Alysanne Vhassar ☼ Caged birds don't sing. They pray out loud.

Le sourire solaire. Le regard orageux. Alysanne peut se montrer aussi rayonnante que tempétueuse ; la faute a un cœur peut-être trop insouciant… ou bien peut-être est-ce le prix à payer pour une sensibilité immuable malgré les présents empoisonnés de la vie. Emotive, impulsive…en dépit des efforts de son père pour la brider, la Lady n’a jamais appris à mettre en cage ses émotions, prétextant que si elle ne peut pas effleurer la liberté du bout des doigts, elle peut au moins en garder une illusion dans son âme.

Le Soleil de Volantis brille…à la manière d’une étoile : de manière lointaine et discrète. Bien qu’Alysanne est habituée à la foule et savoure parfois d’être au centre de l’attention, elle ne craint pas de rester dans l’ombre, trouvant dans la solitude et le silence une forme de sérénité. Instruite, habile dans l’art de la discussion, elle ne manque pourtant jamais de sujet de conversation. Dominée par une curiosité insatiable, terriblement déterminée, la jeune lady serait bien assez têtue pour parvenir à tirer des informations d’une pierre, quitte à entretenir un monologue sans fin pendant des heures.

Sa volonté n’a d’égal que son ego. Orgueilleuse, susceptible, presque arrogante, Alysanne préfèrerait se jeter du haut d’une tour plutôt que d’admettre ses torts ou de s’avouer vaincue. Solide comme les montagnes de la Lune, elle ploie difficilement...même lorsque ses intérêts sont en jeu, elle rechigne toujours à mettre sa fierté de côté. De nature rancunière, elle se montre aussi intransigeante avec elle-même qu’avec les autres. La lady offre rarement son pardon et ne croit ni aux secondes chances, ni aux belles promesses. Méfiante, elle ne se fie qu’à son instinct ; ce qui lui a valu de nombreux ennuis… à maintes reprises.

Pour autant, si dans ses yeux ont entrevoit le feu destructeur des dragons targaryens, si son cœur est aussi dangereux que le sang ancien qui coule dans ses veines...Alysanne n’en reste pas moins une dame délicate et raffinée, qui a un goût certain pour les belles toilettes et les bijoux étincelants. Bien qu’elle ne l'avouera jamais, se plaisant à jouer les intrépides, rêvant de voyages et d’aventures, la lady apprécie le confort, le luxe d'une couverture chaude et d'un matelas douillet.

♛. Comme toute femme de son rang, Alysanne a reçu une éducation stricte et distinguée. Arts divers, histoire du monde et des grandes familles, intendance, ses parents ont veillé à ce qu’elle devienne une lady cultivée… Bien qu’elle n’a jamais été une élève très docile durant sa jeunesse.

♛. De tous les arts, c’est la musique qui est parvenue à capturer tout son intérêt. Si elle ne peut pas se targuer d’avoir une voix puissante à en renverser les cœurs, la douceur de son timbre s’accompagne parfaitement avec les délicates sonorités de la harpe : un instrument qu’Alysanne joue régulièrement, tout en fredonnant toujours quelques mélodies pour accompagner les notes.

♛. Sa maudite curiosité l’a poussé à s’intéresser aux armes…mais si son frère est un combattant prodigieux, il semblerait que la lady ne partage pas ses gènes. Les leçons secrètes de Raegor ne lui ont laissé que des souvenirs du goût désagréable de la poussière et la terrible douleur des hématomes.

♛. En revanche, son aîné lui a offert une petite dague lors de son huitième anniversaire. Aussi dangereuse que somptueuse, la lame est devenue sa plus fidèle amie et Alysanne s’en sépare rarement. Elle ignore si elle est capable de s’en servir un jour…mais la présence du poignard la rassure.

♛. À ses yeux, le cercle de sa famille ne s’étend pas au-delà de sa fratrie. Son père ne l'a jamais véritablement considérée, si ce n’est comme un pion dans un conflit qui n’intéresse guère Alysanne. Quant à sa mère…un gouffre s’est creusé entre elles suite au décès de sa dernière fille, Maesa. Daenesa n’est à présent plus que l’ombre d’elle-même. Avec le temps, le Soleil de Volantis est devenu le pilier de sa fratrie. Elle est à la fois le cœur et l'esprit, cherchant ainsi toujours à résoudre les conflits ou a protéger les intérêts des uns et des autres.

