[HAUTJARDIN] Echec et Mat ? | Aelinor
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Treyvir Cendregué
La première nuit avait été difficile. Pas de cauchemars pour la réveiller du sommeil de plomb dans lequel l’avait plongé la fatigue extrême qui avait fini par gagner. En effet, suite à toutes ses émotions et aux heures solitaires dans le petit salon à craindre que ne revienne la terreur si elle fermait l'œil, Aelinor avait fini par s’endormir sur son fauteuil face au feu. C’était Ser Creigthon qui avait été appelé par un serviteur et l’avait ramenée dans sa chambre un peu avant l’aube. Au matin, alors qu’elle avait pour habitude de se lever tôt pour prier, elle avait eu toutes les peines du monde à émerger pour aller prendre le petit déjeuner avec son oncle. Ainsi, quand la seconde nuit arriva avec son lot d’angoisses, elle était bien trop épuisée pour lutter et elle avait vite succombé. Elle s’était réveillée une fois en sursaut, mais elle s'était vite calmée, preuve que le traumatisme était passé ou en tout cas sous contrôle.
Ainsi, Aelinor se leva à une heure raisonnable, assez tôt pour faire sa prière avant de s’apprêter pour descendre prendre le petit déjeuner. Pour le second matin consécutif, pas de Treyvir à l’horizon. Il ne pouvait pas avoir encore la gueule de bois tout de même ! Et puis les premiers interrogatoires étaient prévus dans la matinée. Mais quand le serviteur qu’elle avait envoyé dans ses appartements revint, il lui révéla qu’il n'était pas dans sa chambre. Elle apprit par un autre domestique qu'il s'entraînait depuis l’aube. C’est avec Ser Gunthor et son épée lige qu’elle rejoignit donc la lice pour le trouver après avoir terminé de manger.
Elle portait un robe en tissu vert finement damassé, au large décolleté carré. Le haut de la robe était serré ce qui soulignait sa poitrine et la finesse de sa taille rehaussée par une ceinture de bronze et de grenat. Par dessus, elle enfila une cape de brocart vert et or doublé de laine avec un large col en fourrure fauve, elle était fermée par une chaîne dorée qui reposait sur sa poitrine. Elle avait un chignon de tresses duquel s'échappaient quelques mèches encadrant son visage, des boucles d’oreille et une bague en émeraude. Les domestiques et les soldats s'inclinaient sur son passage. En arrivant, elle adressa un sourire à Treyvir, elle n’avait pas vraiment l’intention d'assister à son entraînement mais elle ne pouvait pas décemment l’interrompre non plus. Si ?
__ Bonjour Lord Cendregué. Nous vous cherchions pour commencer les interrogatoires.
Treyvir Cendregué
Tandis que les deux chevaliers apprécient pleinement l'entraînement, Aelinor resta aussi stoïque que possible devant un tel déchaînement de violence. Deux ou trois coups, cependant, la firent sursauter légèrement quand certains firent grimacer Gunthor et Creighton également, imaginant aisément, en bons guerriers, la douleur ressentie. Treyvir, à un moment, para un coup d’une telle puissance qu’elle craignit qu’il ne fut blessé et fit un pas en avant. Mais elle s’arrêta net en constatant qu’il allait bien. Après cela, elle était bien obligée de redevenir aussi froide que le Mur.
Le Hightower et l’épée lige, quant à eux, semblaient de plus en plus excités par le combat et, bien que sur la retenue depuis le début, ils crièrent tous deux un mot d’encouragement au Cendregué à ce moment-là. La jouvencelle leur jeta un regard noir après lequel ils échangèrent quelques mots sur le style du jeune Lord et sur sa technique et sa force auxquels la brune aux yeux céruléens ne comprit pas grand chose à part qu’ils étaient impressionnés. Elle pouvait alors croire qu’il était fort doué, car il s’agissait de deux bons bretteurs. Mais devant tant de testostérone, elle leva les yeux au ciel et soupira d’ennui. Heureusement, cette démonstration se termina rapidement et sans blessé et Aelinor reprit son sourire de circonstance à l’approche du Seigneur.
