[HAUTJARDIN] [FB] Le Sac de Hautjardin [Bronn de la Nera] TERMINE

Ce trou du cul de Jaime Lannister, même une main en moins, persistait à faire le fier. À mesure que les soldats de Hautjardin tombaient en vulgaires mouches, le con doré s’avançait drapé de toute sa suffisance, ses hommes lui octroyant un passage sécurisé. Eux combattaient et lui récoltait la gloire, à croire que c’était toujours comme ça avec ces foutus lions. Bronn ne s’en offusqua pas : tant qu’on le payait, il ne se plaignait pas. L’épée tenue à deux mains, il plongea sa lame dans un ventre qui dégueula une marée rouge. Le mercenaire haussa les épaules face au pauvret, un soldat déjà à genoux qui avait donné sa reddition. Mais l’ordre était clair : les soldats Tyrell devaient être occis.

Puis, Bronn et miséricorde ne faisaient pas bon ménage.

Reprenant sa marche, le chevalier de la Néra fit rouler un peu ses épaules dans son éternelle posture dégingandée, lançant un regard joueur au lion.

— Ils savent pas se battre, lança-t-il dans un bref rire.

Jaime ne prit pas la peine de lui répondre, ne lui offrant qu’un regard critique. À celui-ci, Bronn s’était habitué. Il avait été au service de Tyrion et maintenant servait Jaime, il avait bien compris que les Lannister étaient, de tous les connards cossus de ce monde, les plus arrogants. Il ne se souciait pas bien de leur dédain, à vrai dire, ça lui passait au-dessus. Peu alerte tandis qu’ils traversaient les couloirs principaux du château déjà bien dégagés, Bronn laissa ses yeux se perdre sur la richesse des lieux. Hautjardin était plutôt sympathique à regarder…

Ce devait être un chouette lieu de vie.

D’une artère à sa gauche, des cris émanèrent – de rage et d’agonie mêlées, ils ne pouvaient signifier qu’une chose : si l’allée principale du château était maintenant sous leur joug, cette aile-là grondait encore sous les combats. Bronn regarda Jaime en arquant un sourcil, et lui indiqua qu’il pouvait bien continuer seul. Tout infirme était-il, il lui avait bien prouvé que sa main d’or pouvait lui servir, à Dorne. Qu’il se démerde, un peu. Après tout, il avait pour mission de tuer une vieille dame, pas une réplique de La Montagne.

Bronn tourna en direction du chahut, et y trouva vite des Manteaux Rouges qui se débattaient contre une poignée de soldats à la rose. Les deux rangées semblaient ne pas vouloir s’avancer, se faisant face en lançant de brefs coups d’estoc pour tenter de… de quoi, au juste ? Un plissement de lèvres indiqua l’amusement du mercenaire, visiblement bien plus habile que tous ces connards en armure. L’un d’eux tenta une attaque contre lui, il se pencha en arrière d’un geste habile pour esquiver.

Son sourire marqua sa hâte, enfin un peu d’action. Bronn regarda les quelques gars des Lannister autour de lui, arquant un sourcil. Sous leurs belles armures rouges, ils n’étaient au final qu’une bande de fiottes qui se chiaient dessus. Un instant, il remarqua un homme qui ne portait pas l’armure des lions. Une épée-louée par les Lannister ? Ça le surprenait, hormis lui, ce n’était pas vraiment dans leurs habitudes… Soit.

Il s’élança dans la mêlée sans plus réfléchir.

Bronn siffla avec appréciation en voyant l’épée-louée jeter un soldat Lannister contre un homme des Tyrell pour se protéger d’une attaque. Il appréciait la méthode, très ressemblante avec les siennes. Il n’y avait désormais plus de doute : qui que soit ce gars-là, c’était un mercenaire et non un de ces frais chiés de chevalier. En se rappelant qu’il en était devenu un, Bronn esquissa un sourire. Il esquiva un coup, para le suivant. D’un coup de pied dans le genou de son adversaire, il le fit reculer et en profita pour lui planter sa lame dans le ventre.

Dos à dos avec le mercenaire, il rit franchement à ses mots.

— Plus torche merde que moi, tu fais pas, s’amusa-t-il. D’abord, j’ai torché le Gnome. Maintenant, je torche le manchot… Faut savoir choisir ses supérieurs mais les infirmes, ça paye bien.

Il clabauda ces mots au milieu d’un rire étranglé, conscient qu’il avait plus été chanceux qu’autre chose dans ses rencontres. Puis se détacha de son allié du moment pour avancer de deux pas. Un soldat blessé, le casque perdu, tentait encore de laver l’honneur des Tyrell. Quelle fiotte. Bronn lui envoya un coup de coude dans le nez puis profita de sa douleur pour le saisir par les cheveux et trancher la gorge.

La situation se calmait, mais prévoyant, il ne rengaina pas de suite. Il eut un sourire caustique face à son pair : il n’avait plus aucun doute sur le fait qu’il était un reître, maintenant. Bronn haussa les épaules en se dirigeant vers une commode.

