[Proche de Port Réal] Sur la route des ennuies

Voilà plusieurs semaines que j’étais trainée dans ce carrosse, je n’en voyais plus le bout du chemin, malgré les nombreuses haltes dans les auberges, j’en avais marre. Desmera m’avait promis un séjour à Treille, à la place, me voilà en train de bourlinguer dans une cage à poule de luxe en partance pour Port Réal. Tel une simple dame de compagnie. Certes, il s’agissait pour moi d’une compagnie des plus agréables, mais tout de même !

— Je ne pouvais en vouloir à Desmera pour ses obligations, mais je n’aimais pas cette situation, cela faisait quelques jours que je boudais dans mon coin, et qu’elle profitait de la compagnie de ses gardes à cheval. On m’avait promis mont et merveille et à la place, je n’avais qu’une boite comme logis et pour compagnie des gens que je ne connaissais pas vraiment. Impossible de faire la moindre préparation alchimique dans ces conditions. Je n’étais pas heureuse. Certes parfois Desmera me rejoignait pour me tenir compagnie dans le carrosse, et nous en profitons pour échanger quelques mots amicaux. Les meilleurs et pires moments de ce voyage pour moi. Mon cœur se soulevait à chaque fois, comme si son odeur me prenait aux tripes. Pourtant, je n’avais point envie de vomir. Plutôt une étrange envie d’aller aux toilettes. Alors je croisais encore et encore mes cuisses pour ne pas faire arrêter la charrette en permanence. Quand elle me parlait, j’étais rivé sur sa bouche et sur ses lèvres. Je rougissais régulièrement tandis que mon cœur s'emballe, encore et encore.

Combien de fois j’ai pris cette fichu potion devant elle jusqu’à ce que finalement je trouve le fond de son contenu. Totalement inefficace ! Nous arriverons bientôt, j’en rachèterais quand même au marché avant le procès, je ne peux rester ainsi sans médicament face à ce mal qui me ronge.

Ce matin là, elle avait envie de me parler, de se confier à moi et donc de me rejoindre afin que l’on puisse discuter ensemble de ce qui adviendra à Port Réal, l’occasion pour moi de lui confier mon envie de me rendre au marché avant le procès afin de faire le plein d’herbe et autre denrée, dont j’ai besoin, personnellement.

Je pensais être la seule mal à l’aise, mais je compris au regard de Desmera qu’elle ne se sentait pas bien non plus. Son sourire n’était pas aussi franc que d’habitude alors que le mien restait en permanence le même en sa compagnie, triste et heureux en même temps.

Elle semblait tendue, alors je m'inquiétais quand elle ouvrit la bouche sur ce qui allait advenir de nous à Port Réal.

“Si tu dis cela ainsi, c’est que tu as quelque chose de précis en tête, ta vie est-elle en danger d’une quelconque façon Desmera ?”

Avec l’adrénaline et l’inquiétude, mon cœur et mon entrejambe s'arrêta de fonctionner comme tous les jours en sa compagnie, mon visage s’éclaira, comme si je sortais de ma torpeur, prête à bondir sur un ennemi avec mon couteau et la défendre au péril de ma vie. J’étais guéri… pour le moment du moins. Je n’avais réellement aucune conscience de cela sur l’instant, mais Desmera ne pouvait pas passer à côté de ce changement sur mon visage. J’étais comme ressuscité face à son inquiétude. Comme quoi, je ne dors jamais quand elle a besoin de moi, et ne manquerait jamais de l’aider comme elle l’a fait pour moi.
 

Dans la vie, on a toujours le choix, j’avais fait le choix de la suivre, et j’avais fait le choix de l’accompagner à Port Réal bien que tout cela n’était pas convenu à la base. Le voyage en valait la peine même si j’ai eu tiré la gueule plus d’une fois, simplement car j’étais avec elle. Je ne suis juste pas habitué à rester aussi longtemps sur les routes à m’ennuyer ! J’évitais même de lire tellement j’avais des soucis répétitif au coeur. L'ennui m’avait emparé ainsi que l’inquiétude depuis fort longtemps, et ma compagnie ne devait pas être des plus agréables, du moins c’est ce que je me disais.
—   A tort de toute évidence, car Desmera malgré mes nombreux manquement se confient enfin à moi. Il faut dire que je lui avais livré bon nombre de choses sur moi, même l’existence de ma grotte secrète. Elle a peur du seigneur du Bief en personne, ce qui est fort fâcheux car il a le droit de bien des choses sur nous autres, ses bannerets. Elle me parle d’un époux potentiel qu’elle se doit d’avoir, et étrangement je me dis que moi aussi, je devrais chercher.