♛. Tout comme le reste de ses proches, Alysanne est très pieuse. C’est en R’hllor, Maître de la Lumière, qu’elle place sa foi.

♛. Plutôt maternelle et protectrice, la lady a un don naturel avec les bambins. Ne demeurant jamais indifférente avec les enfants, ces derniers recherchent souvent sa proximité et son attention. Même si la maternité la terrifie au plus profond de son être… les fausses-couches de sa mère ainsi que le décès de Maesa à sa naissance ont marqué son esprit. Dorénavant, un flot d’inquiétude se déverse dans ses veines à la simple pensée de devenir mère.

- Parents : Nyessos Vhassar (Maître et triarque de Volantis) / Daenesa Vhassar (née Raentigar)
- Oncle : Taegor Raentigar
- Fratrie : Aerys Vhassar (28 ans, époux de Raenela Vhassar, née Veltaris) , Raegor (26 ans, époux de Jaenyra, née Celtigar) , Haelena (20 ans) , Maesa (†)


An 283 : Naissance d’Alysanne Vhassar, troisième enfant de Nyesos et Daenesa Vhassar.

An 285 : Naissance d’Haelena Vhassar, dont elle deviendra très proche en grandissant mais également protectrice, peut-être même trop, selon les dires de la benjamine.

An 290, Lune 3 : Naissance et décès de Maesa. Daenesa Vhassar ne parviendra jamais à se remettre de la perte de sa fille…et Alysanne assistera ainsi au lent déclin de sa mère, impuissante.


An 291 : Son huitième anniversaire. Aerys, son aîné, lui offre une petite dague en guise de présent. Peu adroite avec une épée, Alysanne a cependant appris à se servir du poignard grâce au soutien de Raegor.

An 293, Lune 2 : Alysanne assiste pour la première fois à l’exécution d’un esclave. La condamnation la secoue profondément et la pousse à s'enfuir de la place publique, échappant ainsi à la surveillance de sa gouvernante. Elle fait la rencontre de Laegar, un jeune pêcheur.

An 293, Lune 3 : Taegor Raentigar, son oncle, s’oppose officiellement à son père lors d’un dîner familial suite à des visions politiques divergentes…et une certaine tension apparaît entre les deux grandes familles.

An 293, Lune 6 : Des désaccords entre Raegor et Nyesos provoquent une violente querelle entre père et fils. Alysanne s’interpose dans un geste désespéré lorsque Nyesos tente de lever la main sur le cadet. C’est finalement grâce à l’intervention d’Aerys que le conflit se dissout….bien qu’ils ignorent tous, à ce moment-là, que la dispute n’est que la première d’une longue liste.

An 294 : Sa mère subit une énième fausse-couche. Elle s'efface définitivement.

An 296 : Raegor Vhassar officialise ses convictions politiques et rejoint le parti des Tigres, suivant les pas de son oncle et défiant ouvertement son père. Aerys renforce son soutien à Nyessos Vhassar et le parti des éléphants.

An 298 Lune 2 : Fiançailles d’Alysanne Vhassar avec un puissant commerçant mais ce dernier périt la même année lors d’un naufrage.

An 298 Lune 3 : Alysanne évoque des projets futurs avec Laegar, lui révélant ainsi qu’elle rêve de s’évader de Volantis…mais ce dernier la repousse.

An 302 : Les conflits verbaux entre le cadet des Vhassar et le maître de la famille se poursuivent et sont bien plus réguliers et brutaux qu’autrefois.

An 303 : Nyessos Vhassar semble de plus en plus préoccupé par la montée en puissance de la faction des tigres. Il est déterminé à étouffer l’influence de ces ennemis au plus vite.

