[Volantis] L'Ancien Sang et la mouche | Meralyn

Meralyn lisse sa robe pour la énième fois pour chasser les plis inexistants. Sa mère, de passage à Volantis pour renouer avec sa famille de naissance, l’a avertie au dernier moment de la venue prochaine de Nymeros Antaryon, hôte de la famille Vhassar - un invité important dont il faut prendre soin. Toute la maisonnée est en effervescence pour préparer son arrivée, et Meralyn remercie elle ne sait quel dieu pour l’absence de sa grand-mère. Depuis qu’elle réside à Volantis, elle ne fréquente quasiment plus cette vieille pie, à l’exception de quelques repas de famille à Tyrosh ; et moins elle la voit, mieux elle se porte. Si Isilys Adarys était là, elle imposerait sa vision avec tonitruance, et elle reprocherait à Meralyn ses tics de stress.

Rien qu’à cette pensée, elle tire sur sa natte, avant de se forcer à prendre une profonde inspiration. Elle abandonne alors sa chambre, arpente les couloirs de la demeure des Edoryen. Sa mère a tenu qu’elle soit là, pour représenter autant les Adarys à ses côtés que la famille de son époux, les Qhaedar. Une harpie digne des enseignements d’Isilys, prête à tout pour rafler de l’influence à travers les Cités Libres. Si elle peut dévorer Nymeros Antaryon pour lui arracher du pouvoir, elle le fera.

Toutefois, l’entrevue n’est pas pour tout de suite - pas encore -, et Meralyn s’extirpe de la demeure des Edoryen pour se frayer un chemin vers les jardins. Des années passées à Volantis à vivre sous la contrainte, loin de son tendre frère, et elle a appris la ruse comme les subterfuges. Le domaine de sa famille maternelle ne lui résiste guère ; elle connaît les chemins détournés, sait à quels esclaves s’adresser pour disparaître une poignée d’heures sans que personne ne s’en alarme. Elle joue désormais avec les règles, les plie à sa volonté, juste assez pour passer inaperçu et s’octroyer ainsi une liberté rare.

A se promener dans les jardins proches de la demeure des Edoryen, loin des obligations et des contraintes qui reposent sur ses épaules, Meralyn ne s’est toutefois pas attendu à croiser l’objet de toute l’effervescence matinale près d’une fontaine, entre les palmiers et les cèdres, à l’abri des regards. Elle n’a peut-être jamais rencontré Nymeros Antaryon auparavant, mais elle a suffisamment entendu sa mère parler de lui pour le reconnaître. Son ascendance valyrienne ; elle n’a que ces mots à la bouche.

Et surtout, elle surprend une scène qui ferait frémir plus d’un notable volantain. Un esclave qui touche un maître ; même si ce geste a sauvé Nymeros, d’autres à sa place auraient fait fouetter le malheureux - et c’est probablement ce que comptait faire le soldat avant de battre en retraite.

Après avoir tiré une nouvelle fois sur sa natte, Meralyn se force à la lâcher et à s’avancer vers le braavien qui n’est guère au bout de ses peines. A choisir, elle aurait préféré épouser un notable de Braavos pour ne pas vivre dans cette ville esclavagiste jusqu’aux bouts des ongles.

— Vous êtes venu seul ?

Elle observe les alentours, à la recherche d’une garde rapprochée ou d’un hathay, mais elle se rend à l’évidence ; avec l’une ou l’autre, cette scène ne se serait pas produite.

Meralyn tressaille soudain, le souvenir de la badine de sa mère en tête, et elle lisse sa robe une nouvelle fois.

— Je vous présente mes excuses pour ma rudesse, Vala Antaryon. Elle esquisse une révérence. Meralyn Adarys, pour vous servir.