Il était une fois dans une Taverne

J’enchaînai les tirs sous les ordres de Garp, les sourcils froncés par la concentration alors que je bougeai tout en enchaînant aussi vite que possible ordre et correction de position imposé par mon mentor. Flèche après flèches jusqu’à ce que je sente mes muscles brûler. Et après cela ? On continuait. Pourquoi s’arrêter ? Il fallait continuer. Encore et toujours sous les murailles de Myr. Garp finit par m’indiquer que c’était bon. J’étirai mes épaules douloureuses avant d’aller faire un brin de toilette, je collais tellement avec la sueur que cela en était presque indécent, et puis, depuis les arènes j’aimais particulièrement être propre. Quelques mauvais souvenirs. Une fois cela fait je revêtis un haut en cuir avec quelques plumes autour des épaules et des perles sombres Je portais mes protéges bras ainsi que mes deux grandes dagues à mon ceinturon et une autre attachée bien visible sur la cuisse de mon pantalon de cuir. Mon arc en pleine ville ne me servirait à rien. J’avais pourtant d’autres dagues cachées. Je m’approchai de Garp qui me tendit une coupe d’eau que je bus avec plaisir. Je me penchai pour embrasser sa joue.

« J’vais en ville Garp.
- Sois d’retour d’main matin Rouquinette. Ou tu regretteras d’être arrivée en r’tard pour l’entraînement. »

Je lui offris un clin d’œil avant de tourner les talons, faisant voltiger mes tresses dans mon dos. Myr… J’aimais bien moi cette ville ! Toute pleine de couleur et d’artiste. J’avais pris quelques pièces histoires de m’arrêter à une taverne boire quelques coups, peut-être admirer une pièce de théâtre ou écouter quelques morceaux et rentrer. En tout cas, j’avais une soirée de libre après une après-midi d’entraînement avec Garp. C’était toujours grisant pour moi d’avancer librement au milieu de la foule. J’avais quelques regards sur quelques cicatrices qu’on voyait sortir entre mes brassards et le haut sans manche. Mais ce n’était pas grave. Trois ans que j’étais libre… trois ans et pourtant j’avais toujours ce souffle de bonheur pur alors que je marchais sans peur au milieu de cette foule, que je n’avais pas à attendre pour profiter du soleil sur ma peau… Je n’attendais plus la moindre permission, je savourais le fruit de ce soleil, de cette liberté… Je déambulai avant de choisir, un peu au hasard une taverne. J’ouvris la porte, joyeusement, balançant mes cheveux tressés, par-dessus mon épaule avant de commander une bière et de regarder le monde et la pièce, appuyée contre le comptoir un sourire empli de fierté et de l’assurance que je pouvais avoir en moi.

il était une fois
dans une taverne

brynden & nesora

an 300, lune 2, semaine 3, jour 1

Ah, Myr ! C’était une bien belle cité, très agréable. Brynden avançait parmi la foule, la fendant sans peine de ses larges épaules. Même ici, là où les gens étaient habitués à voir des Dothrakis, il restait un homme imposant, d’une carrure hors normes. Il était bien loin de chez lui, et s’accoutumait sans peine au climat Essosi. D’un œil curieux, il observait les chevelures sombres et les teints olivâtres, et son regard appréciait les courbes voluptueuses des femmes. Sous les typiques soieries fluides de leurs robes, le roulement de leurs hanches était un vrai délice. Mais il sortait tout juste d’un bordel et, les bourses vides, il allait s’affairer à en dégarnir d’autres.

Il s’engagea au hasard d’une rue colorée, peut-être suivait-il une Myrienne au fessier attrayant, il ne savait pas trop, l’esprit ailleurs. La devanture d’une taverne attira son regard, il plissa les yeux pour tenter d’en traduire le nom mais abandonna bien vite. Son éducation lui avait permis d’accéder à la connaissance du haut valyrien, hélas, il était plutôt mauvais dans ce domaine. Alors parler le myrien… Son talent, à lui, c’était les armes. Il poussa la porte et grommela un bonjour avant de s’accouder au comptoir.

— Vin feu, parvint-il à articuler en myrien.

Le tenancier émit un rire qui fit tressauter sa panse rebondie, se moquant ouvertement du Westerosi qui ne parvenait pas à formuler une simple phrase. On le servit et le patron lui indiqua, avec ses doigts, le prix. Le fier ours posa quelques sous sur le comptoir et apporta son godet à ses lèvres. Après de longues secondes, du coin de l’œil, il vit une rouquine en armure s’accouder non loin de lui. Une guerrière, intéressant. Un sourire appréciateur coula sur ses lèvres. Il arqua les sourcils et lança, dans son haut valyrien mal maîtrisé :

— Femme qui guerre… C’est pas courant chez Westeros.

