[Les Météores] Visite aux Météores | PV Elia Dayne

Visite aux Météores

feat Elia Dayne

Edmund passait la porte de sa cabine pour rejoindre le pont où ses hommes étaient en train de s’affairer. Les Météores étaient en vue. Le Prince de Dorne était en visite dans les maisons du Dorne, il avait pu se rendre chez les Forrest et les Noirmont, il ne lui restait plus que la maison Dayne pour boucler son voyage.

Personne n’avait été dupe, Edmund ne s’était pas seulement déplacé pour de simples politesses, même si ses relations avec les maisons du nord en avaient bien besoin, mais pour constater de ses propres yeux l’avancement des réparations des défenses à leur frontière. Il avait bien l’intention de finir cette tâche au plus vite et il n’était pas venu seul. Son maître des comptes était en ce moment même en pleine discussion avec deux bâtisseurs qui avaient pu estimer le travail restant, et à en juger par la tête de son argentier cela allait encore lui coûter une fortune.

Les deux pieds vissés à l’avant de l'embarcation, il observait au loin les hauteurs de la forteresse. Ce n’était pas la première fois qu’il posait les yeux sur l’ile, il l’avait déjà eu l’occasion de l’observer depuis la côte. En revanche, il s'agirait de la première fois qu’il y posera le pied. C’était l'endroit rêvé pour y construire une forteresse, la quantité de travail requise pour un tel exploit était gigantesque. Les bâtiments en pierre blanche continuaient de manière parfaite de l'île sous ses fondations, il appréciait ce qu’il était en train de voir.

D’un pas silencieux, Erena sa sœur s’était approchée de lui comme à son habitude depuis qu’elle avait pris son rôle d’espionne et de protectrice. Il était pour le moment très satisfait de son travail, mais la trouvait trop téméraire encore, tout ça était un jeu pour elle. Un jeu pour lequel perdre sa vie était plus que simple.

Alors ? Demanda-t-il d’un ton calme.

Les maisons Dayne, Noirmont et Forrest ne te sont pas loyales, mais sont assez calmes pour que tu aies ta chance de les convaincre. Pour le moment, aucune voix ne s’élève plus que les autres, Elia Dayne reste à la tête de cette alliance. Ne t’éternise pas ici et tu ne courras aucun risque. Répondit-elle d’un ton assuré.

Edmund, les yeux toujours fixés sur les Météores, expira longuement, vidant l’air de tous ses poumons.

Tu vas le faire ? Demanda Erena. Il pouvait percevoir une légère inquiétude dans son intonation.


Je ne sais pas encore, cela fait un moment que je n’ai pas pu m’entretenir en tête à tête avec Lady Dayne, je crois que ça remonte avant la trahison des Aspics. J’aviserai une fois sur place.

Et Imeah ? Demanda-t-elle sourire aux lèvres. Edmund était agacé par cette question.

Elle ne sait pas. Mais elle n’est pas sotte, il était déjà compliqué que je l’épouse en tant que seigneur de Salrivage, mais j’aurai peut-être enfreint la règle pour elle. Désormais, en tant que Prince de Dorne, je ne peux me le permettre... Elle comprendra.

Il avait soigneusement évité le sujet avec son amante et avait même réduit ses fréquentations avec elle depuis qu’il s’était décidé à envisager une union avec la Dame des Météores. Il avait besoin de son soutien pour s’assurer la loyauté des maisons du nord et elle avait besoin d’une union pour assurer la survie de sa lignée. Le seigneur Gargalen avait déjà réfléchi à son arrangement. Leur premier héritier fera partie de la branche Gargalen de Lancehélion et deviendra Prince de Dorne. Le second quant à lui héritera du nom Dayne et prendra la place de seigneur de Dayne après Elia. La proposition risquait d’attirer l’attention de l’épée du matin.

La coque du bateau s’entrechoqua avec le quai, plus que quelques minutes et ils seraient prêts à débarquer, les marins se déplaçaient dans tous les sens, déroulant des cordes et coulant des nœuds. La passerelle fut déployée et se fixa sur les planches de bois, les gardes Gargalen descendirent de l’embarcation suivi d’Edmund.

Le Prince de Dorne était arrivé aux Météores.

