De douloureuses négociations (feat. Jazara)
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De douloureuses négociations
(Gendry & Jazara)
Accalmie ۩๑ ๑۩ Lune 11, Semaine 2, Jour 5 (305)
Accalmie ۩๑ ๑۩ Lune 11, Semaine 2, Jour 5 (305)
— Soyez digne de votre rang, Gendry.
La froideur des mots de Samson faisait grincer les dents du jeune suzerain. Les doigts crispés et l’œil emplit d’une toute jeune agressivité, Gendry Baratheon se dirigeait d’un pas rapide et agacé jusqu’au navire que la Banque de Fer avait cru bon de lui envoyer. Les insultes fusaient dans son esprit, toutes plus fleuries les unes que les autres, alors que son épée lige le suivait en déblatérant ses sempiternels mêmes conseils. Le jeune homme les connaissait par cœur, ce pourquoi il se permettait de ne pas écouter Samson Staedmon ; à dire vrai, la colère qui l’habitait à l’instant l’en détournait déjà suffisamment.
La Banque de Fer lui tapait d’ores et déjà sur le système alors même qu’il n’avait pas rencontré leur émissaire. Les enfoirés, fulmina Gendry pour lui-même tandis que les quelques pêcheurs et passants avoisinants s’écartaient sur son passage.
— Comme si j’allais me plier à leurs foutus exigences.
— Votre humeur, Gendry, reprit durement Samson dans son dos, contenez-là.
Le bâtard anobli renifla avec dédain avant de grimper sur le pont du bâtiment de la Banque de Fer. Son regard n’eût à chercher bien longtemps leur émissaire, bien malchanceux d’avoir été envoyé sans invitation en Accalmie. Lorsqu’il était question d’escroquer les gens, ils sortaient la grande artillerie et prenaient la peine de se déplacer, bizarrement. Et Gendry n’eut pas à détailler bien longtemps le soi-disant Capitaine de toute cette mascarade pour comprendre qu’il s’agissait de « pirates ». Si vous pensez que ça va suffire à m’effrayer, pensa-t-il en bombant le torse, préparez-vous à être sacrément déçus.
Il saisit violemment le parchemin, ou plutôt le torchon, que la Banque de Fer lui avait fait parvenir et que Samson lui avait lu moins d’une demi-heure plus tôt. Puis, dans un geste à la fois impatient et agacé, le brandit face à lui.
— C’est vous, l’émissaire que la Banque de Fer m’a envoyé sans s’annoncer ?
Sa colère l’empêchait de réellement s’interroger sur l’étrange apparence de la femme qui se tenait là. Et pourtant, elle avait de quoi attirer l’attention comme les questions. Dans d’autres circonstances, peut-être Gendry aurait-il pris le temps de la dévisager plus longuement et de se demander d’où lui venait son cache-œil, sa couronne d’ivoire et d’autres menus détails qui détachaient sa silhouette du décor d’Accalmie. Dans d’autres circonstances, il se le serait permis mais la situation, de son point de vue, ne s’y prêtait guère ; et ses sentiments encore moins.
— Je vous en prie, expliquez-moi pourquoi je devrais payer l’emprunt d’un connard décédé depuis plusieurs années et qui n’a de lien avec moi que le nom ?
Son épée lige voulut intervenir, Gendry l’en empêcha d’un simple geste de la main. Stannis Baratheon ne méritait pas qu’il parlât de lui autrement, encore moins lorsque ses conneries revenaient droit dans la figure de son « neveu » bien après sa disparition.
— Allez-y, je suis sacrément curieux.
La froideur des mots de Samson faisait grincer les dents du jeune suzerain. Les doigts crispés et l’œil emplit d’une toute jeune agressivité, Gendry Baratheon se dirigeait d’un pas rapide et agacé jusqu’au navire que la Banque de Fer avait cru bon de lui envoyer. Les insultes fusaient dans son esprit, toutes plus fleuries les unes que les autres, alors que son épée lige le suivait en déblatérant ses sempiternels mêmes conseils. Le jeune homme les connaissait par cœur, ce pourquoi il se permettait de ne pas écouter Samson Staedmon ; à dire vrai, la colère qui l’habitait à l’instant l’en détournait déjà suffisamment.
La Banque de Fer lui tapait d’ores et déjà sur le système alors même qu’il n’avait pas rencontré leur émissaire. Les enfoirés, fulmina Gendry pour lui-même tandis que les quelques pêcheurs et passants avoisinants s’écartaient sur son passage.
— Comme si j’allais me plier à leurs foutus exigences.
— Votre humeur, Gendry, reprit durement Samson dans son dos, contenez-là.
Le bâtard anobli renifla avec dédain avant de grimper sur le pont du bâtiment de la Banque de Fer. Son regard n’eût à chercher bien longtemps leur émissaire, bien malchanceux d’avoir été envoyé sans invitation en Accalmie. Lorsqu’il était question d’escroquer les gens, ils sortaient la grande artillerie et prenaient la peine de se déplacer, bizarrement. Et Gendry n’eut pas à détailler bien longtemps le soi-disant Capitaine de toute cette mascarade pour comprendre qu’il s’agissait de « pirates ». Si vous pensez que ça va suffire à m’effrayer, pensa-t-il en bombant le torse, préparez-vous à être sacrément déçus.
Il saisit violemment le parchemin, ou plutôt le torchon, que la Banque de Fer lui avait fait parvenir et que Samson lui avait lu moins d’une demi-heure plus tôt. Puis, dans un geste à la fois impatient et agacé, le brandit face à lui.
— C’est vous, l’émissaire que la Banque de Fer m’a envoyé sans s’annoncer ?
Sa colère l’empêchait de réellement s’interroger sur l’étrange apparence de la femme qui se tenait là. Et pourtant, elle avait de quoi attirer l’attention comme les questions. Dans d’autres circonstances, peut-être Gendry aurait-il pris le temps de la dévisager plus longuement et de se demander d’où lui venait son cache-œil, sa couronne d’ivoire et d’autres menus détails qui détachaient sa silhouette du décor d’Accalmie. Dans d’autres circonstances, il se le serait permis mais la situation, de son point de vue, ne s’y prêtait guère ; et ses sentiments encore moins.