(c) DΛNDELION

Mon regard se posa sur l'homme venant d'entré et qui commanda un vin de feu. Alors soit il était déjà ivre, soit il avait une patate chaude dans la bouche, soit il venait de se manger un pain soit... Il ne venait pas d'ici. Je l'examinai avec soin d'un allé retour d'oeil avant de continuer à boire tranquillement jusqu'à ce qu'il se mette à me parler. Je souris lentement.

« Homme qui boit n'est pas rare quelque soit l'endroit. »

Dis-je calmement ce n'était pas grave si c'était rare. En tout cas il n'était pas d'ici ça se voyait et il l'avait confirmé m. Westeros. Je crois que j'avais déjà du accompagner une gamine venant de là bas avec Garp peu de temps après qu'on m'ait fait quitter les arènes de Meereen. Je me frottai légèrement le nez avant de m'appuyer de sorte à pouvoir le regarder sans tourner la tête.

« Je suis Nesora. Je viens de Meereen. »

Ce qui expliquait mon accent quand je parlais. Ah la compagnie dorée. Un merveilleux endroit où comme tout le monde venait de partout... On apprenait bien des langues. J'avais quelques vagues notions de Westerosi. Mais faudrait que je demande à Griff de me donner quelques cours de langues privé en plus. J'observai l'homme sans rien dire un instant, est-ce qu'il avait la politesse de donner son nom puisque j'avais donné le mien ? Ah les hommes et leur incorrection... Enfin à voir si celui-ci était poli !

« Tu viens d'où à Westeros ?»

Je ne connaissais presque rien à Westeros...

« Tu es un Hightower toi aussi ?»

Le nom de la gamine m'était brusquement revenu. Elle avait répondu à mes questions après tout ! Et je crois qu'il y avait là bas les Targaryen. Ou alors ils s'étaient fait rôtir ? Je ne savais plus. Mais il avait les cheveux bruns comme l'autre petite. Mais il avait une barbe. Et l'air de s'être prit une poutre sur le coin du visage bébé.

il était une fois
dans une taverne

brynden & nesora

an 300, lune 2, semaine 3, jour 1

Il dut réfléchir un peu avant de comprendre ce que disait la rouquine, mais laissa échapper un rire gras en faisant claquer son godet contre le comptoir. Brynden se resservit un peu en prenant le pichet de vin de feu. Il avait découvert ce breuvage ici, à Myr, et devait avouer en être friand. Le nectar était crémeux, doux sur la langue, et les arômes d’épices laissaient un arrière-goût poivré dans la bouche. L’ours tourna sa langue dans sa bouche, appréciateur. Puis écouta la jeune femme se présenter. Nesora de Meereen. C’était le genre de nom qu’il n’entendait pas tous les jours, de là où il venait. Chez lui, les femmes s’appelaient… Bah, elle s’appelaient pas des prénoms faciles à crier, ça suffisait bien !

— Brynden, dans Corneilla, répondit-il après de longues secondes de silence.

Il reprit une gorgée et tourna la tête pour observer les autres clients de la taverne. Voilà quelque chose qui ne changeait pas trop selon les cultures ! Dans un coin au fond de l’établissement, un groupe d’hommes jouait aux dés. Plus loin sur le comptoir, un Myrien ivre mort était affalé sur son propre bras. Puis au cœur du commerce, deux hommes, mercenaires ou soldats, avaient chacun une catin sur les genoux. Brynden se cura les dents d’un doigts négligeant puis retourna son regard vers la Meereenienne. Elle voulait faire causette.

Il s’esclaffa à sa question. Pas bien doué en politique, il ne connaissait pas toutes les maisons nobles. Mais les Hightower, c’était dur de passer à côté. Les péteux coqs de Villevieille étaient connus, et dans leur région d’origine, leur nom était sur toutes les lèvres. S’il avait été de ceux-là, des bien nés de Grand-Tour, son père l’aurait probablement déshérité depuis bien longtemps. S’il était bien un seigneur moins tolérant que Tytos Nerbosc, c’était Baelon Hightower… Ou Baelor ? Baelos ? Boarf, peu importait.

— Pas pute Hightower ! Nerbosc, corrigea-t-il dans un sourire.

Il rapporta sa coupe à ses lèvres avant de lancer un coup de menton dans la direction de Nesora.

— Tu guerre ? Mercenaire ?