Ah non. En fait, ce n'était pas terminé. Elle ouvrit ses grands yeux azur alors que Lord Cendregué se jetait à nouveau contre son Maître d’Arme sans qu’elle ait eu le temps de répondre. Les guerriers étaient ravis. Aelinor, elle, croisa les bras en attendant que ça passe. Mais quand le vieux briscard frappa le Seigneur au visage, elle poussa un petit cri strident. Reprends toi ! Par les sept ! se dit-elle se retenant de cacher son visage devant l’échange de coups. Elle enfonça ses ongles de la main droite dans la paume de sa main gauche qu’elle venait d'attraper et resta de marbre, presque sans vaciller. Ce fut court heureusement. Et l’une des dernières menaces la fit presque sourire. L’artère fémorale se trouvant non loin de la pointe de la dague, la blessure ainsi infligée aurait été absolument mortelle. En quelques secondes, une minute tout au plus, le Maître d’arme se serait vidé de son sang. L’idée était plaisante. Elle était curieuse de savoir comment l’homme comptait s’en sortir, certes il aurait pu tuer Treyvir, mais il est probable que Treyvir aurait également eut le temps de lui enfoncer cette lame dans l’aine avant de rendre l’âme. Là, le combat aurait eut une véritable saveur.
Mais dans l’absolu, assister à ce genre de combat était peut-être très intéressant pour des hommes, mais pour elle, cela n’avait aucun intérêt. Enfin, c’était utile de savoir que le jeune homme savait se battre, et plutôt bien à en croire la réaction des deux soldats qui l'accompagnaient, mais ça, elle le savait déjà. Il était venu à bout de plusieurs fanatiques et si elle n’avait pas été certaine de sa force, elle aurait aisément eu le renseignement sans pour autant être présente. Or voir un homme qu’elle connaissait et appréciait saigner n’était pas une partie de plaisir, même si, à priori, lui, il aimait ça. Les hommes… La Mère soit Sept fois bénie de ne pas m’avoir fait naître homme. Se rouler dans la boue et s’infliger une telle souffrance, c’est peut-être utile, mais je suis ravie de ne pas avoir à faire de même.
Elle jeta un coup d'œil à sa robe qu’elle lissa. Elle était nickel, évidemment. Et heureusement ! Elle avait autre chose à faire que d’aller se changer ! Il y avait des prisonniers à faire parler. Elle était suffisamment loin pour ne pas recevoir d'éclaboussure de boue ou pire, de sang. Ça partait tellement mal. Heureusement, les lavandières savaient y faire avec toutes sortes de tâches et celles qui s’occupaient du linge des chevaliers devraient recevoir une médaille quotidienne pour leur abnégation et leur patience. Et voilà les deux autres qui applaudissaient, non mais franchement. Elle esquissa un petit sourire et frappa dans ses mains sans grande conviction. Elle se détestait d’avoir réagi et espérait que le Cendregué n’ait rien remarqué. Mais maintenant, elle pouvait faire la Reine.
Pendant que le Maître d’arme se retirait avec les épées après une révérence. Aelinor regarda Treyvir de la tête aux pieds et dit :
__ Allez vous laver et vous changer. Nous serons dans les geôles.
La brune aux yeux azur se retourna dans un grand tourbillon de tissus et de mèches brunes ondulées et partit en tête vers le château au sous-sol duquel se trouvaient les cellules où les prisonniers marinaient depuis une journée et deux nuits, sans manger ni boire. Gunhtor et Creighton lui jetère un regard désolé et suivirent la jeune femme qui ajouta :
__ Ensuite je vous soignerais !
Mestre Lomys pouvait le faire, mais elle également. Cependant, il attendrait, et souffrirait un peu avant qu’elle ne s’occupe de lui. Elle le savait et le petit sourire en coin qu’elle arborait en montant dans le hall le prouvait. Soumettre les prisonniers à la question serait nettement plus amusant. Elle couvrit son nez et sa bouche avec un mouchoir, car les geôles puaient la pisse et la merde. Elle fit aligner les prisonniers dans le couloirs et les passa en revu de son regard glacial.
__ Vous croyez servir les Sept en vous en prenant à moi ? Il n’en est rien ! Il n’y a pas plus fervente croyante que moi. Alors dites-moi pour quelle ville crapule vous travaillez ? Dites-le moi, où je serais obligée de laisser mes hommes vous torturer.
Évidemment aucun ne parla. Alors elle hocha la tête et repassa devant eux, s’arrêtant devant celui qui l’avait étranglée. Elle se souvenait parfaitement de son visage et elle le détailla un moment.
