When your fantasies become your legacy ☽ Aegon & Nymeros, Volantis

Qu’il était las de cette situation. Au-delà de la simple idée de se marier, qui lui déplaisait forcément sans qu’il ne parvienne à s’y faire, toute la situation le fatiguait. Sa jeune fiancée pouvait être une femme agréable, qui lui aurait bien sûr plu en d’autres circonstances, mais pas comme ça. Et pire encore, il y avait la guerre qui se déclarerait bientôt officiellement. De ce qu’il savait, actuellement, Braavos était sous tension. Un climat d’insécurité devait flotter sur la cité, peut-être y avait-il eu quelques escarmouches entre les forces Prestayn et Fregar, mais le plus violent des combats n’avait pas débuté. Cette violence qu’il redoutait tant, c’était lui qui l’emmènerait bientôt.

Son visage toujours marqué de souci, Nymeros multipliait les entretiens avec Aegon. Il tentait de s’intéresser à la stratégie, ou encore à l’entraînement des troupes, leur gestion générale, mais il laissait le dragon être le seul décisionnaire de l’armée qu’ils avaient monté. En fils du commerce, Nymeros pouvait bien négocier de nouvelles troupes, mais les gérer, ça non.

Quand bien même c’était difficile, il faisait confiance à Aegon pour cet aspect-là de la guerre.

Ainsi, dans une énième discussion autour de la guerre qui les avait faits alliés, le Renard poussa la porte du bureau qu’on leur avait généreusement alloué dans la demeure des Vhassar. Ses yeux azur rongés d’une inquiétude fatiguée, il écrasa un bâillement las avant de remarquer la présence d’Ilan ici. Nymeros eut un sourire à son égard.

Sourire qui disparut bien vite quand il remarqua le panier. Vêtements propres et sels de bain, sa fiancée souhaitait-elle lui faire passer un message peu subtil ? Le Renard fronça légèrement les sourcils, vexé puisqu’il avait toujours été un homme propre sur lui.

Il soupira et regarda rapidement Aegon.

— Permettez-moi une seconde.

Il regarda ensuite l’esclave qu’il s’était empressé d’affranchir.

— Merci, Ilan. Dites-moi…

Dans sa voix, de l’embarras. Il tenta de le camoufler derrière un court sourire.

— Comment se porte riña Vhassar ? Est-elle hum, heureuse ?

Une question qu’il ne voulait certainement pas poser directement à sa promise, il entretenait avec détermination la muraille érigée entre eux. Puis de toute façon, elle avait trop de fierté pour tolérer son inquiétude.

A peine sa question posée, Nymeros baissa le regard vers la main crispée d’Aegon. Il tremblait. Encore. Et le Renard n’était pas dupe : ces signes-là, il les connaissait. Mieux encore, ou pire, il les avait vécus. Lui-même avait souffert des symptômes du manque, avait tremblé de tout son corps. L’Antaryon n’eut pas l’œil critique, plutôt nerveux. Parce que les ivrognes pouvaient être terriblement dangereux, l’esprit corrompu et surtout imprévisible.

La réponse d’Ilan le ramena vers elle. Il hocha la tête, un sourire crispé étirant ses lèvres. Soulagé que Alysanne soit au moins en bonne santé.

— Au moins est-elle en bonne santé.

Un soupir surtout adressé à lui-même. Il releva la tête vers la camériste, qui reprenait au sujet de la bonne humeur de son épouse. Nymeros haussa les sourcils, sincèrement surpris – sa fiancée ne lui exprimait pourtant que mépris.

— Ah vraiment ? Il marqua une pause. Sa voix s’était faite un peu inquiète. Il hésita à aller voir Alysanne. Se ravisa aussitôt, il ne voulait pas créer d’attachement entre eux. Peut-être devrais-je lui trouver des dames de compagnie, alors, si elle souffre de la solitude.

Le Renard baissa aussitôt les yeux, échappant tant bien que mal au jugement d’Ilan.

— Un bain ne sera pas de refus, oui, merci.

Il ne demandait que ça, se détendre, oublier toute cette situation qui lui pesait. Il lui semblait n’avoir jamais porté de manteau plus lourd, hormis celui de l’absence de Alayna Terys, des années plus tôt. Son ancienne épouse semblait lui manquer plus que jamais.