rapport à quelques années plus tôt... « Tu reverras Treyvir. » Si les chose tournaient mal, il conduirait Ombeline jusqu'à Cendregué. Leur oncle pouvait pourrir en enfer, il ne s'approcherait plus d'elle sous peine d'y perdre la tête. Duncan y veillerait. « Je te le promets. » Il écrirait à son demi-frère pour faire en sorte que les jumeaux se retrouvent, au moins un temps. Il n'avait pas réalisé à quel point Treyvir manquerait à sa soeur, mais il aurait dû le savoir. Elle était encore si jeune. Une fois ce procès terminé, il les rassemblerait, même s'il ne savait pas encore exactement comment.
Il ne savait trop comment la distraire, avec les soucis du lendemain, et la présence d'eau sous la barque... Elle était brave, ce soir. Bien plus qu'elle n'était en droit de l'être. Il lui sourit, alors que la barque venait heurter doucement un des quais de bois de la berge. Duncan récupéra une amarre et attacha l'embarcation pour ne pas qu'elle bouge, prenant garde à limiter ses mouvements pour ne pas faire tanguer le bateau. Il tendit une main à Ombeline pour l'aider à débarquer, avant de sortir lui-même. « Nous sommes bientôt arrivés à destination. Suis-moi. »
Sur les berges, la forêt avait été rasée pour laisser place aux bûches qui seraient charriées sur l'eau pour alimenter la ville en bois, mais à quelques centaines de pas, la forêt reprenait ses droits, des arbres hauts, des chênes, hêtres et des autres feuillus, assez denses pour permettre au roi d'aller courir le cerf ou le sanglier si l'envie lui en prenait. Peu de chance que Bran ne le fasse, mais les monarques précédents ne s'en étaient pas privés. Duncan lui proposa son bras et il se mit en route sur la voie royale, jusqu'à un petit chemin à demi effacé menant à une clairière. Là les arbres avaient été rasées, mais la friche commençait à pousser. La clairière formée par la friche, large de plusieurs centaines de pas était baignée par la clarté de la lune et des étoiles. On n'y voyait guère, mais la lueur des astres était suffisante, et avec la masse sombre des arbres autour d'eux, encore plus impressionnante. Ils étaient arrivés au bon moment. Une très légère brume se répandait, rampant comme un voile blanc drapé sur le sol, s'accrochant à leurs chevilles, avant de tourbillonner plus loin. La brume avait moins d'un pied de haut, mais elle cachait le relief du sol, à part pour quelques souches et rochers qui saillaient de ci de là. Le sol était couvert de fleurs pâles dépassant de la brume, qui ne s'ouvraient que la nuit tombée. Des belles de nuit, leur pétales jaunes presque blancs sous la lune, illuminaient la clairière comme autant de lanterne. Des lucioles allaient et venaient entre les fleurs en un ballet à la chorégraphie mystérieuse. L'eau n'était pas très éloignée, mais son bruit était étouffé par les arbres. Ici régnait le silence, hormis pour le cri d'une chouette ou d'un animal dans le sous-bois. Il lui murmura, « Nous y sommes. » et attendit sa réaction.
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