L'ombre du fantôme [hallucination d'Aegon]

Nesora s’avançait dans les couloirs du lieu, elle traversa tranquillement les portes une à une. Elle n’était pas inquiète de tout cela, elle savait qu’elle était morte et que ce n’était qu’une illusion induite par la drogue de quelqu’un qu’elle connaissait très bien. Elle avançait rapidement, se faufilant dans les couloirs jusqu’à arriver à une dernière porte, personne ne s’était retourné sur son chemin. Normal, elle n’existait pas. Elle n’existait que pour quelqu’un de très précis qu’elle venait de trouver, elle se glissa dans la pièce et fronça le nez.

« Salut beau blond ! »

Elle éclata de rire en voyant Aegon, elle s’avança vers lui avec un clin d’œil. Elle portait sa tenue habituelle, son armure de cuir et ses deux longues dagues. Ses cheveux roux tombaient toujours en tresses complexes autour de son visage souriant. Elle s’avança jusqu’à celui qui avait été, et qui été toujours, son meilleur ami et son amant, elle s’étira comme un chat avant de lui offrir un nouveau grand sourire.

« C’est ici que tu loges ? C’est sympa comme tout ! »

Elle inclina la tête sur le côté, laissant ses cheveux roux glisser sur son épaule. Nesora avait toujours été d’une franchise presque douloureuse pour ses amis et elle avait toujours été plus que franche avec Aegon. Elle disait que cela faisait partit de son charme, d’autres diraient qu’elle était parfois juste agaçante. Mais en attendant, Aegon l’avait devant les yeux et pour une fois dans leur intimité elle n’était pas nue.

« Bah alors ? T’es pas content de me voir Aegon ? »

Fit-elle avec un fin sourire.

Nesora eut un sourire à sa question et lui indiqua la porte d’un geste du pouce.

« Bah par la porte et les couloirs ! »

Elle avait toujours été simple, directe ! Et quand il lui posa la question, elle haussa les épaules, visiblement absolument pas gênée par ses mots.

« Absolument pas réelle ! Si ça peut t’rassurer. »

Elle lui fit un clin d’œil avant de s’approcher d’Aegon et de l’examiner avec grande attention, les sourcils froncés.

« T’as une sale gueule. »

Toujours d’une honnêteté douloureuse, son doigt passa sur les lèvres violettes d’Aegon et elle porta son doigt à son nez pour le sentir sans rien dire. Elle grimpa sur le lit, s’installant comme-ci elle était chez elle. Ce qui était peut-être le cas elle était liée à Aegon, enfin son esprit parce que c’était une simple hallucination.

« T’sais la mort c’pas spécialement amusant ! J’peux même plus te casser les pieds, enfin sauf maintenant. »

Elle lui offrit un coup sur l’épaule en souriant.

« Qu’est-ce qu’il t’arrive Aechou ? »

Elle adorait toujours lui donner les surnoms plus ou moins stupides pour le taquiner et voir sa réaction. Cela avait été un jeu entre eux.

« J’te manque ? »

Elle pencha la tête sur le côté. Ancienne gladiatrice depuis son enfance, Aegon avait appris à Nesora à lire et à écrire, amis et amants, ils avaient passé beaucoup de temps ensemble. C’était peut-être son manque flagrant d’éducation qui permettait à Nesora de parler à Aegon comme à un homme classique. Les titres et tout cela… c’était pas pour elle ! .

Nesora l’observa avec attention, elle le sentit fragile et inclina la tête sur le côté. Elle resta s’installa à ses côtés et son regard se posa sur ses mains à lui. Elles tremblaient. Elle leva les siennes pour envelopper celles qui tremblaient et les serra tout doucement avant de poser sa tête sur son épaule.

« Blondinette, tu fais des cauchemars de ce qu’il s’est passé ? »

Elle serra plus ses mains avec douceur avant de le regarder, en lever une pour repousser ses mèches trempées de sueur de son front.

« Est-ce que tu as oublié tous les bons moments que nous avons passé ensemble ? Tu sais, je n’ai jamais été aussi heureuse que lorsque j’étais à tes côtés. »

Nesora lui fit un sourire en douceur. Elle pensait aux moments qu’il avait passé à lui apprendre à lire, ainsi que le haut-valyrien. Mais aussi leurs moments intimes, les moments d’entraînements. Les moments où elle l’avait largement taquiné seuls, autour d’un feu. Elle passa une main dans sa crinière de feu qui cascadait sur ses épaules. La guerrière morte observa son ami avec douceur… et elle reprit la parole d’une voix douce :

« Je ne regrette pas d’être morte pour toi, tu sais ? Je savais que ma mort serait violente, parce qu’on m’a toujours dit que ça serait ma vie. »

Elle ne savait pas si elle était la meilleure personne pour réconforter son ami. Elle observa le plafond pendant quelques secondes avant de reprendre doucement la parole.

« Aegon, veux-tu que je reste pour veiller sur ton sommeil ? Ou tu veux que je parte ? Je dois avoir quelques histoires à te raconter. »

Si c’était pour le détendre…

« Ou tu as des questions à me poser ? »

Elle essayait de le calmer un peu.