__ C’est lui. Coupez lui les mains.
Aelinor s’écarta et l‘homme fut violemment tiré de la file par l’un des gardes et trainé avant d’être tenu, les deux bras sur le billaud. Gunthor dégaina et trancha les deux mains d’un coup sec. L’homme qui l’instant d’avant se débattait et gesticulait, insultant Aelinor de tous les noms d’oiseaux imaginables, hurla de douleur et se recroquevilla sur lui-même. Aelinor joignit les mains et pria.
__ Puisse le Père d'En-Haut vous juger équitablement et éclairer notre sentence de sa lumière en vous octroyant la vie si vous la méritez ou la mort si tel doit être votre châtiment. Que la Mère d'En-Haut vous accorde sa miséricorde et sa compassion.
Treyvir Cendregué
L’homme se remit à insulter la Hightower. Les horreurs proférées résonnaient dans les couloirs et jusque dans la hall, mais le discours manquait cruellement d’informations viables.
__ Suce mes couilles puterelle de Hightower ! Supo de l’Etranger ! Je te conchie arrière-faix de truie larde ! Je te pisse à la raie ! Tu n'es qu’une gaupe trop riche pour écarter les cuisses ! Ah pour sûr, si on avait réussi notre coup elle aurait une autre gueule la pucelle de Grand Tour. Jouvencelle mon cul. On l’aurait fait crier la ribaude, on lui aurait pété l'arrière-train, hein les gars ! Elle aurait plus jamais marché droit après ça, et elle aurait baissé les yeux ! On t’aurait montré ce qu’est un homme nous !
Puisqu’il parlait, elle le laissa parler, après tout l’objectif était d’en apprendre plus sur la tentative d’enlèvement. Il y avait cependant de quoi douter que le viol soit le projet, mais la jouvencelle remercia les Sept, et Treyvir, de ne pas avoir eut à le vérifier par elle même. Cela dit, si le but était de l’effrayer, c’était réussi. Elle craignait qu’un complot ne s’ourdisse dans l’ombre pour lui faire vivre son pire cauchemar et lui faire perdre toute chance de faire un grand mariage.
__ Chiabrena ! Grippeminaude ! Va te faire foutre coureuse de remparts !
__ Sacrebleu, tant de grossièretés alors qu’il t’est donné le luxe de te repentir. Je ne suis pas certaine que Lord Cendregué soit aussi miséricordieux que moi.
Des pas se firent entendre derrière elle et elle se retourna.
__ Ah Sire, justement vous voilà.
Elle constata qu’il s’était fait beau, mais n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit avant que le prisonnier ne recommence à hurler.
__ Je t’aurais sodomisé jusqu’à ce que tu pisses le sang, t’aurais eu une bonne raison de hurler sale catin !
Ses mots étaient à vomir, comme sa togne. Mais là, elle se sentait en sécurité. Il ne pouvait rien faire, fort heureusement. Les autres s’agitaient un peu, mais ils n’avaient pas envie de connaître le même sort et n’osaient pas faire trop de vague devant les gardes armés qui les surveillaient de près.
__ Est-ce vrai ? Y’a-t-il un seul mot de vrai dans les propos de cet homme ? Répondez !
Fit-t-elle à l'adresse des autres prisonniers, le visage déformé par la colère pour ne pas laisser l’angoisse transparaître sur ses traits. Mais il n’y avait rien de logique dans tout ça, elle ne pouvait pas y croire. Pourquoi la violer alors qu’elle valait bien plus intacte et que si Baelor l’avait récupérée en piteux état, il n’aurait pas manqué de traquer les vilains dans tout le royaume pour leur faire payer leurs péchés ? Cela ne faisait aucun sens et pourtant, même si c’était la douleur qui le faisait parler ainsi, elle sentait une part de vérité dans ces horribles paroles. Elle se souvenait du regard de cet homme tandis qu’il l’étranglait dans la cave et elle pourrait parier que s’il ne l’avait pas tuée, il l’aurait bel et bien prise. En tout cas, il y avait une lueur dans ses yeux, alors, une lueur qui, malgré le châtiment infligé n’avait pas tout à fait disparu, une volonté de l’humilier, de la dominer et de jeter sur elle la pire des opprobre.
__ C’était là votre but ? Vous avez mobilisé des dizaines d’hommes, risquer vos vies pour ça ? Me violer ?
__ Non Dame Hightower, on voulait juste la rançon, on vous aurait pas fait de mal.
Répondit l’un d’eux.
