Olenna Florent - La dame de Rubriant

« Perceval rends-moi ça ! »

Son frère s'amusait tout le temps à lui prendre ses livres pour la forcer à lui courir après. Elle finissait inlassablement par salir sa robe et sa mère se mettrait à la disputer tout en lançant un regard évoquant à son fils. Elle avait beau détester qu'on l'interrompe dans sa lecture, elle chérissait ses moments avec son frère aussi agaçant qu'il était. Son frère aîné leur manquait, il était parti en écuyage auprès d'un autre grand seigneur du Bief, il ne revenait pas souvent. Son père était très fier et en parlait souvent au dîner. Elle seule savait qu'il avait pleuré dans sa chambre avant son départ, elle seule savait qu'elle était venue le réconforter le faisant rire. Elle lui avait demandé pourquoi il partait et il avait répondu vouloir être chevalier. Naïvement, elle lui avait promis qu'il serait aussi bon combattant qu'Arthur Dayne et il avait tout simplement rit en lui ébouriffant les cheveux. Elle avait aussi beaucoup pleuré, en privé pour ne pas plus attrister ses parents et son frère. Il était son meilleur ami après tout. Secouant la tête pour chasser ces pensées, elle courut à travers les jardins de Boisdoré pour rattraper son frère. Elle trébucha sur une branche dans le sol, tombant au sol dans un cri qui arrêta net son frère. Il se dépêcha d'être auprès d'elle et elle releva la tête, se saisit de son livre et lui frappa le visage avec celui-ci le faisant grogner de douleur et reculer. Comme prévu, sa robe fut salie par de la boue et comme prévu elle eut une remontrance de sa mère, mais son père lui, arborait un sourire amusé. C'était lui qui lui avait dit après tout qu'elle devait se défendre si elle était attaquée. Elle lui adressa un sourire à son tour exaspérant sa mère, mais faisant rire son père aux éclats. 



Son amitié avec Margaery Tyrell avait commencé des années plus tôt alors que toutes les deux assistaient à un tournois où son frère Loras avait volé le coeur de plus de filles que pouvait compter le Bief. La journée avait été trop chaude et Olenna en avait profité pour aller lire à l'orée d'un arbre dans les jardins magnifiques de Hautjardin. Maragery était alors seule et elles avaient parlées pendant des heures pendant que les autres regardaient le tournois. Elles s'étaient liées d'amitié, riant et se racontant les rumeurs du moment. Olenna pouvait dire avec certitude qu'elle faisait partie de ses plus grandes amies. C'était pour cela que le jour de son mariage avec Renly Baratheon, elle l'avait appelée pour qu'elle la coiffe et l'habille pour aller devant les Dieux. Olenna passa une nouvelle fois une main dans la chevelure châtaine de son amie tout en l'observant dans le miroir en face d'elle. On pouvait croire Margaery pleine de vanité et ne rêvant, comme la majorité du Bief que du grand amour, mais Olenna savait qu'il n'y avait qu'un seul grand amour dans la vie de Margaery Tyrell ; le pouvoir. Elle avait appris à ne pas ignorer cette partie de son amie, il était normal après tout vu sa position qu'elle veuille s'en saisir maintenant que les cartes n'étaient pas encore toutes jetées dans Westeros. Elle lui adressa un sourire et finit par lui dire d'un ton dont on pouvait percevoir toute l'affection qu'elle lui portait :

« Félicitations Margaery, jamais Westeros n'aura connu une reine aussi brillante. »



Chère Olenna, 


Je ne te ferais pas l'affront de te demander de devenir une de mes dames de compagnie encore une fois. Tu as déjà refusé par deux fois et je te comprend. Port-Réal est une ville mossade face à notre Bief et à Hautjardin. L'atmosphère y est bien moins lourde et le parfum des roses y est moins piquant.


(...)


J'ai cru entendre que ton père t'avais mariée à Alekyne Florent. Comme tu me l'as demandé j'ai intercedé en leur faveur, ils ont pu récupérer leurs terres et éviter une guerre inutile entre la Couronne et une coalition Rowan/Florent. Je te souhaite tout le bonheur du monde avec ton futur mari. Tiens moi au courant des préparatifs.

Bien à toi, 
Margaery Tyrell. 




« Nous ne plierons le genoux pour aucune d'entre elles dans ce cas. »

Olenna posa sa tasse sur la table tout en observant son mari à l'autre bout de la table. Les Lannister ont pillé Hautjardin et tué la dernière représentante des Tyrell, mais en plus de cela, Cersei avait organisé l'assassinat de toute la maison Tyrell avant ça et elle ne pourrait jamais lui pardonner. De l'autre côté, l'héritière d'un roi fou qui a brûlé Lord Tarly et son héritier sans un haussement de sourcils. Le mieux était donc de ne pas choisir et de laisser l'Histoire suivre son compte. Elle posa son regard sur son mari qui la regardait aussi. Elle aimait qu'il l'inclue dans ce genre de décisions et qu'il se confie à elle. Elle savait que la plupart des femmes dans un mariage n'étaient pas considérées comme un allié politique, mais comme une mère pondeuse. Elle lui en était profondément reconnaissante. Elle posa son regard sur leur fils dont elle pouvait voir les cheveux noirs devenir de plus en plus longs à mesure qu'il prenait en âge. Il n'y avait qu'une chose qui comptait en ce moment ; la sécurité de ce petit être et une guerre pourrait mettre en danger cette sécurité. Si elle n'avait pas été mère, elle aurait probablement foncé pour ces intrigues politiques qui s'annonçaient passionnantes et pouvaient signifier une élévation de rang pour sa famille mais elle devait penser à d'autres personnes désormais. Il n'y avait pas que son fils mais aussi son mari qu'elle ne voulait pas voir embarquer pour une guerre dont l'issue pouvait être mortelle.