[BELLE-ÎLE] I'LL SEE WHAT TOMORROW BRINGS [ Banquet ft. Megalis ]
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AN 305 LUNE 10 SEMAINE 3 JOUR 7
Accoudé contre cette massive paroi de pierre je songeais à l'avenir. Au futur de ma maison et du destin des Îles de fer. Je pouvais sentir sur ma peau le souffle du vent et de la mer. Celui qui s’engouffrait à travers la haute forteresse de Pyk. Terne et empreint de défiance est mon regard quand celui-ci se fixait sur cet édifice décharné aux allures d'un navire fantôme inanimé et prêt à sombrer à travers l'océan. La pierre noire reflète les ravages du temps et de l'eau salée contre ses parois arborant le bois d'une charpente moisie et des charnières rouillées tenant solidement en place par je ne sais quel miracle. Les Îles de Fer l'archipel aux dix milles rois...
Mon esprit vagabonde se remémorant des souvenirs alors que je n'étais encore que le seigneur en devenir. Il n'était qu'un homme dont le nom était d'autant plus craint et respecté. Il revoyait sa demeure au loin se hissant sur un promontoire qui reflète l'effroi et la crainte de ceux qui osent parfois lever vers le ciel leurs regards. Cet îlot à l'allure d'un cadavre, d'un squelette décharné suspendu par ses ossements, sa chair immondes et poreux. Sa démarche empreint d'assurance laissait peu de place au doute. Tyldr s'avançait, un sourire imprégnant sa barbe hirsute d'une indéfectible audace. L'héritier de la maison Salfalaise considérablement plus redouté que son père et pour cause, il était à l'effigie de cette créature sombre, tapi dans l'obscurité des profondeurs marines. Le guerrier devenu un fer-né accompli, bien plus que la majorité des farouches insulaires qui gravitaient autour de lui. On murmurait dans l'ombre qu'il était imprévisible, sanguinaire et résolu à accomplir d'avantage que son paternel. Là ou les seigneurs guerriers sont de redoutables adversaires, Tyldr Salfalaise lui était sans nul doute aux yeux de ses sujets capable de bien pire. L'esprit affûté par la rudesse des vagues, ses mains endurcies par la limaille de fer et de sel façonnait les crevasses d'engelures à vifs. La pigmentation céruléenne de ses yeux observant du coin de l’œil les recoins de ce fief qui un jour serait pleinement à lui.
Ma rêverie s'estompa me faisant revenir en ces lieux. La nostalgie de mes pauvres contrées stériles avaient-elles raison de mon esprit étriqué ? Machinalement je me massais le visage pour sortir de cette torpeur qui était mienne et me retournait instinctivement. Dans l'aspect abrupt et physique de ma désinvolte démarche je percutais la silhouette fluette d'une jeune femme. Mes mains calleuses se crispant sur ses épaules pour lui éviter une mauvaise chute. Mon corps se stoppant aussitôt telle une statut je pouvais constater connaître le visage plus d'une fois aperçu. Mes lèvres gercées s’étirèrent mes yeux à la pigmentation céruléenne jaugeant la peau d’albâtre et les somptueux vêtements aux couleurs chatoyantes de cette femme qui n'était autre que la jeune mariée Megalis Farman.
« Pardonnez moi. Je ne vous avais pas vu arriver. » Déclarais-je sobrement en plissant mon œil droit sur celle-ci.
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Tyldr Salfalaise
Le banquet se déroulait mieux que prévu : les Fer-Nés avaient cessé de pisser contre les murs du septuaire et les gardes s’étaient quelque peu apaisés. Du moins, en apparence, car connaissant les Belle-Islois, ils devaient toujours bouillonner à l’intérieur. Ils s’y feraient. Megalis observait la scène d’un œil un peu absent, elle avait un peu trop bu pour faire passer sa gêne, se rappelant aux leçons de Cersei. Le vin aidait toujours. Son meilleur allié. Car si elle était heureuse de cette union, si elle voulait passer cette vie aux côtés d’Ulwyck plus que quiconque, la jeune femme ne parvenait à s’en satisfaire. Il manquait quelqu’un à cette journée et cela la rendait mélancolique.
Elle ne pouvait s’empêcher de penser à son père, absent ce jour comme il l’était depuis trois ans maintenant. Presque huit ans, pour elle. Elle regrettait de n’avoir pas tenté de fuir Port-Réal, du temps où elle y était otage. Si elle était parvenue à se dérober aux griffes des lions, si elle avait pu rejoindre Belcastel, les choses auraient-elles été différentes ? Sebaston aurait-il participé au sac de Hautjardin, le condamnant au feu du dragon ? Ou serait-il resté loin des affaires de ses suzerains ?
Il n’avait combattu pour les Lannister que par peur de la perdre, elle. Et en ce jour où il était absent, ce jour où elle aurait aimé qu’il la conduise à l’autel, qu’il la prenne dans ses bras… Ce jour, il n’était pas là et elle se sentait coupable.
Elle tourna ses yeux attristés vers son oncle Criston, cette figure paternelle qu’elle espérait la soutenir ce jour. Mais il ne lui adressa pas un sourire, rien, replongeant ses lèvres dans son verre en retournant à sa conversation avec un cousin Clifton. Megalis baissa les yeux, désarmée. Elle voulut rejoindre Willos mais le remarqua en grande discussion avec Ulwyck, et eut un pâle sourire. Ravie qu’ils s’entendent mais toujours troublée. Elle chercha brièvement Aelinor parmi les visages de la foule mais ne la trouva pas.
Alors dans un soupir, elle décida de s’éloigner, emmenant avec elle son verre bien rempli. Son meilleur allié. Alors qu’elle s’apprêtait à rejoindre les murailles, elle entendit des pas derrière elle. Elle se retourna pour voir Gareth Clifton, la main sur la garde de son épée, qui la suivait.
— Je ne vais pas te laisser seule, dit-il.
— Laissez-moi ou je vous jure que je vous noie, grogna-t-elle.
Et alors qu’elle le regardait s’éloigner, elle percuta quelqu’un. Elle recula d’un pas vif, reconnaissant sans peine l’odeur d’un Fer-Né : ce n’était pas dur, il sentait le vent, le sel et la mer. Elle se figea quand il la saisit aux épaules, et arqua un sourcil.