__ Parles pour toi petit con !
Cracha le ravisseur sans mains.
__ Où sont vos chefs, les fanatiques ?
__ Nous n’avons rien à voir avec les fanatiques.
__ On a juste profité que vous soyez dans le coin et distribuiez le pain.
Aelinor soupira.
__ Si vous aviez faim, vous auriez mieux fait de profiter de mes largesses. Que vais-je bien pouvoir faire de vous à présent ? Vous rendez-vous compte de ce que vous avez fait ?
Treyvir Cendregué
TLe prisonnier avait déjà perdu ses mains, cela pouvait éventuellement donner quelques éléments de réponse à Lord Cedregué quand au goût d’Aelinor pour la torture. Mais il s’agissait plus, aux yeux azurs de la brune tout le moins, d’un châtiment pour ce qu’il avait osé lui faire. Peut-être était-ce une vengeance. C’était de toute façon une manière de dire, personne ne s’en prend à moi sans en payer lourdement les conséquences. Et pourtant elle le laissait l'insulter presque sans ciller. Presque, car elle serrait les dents la jouvencelle, elle se retenait de laisser libre court à toute la violence qui l’habitait devant les mots ignobles dont il la qualifiait. Mais la bave du crapaud ne saurait atteindre la blanche colombe, au final, elle se fichait pas mal de ce qu’il pensait, ou même de ce qu’il disait, d’autant que la traiter de catin frôlait le ridicule. Mais c’était plus une question de principe qui l’échaudait, le fait que le respect lui était dû et que ce manque de respect était inacceptable. Mais elle n’était pas sur ses terres et elle aurait pu l’oublier, peut-être si elle n’avait pas reçu l’information de la Redwyne. Bronn était en vie, elle ne devait pas perdre cela de vue et prendre des attributions qui n’étaient pas les siennes. Alors elle encaissa les appellations farfelues sans broncher.
Mais finalement, le fait qu’elle se trouve dans les geôles pour cet exercice, malgré l’odeur infâme qui y régnait était signe qu’elle était prête à beaucoup de choses pour obtenir des informations. Elle aurait pu laisser faire les hommes et attendre qu’ils reviennent vers elle avec les paroles des détenus, en effet en tant que femme, elle pouvait se passer de bien des activités salissantes e personne n’aurait pu lui en tenir rigueur. Pourtant elle était là. Pourtant, les prisonniers n’avaient encore aucune blessure. Sauf celui qui avait manqué de la tuer. Car finalement la douleur physique issue de la toruture pouvait effectivement délier les langues, mais elle savait que les mensonges étaient légions pour que s’arrête le supplice. La peur de la douleur était plus efficace dans bien des cas, la peur de la mort aussi, un soupçon de bienveillance dans un masque de droiture, bref, la manipulation, art dans lequel elle excellait. C’est pour cela qu’elle était là. C’est pour cela qu’elle les avait tous fait aligner.
Treyvir entra alors en jeu tandis que l’homme avait terminé de déverser ses insanités sur la brune et que les autres commençaient à révéler leurs intentions. Pour autant, devant l’organisation de l’attaque, il y avait effectivement de quoi douter de la véracité de leurs dires. Elle ne pouvait donc qu’approuver la remarque du jeune seigneur. Il était vrai qu’ils avaient beaucoup d’informations et qu’ils avaient su les exploiter. Cela dit, il suffisait de quelques jours d’observation pour amasser de quoi faire un plan d'enlèvement et de repli viable. D’ailleurs, le fait que certains murs aient été percés pour l'opération afin de réunir des caves et des souterrains jusqu’à l'extérieur de la ville montrait qu’ils préparaient leur coup depuis un bout de temps.
Le Cendregué évoqua un commanditaire haut placé et fortuné, évidemment l’idée de Bronn soit derrière tout ça avait fait plus qu’effleurer l’esprit de la jouvencelle. En vérité elle en était même persuadée, mais elle n‘avait aucune preuve comme souvent avec cet énergumène. Or, si au procès le manque de preuves de la volonté de la Nera de l’épouser de force lui avait valu l’humiliation, l'accuser de son enlèvement sans éléments tangibles était du suicide. Mais parlait-il seulement de la même personne ? Elle avait bien saisi qu'il n'avait pas donné sa sœur en mariage au Gouverneur du Bief par amitié, mais il n'avait pas eut à pâtir de la tyrannie de ce dernier, alors se pourrait-il qu'il le déteste autant qu'elle le détestait ? Se pourrait-il qu'il le croit capable du pire juste pour nuire à ses vassaux, comme elle aussi le pensait ? Bronn cachait bien son jeu pourtant. Elle se posa toutes ses questions en le fixant d'un air dubitatif sans s'en rendre compte.
