[Port-Réal] Un accord commercial… Vraiment ?

Au donjon Rouge, tout était dans le paraître et ce genre de chose. Si bien que j’avais laissé de côté toutes mes robes les plus simples que j’avais portées pour le deuil de mon père, pour sortir mes robes plus ouvragées, et il fallait le dire, les plus jolies. Cela me faisait du bien aussi de paraître plus apprêtée avec des manches bouffantes et avec quelques crevées sur le bustier pour montrer les richesses des tissus. J’avais passé quelques heures ce matin à causer avec quelques seigneurs sur l’exportation et la vente de vin… Je crois que mon père serait fier de moi. Je montrais ce que je voulais avec quelques échantillons… Non, j’étais fière de moi. Le commerce se développait à nouveau bien et mon exonération de taxes était vraiment une aide. Encore vingt-cinq ans, ou presque, à en profiter.

Ser Dandelion se plaça aussitôt dans mon ombre lorsque je sortis de mes appartements, son armure était gravée des fameuses fleurs jaunes. Il ne participerait pas aux joutes dans deux jours. De toute manière, je préférais garder les gens de ma maison en une seule et unique pièce. Et non pas sur une civière, je l’avais trop vécu… Le Donjon Rouge était… reconstruit et sublime. Il faudrait aussi que je parle à Tyrion Lannister et Ser Davos des problèmes avec les fernés… Ils ne pouvaient pas laisser cela se faire sans intervenir ! Par les sept ! Je ne pourrais pas non plus aller au septuaire… Maudite Cersei !

Néanmoins, les jardins étaient magnifiques en cette période de l’année et mon pas s’allongea légèrement lorsque je me mis à marcher dans les allées, laissant mon esprit s’envoler aussi bien vers Ser Humfrey que vers Ser Archibald… Que devais-je faire ? J’avais déjà des alliances commerciales avec Aelinor et sa famille et amicales… J’avais besoin du sud… Je devais suivre ma tête et non pas mon cœur. Dandelion tourna la tête et me fit signe d’une autre allée et je compris : le Seigneur Bronn de La Néra… J’aimerais autant que possible éviter de le croiser. Je lui offris donc mon dos en continuant de marcher faisant mine de ne pas l’avoir vu. Faudrait-il déjà qu’il reconnaisse les armes de ma maison brodées sur le dos de ma robe. J’en doutais. Ces jardins étaient presque aussi beaux que ceux des Hightower, Hautjardin devaient périr en ce moment et sa splendeur n’être plus que souvenir du passé.

Hasard des chemins, je réussis à me retrouver face au reître seigneur que je saluais d’une révérence convenable avant de poursuivre ma route. Ne me parle pas… Sac à merde.

un accord commercial... vraiment ?

bronn & desmera

an 305, lune 7, semaine 4, jour 3

Il sortait d’une séance du Conseil Restreint, bien ennuyeuse comme à son habitude. Ce bon vieux Davos lui avait encore tenu un long discours quant à sa gestion des finances de… de quoi, déjà ? Bronn réfléchit un instant. Ah, oui, le remboursement du prêt à la Banque de Fer. Une affaire urgente, disait-on. La reine Cersei, non contente d’avoir bien baisé son frère, en avait fait de même avec les représentants Braaviens avant de crever et de laisser toute cette merde entre les mains des souverains suivants. Rien qui ne soit pas rattrapable, mais le Grand Argentier peinait à s’y retrouver parmi tous ces chiffres, toutes ces maisonnées à extorquer… Hélas, les autres conseillers n’avaient pas un esprit comme le sien, et s’ils riaient bien avec Tyrion, cet enfoiré de Lannister lui mettait des bâtons dans les roues en refusant ses propositions. Ainsi, la Couronne ne menacerait personne et ne créerait pas de nouveaux impôts, ceux-ci ayant déjà augmenté pour permettre à la capitale de se reconstruire. Bronn plongea au cœur des jardins et huma l’air de cette belle journée de printemps. Aaaah. Même rebâti, Port-Réal sentait toujours la merde. Mais toujours moins que Culpucier, c’était déjà ça.

