Petit déjeuner en famille

Mon regard était posé sur le portrait que je tenais au creux de ma main. Il avait été peint comme lors de ses beaux jours. Une reproduction d’un des tableaux qu’il existait dans le château. Il datait de la période de naissance de mes frères. Il était beau. Je fermai légèrement les yeux avant de les rouvrir pour continuer de l’observer. Qu’est-ce qu’il aurait fait, lui ? À ma place. Qu’aurait-il fait de tout ces fanatiques ? Les aurait-il épargnés ? Père avait été un seigneur bon et doux. Et ce n’était que des paysans perdus. Ils s’étaient rendus… Je serrais toujours le petit médaillon dans mon poing. Qu’aurais-tu fait père ? Tu ne les aurais sans doute pas tué… Quoi qu’à la fin… Sans doute n’aurais-tu pas eu cette pitié qui touche mon cœur. Je me mordis les lèvres en continuant d’essayer de savoir ce qu’il aurait dit et fait. Je voulais qu’il soit là, à mes côtés. Ainsi que ma mère et mes frères. La main de Tante Denyse me fit sursauter. Je me retournai vers elle.

« Tante Denyse ! Vous m’avez fait peur ! »

Je posai une main sur mon cœur, l’autre toujours tenant le petit médaillon. Est-ce que tout allait bien ? Je hochais la tête.

« Oui ! C’est une belle journée, n’est-ce pas ? J’avais besoin de conseils alors… »

Je désignai le médaillon :

« Je suis venue voir père, qu’est-ce qu’il aurait fait à ma place maintenant. »

Qu’est-ce qu’il aurait fait ? Sans doute, à la fin de sa vie n’aurait-il même pas réellement toléré Denyse et ses filles. Pas après qu’elles aient fui La Treille… Enfin, peut-être que je me trompais ? C’était possible aussi. Je reportai mon attention sur le portrait de mon père avant de le relâcher pour qu’il tournoie avec ceux de ma mère et de mes frères. Qu’aurait-il fait ? Il n’était pas pour la violence à la fin de la guerre. Il détestait profondément cela. La guerre lui avait presque tout prit. Je tendis la main pour prendre le portrait souriant de ma mère. Le portrait était de la même époque que celui de mon père. Elle aussi, qu’aurait-elle fait ? Mes frères avaient beau être des crétins, ils ne méritaient pas de mourir ainsi. Je relâchai le portrait de ma mère. Je crois que j’avais pris ma décision, je donnais une nouvelle pichenette à Hobber et Horas.

« Vous étiez venu voir Oncle Desmond ? »

Il n’était pas très loin, elle devait savoir où il était, il y avait d’autres portraits, évidement, mon grand-père, ma grand-mère, d’autres dont j’avais bien sûr entendu parler, mes ancêtres, bien sûr. Mais je n’éprouvais pas de tristesse pour eux. Je me frottai machinalement les yeux pour chasser la fatigue. Je savais que je devais avoir de grands cernes, mais j’espérais sans doute dormir ce soir. J’avais le temps de voir avec tout cela. Je passais une main sur mon visage en levant les yeux vers le sommet du Kiosque. J’aimais cet endroit, il était paisible et joyeux, même s’il était aussi un lieu de recueillement. Peut-être pour apaiser la douleur. Après le repas, j’irais sans doute voir les serre pour admirer nos herbes médicinales. Je ne savais même pas si Denyse les avait déjà vu. Non, autant y aller maintenant.

« Je vous retrouve aux nappes. »

J’inclinai la tête vers elle avant de la laisser seule pour m’enfoncer au creux des jardins, mes pieds foulant des sentiers plus que connu jusqu’à cette serre cachée, discrète et pourtant emplie d’herbes. Elle avait été construite pratique, mais aussi assez fine pour se fondre dans le paysage et certaines plantes grimpantes l’avaient en partie recouverte.

Dandelion m’ouvrit la porte pour que je puisse rentrer, faisant sursauter le pauvre jardinier qui avait les mains dans la terre.

« Ma dame ! »

Il se redressa et s’inclina aussitôt. Je lui offris un sourire.