— Chose surprenante, je ne suis pas difficile à remarquer ici, je suis la dame habillée en blanc.
Sa voix claqua trop sèchement. Plissant le front, Megalis se pinça l’arête du nez. Elle était peut-être un peu ivre et, surtout, désarmée en ce jour si étrange.
— Pardonnez-moi... Lord ?
Elle l’observa vivement, repérant les armoiries de Salfalaise. Si elle connaissait plutôt bien la généalogie des Six Couronnes, elle devait admettre être peu renseignée sur celle des Fer-Nés. Elle pouvait citer chaque membre des éminentes maisons du Bief, de l’Ouest, de l’Orage… Mais les Îles de Fer n’étaient pas censées être ses alliées. Elle força un sourire, trop crispé pour être vrai, à ses lèvres – pour une fois bien piètre menteuse, son désarroi se lisait sur ses traits.
Elle ne pouvait s’empêcher de penser à son père, absent ce jour comme il l’était depuis trois ans maintenant. Presque huit ans, pour elle. Elle regrettait de n’avoir pas tenté de fuir Port-Réal, du temps où elle y était otage. Si elle était parvenue à se dérober aux griffes des lions, si elle avait pu rejoindre Belcastel, les choses auraient-elles été différentes ? Sebaston aurait-il participé au sac de Hautjardin, le condamnant au feu du dragon ? Ou serait-il resté loin des affaires de ses suzerains ?
Il n’avait combattu pour les Lannister que par peur de la perdre, elle. Et en ce jour où il était absent, ce jour où elle aurait aimé qu’il la conduise à l’autel, qu’il la prenne dans ses bras… Ce jour, il n’était pas là et elle se sentait coupable.
Elle tourna ses yeux attristés vers son oncle Criston, cette figure paternelle qu’elle espérait la soutenir ce jour. Mais il ne lui adressa pas un sourire, rien, replongeant ses lèvres dans son verre en retournant à sa conversation avec un cousin Clifton. Megalis baissa les yeux, désarmée. Elle voulut rejoindre Willos mais le remarqua en grande discussion avec Ulwyck, et eut un pâle sourire. Ravie qu’ils s’entendent mais toujours troublée. Elle chercha brièvement Aelinor parmi les visages de la foule mais ne la trouva pas.
Alors dans un soupir, elle décida de s’éloigner, emmenant avec elle son verre bien rempli. Son meilleur allié. Alors qu’elle s’apprêtait à rejoindre les murailles, elle entendit des pas derrière elle. Elle se retourna pour voir Gareth Clifton, la main sur la garde de son épée, qui la suivait.
— Je ne vais pas te laisser seule, dit-il.
— Laissez-moi ou je vous jure que je vous noie, grogna-t-elle.
Et alors qu’elle le regardait s’éloigner, elle percuta quelqu’un. Elle recula d’un pas vif, reconnaissant sans peine l’odeur d’un Fer-Né : ce n’était pas dur, il sentait le vent, le sel et la mer. Elle se figea quand il la saisit aux épaules, et arqua un sourcil.
— Chose surprenante, je ne suis pas difficile à remarquer ici, je suis la dame habillée en blanc.
Sa voix claqua trop sèchement. Plissant le front, Megalis se pinça l’arête du nez. Elle était peut-être un peu ivre et, surtout, désarmée en ce jour si étrange.
— Pardonnez-moi... Lord ?
Elle l’observa vivement, repérant les armoiries de Salfalaise. Si elle connaissait plutôt bien la généalogie des Six Couronnes, elle devait admettre être peu renseignée sur celle des Fer-Nés. Elle pouvait citer chaque membre des éminentes maisons du Bief, de l’Ouest, de l’Orage… Mais les Îles de Fer n’étaient pas censées être ses alliées. Elle força un sourire, trop crispé pour être vrai, à ses lèvres – pour une fois bien piètre menteuse, son désarroi se lisait sur ses traits.
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Megalis Farman
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AN 305, LUNE 10, SEMAINE 3
« Pardonnez mes sales manières, je suis Tyldr Salfalaise. J'espère ne pas vous avoir trop brusqué. »
Déclarais-je non pas à ce que je m'attendais qu'elle sache qui j'étais mais, il fallait bien débuter par quelque chose d'autre qu'une bousculade entre deux étrangers.
« Les festivités sont-elles à la hauteur de vos espérances ? » Questionnais-je la jouvencelle qui semblait légèrement grisée. L’œil perspicace ou l'habitude de voir autour de lui des camarades bourrés ? Dans les deux cas l'insulaire remarquait qu'elle n'était pas dans un état normal. Peut-être une chance pour lui qu'elle ne prenne pas ombrage trop rapidement de sa présence. Pour autant je ne pouvais me résoudre à passé mon chemin. La curiosité était plus forte, elle était là la raison pour laquelle des fer-nés se retrouvaient entre ces murs.
« Je devrais vous remercier. » Claquais-je un coup de langue fendant la commissure de mes lèvres une main s'apposant contre mon ceinturon un poil trop serré.
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Tyldr Salfalaise
L’insulaire relâcha ses épaules sans s’offusquer de ses mots, trop abrupts entre ses lèvres. Elle aurait dû le deviner : de ce qu’elle avait découvert au contact de Yara, les Fer-Nés ne s’embarrassaient pas d’un mot plus haut que l’autre, il en fallait un peu plus pour les froisser. Ils n’étaient pas des seigneurs continentaux, lisses et guindés. Megalis avait tant baigné parmi ceux-là qu’elle se surprenait toujours des manières plus rudes des Belle-Islois. Ils pouvaient haïr les Fer-Nés autant qu’ils le souhaitaient, leurs histoires étaient intimement liées. Elle inclina poliment la tête en réponse à ses mots. S’il l’avait brusquée… Un sourire amer passa sur ses lèvres. Elle avait grandi dans un climat de violence physique et psychologique, ce n’était pas une bousculade qui la choquerait.
— Nullement, répondit-elle plus calmement.
La question sur ses espérances quant aux festivités lui arracha un bref rire en demi-teinte, Megalis but une gorgée de vin et tendit un instant son visage au vent marin qui hurlait dehors.