Il s’étira dans une démonstration qui ne seyait que peu à pareil noble, mais cela lui importait peu, les culs noblaillons pouvaient bien piailler après lui qu’il s’en fichait. Il avait mérité son rang, ses titres, tout ce qui lui appartenait désormais. Et maintenant, quand il foulait le sol de ce jardin empestant plus le bran que la fleur, ceux dont ils ramassaient les crottes autrefois lui donnaient du « monseigneur » en s’inclinant bien bas. Alors qu’il marchait tranquillement, espérant se sortir de la tête toutes ces conneries politiques, il vit au loin des cheveux roux, un dos de robe brodé d’un blason qu’il connaissait. Il plissa les yeux et vit que la jeune femme l’esquivait. Bon. Alors qu’il continuait sa route, n’allant nulle part, il se rappela des armoiries qu’il avait vues juste avant : les Redwyne de La Treille. Dont la dame, qui se faisait appeler « seigneure » – quelle idée – se nommait… Desmena ? Ouais, Desmena. Accompagnée d'un grand homme en armure, elle s’inclina rapidement devant son suzerain et commença à s’en aller. Bronn fit un pas sur le côté pour lui bloquer le passage.

— Ma dame, dit-il, puis-je vous proposer de faire quelques pas avec moi ? C’est pas ce grand gaillard-là qui va vous protéger.

(c) DΛNDELION

Ce que fit Bronn fit se tendre immédiatement mon épée lige qui fit un pas en avant prêt à le repousser alors que je fixai droit dans les yeux le reître devenu seigneur sans qu’il en ait l’étoffe. Quelques pas avec lui… Je n’avais absolument aucun moyen de l’envoyer voir ailleurs ou moi d’avoir une affaire brusquement urgente sans que cela paraisse suspect. Malgré son heaume, je devinais sans mal l’expression de mon bouclier lige qui n’avait qu’une envie, séparer la tête du corps de Bronn. J’étais sûre que Dame Aelinor serait absolument ravie… Mais, c’était tout un autre débat. J’inclinai la tête, laissant un sourire de politesse éclore sur mes lèvres.

« Comment pourrais-je refuser quelques pas avec mon suzerain. Quand bien même j’ai entière confiance en mon bouclier lige »

D’un petit geste de la main je lui demandais de reculer d’un pas ce qu’il fit, mais son regard sombre sous son heaume voulait tout dire. Je me mis à marcher aux côtés de l’homme avec une distance polie. Qu’est-ce que je pouvais lui dire : au fait vous avez prévu quelque chose pour protéger vos terres des fernés ou vous préférez baiser une nouvelle catin ? Pas sûre du résultat. Puis je crois que surtout je ne voulais pas le savoir… Essayons de parler de la pluie et du beau temps…

« J’espère que tout se passe bien au Conseil Restreins. Au vu de la situation dans laquelle le roi Brandon et vous, ses conseillers, vous avez récupéré le royaume… »

Pourvu qu’il soit dégoûté de tout cela et qu’il abandonne rapidement sa charge… Mais c’était tout à fait autre chose après tout. S’il pouvait juste disparaître du paysage… Mais on ne pouvait pas tout avoir après tout. Dentdelion restait assez proche pour arrêter une main ou le moindre geste de Bronn qu’il n’aimerait pas.

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bronn & desmera

an 305, lune 7, semaine 4, jour 3

Elle était bonne menteuse, la petite dame ! Bronn n’était pas un total abruti, il l’avait bien vue s’esquiver, à peine quelques minutes plus tôt. Il n’en dit pourtant rien, il avait d’autres chats à fouetter que de se disputer une fois de plus avec un vassal. La dernière fois que c’était arrivé, le vassal récalcitrant avait fini dans les geôles de Hautjardin. Il arqua un sourcil en posant un œil sur Desmena, non, elle était trop mignonne pour finir dans une prison crasseuse. Puis la dernière fois lui avait appris qu’enfermer ses puissants vassaux « pour les faire réfléchir » n’était peut-être pas la solution la plus… diplomatique. Diplomatie. Il se martelait ce mot pour s’en souvenir, mais ce n’était pas dans ses habitudes, il fallait voir d’où il venait.

— C’était une farce, il a l’air solide, votre gars.

La dame de La Treille commença à parler de banalités, et – oh non – du Conseil Restreint. Par le saint dieu des putes, il n’avait pas envie d’en parler.

— Disons que c’était plus une ruine qu’un royaume, heureusement, une ruine, ça se reconstruit. Mais plus important encore que le royaume, il y a la Bief. D’ailleurs, saviez-vous qu’on le prononce « Bié » et non « Bièfe » ?