« Tout va bien. Je viens juste voir les plantes. Est-ce que tout pousse bien ? »

Il s’essuya les mains sur mon tablier et entreprit de me faire visiter. Il faisait chaud ici, malgré un ingénieux système pour ouvrir quelques panneaux de verre pour permettre d’évacuer le trop plein de chaleur. Mais les plantes poussaient en tout cas très bien, le sol riche de La Treille qui était également régulièrement enrichi par les différents lisiers et composte que les paysans disposaient aux pieds des cultures. Grand-Père avait peut cette idée, lorsque des cépages arrivaient au bout de leur vie, la terre était entièrement labourée une première fois, enrichit de compost et purin avant d’être à nouveau labouré pour permettre à la terre de tout absorber. Et juste après les récoltes, c’était les sentiers entre les vignes qui connaissaient ce sort. C’était une manière comme une autre de permettre au sol de se reposer. L’herbe n’était pas arrachée non plus, pour permettre à l’humidité de rester au maximum. Et pour les terres agricoles, c’était la même chose. Il fallait nourrir la terre pour qu’elle nous le rende bien. Je restais quelques minutes dans la serre avant de remercier le jardinier de sa prévenance et de son travail pour ressortir de l’endroit, il me demanda de laisser la porte ouverte, ce que je fis avant de rejoindre le lieu de rendez-vous. Dorea se précipita pour me prendre dans ses bras et elle ne pus s’en empêcher : elle fit une grimace à Humfrey :

« C’est moi qui lui fait le câlin en première d’abord ! »

Je ris avant de la serrer contre moi et de regarder le lieu.

« Quel travail ma tante, c’est magnifique ce que vous avez fait avec Dahlia ! »

C’était sincère.

Je me demandais toujours ce qu’aurait fait mon père. Qu’aurait-il fait ? Mes frères n’étaient pas des modèles de vertu, bien sûr, mais ils n’étaient pas méchants. Mais c’était sur mes épaules qu’était le poids de La Treille. Bien qu’aujourd’hui, je me sente beaucoup mieux dans ce rôle. Au fur et à mesure, je prenais mes marques, mais j’aurais aimé avoir des conseils de mon père ou même ma mère. Elle avait été une femme éduquée également, forte et intelligente. Et moi… Je savais que je pouvais demander des conseils aux vivants, mais là, ce que j’aurais aimé, c’était la voix de mon père. Et Tante Denyse m’avait surpris. Je lui offris un sourire.

« Ne vous excusez pas, j’aurais dû être attentive à mon environnement et ne pas être aussi surprise. »

Je lui expliquai la situation. Je hochai la tête à ses mots. Donner son avis, j’essayais d’en prendre. Mais là… C’était les conseils d’un seigneur que j’aurais aimé avoir. Parce que même si Denyse était une bonne personne, ce n’était pas le sang de La Treille qui coulait dans ses veines. Même si elle pouvait avoir de très bons conseils. Ne pas perdre confiance…

« Je sais Tante Denyse, je sais. Mais j’aurais aimé entendre la voix de mon père, j’ai toujours eu l’impression qu’il avait la meilleure solution sans difficulté. Cela lui venait si facilement. C’était… peut-être juste moi ? Je ne sais plus vraiment. »

Je reviens vers Tante Denyse. Il aurait fait comme moi. Il aurait protégé le peuple. Je fermai les yeux en inspirant profondément, j’imaginai mon père, sa haute silhouette, son épée à son côté, même à la fin, il faisait toujours de son mieux, s’abandonnent à ses démons une fois seul. Mais il avait toujours été présent pour son peuple et pour moi. Même si à la fin il ne riait plus, il était si fatigué. Il aurait fait de son mieux pour les protéger et à la fin, il aurait tout fait pour éviter de faire couler le sang. Je caressai son médaillon en rouvrant les yeux, croisant son regard franc.

« Père était un seigneur exceptionnel. Je ferais de mon mieux pour marcher sur ses traces. »

Mais elle voulait parler à Oncle Desmond, j’inclinai la tête.

« Je vais vous laisser seule avec lui et Denys alors. »

Je crois que cela valait mieux. Après un dernier petit tour dans les serres, je reviens aux nappes où Dorea insista pour me faire un câlin avant que Humfrey ne vienne à mes côtés. Je souris aux mots de Denyse.

« Oui, c’est particulièrement beau comme cadre. »

Un cadeau ? Je fronçai les sourcils avant de regarder Humfrey, surprise. Jusqu’à… Oh… Mon anniversaire. Je restais silencieuse avec un petit sourire. J’avais complètement oublié que j’allais bientôt avoir une année de plus. Si Aelinor avait voulu fêter son anniversaire avec faste, pour ma part, il n’y avait plus que mon père pour m’offrir un cadeau ce jour-là… Jusqu’à sa mort, il avait toujours fait ce qu’il devait faire pour me faire plaisir en cette journée. Et avant la fin de la guerre, je ne l’avais plus fêté. Je m’inclinai un peu devant les filles.

