alessandre, hurrican

Ma chère mère,

Mes mots vous parviennent de si loin que j'ai l'impression d'en avoir perdu le sens. Port Réal n'est plus si belle depuis que la dragonne en a détruit les murs. Je n'étais, heureusement, point là, mais tout dans la capitale porte encore les séquelles du dragon rouge. Si vous voyiez les visages des hommes. Jamais je n'ai connu le lieu si pauvre et si terrible. Et pourtant, j'en ai visité des terres. Loin de vous, certes, mais dans cette vie que j'ai aimé. Sitôt mon ecuyage fini, enfin libéré de père, quand j'ai voulu partir et que je me suis heurté aux réalités. Le monde était beau pourtant avant que la guerre ne se dévoile. Je chantai, je pensai être immortel. Idiotie que voilà.

Comment allez vous ? Père est venu offrir son allégeance au roi brisé mais je ne le savais capable de voyager seul. Pourquoi ne vous a-t-il emporté avec lui ? Vous êtes bien plus à même de vivre dans le nid de serpent que cet abruti de géniteur que le monde m'a offert. La cour serait une opportunité pour Alyssa. Elle doit découvrir la vie, vous le savez aussi bien que moi et cesser ses sauvageries. Peut-être faire d'elle une dame de compagnie ? Il y aura certainement une reine un jour, si faire d'un handicapé le roi n'a pas pour de bon détruit la lignée. Les Stark ont ravagé nos terres. J'entends bien leur faire payer.

Que se passe-t-il dans le Conflans ? J'entends de sordides histoires. Je sais que je ne peux que compter sur vous pour faire de notre nom quelque chose mais je m'inquiète pour vous mère. Vous le savez. Comme toujours. Nous avons que trop perdu avec la lacheté des Tully. Je me suis battu mère, comme je le ferai toujours. Dans cette guerre, j'étais aux côtés de père. Quel mal m'en fut fait que de le voir blessé, tel un animal aux abois. Ô, j'aurai pu l'achever. Vous m'en auriez été si reconnaissante; Mais je n'ajouterai patricide aux milles maux dont on m'accuse. Puis la guerre s'en est allé, avec la force et la fureur des Lannister. Les lions ont bien payés leur impudence. Du chant de Castamere ne reste plus grand chose d'autre qu'un nain idiot. J'ai côtoié le nabot. Figurez-vous qu'il n'est pas aussi fou que ce que certain se prêtent à dire. Même pire. Il s'est sorti de la guerre et aujourd'hui, c'est sur sa nuque que repose le pouvoir de sa maison.

Ici, les journées se ressemblent toutes. Deux ans, à peine. Six lunes que je me perds dans le faste qu'ils veulent offrir à nouveau à la capitale. Elle renait de ses cendres, le saviez-vous ? Un tournois va bientôt avoir lieu. Je participerai, offrant les couleurs du Conflans comme certitude. Je le gagnerai et si cela n'est possible, au moins parviendrait au plus haut. Savez-vous, déjà, vers quel nom tirer notre allégeance ? Père veut que je prenne femme et si je ne le désire pas, au moins puis-je offrir mes couleurs à une dame. Certaine sont bien idiotes et croiront à une promesse. Je n'en ai cure. Mon coeur n'appartient qu'à ma maison.

J'attends de vos nouvelles mères.
A très vite,

Alessandre.