noirs désirs | Megalis

noirs désirs

megalis & alessandre

an 305 305, lune 7, semaine 4, jour 7

Thème | La défaite avait un goût amère dans la gorge du cygne noir. Le Farman avait frappé sans faille, pour le blesser. La rancoeur, la peur et surtout, oh surtout, le fait qu'Alessandre porte les couleurs de sa soeur avaient sans aucun doute expliquer son geste. Il avait une trace sur le torse. Une trace douloureuse, qu'il n'aimait pas et qui abimait sa musculature fine. Devant la glace, il avait offert une moue désagréable à son propre reflet avant de se laver. Il enfila une chemise légère, presque trop fine pour les mœurs de la cour et un pantalon de cuir sombre. Il avait autre chose en tête. Le bleu qui commençait déjà à tracer ses reflets n'étaient le principal problème. Il y avait pire. Il y avait ce coeur aride qui battait sous sa poitrine.

Alessandre avait été surpris. Il ne pouvait en dire autre chose. Il avait été étonné de voir la colombe sombre assise à cette estrade. C'était logique. C'était naturel.Mais... Il ne pensait pas la revoir, pas déjà. Il revenait enfin à la vie après deux ans de disparition et voilà qu'il croisait sa belle. Ses lettres sentaient encore ce parfum qu'il croyait avoir oublié. Il inspira, s'offrit son plus beau visage cafi d'orgueil et quitta sa tente. Par derrière. Car devant, il l'entendait, se pressait son père. Cet abrutit de Criston. N'aurait-il pu crever pendant la guerre ? Il lui avait sauvé la vie le fou. Il avait éloigné la puissance du pouvoir de ses propres doigts. Le voulait-il encore ? Il n'en était plus certain. Sa vie, loin des châteaux, lui avait offert un avant goût de liberté si doux sur les lippes.

Il ne s'arrêta pas à ça. Il y avait, pour l'heure, une femme dans la tente du frère de Megalis ou il savait la trouver. Hightower, cousine de sa chère mère. Il fuyait les tours. Il reviendrait plus tard.

Ses pas le trainèrent à travers les troupes. Il saluait les quelques grands noms croisés pendant la guerre, s'offrait aux chevaliers du Conflans. Il avait combattu aux côtés de ses hommes. Ramenés de souvenirs acides sur les lèvres et de la bile. Des cicatrices, des murmures dans la tête. Le cygne sombre les éloigna d'un revers de tête. Il attendait le soir, la nuit, le moment où il était le plus libre.

C'est quand le soleil déclina enfin sur les berges de la mer qu'il revient à la charge. Elle était toujours là sa belle. Il la voyait en transparence de lumière, à travers le voile cotonneux de la tente. Alessandre attacha ses cheveux en un chignon bas avant d'entrer sans s'annoncer. Combien d'année ? Depuis combien de temps ne s'étaient-ils plus vu ?

— Megalis ? demanda-t-il.

Sa voix, chaude, perça le silence tout abstrait des lieux. La cour ne se taisait jamais. Encore moins en ce soir de tournois, alors que dansait et chantait le peuple. Ils s'étaient rencontrés à un tournois la première fois. Ils se retrouvaient, à l'instant. Et Alessandre aurait cru les circonstances moins tragiques quand il imaginait recroiser la belle lionne rouge. Tant pis. Le monde était ainsi fait. Et là, ce soir, elle avait besoin de quelqu'un. De cette personne auquel elle soufflait tant dans les lettres autrefois échangées.

@Megalis Farman
Amour - Rammestein

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megalis & alessandre

an 305, lune 7, semaine 4, jour 7

Le banquet battait son plein et, après son entrevue avec Aelinor, Megalis avait tenté de se mêler à la foule. Hélas, les festivités l’ennuyaient ce soir-là, son esprit embrumé par bien des songes. Elle ne pouvait s’empêcher de revoir son frère se faire transpercer le ventre, son sang maculant le sol, et elle, ne pouvant que crier face à l’horreur. Même la vision, brumeuse, comme un mirage, du cygne noir, n’avait su apaiser ses peines. Que faisait-il là ? En soi, cela n’avait rien d’étonnant, il était chevalier et c’était un tournoi important. Mais cet oiseau de malheur qui avait retourné son cœur alors qu’elle n’était qu’une enfant était volage et il avait fui. Disparu, envolé, deux ans durant. Plus de lettres, plus de nouvelles. La jeune femme lui en avait voulu, elle avait pleuré. Mais s’était reprise, avait revêtu le Masque qu’on avait mis entre ses jeunes mains. Alors elle se jouait des autres, elle se jouait des cœurs et des esprits, affichant tantôt la froideur du Mur, tantôt la chaleur brûlante des Contrées de l’été constant. Au fond, elle n’avait jamais été elle-même qu’avec deux personnes. L’un était alité, mourant, et l’autre un oiseau qui ne se posait jamais longtemps sur une même branche. Il l’abandonnerait encore, tôt ou tard.