De là où il venait, il avait toujours dit « Bièfe », et on l’avait repris récemment sur sa prononciation. Le monde était bien fait. On en apprenait tous les jours. Il balaya ses mots d’un geste.

— Mais peu importe. Vous avez du bon vin, à La Treille, n’est-ce pas ? Ça, c’est intéressant pour le Bièfe – Bié.

(c) DΛNDELION

L’air solide ? Au vu des cicatrices de Dandelion… Il était plus que solide. Je lui offris simplement un sourire parfaitement aimable. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre…

« C’est pour cela qu’il est chevalier et bouclier lige. »

Est-ce… Est-ce… Est-ce qu’il venait de m’avouer qu’il ne savait même pas commencer prononcer le nom de son royaume… Oh Sept… J’avais envie de me frapper le front… Mais je me retiens soigneusement de le faire. Ce n’était pas réellement… ce qu’il fallait faire.

« Je sais ce que c’est de devoir reconstruire sur les ruines. Après tout… les fernés sont passés sur la Treille. Quant au nom du Bié… j’y suis née. »

Bien qu’ils n’aient pas tout saccagé. Mais… ce n’était pas la peine. Alors, oui je le savais parfaitement. Tiens. Le vin. J’inspirais profondément en hochant la tête.

« Nous avons des Rouges et le Auré de La Treille. Le Doré de la Treille. En effet. La production se porte bien, merci de vous en inquiéter. Les Fernés n’ont pas touché à cela, ils avaient plus besoin de nos ports qu’autre chose. »

Je sentais la conversation avec Dame Aelinor revenir dans mon esprit.

« Il s’agit de l’un des meilleurs vins au monde. »

Qu’on pouvait s’offrir si on avait bien sûr l’argent et l’accord du propriétaire des caves de vin.

« J’ai fait apporter quelques échantillons dans mes affaires. »

Autant lui mettre l’eau à la bouche et voir s’il y connaissait rien que quelque chose au vin. J’étais presque sûre de pouvoir lui servir du vinaigre qu’il ne saurait pas faire la différence.

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bronn & desmera

an 305, lune 7, semaine 4, jour 3

La rouquine tentait de lui vendre son vin. Mais ce n’était pas pour ça qu’il lui parlait. Du vin, il en avait en quantité, à volonté même, quand il le désirait. Et, même s’il se garderait bien de le lui dire pour ne pas froisser la dame de La Treille, des biens meilleurs. Évidemment que le vin de chez elle figurait parmi les meilleurs au monde, mais Bronn avait une préférence pour les vins plus corsés, comme le clairet de Dorne ou l’épicé de Naath. Oh, il aurait pu se gaver de ceux-là, mais ses nouvelles fonctions lui interdisaient l’ivresse. De toute manière, il avait tant bu dans sa vie qu’il était devenu presque insensible aux effets de l’alcool.

— De tous vos vins, je pense avoir une préférence pour l’auré. Je le trouve plus subtil.

Si sa voix restait posée, toujours aux accents chantants de là où il venait et de l’époque où il était mercenaire, Bronn s’ennuyait bien à parler de vin. Alors lorsque Desmena parla des Fer-Nés, ce fut son occasion. Il cessa de marcher et se tourna solennellement vers elle.

— Ma dame, vous me voyez désolé de ce qui est arrivé à vos terres. Soyez sûre que la Couronne est penchée sur la question des Fer-Nés et qu’ils paieront pour cet affront. Quant à moi, en tant que votre suzerain, je ne peux pas vous laisser dans cette terrible situation sans réagir. Il inclina un peu la tête en signe de respect – il avait vu Tyrion faire, ça semblait bien marcher. C’est pourquoi j’aimerais aborder un nouveau sujet avec vous. Votre maisonnée a fidèlement servi la Couronne pendant des années, ainsi que les Tyrell, votre loyauté et votre force n’ont pas échappé à mes oreilles. C’est pourquoi j’aimerais vous offrir quelque chose.

Il reprit sa marche, laissant ses yeux divaguer autour de lui, et lança de son ton bien trop peu noble :

— Connaissez-vous Solfoyer, ma dame ? Un joli fief en bord de mer, désormais à l’abandon depuis la disparition des Cuy à la prise de Hautjardin.