“Je comprends ton inquiétude, je suis moi même dans la position de chercher un époux, mon père ne m’aide pas à cela, et j’aurais finis vieille fille si tu ne m’avais pas sortie de chez moi…Maintenant j’ai une chance de changer ma destinée.”

Je me dis alors que c’est peut être une bonne chose pour moi que ce seigneur m’offre à quelqu’un et arrange mes propres fiançailles, je n’aurais plus à m'inquiéter de rien, mais si je dis cela à Desmera, je pense qu’elle m’en voudra alors je tais mon ressenti et l’aide d’une autre façon en déviant la conversation sur des choses plus agréables.

“Si tu  penses ainsi, c’est que tu as déjà un prétendant en tête, car à nos âges, nous sommes en lieu de nous marier depuis longtemps… Surtout moi…”

Je fais alors le recensement des nobles que j’ai côtoyé en sa compagnie et ne voit personne de potentiellement accessible pour elle si ce n’est Humfrey Hightower. Ce serait bien présumé que de l’affirmer pour l’heure, mais c’est le seul candidat possible dans l’entourage que je connais. Je l’ai vu le regarder chez moi lors de notre rencontre. Je ne dis mot et mon cœur se remet à battre de jalousie dans ma poitrine, je serre alors les dents et contient ce pincement au plus profond de mon être. J’ai peur d’une crise cardiaque imminente, sans savoir que cela peut m’arriver, ou non. Je me crois encore malade, et cette sensation qui m’envahit ne me rassure pas du tout.

“Est-ce que je le connais ?”

Il était tant pour mon coeur de se taire une bonne fois pour toute ! Je voyais enfin la détresse de mon ami et il s'agissait pas que le fait de perdre celui qu’elle convoite. Elle était entre deux feux, une guerre politique aussi vile et froide que possible. Contrainte de plier le genoux envers un homme qui va voir des putains, mais quel homme ne le fait pas ? J’ai toujours eu vent que cela était monnaie courante, même chez les nobles. Mon père le faisait, ma mère le savait bien. Même moi je les avais vus autour de lui à l’enlacer et le papouiller une fois. A Herbeval, on ne cache pas ce genre de chose, même si c’est plutôt mal vu, et que cela déplaisait à ma mère aussi.
—   Les hommes ont besoin de se détendre parfois, m’avait-elle donné comme explication. Je m’en étais alors contenté avant de retourner dans mes appartements.

“J’ignorais pour le dormien, j’ignore beaucoup de chose, quasiment tout ce que tu me dis là me paraît si étranger. Je n’avais eu vent que le nom de La Néra, aucune autre chose, j’étais vraiment seule et isolée du monde avant de te revoir.”

C’est d’ailleurs pour cela que je l’écoute, dans un premier temps pour affirmer que je connais bien l’homme dont elle est éprise et de l’autre pour entendre cette histoire sur les HighTowers qui sont venues jouer avec la queue de ce serpent de Bronn. Je me remémore alors la jeune Aelinor que j’avais croisée dans le bois sacré de Port réal, il y a cinq ans de cela.

Puis, je finis par grimacer à l’entendre qu’elle a dû plier par trois fois le genou devant lui et même devant le septon.

“Pardonne moi Desmera, je n’avais pas conscience de tout cela, mais je réalise maintenant que ce voyage est bien plus important pour toi que quoi que ce soit en ce monde. Et malgré cela tu prends le temps de t’alourdir de mes problèmes. Je trouverais un bon parti, ne t'inquiète pas pour moi, il me suffira de déambuler en ta compagnie, à Port-Réal, ou même à Treille. Ta bonté rayonne tellement que je suis sûre que sur les milles prétendants que tu auras, au moins un finira par m'entrevoir. Tu n’auras pas à me trouver de parti. Ce n’est pas à toi de faire cela de toute façon, tu as bien d'autres soucis à gérer.”

J’étais suffisamment un boulet pour elle, et je le réalisais depuis le début, mais cette fois je ne comptais pas la laisser tout assumer. Surtout une chose aussi importante que celle de me marier avec quelqu’un. Un conseil sera toujours le bienvenu de sa part mais je ne voulais rien de plus, j'en avais déjà eu bien trop. Il est temps pour moi de lui rendre un minimum la pareil.