Les prisonniers quant à eux parurent tout aussi surpris de cette remarque, ils n’eurent d’autres réactions que de se regarder sans trop comprendre où le jeune homme voulait en venir. Mais puisque Treyvir se proposait de les faire parler, elle lui laissa la place avec un geste grâcieux de la main en s'écartant légèrement pour le laisser passer.
Treyvir Cendregué
Curieuse de voir ce que Lord Cendregué allait bien pouvoir dire pour leur tirer les vers du nez, elle le vit passer devant elle avec un sourire en coin et le regarda s'asseoir et poser ses questions. Surprise qu’il demande qui était leur commanditaire car elle se le demandait également, persuadée qu’ils n’avaient pas pu agir seuls. Mais elle nota surtout qu’il citait Bronn, au détour d’une phrase, comme si de rien n'était. Pour la brune, c’était loin d’être anodin et elle observa avec attention la réaction des prisonniers, mais aucun ne tiqua, aucun ne regarda ses pieds, aucun ne releva le menton, non, rien aucune réaction. Treyvir n’avait pas le passif qu’elle avait avec le Grand Argentier, aussi, on ne pourrait pas le lui reprocher alors que si cela venait aux oreilles de La Nera, il aurait tôt fait de retourner ça contre les Hightower. Elle, elle était obligée de marcher sur des œufs, lui, il semblait pouvoir tout balayer d’un revers de main. Mais se pourrait-il qu’ils soient vraiment dans le même camp, qu’il veuille renverser le reître ? Et à qui était-il près pour cela ? Mais surtout, était-ce pour obtenir la suzeraineté du Bief ? S’il était vraiment décidé à se débarrasser de Bronn, il ne faisait aucun doute que c’était pour régner, comme tout un chacun d’ailleurs, elle y compris en quelques sortes.
Les prisonniers acquièrent aux mots de Treyvir sur les bontés d’Aelinor, l’un d’eux joignit même ses mains en la remerciant du regard, faisant cliqueter ses chaînes. Elle garda son regard de glace, mais au fond d’elle, elle sentit son cœur faillir, son grand cœur généreux sauvagement trahi par la cupidité. Fallait-il que cela l’arrête ? Elle était une femme prudente, mais elle aimait els gens, elle avait confiance en eux, elle savait qu’en était bonne et juste avec eux, ils ne pouvaient que l’aimer et elle aimait être aimée. Elle avait le respect et l’admiration des habitants de Villevieille grâce à cela et elle était venue à Hautjardin pour obtenir le respect et l’admiration des sujets de Bronn selon ses meilleurs atouts en ne gardant la force et la violence que comme dernier recours. Mais voilà que son plan semblait vaciller. Voilà que non seulement elle n’était pas parvenue à détruire les fanatiques en les rendant caducs et non avenus au yeux du peuple, mais en plus le peuple s’en prenait à elle. Impossible que cela vienne d’eux. Impossible. Pas après tout ce qu’elle avait fait. Et pourtant…
__ Heu, personne Sire… on a agit seuls.
Ainsi tomba le couperet. Une réponse qui semblait sincère. Mais quelle déception. Et quelle étrangeté tout de même que de pauvres paysans, parviennent à monter un plan pareil. A moins qu’ils ne soient pas de simples paysans. Cette foutu réponse amenait donc d’autres questions ? Elle rageait en tout cas, qu’ils n’avouent pas que tout avait été commandité par Bronn, mais elle ne voulait en aucun cas qu’ils citent son nom juste pour se dédouaner. Il fallait être prudent, ne pas se laisser aveugler par la haine et se laisser bercer par l’illusion qu’il était coupable. Malgré les menaces du jeune Seigneur, ils ne dirent rien de plus, ni rien de moins, peut-être parce que finalement il n'y avait rien d'autre à dire. Mais comment les croire. Comment imaginer que ces hommes aient pu trahir la générosité de la Hightower pour rien d ‘autres que des pièces d’or ?