— Tout se passe exactement comme je l’imaginais.
Comme elle l’imaginait, oui. Une ambiance glaciale, des regards noirs, des reproches muets, et le manque de son père. Elle tut ces pensées mais ne put empêcher son regard de s’assombrir. Alors qu’elle esquissait un pas vers l’extérieur, celui qui s’était présenté comme Tyldr Salfalaise la remercia. Elle arqua un sourcil perplexe en tournant sur lui un regard interrogateur.
— Pour ça ? D’un geste, elle désigna la grand-salle où la fête battait son plein. C’était nécessaire. Il était temps que Farman et Fer-Nés cessent de se quereller alors qu’ils ont un ennemi commun, non ?
Elle eut un sourire plus sincère, honnête dans ses paroles. Faire tomber les lions était plus important que de se battre bêtement entre eux. Leurs forces jointes, ils étaient surpuissants et avaient le pouvoir de s’emparer de l’Ouest.
— Belcastel vous sied ? De ce que je sais, vous n’avez jamais trop eu la chance de marcher sur Belle-Île auparavant, c’est un privilège qui ne vous a pas été donné.
Son rictus se fit plus acéré, un brin moqueur, mais dénué de malice – elle n’était pas non plus là pour humilier les Fer-Nés.
— Nullement, répondit-elle plus calmement.
La question sur ses espérances quant aux festivités lui arracha un bref rire en demi-teinte, Megalis but une gorgée de vin et tendit un instant son visage au vent marin qui hurlait dehors.
— Tout se passe exactement comme je l’imaginais.
Comme elle l’imaginait, oui. Une ambiance glaciale, des regards noirs, des reproches muets, et le manque de son père. Elle tut ces pensées mais ne put empêcher son regard de s’assombrir. Alors qu’elle esquissait un pas vers l’extérieur, celui qui s’était présenté comme Tyldr Salfalaise la remercia. Elle arqua un sourcil perplexe en tournant sur lui un regard interrogateur.
— Pour ça ? D’un geste, elle désigna la grand-salle où la fête battait son plein. C’était nécessaire. Il était temps que Farman et Fer-Nés cessent de se quereller alors qu’ils ont un ennemi commun, non ?
Elle eut un sourire plus sincère, honnête dans ses paroles. Faire tomber les lions était plus important que de se battre bêtement entre eux. Leurs forces jointes, ils étaient surpuissants et avaient le pouvoir de s’emparer de l’Ouest.
— Belcastel vous sied ? De ce que je sais, vous n’avez jamais trop eu la chance de marcher sur Belle-Île auparavant, c’est un privilège qui ne vous a pas été donné.
Son rictus se fit plus acéré, un brin moqueur, mais dénué de malice – elle n’était pas non plus là pour humilier les Fer-Nés.
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Megalis Farman
♆ Un lion a toujours des griffes
AN 305, LUNE 10, SEMAINE 3
« Entre autre. Mais, aussi pour ce que vous nous permettez d'accomplir ici. »
Déclarais-je sans en dire plus à ce sujet. Nous autres fer-nés provoquions bien des discussions à notre encontre. Des mœurs graveleuses, froides et des plus sanguinaires. Nous subsistions sur un territoire morcelé, une archipel qui regorgeaient de fils de putain prêt à faire déferlé les sept Enfers sur la tête des continentaux. En cela il fallait bien dire qu'à l'échelle du continent nous n'étions presque rien si se n'est une tâche noire béante sur une carte. Pourtant notre culte au Noyé et notre façon de vivre, notre vision de pensée primitive et archaïque créait chez nos ennemis une spirale psychotique dans laquelle ils n'arrivaient pas à se sortir. C'est ainsi que les légendes naissent, sur une menace vomit par les tréfonds de l'océan. Des êtres immondes embrassant la noirceur dans les moindres détails.
« Je vous donne volontiers raison sur ce sujet. » J'accordais suffisamment de ressentiment et de haine contre les ouestriens et tout ceux qui nous prenaient fondamentalement pour des cons. Le dialogue instauré aussi atypique soit-il était apprécié.
« C'est vraie, Belcastel est un lieu comme qui dirait symbolique ? Mes ancêtres sous Qhored le cruel avaient eu cette chance avant moi. » Je laissais un rictus imprégné mon visage mélange subtil de dénigrement et d'ironie à ce sujet. Les insulaires étaient des êtres controversés, je ne faisais pas exception à la règle. En un sens ce jour était historique autant pour les Farman que pour les Fer-nés. Nous partagions une histoire commune par le passé et après tout nous avions bien quelques choses en communs.
« Que se passera-t-il après cela selon vous ? » Mon regard scrutait avec une certaine forme d'attente la réponse de Megalis Uller et non plus Farman maintenant. Ma phrase restant suspendue telle une araignée au plafond attendant de connaître sa réponse.
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Tyldr Salfalaise
Megalis eut un bref sourire. Ce qu’elle leur permettait d’accomplir. Elle leur offrait son aide dans la reconquête de leur liberté, tout en cherchant à reconquérir celle de sa famille. L’époque des rois Farman était lointaine, elle l’était tant qu’aucune de ses représentants vivants ne s’en souvenait réellement. Ils ne l’avaient pas vécue, mais la regrettaient pourtant. Car ils n’obéissaient pas au lion d’or. Qu’ils le tenaient pour responsable de tous leurs maux. En ce jour sacré de son mariage, Megalis avait admis à ses alliés qu’elle était descendante du lion rouge. Bientôt, elle le dirait au monde. Mais plus le temps passait, plus elle se questionnait secrètement sur ses ambitions. Étaient-elles réellement siennes ? Ou n’était-elle qu’un pantin dont Eddara tirait les ficelles ? L’amertume glissa dans ses yeux, elle ferma ses paupières pour l’éteindre.
Ce qu’ils allaient accomplir les dépassait totalement. Ils n’étaient au final que trois régions prêtes à se soulever contre le trône. Mais s’ils avaient face à eux les forces unies du Conflans, du Val, de l’Orage, de Dorne et de la Couronne… Sur mer, ils étaient rois. Sur terre, ils n’arriveraient à rien. Elle avait peut-être créé une alliance puissante, celle-ci ne l’était pas suffisamment.
