[Pentos] Rien n'est plus incertain qu'un lendemain
Les deux poings posés sur une table, Erena se tenait debout tentant de se focaliser sur ce qu’elle avait devant les yeux. Avec toutes ces semaines de navigation, elle pouvait jurer qu’elle se sentait tanguer ici encore sur la terre ferme. Tout ceci lui laissant une légère sensation de mal de mer en continu bien trop désagréable à son goût.
La Gargalen se trouvait actuellement à Pentos, point de ralliement de toutes les armées de la coalition Antaryon. Elle s’était réfugiée dans l’un des hangar maritime adjacent à l’Astucieux, la nuit était tombée depuis plusieurs heures et elle ne pouvait compter que sur les quelques rayons de la lune se frayant un chemin à travers les craquelures du bois et d’une bougie pour y voir la moindre chose.
Ses yeux parcouraient une carte, plutôt ancienne à en croire son état. Il s’agissait d’un plan plutôt grossier de Braavos, il faisait partie des quelques effets personnels d’Edmund qu’elle s’était permis de prendre avant son départ. Malheureusement pour la jeune dornienne, trouver une carte plus récente n'aurait pas été un luxe, surtout que cette dernière avait déjà été marquée au charbon de bois.
Erena suivait les différentes artères de la citée libre, il y avait fort à parier qu'elle ne suivrait pas les armées principales. Son utilité dans les batailles classiques était discutable. Elle prendrait les chemins dérobés, elle serait plus utile derrière les lignes ennemies. Tuer peu, mais tuer important, elle se voyait déjà triompher assenant le coup fatal à un ennemi dont elle ne connaissait pas même le nom.
La brune releva la tête lorsqu'elle entendit la porte du hangar s'ouvrir sans bruit supplémentaire. D'un geste vif, elle posa la main sur le manche de sa dague et souffla sur la flamme de sa bougie, redonnant ainsi tous ses droits à l'obscurité.
Il se savait lâche. L’avait accepté depuis bien longtemps. Qui pouvait se targuer de savoir tout faire ? De détenir toutes les qualités du monde ?
Naïvement, les pensées de Nymeros se tournèrent vers son ami Edmund. A l’heure qu’il était, il devait être soit assis à son bureau, à s’occuper des affaires de la principauté, soit dans son lit, avec sa charmante épouse. Le Renard se passa une main sur le visage. Il était éreinté. Comme si c’était lui qui guerroyait.
Combien se battraient pour lui ? Combien mourraient ? Il pesta dans le vent.
— Tu devrais sortir te dégourdir les jambes, Nym.
Une tape fraternelle sur l’épaule. Le Renard tressaillit, tournant son regard inquiet sur son ami de toujours, Quill. Le sourire affable, sans doute dans un désir de rassurer le capitaine-marchand, il comprit vite que le Renard était devenu avare de mots. L’angoisse comme seule amie à cet instant, se sentant plus seul que jamais face à la réalité, Nymeros avait la gorge nouée.
Il ne sut que hocher la tête. Descendit sur le port et commença à y errer sans but. Des courtisanes parfumées minaudaient devant les portes d’un bordel, les tavernes bourdonnaient déjà de bruit en déversant sur les devantures des effluves d’alcool. Et si Nymeros trouvait habituellement en ces lieux toujours une place, cette fois, il était bien trop anxieux.
Un soupir, et il réalisa que la nuit tombait déjà. Ne sachant trop que faire, se rappelant de la dernière missive qu’il avait reçue d’Edmund, il se souvint avoir vu Erena entrer dans un hangar proche de l’Astucieux. Il y entra à son tour, bien trop bruyant pour passer inaperçu, il n’avait de toute façon pas l’intention d’être discret. Il eut juste le temps de saisir le visage de la jeune dornienne, qui s’éteignait avec la bougie.
Un sourire, une inclinaison polie de la tête, Nymeros toussota.
— Excuse-moi, je ne voulais pas te déranger.
D’un regard, il demanda la permission d’approcher – la dernière fois qu’il avait tenté de se montrer un peu trop… avenant, elle n’avait guère apprécié. Il n’avait qu’une hâte : en finir avec la guerre qui menaçait les siens, et aller boire un coup avec son ami princier. Ils auraient bien des choses à se raconter.
Il fallut quelques secondes aux yeux d’Erena pour s’ajuster à la nouvelle luminosité, mais le timbre de voix trahit instantanément l’intrus. La brune se relâcha, retirant la main de sa dague et laissant échapper un léger soupir.
- Tu ne me déranges jamais Nymeros. Répondit-elle avec un sourire timide en observant le renard se rapprocher. Sa silhouette sombre était entrecoupée par les quelques rayons de la lune qui parvenaient à s'introduire dans le hangar, laissant apparaître par intermittence son visage et sa mèche blanche si caractéristique.