Visite aux Météores

feat Elia Dayne 

Elle se souvenait encore de la première fois où elle avait vu le château des Météores. À l'époque, sa tante Allyria bien qu'elle ne savait pas qu'elle était sa tante à cette époque, était encore régente pour le compte de son cousin Edric. Les Aspics n'étaient pas entrés dans la demeure, mais elles l'avaient pointé du doigt tout en lui racontant la légende entourant la famille Dayne et son épée légendaire. Elle se souvenait de cette vieille histoire que l'on racontait à leur sujet ; le premier Dayne aurait découvert cet endroit en suivant le trajet d'une étoile filante comme si les dieux avaient voulu que cette famille ait ce territoire. Elle avait observé ce château aux murs blancs que le soleil rendait brillant en se demandant ce que cela faisait d'avoir une telle demeure et d'être l'héritier de tant de légendes. L'intérieur du château était encore plus beau à son sens, avec ses pièces richement décorées aux fresques dorées. Ce qu'elle aimait, c'étaient les balcons d'où elle pouvait observer la mer de Dorne et les nombreuses cascades qui encerclaient la demeure. Là, à l'aube, seul le bruit des vagues lui tenaient compagnie. La vue était alors spectaculaire ; les éclats dorés du soleil perçaient à l'horizon donnant aux vagues des reflets dorés se reflétant sur le palais comme un miroir. Elle adorait les Météores bien que ce château soit aussi le lieu où était morte sa mère. 

Combien de fois s'était-elle placé en haut de la tour Sabrecaux tout en observant la mer s'écraser contre les murs en contrebas en imaginant ce qu'avait dû ressentir sa mère pour avoir le courage de sauter. Elle imaginait le désespoir qui avait dû être le sien, elle avait cauchemardé sur la vision de son corps s'écrasant en contre-bas, emporté par les flots sur le fond d'un bébé criant et hurlant dans les bras d'un Ned Stark désemparé. Elle n'en voulait pas à cet oncle qu'elle n'avait jamais connu d'avoir fait ce qu'il avait fait. Il avait lui aussi un membre de sa famille à protéger d'un plus grand péril, mais elle aurait voulu être autre chose qu'une couverture pour la naissance de Jon, elle aurait aimé recevoir une lettre de sa part lui demandant comment elle se portait dans l'orphelinat où il l'avait laissé après tout elle aussi était sa nièce. Combien de fois s'était-elle demandée comment aurait été sa vie si la vérité avait éclaté plus tôt ? Aurait-elle été dans le Nord de Westeros auprès de ses cousins et cousines ou est-ce qu'elle serait devenue une véritable dame Dornienne avec toute l'éducation qui aurait dû être la sienne ? Seuls les dieux devaient le savoir. Elle avait appris auprès des Martell tout ce qu'elle savait aujourd'hui. Elle posa son regard une nouvelle fois sur les embarcations qui arrivaient au port des Météores, observant le nouveau prince de Dorne avec sa sœur. 

« Préparez le grand salon à recevoir le Prince.» Lança-t-elle aux servantes qui la regardait en attendant son ordre. 

Elle fit un geste aux gardes qui étaient présents pour leur indiquer de venir avec elle accueillir le prince, ils hochèrent simplement la tête. Tout en allant aux écuries préparer son cheval, elle se demanda si elle devait emmener avec elle l'épée Aube, mais se ravisa après tout, elle ne devait être en sortie qu'en cas de combat. Elle n'était pas un objet d'apparat, mais bien un instrument de guerre et ne devait jamais perdre cette fonction. Elle mit pied à l'étriller et monta sur la selle. Elle haussa un sourcil à l'intention de ses gardes, la compétition allait reprendre ; c'était presque devenu une habitude, qui atteindrait le premier en bas de l'île ? Elle aimait se dire que c'était elle qui se gagnait le plus souvent, mais c'était le plus souvent aléatoire. Elle talonna son cheval qui partit au grand galop suivit des hennissements des deux autres gardes qui essayaient de la rattraper. Sautant au-dessus des troncs d'arbres, ses cheveux libres au vent qui s'écrasait contre son visage, elle était véritablement dans son élément. À cheval à cet instant avec seulement la mer à l'horizon, elle avait l'impression d'être totalement libre. Elle jeta un regard en arrière pour voir où étaient ses gardes qui la talonnaient, légèrement en retard. Elle donna une dernière accélération à son cheval avant de ralentir progressivement tournant son cheval pour observer ses gardes tout en affichant un sourire victorieux. Elle se tourna enfin vers le cortège du prince, trottant vers eux. 