(c) DΛNDELION

Subtile… Il savait ce que ce mot voulait dire ? Intéressant. J’inclinai la tête sans rien dire.Peut-être qu’à force de boire il savait reconnaître ? Alors je ne poursuivis pas plus, préférant parler de ce problème qu’il avait laissé empirer : nos adorables et aimants voisins fernés. Ils avaient tué mon père… Il sembla même savoir parler et s’excuser, je répondis pour le mettre au jus :

« Mes terres, ma mère, ainsi que mon père sont passés par les armes des fernés. Et vous connaissez sûrement quelques échos des jeux qu’ils font avec les femmes ou leur prisonniers. »

Rectifiais-je alors qu’il baissait la tête. Plus bas. À genoux tu devrais être. À t’excuser devant moi. Pour mes parents. Je te passe mes frères, peut-être n’y étais-tu pour rien, pour eux. Mon Suzerain ? Tu n’es en rien mon suzerain, et voilà trop longtemps que tu laisses cette situation empirer en buvant du vin loin de tes soi-disant terres. Quand bien même nous avions servi fidèlement, en partie obligé, mais c’était autre chose.

M’offrir une chose ? Je haussais un sourcil : si c’était ta main, mets-la-toi où je pense. Je ne laisserais pas mes terres devenir les tiennes. Je repris ma marche à ses côtés, Dandelion continuait de nous suivre. Solfoyer… Je haussais un sourcil. Disparition qu’il avait lui-même causé, mais nous y reviendrons… Quelque chose se dessina dans ma tête.

« Je connais. Il me semble y avoir séjourné quelque temps à une autre époque. Je me souviens bien des champs de tournesol. Mais il me semble qu’actuellement Solfoyer est… géré par l’un de vos hommes. »

Dans quel état devait être ce fief… Dans mon esprit, il était magnifique avec ces champs. C’était également une terre qui avait été aux Hightowers à une époque. La conversation avec mon amie me revient un instant en tête, mais je ne dis rien. Je n’aimais pas son ton, mais je gardais le mien, celui de la conversation :

« Sous-entendriez-vous que vous souhaitez m’offrir Solfoyer ? »

Ce qui serait une fort bonne nouvelle au vu de mes projets. Même s’il fallait que je le dératise complètement.

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bronn & desmera

an 305, lune 7, semaine 4, jour 3

— Je suis navré pour votre famille, soyez-en sûre, dit-il calmement.

Il marchait sur des œufs, tout le temps. Le savait. Il ne pouvait se permettre un mot au-dessus de l’autre, pas une seule réflexion sur les mots profondément accusateurs de la jeune femme. Comme à peu près tous les bieffois, Desmena le tenait pour responsable de tous leurs malheurs. Mais étaient-ils tous totalement cons ? Certes, il était un peu sorti de nulle part et d’autres maisonnées, comme les Hightower par exemple, méritaient sans doute bien plus le titre que lui. Mais se rendaient-ils seulement compte du travail que ç’avait été que d’atteindre une telle place ? Aucun ne s’était questionné une seconde sur les raisons pour lesquelles il était là, à cette position. Puis aucun d’entre eux ne savait sans doute à quel point ce siège pouvait être inconfortable. Lui-même, s’il aimait la richesse et la puissance amenées par ses titres, en avait plein le cul. Et c’était peu de le dire.

Un sourire de courtoisie sur les lèvres, il laissa Desmena réfléchir à ses paroles. Oui, il souhaitait bel et bien lui offrir Solfoyer. Et bien la mettre à tous ces noblaillons bieffois pète-cul au possible, qui pensaient pouvoir le déloger de sa place.

— Effectivement, ma dame. Je ne veux que réunir le Bief, et avec ma position à la cour, vous comprendrez que je ne peux pas gérer tant de fiefs… C’est pourquoi je tiens à vous offrir Solfoyer. En gage de ma sympathie, et du respect que j’ai pour votre maisonnée.

Il arqua un sourcil en tournant son sourire vers elle. Il avait presque l’air bienveillant. Bienveillant mon cul, oui. Que les bieffois rentrent gentiment dans le rang, ou il sera contraint de les y mettre de force. Et ils seraient bien seuls face à la Couronne.

— Qu’en penseriez-vous ? Cela scellerait une alliance entre nos maisons, et renforcerait la puissance du Bief. Il est temps que cessent toutes ces tensions, vous ne croyez pas ?