Elle sourit en coin aux mots de Tyldr et ne rétorqua pas ce qui était arrivé suite au règne de Qhored le Cruel. Il avait certes pris Belle-Île, mais les insulaires se soulevèrent bien vite contre les Fer-Nés pour reprendre leur indépendance. De là était né le royaume Farman. Ils avaient toujours eu l’indépendance dans le sang. Un sang rebelle. Des milliers d’années plus tard, cela n’avait pas changé. Megalis reprit une gorgée de vin à la question de Tyldr. Ce qu’il se passerait après… Elle l’ignorait. L’avenir lui faisait peur, mais elle ne pouvait plus reculer maintenant, alors elle n’en montrait rien.
— Je l’ignore, pour l’instant. Je suppose que la première étape sera d’affaiblir nos ennemis… Ensuite… J’ai ma petite idée pour éliminer les Lannister.
Elle eut un nouveau sourire, plus amer encore, en jetant un regard par-dessus son épaule, vers la grand-salle. Elle entrevit sa sœur et son rictus disparut. La pauvre Rowena ignorait ce que son aînée prévoyait pour elle.
Ce qu’ils allaient accomplir les dépassait totalement. Ils n’étaient au final que trois régions prêtes à se soulever contre le trône. Mais s’ils avaient face à eux les forces unies du Conflans, du Val, de l’Orage, de Dorne et de la Couronne… Sur mer, ils étaient rois. Sur terre, ils n’arriveraient à rien. Elle avait peut-être créé une alliance puissante, celle-ci ne l’était pas suffisamment.
Elle sourit en coin aux mots de Tyldr et ne rétorqua pas ce qui était arrivé suite au règne de Qhored le Cruel. Il avait certes pris Belle-Île, mais les insulaires se soulevèrent bien vite contre les Fer-Nés pour reprendre leur indépendance. De là était né le royaume Farman. Ils avaient toujours eu l’indépendance dans le sang. Un sang rebelle. Des milliers d’années plus tard, cela n’avait pas changé. Megalis reprit une gorgée de vin à la question de Tyldr. Ce qu’il se passerait après… Elle l’ignorait. L’avenir lui faisait peur, mais elle ne pouvait plus reculer maintenant, alors elle n’en montrait rien.
— Je l’ignore, pour l’instant. Je suppose que la première étape sera d’affaiblir nos ennemis… Ensuite… J’ai ma petite idée pour éliminer les Lannister.
Elle eut un nouveau sourire, plus amer encore, en jetant un regard par-dessus son épaule, vers la grand-salle. Elle entrevit sa sœur et son rictus disparut. La pauvre Rowena ignorait ce que son aînée prévoyait pour elle.
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Megalis Farman
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AN 305, LUNE 10, SEMAINE 3
« La vengeance donc. C'est une bonne motivation. Comment pourrait-il en être autrement ? Chez nous, tout est affaire d'ambitions ou de vengeances. Parfois même les deux. »
Je laissais une légère moue se calquer sur mon faciès. Ses paroles faisaient sens mais les répercussions pour elle la rendait plus vulnérable. La vengeance faisait souvent faire aux hommes des erreurs. En était-il de même pour les femmes ? Je suivais son regard qui c'était un instant détourné. Elle semblait chercher quelque chose ou quelqu'un du regard. A moins que cela ne soit que moi ? Notre conversation était-elle si ennuyeuse que ça ? Je risquais ma curiosité dans un sourire affable essayant d'arrondir les angles sur l'ossature du monstre marin.
« Quelque chose ne va pas ? » Terminais-je en faisant tournoyer le vin dans mon verre telle la spirale d'un typhon prêt à nous happer tous autant que nous étions. Je captais dans mon champ de vision une femme dont j'avais vaguement entendu parlé. Pour cause il s'agissait d'une proche parente de la jeune mariée.
« C'est votre sœur ? » pointais-je de ma phalange squelettique la main fermement ancré sur ce verre qui ne désemplissait pas.
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Tyldr Salfalaise
— La vengeance, répéta-t-elle d’un ton sourd.
Un bien triste mot qui pourtant signifiait tant. Megalis savait comment Castamere était tombée, quarante-quatre ans plus tôt. On lui avait dressé le récit terrible de sa chute, une histoire qui était parvenue dans les moindres détails aux Farman. Les immondes gargouillis des noyés au fond des grottes, les tours que l’on faisait s’écrouler. Le sourire de Tywin. Fut un temps, ces récits lui donnaient la nausée, de rage, faisant naître au creux de sa gorge le hurlement vengeur du lion rouge. Ce jour, ce souvenir générationnel lui faisait plus l’effet d’un poids sur la poitrine. Une gêne désagréable qui ne lui arracherait rien de plus qu’un las soupir.
La colère monta sans prévenir. Elle avait trop bu, et était sans doute à fleur de peau en ce jour particulier. Tournant un regard vif vers Tyldr, elle reprit d’une voix plus sèche.
— Tout cela, nous le méritons plus que quiconque. Les Farman n’ont cessé de se faire piétiner par les Lannister. Ils nous ont tout pris.
La vision des ossements calcinés de son père, gardés précieusement dans les cryptes de Belcastel, lui revint, nouant sa gorge d’une rage qu’elle avait un temps pensé éteinte.
— Ce n’est pas une bonne motivation, siffla-t-elle. C’est la meilleure de toutes.
De nouveau, elle se renfrogna, peu heureuse en ce jour qui aurait dû être le plus beau de sa vie. Mais il ne faisait que réveiller en elle bien des inquiétudes. Et si les Fer-Nés la trahissaient ? Et si Aelinor la trahissait ? Et si sa propre famille ne savait s’en tenir à l’accord qui avait été trouvé ? Puis si tous demeuraient loyaux à leur accord, et s’ils se faisaient écraser par la guerre ? Et si tout cela ne fonctionnait pas ? Si elle conduisait tout ce monde à la mort ?
Elle écrasa un soupir alors que le Fer-Né à son côté s’enquérait de son état. Elle plaqua un sourire exagérément faux à ses lèvres.
