[PORT REAL] Des gens vont mourir pour le respect et les opportunités ( ft. Sorcha ) [Terminé]

Des gens vont mourir pour le respect et les opportunités
An 306, Lune 3, semaine 1, jour 3

Le soleil était déjà haut dans le ciel alors que je descendais de ce navire réajustant les pans de mon armure. Mon regard céruléen scrutant étrangement chaque visages et gestuelles. Une sensation étrange à laquelle je n'avais peut-être jamais été confronté. Quelle était cette sensation ? Était-ce de la peur? Moi ? Le déni revint aussi vite qu'il était parti me laissant afficher un rictus dans un sourire narquois arborant ce sale faciès à la population de Port-Réal. Après quelques minutes seulement j'en venais à rejoindre les boutres Salfalaise. Mes hommes allaient et venaient sur le pont vagabondant et s'activant autour de moi.

Les regards fusaient tandis que Yohn se pencha sur le gaillard arrière en s'exclamant.

Yohn : Il est là les gars, Sorcha !

Avec agilité il dévala les marches pour me rejoindre sur le pont principal. Je ne l'avais jamais vu aussi pressé si se n'est pour se préparer à l'attaque. Il m'inspecta observant si je n'étais pas dans un mauvais état. Je me sentais épier de toute part un froncement de sourcils mes bras se croisant j'interrogeais mon cousin.

« Oui je suis là ! Qu'est-ce qui se passe ? »

Je restais le visage fermé campant sur mes positions attendant qu'on m'explique ce qui se passait et pourquoi il y avait autant d'agitation que ça. En vérité je savais pertinemment ce qui se produisait, je pouvais traduire le soulagement de Yohn comme quand nous étions enfant. Je ne faisais aucune remarque sur ce comportement que je connaissais très bien.

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An 306, Lune 3, semaine 1, jour 3

Le froncement de sourcil ne semblait pas convaincre alors en y ajoutant une pointe de dédain je dédramatisais la situation.

« Nul part, un petit repérage s'imposait. »

Je lançais ma phrase dans un sourire révélant le plissement d'un front presque étonné. La vérité était telle que je ne pouvais pas la révélée surtout pas après les paroles de Sorcha et l'oeil de Yohn me fixant comme ça.

Yohn : Elle a raison Tyldr, tu ne devrais pas partir seul comme ça.

« Vous en faites toute une histoire, me balader sur ces quais ? Alors que la majeur partie de nos hommes sont entrain de faire la queue en pleine rue de la Soie ? »

Je comprenais le raisonnement de mes hommes, celui de Yohn plutôt que de Sorcha.

« Si y'a bien quelqu'un à surveiller ici c'est toi. »

Sifflais-je entre mes dents à Sorcha. Je faisais craquer ma nuque malaxant l'arrière de ma nuque avant de lui ordonner de me suivre.

« Suis moi, on va causer toi et moi. Yohn je te laisse le commandement. »

Yohn : Comme tu voudras Tyldr.

Mon cousin ne broncha pas il connaissait son rôle et il s'attelait aussitôt à la tâche. Tandis que moi je redescendait sur le quai duquel on pouvait voir l'immensité de la cité de Port-Réal.

« Vous êtes pas croyable... Je m'absente un moment et c'est la peur qui vous gagne... »

Fustigeais-je comme pour me légitimer et faire les reproches me dédouanant de mon imprudence.

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An 306, Lune 3, semaine 1, jour 3

Je roulais des yeux en entendant Sorcha me questionner sur l'artère la plus visitée de toute cette putain de citée. Et des putes ça oui il y en avait à Port-Réal. Je me gardais bien de lui répondre en pestant un claquement de langue entre mes dents à sa deuxième remarque.

« Je suis le capitaine oui. »

Et je n'avais rien d'autre à dire sur le sujet. L'œil mauvais que je portais à Sorcha et à Yohn n'inspirant qu'une forme d'orgueil bafoué par le simple fait qu'ils étaient avaient raison.

Yohn : Surveille le bien. Qu'il s'échappe pas cette fois.

Le cousin était d'humeur taquine m'arrachant un sourire mesquin levant ma main en signe de retour prochain.