“Pour ce qui est du seigneur de la Néra, j’imagine que les hightowers ont porté plainte au haut conseil du roi et que si le procès à lieu, c’est que la demande n’a pas été jeté dans une corbeille car elle est fondée et appuyée de preuve ou de témoignage. Tu sais bien que les procès ne sont que du folklore pour faire plaisir au peuple et que l’accusé est toujours condamné. Sinon on ne réunit pas autant de monde pour le voir, on ferait cela en huit clos pour ne pas ternir sa réputation et étouffer l'affaire dans l'oeuf.”

Voilà la première parole sage est rassurante que je lui donne, elle a lâché ma main et je m’empresse de la reprendre pour lui témoigner mon appui à nouveau. Je ne la lâcherais plus jamais !

“Tout va bien se passer mon amie, il n’aura pas gain de cause, j’en suis persuadé.”

Là ou ma théorie part en l’air, c’est que le seigneur de la Nera est l’une des plus grandes fines lames des septs royaumes. Si un combat devait avoir lieu pour l’innocenter, personne ne serait capable de l'arrêter mais çà, je n’en savais rien sur le moment …

“Et cette Talia Tarly, qui est-ce ? Une cousine des Hightowers ?”

Le cousin, de la tante, de l’oncle du frangin de l’arrière grand père… AU SECOURS ! Si Bronn est perdu dans cette peinture qu’elle est en train de me tisser moi je me noie littéralement. J’ai certes étudié y a fort longtemps ces choses, mais au contraire des plantes, tout cela ne m’a jamais fasciné et j’ai toujours fais un bon en arrière pour l’apprendre par cœur. Quelques noms comme les tyrells m’étaient certe connus, mais de là à dire qui était dame Samantha… Je n’avais pas à coeur de lui demander l’arbre généalogique, on y passerait de toute évidence le reste de la journée, et à part faire quelques commérage croustillants je n’en voyais pas l'intérêt personnel.
—  Un chose percuta bien plus mon esprit dans son discours, je dois trouver un parti pour un mariage matrilinéaire ? Certes, je dois protéger le nom de ma famille, c’est mon devoir en tant qu' enfant, mais moi ce que je cherche, c’est juste quelqu’un qui tient ce fichu royaume que mon père m’a laissé sur le dos à la mort de ma mère.

“Tu crois que… ce serait mal venu si j’épousais un autre noble sans … garder mon nom ?”

Après tout, je ne serais pas là première et mon nom n’est pas aussi important que celui des Tyrells.

“Si je venais à épouser un Hightower par exemple, une famille bien plus importante que la mienne, il serait normal que j’abandonne mon nom, non ? Personne ne m’en voudra de ne pas garder la continuité de ma lignée. De toute façon qui s’en soucis… Mon père est sûrement en train de cuver le vin que ton intendant lui planque avec beaucoup d’ardeur.”

J’avais beaucoup de colère contre mon père. Il m’avait abandonné dans ce monde que je ne comprenais pas, je préférais la sauvagerie pure de la nature, c’est beaucoup plus simple pour moi de comprendre que l’Aconite tue que d’envisager qu’il existe soixante posture différente pour se faire pardonner à un lord.

Je retiens la première phrase de Desmera et marmonne pour finir une réplique à ce sujet : “Les ignorants sont bénis, c’est certain, et plus j’en serais, et plus je serais maudit.”

L’expérience de la vie me l’avait prouvé, j’aurais préféré ne jamais savoir pour la confrérie noire, cela n’était pas un cadeau de ma famille mais un héritage maudit qui par chance avait pris fin.

“Toutefois, je suis prête à partager ta connaissance et ta malédiction Desmera, alors n’hésite pas à me confier tout ce qui ronge ton cœur…Le mien ne tardera peut être pas à lâcher de toute façon, alors si je peux t’être utile une dernière fois avant de mourir, ce sera avec plaisir..”

Je venais de cracher ma maladie à son visage comme si de rien était dans une phrase des plus mélodramatique qui soit. Elle n’était pas au courant de ce que j’avais et l’informé de la sorte m’est sorti naturellement, gaffeuse que je suis,  comme toujours.

Il était trop tard pour faire marche arrière, puis elle aurait fini par se douter en me voyant boire autant de potion toute la journée. Autant lui avouer que je ne passerais peut-être pas l'hiver prochain.

Bien sûr tout cela est dans ma tête, un pincement de cœur n’a jamais fait cela à quiconque.

Je venais de la choquée par deux fois, la première car je n’avais pas spécialement envie de garder mon nom de famille, et la deuxième fois en lui annonçant mes soucis de coeur. Comme toujours, elle intervient à sa façon, telle une tornade qui doit gérer milles et un problème plus vite que les dieux.