Une fois proche, elle descendit de son cheval, sa robe aux couleurs de sa maison glissant comme une vague derrière elle. Elle tendit les reines à un de ses gardes qui était lui aussi descendu de cheval et s'approcha du petit cortège. Elle s'inclina légèrement face à son prince, un sourire poli au visage et observa la sœur de celui-ci, ne lui adressant qu'un léger hochement de tête. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu Edmund de près, elle se souvenait encore de l'adolescent qu'il avait été ; essayant de racheter sa conduite auprès de son père après avoir évité trop longtemps ses responsabilités. Elle avait été très jeune à ce moment-là, mais elle se souvenait de tout ça et de son départ avec les Martell. Elle était restée à Dorne pour protéger le reste de la famille. Elle se souvenait aussi de son appel aux maisons du Nord pour repousser les Dothrakis où elle avait été l'une des seules à répondre favorablement. Puis elle l'avait revu au Grand Concile bien qu'ils n'aient pas particulièrement échangés ce jour-là. Quant au couronnement, elle s'était contentée d'envoyer quelqu'un pour la représenter, prétextant des affaires urgentes. Si elle n'appréciait pas qu'il ait pris la place des Martell à la tête de Dorne, elle avait néanmoins un certain respect pour le soldat qu'il était.


« Votre Altesse, bienvenu aux Météores, j'espère que le voyage a été agréable.» Elle jeta un regard aux autres membres de son assemblée et se rapprocha du prince « Suivez-moi jusqu'au château.» 

Edmund observa la dame des Météores descendre de sa monture, suivi des pans de sa tenue d’une couleur qui semblait parfaitement complémenter les nuances des pierres qui les entouraient. Le prince de Dorne s'inclina à son tour avant d’observer le visage de son interlocutrice. Il n’avait pas eu le temps de la voir lors du vote des familles Dornienne au vu de l’ambiance électrique qui y régnait, mais il n’avait plus rien à voir avec le visage d’adolescente qu’il avait pu croiser à Lancehélion des années plutôt. Elle ne devait rien avoir à envier aux autres femmes de cette île.

Merci pour l'accueil Lady Dayne, le voyage s’est bien passé et je compte bien profiter de cette dernière escale avant de retourner à Lancehélion.

Edmund emboîta le pas d’Elia et se saisit des rênes que lui tendait une des gardes de la maison hôte. Tous deux en selle, ils se mirent en route pour rejoindre la forteresse, suivis de leur escorte.

Lady Dayne, je suis attristé de ne pas vous avoir vu répondre favorablement à mon invitation à Lancehélion, j’espère que vos affaires urgentes ont eu un dénouement satisfaisant. Laissez-moi cependant réitérer mes vœux comme j’ai pu le faire aux autres seigneurs ce jour-là, maintenant que je vous ai à mes côtés. Cette position ne me relève pas de ma mission principale, je reste un serviteur de Dorne. Soyez-en assurée. Je dois sécurité et prospérité à l’ensemble de ses âmes. La région des sables revient de loin, la famine a pu être évitée et l'accès à l’eau est maintenant rétabli sur tout le territoire. J’ai désormais plus de temps et de ressources à consacrer aux maisons suzeraines, raison de ma venue aujourd’hui. Quoi qu’il advienne, mon objectif sera toujours la paix et l’union pour Dorne.

Les deux personnages avaient désormais atteint l’enceinte de la ville, attirant forcément l’attention sur eux. Edmund salua d’un signe de la main les quelques personnes qui les regardaient. Il savait qu’il n’avait pas le soutien des maisons, mais qu’en était-il du peuple en lui-même ? Il s’avait l'opinion plutôt favorable à l’est, mais le nord ayant été plus indépendant ces derniers mois ne devait pas partager cet avis. Il était bien déterminé à changer cela.

Arrivés devant la demeure de la Dame des Météores, Edmund et Elia posèrent le pied à terre. Tous deux donnant leurs rênes aux gardes assurant la sécurité de l’édifice. Le Prince de Dorne suivait son hôte en s’assurant d’être quelques pas derrière elle. Elia restait la maîtresse des lieux et il préférait redoubler d’efforts pour ne pas se montrer insultant d’une quelconque manière. Ils étaient suivis d’Erena, de son argentier, des deux bâtisseurs et de quatre garde princiers. Ils furent tous emmenés dans le grand salon préparé pour l’occasion où ils prirent tous place.

Edmund était le seul qui était resté debout, planté devant le fameux artefact de la famille Dayne : Aube, la fameuse épée forgée à partir d’une étoile tombée du ciel. Il n’en fallait pas plus pour créer une légende, surtout avec une arme d'un aspect aussi inhabituel. Le prince de Dorne avait peut-être des lacunes au niveau politique et de connaissance des maisons de Westeros. Mais dès lors qu’il s’agissait de récit légendaire, vous pouvez être assuré qu’il en connaissait les moindres détails.