Erena reposa le regard sur la table devant elle. La bougie, maintenant éteinte, laissait encore échapper un fin filet de fumée. La Gargalen se sentit bien bête, elle avait éteint sa seule source de lumière et n’avait aucun moyen de la rallumer. Elle se frotta le front, comme si une idée allait pouvoir lui venir à tout moment.
- Je… J'étudiais une carte de Braavos. Dit-elle en montrant la carte de la main avant de la laisser tomber sur sa cuisse. Je l’ai prise dans le bureau d’Edmund, j’aurai pu prendre un parchemin vierge, ça n'aurait rien changé.
Le jeune femme tenta de placer le plan sous un des rayons de la lune afin que l'Antaryon puisse comprendre ce à quoi elle faisait référence. Une fois le parchemin partiellement éclairé, elle parcourut des yeux encore une fois les grandes artères de Braavos. Comment allait-elle pouvoir naviguer dans tout cela ? Elle, qui était d’ordinaire confiante, commençait à ressentir une sorte d’appréhension. C’est la première bataille à laquelle elle participerait sans l’appui d’Edmund, lui donnait-elle trop d’importance ? Ou bien était-il la seule raison pour laquelle elle était encore en vie aujourd’hui ? S'était-elle réellement bien battue contre les dothrakis ? Les questionnements se succédaient dans sa tête si bien qu’elle en oublia la présence de Nyméros.
— Je sais que tu n’es plus une enfant, mais ton frère me tuerait s’il apprenait que je te laissais toute seule sur le port de Pentos.
Edmund le tuerait tout court quand ils se reverraient. Nymeros ne lui avait plus écrit depuis des mois, la dernière fois qu’ils s’étaient écrits, le Renard l’avait remercié de lui avoir confié Erena. Et depuis, plus rien. Plus un mot, tant Nymeros était pris par les diverses rencontres et alliances pour faire face à cette guerre. Celle-ci même avec laquelle il ne pouvait décemment pas être à l’aise : il n’était pas un guerrier, pas lui.
Alors qu’il arrivait à sa hauteur, elle expliquait étudier une carte de Braavos. Il s’approcha un peu plus, observant le plan qu’Erena tentait tant bien que mal de placer sous la lumière. Nymeros leva un sourcil vers la dornienne et demanda, dans un demi-sourire :
— Pourquoi observer ce plan ? Tu ne comptes tout de même pas…
Il se figea soudain.
— Tu ne comptes pas aller combattre ?
Ses sourcils tout à coup froncés, la mine sérieuse, le Renard se parait soudainement d’inquiétude. Si Erena était blessée au combat, Edmund le lui ferait sans doute payer.
Erena rigola sincèrement. Ici, à des centaines de kilomètres de Dorne et d’Edmund, elle avait encore une fois quelqu’un pour s’inquiéter pour d’elle. Elle était tout de même partagée entre l’irritation et le réconfort, quand est-ce que l’on lui ferra enfin confiance ? Et quand bien même, quels étaient les dangers qu'elle ne pourrait pas surmonter par elle-même en cet instant ? La Dornienne croisa les doigts pour que la bataille de Braavos lui permette de montrer enfin à tout le monde ce dont elle était capable et qu’il était inutile de la protéger à outrance.
Après avoir observé la carte, Nymeros demanda à la brune si elle avait l’intention d’aller se battre. L'interrogation la prit par surprise. Depuis le début de son périple, l’objectif était clair pour elle. Tellement limpide qu’elle n’avait pas pensé la moindre seconde que sa participation n’était une évidence que pour elle-même. Elle fixa Nymeros du regard, et observa son visage fermé. Fera-t-il quelque chose pour l'empêcher de se joindre à la bataille ou lui laissera-t-il le choix final ?
Erena était fatiguée, empreinte d’une lassitude de devoir mentir à tous ceux qu’elle aimait. Edmund, Nymeros, Damion, Sara. La solution de facilité serait de lui dire qu’elle ne souhaitait pas se battre et de monter dans l’un des bateaux qui débarquerait pour la bataille de Braavos. Elle n’aura ensuite qu’à demander pardon une fois la bataille remportée. Ou cette fois-ci, peut-être, devait-elle dire la vérité. Le visage de la dornienne se crispait, sentant son poing se refermer et ses ongles faire pression sur sa paume.
- Non, je ne compte pas aller combattre… Commença-t-elle. Tout du moins pas frontalement, je vais me détacher des armées principales et quitter les lignes de front pour me frayer un chemin. Imagine le nombre de vies sauvées si les bonnes têtes tombent en premier ? Est-ce que le jeu n'en vaut pas la chandelle ? Termina-t-elle avec un doux sourire en s’approchant de l’Antaryon. La seule chose que tu as à me dire, c’est qui doit mourir et où ils se trouvent.
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