— Pour le premier souci, simplement elle accepte ma volonté, qui demeurant n’est pas du tout la sienne et quand au deuxième, il me suffira simplement de voir un mestre à mon retour. Je n’avais pas à cœur de la contredire, que ce soit sur un point ou bien sur l’autre. En tous cas, j’étais certaine que le mestre aussi érudit soit-il, me donnerait le même breuvage que celui que j’ai préparé moi-même. Je pourrais lui dire de ce fait que cela ne change pas mes maux et que cela signifie sans l’ombre d’un doute que mes jours sont de ce fait compter, mais je ne veux pas la perturber encore plus que ce que je venais de faire. Autant qu’elle croit que sa tornade blanche avait tout résolu d’un revers de main.

A dire vrai je m’en veux même de lui en avoir parler, elle a aussi ses propres soucis, je ne suis pas une bonne amie. Je tente alors à ma façon de répondre pour la rassurer de quelques explications aussi vaseuses que à mon habitude.

“Ne t’inquiète pas, cela passe parfois et revient le lendemain mais cela ne dure pas longtemps. Je ne voulais pas t'affubler d’un problème de plus à gérer, voilà tout, surtout après que tu aies rencontré mon père. Cela dure depuis ton arrivée à Herbeval, c’est peut être le stresse des voyages, rien de plus. Tu as raison, une fois à Treille, tout ira bien. je ne suis pas habitué à un tel mouvement sans fin, je suis habituée aux espaces clos, à ma chambre. Je suis sans doute juste stressé, voilà tout…”

Je ne le croyais pas moi même, le stresse, je le connaissais bien, je l’avais côtoyé des années de ma chambre à donner des ordres à mon intendant, des ordres que je suis certaine, Desmera n’a quasiment jamais donné de sa vie. Il ne s’agissait pas de stress, j’étais mourante, j’en étais persuadée, alors rassurée mon ami n’était pas chose aisée surtout qu’elle savait quand je mentais.

“Pour ce qui est de mon père, je n’ai pas eu l’envie de le lire, Isaac affirme qu’il a réduit sa consommation d’alcool, mais je ne veux pas affronter pour l’heure les écrits de mon père. J’hésite même à les brûler et prétexter que les corbeaux ont perdu leurs messages. Je lui en veux Desmera, et même s’il demeure mon père et Seigneur, j’ai qu’une envie pour l’heure, être loin de lui.”

J'espère qu’elle comprendra ma volonté. Il n’est pas aisé de vivre tant d'années auprès d’un ivrogne et de le ramasser, jour après jour.

Faire ce que j’ai envie de faire, c’est tellement facile à dire, et tellement difficile pour moi de le conceptualiser. Qu’est ce que je voulais au fond de moi ? Guérir ? Sans l’ombre d’un doute, mais à part cela ? Je venais de changer de vie depuis quelques semaines, une vie consacrée dans les ombres et me voilà exposé à la lumière.

— Je n’ai pas l’habitude de ce monde si éclairé, je préfère les espaces obscurs et calfeutrés. Rien de bon pour ma santé. si je suis ici, c’est justement pour aller contre ce que j’aime le plus faire. Restez seule.

“Et si ce que je voulais n’était pas bon pour moi ?”

Oh punaise, elle va croire que je veux me suicider maintenant ! Je suis vraiment à la masse parfois de balancer des phrases pareilles. En tous cas, ce n’est pas en lui affirmant de tels propos que je vais la rassurer et que je vais améliorer ma situation.

“Pour que tout aille bien, il faudrait que je me marie, mais est ce que je veux vraiment çà…? Tu sais Desmera, si je m’écoutais, je vivrais dans une cabane au fond d’une forêt obscure, je ferais grossir mon nez avec de la bave de crapaud et me ferai passer pour une vile sorcière… Au moins on me laisserait  tranquille… moi et mes herbes… On est si différente, toi et moi…”

Je parlais enfin à coeur ouvert de ma vision de ma vie, je ne l’avais jamais fait auparavant, et je conceptualisé très bien que les premiers paysans de la région viendraient me brûler sur un bûcher si je tenais de tels propos à quiconque à part Desmera.

“A te voir faire, cela semble si facile d’être toi-même, je n’y arrive pas, je ne suis pas jalouse de toi, mais j’aimerais comprendre ton secret parfois, je te jure, cela me pèse.”