« Merci, j’avais complètement oublié que c’était mon anniversaire. C’est effectivement une bonne idée. »

Visiblement, nous aurions du théâtre. Je me blottis dans les bras de Humfrey pour regarder tout cela. Je riais, cachée derrière ma main, face aux imitations, talentueuses il fallait l’avouer. C’était très amusant, toujours deuxième ? Je rajustai la couronne de fleurs sur ma tête avant d’embraser mon chevalier.

« Tu seras toujours premier dans mon cœur mon Humfrey. »

Je repris pour tous.

« Merci pour cette adorable surprise, vous n’étiez pas obligée ! Cela me touche beaucoup. »

Je lui fis un clin d’œil avant de revenir vers le repas proposé, toujours appuyé sur mon chevalier, ma main frôlant la sienne. Il y avait un peu de tout, comme des filets de poissons fumé et cru, ce dont je raffolai, j’aimais plus le poisson que la viande, des olives et des raisins, artichauts, asperges, tourtes aux poireaux, tisanes. De quoi manger pour tout le monde. Prise dans une frénésie d’idée et de besoin d’activités, habituelle après une nuit terrifiante pour moi, je mangeai bien plus que ce qu’ils avaient l’habitude. Je me régalais de poisson, de fromage, de tartes aux fruits, c’était un peu comme-ci j’essayais de me remplir pour effacer la peur. Je fis honneur au plus de plat possible jusqu’à ce que je ne puisse plus manger du tout. Il était l’heure visiblement des cadeaux.

Être dans mes pensées. Sans doute. Mais je ne pouvais pas être ainsi éloignée e la réalité, même ici, je devais toujours avoir les pieds sur terres. Parce que je n’avais pas le temps de rêvasser, de rêver. Non, c’était impossible. Mais j’offris un petit signe de tête vers ma Tante en silence. Sans doute que certains pouvaient se le permettre, mais pas moi. Je ne me sentais pas le droit de pouvoir le faire. Mon père me semblait avoir toujours pris les meilleures décisions. Douter de ses choix.

« Père était toujours réfléchi oui. Ce n’était pas son fort de prendre des décisions sans peser le pour et le contre. »

C’était pour cela aussi que je voulais être dans ses traces, avancer comme lui, rendre la Treille plus grande encore. Je serrais légèrement les poings à cette pensée. Est-ce que je pouvais vraiment me prétendre son égal ? J’en doutais fortement. Je voulais être une seigneuresse aussi forte et aussi respectée que lui. Je tournai la tête vers Tante Denyse qui reprit la parole. J’étais déjà sur ses traces ? Je n’en avais pas l’impression. Je m’étais déjà écroulée, quand j’étais seule, dans les bras de Dandelion à hurler contre son épaule la douleur et la tristesse, tout ce qui me grignotait le cœur. Mes nuits sans sommeil en était une preuve. Est-ce que leur présence me pesait ? Je la regardais avant de secouer la tête. Leur présence ne me pesait pas, mais je voulais tellement leur épargner mes tracas que sans aucun doute je les repoussais bien plus que ce que je ne pouvais penser. Est-ce que j’étais trop dure envers moi ? Sans doute que malgré l’année, enfin presque, à être seigneuresse, je n’arrivais pas encore à trouver le juste milieu. Je regardais Tante Denyse avant de prendre ses mains dans les miennes.

« Votre présence ainsi que celles des filles et de Humfrey est un vrai soulagement, je vous le promets, vous ne me gênez nullement. Mais… je ne sais pas comment équilibrer tout cela. Je ne sais toujours pas si je fais les choses bien, si je peux me permettre de me relâcher. Si j’étais u homme, sans doute que je ne me poserais pas toutes ces questions. Mais je suis une femme Tante Denyse. On me demandera toujours de faire dix fois plus pour m’accorder autant de mérite qu’à un homme. J’aimerais… réussir à trouver un équilibre. Je vais y arriver, je vous le promets, j’y arriverais bientôt. Avec la fin des fanatiques, je pourrais sans doute respirer un peu plus et vous aussi. Et après le concile, il y aura le mariage et je serai sans doute également plus en paix. »

Quant à avoir un héritier, je regardais mes frères.

« Puissent les sept me donner des jumeaux forts et en pleine santé. »

Je la laissai avec ses hommes.


C’était agréable d’avoir ce moment hors du temps, de savourer la présence de sa famille, je caressais machinalement la main d’Humfrey avant de lui donner un baiser. Je souris un peu plus à sa remarque.