Il savait qu’Elia l’avait utilisé lors de l’attaque dothraki, devenant ainsi l’Epée du Matin. Il ne saura jamais l’impact réel de cette défense sur sa propre bataille dans les sables, mais peut-être qu’il devait sa propre vie aux maisons du nord qui avaient fait partie de celles qui avaient subi le plus de pertes.

Lady Dayne, on m’a conté vos exploits au Nord. Je ne peux qu’imaginer l’honneur de défendre sa maison avec une telle relique. Cela doit être grisant. Dit-il en lui adressant un sourire.

Edmund restait un guerrier avant tout, c’était avec ce genre de choses qu’il résonnait le plus. Il en profita pour noter dans sa liste de tâches à accomplir de se trouver une relique à lui aussi pour la famille Gargalen et ses futurs héritiers.

Visite aux Météores

feat Elia Dayne 

L'air était doux, le soleil brillait sur les pierres blanches des Météores et pourtant l'ambiance n'aurait pas pu être plus pleine de sous-entendus. Elle n'avait pas répondu présent à sa cérémonie d'intronisation en tant que Prince de Dorne, elle avait préféré envoyée un membre de sa maison pour la représenter préférant prétexter des affaires urgentes et ce n'était pas un véritable mensonge ; elle avait lancé la reconstruction des ports faisant partie de son territoire et avait fait le tour de ses alliés ayant passé la moitié de ses journées à écrire des courriers à ses voisins afin de rétablir une bonne entente et des routes commerciales. Elle avait surtout dû leur rappeler qu'elle existait et qu'elle comptait bien peser dans l'échiquier politique des prochaines années. Heureusement, elle avait trouvé des maisons aux mêmes intérêts qu'elle et qui pensaient exactement la même chose qu'elle ; Edmund Gargalen n'était pas le vrai prince de Dorne, un prince de Dorne n'est pas nommé par un roi lointain, mais bien un conquérant qui sait imposer son autorité, une chose que le tout jeune prince ne savait pas encore faire et ne saurait peut-être jamais tant que sa légitimité ne serait pas assuré. Elle regarda devant elle un moment avant de répondre d'une voix posée, comme s'ils parlaient du bon et du mauvais temps. 

« Mon envoyé m'a effectivement rapporté vos voeux. Je souhaite également que Dorne redevienne la puissance qu'elle était jadis mais peut-on être fort et en paix quand on dépend d'une autre nation ? Une belle question pour les philosophes n'est-ce pas ?»

Elle jeta un regard éloquent au prince avant de le tourner vers son peuple. Elle adorait les gens qui habitaient aux Météores et elle avait conquis leurs cœurs en combattant, mettant en péril sa propre vie, pour que leurs terres ne soient pas envahies par des barbares. Les enfants qui croisaient la route du petit cortège la pointaient du doigt tout en faisant des petites révérences adorables auxquelles elle répondait par un hochement de tête et un grand sourire. Les habitants adultes lui souriaient à chaque fois qu'elle posait son regard sur eux et avait un air méfiant en observant le prince venir en ces terres. Elle savait que dans le Nord, le nouveau prince de Dorne ne bénéficiait pas d'une grande popularité. Ces interactions en étaient la preuve ; elle avait vu la liesse qui entourait la venue d'un Martell dans une terre, comme les gens auparavant mettaient les étendards de cette maison à leurs balcons et lançaient des fleurs parfois sur le passage de leurs chevaux. Ici, nulle musique ne résonnait dans les rues et aucune fleur ne parsemait leur chemin jusqu'au château. Elle aurait aimé dire que cela la déplaisait mais en vérité elle comprenait ses habitants. Elle n'encourageait pas ce genre de comportement, mais ne les empêchait pas. Il fallait que le Prince se confronte à la réalité, il était peut-être adulé dans le Sud, mais dans le Nord cela était une tout autre affaire en témoignait les nombreux corbeaux qu'elle avait reçu suite à son intronisation des maisons du Nord qui voulait monter une coalition. 