— Je vous en prie, expliquez-moi pourquoi je devrais payer l’emprunt d’un connard décédé depuis plusieurs années et qui n’a de lien avec moi que le nom ?
Son épée lige voulut intervenir, Gendry l’en empêcha d’un simple geste de la main. Stannis Baratheon ne méritait pas qu’il parlât de lui autrement, encore moins lorsque ses conneries revenaient droit dans la figure de son « neveu » bien après sa disparition.
— Allez-y, je suis sacrément curieux.
Invité
Invité
Jazara retient un ricanement malvenu alors qu’elle aperçoit dans sa longue vue le Seigneur d’Accalmie se diriger furibond vers son bateau. Pour un peu, elle percevrait de la fumée sortant de ses oreilles. La capitaine replie sa longue-vue et la range à sa ceinture, avant de lever les yeux vers le ciel nuageux. Elle n’aura pas attendu longtemps le jeune seigneur ; cela ne doit même pas faire une heure qu’elle a déposé en main propre la lettre.
Elle réajuste son corsage et ses bijoux rapidement, songeant qu’elle n’aura pas à porter très longtemps une robe, cette fois. Elle ne pensait pas que le Lord Baratheon descendrait aussi vite la voir, sans la prévenir ni l’inviter à discuter à Accalmie, loin des oreilles traînantes de son équipage. Voilà un noble des plus étranges ou des plus sanguins ; Jazara ignore encore quelle option est la bonne.
La capitaine s’adosse ainsi à la rambarde, observant l’avancée du petit seigneur jusqu’à ce qu’il mette les pieds sur le pont de la Sirène de Rubis. Elle l’observe juger son équipage en silence, avant de bomber le torse comme pour se donner de l’importance. Elle sait à quoi elle ressemble, pour un Westerosi plein de préjugés sur les gens de l’Est ; il ne serait pas le premier à la décrire comme une pirate plutôt qu’une honnête marchande ou ici, une émissaire acceptable.
Jazara ne tique pas lorsque Lord Baratheon lui brandit sa lettre sous le nez avec une certaine virulence et se contente de hausser un sourcil avec un rictus provocateur.
— Tout d’abord, bonjour, comment allez-vous, belle journée, n’est-ce pas ?
Elle aperçoit son second se claquer le visage de la main ; Jazara n’est même pas désolée pour son comportement, ce n’est pas elle qui a commencé avec le manque de diplomatie ! Elle peut comprendre la colère du lord – personne n’aime se séparer de son argent – mais cela ne lui donne pas le droit de traiter un émissaire de la Banque ainsi, surtout alors qu’elle vient avec les meilleures intentions du monde, pour une fois. Elle ne cherche pas à lui faire cracher son argent dans l’immédiat, mais plutôt de discuter de remboursements sur la durée, avec potentiellement des intérêts plus bas que ceux de Stannis Baratheon.
Histoire de récupérer au moins le montant de départ.
— Mais en effet, je suis l’émissaire de la Banque de Fer. Capitaine Jazara Saaros des Îles d’Été, pour vous servir, Monseigneur.
Jazara s’incline en ôtant sa couronne, avant de se redresser fièrement. Elle représente certes la Banque de Fer, mais elle reste la fille de Xanthes Saaros et elle ne compte pas se présenter autrement que venant des Îles d’Été. Peu importe qu’elle n’y ait que rarement mis les pieds et qu’elle n’y soit pas née ; c’est sa patrie, l’endroit où elle se sent le plus à l’aise après son navire.
— Veuillez m’excuser pour ma venue impromptue. Quand bien même vous êtes un homme d’honneur et que vous n’auriez sans doute pas fui face à une lettre de la Banque de Fer, certains de nos débiteurs n’ont pas votre distinction et nous n’apprécions guère de devoir les pourchasser jusqu’au fin fond de Westeros.
Un peu de menace sous couvert de compliments est toujours le bienvenue ; Jazara ne s’en ira pas d’Accalmie sans avoir trouvé de quoi recouvrir la dette de Stannis Baratheon, même si son héritier à visiblement des choses à lui reprocher. Elle pourrait presque s’entendre maudire la vieille peau qui lui sert de génitrice. Une grimace désolée passe furtivement sur son visage, avant qu’elle ne se reprenne.
Elle n’a pas à compatir. Pas dans ces circonstances.
Jazara désigne finalement l’arrière du bateau d’un geste de tête, ses bras sagement croisés sur son ventre. Elle se méfie de ce que le jeune seigneur pourrait faire pour échapper à sa dette, certes, mais elle l’espère suffisamment intelligent pour ne pas avoir la bêtise de l’attaquer sur son propre navire. Il aurait d’autant plus à payer auprès de la Banque de Fer.
— Je vous propose que nous continuions cette discussion dans ma cabine. Nous y serions plus à l’aise pour échanger sur cette épineuse situation. Après tout, vous avez hérité de la famille Baratheon à sa suite ; autant les avantages que les dettes.
Autant éviter de lui dire que la Banque de Fer ne vient lui réclamer de l’argent que maintenant qu’il leur paraît assez solvable pour rembourser une telle dette. Jazara en mettrait sa main au feu que le jeune seigneur en face d’elle n’apprécierait pas une telle franchise. Un rictus ourle ses lèvres, alors qu’elle désigne d’un geste de la main le garde qui accompagne Lord Baratheon.
— Vous pouvez garder votre chien de garde, si cela vous rassure. Je peux lire dans vos yeux tout le mépris que vous avez pour moi. « Pirates », hum ?
Autant mettre les choses au clair maintenant avec le jeune seigneur, histoire de pouvoir parlementer ensuite sans craindre qu’il ne l’accuse d’être venue le menacer de la part de la Banque de Fer.
— J’étais une capitaine-marchande avant d’entrer au service de la Banque de Fer. Apprenez à ne pas vous fier aux apparences, Monseigneur, elles sont souvent trompeuses. La vie n’est qu’une scène de théâtre dont nous en sommes tous les acteurs et notre première prestation est aussi notre dernière, alors veillons à ce qu’elle soit inoubliable !