« Il n'y a pas de risque sans danger. Je ne compte pas mourir aujourd'hui ni en vieille homme dans mon lit. » »

Une vérité à laquelle je m'étais persuadé durant toutes ces années. Ma lourde et imposante carcasse se frayant un chemin entre les silhouettes des passants.

« Depuis que je t'ai appris à parler t'arrêtes pas de l'ouvrir. »

Je m'arrêtais devant une échoppe ou pas mal de monde se réunissait dont certains habitués comme la plupart de nos hommes qui avaient été plutôt bon le gré malgré reçu.

« A boire pour moi et ce petit poulet qui caquette. »

Je souriais en riant de mes propres bêtises. Lui laissant un faciès avenant lui tendre une choppe de bière. Je m'empressais de trinquer avec celle-ci ébouriffant sa petite tête et plongeant mes lèvres et ma barbe dans la mousse bien fraîche.

« Ça fait partie de mon plan. Tu n'as pas à te soucier de ça enfin... J'espère ? »

Je la questionnais du regard me questionnant à mon tour moi et ma tête. Mes yeux roulant à nouveau en ricanant en me remémorant ce que j'avais vécu il y a encore à peine quelques heures maintenant.

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An 306, Lune 3, semaine 1, jour 3

Ne pas me mettre en danger c'était pas facile dans cet endroit. Port-Réal avait son lot de brigands et de malandrins. En revanche y'en avait pas des masses de suffisamment stupides ici pour se frotter à moi ou à nos gars.

« C'est rien qu'une rue t'inquiète pa... »

J'avais laissé mon œil gauche se frayer un chemin sur la difformité du gros lard qui venait de commettre une grave erreur. J'interposais mon bras gauche et ma main bousculant le torse de l'ivrogne pour le dégager.

« Retouches là une fois pour voir et je me sers de ta main pour te fourrer le cul comme une oie. »

Unique sommation, on était pas venu ici pour se foutre dans les emmerdes. J'avais à peine touché ma chope de bière que je m'apprêtais déjà à dégainer mon poignard pour le faire couiner.

« On se casse de là. Sorcha on retourne au navire. Sorcha ? »

Mes yeux à la pigmentation céruléenne se figeaient sur sa silhouette. Elle était dans un état second, similaire à celui d'une crise ou un truc qui me rappelait la sauvagerie de sa capture avant d'être prise au piège.

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An 306, Lune 3, semaine 1, jour 3

Je l'agrippais, la forçant à revenir vers moi. Je la sortait de cette espace ou déjà beaucoup trop de monde commençait à se rameuter et avec eux de sombres histoires. Il fallait se tirer de là. Elle se mit à hurler je tentais de la museler avec ma main mais bougre qu'elle était forte comme un bœuf celle là. Elle manqua de me bouffer complètement la main.

« Sorc.. Sorcha ! »

Je la tirais suffisamment loin à travers la foule, les passants et des curieux regardant ne s'arrêtant pas. Je ceinturais ses bras et sa taille, je la coinçais tant bien que mal tentant d'éviter ses dents cherchant à mordre la moindre parcelle de peau qui se trouvait sur son passage. C'est le cuir de mon armure qui prit un coup mordant mon épaule je manquais un jappement faisant rouler mes yeux et sentant bouillonner cette douleur lancinante.

« Hmr bon san... »

Mes yeux gonflés par le manque d'oxygène à comprimer sa silhouette contre mon torse mon visage virait rapidement écarlate avant que mes yeux transperçant cherche à capter le sien.

« Calme toi, calm... Shhhhh... shshsh... »

Je finissais par rejoindre une ruelle ou beaucoup moins de monde semblait s'aventurer. Je la plaquais contre le muret avant de pouvoir comprimer sa bouche de l'entièreté de ma paume. La large main calleuse de marin que j'arborais recouvrait presque l'entièreté de son visage.

« Shhhh Sorch... Shh c'est moi. Sorcha c'est moi c'es.. moi. »

Répétais-je encore inlassablement dans une voix qui se voulait entrecoupée par l'inspiration et l'expiration énergique cherchant à recouvrir un semblant souffle dans tout ce bordel.