Elle descendit de selle d'un seul mouvement et emmena le petit cortège à l'intérieur des murs du château. Ses pas résonnaient dans les couloirs de la demeure ancestrale des Dayne alors qu'elle croisait le regard curieux des gardes présents. Le grand salon était l'une de ses pièces préférées ; des fresques dorées et argentées contaient la fondation de la maison Dayne et à chaque fois que le soleil se répercutait sur elles, elles brillaient comme la lame qu'elles mettaient en valeur. La théière était encore fumante donnant à la pièce une douce odeur et ses cuisinières avaient préparé des gâteaux au miel qu'elle savait délicieux puisque c'étaient ses préférés. Elle allait s'asseoir quand elle remarqua que le Prince était planté devant son épée ; Aube. Elle eut un léger rire et s'approcha d'Edmund pour observer son manche richement décoré et sa lame au blanc immaculé. Elle se souvenait de la sensation après l'avoir brandi pour la première fois ; comme la lame avait semblé être faite pour elle, comme elle avait été surpris de sa légèreté. Elle avait encore du mal à se dire qu'elle en était la porteuse. L'épée du Matin, le surnom l'avait toujours fait rire. Elle se savait pas assez douée pour être du niveau de son oncle Arthur et pourtant, elle voulait désespérément être aussi forte et agile que lui avec un tel instrument entre ses mains. 

« Grisant et remplie de responsabilités, comme toute chose dans la vie j'imagine.»


Elle lui fit signe de s'asseoir et leur servit à chacun une tasse de thé, enjoignant le petit cortège à se servir dans les délicatesses qui avaient été préparées pour eux. Elle les observa tous un à un tout en prenant une gorgée de son thé. Elle savait exactement ce qui retournait de cette visite. Edmund Gargalen cherchait des alliés et il n'est pas marié de ce fait, son mariage doit être purement politique. Il a donc besoin d'alliés du Nord et Elia est une candidate idéale pour ce poste ; descendante d'une lignée prestigieuse et importante de Dorne, cousine de deux souverains, et elle a acquérit le respect de la plupart des maisons du nord de Dorne dont elle est devenue la tête pensante après la bataille contre les Dothrakis. Le tout était de savoir dans quelle condition il voulait se marier avec elle. Après tout, elle devait assurer la descendance de sa propre maison avant tout. Elia avait déjà réfléchi à son mariage qui devait être politique et assez rapide pour que ses enfants puissent avoir des alliances avec d'autres maison afin de rendre sa maison encore plus puissante. Elle avait déjà pensé à la maison Ferboys par exemple pour renforcer son importance dans le Nord et surtout, être lié à une des maisons les plus riches de Dorne. Cependant être une Princesse de Dorne et ainsi s'assurer que le territoire redevienne indépendant, voilà une proposition alléchante. Elle posa sa tasse. 

« Bien que les vieilles histoires m'intéressent, je suis sûre que vous n'êtes pas venu jusqu'aux Météores pour me parler de vieilles légendes, Votre Altesse.»

Edmund s’installa sur une des places restantes et accepta avec plaisir la tasse de thé qui lui fut présentée. La table était recouverte de plats plus colorés les uns que les autres, dégageant des odeurs qui lui mettaient l’eau à la bouche. Cela faisait des semaines qu’il voyageait, la nourriture qu’il consommait pendant ce temps-là était certes correcte, mais ne pouvait pas rivaliser avec ce qui pouvait être fait dans une vraie cuisine. Chacune de ses haltes chez ses vassaux était une bénédiction pour laquelle il remerciait les dieux.

Le prince écouta Elia et finit de mâcher le délicieux petit gâteau avant de prendre la parole.

- Nous vous avez vu juste, je ne suis pas venu pour observer une lame aussi légendaire soit-elle. Je viens m'enquérir de l’état de nos défenses au nord de la région suite à l’invasion Dothrakis. Bien que je ne doutais pas que leur reconstruction fût déjà en cours et terminée à certains endroits. J’ai convaincu les maisons de l’est, beaucoup moins touchées au niveau de leurs infrastructures, de voter un budget pour venir en aide financièrement aux maisons du nord. Principalement, car cela concerne la sécurité de Dorne, mais l’idée de l’importance qu’a eu sur notre propre bataille votre résistance au nord commence à germer dans les esprits. Forcé de constater que les Météores n’ont pas été touchés, qu’en est-il du reste de votre territoire ?

Le prince écouta attentivement la réponse de la dame des Météore, sans même prendre le temps de boire du thé ou de toucher à une gourmandise. Il enjoignit ses bâtisseurs de faire au mieux, il n’était pas sûr qu’ils auraient le loisir de se rendre sur place comme ils avaient eu l’occasion chez les Noirmont et les Forrest. Il observa les deux hommes et l’argentier gratter sur leurs parchemins respectifs, se chuchotant dans les creux de leurs oreilles durant le discours d’Elia pour s’échanger des informations utilles à leur réflexion. Edmund vit le visage de son homme des comptes avec un air assez grave, la nouvelle n’allait sûrement pas être des plus plaisantes. Il sera obligé d’en discuter seul à seul avec lui, le sujet de la répartition de la somme n'ayant pas encore été abordé.