Derrière les deux Westerosi, Syreo se claque à nouveau le visage, fatigué par ses provocations ; Jazara se contente de lui adresser un rictus moqueur et pas désolé pour un sou.
Elle réajuste son corsage et ses bijoux rapidement, songeant qu’elle n’aura pas à porter très longtemps une robe, cette fois. Elle ne pensait pas que le Lord Baratheon descendrait aussi vite la voir, sans la prévenir ni l’inviter à discuter à Accalmie, loin des oreilles traînantes de son équipage. Voilà un noble des plus étranges ou des plus sanguins ; Jazara ignore encore quelle option est la bonne.
La capitaine s’adosse ainsi à la rambarde, observant l’avancée du petit seigneur jusqu’à ce qu’il mette les pieds sur le pont de la Sirène de Rubis. Elle l’observe juger son équipage en silence, avant de bomber le torse comme pour se donner de l’importance. Elle sait à quoi elle ressemble, pour un Westerosi plein de préjugés sur les gens de l’Est ; il ne serait pas le premier à la décrire comme une pirate plutôt qu’une honnête marchande ou ici, une émissaire acceptable.
Jazara ne tique pas lorsque Lord Baratheon lui brandit sa lettre sous le nez avec une certaine virulence et se contente de hausser un sourcil avec un rictus provocateur.
— Tout d’abord, bonjour, comment allez-vous, belle journée, n’est-ce pas ?
Elle aperçoit son second se claquer le visage de la main ; Jazara n’est même pas désolée pour son comportement, ce n’est pas elle qui a commencé avec le manque de diplomatie ! Elle peut comprendre la colère du lord – personne n’aime se séparer de son argent – mais cela ne lui donne pas le droit de traiter un émissaire de la Banque ainsi, surtout alors qu’elle vient avec les meilleures intentions du monde, pour une fois. Elle ne cherche pas à lui faire cracher son argent dans l’immédiat, mais plutôt de discuter de remboursements sur la durée, avec potentiellement des intérêts plus bas que ceux de Stannis Baratheon.
Histoire de récupérer au moins le montant de départ.
— Mais en effet, je suis l’émissaire de la Banque de Fer. Capitaine Jazara Saaros des Îles d’Été, pour vous servir, Monseigneur.
Jazara s’incline en ôtant sa couronne, avant de se redresser fièrement. Elle représente certes la Banque de Fer, mais elle reste la fille de Xanthes Saaros et elle ne compte pas se présenter autrement que venant des Îles d’Été. Peu importe qu’elle n’y ait que rarement mis les pieds et qu’elle n’y soit pas née ; c’est sa patrie, l’endroit où elle se sent le plus à l’aise après son navire.
— Veuillez m’excuser pour ma venue impromptue. Quand bien même vous êtes un homme d’honneur et que vous n’auriez sans doute pas fui face à une lettre de la Banque de Fer, certains de nos débiteurs n’ont pas votre distinction et nous n’apprécions guère de devoir les pourchasser jusqu’au fin fond de Westeros.
Un peu de menace sous couvert de compliments est toujours le bienvenue ; Jazara ne s’en ira pas d’Accalmie sans avoir trouvé de quoi recouvrir la dette de Stannis Baratheon, même si son héritier à visiblement des choses à lui reprocher. Elle pourrait presque s’entendre maudire la vieille peau qui lui sert de génitrice. Une grimace désolée passe furtivement sur son visage, avant qu’elle ne se reprenne.
Elle n’a pas à compatir. Pas dans ces circonstances.
Jazara désigne finalement l’arrière du bateau d’un geste de tête, ses bras sagement croisés sur son ventre. Elle se méfie de ce que le jeune seigneur pourrait faire pour échapper à sa dette, certes, mais elle l’espère suffisamment intelligent pour ne pas avoir la bêtise de l’attaquer sur son propre navire. Il aurait d’autant plus à payer auprès de la Banque de Fer.
— Je vous propose que nous continuions cette discussion dans ma cabine. Nous y serions plus à l’aise pour échanger sur cette épineuse situation. Après tout, vous avez hérité de la famille Baratheon à sa suite ; autant les avantages que les dettes.
Autant éviter de lui dire que la Banque de Fer ne vient lui réclamer de l’argent que maintenant qu’il leur paraît assez solvable pour rembourser une telle dette. Jazara en mettrait sa main au feu que le jeune seigneur en face d’elle n’apprécierait pas une telle franchise. Un rictus ourle ses lèvres, alors qu’elle désigne d’un geste de la main le garde qui accompagne Lord Baratheon.
— Vous pouvez garder votre chien de garde, si cela vous rassure. Je peux lire dans vos yeux tout le mépris que vous avez pour moi. « Pirates », hum ?
Autant mettre les choses au clair maintenant avec le jeune seigneur, histoire de pouvoir parlementer ensuite sans craindre qu’il ne l’accuse d’être venue le menacer de la part de la Banque de Fer.
— J’étais une capitaine-marchande avant d’entrer au service de la Banque de Fer. Apprenez à ne pas vous fier aux apparences, Monseigneur, elles sont souvent trompeuses. La vie n’est qu’une scène de théâtre dont nous en sommes tous les acteurs et notre première prestation est aussi notre dernière, alors veillons à ce qu’elle soit inoubliable !
Derrière les deux Westerosi, Syreo se claque à nouveau le visage, fatigué par ses provocations ; Jazara se contente de lui adresser un rictus moqueur et pas désolé pour un sou.
Invité
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De douloureuses négociations
(Gendry & Jazara)
Accalmie ۩๑ ๑۩ Lune 11, Semaine 2, Jour 5 (305)
Accalmie ۩๑ ๑۩ Lune 11, Semaine 2, Jour 5 (305)
Gendry encaissa les premières paroles de l’émissaire avec un sourire empreint d’agacement. Il semblait lui dire, sans un mot pourtant, « vous ne manquez pas de culot ». Fort heureusement pour les deux partis concernés, le jeune suzerain ne se vexait pas outre mesure de la réponse que cette femme audacieuse lui servait. Bien des gens s’adressaient à lui avec plus de méchanceté ou de moquerie.