__ On ne vous aurait pas fait de mal Ma Dame.
Répéta t-il avant de montrer l’homme sans mains.
__ Et on l’aurait pas laissé vous toucher.
Fit-il, plein de culpabilité à l’égard de la brune qui depuis son arrivée faisait découvrir aux gens de Hautjardin ce qu’est un véritable noble, une véritable Dame. Une femme qui prend soin de son peuple et que se montre juste, mais ferme quand il le faut. Le prisonnier se demandait à présent si quelques dragons d’or valaient de l’avoir mise en danger, si les morts, la pagaille et la honte d’avoir fait une telle chose à quelqu’un de bien ne lui vaudrait pas les Sept enfers bien plus que ses autres péchés. Il tomba à genoux et se mit à prier pour obtenir la miséricorde de la mère en pleurant. Alors tous se mirent à genoux et supplièrent, sauf celui qui n'avait plus de main qui les regarda avec mépris et cracha par terre.
__ Nous sommes désolés Dame Aelinor, nous somme désolé. Pardonnez-nous. Nous feront ce que vous voulez. Lord Cendregué, laissez nous nous repentir et faire pénitence.
Treyvir Cendregué
Puisqu’elle n’avait pas les armes ni la force des hommes, puisqu’elle n’avait d’autre choix pour se protéger de leur violence, Aelinor s’était entraînée toutes ses jeunes années à déceler les pensées et les aspirations profondes des autres pour mieux les manipuler. Elle leur offrait ce dont ils avaient besoin et en échange ils lui offraient, qui des informations, qui de l’admiration, qui de la loyauté, qui une amitié sans faille, qui une alliance. Mais cela n’était pas sans sacrifice et sans conséquences, comme un guerrier affûte sa lame et ses réflexe, elle devait affûter ses sens et son empathie, elle devait vivre ses mensonges pour qu’ils paraissent vrais et parfois il lui arrivait de se perdre entre la véracité et la vérité, entre la manipulation et ses sentiments, entre ce qu’elle vivait et ce qu’elle sentait chez les autres.
Ce fut le cas quand les prisonniers tombèrent à genoux. Elle ne savait plus si elle était heureuse qu’ils se repentent en colère pour ce qu’ils avaient fait, coupable d’avoir mal agi envers eux ou seulement gonflée d’orgueil qu’ils la supplient ainsi à genoux telle la Jouvencelle personnifiée. A moins que ça ne soit tout ça à la fois. En tout cas, elle les regarda de toute sa stature, comme perchée sur une blanche et haute tour éclairée de deux flammes azur pendant un moment, les laissant se confondre en excuses sans se défaire de ses allures de statues de marbre trônant sur un piédestal qui, même fissuré par les pêchers de sa tante et par ses peurs, portait encore un nom illustre et une devise puissante. Elle prenait son pied car il était délicieux de voir des hommes à genoux devant elle, que se soit pour sa beauté ou pour sa bonté, pour son corps ou son esprit, elle devait se l’avouer, elle adorait ça et c’était hélas bien trop rare à son goût qu’on s'incline aussi bas devant elle.
Mais d’un certain côté, ce geste inattendu l'empêchait de les torturer plus avant juste pour le plaisir de les faire souffrir, or, il semblait que les informations fournies étaient les bonnes et qu’elle n’obtiendrait rien de plus de leur part. Ainsi quand Treyvir demanda ce qu’elle voulait faire, elle resta un instant silencieuse, interdite, sans pouvoir devant leur spontanée et pieuse soumission. Elle s’attendait à tout sauf à être approuvée dans son rôle par ses propres ravisseurs et alors qu’un instant plus tôt elle tremblait de rage et de chagrin devant cette terrible trahison, voilà qu’ils lui faisaient le plus beau des cadeaux. Elle ne s’attendait pas non plus à ce que le Cendregué lui laisse la main, il semblait plutôt bien parti pour les torturer et les exécuter de ces mains.
__ Merci Sire.
Dit-elle en souriant à Treyvir avant de reporter son attention sur les prisonniers.
__ Soit. Puisse l'Aïeule nous éclairer la voie. Préparez vous pour une journée et une nuit de prières, demain à la même heure, vous viendrez me présenter vos excuses après vous être confessés et je verrais si vous méritent de sortir libre d’ici.