On me tenait alors que je continuais de me débattre de toutes mes forces, je tentais des coups de pieds ou de tête, mais c’était comme une force supérieure qui me tenait, qui m’empêchait de tuer tout le monde ! Tous les hommes, tous ceux qui m’avaient fait du mal. Je continuais de me débattre alors qu’on m’entraînait dans un endroit calme. Je connaissais la voix qui parlait… Je la reconnaissais… Mais elle n’avait pas à être là… Pas dans la douleur. Je continuais de me débattre jusqu’à ce qu’une main ne me recouvre la bouche.

L’odeur.

Ce n’était pas l’odeur de transpiration des hommes. Non. Il sentait le sel, la mer, le cuir et le bois. Ce n’était pas les odeurs du mal. C’était tout l’inverse. Je sentis mon corps se raidir, non pas de douleur, mais presque de soulagement. J’entendais la voix de Tyldr… C’était presque lointain… Je retrouvais lentement mon corps alors qu’il continuait de me parler, Sorcha. C’était moi. Je n’étais plus là-bas… Je n’étais plus dans cette tente… Plus là-bas… Je desserrais les doigts que j’avais crispé autour du bras de Tyldr, celui dont la main couvrait ma bouche. J’obligeai mon corps à se détendre alors que la honte et la peur me laissaient un goût désagréable en bouche. Je m’obligeai à reprendre lentement une respiration en cillant plusieurs fois. Une ruelle… Il s’était écarté du monde. J’avalais ma salive alors que mes jambes tremblaient avec violence.

« Je… Je… Je suis désolée… »

Réussis-je à articuler en me cramponnant à Tyldr pour ne pas tomber.

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Un soupir de soulagement explosa sur mes lèvres. Mon regard transperçant fatigué par cette situation qui n'avait rien d'habituel. Non cela rappelait les pires instants durant lesquels j'avais bien cru me faire déchiqueter par sa mâchoire de teckel.

« Ça va allé shh... »

Je retirais lentement ma main de son visage mes yeux accompagnant son regard pour ne pas la lacher. Au sens figuré et littérale du terme, elle semblait avoir perdue beaucoup d'énergie dans cette affaire. Je la plaçais contre un baril pour qu'elle puisse se tenir par elle même me laissant à mon tour tombé contre le mur opposé mon ossature ne laissant plus aucun passage dans cette ruelle bien étroite.

Tu n'as pas à l'être. »

Expirais-je le souffle encore haletant. Mes yeux transpirant une certaine forme de fatigue après tout ce Bazard. L'arrière de ma tête tapant le mur en pierre je relevais mes yeux au ciel un court laps de temps avant de tirer les traits de mon faciès dans une grimace me rappelant subitement mon épaule. Une main apposée sur celle-ci comme pour vérifier qu'elle était encore en place.

« Est-ce que ça va ? »

Ça va aller… je ne savais pas… Le retour en arrière avait été si violent… Pour moi, pour le monde extérieur… Je ne savais pas si tout irait bien… Je laissais Tyldr me manipuler comme une petite poupée. Il me posa contre un tonneau… mais je me laissai juste glisser à même le sol, remontant mes genoux contre ma poitrine pour les étreindre de toutes mes forces. Machinalement, je me mis à me balancer tout doucement d’avant en arrière. Tyldr semblait être aussi fatigué que moi… Je ne le lâchais pas des yeux, il était mon phare dans la nuit et dans mes souvenirs… Est-ce que ça va ? Je baissai les yeux…

« J’étais… de… retour… Là-Bas. Dans la tente. Avec les soldats… Ils me faisaient mal… »

Expliquais-je lentement en le regardant. C’était difficile à expliquer tout ce qu’il s’était passé… Mon regard tomba sur son épaule. J’avais mal à la mâchoire…

« Je… Je t’ai mordu ? »

Ce n’était pas étonnant que je morde. Cela avait été mon moyen de défense pendant de longues années. Mordre et me débattre. Jusqu’à ce que les coups me fassent juste lâcher ou que je tombe juste à moitié dans les pommes pour qu’ils profitent de moi. Je restais à le regarder avant de reprendre, ma langue semblait retrouver les difficultés d’avant.

« C’est ton odeur… de la mer… et ta voix… qui m’a calmé… »

Fis-je tout doucement en serrant plus fort mes jambes contre moi.