Autrefois, lorsqu’il n’était qu’un pauvre forgeron sans nom, sans richesse ni savoir, nombreux furent les clients à le mépriser d’une manière ou d’une autre. Tous ceux qui se rendaient, à l’époque, dans l’office de son maître, n’étaient pas hommes polis ou respectueux des gamins dans son genre.
Le jeune Baratheon se contenta donc d’hocher la tête, avec grande insouciance, aux propos qui s’enchainaient dans la bouche de cette singulière émissaire. Derrière lui, il sentait Samson fulminer contre son attitude indigne d’un seigneur de sa condition, néanmoins Gendry faisait de son mieux pour l’ignorer. Il refusait de payer les dettes d’un homme monstrueux, mort depuis longtemps – et fort heureusement pour tous – qui ne méritait pas même la moindre tombe à son nom.
— Pour me servir ?
Son reniflement hautain faillit arracher un hurlement grave et réprobateur à l’épée lige.
— Pour extorquer l’Orage plutôt.
Le suzerain affichait sans honte aucune les sentiments qui l’habitaient.
Non, il ne comptait pas donner à la Banque de Fer ce qu’ils cherchaient. Il n’avait pas spécialement demandé à devenir Seigneur d’Accalmie, ou à récupérer le nom d’un père ne l’ayant jamais visité, sans doute jamais aimé et dont le poids lui avait arraché plus qu’il ne lui avait apporté.
Ses bras se croisèrent sur son torse tandis que ses doigts enserrèrent ses manches noires. Toute cette situation l’agaçait plus qu’elle ne le devrait, sans doute car elle le ramenait quelques années auparavant, au basculement de sa misérable vie.
— Abandonnez les jolies tournures de phrases et parlez franchement, la Banque de Fer vous a envoyé pour s’assurer que je paye mes dettes, un point c’est tout. L’honneur n’a rien à voir là-dedans, reconnaissez-le.
Il était dur, sans doute trop avec cette personne qui ne faisait que transmettre le message d’autres gens, toutefois Gendry ne pouvait s’en empêcher. Sa mémoire réveillait ses vieux traumatismes, démons et hontes. Ce n’était en rien juste pour Jazara Saaros, il le savait mais ses émotions pesaient bien plus que sa raison et que tous les conseils de Samson Staedmon.
Ce dernier abandonna d’ailleurs son mutisme dès que l’émissaire le mentionna sous un nom peu adéquat.
— J’accompagnerais mon Seigneur, bien évi…
— Restez-là Ser Staedmon, je m’en charge.
Gendry ne laissait à son épée lige aucune possibilité de discuter ses ordres, pas devant toute cette assemblée de « marchands » qui n’y ressemblaient pas vraiment à son humble avis. Il s’abstint toutefois de surenchérir à ce sujet, sachant que ses mots ne trouveraient aucun écho ici-bas. De toute manière, la discussion était d’ores et déjà suffisamment tendue, et Gendry même se rendait compte qu’il ne pouvait se permettre d’ajouter plus de feu sur les braises de cette dernière.
Il laissa donc Jazara Saaros jouer sa petite scène, exposer son point de vue comme elle le désirait, avant de reprendre d’une voix légèrement plus calme qu’auparavant :
— Vous voulez que nous discutions en privé ? Allons-y.
J’ai beaucoup à faire et peu de temps à vous accorder, manqua-t-il d’ajouter par pur esprit de provocation. Une chance qu’il fît preuve d’un minimum de jugeotte, sans quoi cette rencontre aurait pu tourner à l’affrontement, voire à une guerre ouverte entre la Banque de Fer et l’Orage. Et, s’il avait été la cause malheureuse d’une telle catastrophe, Samson ne lui aurait jamais pardonné, tout comme Jonas et tant d’autres.
Il retint un soupir, imaginant sans peine la déception qu’il était pour ces gens qui voyaient en lui le renouveau de l’Orage. Assurément, Gendry n’était pas à l’image des grands espoirs que d’autres plaçaient en lui.
— Laissez-moi être clair avec vous, Capitaine-Marchande, ces dettes ont été contracté par mon… Salopard d’oncle alors ne pensez pas que vous allez me convaincre de payer ses conneries alors que je dois reconstruire ce qu’il a détruit.
Autrefois, lorsqu’il n’était qu’un pauvre forgeron sans nom, sans richesse ni savoir, nombreux furent les clients à le mépriser d’une manière ou d’une autre. Tous ceux qui se rendaient, à l’époque, dans l’office de son maître, n’étaient pas hommes polis ou respectueux des gamins dans son genre.
Le jeune Baratheon se contenta donc d’hocher la tête, avec grande insouciance, aux propos qui s’enchainaient dans la bouche de cette singulière émissaire. Derrière lui, il sentait Samson fulminer contre son attitude indigne d’un seigneur de sa condition, néanmoins Gendry faisait de son mieux pour l’ignorer. Il refusait de payer les dettes d’un homme monstrueux, mort depuis longtemps – et fort heureusement pour tous – qui ne méritait pas même la moindre tombe à son nom.
— Pour me servir ?
Son reniflement hautain faillit arracher un hurlement grave et réprobateur à l’épée lige.
— Pour extorquer l’Orage plutôt.
Le suzerain affichait sans honte aucune les sentiments qui l’habitaient.
Non, il ne comptait pas donner à la Banque de Fer ce qu’ils cherchaient. Il n’avait pas spécialement demandé à devenir Seigneur d’Accalmie, ou à récupérer le nom d’un père ne l’ayant jamais visité, sans doute jamais aimé et dont le poids lui avait arraché plus qu’il ne lui avait apporté.
Ses bras se croisèrent sur son torse tandis que ses doigts enserrèrent ses manches noires. Toute cette situation l’agaçait plus qu’elle ne le devrait, sans doute car elle le ramenait quelques années auparavant, au basculement de sa misérable vie.
