[Hautjardin] Négociations à Hautjardin

303, Lune 8, Semaine 3, Jour 6, Hautjardin

Suite à l'écrasement de la rébellion dans le Bief par Bronn La Néra et à la disparition des Cuy et des Bulwer, Baelor Hightower demanda une audience auprès du suzerain du Bief. Il avait envoyé une unité sous le commandement de Ser Humphrey, son frère pour extirper Mestre Lomys de Hautjardin avant que la forteresse ne soit prise par les Peake et il avait rassemblé les maigres troupes dont il disposait sans délais pour aider Bronn.

Bronn but une longue gorgée de vin, trinquant ensuite, "à la santé des Romberd", riaient-ils avec Bennar. Le suzerain du Bief savait bien ce qu'il faisait en anoblissant un coupe-jarrets pareil. Ils étaient faits du même bois, issus du même milieu, et Bronn avait bien l'intention d'envoyer un message fort à ses sujets : il était leur seigneur désormais, et quiconque défierait son autorité se verrait prendre son fief, ses titres et sa vie, à l'image de ces couards de Peake. Ils ne pouvaient l'ignorer. Ils ne pouvaient nier sa supériorité.

Il avait léché le cul doré des Lannister pendant des années et avait mérité sa récompense, nul ne se mettrait plus en travers de son chemin. Mais il lui fallait affirmer un peu plus son autorité et sa position par le jeu des alliances. Mestre Lomys, qui le conseillait, disait bien des choses futiles. Mais au milieu de ses conseils tombés dans l'oreille d'un sourd, Bronn avait bien retenu une chose : la force seule faisait les tyrans, et nul n'aimait ceux-ci. Bien obligé, et malgré l'ennui que cela lui procurait, Bronn accepta de rencontrer Baelor Hightower. Celui-ci souhaitait le voir et l'avait aidé à reprendre Hautjardin, après tout, il méritait bien d'être écouté quelques minutes. Quand on toqua à la porte pour annoncer au Gouverneur du Sud que son invité était arrivé, il congédia Bennar et fit entrer Baelor.

- Lord Hightower, le salua-t-il d'une voix étonnamment enjouée, trop peut-être pour quiconque était issu de la noblesse.

- Lord La Néra, merci d'avoir accepté de me voir.

Fit le gouverneur de Villevieille avec une révérence respectueuse sans être trop basse.

- Je me doute que vous préféreriez fêter votre victoire plutôt que de passer du temps en pourparler, mais Noircouronne et Tournesol ne peuvent rester à l'abandon. Alors permettez moi de ne pas vous faire perdre de temps en étant direct : je souhaiterais que mon frère, Ser Humphrey et mon beau frère, Ser Cupps en soient fieffés afin de gérer ses terres comme il se doit, de consolider leur loyauté envers vous et de nous prémunir d'une attaque de Villevieille par les Fer-Nés notamment.

Bronn arqua un sourcil amusé, il se rassit dans son fauteuil et se resservit un verre. Il en proposa à lord Baelor d'un regard tout en l'écoutant, puis un sourire acéré prit place sur ses lèvres.

- C'étaient vos vassaux, c'est ça ? Sans rancune !

Il rit avant de reprendre.

- C'est une proposition bien généreuse que vous me faites, vous m'évitez d'envoyer mes propres hommes là-bas... Mais ce serait aussi bien arrangeant pour vous. Une maisonnée, trois fiefs... La belle vie!

Il prit une grande lampée de vin.

- Je pourrais être disposé à accepter, mais j'ai moi-même besoin de consolider la loyauté de mes vassaux envers moi... Vous comprendriez sans doute si je vous demandais quelque chose en échange, n'est-ce pas ?

Baelor accepta le verre d'un hochement de tête.

- Oui, sans rancune aucune, je les aurais tués moi même pour une telle trahison si j'avais eut des troupes suffisantes. Il est vrai que cela nous arrangerait, mais Noircouronne et Tournesol, avant d'appartenir au Bief, faisaient partie du royaume de Villevieille. Bien sûr, j'avais songé à envoyer des troupes à Stelleépique pour aider Lord Bennar à pacifier la zone.

Baelor but à son tour

Bronn termina sa coupe pendant que Baelor parlait, puis s'esclaffa quand il avait terminé. Il se frappa le poing contre la poitrine en riant.

- Ah ouais, le royaume de Villevieille !

Il n'en connaissait même pas l'existence.

- Mais ce royaume... Il n'existe plus, je me trompe ? Celui qui fut roi de Villevieille, il a bien ployé le genou devant le roi du Bief, non ?

Il s'affala dans son fauteuil en se resservant du vin.

- Vous êtes trop aimable, je n'en demandais pas tant. Mais Bennar est un  bon gars, un bon soldat, et je lui fais entièrement confiance pour s'occuper de Stellepique. Mais dites-moi... Vous avez des filles, lord Baelor ?

- Pas exactement non, les rois Jardiniers se sont unis aux rois Hightower par le mariage. Mais vous avez raison, le Bief est depuis longtemps unifié, et vous savez combien nous tenons à ce qu'il le reste et à ce que les traditions perdurent. J'ai effectivement une fille, et vous la connaissez bien il me semble. C'est Lady Aelinor.

- C'est la même chose, au final, on se fiche pas mal de qui a écrit l'histoire, le passé est derrière nous après tout. Maintenant, 'reste à écrire l'avenir.

Il adressa un sourire acéré à lord Baelor. Ce qu'il allait lui dire ne lui plairait sans doute pas.