« Je n’ai pas besoin que tu le montres à tous pour que tu me prouves que tu m’aimes, Humfrey. Tu avais tenu ta promesse d’être prudent et de ne pas te blesser. Et puis, c’est aussi ce jour là où je t’ai embrassé la première fois. »

Je lui fis un clin d’œil avant qu’il ne m’embrasse le front et s’éloigne pour m’apporter des cadeaux. Je poussai un cri de ravissement en voyant la scelle, je promis de la tester dès le lendemain pour une visite de mes cépages, elle était magnifique, je mis aussitôt le collier, le bracelet, les boucles d’oreilles ainsi que le bracelet puis la bague. Un autre cadeau ? Je fronçai les sourcils :

« Ne crois-tu pas que j’ai été assez gâtée ? »

J’allais embrasser tour à tour toutes mes cousines en les remerciant avec effusion pour leurs présents avant de revenir me blottir dans les bras de Humfrey. Avec la digestion, je sentais la somnolence pointer le bout de son nez, je me mordis assez fort la langue pour me réveiller et me redresser un peu.

« J’irais demain visiter les cépages avec Asfaloth. Je crois que cela me fera le plus grand bien ! Puis il me faudra étrenner cette scelle. »

J’en profiterais pour discuter avec les paysans s’il y avait des problèmes. Même si je ne pourrais aller très loin. Mais galoper au grand air me ferait le plus grand bien. Je tournai la tête vers Denyse :

« Quelle est donc cette dernière surprise? »

J’étais curieuse.

Si j’étais un homme, il était fort probable que je n’aurais pas à me battre ainsi tous les jours, à ne pas lutter pour prouver que j’en étais capable. Combien de seigneurs pensaient qu’il serait facile de me manipuler parce que j’étais jeune et une femme ? Combien d’entre-eux se demandaient combien de temps allait-il se passer avant qu’ils ne puissent mettre la main sur La Treille ? Je préférais que tout disparaisse dans le souffle d’un dragon que de voir la Treille tomber dans les mains d’un non Redwyne. Il ne suffisait pas de porter le nom pour comprendre cet endroit. Il fallait l’aimer, l’aimer à pouvoir mourir pour. Je ferais bien des choses pour protéger mon sanctuaire et ses habitants. Personne ? J’eus un fin sourire, dans la famille peut-être. Mais à l’extérieur oui. Et à nouveau, j’aurais besoin d’un homme pour prouver que j’étais capable. Pas seule…

« J’ai dû l’être trop longtemps avec père, seule, je pense. »

Mais je ne serais plus jamais seule maintenant. Villevieille ne s’était pas construite en un jour.

« La grandeur ne se construit pas sur une action, mais sur plusieurs. »

Je devais rendre fier mes ancêtres. Puissent-ils m’offrir des enfants vigoureux.


Une fête d’anniversaire, si je m’attendais à cela. Je dévorai bien plus que ce je ferais en temps normal, honorant le fraisier en prenant deux parts avant de rire face aux talents d’imitatrices des filles. J’assurais également à Humfrey que je me fichais d’être couronné reine de l’amour et de la beauté, parce qu’il avait été prudent. Ah ! Le dornien ! Je pouffais à nouveau.

« Ah ! Oui ! Le dornien. Archibald. Le pauvre avait le mal de mer et le cœur à une dornienne, son frère était bien embêté lorsqu’il me l’a annoncé et crois bien qu’il n’a jamais été plus soulagé d’apprendre que l’alliance se contenterait d’échange commercial et que j’acceptais d’annuler des fiançailles. Père avait eut de drôles d’idées à la fin… »

Mais quelle importance, c’était avec Humfrey que j’étais, dans ses bras que j’étais nichée maintenant. Je rougis en enfouissant mon visage dans mes mains à la déclaration de Humfrey.

« Veux-tu cesser ! Tu es un bien vilain flatteur Humfrey ! Et vouloir le faire nu ! »

Ne pas l’imaginer nu, surtout pas. Je préférais parler de demain ou je partirais sûrement après l’aube pour passer une journée au grand air. Dorea voulait venir, c’était sûr. Deana également et Denyse ne voulait rien dire.