Je porte délicatement la main de Desmera à ma joue pour ne pas la brusquer vu que je la tiens depuis le début de cette conversation, je recherche naturellement la tendresse de son amitié, une affection maternelle, un conseil, ou bien un simple geste de sa part. Une aide qu’elle ne m’a pas encore offerte, une chose que l’on décrira d’interdit et dont je n’ai pas conscience moi même. Je recherche naturellement son amour sans savoir de quoi il en retourne. Je veux son affection, et la paume de sa grâce sur ma joue et sur le bord de mes lèvres, je veux humer son parfum, je suis prête à… mais alors que je commence cette ineptie, mon coeur s’emballe à nouveau, plus fort que jamais. Alors, avant qu’elle ne parvienne à mes pores, je la lâche et tient mon cœur qui bat à mille à l’heure.

Je remonte mes jambes sur le siège et me mets en posture foetale tout en restant assise à l’extrême opposé de Desmera. Une posture inconvenable pour une femme de mon rang, mais nous sommes entre nous, et je n’ai aucune frontière avec Desmera.

La douleur n’est pas virulente, elle me dérange au plus haut point, je rougis même ! Qu’est ce qui fait chaud ! Alors je baisse le fenestron de la calèche, pour chercher froid et air pur. l’air extérieur s’engouffre enfin. Voilà qui me revigore, et me refait reprendre mon teint blanc habituel… Je ne suis pas bien, et je ne comprend vraiment pas ce qui m’arrive, je saisis à nouveau ma potion, et la boit sans me fourvoyer un instant que je perd mon temps.

Peut être qu’elle pourrait me montrer ce qui est bon dans la vie… Mon coeur n’aspirait qu' à ça, moi j’en doutais cruellement mais naïvement je ne pu m'empêcher de lui demander

— “Et comment tu t’y prendrais au juste ?”

Ma question était peine perdue, les moqueries de ma maison en pain d’épice ne tardèrent pas à tomber, rien de méchant, je l’avais sans doute bien mérité avec mes rêves impossibles. J’abusais sans doute à souhaiter de telles choses, je le regretterais sûrement. Je me plaignais de ma condition mais j’étais une dame de haute maison. Habitué à avoir un repas chaud, tous les soirs, sans que j’ai besoin de me préoccuper de ces choses basiques et pourtant si nécessaires à la survie de nos conditions humaines.

Desmera était un phare qui m’éblouissait, qui m'aveuglait, même. tel un papillon je m’approchais d’elle prête à m’en saisir, mais cela ne faisait que brûler mes ailes, car nous ne sommes pas pareil, elle est le feu, je suis la nature brute, une simple feuille qui s’immole de sa présence.

“Une vilaine feuille ne te tuera que si tu la mange, les humains sont bien trop complexes, oui je préfère la simplicité, les dosages, les choses carré qui sont sûres et certaines. Quand on prépare une potion, si on suit une recette et que l’on ne fait pas d’impair, il n’y a jamais de surprise. Je n’aime pas l’humanité pour çà, elle est le fruit du hasard, et une continuelle déception chaotique.”

Je continue à rester dans le fond du carrosse et relève enfin mon regard sur Desmera.

“Si tu fais croire que c’est facile, et qu' en réalité ce n’est pas le cas, alors cela signifie que toi et moi, nous sommes malheureuse de notre condition actuelle. J’ose espérer que tu obtiendras ce que tu cherches à Port Réal Desmera. Et tu as raison vis à vis du travail, dès que j’ai l’esprit occupé, je vais mieux, mais j’ai aussi l’impression de faire l’autruche quand je sors la tête de mon laboratoire. Alors comment faire ?”

La conversation tournait à la déprime générale, ce que je ne voulais pas spécialement, je voulais remonter le moral de mon ami qui m’avait fait part de son inquiétude et plutôt que de l’aider, j’étais en train de l’enfoncer dans les méandres de mes doutes les plus profonds et de mes démons intérieurs aussi nombreux que complexe.

“J’ai besoin de toi Desmera… Je sais que tu es là, je sais que tu m’aides… mais je sais aussi que je suis capable de t’en demander bien plus que je devrais et cela malgré moi… Pardonne moi d’avance si cela arrive un jour. Je prêcherai ma maladresse naturelle.”

Je pensais alors à mon passé de criminel au sein de la rose noire, parfaitement dissimulé du monde suite à la cessation de son activité, mais qui sait si le passé ne me rattrapera pas un jour… moi et mes démons.

“Une chose est sûre je te mérite pas, quoi que tu dises. Alors un jour si je vois que j’abuse de ta bonté, ne t’étonne pas que je parte loin de toi sans te prévenir, ce sera ma façon de te protéger.”