— De simples inquiétudes, admit-elle presque douloureusement. Elle musela son orgueil pour reprendre d’un ton percé d’incertitudes. J’ai peur que nous nous attaquions à quelque chose qui nous dépasse. Rien que le roi… S’il est clairvoyant, sait-il que nous sommes là, à comploter contre lui ? Comment passe-t-on outre les connaissances infinies de la Corneille à Trois Yeux ? Elle étouffa un rire cynique dans une gorgée de vin. Je ne veux juste pas conduire ma famille à l’abattoir.
Elle reprit une gorgée en réalisant qu’elle en disait trop. Elle parlait rarement de ses émotions et ressentis, l’alcool déliait trop facilement sa langue. Du regard, elle suivit le doigt décharné qui se pointait vers Rowena et acquiesça.
— Ma jeune sœur, oui, lady Rowena. La plus douce de la famille.
Megalis eut un pâle sourire, attristée par le sort qui attendait sa sœur. Priant les dieux auxquels elle ne croyait pas qu’elle lui pardonne son prochain coup.
Un bien triste mot qui pourtant signifiait tant. Megalis savait comment Castamere était tombée, quarante-quatre ans plus tôt. On lui avait dressé le récit terrible de sa chute, une histoire qui était parvenue dans les moindres détails aux Farman. Les immondes gargouillis des noyés au fond des grottes, les tours que l’on faisait s’écrouler. Le sourire de Tywin. Fut un temps, ces récits lui donnaient la nausée, de rage, faisant naître au creux de sa gorge le hurlement vengeur du lion rouge. Ce jour, ce souvenir générationnel lui faisait plus l’effet d’un poids sur la poitrine. Une gêne désagréable qui ne lui arracherait rien de plus qu’un las soupir.
La colère monta sans prévenir. Elle avait trop bu, et était sans doute à fleur de peau en ce jour particulier. Tournant un regard vif vers Tyldr, elle reprit d’une voix plus sèche.
— Tout cela, nous le méritons plus que quiconque. Les Farman n’ont cessé de se faire piétiner par les Lannister. Ils nous ont tout pris.
La vision des ossements calcinés de son père, gardés précieusement dans les cryptes de Belcastel, lui revint, nouant sa gorge d’une rage qu’elle avait un temps pensé éteinte.
— Ce n’est pas une bonne motivation, siffla-t-elle. C’est la meilleure de toutes.
De nouveau, elle se renfrogna, peu heureuse en ce jour qui aurait dû être le plus beau de sa vie. Mais il ne faisait que réveiller en elle bien des inquiétudes. Et si les Fer-Nés la trahissaient ? Et si Aelinor la trahissait ? Et si sa propre famille ne savait s’en tenir à l’accord qui avait été trouvé ? Puis si tous demeuraient loyaux à leur accord, et s’ils se faisaient écraser par la guerre ? Et si tout cela ne fonctionnait pas ? Si elle conduisait tout ce monde à la mort ?
Elle écrasa un soupir alors que le Fer-Né à son côté s’enquérait de son état. Elle plaqua un sourire exagérément faux à ses lèvres.
— De simples inquiétudes, admit-elle presque douloureusement. Elle musela son orgueil pour reprendre d’un ton percé d’incertitudes. J’ai peur que nous nous attaquions à quelque chose qui nous dépasse. Rien que le roi… S’il est clairvoyant, sait-il que nous sommes là, à comploter contre lui ? Comment passe-t-on outre les connaissances infinies de la Corneille à Trois Yeux ? Elle étouffa un rire cynique dans une gorgée de vin. Je ne veux juste pas conduire ma famille à l’abattoir.
Elle reprit une gorgée en réalisant qu’elle en disait trop. Elle parlait rarement de ses émotions et ressentis, l’alcool déliait trop facilement sa langue. Du regard, elle suivit le doigt décharné qui se pointait vers Rowena et acquiesça.
— Ma jeune sœur, oui, lady Rowena. La plus douce de la famille.
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« Qui ose gagne... C'est comme ça que je vois les choses. »
La main que je laissais apposée contre mon bas ventre venait s'accommoder avec aisance d'un trop plein d'alcool que je régurgitais expirant l'odeur de vin d'entre mes lèvres au devant d'un notable qui dans un rictus ne dit mot. Il poursuivit sa route nous saluant en constatant la présence de la mariée. Il y avait au moins un avantage à ce tenir à côté d'elle pour cette soirée qui était la sienne après tout finalement. Les inquiétudes de Megalis Farman étaient fondées. Pour l'insulaire et le fer-né que j'incarnais tout cela ressemblait à une menace fantôme à laquelle je ne réfléchissais pas vraiment.
« Si le roi clairvoyant était au courant de nos agissements nous ne serions pas ici à en discuter. »
C'est un fait, il avait été d'après les dires un coup d'avance sur bien des événements. Si nous devions perdre alors nous l'aurions bien cherché. Pour autant fallait-il croire tout ce que l'on disait à son sujet ? La seule chose dont il ne niait vraisemblablement pas l'existence était celle de l'efficacité du vin pour en apprendre d'avantage sur les défauts et les craintes des gens. Le Noyé était tout aussi important qu'il lui laissait chaque jour l'opportunité de poursuivre ses raids sur les côtes des nordiens impunément.
« C'est pour ça que nous sommes là. » Ironisais-je en ponctuant d'humour et dédramatisant la situation périlleuse que Megalis redoutait avec raison. Les fer-nés étions nés pour combattre, il n'y avait pas meilleure raison que de triompher sur un champ de bataille et de se couvrir de gloire. En guerrier véritable je recouvrirais le palais du Noyé du sang de mes ennemis pour tracer comme mes ancêtres la Voie.
« Elle a l'air terrifiée » Me faisais-je la réflexion à haute voix. Il y avait un certain amusement à voir un tel spectacle.
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Tyldr Salfalaise
Qui ose gagne… Megalis eut un sourire amer.
— Si seulement c’était aussi simple.
Un notable passa devant eux, la jeune femme reconnut l’un de ses nombreux cousins et lui adressa un rictus crispé. La réponse de Tyldr quant au roi ne la satisfit pas. Il y avait tant de possibilités au silence de Bran le Rompu. Tant de choses à envisager. Et si toute ruse était inutile parce que, quoi qu’ils fassent, ils étaient épiés ? Ses yeux s’assombrirent.