(c) DΛNDELION

Navré ? Tu t’en foutais complètement, cette place, tu ne la mérites pas. Tu ne sais pas gérer un royaume entier, tu ne fais rien pour. J’inclinai la tête, pour le remercier de sa sollicitude de ses mots qui sonnaient creux avant d’écouter sa proposition. Solfoyer. J’en avais entendu parler. Et j’avais bien l’impression que l’homme était particulièrement prudent. Savait-il quelque chose ? Ou pensait-il que c’était uniquement par courtoisie que j’étais venue avec les Hightower ? Disons que c’était cela après tout. Ta sympathie ? Tu l’achetais. Tenter. Plus exactement. Réunir le Bief. Oui. J’inclinai légèrement la tête, je gérais seule l’un des plus grands domaines du Bief, qui a une époque avait même été entièrement indépendant, lui même ne gérait même pas son propre domaine… Et il voulait une alliance ?

« C’est une offre intéressante. »

Fis-je d’une voix calme et posée. Seulement.

« J’ai quelques questions. »

Il ne fallait pas non plus me prendre pour une nouvelle-née malgré mes seules deux lunes de gestion seule d’un domaine. Curieusement, avec en plus deux ans aux côtés de mon père, sans parler des années de guerre, j’avais très vite appris :

« Dans quel état est ce fief ? Après tout, vous avez passé par les armes les Cuy. »

Sans parler des Tarly… Sept, merci que mon père ne soit pas allé là-bas… Aucun jugement cependant dans ma voix malgré ce que je pensais. Autre chose :

« Vos hommes également y sont allés, et j’ignore s’ils savent gérer un fief. »

Traduction : tu as envoyé tes bourrins là-bas, qu’est-ce que je vais récupérer.

« Qu’est-ce que vous voulez en échange de ce… cadeau ? »

Comme-ci je ne savais pas que les Hightower voulaient ce fief après tout ! Mais il ne pouvait savoir ce que je savais après tout. Quant aux tensions… Allais-je lui donner un conseil ? À part s’il me le demandait… Mais je doutais qu’il demande conseil à une simple femme.

« Et en dehors d’apaiser les tensions avec ce cadeau, pourquoi m’offrir ce fief en particulier ? »

S’il me demandait de renoncer à mes trente années, plus vingt-cinq maintenant, d’exonération de taxe, son index allait lui ressortir par le rectum après être rentré par son globe oculaire. La question suivante serait : allait-il tenter de jeter l’opprobre sur les Hightower ?

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bronn & desmera

an 305, lune 7, semaine 4, jour 3

L’offre l’intéressait, tant mieux, il s’agissait d’un généreux don et non d’une offre, donc l’inverse l’aurait étonné. Elle s’enquit de l’état des terres, fort heureusement, celles-ci n’avaient que peu été abîmées. Bronn répondit d’un ton posé, s’interdisant ses emportements habituels – il devait tenter la diplomatie, bien que ça ne lui ressemble guère.

— Il n’y a pas eu besoin de siège pour marcher sur Solfoyer, la majeure partie des hommes des Cuy étaient à Hautjardin pour l'assiéger. Le fief et ses terres n’ont été que peu endommagés, et les soldats qui gardent aujourd’hui la forteresse en mon nom ne sont là que pour maintenir l’ordre et éviter que quelqu’un d’autre s’en empare. Les paysans continuent leur boulot, et les roturiers roturent.

Il haussa les épaules.

— C’est un cadeau, comme vous l’avez dit. Ça n’en serait pas un si je vous demandais quelque chose en échange, non ?

Ses sourcils s’arquèrent. Il voulait juste lui donner un os à ronger et qu’elle se tienne tranquille. Lorsque Desmena lui demanda pourquoi ce fief en particulier, Bronn haussa les sourcils. Elle n’avait pas l’air très au courant de la situation du Bief.

— Hé bien… Parce que j’avais le choix entre vous offrir Noircouronne et Solfoyer, et que d’un point de vue géographique, Solfoyer serait plus intéressant pour vous. Faites-y construire un port et vous y gagnerez en frais de comptoir : vous serez votre propre comptoir commercial. Un moyen de développer avantageusement le trafic ce votre vin. Quant à Noircouronne, pour être parfaitement honnête… J’ai d’autres plans pour ce fief-ci, je ne peux donc vous le céder.

Des plans qui ne réjouiraient guère les receveurs du fief des Bulwer, mais peu importait. Des os. Il n’avait que des os à leur donner, alors que tous ces chiens les rongent et qu’ils la ferment. Si son plan fonctionnait, la Couronne ne pourrait plus lui reprocher de ne pas tenir le Bief, car celui-ci serait bien forcé de lui manger dans la main.