(c) DΛNDELION

Brynden de Corneille... Corneillia ? Oh peu importe ! Ce n'était pas bien important de là où il venait, mais il ne portait pas réellement les Hightower dans son coeur. Je bus une nouvelle forgée de bière en hochant la tête. Un Nerbosc. Est-ce que c'était une famille puissante ? Riche sans doute puisqu'il était ici ! Je ne connaissais pas le prix des traversés. Moi j'étais juste une lame. J'inclinai la tête à sa remarque.

« On peut dire ça. Je suis de la Compagnie Dorée. Et avant ça, j'étais gladiateur. »

On me remplit ma chope aussitôt de bière. Autant pour la compagnie dorée que pour la gladiateur. J'étais jeune, mais j'avais le corps digne d'une viande à rôtir ! Enfin c'était autre chose. Je haussais les épaules.

« Tu connais la compagnie dorée ? »

Je savais pas à quel point on était connu hors de Westeros après tout. Peut être qu'on ne nous connaissait pas du tout, mais ici en essos oui après tout ! À lui de me le dire

« Tu es ici pour quoi faire ? À part le vin ! »

Je préférerais la bière même si c'était à petite dose.

il était une fois
dans une taverne

brynden & nesora

an 300, lune 2, semaine 3, jour 1

Ah, la Compagnie Dorée ! Il en avait entendu, des histoires à leur propos. Des combattants redoutables, d’après les dires. Il n’avait pas à pâlir de jalousie, on en racontait des belles sur lui aussi. L’histoire de son combat contre un ours avait fait le tour du Conflans, peut-être mêmes des Sept Couronnes, qui sait ! Ce qui l’intéressa plus, c’est le fait que la minette ait été gladiatrice. Ça c’était la classe. Il leva un pouce avec un sourire acéré, ne sachant pas comment dire qu’il aimait bien ce qu’il entendait en haut valyrien. Comme ce voyage était dépaysant.

— Je connais. Il y a beaucoup histoires. Et toi, tu connais Nerbosc ?

Il mangeait ses syllabes et son accent était si mauvais qu’on pouvait croire qu’il s’était fait casser la mâchoire peu de temps auparavant. Son frère Hoster aurait été bien meilleur que lui à cet exercice. La guerrière lui demanda ce qu’il faisait ici, et Brynden se prit à y réfléchir. C’est vrai, ça, qu’est-ce qu’il faisait vraiment ici ? Il devait avoir l’air d’un bel idiot. Tant pis.

— Le voyage !, répondit-il avec entrain. Puis il se pencha un peu vers elle, avec un air de confidence : Et les putes. Et fuir mon père, aussi.

Il rit à sa propre phrase. Si Tytos le voyait, il hurlerait sans doute à la mort ! Haha, ce serait bien sympa à voir. Brynden était friand de bien des plaisirs dans la vie, mais faire sortir son père de ses gonds, ça, ça relevait de la passion.

(c) DΛNDELION

Il semblait connaître ce qui me tira un sourire satisfait et heureux. J'étais malgré tout plus heureuse à la compagnie dorée que dans les arènes. Est-ce qu'il savait ce que c'était les arènes de Meereen ? Je ne savais pas. Les Nerbosc... Je secouais la tête.

« Je suis née esclave. Alors je n'ai pas d'éducation. »

Je n'avais pas honte d'être esclave. Ceux qui devraient avoir honte c'est ceux m'ayant rendu esclave. Puis il y a eu ma compagnie dorée. Et ça c'était autre chose ! Beaucoup plus amusant ! Surtout quand il s'agissait de pouvoir profiter du ciel.

« Les putes c'est partout pareil, à part à Lys. »

Et faire enrager son père... Nouveau concept. Je haussais les épaules.

« Pourquoi ça enrage ton père ? Parce que tu baises pas les bonnes femmes ?»

J'étais prête à parier que son père était le premier vêtu de cuir à se prendre des coups de cravache sur le cul et en redemander. Je frottais mon nez à nouveau. Je ne savais que dire mais en tout cas la vin rendait sa bouche pâteuse et sa diction aléatoire. Je plissais légèrement le nez

« T'as eu la mâchoire cassée ? Ou tu sais juste pas bien parler Valyrien ?»

La question méritée d'être posée. J'avais aucune idée de ce qui était poli ou non, mais j'étais libre alors je posais toutes les questions qui me passaient par la tête ce qui sembla faire sourire le tavernier qui se pencha un peu vers le Brynden pour l'observer quelques secondes avant de se redresser en entendant du grabuge et il me jeta un regard. Compris

« Bry Bry garde ma bière. »

Et ça commençait à se battre. Je t'irais trois couteaux de lancé qui sifflerent pour se ficher à quelques millimètres de membres des ivrognes.