— Abandonnez les jolies tournures de phrases et parlez franchement, la Banque de Fer vous a envoyé pour s’assurer que je paye mes dettes, un point c’est tout. L’honneur n’a rien à voir là-dedans, reconnaissez-le.
Il était dur, sans doute trop avec cette personne qui ne faisait que transmettre le message d’autres gens, toutefois Gendry ne pouvait s’en empêcher. Sa mémoire réveillait ses vieux traumatismes, démons et hontes. Ce n’était en rien juste pour Jazara Saaros, il le savait mais ses émotions pesaient bien plus que sa raison et que tous les conseils de Samson Staedmon.
Ce dernier abandonna d’ailleurs son mutisme dès que l’émissaire le mentionna sous un nom peu adéquat.
— J’accompagnerais mon Seigneur, bien évi…
— Restez-là Ser Staedmon, je m’en charge.
Gendry ne laissait à son épée lige aucune possibilité de discuter ses ordres, pas devant toute cette assemblée de « marchands » qui n’y ressemblaient pas vraiment à son humble avis. Il s’abstint toutefois de surenchérir à ce sujet, sachant que ses mots ne trouveraient aucun écho ici-bas. De toute manière, la discussion était d’ores et déjà suffisamment tendue, et Gendry même se rendait compte qu’il ne pouvait se permettre d’ajouter plus de feu sur les braises de cette dernière.
Il laissa donc Jazara Saaros jouer sa petite scène, exposer son point de vue comme elle le désirait, avant de reprendre d’une voix légèrement plus calme qu’auparavant :
— Vous voulez que nous discutions en privé ? Allons-y.
J’ai beaucoup à faire et peu de temps à vous accorder, manqua-t-il d’ajouter par pur esprit de provocation. Une chance qu’il fît preuve d’un minimum de jugeotte, sans quoi cette rencontre aurait pu tourner à l’affrontement, voire à une guerre ouverte entre la Banque de Fer et l’Orage. Et, s’il avait été la cause malheureuse d’une telle catastrophe, Samson ne lui aurait jamais pardonné, tout comme Jonas et tant d’autres.
Il retint un soupir, imaginant sans peine la déception qu’il était pour ces gens qui voyaient en lui le renouveau de l’Orage. Assurément, Gendry n’était pas à l’image des grands espoirs que d’autres plaçaient en lui.
— Laissez-moi être clair avec vous, Capitaine-Marchande, ces dettes ont été contracté par mon… Salopard d’oncle alors ne pensez pas que vous allez me convaincre de payer ses conneries alors que je dois reconstruire ce qu’il a détruit.
Invité
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Jazara hausse un sourcil alors qu’elle observe les interactions pour le moins intéressantes entre le seigneur d’Accalmie et son épée-lige. Elle aperçoit toute la rudesse d’un bâtard élevé au rang de Lord sans prévenir et les essais infructueux de son vassal pour l’éduquer à mieux se comporter. Elle retient un sourire amusé malvenue, alors qu’elle songe que cela peut lui simplifier comme lui compliquer la tâche.
Certes, Gendry Baratheon n’a pas l’air d’être au fait de toutes les finesses de son rôle, mais il n’est pas naïf ou stupide pour autant. Elle s’incline lorsqu’il répond positivement à son invitation à en discuter en privée, avant de se redresser et de l’enjoindre à la suivre d’un léger geste de la main.
— Je vous en prie, Monseigneur, suivez-moi.
Elle le mène jusqu’à sa cabine et referme la porte derrière lui, sans pour autant enclencher le mécanisme de la serrure et en laissant la clé bien en évidence dessus, pour montrer ses bonnes intentions. Elle ne compte pas le garder au sein de sa cabine contre son gré ; si jamais le ton monte ou les négociations n’aboutissent pas, il est libre de partir.
À ses risques et périls avec la Banque de Fer par la suite, mais ce n’est pas son problème.
Jazara l’écoute d’une oreille attentive exposer ses intentions de non-remboursement. Sans rien ajouter pour l’instant, elle lui désigne les deux chaises en bois simples clouées au sol autour d’une table où se trouve un pichet de jus de poire, l’invitant à s’assoir. Elle sort d’un placard deux gobelets, qu’elle pose sur le plateau en bois avant de s’installer à son tour.
— J’ai de l’alcool si vous le souhaitez, mais je préférerais que nous gardions la tête froide. C’est du jus de poire de Tyrosh, mêlé avec du miel pour la conservation.
Elle ferme brièvement les yeux pour reprendre contenance, les mots de Lord Baratheon dansant dans sa tête. Elle connaît bien la rancune qui semble habiter chacun des mots de Gendry à l’égard de son oncle ; elle se retrouve dans sa propre voix lorsqu’elle évoque sa salope de mère.
Jazara compatit, mais elle ne peut pas laisser la pitié la rendre plus malléable. La Banque de Fer n’a que faire des émotions de ses pions.
— J’ai bien conscience qu’il est difficile de rendre compte des actes de personnes que l’on conchie.
Que trop bien conscience.
Jazara détesterait que quelqu’un lui demande de rembourser les dettes de sa génitrice (et encore faudrait-il que son lien de parenté serait révélé sans que la capitaine ne soit lapidée au passage). Mais elle n’a pas le choix ; c’est son travail de collecter les dettes, tout aussi détestable que cela puisse être pour ceux qui la subissent.
— Cependant, votre prédécesseur a engagé Accalmie comme assurance. Vous risquez de perdre votre domaine si le prêt n’est pas remboursé.
Une distorsion de la réalité, que Jazara espère que Gendry ne relèvera pas. Certes, la Banque de Fer peut exiger la remise des clés d’Accalmie en échange de l’effacement de la dette, voire réclamer le montant de celle-ci à la Couronne comme cela concerne un de ses vassaux, mais les démarches seront longues à aboutir. La Banque de Fer a besoin de cet argent maintenant et non pas dans dix ans.
— Nous sommes cependant prêts à être conciliants à votre égard et à faire appel en partie à d’autres alliées de feu Stannis Baratheon.
Une preuve de sa bonne foi ; aussi une preuve discrète que la Banque de Fer est assez désespérée pour vouloir récupérer le maximum d’argent possible en peu de temps, afin de survivre aux remous actuels de Braavos.