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Je discernais ses propos vaguement. L'écho du souffle et de mes os encorne sous le choc et l'adrénaline de ce qui aurait pu finir en bain de sang dans ses ruelles bondées d'hommes et de charognards comme nous deux. Nous devions faire preuve de jugeotte, pour autant elle ne pouvait pas contrôler cet instinct de tueuse. L'atténuée au mieux.

« Ce n'est rien. »

Je souriais amèrement, oubliant déjà et mettant l'incident de côté. Il manquait plus qu'elle culpabilise d'être une bête sauvage alors que c'était ce qui faisait d'elle un atout dans ma manche. J'étais imprévisible, on me décrivait même comme presque fou. Ce qu'il fallait retenir ici, c'était que je l'étais peut-être presque suffisamment pour garder confiance en elle et lui permettre de tenir debout sans chaînes ou enfermée dans une cale miteuse et sombre pour les mines de fer.

Oublions ça veux-tu ? Si tu peux marcher rendons nous au plus vite au navire. »

Je préférais ne pas trainer plus longtemps ici. Nous avions encore une longue route à faire et j'avais encore tant à accomplir.

« Tu dois les sortir de ta tête. »

Lui rétorquais-je un peu plus sévère. Ma barbe hirsute et mes lèvres laissant sortir le poison nécrosé que je captais dans la fatalité de son geste. Se recroqueviller comme un animal en chaîne, il n'y avait rien de plus avilissant que de se jeter du haut du ponton avec en poids l'équivalent d'une énorme pierre. Mon index tapota énergiquement ma tempe éveillant mes sens. J'avais de la colère contre ce qui venait de se produire. Pas contre elle ni contre eux même. Il y avait cette rage qui devait permettre à Sorcha de reprendre le contrôle d'elle même. Je croyais pas à l'effacement des cicatrices, des stigmates qui s'opéraient tout au long de notre chienne de vie. Je voulais qu'elle apprenne, à dompter cette fureur, à s'en saisir contre ceux qui viendraient ensuite. Son véritable ennemi serait celui que je lui désigne pas ceux qui opéraient dans son passé comme les fantômes vaporeux des traumatismes subis. Subir elle avait déjà fait, maintenant il s'agirait de d'agir.

« Cela ne doit pas devenir une faiblesse. Jamais tu m'entends ? »

J’observai son épaule qu’il se frottait. Avais-je causé des dégâts à mon capitaine ? J’avais un peu peur… Est-ce qu’il allait avoir peur de ce que je pourrais faire ? Est-ce qu’il allait me remettre dans la cage ? Je l’aurais bien mérité après tout. Et sans doute que pour les gardes, s’ils avaient été appelés, cela serait sans doute pour le mieux. Après tout, j’avais fait merder des tas de trucs en une demi-seconde. Oublier… Sans doute. Je hochais la tête en silence avant prendre appuie sur les tonneaux pour me redresser avec lenteur. Mes muscles protestaient allègrement.

« On peut rentrer à la maison. »

Oui, le bateau c’était comme une vraie maison pour moi. On disait que les fernés c’était des bêtes sauvages, mais ils étaient plus humains, plus sympathiques que ceux que j’avais croisé avant dans ma vie. Comment c’était possible que ce soit eux qui m’aient apporté confort, sécurité et apaisement ? On se demandait qui était le monstre, n’est-ce pas ? Les sortir de ma tête. J’observai Tyldr.

« La plupart du temps j’y arrive. Puis… parfois… y a des gestes… ça fait r’venir. »

Le reste du temps… sur le bateau, ce n’était pas un problème, c’était loin de moi, la plupart du temps, c’était juste un bruit de fond. Mais je ne voulais pas en souffrir non plus, je voulais l’expulser, mais surtout… Ne pas faire honte à Tyldr. Je gardais mon regard sur lui. Ne pas devenir une faiblesse… Je hochais la tête.

« J’te le promets. J’serais jamais faible. »

La colère c’était autre chose… Elle me rendait monstrueuse, animal. Pas que j’avais fonte de ça, mais je ne voulais pas blesser Tyldr, pas blesser ceux à qui je tenais. J’observai la sortie de la ruelle.

« J’ai tout gâché ? T’crosi qu’ils ont prév’nue la garde ? »

Il serait peut-être obligé de me punir, ce que je comprendrais.

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