Elle les quitta des yeux pour poser son regard azur sur l’homme qui l’avait étranglée.
__ Lui, il finira ses jours dans cette geôle et pour toutes les horreurs qu’il a osé proférer à mon encontre, il se verra couper la langue.
Après ses mots sans appel, elle posa sa main sur le bras du jeune seigneur l'invitant à l'accompagner dehors. Ils tournèrent les talons et sortirent prendre l’air pour essayer d'oublier l'odeur pestilentielle qui régnait dans cet horrible endroit. Il faisait beau et les jardins embaumaient les roses et les fleurs de printemps, un temps fort agréable pour flâner dans la roseraie se dit-elle en descendant les marches pour se perdre dans le labyrinthe d’allées bordées de lauriers en fleur et de rosiers grimpants avec Treyvir.
Treyvir Cendregué
Dans les geôles on coupa la langue du bavard et on lava les autres prisonniers pour les amener enchaînés, certes, mais propres et humblement vêtus de chasubles blancs propres, devant les Sept. Qu’ils prient pour leur salut et pour la bonté d’Aelinor, qu’ils réfléchissent à leurs actes et prennent conscience de la chance qu’elle leur accordait, qu’il se retrouvent face à eux même et se repentent. Qu’ils discutent avec le Septon et que la lumière des Sept et de Grand Tour éclairent leur voie. Demain elle déciderait quoi faire d’eux, leurs paroles alors seraient décisives, mais elle avait déjà une petite idée derrière la tête, une petite idée pour que la loyauté qui devait naître de leurs prières et de la miséricorde de la jouvencelle soit utile. Ainsi cette tentative d’enlèvement ne serait pas aussi vaine qu’elle aurait pu l’être et avec un peu de chance, ils regagneraient leur place de sujet en la servant.
Mais en attendant, il fallait absolument qu’elle se débarrasse de cette odeur pestilentielle et quoi de mieux que les jardins des Gardener pour cela ? Qui de mieux pour l’y accompagner de Lord Cendregué ? De tels jardins n’existaient pas à Villevieille et si elle aimait sa ville, elle enviait un peu les Tyrell d’avoir eu cette ode à la vie et à la beauté de la nature apprivoisée pour se promener chaque jour. Elle adorait cet endroit et commençait à bien le connaître après tout le temps passé à déambuler dans les allées fleuries entre les bosquets et les fontaines.
__ Merci Sire. Je vous remercie de m’avoir aidé à les faire parler. J’espère que je ne commet pas une erreur en leur accordant une nouvelle chance. Mais je veux croire que leurs paroles étaient sincères et que grâce à vous, ils ont compris leur erreur.
La jouvencelle aurait effectivement pu défaillir devant son agresseur, mais entourée de ses gardes, dans les geôles de Hautjardin et alors qu’il était enchaîné, elle n’avait songé qu’à une chose : lui faire payer l’affront. Elle devait garder son calme alors et elle avait puisé au fond d‘elle la force de lui faire face sans trembler. Et finalement, ce furent les mots de Treyvir qui lui arrachèrent un frisson.
__ Je vais bien. Merci de vous en inquiéter. J’ai juste besoin de prendre l’air.
Aelinor avait beau avoir passé un sale quart d’heure, elle avait conscience que cela aurait pu être bien pire si Treyvir n’était pas venu la chercher sans ce souterrain. Ce sale type était assez fou et remonté contre elle pour faire ce qu’il avait dit. Elle se demandait bien pourquoi il lui en voulait tant, mais son venin ne devait pas l’atteindre. Elle se tourna alors vers le Cendregué et vit son visage plein de bleus et de coupures. Elle fit la moue, se souvenant qu’elle lui avait promis de le soigner et constatant qu'il devait souffrir en silence depuis un bon moment maintenant. Elle s’arrêta et porta la main sur la plaie à l’arcade, touchant l'hématome qui l’entourait du bout des doigts pour en estimer la gravité en évitant de lui faire mal. Puis elle laissa glisser ses doigts vers sa pommette et enfin vers sa lèvre fendue. Elle hocha la tête.
__ Mais vous, vous avez besoin de soin bien plus que je n’ai besoin de prendre l’air. Allons dans ma chambre.
Une invitation bien cavalière, mais au moins ne seraient-ils pas dérangés, or, elle ne pouvait pas se permettre d’être découverte.
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