— Je suis là pour que nous trouvions une solution ensemble. Pas pour vous dépouiller de tout et vous laisser cul nu sur mon navire. Même si j’apprécierai la vue.
Jazara tente la plaisanterie avec un sourire amusé, même si cela n’ira jamais plus loin que des mots.
Certes, Gendry Baratheon n’a pas l’air d’être au fait de toutes les finesses de son rôle, mais il n’est pas naïf ou stupide pour autant. Elle s’incline lorsqu’il répond positivement à son invitation à en discuter en privée, avant de se redresser et de l’enjoindre à la suivre d’un léger geste de la main.
— Je vous en prie, Monseigneur, suivez-moi.
Elle le mène jusqu’à sa cabine et referme la porte derrière lui, sans pour autant enclencher le mécanisme de la serrure et en laissant la clé bien en évidence dessus, pour montrer ses bonnes intentions. Elle ne compte pas le garder au sein de sa cabine contre son gré ; si jamais le ton monte ou les négociations n’aboutissent pas, il est libre de partir.
À ses risques et périls avec la Banque de Fer par la suite, mais ce n’est pas son problème.
Jazara l’écoute d’une oreille attentive exposer ses intentions de non-remboursement. Sans rien ajouter pour l’instant, elle lui désigne les deux chaises en bois simples clouées au sol autour d’une table où se trouve un pichet de jus de poire, l’invitant à s’assoir. Elle sort d’un placard deux gobelets, qu’elle pose sur le plateau en bois avant de s’installer à son tour.
— J’ai de l’alcool si vous le souhaitez, mais je préférerais que nous gardions la tête froide. C’est du jus de poire de Tyrosh, mêlé avec du miel pour la conservation.
Elle ferme brièvement les yeux pour reprendre contenance, les mots de Lord Baratheon dansant dans sa tête. Elle connaît bien la rancune qui semble habiter chacun des mots de Gendry à l’égard de son oncle ; elle se retrouve dans sa propre voix lorsqu’elle évoque sa salope de mère.
Jazara compatit, mais elle ne peut pas laisser la pitié la rendre plus malléable. La Banque de Fer n’a que faire des émotions de ses pions.
— J’ai bien conscience qu’il est difficile de rendre compte des actes de personnes que l’on conchie.
Que trop bien conscience.
Jazara détesterait que quelqu’un lui demande de rembourser les dettes de sa génitrice (et encore faudrait-il que son lien de parenté serait révélé sans que la capitaine ne soit lapidée au passage). Mais elle n’a pas le choix ; c’est son travail de collecter les dettes, tout aussi détestable que cela puisse être pour ceux qui la subissent.
— Cependant, votre prédécesseur a engagé Accalmie comme assurance. Vous risquez de perdre votre domaine si le prêt n’est pas remboursé.
Une distorsion de la réalité, que Jazara espère que Gendry ne relèvera pas. Certes, la Banque de Fer peut exiger la remise des clés d’Accalmie en échange de l’effacement de la dette, voire réclamer le montant de celle-ci à la Couronne comme cela concerne un de ses vassaux, mais les démarches seront longues à aboutir. La Banque de Fer a besoin de cet argent maintenant et non pas dans dix ans.
— Nous sommes cependant prêts à être conciliants à votre égard et à faire appel en partie à d’autres alliées de feu Stannis Baratheon.
Une preuve de sa bonne foi ; aussi une preuve discrète que la Banque de Fer est assez désespérée pour vouloir récupérer le maximum d’argent possible en peu de temps, afin de survivre aux remous actuels de Braavos.
— Je suis là pour que nous trouvions une solution ensemble. Pas pour vous dépouiller de tout et vous laisser cul nu sur mon navire. Même si j’apprécierai la vue.
Jazara tente la plaisanterie avec un sourire amusé, même si cela n’ira jamais plus loin que des mots.
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De douloureuses négociations
(Gendry & Jazara)
Accalmie ۩๑ ๑۩ Lune 11, Semaine 2, Jour 5 (305)
Accalmie ۩๑ ๑۩ Lune 11, Semaine 2, Jour 5 (305)
Après un dernier regard échangé avec son épée-lige, dont l’attitude transpirait à la fois la méfiance et l’agressivité, Gendry accepta de suivre la dame dans sa cabine afin de discuter plus calmement des dettes accumulées par son oncle. Oncle. Le jeune suzerain de l’Orage grinça des dents tandis que ce mot revenait sans cesse dans son esprit afin de l’accabler par leur lien du sang. Stannis Baratheon ne méritait pas ce titre, pas plus que celui de père ou de Roi ; un bel emballage de conneries pour lequel il avait assassiné moults adversaires et proches et qu’il n’avait pourtant jamais atteint. Il était mort sans avoir pu réaliser ses grandes ambitions, et, en ce qui concernait son successeur, il ne s’agissait là que d’un juste retour de bâton.
Cet homme avait pourri la vie de nombreuses personnes de son vivant, et il s’obstinait dans sa démarche en dépit de sa disparition. Quelle plaie, se retint de cracher Gendry tandis qu’il prenait place sur la chaise montrée par son hôte.
Il prit le verre tendu avec un reniflement emplit de doute. Par politesse, l’héritier Baratheon ne le refusa pas, mais il ne comptait pas réellement tremper ces lèvres dans ce breuvage qui, sentait certes fort bon, ne lui inspirait pas confiance.
— Laissons l’alcool aux autres, vous avez raison.
Gendry maugréa pour lui-même, épuisé d’avance de mener un combat acharné contre la Banque de Fer. Il refusait de payer les dettes de cet imbécile et monstrueux Stannis, malheureusement s’il s’attirait les foudres de la banque, tout l’Orage en souffrait. Il devait contrôler sa colère, ne pas la laisser guider la moindre de ses actions et la tâche s’avérait d’ores et déjà fort complexe.