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Sous son regard éteint, les vagues s’échouent paresseusement sur le rivage dans une cacophonie régulière.  La brise joue dans sa chevelure, douce et paisible, presque moqueuse, taquinant ses joues rougies par la chaleur accablante, traînant dans son sillage le parfum si familier de l’écume et de l’iode….une odeur qu’il ne sentira plus jamais. Le sable doré brûle ses paumes tandis que son corps à lui s’est glacé pour l’éternité. Le cri d’une étrangère résonne dans son crâne et une larme s’échappe aussitôt de son œil avec vélocité. Il ne pourra plus jamais admirer la vision à la fois terrifiante et captivante de l’océan. Les rayons de soleil qui se reflètent sur la surface, le bruit mélodieux de la mer, le cris particulier des oiseaux…l’enfant ramène ses genoux contre sa poitrine.

Les images ressurgissent brusquement dans son esprit et bientôt sa vue se brouille, assaillie par des visions de sang et de mort. Sa gorge se noue. Son cœur se met à tambouriner dans sa poitrine. Alysanne se recroqueville sur elle-même et ses bras se referment mécaniquement sur ses jambes, se mettant alors à serrer, serrer et serrer…jusqu’à ce qu’elle se rappelle de la corde. Écrasant sa nuque. La nausée soulève brusquement son estomac et la fillette se redresse, tremblante, défiant de sa petite stature l’immense étendue d’eau.

A-t-il ressenti de la peur, quand il s’est dressé face à son maître ? Ou était-il trop désespéré pour éprouver un tel sentiment ? Et puis au fond….quelle importance ? L’homme est aussi impitoyable que l’océan et Nyessos Vhassar en est la preuve vivante. Rien n’aurait pu impacter la décision de son père, pas même le regard terrifié d’un adolescent. Ce dernier a scellé son sort à la seconde où il s’est défendu. Il savait ce qui l’attendait, qu’il n’échapperait pas à la mort même s’il fuyait à toute vitesse et pourtant, l’esclave a osé affronter l’un des maîtres les plus puissants de Volantis.

“ Pourquoi tu pleures ?” Alysanne sursaute au son de cette voix inconnue. Ses prunelles basculent immédiatement sur le côté et rencontrent alors le regard d’un garçon à peine plus âgé qu’elle, vêtu de l’uniforme reconnaissable des pêcheurs, le visage creusé et la chevelure sombre. La fillette le toise avec méfiance. “ Je ne pleure pas.”rétorque-t-elle avec assurance quand bien même son timbre chevrote. Un sourire amusé étire les lèvres de l’étranger. Il hausse les épaules. “ Si tu le dis.” Le garçon se déchausse, abandonnant ses bottes usées dans le sable avant de s’avancer dans l’eau, s’enfonçant jusqu’à ce que ses chevilles soient entièrement immergées. “ Quand j’ai mal à la poitrine….je me mets dans l’eau et je crie, comme ça.” Sous son regard médusé, le pêcheur hurle soudainement, parvenant presque  à recouvrir le chahut des vagues. Alysanne le fixe, interdite. Son cœur semble s’être arrêté de battre. Ses larmes se sont figées sur ses joues.

Le garçon se tourne dans sa direction, un éclat de fierté brillant dans ses pupilles, un rictus malicieux encore accroché à ses lippes. “ Essaye.” La fillette scrute les environs, hésitante…avant de céder à la curiosité et la confusion. Elle délaisse à son tour ses souliers sur la grève et s’approche timidement de l’eau, ne songeant pas un seul instant à la possibilité que sa gouvernante la découvre ainsi, pieds nus dans la mer aux côtés d’un pêcheur pauvrement vêtu. Alysanne relève le menton. Le courroux de la vieille Naella ne la terrifie plus comme autrefois. Elle gonfle sa poitrine et déverse dans un hurlement aigu, toute la tension qui s’est accumulé dans son être, tout le dégoût, la colère, l’effroi…ses épaules s’affaissent subitement, comme libéré d’une charge invisible.

La fillette croise le regard du jeune marin, essoufflée. Son sourire ne s’est pas envolé. Toujours pas. Il l’observe avec un air taquin tandis que ses cheveux virevoltent toujours fougueusement autour de son visage poupin. “ Je m’appelle Laegar.” Laegar. Son esprit imprime aussitôt les courtes syllabes et ses lèvres tressautent doucement. Une lueur discrète s’allume dans ses prunelles. “ Aly.” déclare-t-elle après quelques secondes de silence. Laegar effectue une révérence maladroite, parvenant ainsi à arracher un petit sourire à la fillette.