Une fois ce point réglé, tous échangèrent des banalités tout en se délectant de ce qu’il restait sur les plateaux. Edmund en profita pour se rapprocher d’Elia.

- Lady Dayne, j’aurai encore une affaire d’ordre privée à aborder avec vous. Y a-t-il un endroit où nous pouvons échanger à l’abri de regard ?

Il n’avait plus le choix, le second sujet de sa venue en ces lieux allait devoir être abordé.

Visite aux Météores

feat Elia Dayne 

La bataille. Un mot si simple et pourtant elle pouvait encore sentir tout ce qu'elle avait ressenti à l'époque. Peu de gens se rendait compte du geste absolument dangereux qu'elle avait accompli en brandissant cette épée. Elle aurait pu en mourir et la maison Dayne aurait pu être réduite à néant aussi rapidement qu'elle avait été rebâti dans les flammes. Si elle fermait les yeux, elle pouvait presque entendre nouveau son cœur battre la chamade, sentir le sang dans ses narines, la sueur collant son front. Elle avait fait ces preuves ce jour-là, prouvant qu'elle tenait plus d'un Arthur Dayne que d'un Stark, prouvant qu'elle était prête à donner sa vie pour sa patrie, un fait que n'oubliait désormais plus personne quand on s'adressait à elle. En étant honnête avec elle-même, elle pouvait dire que sa survie jusque-là relevait d'une chance effrontée ; elle n'avait pas les talents d'épéiste de son oncle et sa survie, elle ne la devait qu'aux dieux qui avaient veillé sur elle depuis son orphelinat dans la capitale Dornienne. Après être sortie de cette bataille, elle s'était promis de ne plus jamais laisser son destin aux dieux et de décider désormais de la trajectoire qu'allait prendre sa vie.

« Réservez votre aide à ceux qui en ont le plus besoin. Grâce aux dieux, mon territoire a été très largement épargné par cette horde de sauvages. Il reste bien sûr quelques murs à rebâtir dans l'Est des Météores malheureusement.»

Elle continua encore un instant à discuter avec les conseillers chargés de la reconstruction de Dorne d'Edmund tout en sirotant son thé. Elle pouvait voir leurs mines graves, leurs rides sur le front. Dorne avait été ravagée par ces étrangers, elle n'avait pas encore eu le loisir de rendre visite aux autres maisons alentours pour s'en rendre véritablement compte. Cela la désolait de voir Dorne réduite à ce niveau de mesure au point de voir des conseillers pincer les lèvres en voyant le montant des reconstructions. Dorne était à l'image de la tension politique en son territoire ; morcelée en plusieurs pièces qui se bâtaient les unes contre les autres. Elle jeta un regard à Edmund qui observait ses conseillers avec la même mine grave, au moins œuvrait-il pour quelque chose que tout le monde ne pouvait qu'approuver, mais que se passera-t-il quand il devra prendre des décisions bien plus difficiles à accepter par les autres maisons ? Sa légitimité ne tenait qu'à un fil de même que son pouvoir. À la demande du souverain, elle se leva et l'enjoignit à la suivre d'un geste de la main pour être plus isolés. Elle le mena à travers des escaliers en pierre blanche qu'elle monta sans dire un mot.

Ils arrivèrent dans une pièce richement décorée et dont la vue était à couper le souffle. Elle donnait sur les cascades qui se déversaient en torrent plus bas et dont le bruit remplissait la pièce comme une chanson dont la nature seule avait les paroles. Elle observa la cascade un instant avant de se tourner vers le prince de Dorne en face d'elle. Elle pouvait déjà deviner les mots se former sur ses lèvres, mais elle préféra ne rien dire sur ce qu'elle devinait déjà. Elle était sa solution pour avoir enfin le soutien des maisons du Nord. Elle avait déjà reçu des demandes en mariage d'autres maisons dorniennes, mais elle avait attendu patiemment que le prince arrive dans ses filets une fois qu'il se rendrait compte de son importance politique. Si cela n'avait pas été le cas, elle se serait alliée avec une autre maison du Nord et aurait sûrement pris le pouvoir d'une manière moins pacifique.