— Si on se sert pas maintenant, on devra juste attendre gentiment notre tour après le passage de l’infirme, rit-il en pensant à cet enfoiré de Jaime Lannister.

Puis il vit le bras tendu vers lui et lui offrit une poignée ferme de sa main désarmée.

— Ser Bronn de la putain de Néra, se targua-t-il d’une voix trop franche.

Il relâcha le bras et reprit le chemin de la commode. Il en ouvrit un large tiroir et commença à le fouiller.

— Et toi, du coup, Aenar, lança-t-il par-dessus son épaule. Qu’est-ce qu’un mercenaire fout ici ? Je pensais pas que c’était le genre des culs dorés de Lannister.

Hormis le lionceau. Mais les méthodes de Tyrion différaient bien de celles du reste de sa famille. En y repensant, il manquait à Bronn en tant qu’employeur. Il était quand même plus amusant que le Régicide incestueux.

Bronn fut reconnu, évidemment, il s’était fait un petit nom en mettant le feu à la flotte de Stannis. Il fallait dire qu’il n’avait pas tiré une simple flèche, il avait tiré la flèche. Celle qui avait offert la défaite de la flotte pourtant impressionnante du cadet de Robert Baratheon. Bien sûr, c’était l’arrivée soudaine menée par Tywin Lannister et Loras Tyrell qui avait achevé de repousser le cerf, mais le mercenaire avait tout de même grappillé son petit morceau de gloire. Enfin, petit… Être armé chevalier, doté d’un nom et proclamé en héros, c’était déjà pas mal pour un gars comme lui.

Le mercenaire parut s’en impressionner, Bronn haussa les épaules en affichant un sourire moqueur.

— Ouais, une belle bataille, commenta-t-il seulement d’un rire.

Aenar lui apprit qu’il était au service des Tarly. Du fils, plus précisément. La Néra arqua un sourcil, un peu surpris : ce n’était pas dans les méthodes de ces connards de Corcolline. Mais Dickon, en plus d’un prénom stupide, n’avait pas l’air bien malin après tout… Il ne releva donc pas, laissant échapper toutefois un bref ricanement en songeant au fils Tarly. Dickon. Quel nom de merde, tout de même.

Le mercenaire a priori au service des Tarly partit en quête des appartements. Après une hésitation, Bronn lui emboîta le pas. Il espérait que ce ne soit pas totalement stupide puisque c’était justement la direction qu’avait prise Jaime afin d’en finir avec la Reine des Épines. Il pressa un peu le pas en entendant des cris, et arriva au moment où Aenar paraissait la réclamer.

Son épée toujours à la main, Bronn en joua un peu en l’empoignant plus fort. Il haussa les sourcils en regardant les deux soldats qui martyrisaient une pauvre femme aux vêtements arrachés. Le mercenaire avait vu ce genre de scène plus d’une fois, et s’il se savait plutôt amoral, le viol n’était pas dans ses méthodes. D’ailleurs, il n’aimait pas ce genre de chose. Un sourire provocateur aux lèvres, il s’avança lentement à l’intérieur du salon.

— Lâchez cette pauvre dame, lança-t-il. Vous voudriez pas que je vous force à le faire ?

Il souleva légèrement sa lame et son sourire se creusa plus encore. S’il devait foutre une branlée à ces deux connards, il n’hésiterait pas. Bronn s’avança un peu plus, de sa démarche de loup, son épée prête à l’emploi.

— Votre propriété ? rit l’un d’eux. On l’a méritée cette putain !

Le mercenaire jeta un coup d’œil à Aenar, curieux de sa réaction, vu qu’il l’avait visiblement proclamée sa propriété. Puis il reposa son regard, accompagné d’un sourire carnassier, sur le soldat qui avait parlé.

D’abord, Aenar ennuya Bronn, à essayer de discuter avec ces misérables connards. Puis finalement, il attaqua. Un sourire passa sur les lèvres de La Néra, appréciateur, en voyant le mercenaire réagir si vivement. Puis les deux autres prirent vite le dessus. Ah, forcément, les gars des Lannister étaient plus entraînés que ceux des Tyrell. Avec le lion pour blason, ils avaient plutôt intérêt à se montrer plus féroces que des putains de roses.

Plaqué contre une table, étranglé, Aenar se débattait contre l’un des deux gardes. Bronn le délaissa un instant pour s’occuper de l’autre, qui s’approchait de lui avec un sourire féroce. Le chevalier haussa les épaules en affichant un air perplexe. Il voulait vraiment s’en prendre à lui ? La Néra avait pourtant sa petite réputation, depuis quelques temps.

Bronn le laissa approcher, passant sa langue sur sa lèvre supérieure. Il para un premier coup d’un geste souple, fit un rapide pas chassé pour en esquiver un autre. Son adversaire n’était pas bien puissant, mais d’une rapidité surprenante. Bien, c’était intéressant. D’un geste de la main, La Néra l’invita à approcher encore, le provoquant d’un sourire malin. La tactique fonctionna : oubliant sa souplesse, le garde fondit sur lui. Bronn en profita pour saisir une chaise et l’envoyer sur l’autre. Sous la surprise, l’homme des Lannister lâcha son épée et Bronn n’eut qu’à plonger la sienne dans son ventre. Un râle, et c’était fini.