— Peut-être est-il au courant et attend-il le bon moment pour frapper ? Qu’en savons-nous ? Ou peut-être toutes ces rumeurs autour de son don ne sont-elles que des racontars, des histoires pour insuffler la crainte et éteindre toute révolte… Qu’en sais-je, après tout ?
Ils étaient là pour ça, peut-être, pourquoi au final ? S’allier et aller ensemble contre un ennemi commun, c’était un beau plan, mais lorsque ledit ennemi était potentiellement clairvoyant, n’était-ce pas du suicide ? Les yeux de Megalis passèrent sur les siens. Luthor, fier et digne comme toujours, brillait par sa froideur. Willos et Rowena, si doux qu’ils étaient. Les Kenning luisaient comme le faisaient leur blason. Criston était absent, peut-être ivre ou enragé dans un coin… Et il y avait Eddara. Les yeux de la jeune mariée s’arrêtèrent sur elle et elle eut une moue.
— Peut-être bien, éluda-t-elle, consciente d’en avoir déjà trop dit sur ses craintes profondes.
Le Fer-Né parut s’amuser de Rowena, terrorisée par ces ennemis de toujours qui l’encerclaient. Megalis eut un sourire en coin, sans doute était-ce elle qui devait être blâmée pour le comportement de sa sœur ce jour. Car si Rowena agissait avec dignité, ce dont Megalis était fière, sa peur des Fer-Nés lui venait d’elle. N’était-ce pas Megalis qui l’emmenait sur les remparts de Belcastel, lorsqu’elles étaient enfants ? Qui lui désignait l’horizon d’un doigt prometteur en lui disant qu’un jour, les Fer-Nés viendraient la prendre, qu’il l’emmèneraient sur leurs îles ?
Elle fronça les sourcils et força un sourire, mieux maîtrisé dans son mensonge, à ses lèvres.
— Elle s’en sortira. Elle doit juste grandir, et apprendre.
— Si seulement c’était aussi simple.
Un notable passa devant eux, la jeune femme reconnut l’un de ses nombreux cousins et lui adressa un rictus crispé. La réponse de Tyldr quant au roi ne la satisfit pas. Il y avait tant de possibilités au silence de Bran le Rompu. Tant de choses à envisager. Et si toute ruse était inutile parce que, quoi qu’ils fassent, ils étaient épiés ? Ses yeux s’assombrirent.
— Peut-être est-il au courant et attend-il le bon moment pour frapper ? Qu’en savons-nous ? Ou peut-être toutes ces rumeurs autour de son don ne sont-elles que des racontars, des histoires pour insuffler la crainte et éteindre toute révolte… Qu’en sais-je, après tout ?
Ils étaient là pour ça, peut-être, pourquoi au final ? S’allier et aller ensemble contre un ennemi commun, c’était un beau plan, mais lorsque ledit ennemi était potentiellement clairvoyant, n’était-ce pas du suicide ? Les yeux de Megalis passèrent sur les siens. Luthor, fier et digne comme toujours, brillait par sa froideur. Willos et Rowena, si doux qu’ils étaient. Les Kenning luisaient comme le faisaient leur blason. Criston était absent, peut-être ivre ou enragé dans un coin… Et il y avait Eddara. Les yeux de la jeune mariée s’arrêtèrent sur elle et elle eut une moue.
— Peut-être bien, éluda-t-elle, consciente d’en avoir déjà trop dit sur ses craintes profondes.
Le Fer-Né parut s’amuser de Rowena, terrorisée par ces ennemis de toujours qui l’encerclaient. Megalis eut un sourire en coin, sans doute était-ce elle qui devait être blâmée pour le comportement de sa sœur ce jour. Car si Rowena agissait avec dignité, ce dont Megalis était fière, sa peur des Fer-Nés lui venait d’elle. N’était-ce pas Megalis qui l’emmenait sur les remparts de Belcastel, lorsqu’elles étaient enfants ? Qui lui désignait l’horizon d’un doigt prometteur en lui disant qu’un jour, les Fer-Nés viendraient la prendre, qu’il l’emmèneraient sur leurs îles ?
Elle fronça les sourcils et força un sourire, mieux maîtrisé dans son mensonge, à ses lèvres.
— Elle s’en sortira. Elle doit juste grandir, et apprendre.
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Megalis Farman
♆ Un lion a toujours des griffes
AN 305, LUNE 10, SEMAINE 3
« Si nous en sommes là aujourd'hui c'est pour une bonne raison. Je ne reculerai pas face aux racontars qu'ils soient fondés ou non. Vous non plus. »
J'affirmais sur un ton un brin plus sérieux car maintenant que Yara avait fondée l'espoir de voir les Îles de fer arracher l'indépendance à ce roi omniscient. La vérité ou la dissimulation n'avait plus grande importance aux yeux céruléens de Salfalaise.
« Vous faites preuve de courage, je respecte ça. »
Pour surmonter cette situation, elle devait apprendre à accepter le fait que son choix ne plairait pas à tout le monde. Comprendre que ce n'est pas sa responsabilité si quelqu'un n'aime pas ou n'est pas d'accord avec sa décision.
« Il faudra bien qu'elle apprenne oui. Ce monde est cruel et nous en sommes les monstres. »
Je me laissais convaincre par les histoires que l'on racontait sur nous fer-nés. Nous étions les monstres tapis dans l'ombre pour que leurs populations restent près de la lumière. Leur raisons et leurs jugements face à l'obscurité ou des dragons règnent. Ce n'était pas totalement vraie ni totalement faux. L'obscurité nous permettait d’innombrables possibilités si tenté nous étions de l'éclairer. Définir notre Histoire, nous adapter à un récit jusqu'à ce qu'il ne restent de nous que ces monstruosités qu'ils racontent à leurs enfants.
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Tyldr Salfalaise
Elle sourit à peine cette fois-ci, avant de noyer encore une fois son amertume dans le vin. Elle tenait bien trop de Cersei, même après des années sans elle. Les Lannister avaient bien réussi leur coup, voulant étouffer les idées de révolte des Farman en faisant d’elle l’une des leurs. Mais ça, elle ne pouvait ni le dire, ni s’en plaindre. Tous ses alliés avaient cela en commun : la haine du lion d’or. Et elle ne pouvait expliquer à personne ce qui la liait, indéniablement, aux suzerains de l’Ouest. Au-delà du sang, au-delà du nom, au-delà du mariage, bien au-delà de tout cela.