« Prince Edmund, j'imagine que l'affaire doit être urgente et importante pour être à l'abri des regards ? Parlez librement ici, les torrents derrière nous empêcheront quiconque essaye de nous écouter de le faire.»

Le Prince suivait son hôte dans les escaliers pour aller dans un endroit plus calme. Il avait été rassuré par le comportement sage d’Elia qui avait préféré de ne pas demander plus de ressources pour la reconstruction. Beaucoup auraient profité de cette occasion pour récupérer tout ce qui était possible, même si le meilleur calcul était effectivement de laisser le plus possible aux maisons frontalières avec l’Orage.

Les deux dorniens arrivèrent dans une nouvelle pièce du château aussi richement décorée que tout ce qu’Edmund avait pu voir jusque-là. Mais il fut cependant surpris de découvrir une cascade qui s’écoulait à quelques mètres d’une des fenêtres, emplissant la pièce de ce doux bruit d’eau. Les futurs époux observèrent quelques secondes l’eau s’écouler sans prononcer un seul mot avant que la Dayne ne se tourne vers le Gargalen. Le prince trouvait la mise en scène d’un certain goût, à la limite du romantisme même. Était-ce l’intention de la maîtresse des lieux depuis le départ ? Edmund écouta Elia et acquiesça d’un signe de la tête.

- Disons que l’affaire est plus importante qu’urgente. J’espère que comme mes actions le montrent et continueront de le montrer, je souhaite l’unification de notre région et la prospérité pour toutes ses âmes. Le nord étant la zone la plus reculée par rapport à Lancehélion, il peut être parfois compliqué pour vous de faire entendre vos réclamations. C’est pour cela que je vous invite à rejoindre ma cour en tant que représentante de votre alliance...

Ça, c’était la partie facile.

- Et j’aimerais aussi que vous veniez défendre les intérêts de Dorne au-delà de nos frontières à mes côtés et en tant que princesse. Vous êtes la dernière de votre lignée et je suis le premier de la mienne, vous ai-je déjà dit que j'aimais bien les symboliques ? Les Gargalen sont certes une famille puissante, mais cela nous vient de notre économie, nous ne pouvons pas nous targuer d'une histoire millénaire comme la famille Dayne. Tout du moins pas encore… Dit-il avec un sourire.

Restait à aborder la question de leur succession, un sujet qu’il savait important pour la jeune femme.

- Pour la survie de votre nom, j’accepte que vous ne deveniez pas une Gargalen. Et une fois la continuité de lignée princière assurée, vous pourrez nommer notre second enfant comme héritier des Météores, afin de renforcer à votre tour votre lignée. Si les dieux le veulent et que nous sommes réellement prolifiques, d’autres de nos enfants pourront le ou la rejoindre. Je souhaite que le lien que nous créons soit celui qui unira Dorne pendant les prochains millénaires… Ne vous inquiétez pas, je vous laisse le temps de la réflexion. Dit-il toujours en fixant Elia du regard.

Visite aux Météores

feat Elia Dayne 

La cascade emplissait la pièce de sons. Elle ne savait juste pas si c'était son esprit ou véritablement l'eau qui faisait ce bruit. Elle savait bien entendu depuis longtemps l'objet de la visite du prince. Plus que la reconstruction, il cherchait des alliances et il en manquait cruellement dans le Nord de Dorne. Elle l'observa un instant, l'un en face de l'autre, deux faces d'une même pièce. Un peintre aurait sûrement trouvé la scène assez intéressante pour peindre. Deux inconnus qui allaient pourtant devoir s'allier pour le bien de Dorne. Elle pensa à cet instant à quel point ils étaient différents l'un de l'autre et pourtant semblables dans leur but. Elle se reconnaissait d'une certaine manière à lui, d'une manière que seuls les gens à l'héritage tragique peuvent se reconnaître en eux sûrement. Elle s'approcha un peu plus de lui pour l'observer encore un peu plus en détail. Elle devait s'habituer à cette présence inconnue à ses côtés pour Dorne. Ici, ils avaient l'air de deux amants qui se revoyaient enfin après un long voyage, laissant les conseillers de côté. Cependant, cette union serait purement politique.

« J'aime me prétendre héritière de cette histoire mais je n'en suis qu'un pion ignorant la plupart du temps. J'aurais aimé être bercée par les histoires de mes ancêtres mais ma mère m'a privé de ce droit ainsi j'ai décidé de créer mes propres berceuses, ma propre histoire, comme vous j'imagine.»

