Le sel dissout-il la neige ?

lune 4, semaine 3, jour 1 de l'an 306

Plus le temps de fuir. Je restais silencieuse. Plus le temps de fuir. Nous étions quinze, en me comptant. Rick me glissa un regard ainsi que sur sa chienne. Des archers et des hommes en armes. Je regardais ma troupe silencieusement en rajustant mon turban autour de mes cheveux pour bien les cacher. Il n’y avait pas beaucoup de solutions. Si nous résistions, cela serait un massacre sans nom. Je n’étais pas assez idiote pour croire que nous aurions une chance de gagner… Soit, essayons le calme. J'ordonnai à voix basse :

« Rassemblez-vous calmement. Nous n’avons pas le temps de fuir. Si l’opportunité se présente, filez, retrouvez les sauvageons, ils pourront sans doute nous aider. »

Il eut des hochements de tête et je signais à Rick de rejoindre Odda s’il le pouvait. Il inclina la tête alors que nous nous regroupions, aucun de nous n’avait véritablement d’arme. Mais en tout cas, nous attention les fernés, serrant dans nos mains les battons et armes basiques que nous avions. Est-ce qu’ils attaqueraient malgré une position défensive ? C’était des salopards, alors sans doute. Je repensais à la sensation de la viande de leur cœur dans ma bouche. Je le referais sans hésiter. Mais pour l’instant nous devions nous sortir de là… Rester calme et paisible, je gardais mon masque paisible sur ma peau.

LE SEL DISSOUT-IL LA NEIGE ?
AN 306, LUNE 4 SEMAINE 3, JOUR 1
La traque du groupe de nordiens semblait de plus en plus proche les fer-nés commençaient à comprendre les rudiments du terrain. Après tout ce temps à crapahuter dans la forêt il fallait bien que cela serve. Mordreau avait hâte que ça se termine pour autant cette tâche ingrate pouvait lui rapporter sans doute gros auprès de Lothar Salfalaise. Les hommes finirent par les repérer enfin, ils s'étaient regroupés sachant sans doute déjà qu'ils étaient pistés depuis plusieurs jours. Les directives restaient les mêmes, Les archers encerclant le groupe ennemi camouflés par la végétation tandis que les guerriers et Mordreau s'avanceraient pour jouer de distraction. Le grognement et le jappement des chiens fit écourter le temps de réflexion du gros insulaire qui se releva soupirant.

« Que celle qui s'appelle Orion s'vance ! On ne vous fera aucun mal. »

Mordreau sortait des buissons accompagnés des fer-nés ses mains en l'air faisant ce qu'il savait faire de mieux endormir les gens.

Ils avaient des chiens, Rick serra un peu plus fort la laisse de Muni et je restais très calme. Tout ce que j’espérais c’était qu’ils ne fassent pas de mal aux miens. Mon regard se posa sur leur chef. Ne pas leur faire de mal. Rick sera les dents et me signa discrètement de faire attention. Je lui rendis de veiller sur les notres. Je levai les mains, les montrant vides d’arme.

« Je suis Orion. »

C’était cela aussi, être cheffe, enfin c’était ma vision, protéger les autres pour éviter des bains de sang inutiles. De toute manière entre une quinzaine de fernés armé et mes propres hommes, je ne pouvais rien faire, cela serait un massacre. J’avançai de deux pas, ordonnant d’un geste à Rick de rester à sa place. Je restais face au gros ferné à l’observer.

« Que puis-je faire pour vous aider ? »

Nous n’avions rien fait de mal pourtant… Je gardais mes mains levées en soutenant son regard.

LE SEL DISSOUT-IL LA NEIGE ?
AN 306, LUNE 4 SEMAINE 3, JOUR 1
Mordreau sourit à l'apparition de la donzelle s'écartant même les mains bien en évidence. Voilà qui allait lui faciliter la tâche comme qui dirait.

« Ah en vl'à un bout d'femme courageuse. »

Mordreau lui souriait en regardant ses hommes s'en était presque trop facile. Alors tant qu'à faire autant jouer la comédie jusqu'au bout.

« Vous priez les anciens dieux c'est ça ? Vous savez que ces terres sont fer-nés maintenant non ? »

Mordreau s'avance un peu ses hommes emboitant le pas les mains sur leurs gardes pas de geste brusque avec la population c'était les ordres tant que cela pouvait être évité. Oh pire Mordreau n'aurait qu'à déplorer un fâcheux accident.

« L'seigneur Lothar serait très mécontent de l'apprendre. Tu vas nous suivre bien gentiment. »

Je restais silencieuse, courageuse ? Si on voulait. Je tournai la tête ver Rick qui signa à nouveau discrètement, il ne le sentait pas. J’inclinais légèrement la tête, j’étais d’accord avec lui. Un ferné qui sourit ce n’est jamais de bon augure. Je hochais la tête.

« Nous prions les anciens dieux pour la paix, en effet. J’ignorais que nous n’avions pas le droit de prier nos dieux et que seul le Noyé était toléré. Je pensais que nous avions le droit de prier encore nos dieux. Je n’ai jamais critiqué le Noyé. »

Ce qui était vrai, Les mains étaient sur les armes. Je tournai la tête vers les miens qui se resserraient les uns contre les autres. Le suivre ?

« Je n’ai aucun problème à vous suivre. Je suis responsable. Mes camarades ne sont responsables de rien, peuvent-ils partir ? Je ne comptais pas me battre, je n’en ai pas la carrure, et nous n’avons même pas d’armes. Je ne cherche que la paix à dire vrai. »

Je baissai les mains avant de tourner la tête vers Rick qui me fixait toujours, il n’aimait pas ce qu’il se passait. Pas du tout. Dans les plis de ma robe, je lui signais de filer rejoindre Odda dès qu’il le pourrait. Mais j’étais inquiète pour les miens. Je reviens vers le ferné.

« Pourrais-je connaître votre nom ? »

Je lui tendis mes mains pour qu’il puisse les attacher.

LE SEL DISSOUT-IL LA NEIGE ?
AN 306, LUNE 4 SEMAINE 3, JOUR 1
Mordreau s'arrêta subitement de sourire. Avait-il quelque chose à foutre de la paix qu'elle prônait avec sa bande ?

« Tu n'auras qu'à questionner le seigneur Lothar à c'sujet. »

Mordreau tendait la main vers elle une autre retenant ses hommes autour de lui l'accompagnant. Elle semblait plus intelligente que la plupart de ces comparses c'était déjà ça. Bon et maintenant ?

« Mordreau ma toute belle. »

Une expiration alléchante s'extirpant d'entre ses lèvres. Les femmes sous toutes leurs formes et coutures pouvaient faire l'affaire avec Mordreau il n'était pas difficile à ce sujet.

« Mettons nous en route maintenant. »

Mordreau. Je ne l'aimais pas du tout.on regard coula sur Rick qui me fit un petit signe avant de s'approcher lentement de moi pour me serrer brièvement contre lui, je lui offris un sourire puis une caresse à la chienne et il se permit de rajuster mon turban. Je reviens vers le ferné avant de m'avancer vers lui, je fixais sa main avant de la prendre avec délicatesse.

" Je vous suis. "

Ce n'était pas une bonne idée. Mais je n'en avais pas de meilleure pour l'instant. Au moins je protégeais les miens, ils avaient une destination après tout. Je signais à nouveau le nom d'Odda et Rick se mordit les joues alors que je m'éloignai sans me retourner.

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