(c) DΛNDELION

Si Solfoyer était en bon était c’était une excellente offre. Il faudrait seulement que je me débarrasse des hommes de Bronn en toute douceur pour placer ceux que je voulais et que je m’assure que les hommes présents là-bas me soient dévoués. Mais ce n’était qu’un détail à cet instant. J’eus presque un ronronnement à sa remarque. Un cadeau gratuitement ? Sans rien en échange ? Je n’étais point idiote…

« Oh… Seigneur La Néra. Un seigneur ne fait pas de cadeau à un autre seigneur sans une idée derrière la tête. »

On appelle cela la politique après tout.

« Peut-être que ce fief vous coûte trop cher et que c’est un cadeau empoisonné que vous me faites là. Cependant, je vais croire que ce n’est que pure hâte de charités de votre part… pour cette fois. »

Il me fit hausser un sourcil à sa remarque. Pensait-il réellement que La Treille était une ancienne place forte de la flotte du Bief et également commercial et que je remettais tout cela doucement sur pied ?

« La Treille était, jusqu’aux attaques fernés, l’une des bases navale les plus importantes de Westeros. Sachez que je compte que La Treille redevienne une de ces bases. La Flotte de feu mon père était la plus vaste. Mais sans doute le saviez-vous et que vous ne me proposiez pas cette idée, certes intéressante mais surtout coûteuse, de port à Solfoyer comme sérieuse et uniquement comme la première chose qui vous passez par la tête. Après tout, vous êtes Grand Argentier, vous connaissez ces coûts mieux que personne. »

Je lui offris le plus charmant de mes sourires sans détourner le regard. Il montrait comme un idiot qu’il manquait grandement d’éducation pour ignorer que je n’avais pas déjà ces bases navales sur ma propre île. Trois « grandes » villes : trois ports. La Treille avait été un royaume indépendant après tout.

« Mais il est vrai qu’au niveau accès, Solfoyer est plus simple pour moi que Noircouronne, quand bien même je suis fort curieuse de savoir ce que vous allez en faire. »

Le céder aux Hightower peut-être ? Dans une tentative de… séduction ? Je poursuivis calmement :

« J’aimerais également savoir quand aurais-je les papiers indiquant que je possède maintenant ce fief. »

Petite chose très importante alors que dans mon esprit. Transformer Solfoyer en port me prendrait du temps, mais, en créant des installations provisoires, je pourrais soutenir le projet des Hightower pour protéger les côtes des Fernés.

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bronn & desmera

an 305, lune 7, semaine 4, jour 3

Effectivement, ce n’était pas un simple cadeau. Mais ça, il le lui avait déjà dit. Un peu agacé de devoir se répéter mais néanmoins souriant, Bronn répondit de son ton trop franc :

— Comme je vous l’ai déjà dit, je veux que cessent les tensions entre les maisons du Bief. Ce cadeau est un gage de respect de ma part. Je ne demande rien en échange si ce n’est votre loyauté.

Il la regarda plus franchement et sourit plus franchement :

— Celle-ci même que vous m’avez jurée lorsqu’on m’a offert Hautjardin.

Il tint à le lui rappeler. Qu’elle lève le petit doigt contre lui et ce serait acte de trahison, tandis que lui montrait patte blanche en lui offrant un fief sur un plateau d’argent. Il écouta attentivement ce qu’elle disait, prenant garde à ne pas manquer une seule information. Il devait arrondir les angles, encore, pour ne pas vexer cette dame Desmena qui en voulait toujours plus. Alors, il toussota avant de répondre d’un ton toujours maîtrisé.

— Je sais combien ces travaux seront coûteux. C’est pourquoi je me propose de financer la moitié de la construction du port, si vous souhaitiez le faire, après tout, ce n’était qu’une idée.

Elle lui offrit un sourire auquel il ne crut pas un seul instant. Desmena n’était pas bête, mais lui non plus. Il savait que tous ses vassaux ou presque lui étaient hostiles, alors la dame de La Treille, qui avait perdu toute sa famille et une partie de sa puissance dans la guerre n’allait pas y faire exception. Ce n’était pas pour rien qu’il lui proposait Solfoyer à elle, et pas à quelqu’un d’autre.

— Je ne puis hélas pas discuter de l’avenir de Noircouronne tout de suite.