Elle se rapprocha une nouvelle fois, son cœur battant la chamade bien qu'elle ne le montrait pas. Voilà la proposition qui changerait toute sa vie et qui lui permettrait de jouer avec les grands de ce monde. Voilà un moyen pour elle de compter dans l'Histoire de Dorne et de devenir celle qui lui rendra sa gloire passée et sa puissance. En ces murs, comment réagissaient ses ancêtres ? Chantaient-ils ses louanges ou plutôt sa stupidité de vouloir accepter ? Elle n'avait jamais été de celle qui avait été religieuse, elle n'avait foi qu'en elle-même, car jamais les dieux ne lui avaient montré un jour leurs faveurs. Elle prit la main d'Edmund dans la sienne, sentant la chaleur de sa peau sous ses doigts délicats malgré sa peau crevassée à quelques endroits dû à sa pratique du combat en épée et ses entraînements qui avaient été assez brutaux. Elle n'était pas une lady de Westeros qui attendait qu'on la sauve en haut d'une tour. Elle était une dornienne, qui se battait elle-même pour ce qu'elle pensait être juste. Contrairement à elles, elle pouvait tenir l'épée et la couronne en même temps, mettre au monde des enfants sur le champs de bataille. Les dorniennes n'étaient pas des brebis, mais des lionnes.

De ce fait la scène qui aurait pu être romantique devenait quelque chose de beaucoup plus solennel. Elle devait s'habituer à toucher l'homme en face d'elle, elle devra apprendre à connaître les moindres centimètres de sa peau afin d'obtenir les héritiers dont sa maison avait tant besoin. Elle devait donner aux Dayne des descendants aussi forts que son oncle, des descendants possédant du sang royal, leur permettant par la suite de pouvoir toujours revendiquer le trône d'une manière ou d'une autre. Elle se mit enfin à sourire, un sourire sincère et répondit finalement à la demande en mariage du prince de Dorne :

« Je ne vais pas jouer l'ingénue mais être honnête, je vous attendais bien plus tôt, Edmund Gargalen. Les conditions sont parfaites, j'accepte donc de devenir votre femme et de devenir Princesse de Dorne.»

Edmund fut surpris par le rapprochement de la Dame des Météores, mais il n’en était certainement pas déçu. Elia acceptait son offre, elle deviendrait donc dans quelques lunes une authentique princesse de Dorne. Le prince était ravi, toute l'appréhension qu’il avait pu ramener en ces lieux avait disparue à l’écoute des mots de la jeune femme qui lui tenait la main. Le Gargalen esquissa même un sourire face au sarcasme d’Elia. Il aurait certainement dû venir plus tôt, mais il n’avait pas encore trouvé le juste milieu pour imposer sa direction dans ses tâches. Mais il apprenait et sa future venue à Port-Réal lui montrerait tous les progrès qu’il avait pu faire depuis sa dernière visite au Grand Concile.

Le prince amena la main de la future princesse à ses lèvres pour y déposer un baiser. Scellant ainsi leur promesse, plus de retours en arrière possible.

- Alors je vous remercie pour votre patiente Lady Dayne. Accompagnez-moi à Port-Réal pour le tournoi et annonçons à cette occasion nos fiançailles.

L’événement se déroulerait dans trois lunes, laissant tout le temps qu’Elia aurait souhaité pour rejoindre Edmund à Lancehélion. Mais elle ne l’entendait pas de cette oreille et comptait bien rejoindre le prince à la capitale dornienne dès que possible. Une nouvelle fois étonné par tant d’entrain, le Gargalen n’avait aucun argument à opposer à la volonté de sa fiancée et accepta. Il devait certainement rester des cabines de libres dans leur embarcation et quelques personnes de plus pour le voyage n’allait pas changer la donne. Vu l’heure, les marins avaient certainement déjà refait le stock de vivres.

- Entendu très chere, vous vous joindrez à nous pour le retour dans notre capitale. Je vous laisse aller préparer tout ce dont vous jugerez nécessaire pour votre future vie à Lancehélion. Nous mettrons les voiles au coucher du soleil.

La Lady Dayne raccompagna Edmund au reste de convives avant de s'éclipser dans ses appartements. Erena regardait son frère revenir vers elle avec un léger sourire lui indiquant que tout s’était bien déroulé. Le prince avait maintenant du temps à perdre, il aurait très certainement préféré visiter les lieux et découvrir tous les secrets que pouvait garder cet endroit, mais la vue de son argentier lui indiqua qu’il avait besoin de lui. Une nouvelle fois, Edmund n’était plus maître de sa vie.