Elle s’était réfugiée dans la tente des chevaliers de sa famille, désertée par ceux qui festoyaient. Elle savait leurs esprits préoccupés par l’état de Willos, qui bien que stabilisé, demeurait inquiétant. Ce soir-là, l’esprit obstrué par l’angoisse, un profond sentiment de solitude broyant son cœur, Megalis voulait être seule. Elle n’avait pas le cœur à faire semblant. Et comme si ses craintes ne suffisaient pas, deux paires d’yeux la hantaient – l’une, d’un noir de jais et brûlant d’un brasier passionné, l’autre, d’un bleu profond qui se confondait avec une mer de promesses. Comme un poignard venant titiller ses plaies de sa lame froide, les pans de la tente s’ouvrirent et la voix qui atteignit la jeune femme la fit se figer. Seuls ses yeux de glace se levèrent pour observer Alessandre, elle demeura muette de longues secondes.

Sept ans. Sept longues années sans se voir, et pourtant, son souvenir demeurait intact, une obsession qui grondait au fin fond d’elle. Ses lèvres frémirent et avant qu’elle ait pu se l’interdire, une larme roula contre sa joue blanche. C’était comme si son corps ne répondait plus, il y avait au fond d’elle un grand vide dans lequel elle s’était perdue. Le brouillard épais qui flottait par-dessus ses flots la faisait perdre son cap. Et comme elle avait flotté dans un océan trop grand pour elle, inévitablement, elle chavirait.

— Aless, murmura-t-elle comme pour se convaincre elle-même qu’il existait bien.

Elle cligna plusieurs fois des yeux, chassa ses larmes bien futiles, fixant cet étranger qu’elle ne connaissait que trop bien. Il avait tant hanté ses rêves. Tant alimenté ses espoirs. Elle se leva et le rejoignit de quelques pas trop rapides, et si elle voulut fondre sur ses lèvres, elle se contenta de ses bras. Elle enfouit sa tête dans son cou, huma son parfum jusqu’à s’en couper le souffle.

— Où étais-tu, par tous les dieux ? Tu aurais dû être là. Tu aurais dû.

Elle se détacha douloureusement de lui et plongea rageusement dans ses yeux bleus. Il n’y avait jamais eu de mer de promesses – seulement un océan de mensonges.

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megalis & alessandre

an 305 305, lune 7, semaine 4, jour 7

Thème | Elle était si belle. Le temps avait offert à son corps toute la grace de l'âge adulte. Et toute la violence de la guerre qui avait laissé sa marque, cruelle, dans les yeux de glace. Elle avait hanté certain rêve quand les nouvelles étaient arrivées jusqu'à lui. Il avait essayé de l'oublier entre les hanches de putain et la cruauté d'une maitresse au nom de Guerre. Mais Megalis avait enfoncé une lame acide dans le ventre de l'héritier qui gangrainait tout. Alors il l'a pris dans ses bras. S'interdit ses lèvres pour se plonger dans l'odeur de sa chevelure. Il ferma les yeux. Il aurait pu rester des heures ainsi, à juste la respirer, à juste apprécier la chaleur de son corps.

Mais elle s'éloigna de lui et enfin tomba la sentence qu'il méritait si fort. La question, celle qui brûlait toutes les lèvres et détruisait tout les espoirs. Il avait été si lâche. Il ne regrettait rien, qu'il aimait à le faire croire. Aujourd'hui, il devait affronter les démons. Et s'il pensait que celui de la vipère serait le pire, c'était celui de la lionne qui faisait le plus mal. Ne l'avait-elle avertie, Cassandre du monde avant que celui-ci ne s'effondre ?

Son pouce s'arrêta sur la joue, vient en étreindre la larme pour mieux l'éloigner. Elle ne devait pas pleurer pour lui. Personne ne devait plus pleurer pour lui quand son palpitant devait devenir de glace. Quel idiot. Comment pourrait-il en être ainsi ? Oh qu'il voulait l'embrasser, l'éteindre pour de vrai. Mais Megalis avait un honneur à préserver.

— Je le suis maintenant ? offrit-il; il n'y avait nulle véritable raison. Pour une fois, sur le visage du cygne, ne régnait nulle morgue. — Je suis revenu. Et je ne partirais plus. Mais que valait ses promesses maintenant ? Deux ans. Sans une lettre. Sans un regard. Sans un mot ou une parole. Juste le silence oh combien cruel qui le suivait partout.