Il ponctua sa phrase d’un sourire, trop poli pour sa face de vieux loup, et reprit le ton clair :

— Nous pourrions signer cela après le tournoi, qu’en pensez-vous ? Combien de temps resterez-vous à la cour ? J’aimerais régler une autre affaire avant de me pencher sur la paperasse de Solfoyer.

Du temps. Il devait gagner du temps pour mettre en place ses pions. Cela fait, il devrait pouvoir gagner la partie. Et surtout, sauver son cul.

(c) DΛNDELION

Dandelion se tendait à chaque sourire de ce Bronn, il rêvait sans doute de le raccourcir de quelques centimètres, mais c’était autre chose. Pour l’instant, ce n’était pas la peine, j’avais besoin de lui vivant. Et de Bronn et de Dandelion qui le foudroyait du regard à chaque mot qui sortait de sa bouche. Ma loyauté. Oh. J’en aurais presque ronronné quand je repensais aux conversations avec Aelinor que nous avions eu. Nous ne faisions rien de mal après tout, juste… une simple discussion, rien de ce que nous faisions n’était de la traîtrise après tout : pas de meurtre ou quoi que cela : une simple envie de choisir nos clients. Je lui offris un sourire aimable.

« Vous avez votre propre manière de vous assurer la loyauté de vos vassaux. »

Petit pensé pour Baelor. Mais il serait ravi de cette nouvelle après tout, c’était autre chose. Pour l’instant Solfoyer serait une priorité dans nos discussions d’ici quelque temps. Je pourrais sans doute en jouer… Mais c’était autre chose. Offerte. Père vous deviez avoir envie de vous couper la langue…

« Mon père m’avait raconté oui. »

Autant dire qu’il avait but une longue rasade de vin avec une mine d’enterrement.

« Il avait aussi dit que ce qu’avaient tenté les Cuy et autres étaient une connerie et qu’ils ne devaient pas avoir assez perdu de fils pour faire cela. »

Et il avait à nouveau bu une gorgée de vin avant de me regarder, larmoyant et de me demander où était ma mère… Souvenir fort désagréable et je ne pus m’en empêcher je frottai légèrement le bras comme pour me réchauffer. Dandelion inclina la tête vers moi avec douceur, inquiet que j’ai froid. J’avais froid : mais à l’intérieur, il ne pouvait rien y faire. Il savait réellement combien cela coûtait ?

« Vous-mêmes ? Ou la couronne ? Mais c’est une idée fort intéressante et une offre fort généreuse qui mérite réflexion. »

Bien, et Noircouronne… Cela serait plus tard. Mais une fois que j’aurais Solfoyer… Après le tournoi ?

« Je peux rester quelques jours supplémentaire, une semaine. Sans doute deux au grand maximum. Guère plus, mes terres sont loin et je ne veux pas rester trop longtemps loin d’elles. »

Une affection toute particulière pour mes terres, mon vin… Tout ce qui me restait après tout. Dandelion s’inclina légèrement avant de glisser quelques mots à mon oreille : si nous partions avant les Hightower nous pourrions rentrer plus vite. Je hochais la tête. Cela dépendait de bien des choses. Dont de la signature de ce don de terre.

❛n❝un accord commercial... vraiment ?❞

305 | lune 7 | semaine 4 | jour 3

ft desmera redwyne

Malgré l’amabilité du sourire de la dame, Bronn sentait bien qu’elle lui était hostile et que derrière ses mots coulaient des reproches. Oui, il était mal né. Oui, il n’était pas conventionnel. Mais les bieffois devraient faire des efforts et l’accepter, car il n’était pas prêt de renoncer à ses titres. Il songea à Edmund, ce prince de Dorne fort contesté qui avait réussi à faire rentrer ses vassaux dans le rang par un simple mariage. Peut-être la tactique du suzerain du Bief marcherait-elle, il l’espérait, car il s’apprêtait à jouer toutes ses cartes. Il était bien conscient que, s’il avait pour l’heure l’appui de la Couronne, ce ne serait pas éternel. Viendrait le jour où ils en auraient marre de lui sauver les miches et où il devrait se débrouiller seul. Il sourit aimablement à la dame de La Treille.

— Oui, votre père. Si je me souviens bien, c’est lui qui a ployé le genou face à moi. Un serment de loyauté… Dardant un regard sérieux sur Desmena, il reprit d’un ton posé. Un serment que je n’ai pas reçu de vous, il me semble.