« Les prochains c'est dans votre chair si vous me laissez pas boire en paix. »

Putain ! C'était pas vrai. Ils reprirent leur place et la serveuse me rendit mes couteau qui retournèrent à leur place et moi à la mienne.

« Toujours sortir couvert. »

Ça c'était depuis longtemps inscrit. De toute manière on était nu sans arme.

il était une fois
dans une taverne

brynden & nesora

an 300, lune 2, semaine 3, jour 1

Ah, esclave. Moche, ça. Brynden renifla pour toute réponse. Il avait beau être né noble, son éducation laissait à désirer. Mais ce n’était pas vraiment la faute de ses parents. Ils avaient tout tenté avec lui, de la douceur extrême aux torgnoles en passant par les supplications. Rien à faire. Brynden était une cause perdue, il aimait s’amuser, il aimait les filles, il aimait voyager, il aimait la bière… En revanche, il n’aimait pas les responsabilités. Et il était héritier d’une des plus grandes maisons du Conflans, hélas. Il rota en y pensant, agacé rien que de se rappeler de sa condition.

— Putes de Lys !

Il leva un pouce approbateur. Il y était passé, évidemment, c’était un passage obligatoire dans son voyage. Et il devait admettre que, lui qui avait connu beaucoup de filles, celles de Lys étaient bien au dessus. Elles étaient plus douces et – si on pouvait le dire – professionnelles. Ah, ça, il en avait rencontré, des putains désespérées qui avaient pensé qu’il les tirerait de leur condition en les épousant. Hé, fallait pas déconner, il n’était pas prêt de se marier. Et s’il devait le faire, ce ne serait pas avec une roturière. Pas qu’il ne les aimait pas, il aimait toutes les femmes – ou presque. Mais il était un Nerbosc, quoi qu’il en pense. Aux questions de Nesora, il rit grassement.

— Mon père connard d’honneur, répondit-il simplement.

Il ne savait pas comment expliquer, en haut valyrien, que son père était un homme trop honorable. D’ailleurs, il avait probablement confondu les mots « homme » et « connard », mais ça, il l’ignorait.

— J’aime pas étudier, ronfla-t-il. Mauvais valyrien.

Soudain, Nesora lui confia sa bière. Est-ce qu’elle venait de l’appeler… Brybry ? L’ours se redressa, interloqué, arquant les sourcils. Très bien, on ne la lui avait jamais faite, celle-là. Il regarda d’un œil distrait la jeune femme remettre à leur place plusieurs saoulards qui braillaient. Elle avait du cran, la petite ! Ce qu’elle lui dit ensuite le fit rire, il leva un peu le pied pour dévoiler sa botte, d’où dépassait une dague.

— Armé toujours, pas con !

(c) DΛNDELION

Visiblement, il aimait les femmes de Lys, j’eus un rire dans ma bière avant… de froncer les sourcils… Connard d’honneur… ? Qu’est-ce… Est-ce qu’il le soûlait avec son honneur… D’accord ? J’étais pas tout à fait sûre.

« D’accord. Moi il devait être un marin. »

Pour ce que j’en savais. Peut-être ma mère était une pute de lys ? Qu’est-ce que j’en savais ? Ce n’était pas important. Je n’avais pas de père ou de mère, j’avais eu un maître. Je plissai légèrement le nez, pensive avant de rire.

« Mauvais valyrien. D’accord, t’as besoin de cours de langue. »

J’eus un rire avant d’aller m’occuper des abrutis qui semblaient vouloir se battre. On allait se calmer tout de suite, je voulais boire paisiblement. J’eus un rire amusé en voyant son poignard dans sa botte. Je levai la chope vers lui :

« Bonne idée ! »

J’inclinai à nouveau la tête la tête sur le côté en l’observant, le Brybry… Qu’est-ce que je pouvais lui dire ?

« T’as visité quelle ville, Brybry ? Tu permets le Bybry ? Je trouve ça mieux que le Brynden. »

Je bus une nouvelle gorgée de bière avant de la poser un peu sur le bois taché du bar en rajustant légèrement mes poignards autour de moi.

« T’es parti depuis longtemps de… Euh… Corbeille ? Ta maison ? »

Je crois que c’était Corbeille le nom de sa maison ? Je n’en étais pas tout à fait sûre, mais on allait pas trop me le faire remarquer après tout !

Il était une fois dans une Taverne

Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne

Re: Il était une fois dans une Taverne