Elle avait aimé Cersei et l’avait admirée, d’une manière qu’elle-même n’aurait su décrire.
Et savait que, si elle avait survécu à l’impitoyable guerre, Megalis ne se serait jamais retournée contre elle. Elle ne l’aurait pu.
Désormais, elle avait des engagements envers tant de monde. Ces Fer-Nés à qui elle avait promis d’occire l’ennemi commun pour se couronner de nouveau. Les Hightower, qu’elle avait entraînés dans cette terrible entreprise pour leur gloire à eux aussi. Ulwyck, les Uller, les bâtardes Sand… Les Kenning, qui par ce lien qu’ils avaient, méritaient d’être dans la confidence – et qui nourrissaient de toute manière une haine similaire aux Lannister. Et puis sa famille. Et puis, tout Belle-Île. Elle ne pouvait plus reculer et il n’y avait plus de place pour l’hésitation.
C’était le jour de son mariage et Megalis se sentait plus seule que jamais.
Les mots de Tyldr l’arrachèrent à ses sombres pensées. Elle chassa les nuages de ses yeux d’un cillement des paupières et releva le regard vers lui. Du courage… Peut-être. Oui, peut-être était-elle brave, mais combien cela coûterait-il ? Les hommes combattraient, et elle, seulement bonne à manipuler son monde, attendrait qu’ils combattent bien. Un instant, elle tourna son amertume vers son défunt père – il aurait dû la laisser porter l’épée quand elle était enfant.
— J’espère être suffisamment courageuse pour porter ce beau projet à bout.
Un sourire, moqueur envers elle-même, mordit ses lèvres.
— Le monde est bien cruel, oui. Et ses monstres sont pires.
Elle tourna un regard entendu vers le Fer-Né. Les autres Farman n’entendraient peut-être jamais son argument concernant leur alliance avec les Îles de Fer, mais elle se savait avoir raison – ils avaient du sang en commun, lointain certes, mais tout de même. Et ils ne pourraient pas le renier éternellement.
Elle avait aimé Cersei et l’avait admirée, d’une manière qu’elle-même n’aurait su décrire.
Et savait que, si elle avait survécu à l’impitoyable guerre, Megalis ne se serait jamais retournée contre elle. Elle ne l’aurait pu.
Désormais, elle avait des engagements envers tant de monde. Ces Fer-Nés à qui elle avait promis d’occire l’ennemi commun pour se couronner de nouveau. Les Hightower, qu’elle avait entraînés dans cette terrible entreprise pour leur gloire à eux aussi. Ulwyck, les Uller, les bâtardes Sand… Les Kenning, qui par ce lien qu’ils avaient, méritaient d’être dans la confidence – et qui nourrissaient de toute manière une haine similaire aux Lannister. Et puis sa famille. Et puis, tout Belle-Île. Elle ne pouvait plus reculer et il n’y avait plus de place pour l’hésitation.
C’était le jour de son mariage et Megalis se sentait plus seule que jamais.
Les mots de Tyldr l’arrachèrent à ses sombres pensées. Elle chassa les nuages de ses yeux d’un cillement des paupières et releva le regard vers lui. Du courage… Peut-être. Oui, peut-être était-elle brave, mais combien cela coûterait-il ? Les hommes combattraient, et elle, seulement bonne à manipuler son monde, attendrait qu’ils combattent bien. Un instant, elle tourna son amertume vers son défunt père – il aurait dû la laisser porter l’épée quand elle était enfant.
— J’espère être suffisamment courageuse pour porter ce beau projet à bout.
Un sourire, moqueur envers elle-même, mordit ses lèvres.
— Le monde est bien cruel, oui. Et ses monstres sont pires.
Elle tourna un regard entendu vers le Fer-Né. Les autres Farman n’entendraient peut-être jamais son argument concernant leur alliance avec les Îles de Fer, mais elle se savait avoir raison – ils avaient du sang en commun, lointain certes, mais tout de même. Et ils ne pourraient pas le renier éternellement.
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Megalis Farman
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AN 305, LUNE 10, SEMAINE 3
« J'aime votre façon de voir les choses. Même si je ne qualifierai pas ce projet de beau. Plutôt d'ambitieux pour un fer-né serait le mot. »
Tyldr en avait des projets, des ambitions se mêlant à ses idéaux. De l'Utopie modeste vient la grandeur par les actes et la renommée de son nom un jour il ferait parler de lui. Il se souvenait des paroles de son paternel bien qu'il soit un fieffé salaud dans ses mauvaises heures il avait ancré chez lui cette aspiration dont il gardait le souvenir précieux de toujours essayer même si la tâche lui semblait à l'échelle d'un homme impossible.
« La franchise engendre souvent la haine chez vos congénères. Vous serez à votre tour haï comme nous par le continent. » Tyldr laissa son œil droit se plisser dans un sourire dissimulant une satisfaction personnelle.
« Qu'ils haïssent pourvu qu'ils vous craignent c'est la seule et unique chose à retenir. » Content d'être le centre de l'attention des nobles westerosi, il savait tourner la rancœur et le dégoût qu'on lui portait en une arme bien plus blessante et tranchante à l'encontre de ses ennemis.
« Vous dépasserez ça avec le temps. Regardez-vous vous et moi... Ce n'est pas parce que quelque chose semble impossible que nous n'osons pas. C'est parce que nous n'osons pas qu'elle devient impossible. »
La peur est bénéfique tant que vous-êtes capable de la dompter. Il n'y avait rien de moins incertain que le risque prit aujourd'hui dans cette entreprise. Pourtant Salfalaise avait envie d'y croire autant pour lui que pour le futur du peuple auquel il appartient.
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Tyldr Salfalaise
L’ambition lui paraissait triste concept. Tyldr avait raison, certes, mais l’ambition seule saurait-elle les guider à la victoire ? Elle se contenta d’acquiescer en reprenant une gorgée de vin. Peut-être celui-ci l’avait-il déjà trop attaquée, elle n’allait pas sacrifier un si bon cru.