Il put enfin se concentrer sur Aenar, qui luttait encore sous le poids de son adversaire. Il était parvenu à enfoncer une dague dans son flanc, mais le garde refusait de lâcher. Bronn arriva par derrière et l’empala dans le dos. Il laissa retomber le corps sur le côté et tendit une main à Aenar.

— Ils se prennent pas pour de la merde, ces gars-là, lâcha-t-il dans un rire.

Puis il regarda la jeune femme déshabillée, qui hoquetait par terre, recroquevillée contre le mur. Bronn délaissa finalement son acolyte pour s’approcher d’elle. Il la saisit à l’épaule malgré son geste de recul. La pauvre était terrorisée.

— Ça va ? Elle a un nom ?

Mais elle ne savait que sangloter.

La menace d’Aenar à la demoiselle fit tourner la tête à Bronn. Il en avait brutalisé, des gens. Et il en avait vu se faire brutaliser. Mais c’était le temps de la jeunesse que cela et l’âge lui avait conféré une certaine maturité. Tabasser des femmes et des enfants, très peu pour lui quand c’était inutile. Alors il leva légèrement son épée vers l’autre mercenaire, lui lançant un regard sérieux.

— Hep, hep, hep. Pas touche à la demoiselle. Tu l’as dit, hein ? C’est ma propriété.

Il haussa les sourcils, le défiant de s’en prendre à elle. Sans lâcher Aenar du regard, il s’adressa à la jeune pleureuse.

— Tu vas nous conduire aux appartements des gamins Tyrell, d’accord ?

Elle hoqueta.

— Tu. Vas. Nous. Y. Conduire, insista-t-il d’une voix plus sèche.
— Ou – oui, gémit-elle.

Bien. Bronn se décala pour arracher un rideau, il le jeta sur la jeune femme. Qu’elle ne se balade pas à poil au milieu du château ou cela pourrait lui coûter cher. Puis de son épée, il lui pointa la porte. La demoiselle s’y engouffra en serrant le drap autour d’elle, pleurant toujours.

— On va pas aux appartements de la dame, indiqua-t-il seulement à Aenar. Y’a le putain de Lannister qui a des affaires là-bas.

Jaime avait demandé à ne pas être dérangé, et s’il voulait être payé, Bronn avait intérêt à obéir. Il reprit une marche rapide dans les couloirs, suivant la petite dame qui chouinait toujours. Il pouvait la comprendre, enfin non, mais il imaginait bien qu’elle avait eu peur. Il avait sauvé sa vertu, au fond, et espérait qu’on s’en souvienne – c’était pas un si mauvais type au final, si ?

Aenar décida de laisser la donzelle tranquille, bien. Ils emboîtèrent le pas à la jeune fille, qui serrant le rideau autour d’elle pour couvrir sa nudité, les guida à travers les couloirs. Après un petit temps de marche à travers le château, où ils ne croisèrent plus de soldats ennemis, ils parvinrent jusqu’à une porte que la demoiselle leur pointa. Bronn songea, en balayant du regard les lieux dégagés de toute lame à la solde des Tyrell, que ceux-ci ne savaient définitivement pas se battre. Comment avaient-ils survécu si longtemps ? Et comment avaient-ils gardé un tel château indemne pendant tant d’années ? De ce qu’il savait, Hautjardin n’avait jamais été pris. Un miracle sans doute, vu les minables lames qui le gardaient.

Le mercenaire bouscula Bronn en s’engouffrant dans la pièce, lui faisant hausser les sourcils. Celui-ci s’avança plus calmement, soupirant.

— Hé doucement.

Il hocha seulement la tête aux mots d’Aenar et se mit à fouiller un côté de la pièce, avec plus de mesure que l’autre : oh, Bronn avait pillé par le passé, et s’était comporté ainsi lui aussi. Mais maintenant, il ne manquait plus d’or et n’avait plus besoin de se comporter comme un sagouin. Il se retourna en entendant le mercenaire s’étouffer. Qu’est-ce qu’il foutait ?

Bronn, quelques parures dans la main, d’autres dans les poches, s’approcha pour regarder ce qu’Aenar avait ramassé. Son regard s’alluma d’intérêt en découvrant les riches bijoux.

— Hé, y’en a qui se font pas chier, lâcha-t-il dans un bref rire.

Il caressa du bout des doigts un diamant et prit seulement un tiers des parures d’une poigne avide – il ne pouvait guère en prendre plus, si l’autre connard de Lannister remarquait qu’il avait volé des affaires à feu Margaery…

— Allez, on embarque ça et on dégage. Avant que ce putain de Jaime remarque quelque chose.

Oh, le Régicide devait bien se douter que Bronn n’était pas l’employé parfait. Mais mieux valait qu’il n’en ait pas de preuve totale. Bronn se faisait déjà des couilles en or. Qui pouvait savoir quel paiement il recevrait à la fin de la guerre ? Un beau pactole, sans doute.