Livre I : Un rêve de printemps

Deux ans se sont écoulés depuis ce qu’on qualifie de Grande Guerre. Deux longues années de reconstruction, permettant à chacun de panser ses plaies et de pleurer ses morts. Ils furent nombreux à tomber, que ce soit dans la bataille contre le Roi de la Nuit ou dans la lutte opposant les deux reines, laissant derrière eux nombre d’orphelins ou de veuves. L’hiver est passé sur Westeros, amenant avec lui le froid et les neiges, mais le monde semble laisser aux Hommes un peu de répit : les températures s’adoucissent et le printemps arrive, mais la Citadelle avertit toutefois qu’il pourrait ne s’agir que d’un printemps trompeur…

À Port-Réal, le roi Brandon Stark, dit le Rompu, s’est entouré de conseillers expérimentés, issus de toutes les régions des Six Couronnes. Ils tentent ensemble de maintenir la paix fraîchement installée, ce qui n’est hélas pas chose aisée. En deux ans, le Donjon Rouge a partiellement été reconstruit ainsi que la capitale. Les dothrakis qui en parcouraient les rues sont partis, se réunissant à nouveau en khalasars : si certains ont traversé une fois de plus le Détroit pour retourner sur leur terre d’origine, d’autres sont restés en Westeros et parcourent maintenant le territoire. Grâce à la participation de nombreuses mains, la ville retrouve peu à peu de sa splendeur, mais le traumatisme lié à la guerre reste encore frais.

Parmi les Six Couronnes, le pouvoir de Bran le Rompu est encore contesté : entre ceux qui le pensent à l’origine d’un grand complot et ceux se refusant à l’autorité d’un Stark alors même que ceux-ci n’appartiennent plus au royaume, la rancœur anime bien des cœurs. Si les Terres de la Couronne, le Val d’Arryn et les Terres de l’Orage semblent en paix, reconnaissant l’autorité du nouveau roi, ce n’est malheureusement pas le cas de tous.

Dans le Bief, le pouvoir du nouveau Gouverneur du Sud, lord Bronn La Néra, est vivement critiqué : il y existe tant de maisons à la fois plus anciennes et plus honorables, pourtant, elles n’ont nullement été récompensées pour leurs actes passés. Pire encore, leurs suzerains ont été décimés par les Lannister puis remplacés par un reître, ami des lions. Les Terres de l’Ouest ne sont pas plus en paix : Tyrion Lannister, le nouveau sire de Castral-Roc, a grandement contribué à la chute de sa maisonnée. Les derniers Lannister, ceux issus de Port-Lannis, gouvernent en son nom – mais il se dit que les lions grondent à l’ouest. Au Conflans, humiliés par lord Edmure Tully et sa lâcheté face aux Lannister durant la guerre, les Riverains peinent à reconnaître sa supériorité.

Sur les Îles de Fer, Yara Greyjoy et ses pairs ont reconstruit leur flotte mais ont été sommés de mettre fin aux pillages, forcés de remettre en question tout leur mode de vie. La colère gronde parmi les Fer-Nés, qui en plus de ne pas être représentés au sein du nouveau Conseil Restreint, réclament toujours l’indépendance de leur peuple. Si le Nord a eu droit à son royaume, pourquoi pas eux ? Mais les pires grognements émanent peut-être de Dorne. Le conflit interne qui éclata à la chute des Martell permit à Edmund Gargalen d’unir les Dorniens sous sa bannière, mais nombreux sont ceux qui réclament encore justice : pour la perte de leurs suzerains, pour tout le mal fait par les Lannister, certains exigent la tête de tous les lions.

Par-delà les Six Couronnes, le Nord jouit de son indépendance. La foi des Anciens Dieux et la culture nordienne s’épanouissent ainsi sur leurs terres et rares sont ceux qui contestent le pouvoir de Sansa Stark. La plupart des Nordiens sont en effet fiers du dénouement de la Grande Guerre, en plus d’avoir obtenu l’indépendance à laquelle ils aspiraient, ils ont confiance en Brandon Stark pour protéger le monde des guerres futures. Mais comme partout, le grand conflit qui a ravagé Westeros durant huit ans a ouvert des blessures que le temps seul ne saurait guérir.
Au Mur et au Nord du Mur, la paix règne entre les corbeaux et les sauvageons, ceux-ci unis derrière leur nouveau roi, Jon Snow. Mais parmi les frères de la Garde de Nuit, désormais réunis sous le commandement de lord Boros Vanbois, certains se questionnent sur leur utilité… Si la menace des Autres n’est plus, si les sauvageons sont désormais leurs alliés, qu’est-ce qui les retient au nord ?

De l’autre côté du Détroit, suite à la mort de la Mère des Dragons, les esclavagistes tentent de reprendre le pouvoir. Ainsi, Astapor et Yunkaï sont vite retombés sous leur joug. Seule Meereen leur résiste et reste sous le contrôle des Puînés et de leur chef, Daario Naharis, qui continue d’espérer un miracle. Et comme consolidant cet espoir, Kinvara, Grande Prêtresse du Temple Rouge, dit avoir vu dans les flammes le retour de Daenerys du Typhon. Est-ce pour cela que Drogon a été aperçu pour la dernière fois volant vers Asshaï ? En Essos, le peuple est divisé, mais une partie de la population réclame vengeance pour la perte de sa reine.