Si je l’avais pu, j’aurais viré cette émissaire à grand coup de pieds dans le cul. Ce n’était pas une jolie façon de répondre à une dame, en particulier lorsqu’elle cette dernière se contentait de relayer le message d’un autre, toutefois la haine que ressentait Gendry envers son prédécesseur était forte ; plus, sans aucun doute, que les bonnes manières que Samson tentait de lui inculquer.
— C’est difficile et je n’ai pas le choix, en somme, c’est ce que vous me dites ?
Gendry retint un soupir avant de passer une main sur son visage. Il s’était attendu à ce que la Banque vînt un jour lui réclamer cet argent, plusieurs de ses conseillers lui ayant rappelé les engagements que son très cher oncle avait pris de son vivant, mais peut-être avait-il sous-estimé la chose… À l’époque, toutes les questions d’argent lui paraissaient bien trop lointaines.
À présent, elles revenaient le narguer de ne point avoir écouté ses proches.
— Vu les délais que la Banque met à récupérer son argent, je pense pas que je perdrais mon domaine d’ici tôt, Dame Saaros.
Son prénom lui avait presque échappé, heureusement, il avait réussi à se rattraper au dernier instant.
— L’Accalmie ne peut pas prendre en charge toutes les dettes de Stannis, notre trésorerie sert avant tout à reconstruire ce qui fut détruit et à améliorer la vie de nos paysans.
Et les dépenses pour ces nobles buts étaient tous sauf dérisoires.
— Avez-vous pu en discuter avec Ser Davos ? Il siège au Conseil Restreint et je suis certain qu’il saurait qui vous indiquer pour le règlement de cette… Affaire.
Cet homme avait pourri la vie de nombreuses personnes de son vivant, et il s’obstinait dans sa démarche en dépit de sa disparition. Quelle plaie, se retint de cracher Gendry tandis qu’il prenait place sur la chaise montrée par son hôte.
Il prit le verre tendu avec un reniflement emplit de doute. Par politesse, l’héritier Baratheon ne le refusa pas, mais il ne comptait pas réellement tremper ces lèvres dans ce breuvage qui, sentait certes fort bon, ne lui inspirait pas confiance.
— Laissons l’alcool aux autres, vous avez raison.
Gendry maugréa pour lui-même, épuisé d’avance de mener un combat acharné contre la Banque de Fer. Il refusait de payer les dettes de cet imbécile et monstrueux Stannis, malheureusement s’il s’attirait les foudres de la banque, tout l’Orage en souffrait. Il devait contrôler sa colère, ne pas la laisser guider la moindre de ses actions et la tâche s’avérait d’ores et déjà fort complexe.
Si je l’avais pu, j’aurais viré cette émissaire à grand coup de pieds dans le cul. Ce n’était pas une jolie façon de répondre à une dame, en particulier lorsqu’elle cette dernière se contentait de relayer le message d’un autre, toutefois la haine que ressentait Gendry envers son prédécesseur était forte ; plus, sans aucun doute, que les bonnes manières que Samson tentait de lui inculquer.
— C’est difficile et je n’ai pas le choix, en somme, c’est ce que vous me dites ?
Gendry retint un soupir avant de passer une main sur son visage. Il s’était attendu à ce que la Banque vînt un jour lui réclamer cet argent, plusieurs de ses conseillers lui ayant rappelé les engagements que son très cher oncle avait pris de son vivant, mais peut-être avait-il sous-estimé la chose… À l’époque, toutes les questions d’argent lui paraissaient bien trop lointaines.
À présent, elles revenaient le narguer de ne point avoir écouté ses proches.
— Vu les délais que la Banque met à récupérer son argent, je pense pas que je perdrais mon domaine d’ici tôt, Dame Saaros.
Son prénom lui avait presque échappé, heureusement, il avait réussi à se rattraper au dernier instant.
— L’Accalmie ne peut pas prendre en charge toutes les dettes de Stannis, notre trésorerie sert avant tout à reconstruire ce qui fut détruit et à améliorer la vie de nos paysans.
Et les dépenses pour ces nobles buts étaient tous sauf dérisoires.
— Avez-vous pu en discuter avec Ser Davos ? Il siège au Conseil Restreint et je suis certain qu’il saurait qui vous indiquer pour le règlement de cette… Affaire.
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Jazara se retient de froncer le nez lorsque Gendry Baratheon lui fait remarquer que vu le temps mis pour venir frapper à sa porte, il a encore le temps de voir venir avant que la Banque ne saisisse son territoire. Il n’a pas tout à fait tort ; la Banque lui aurait sans doute laissé quelques mois encore en temps normal avant de venir frapper à sa porte pour récupérer son argent. Une région grevée par la guerre n’est pas bonne payeuse, après tout.
Mais il n’y a rien de normal à Braavos, ces temps-ci.
— Soyez heureux que la Banque de Fer ait laissé du temps à Accalmie de se remettre des conflits qui ont déchiré Westeros. Vous auriez préféré me voir alors que Daenerys venait de mettre à feu et à sang Port-Réal ?
Nul doute qu’elle aurait été virée à coups de pied au cul, à l’époque. La Banque n’était même pas certaine que Gendry Baratheon vivrait assez longtemps pour récupérer Accalmie et remettre la région sur pied. Westeros aurait bien pu replonger dans des guerres de succession sans fin.
Au moins, les nobles avaient su trouver une solution assez pérenne pour que Westeros paraisse en bonne santé, trois ans après la fin de la période de conflits.
— Tsss, ces barbares qui tuent des innocents dans des guerres qui ne les concernent pas, gronde-t-elle entre ses dents en Tyroshi.
Jazara préfère à bien des égards les coutumes des Îles d’Été, où seuls les princes et leurs guerriers s’affrontent de manière codifiée pour mettre fin à un conflit. Au moins, les civils sont épargnés et les dégâts limités. Combien sont morts pour avoir eu le malheur de vivre à Port-Réal ? Trop, sans doute.
Elle adresse d’ailleurs un regard suspicieux au jeune homme lorsqu’il tente – à ses yeux en tout cas – de la baratiner en lui disant que toute sa trésorerie est pour le peuple et son bien-être. Elle se permet de douter ; elle a vu bien trop de gens plus affamés de richesses que de l’intérêt collectif pour y accorder crédit. Peut-être est-ce vrai, peut-être est-ce faux ; dans tous les cas, Lord Baratheon essaye de se défiler et de refiler la patate chaude à un autre.
