Avant que le serin ne tombe | Ireyne Rowan

Aelinor avait fait installer une petite table dans un petit coin entre les lilas et les saules pleureurs qui bordaient le petit étang au bas bout des jardins. Elle adorait ce lieu, mais elle adorait de nombreux lieux à Hautjardin, elle y avait passé quelques temps de ci-de là dans son enfance, et depuis qu’elle y était revenue, elle découvrait le château et ses magnifiques espaces verts avec délectation. Le jardin à la Bieffoise, taillés au cordeau de buis et de parterres de fleurs aux couleurs chatoyantes, la roseraie, l’allée de lauriers roses à l’abri des regards et ici, après le canal, un style plus sauvage que d’aucun nommerait riverain. Des lignes courbes, des arbres, des buissons, des fleurs, le tout dans un ensemble harmonieux qui empruntait à la nature sa beauté presque indomptée. Les nénuphars en fleur sur l’étang et le croassement des grenouilles ajoutait encore à la poésie du soleil déclinant de cette fin d’après-midi.


Posés sur la table en fer blanc, une nappe immaculée, du thé chaud, des biscuits, des fruits, du fromage, des petits cakes, deux assiettes, des couverts et tout ce qu’il fallait pour un gouter entre deux cousines. Aelinor attendait son invitée en flânant au milieu des lilas en se laissant enivrer par le parfum des fleurs. Lorsque Ireyne arriva, Creighton se racla la gorge pour rappeler sa Dame à la réalité et il s’inclina profondément. La Hightower se détourna des fleurs pour faire face à la Du Rouvre.

__ Lady Rowan, comment allez-vous aujourd'hui ? Vous avez trouvé facilement ?


La brune aux yeux azur s’approcha de celle qui avait également été une suivante de Margaery Tyrell à Port-Real. elle portait une robe de lin vert clair brodée d’argent et une sur-robe de velours vert sombre aux larges manches doublée de brocart argenté au col en V ourlé de fourrure brune et fermé devant par une large ceinture de galon argenté avec des tours et une boucle en argent ciselé de motifs floraux.

__ J’espère que mon invitation ne vous a pas semblé trop cavalière. Mais nous n’avons même pas eu l’occasion de nous parler depuis que Lord Cendregué et moi même vous avons accueilli à Hautjardin. J’avais hâte de parler avec vous du bon vieux temps et également de vous féliciter pour votre mariage.


Souriant, la jouvencelle proposa à sa cousine de prendre place désignant une des deux chaises disposées autour de la table et s’assit bientôt elle-même. Un jeune serviteur jusqu’ici silencieux et aussi immobile qu’une statue leur servit une tasse de thé avant de reculer d’un pas.

__ Les jardins de Port-Real ne vaudront jamais l'œuvre des Jardiniers, n’est-ce pas ?


Fit elle en embrassant le paysage du regard et en désignant leur environnement d’un large geste de la main.