Elle leva un peu la tête aux mots suivants. Haïs… Craints… C’était ainsi que les Farman seraient vus, bientôt, c’était certain. Des traîtres et, s’ils réussissaient, des conquérants. Ils pourraient se cacher derrière des prétextes : les Lannister avaient massacré leur famille, ils avaient plongé Westeros dans la Guerre des Cinq Rois, causant d’ailleurs la mort de feu Sebaston, ils avaient accéléré la chute de Port-Réal face à Daenerys par leur orgueil… Le lion d’or se rendait coupable de bien des crimes et nombreux étaient leurs détracteurs.
Mais celui qui tirait le premier sang était souvent le plus mal vu, on l’affublait du nom de félon et son nom comme son sang s’entachaient de cette trahison.
Tant pis. Ils n’avaient pas le choix. La meilleure défense, c’est l’attaque, avait dit Rowena. Et elle avait tout à fait raison : il leur fallait attaquer les premiers, si leur plan se déroulait comme prévu, leurs ennemis seraient pris par surprise et ne pourraient sans doute pas réagir à temps.
Pour autant, Megalis savait-elle inspirer la crainte ? Elle savait se faire glace, elle savait se faire solaire, oh, elle savait arborer bien des visages. Mais la terreur…
— Je laisserai cela à mon frère, dit-elle dans un sourire narquois. Lorsqu’il sera à la tête de l’Ouest, lorsqu’il sera roi du Roc, Luthor saura imposer son autorité, je n’en doute pas.
Elle n’en doutait pas, non. Luthor était cet homme de glace, inflexible et implacable. Elle ne le lui avait jamais dit, mais son expression lui rappelait le peu qu’elle avait vu de Tywin Lannister. L’idée assombrit de nouveau son esprit tandis qu’elle adressait une prière muette à des dieux auxquels elle ne croyait pas. Qu’il ne devienne pas comme le tyran de Castral-Roc. Jamais.
Elle eut un sourire plus sincère aux mots du Salfalaise.
— Vous avez sans doute raison. De toute manière, si nous n’essayons pas, nous n’avons aucune chance de réussir, hein ?
Sa voix se fit plus fluette, volontiers mutine, alors qu’elle adressait un regard de connivence à Tyldr.
Elle leva un peu la tête aux mots suivants. Haïs… Craints… C’était ainsi que les Farman seraient vus, bientôt, c’était certain. Des traîtres et, s’ils réussissaient, des conquérants. Ils pourraient se cacher derrière des prétextes : les Lannister avaient massacré leur famille, ils avaient plongé Westeros dans la Guerre des Cinq Rois, causant d’ailleurs la mort de feu Sebaston, ils avaient accéléré la chute de Port-Réal face à Daenerys par leur orgueil… Le lion d’or se rendait coupable de bien des crimes et nombreux étaient leurs détracteurs.
Mais celui qui tirait le premier sang était souvent le plus mal vu, on l’affublait du nom de félon et son nom comme son sang s’entachaient de cette trahison.
Tant pis. Ils n’avaient pas le choix. La meilleure défense, c’est l’attaque, avait dit Rowena. Et elle avait tout à fait raison : il leur fallait attaquer les premiers, si leur plan se déroulait comme prévu, leurs ennemis seraient pris par surprise et ne pourraient sans doute pas réagir à temps.
Pour autant, Megalis savait-elle inspirer la crainte ? Elle savait se faire glace, elle savait se faire solaire, oh, elle savait arborer bien des visages. Mais la terreur…
— Je laisserai cela à mon frère, dit-elle dans un sourire narquois. Lorsqu’il sera à la tête de l’Ouest, lorsqu’il sera roi du Roc, Luthor saura imposer son autorité, je n’en doute pas.
Elle n’en doutait pas, non. Luthor était cet homme de glace, inflexible et implacable. Elle ne le lui avait jamais dit, mais son expression lui rappelait le peu qu’elle avait vu de Tywin Lannister. L’idée assombrit de nouveau son esprit tandis qu’elle adressait une prière muette à des dieux auxquels elle ne croyait pas. Qu’il ne devienne pas comme le tyran de Castral-Roc. Jamais.
Elle eut un sourire plus sincère aux mots du Salfalaise.
— Vous avez sans doute raison. De toute manière, si nous n’essayons pas, nous n’avons aucune chance de réussir, hein ?
Sa voix se fit plus fluette, volontiers mutine, alors qu’elle adressait un regard de connivence à Tyldr.
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« La récompense est à la hauteur du risque. N'oubliez jamais ça. »
Loin des paroles ennuyeuses d'un mestre ou d'un altruiste pompeux Tyldr Salfalaise savait reconnaître les actions qu'il considérait dans son intérêt. Le vin avait lentement glisser le long de sa gorge lui laissant cette amertume et cet état d'ivresse qu'il appréciait dans des moments d'accalmie comme celui-ci. L'ambiance festive détonnait avec ce qui parfois se tramait dans son esprit. Une lueur de folie brillant parfois dans son regard aussi froid que l'acier. Des offrandes pour ceux qui n'en ont pas besoin, des sacrifices pour ceux qui ont besoin de tout. Le peuple insulaire restait la hantise du continent tandis qu'ils n'arrivaient pas à donner un avenir meilleur à ce peuple résilient prêt à tout pour une vie meilleure quitte à sacrifier leurs vies. Il fallait que ça change, d'une manière ou d'une autre le fer-né savait qu'au delà de sa compréhension il n'était venu ici seulement par crainte de voir Yara tomber dans les griffes de l'ennemi. Non, il cherchait un moyen de jouer sa propre partition et ancrer dans les esprits son nom.
« Parlons de choses d'ordre.. ou de mœurs plus légères. Je suis à la recherche d'une femme, un nom à me suggérer ? »
Salfalaise avait cette manière à lui d'aborder divers sujets passant du coq à l'âne en quelques secondes. Sur le ton de la plaisanterie qui cachait une vérité à peine voilée il se plaisait à voir comment réagirait Megalis à une déclaration de ce type. Prendre des risques, bousculer l'interprétation de son interlocutrice. Voilà ce qui le caractérisait foncièrement parlant. Car l'Hydre pouvait arborer plusieurs faciès en même temps, l'imprévisibilité avait ça de bon et de mauvais chez lui.
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