Ashara Dondarrion, Furie de Havrenoir

C’était comme si tout avait été prévu pour qu’Ashara Dondarrion grandisse en ermite. Née dans l’immense forteresse de basalte noir, qui devait fréquemment repousser les assauts des Dorniens, Ashara Dondarrion était une enfant très seule. De sa mère, morte en la mettant au monde, Ashara ne reçut que sa santé fragile. Frêle et peu résistant à toute forme d’épreuve physique, la jeune lady de Havrenoir a dû combler les manques. De son père et de son frère, elle ne tira pas grand-chose non plus : elle ne les voyait pas beaucoup, et n’était pas très proche d’eux. De cette solitude et cette fragilité, la jeune Dondarrion développa une force intérieure et un goût pour l’indépendance certain.

Finalement, la personne la plus chère à ses yeux était la Septa qui l’avait vu grandir, Melyane. Elle s’occupa d’elle jusqu’à ses huit ans, lui apprenant des chants et lui contant des histoires. C’est elle qui posa les toutes premières bases de son éducation et joua le rôle maternel qui lui manquait alors. La petite Ashara n’avait, en ce temps-là, pas grand-chose d’autre à faire. Il n’y avait pas autour d’elle d’autres enfants de son âge avec qui jouer ou bien se quereller

Tout changea lorsque, à ses huit ans, elle devint la pupille de Renly Baratheon et le suivit à Port Real. Là-bas, elle dut se faire aux codes et usages de la capitale et surtout, à cette ville grouillante d’activités et d’événements mondains. Cela ne lui déplut pas. Elle grandit ainsi au milieu des jeux et intrigues de la cour, et apprit vite – parfois à ses dépends – que la discrétion était nécessaire en toutes circonstances. Son esprit vif la sauva pourtant de bien des situations, et son sens de l’adaptation fit d’elle une jeune lady distinguée et bien vue à la cour.  Ashara noua alors des liens plus forts avec les personnes qui l’entouraient à Port-Real qu’avec sa propre famille.

Elle rentrait cependant rendre visite à son père et à son frère de temps à autre, pour les événements importants, et lorsqu’ils pouvaient lui accorder du temps. Ce fut le cas pour les fillancailles de son frère aîné à Allyria Dayne. Dès le départ, elle ne s’entendit pas avec la jeune femme. Elle ne savait pas ce qu’elle comprenait le moins : que celle-ci soit fiancée à son frère, ou que son frère se fiance avec elle. Elle se contenta de faire bonne figure avec celle qui faisait irruption parmi les siens sans qu’elle ne l’ai souhaité. De cet événement, Ashara garda un fort désir de contrôle sur ceux qui l’entouraient dans certaines circonstances.

Adolescente, Ashara continua de se passionner pour l’histoire et la politique de Westeros. Elle restait à distance autant que possible de toute querelle, mais n’hésitait pas à s’affirmer lorsque cela était nécessaire. Elle avait le souvenir de ce jeune écuyer, qui à la suite d’un différend avait commencé à émettre des sous-entendus douteux sur sa vertu, et qu’elle avait très vite fait taire par des moyens qu’elle se garderait bien de répéter. L’important était que cela avait fonctionné. Ce qui comptait à cette époque pour Ashara était d’acquérir les armes pour évoluer dans ce monde. Elle savait que cela ne passerait pas pour elle par une force physique, aussi mit-elle tous ses efforts dans son esprit et son savoir.

Ashara entretenait avec Renly un lien particulier, qui semblait leur convenir à tous les deux. Très vite, elle comprit qu’il ne tenait pas particulièrement à s’encombrer d’un grand nombre de responsabilités, et cette indépendance lui convenait parfaitement. Elle partageait cependant son goût pour les choses raffinées, et admirait son élégance. Ashara éprouvait une certaine fierté vis-à-vis de celui dont elle était la pupille. Il se distinguait des autres hommes qu’elle avait pu connaître. Ce n’était pas une force brute comme pouvait l’être son frère ou son père.

Si Ashara n’avait pas du tout connu sa mère, elle n’eut pas le temps de beaucoup connaître son père qui mourut, emporté par une fièvre, alors qu’elle était à Port-Real depuis quatre années. Son frère devint alors seigneur de Havrenoir et leurs rencontres se firent encore plus rares qu’elles ne l’étaient déjà. À nouveau, Ashara faisait sa vie loin d’Havrenoir, qui, même si elle était attachée à ses terres, n’était pour elle qu’une tour d’ivoire. Elle était attristée par la mort de son père, mais trouvait refuge auprès de ceux qui l’entouraient à Port-Real, dont elle se sentait plus proche, ayant grandi avec eux.

La nouvelle qui l’ébranla davantage fut celle de son frère. Plus inattendue, plus soudaine, mais surtout plus confuse. Elle reçut d’abord une missive qui lui indiquait que son frère était mort dans quelque dispute. Elle n’en savait pas davantage que ce qu’elle entendait dans les rumeurs. Ashara rentra alors à Havrenoir. Elle était en train de quitter l’enfance et de nouvelles responsabilités allaient lui incomber. Elle n’était pas prête, et restait attachée à sa vie et son confort d’avant, mais elle n’avait pas vraiment le choix. D’autre part, les choses devenaient également de plus en plus confuses à la capitale. Aussi attachée qu’elle pouvait être à Renly, Ashara ne voulut pas le suivre dans une lutte qui n’était pas la sienne. Elle avait beaucoup d’autres choses à régler auprès de sa propre maison, dont elle devenait la dame.

Aussi rapidement qu’elle avait appris la mort de Béric, une nouvelle contradictoire lui parvint. Béric serait à nouveau en vie. Il n’en demeurait pas moins absent, et ses relations avec Allyria Dayne n’en étaient que plus tendues. Allyria attendait le retour de son fiancé, Ashara n’espérait qu’une chose : se trouver loin de cette femme. Béric, successivement annoncé mort et vivant par six fois durant les trois années qui suivirent, ne revint jamais.

Ces années de tension se soldèrent ainsi par la nouvelle définitive de la mort de Béric. Ashara était alors officiellement dame de Havrenoir, et Allyria n’avait plus aucun lien avec sa maison. Ne supportant pas ces années de rivalité et craignant de nouveaux rebondissements, elle ne tarda pas à renvoyer définitivement à Dorne la jeune Dayne. Sans rancune ?

Depuis ce temps, Ashara tente de trouver un équilibre dans ce quotidien tumultueux qu’est celui de la vie d’adulte. Courtisée par de nombreux seigneurs pour son titre, elle n’est cependant pas du tout pressée de se marier. Elle est parfois tentée d’abandonner ses privilèges pour se défaire des obligations qui y sont associées, et profiter d’une vie de liberté, mais elle tient trop au contrôle qu’elle gagne depuis sa position. Alors elle se sert de ce qu’elle a appris durant son adolescence mondaine pour se frayer un chemin dans ce monde. N’est pas encore né celui qui la fera tomber, que ce soit de son rang ou entre ses bras.