Et qu’il attendait, désormais. Qu’elle ploie le genou en bonne vassale, lui jure fidélité. Si elle s’y refusait, Bronn jouerait de sa position pour lui faire ravaler sa fierté. Il se fichait bien d’être haï de ses vassaux, cependant, il refusait qu’ils continuent de le contester ouvertement. Il était temps qu’il s’impose en seigneur suzerain du Bief, et il comptait bien le faire. Par l’ouverture de ses mots et son aimable présent, il offrait à la dame de La Treille une chance de passer par la manière douce. Qu’elle refuse, et ce serait la manière forte.

Il sourit à la dame qui demandait si ce serait Hautjardin ou la Couronne qui paierait pour les travaux qu’il se proposait de financer. Le prenait-elle vraiment pour un con ?

— Je paierai, répondit-il en insistant bien. Me pensez-vous donc si mauvais avec les chiffres ? Il me semble que de nous deux, c’est moi, le Grand Argentier.

Un simple rappel, jeté d’une voix toujours calme, pour que la dame comprenne qu’elle ne pouvait pas jouer avec lui. Et si lui-même se savait effectivement mauvais avec les chiffres, elle n’était pas censée le savoir et, qui plus est, elle n’était pas en position de le contredire. Qu’elle insulte son suzerain, ce pouvait être vu comme acte de trahison envers Hautjardin. Qu’elle insulte le Grand Argentier, et c’était à la Couronne qu’elle s’attaquait.

— Je vous recevrai dans mon bureau après le tournoi, alors. Puis-je vous donner une date plus précise le jour de la finale ? Cela me permettra d’organiser au mieux mon agenda.

Il avait bien des gens à voir, bien des choses à régler. Le cumul de la suzeraineté du Bief et de son poste de Grand Argentier avait fait de lui un homme occupé, mais avec tout cet attroupement de nobles à la cour pour le tournoi, sa charge de travail n’avait fait qu’augmenter. L’occasion pour lui de retarder la signature du don de Solfoyer aux Redwyne, et d’assurer ses arrières tandis qu’il déroulait lentement son plan.

Je sentais que Dentdelion, et non plus Dandelion à cet instant, mourrait d’envie de faire une brochette de ce Bronn. Je haussais par contre un sourcil surpris à sa remarque. Et perdis légèrement mon sourire.

« Trois jours après l’enterrement de mon père, j’ai moi-même, écris, cacheté et porté à la rookerie la lettre pour Hautjardin affirmant qu’à l’instar de mon père, j’étais votre vassal. J’en ai même une copie que j’ai faite gardé à La Treille. »

Et j’étais bien sûre de l’avoir fait.

« C’est le tout premier geste en tant que seigneuresse que j’ai fait. Devant mon mestre, un septon ainsi que Dentdelion. Qui pourra vous le confirmer si vous lui demadez. »

Le chevalier inclina la tête en silence continuant de fixer l’homme en silence. Ce geste m’en avait coûté, mais ce n’était pas comme-ci j’avais eu en réalité le choix. Deux ans, une flotte commerciale à peine remise sur pied, seule et presque sans allié… Maintenant la situation était différente. Seulement, j’avais suivis les conseils de mon mestre, autant être en règle. Et je posais la question sur le financement qui me fit à nouveau sourire.

« Nullement Seigneur Bronn. Je vous crois même doué avec les chiffres, la question était légitime à mes yeux pour ce type de financement que nous savons tout deux fort onéreux. Mais il ne sera pas oublié que le suzerain du Bief a payé pour Solfoyer. »

Non, c’était sûr qu’avec ce coup là… il le jouait très bien. Mais avoir ce fief était intéressant parce que je pourrais, en partie, contrôler et protéger l’entrée au canal entre La Treille et Villevieille… Nos fiefs seraient bien plus protégés… Mes gens aussi et cela n’aurait pas de prix à mes yeux. Me donner la réponse le jour de la finale. J’inclinai la tête.

« Cela ira très bien, après tout vous devez avoir bien des choses à gérer. »

Devais-je lui préciser que Dentdelion viendrait ? Sans doute pas. De toute manière, je ne me déplaçai jamais sans mon épée lige. Trop dangereux.

« La Treille et la maison Redwyne n’oublieront pas votre généreux cadeau. »

Que j’allais devoir gérer de mon mieux, mais cela j’avais déjà une petite idée. ET j’étais sûre que cela allait beaucoup plaire.

[Port-Réal] Un accord commercial… Vraiment ?

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