Mais le rugissement inatendu d’une femme dans le lointain efface toute trace d’amusement. “ Lady Alysanne !” Oh, cette voix…cette voix, l’enfant la reconnaît entre mille. Un désagréable frisson la traverse ; elle n’a pas besoin de se retourner pour deviner que Naella est proche et qu’elle est sans aucun doute furieuse de s’être fait dupée, pour la énième fois. “ Va-t-en, Laegar !” intime Alysanne sans réfléchir, refusant que la gouvernante repère le pêcheur. Celui-ci ne se fait pas prier et disparaît, non sans jeter quelques regards furtifs derrière lui, comme pour être certain de ne pas oublier le visage si innocent et céleste d’Aly.  

Naella ne tarde pas à parvenir jusqu’à sa hauteur, l’expression déformée par une fureur qui aurait pu faire frémir d’appréhension le plus menaçant des dragons. “ Petite impudente ! Vous voilà enfin ! Sortez immédiatement de l’eau !” Dans un soupir résigné, Alysanne s’éloigne de la mer…avant de se retrouver blottie contre la poitrine de sa gouvernante, capturée dans son étreinte. L’enfant se pétrifie. “ Ma lady…vous m’avez fait une peur bleue…mais que vous a-t-il pris de vous enfuir de cette façon…”L’enfant se radoucit en décelant la peur dans la voix de sa nourrice. Elle marmonne une excuse. Naella s’éloigne lentement et s’abaisse afin que leurs yeux soient au même niveau. L’exécution lui revient en mémoire…et son visage pâli de nouveau. Non. Elle veut oublier. Elle doit oublier.

“ Votre mère commençait à être morte d’inquiétude…” Alysanne n’en croit pas un mot. La dame de Volantis est incapable de lui jeter ne serait-ce qu’un seul regard, alors remarquer son absence ? Impossible. Daesa a cessé d’agir comme une mère depuis la mort de Maesa…comme si un morceau de son âme avait été importé dans le trépas de sa fille. Plus de sourire. Plus de rires chaleureux. Plus de regards aimants. Daesa s’éteint à petit feu et le déclin de sa lumière plonge le manoir dans une atmosphère pesante, presque étouffante, à croire que ses ténèbres dévorent tout sur leur passage. Même Aerys et Raegor se font de plus en plus discrets. Ils fuient les murs du domaine familial, comme s’ils cherchaient à échapper à une maladie contagieuse.

Alysanne les envie : ils ont une liberté qu’elle n’a pas, qu’elle n’aura jamais. Elle…elle est l’oiseau aux ailes brisées, vouée à rester dans une cage, enfermée, contrainte à ployer l’échine, se servant de son imagination en guise de bouclier contre la réalité. Pourra-t-elle un jour décrire en détail la sensation de voler ? Non, probablement. Les années filent, défilent…et la question demeure. La réponse est pourtant flagrante mais une partie de son cœur refuse de se soumettre à l’évidence, influencé par le tempérament fougueux et audacieux de ses deux frères.

“ Tu ne grandiras donc jamais ?” lui a un jour demandé Naella. Les souvenirs de ce jour sur la grève ont aussitôt remontés à la surface ; la Lady n’a jamais oublié ce moment où, pour la première fois, elle a ressenti un semblant de liberté. Elle a eu l’impression de pouvoir être qui elle voulait. Le temps d’un bref instant. Le temps d’un battement de cœur insouciant.  Le sentiment s’est vite dissipé, chassée par l’arrivée inopinée de sa gouvernante mais…l’émotion s’est ancrée en elle, muant au fil des années en une étincelle d’espoir. Une petite braise incandescente qui peut s’enflammer à tout instant.

Peut-être restera-t-elle toujours l’enfant qui, pieds nus dans l’eau, a osé hurler sa peine et sa frustration à l’océan...peut-être restera-t-elle toujours cette fillette naïve qui se raccroche vainement au brasier qui crépite en elle, parce que c’est ce qui l’a toujours protégé de la noirceur de sa génitrice, parce que c’est ce qui lui a donné la force d’affronter les démons de son père.  Et là où beaucoup y voient de la naïveté, Alysanne y voit du courage... même en cage, l’oiseau continuera toujours de chanter.