- Ah, ouais, Aelinor. Elle est aussi jolie que vous. Ce que je vous propose : je vous donne Tournesol et Noircouronne, mais à deux conditions. Pour unir le Bief, vous me donnerez votre fille en mariage, et l'autre ser... hum, Humfron, Humfrey ? Il épousera une femme de mon choix.

Fier de lui, Bronn but une gorgée de vin en attendant la réponse de Baelor.

Baelor, très calme fit mine de ne pas relever le manque de respect de l'histoire, et resta poli et souriant. Il n'en attendait pas moins d'un reitre sans foi ni loi et même si cette proposition de mariage l'ennuyait beaucoup, il pouvait s'y attendre. Il fit mine d'être surpris, pris au dépourvu, et répondit comme si Bronn avait dit une énormité, ce qui en un sens était le cas :

- Vous souhaitez vous marier ? Je pensais que ça n'était pas votre tasse de thé.

Bronn fut un peu déçu de sa réaction, sans mauvais jeu de mots, il s'attendait à voir Baelor monter dans les tours. Il sourit néanmoins à sa réponse et haussa les épaules.

- Y paraît que ce que je veux n'a pas d'importance. La prise de Hautjardin l'a prouvé, mon pouvoir dans le Bief est encore fragile et contesté. Vous pourriez m'aider à régler ce problème, en plus de retrouver un semblant de votre gloire passée... N'est-ce pas ce que vous voudriez pour votre maison ? Vous élever à nouveau ? Il faut dire que vous avez perdu beaucoup de votre superbe à la chute des Tyrell. Mais je pourrais tout aussi bien faire une proposition similaire à un autre seigneur...

- Je n'ai pas besoin de vous pour m’élever à nouveau, ni pour retrouver ma gloire, parce que nous ne l'avons jamais perdue. Les Tyrell sont une chose, mais les Hightower n'ont jamais eut besoin de lécher les bottes d'un suzerain pour sortir leur épingle du jeu. Mais effectivement vous avez besoin de moi pour maintenir la paix ici et je peux vous aider de bien des manières, notamment en convenant d'un mariage, mais pas deux parce que vous savez parfaitement qu'un seul mariage avec ma Maison vous vaudra plus de troupes et de bateaux qu'avec n'importe qui d'autre.  

Bronn sourit. Il avait visiblement piqué le seigneur de Villevieille, mais cela lui importait peu.

- Mais qui a dit que je voulais vos hommes et vos bateaux ? J'ai dit que vous pourriez m'aider, mais je peux trouver cette aide ailleurs, j'en suis certain. Ce n'est pas tous les jours que le Gouverneur du Sud et sire de Hautjardin vous propose non pas un, mais deux mariages.

- Ce n'est pas tous les jours que le Sire de Villevieille accepte de lier sa famille avec un plouc, je ne suis pas certain que d'autres maisons accepteraient. Mais vous savez quoi, puisque vous refusez ce que je vous offre, je vais vous laisser vous débrouiller avec les vassaux mécontents et vous pouvez en compter un de plus, moi. Au revoir Sire.

Lord Baelor tourna les talons

- A votre santé, lord Baelor !

Bronn but une nouvelle gorgée de vin. Il était visiblement plus doué pour se faire des amis parmi les Lannister que parmi ses propres vassaux.

Baelor s'arrêta un instant et se retourna avec un sourire mauvais.

- Oh et avant de choisir le Seigneur que vous fiefferez de Tournesol et Noircouronne, regardez bien la position de ses terres et choisissez en un qui ne craigne pas de me défier.

- C'est une menace, lord Baelor ?

]Bronn cessa de sourire, il se leva lentement. Les gardes qui se tenaient devant la porte se placèrent dans le chemin de Baelor.

- C'est un fait, vous le sauriez si vous aviez regardé une carte.

- Je comprends que votre noble cul envie la position du mien, seulement je vous conseillerais de vite rentrer dans le rang.

- Mais bien sûr Sire, le rang. Venant de vous c'est tout à fait amusant. Je vous offrais une occasion en or de vous faire un ami, mais vous avez préféré vous faire un ennemi. Puisse Aelinor vous faire entendre raison.

Baelor sortit.

- Gardes ! Je crains que lord Baelor ne soit pris d'un coup de chaleur. Emmenez-le donc au frais, dans les geôles de la forteresse.

- De mieux en mieux Bronn, vous montrez votre vrai visage, incapable de gagner le respect de vos vassaux. Vous gouvernez comme un Lannister, par la peur. Dois-je vous rappeler comment la plupart ont fini ?

- Vous irez dire ça au geôlier, mon brave. Et si vous l'ouvrez encore pour me sortir un tel tas de merde, ce seront vos derniers mots devant l'billot. Allez, oust ! Et faites-moi parvenir plus de vin, j'ai une victoire à fêter.

Il se rassit en faisant signe à ses gardes d'embarquer lord Baelor.

- Mais oui, faites exécuter un des Seigneur du Bief les plus respecté pour rien. J'ai hâte.

- Vous avez de la chance, je suis plutôt de bonne humeur ! Vous mourrez pas tout de suite. Allez, filez.

Suite à cette entrevue, Baelor Hightower passa une semaine dans les geôles de Hautjardin avant de rentrer à Grand Tour avec ses hommes. Les terres des Cuy et des Bulwer, suitées au sud de Villevieille furent investies par des fidèles de Bronn, des coupes jarrets et des pilliers de taverne.