— Ser Davos est le suivant sur ma liste. Mais d’après nos informations, il n’est pas l’homme le plus… solvable. Et engager la Couronne déjà endettée dans cette affaire ne nous dit rien qui vaille. Vous ne voyez personne d’autre ? Des gens loyaux à Stannis, des conseillers ? Même décédés. Il est peut-être possible de… convaincre leurs héritiers à participer.
Personne ne veut se mettre à dos la Banque de Fer. Si Jazara doit faire peur à tout Westeros pour obtenir cet argent, elle le fera. Son employeur en a besoin. Si la Banque tombe, son équipage risque de se retrouver sans emploi stable. Elle a promis de prendre soin d’eux. Elle ne trahira pas sa promesse.
Étrangement, se mettre à dos la Banque de Fer ne semble pas effrayer Gendry Baratheon. Est-il si sûr qu’il n’aura jamais besoin d’argent de leur part ? Ou hait-il tant son oncle que même la perspective d’être un mauvais payeur n’est pas assez pour lui faire peur ?
Jazara ne le comprend que trop bien. À sa place, elle aussi préférerait se mettre à dos la Banque de Fer plutôt que de payer des dettes contractées par sa génitrice. Un soupir. Tout cela ne mènera nulle part si elle ne fait aucun effort de son côté, parce que Lord Baratheon ne semble pas prêt à en faire du sien.
— Je comprends votre sentiment à l’égard de Stannis Baratheon. Je suis désolée de le rappeler à vos souvenirs. Aussi, considérez ce qui va suivre comme un geste de ma part, qui n’engage que mon propre nom et non la Banque de Fer. Est-ce que vous auriez des ressources qui pourraient être échangées en Essos ou dans les Îles d’Été, même quelque chose qui vous paraît de peu de valeur ici ? J’ai encore des contacts. Un accord commercial pourrait aider à rembourser la dette et, sur le long terme, serait une rentrée d’argent bénéfique pour vous.
C’est bien tout ce que Jazara peut proposer, pour l’instant. Pourvu qu’une meilleure idée ne tarde pas, tout de même.
Mais il n’y a rien de normal à Braavos, ces temps-ci.
— Soyez heureux que la Banque de Fer ait laissé du temps à Accalmie de se remettre des conflits qui ont déchiré Westeros. Vous auriez préféré me voir alors que Daenerys venait de mettre à feu et à sang Port-Réal ?
Nul doute qu’elle aurait été virée à coups de pied au cul, à l’époque. La Banque n’était même pas certaine que Gendry Baratheon vivrait assez longtemps pour récupérer Accalmie et remettre la région sur pied. Westeros aurait bien pu replonger dans des guerres de succession sans fin.
Au moins, les nobles avaient su trouver une solution assez pérenne pour que Westeros paraisse en bonne santé, trois ans après la fin de la période de conflits.
— Tsss, ces barbares qui tuent des innocents dans des guerres qui ne les concernent pas, gronde-t-elle entre ses dents en Tyroshi.
Jazara préfère à bien des égards les coutumes des Îles d’Été, où seuls les princes et leurs guerriers s’affrontent de manière codifiée pour mettre fin à un conflit. Au moins, les civils sont épargnés et les dégâts limités. Combien sont morts pour avoir eu le malheur de vivre à Port-Réal ? Trop, sans doute.
Elle adresse d’ailleurs un regard suspicieux au jeune homme lorsqu’il tente – à ses yeux en tout cas – de la baratiner en lui disant que toute sa trésorerie est pour le peuple et son bien-être. Elle se permet de douter ; elle a vu bien trop de gens plus affamés de richesses que de l’intérêt collectif pour y accorder crédit. Peut-être est-ce vrai, peut-être est-ce faux ; dans tous les cas, Lord Baratheon essaye de se défiler et de refiler la patate chaude à un autre.
— Ser Davos est le suivant sur ma liste. Mais d’après nos informations, il n’est pas l’homme le plus… solvable. Et engager la Couronne déjà endettée dans cette affaire ne nous dit rien qui vaille. Vous ne voyez personne d’autre ? Des gens loyaux à Stannis, des conseillers ? Même décédés. Il est peut-être possible de… convaincre leurs héritiers à participer.
Personne ne veut se mettre à dos la Banque de Fer. Si Jazara doit faire peur à tout Westeros pour obtenir cet argent, elle le fera. Son employeur en a besoin. Si la Banque tombe, son équipage risque de se retrouver sans emploi stable. Elle a promis de prendre soin d’eux. Elle ne trahira pas sa promesse.
Étrangement, se mettre à dos la Banque de Fer ne semble pas effrayer Gendry Baratheon. Est-il si sûr qu’il n’aura jamais besoin d’argent de leur part ? Ou hait-il tant son oncle que même la perspective d’être un mauvais payeur n’est pas assez pour lui faire peur ?
Jazara ne le comprend que trop bien. À sa place, elle aussi préférerait se mettre à dos la Banque de Fer plutôt que de payer des dettes contractées par sa génitrice. Un soupir. Tout cela ne mènera nulle part si elle ne fait aucun effort de son côté, parce que Lord Baratheon ne semble pas prêt à en faire du sien.
— Je comprends votre sentiment à l’égard de Stannis Baratheon. Je suis désolée de le rappeler à vos souvenirs. Aussi, considérez ce qui va suivre comme un geste de ma part, qui n’engage que mon propre nom et non la Banque de Fer. Est-ce que vous auriez des ressources qui pourraient être échangées en Essos ou dans les Îles d’Été, même quelque chose qui vous paraît de peu de valeur ici ? J’ai encore des contacts. Un accord commercial pourrait aider à rembourser la dette et, sur le long terme, serait une rentrée d’argent bénéfique pour vous.
C’est bien tout ce que Jazara peut proposer, pour l’instant. Pourvu qu’une meilleure idée ne tarde pas, tout de même.
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