« Dorea, je te préviens, c’est une journée entière à cheval que nous allons faire. Et je n’ai pas l’habitude de simple promenade lorsque je le fais. »

Je ne chevauchais pas grand train, mais ce n’était pas une petite promenade au pas. Et Asfaloth allait sûrement adorer le grand air. Je réfléchis un instant, je pourrais sans doute faire le tour de l’île cette semaine…

« Je pense que nous allons faire effectivement le tour de l’île. Il y a une journée et demie de route jusqu’à Bourg-les-vignes et après deux jours jusqu’à la Crique Astérie et ensuite à nouveau deux jours jusqu’à Port Ryam. Nous serons de retour au début de la première semaine de la quatrième lune. Sans doute au deuxième jour. Dorea, ce n’est pas une promenade de santé, tu es prévenue, si tu viens, je ne veux pas t’entendre te plaindre que tu as mal aux fesses. Je ne prends aucun carrosse sur mon île. »

Je ferais envoyer un corbeau pour préparer les demeures des autres gros villages, ce n’était pas comme ici, un véritable château, plus de beaux manoirs, mais comme je n’y allais pas tous les jours, c’était largement suffisant. Et Denyse ne parlait pas de chevaux.

« J’ai largement assez de chevaux Tante Denyse. Quant aux toilettes, Aelinor m’a largement gâtée. »

Et j’avais prévu de refaire entièrement ma garde-robe après le mariage. Je posai mon regard sur Humfrey.

« Tu voudras venir avec nous voir toute l’île ? Ou tu préfères rester ici ? »

Cela me permettrait aussi de me montrer à mon peuple et voir s’il y avait des plaintes ou des besoins.

Pas facile… Si elle savait. Le silence était le pire, surtout après la mort de père. Je secouai la tête aux mots de ma tante.

« Ce qui est fait est fait Tante Denyse, on ne peut revenir en arrière. Je crois que père préférait que nous restions seuls. »

Pour reconstruire La Treille, mais ce n’était plus la peine, j’avais sans doute pris goût aussi à la solitude ! Mais la question n’était plus là.


J’offris un petit coup dans l’épaule de mon fiancé en riant doucement. Il ne voulait même pas se souvenir du prénom de l’homme qui avait presque eu ma main. Je souris doucement à ses mots en lui pinçant le nez.

« Tu n’as même pas voulu te souvenir surtout ! Et c’est moi qui ai volé ton cœur en première ! »

Je ris doucement avant qui ne me fasse une avalanche de compliment qui me fit rougir jusqu’à la pointe des oreilles et je me cachai le visage dans les mains. Jusqu’à ce qu’il les écarte pour m’embrasser. J’enfouis mon visage dans sa chemise en riant à ses mots.

« Je t’imagine bien le faire va ! Mais je te l’interdis de le faire ! »

Je lui offris un regard noir avant de confirmer le programme, de faire le tour de l’île à cheval. Doerea est-ce qu’elle tiendrait ? Je la préviens immédiatement que cela ne serait pas du tout une partie de plaisir. Si elle se plaignait une seule fois…

« Si je t’entends te plaindre, te retournera à Port Ryam et tu auras cours avec le mestre chaque jour jusqu’à ce qu’on revienne. »

Mais Humfrey confirma qu’elle tiendrait et Tante Denyse viendrait également, je secouais doucement la tête.

« Nullement ma Tante, il y a de la place pour tous. »

L’escorte serait un peu plus massive, mais soit, ce n’était qu’un détail. Les routes seraient sûres également, je n’étais pas inquiète. Mais je m’assurais également que ce n’était ni un cheval ni une toilette. J’avais assez de tout cela. Je me demandais ce que c’était.

« Je me pose alors des questions ! J’ai hâte de voir ce que c’est. »

Et est-ce que Humfrey viendrait ? Sans aucun doute, je lui offris un sourire aimant en posant ma tête contre sa poitrine.

« Jamais, ne t’inquiète pas. Je suis contente que tu puisses enfin voir toute mon île. »

Dahlia ne semblait pas apprécier l’idée de Tante Denyse. Roanne allait être ravie de pouvoir voyager un peu.

« Dahlia, je crois que tu adorerais la visite de l’île, ne t’inquiète pas. »

Elle avait vraiment l’air peu convaincue par l’idée de cette longue promenade. Il faudrait que je lui trouve un cheval très doux. Je basculai la tête en arrière pour voir Humfrey.

« Tu as bien eu la liste pour les chevaux ? Pour la reproduction, je l’ai fait porter ce matin. »

Merci les insomnies.

« Que j’ai hâte de pouvoir retrouver mon peuple et discuter avec eux ! Revoir les vignes aussi ! »

J’adorais passer du temps là bas également. Discuter, prendre le temps…