Il affronta pourtant son regard. Parce qu'il n'avait pas à se cacher. Il assumait ses actes. Il assumait toujours tout ces actes. C'était bien là son plus gros défaut : cette fierté qui ne se taisait pas même une lame à travers le poitrail.

@Megalis Farman
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megalis & alessandre

an 305, lune 7, semaine 4, jour 7

Voilà qu’elle pleurait, de rage, alors qu’une tempête sans nom grimpait en elle. Alors qu’il lui disait qu’il ne partirait plus. Mais ne comprenait-il pas que deux ans suffisaient à changer le cœur de quelqu’un ? Qu’en deux ans, on aurait pu l’envoyer à l’autre bout du royaume, la vendre à n’importe quel loup, la marier, elle aurait pu l’oublier – elle ne le fit pourtant pas. Megalis pleurait, de rage, oui, car elle avait trouvé comment combler l’absence d’Alessandre. Ça s’était fait par accident plus qu’autre chose, elle n’avait pas souhaité que quelqu’un d’autre vienne la faire brûler d’un feu nouveau. Mais les faits étaient là. Megalis avait souffert de cette absence, et à peine réfugiée dans les bras d’un autre homme, un dont elle avait parlé à sa grand-mère, un que celle-ci avait validé, un avec qui elle serait liée à vie – maintenant qu’elle avançait enfin, Alessandre reparaissait, sans prévenir. Sans une lettre. Sans un mot. Rien. Rien si ce n’est sa présence sur la lice, et ses mots – porter ses couleurs. Elle serrait les poings, jetait au cygne ce regard qui n’avait plus rien d’une colombe. Les yeux de glace étaient restés, mais tout en elle avait changé. Elle n’était plus celle qu’il avait connue. La gamine pleine d’aplomb, colombe aux ailes bien entachées, était devenue la féroce lionne rouge que désirait sa famille. Elle leva une main, prête à frapper. Mais serra le poing à nouveau, se refusant à cette violence. Elle n’était pas Eddara.

Reculant pour s’arracher à la vision d’Alessandre, Megalis fouilla la table qui se trouvait au cœur de la tente. Ses gestes étaient vifs et désorganisés, à l’image de ses pensées. Elle sentait sa tête prête à exploser. Envers le Desdaings, elle hésitait entre lui hurler dessus jusqu’à ce qu’il parte et embrasser les lèvres dont elle avait tant rêvé. Elle trouva enfin ce qu’elle cherchait, un cruchon de vin dont elle servit précipitamment un verre. Elle l’avala d’une seule gorgée, espérant apaiser son cœur qui hurlait dans sa cage thoracique, comme si celle-ci était subitement devenue trop petite.

— Tu n’avais pas le droit, grinça-t-elle entre ses dents. Tu n’avais aucun droit de m’abandonner pour revenir comme une fleur, surtout pas maintenant.

Elle ne criait pas. Se l’interdisait. Mais elle aurait pu parier que sa voix, bien au-delà encore de ses yeux, était plus glaciale que le Mur. Elle tourna un regard enragé vers Alessandre. Au fond de ses iris, il y avait la cicatrice encore fraîche de la guerre, une plaie béante qu’elle ne refermerait probablement jamais. Elle lui fit face de nouveau, et déchaîna sa colère.

— Où étais-tu quand la Foi Militante m’a enfermée ? Quand ils m’ont fait suivre ? Quand ils se sont bien assurés que j’étais vierge en m’auscultant d’une manière… Sa voix se bloqua avant qu’elle ne reprenne du même ton. Est-ce que tu étais là, quand on m’a privée d’envoyer ou de recevoir des missives de ma famille pendant cinq ans ? Quand Cersei est morte et que je me suis retrouvée seule ? Tu n’étais même pas là quand j’ai été libérée, quand j’ai dû rentrer chez moi et qu’on m’a traitée comme une vulgaire étrangère, quand j’ai appris que mon père était mort, brûlé vif par un dragon. Quand as-tu été là, Alessandre ? Quand tu es allé faire je-ne-sais quoi, la guerre ou l’amour à quelques putains ? Oui, dis-moi combien de bâtards tu as semé tandis que moi, je perdais tout ?

Furieuse, Megalis plongea dans sa direction, elle n’avait pu s’empêcher de hausser le ton sur ces dernières phrases. Elle poussa Alessandre de ses deux mains, sa gestuelle, son visage déformé et surtout ses yeux devenus brasiers, tout lui hurlant ô combien il l’avait déçue – et combien elle l’aimait malgré tout.

(c) DΛNDELION

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