En Westeros comme en Essos, tous lèchent leurs plaies. Les sages et les mestres s’accordent à le dire : il est bien trop tôt pour une nouvelle guerre. Mais les dissidences qui règnent, les traumatismes qui divisent les peuples, menacent constamment la paix de leur ombre destructrice. Et si la mémoire du monde elle-même, en la personne de Brandon Stark, ne peut préserver l’unité de tous, qui le peut ?

Le roi Bran le Rompu, pourtant dit omniscient, crut-il vraiment que le tournoi du Donjon Rouge serait une pure célébration de paix ? Ce ne fut finalement qu’un rassemblement des vipères de tout le royaume, chacun en profitant pour mieux placer ses pions sur le plateau de cyvosse, se préparant au pire – ou au meilleur, tout dépendant du point de vue. Les stigmates de la guerre étaient encore là, son souvenir demeurait frais et nul n’avait fini de lécher ses plaies… Mais la cour Port-Réalaise, fidèle à elle-même, accueillit pourtant tous les serpents venus des quatre coins de Westeros. Et comme le Rompu aurait pu le prédire, les rencontres ont donné lieu à des alliances – et des langues pendues a jailli le poison.

La situation à Dorne semble se stabiliser grâce aux fiançailles du prince Edmund avec la dame des Météores, Elia Dayne – en concluant cette alliance, les Gargalen ont su ramener le calme parmi les maisons du nord. Mais leurs voisins du Bief ne peuvent pas en dire autant : la suzeraineté du seigneur La Néra peine à s’installer, lord Bronn étant vivement contesté. Afin de tenter d’apaiser ses vassaux révoltés, il ne semble lui rester qu’une seule solution : s’unir à la maison Hightower, quitte à les y contraindre, pour mieux contrôler leurs ardeurs. Et ce ne sont pas les moult tentatives de lady Aelinor, qui cherche désespérément des soutiens pour s’en tirer, qui arrêteront le sire de Hautjardin. Sous les yeux bien impuissants de la Couronne, le Bief paraît prêt à s’embraser.

Port-Réal demeure le cœur des Six Couronnes et c’est ici que naissent les complots, à l’abri des jardins et parmi leurs épines. Profitant de ce lieu de rencontre, les ouestiens grondent et mettent en place leur stratégie – entre ceux qui se rapprochent des lions et ceux qui se dressent contre eux, il est sûr qu’ils n’ont pas dit leur dernier mot. Loin des tactiques des descendants du Capuchon, certains sont prêts à se lier au kraken : le lion rouge n’a pas dit son dernier mot, et celui d’or devrait se préparer à l’attaque.

Le pouvoir se fragilise de jour en jour, la Couronne est menacée, et les suzerains ont du souci à se faire quand leurs régions se font nids de serpents… Si comme cela s’annonce, la tempête déferle sur Westeros, alors la paix ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir. Passé le temps des serments viendra le temps des alliances.

Il se dit du printemps que c’est la saison des amours… Mais quand les cœurs unis battent au rythme des tambours de guerre, peut-on encore y croire ?

À Dorne, l’union princière ne s’est hélas pas déroulée sans heurts : Bronn La Néra, désireux d’asseoir enfin son pouvoir dans le Bief, semble avoir pris les Hightower pour cible. Rompant les fiançailles prononcées entre lady Aelinor et Damion Gargalen par une missive offerte en cadeau de mariage, il est contraint de quitter la Principauté.

Le prince de Dorne, afin de défendre l’honneur bafoué de son nom, envoie une plainte contre le suzerain du Bief à la Main du Roi. Au vu de l’impopularité de l’accusé, de multiples plaignants se joindront assurément à son procès. La requête, portée à la cour Port-Réalaise, promet de réunir de nombreuses têtes éminentes du royaume : témoins, assesseurs, ou même simples spectateurs. Tous les regards se tournent vers la capitale, ignorant d’autres dangers imminents.

À l’ouest des Six Couronnes, concrétisant ses désirs traîtres, se profile une collusion… L’alliance entre Fer-Nés, Farman, Hightower et Uller pourrait bien menacer l’équilibre du royaume. Mais celle-ci pourrait être mise à mal par la rencontre entre Aelinor Hightower et Tyldr Salfalaise.

Au Nord, la reine d’au-delà du Mur, Odda, s’est installée dans la forteresse de Noirlac avec son clan. La reine Sansa Stark, convaincue que ses hommes précédemment envoyés et jamais revenus ont été tués par les sauvageons, met en place des patrouilles dans le don pour débusquer les éventuels intrus. Les yeux des Nordiens sont braqués sur les sauvageons, ignorant où ils se trouvent mais se méfiant de la menace qu’ils pourraient représenter.

Passé le temps des alliances, il est temps pour les joueurs de déplacer les pions sur le plateau de cyvosse. Et cette partie promet d’être épineuse, car tous les coups y sont permis.