Petit déjeuner en famille

J’observai ma cousine et j’avais eu l’impression d’avoir été trop dure. Je restai silencieuse en l’observant avec attention alors qu’elle semblait se ratatiner sur place. Le mestre me jeta un regard inquiet et je secouai la tête avant de lui demander de sortir à lui et à l’intendant pour quelques minutes. Je me levai pour m’approcher de Deana, mettant un genou au sol pour être à sa hauteur, glissant mes mains autour des siennes.

« Deana. Regarde-moi s’il te plaît. »

Fis-je doucement. C’était une enfant… Une enfant à qui je demandais d’être adulte d’un coup… Et je n’étais pas très douée pour apprendre aux autres.

« Je sais que c’est difficile, de passer de simple dame à héritière. Je l’ai vécu. »

Fis-je doucement en serrant ses mains dans les miennes et gardant son regard accroché aux miens.

« Tu as encore un peu de temps pour me présenter cela, il y a encore quelques semaines avant le début des vendanges. Pour sortir du domaine tu auras une escorte armée pour te protéger. Les différents bourgmestres te diront exactement combien d’hommes ils sont. Les cartes te seront données. »

Je gardais son regard dans le mien.

« Regarde-moi Deana. Je ne suis pas en colère contre toi, c’est aussi nouveau pour moi de devoir former quelqu’un. J’ai aussi fait des erreurs, toutes les deux nous en avons fait. »

Je lui offris un sourire avant d’essuyer ses larmes d’une main douce.

« Je sais que c’est difficile. Crois-moi, je l’ai vécu. »

Et le contexte était autrement plus effrayant… Je lui offris un sourire encouragent, même si je n’étais pas très douée…

« Cet après-midi, avec dame Roanne, on ira au port pour négocier et voir les nouveautés d’Essos, est-ce que tu parles la langue du commerce ? Sinon, je verrais pour te faire donner des cours à toi et tes sœurs. »

Une Redwyne devait parler la langue du commerce à mes yeux… Je me relevai avec un sourire rassurant.

« Nous passerons également au septuaire et au maristère. »

Grosse après-midi. Mais pour une fois ! Je savais d’avance mon programme. Je lui tendis mon mouchoir.

« Je préfère que tu me poses des questions que tu t’angoisses parce que tu ne comprends pas. Je te répondrais sans aucun problème Deana. »

J’avais préféré passer par un ton plus proche, plus familiale.

« Ce n’est pas ta faute si tu ne sais pas, c’est la mienne, je ne pense pas à expliquer. »

Fis-je tout doucement pour l'apaiser.

J’observais la jeune femme, je savais que le changement était brutal… Mais elle devait aussi faire face. Que ferait-elle si par malheurs… Elle devenait seigneuresse de La Treille parce que je n’avais pas su rester en vie ? Je la regardais avec douceur avant de secouer la tête à sa remarque.

« Non, je ne te déteste pas Deana… J’ai juste été trop brusque. »

Je lui présentais le programme de l’après-midi avant de hausser un sourcil à sa remarque. Elle me demandait ? C’était déjà pas mal… N’est-ce pas ? Je hochais la tête.

« Oui. J’aimerais que tu viennes, cela te permettra de voir mieux Port Ryam, les interactions que je peux avoir, même si tu ne comprends pas tout. Tu pourras travailler sur ton projet dans les prochains jours, et je demanderais au mestre de vous donner une heure de cours de la langue du commerce tous les jours avant le dîner. »

C’était le strict minimum. Elle viendrait sûrement avec moi sur le port, si bine qu’elle m’entendrait le pratiquer.

« Dame Roanne la parle également, elle pourra t’aider. »

Si elle le souhaitait bien sûr. J’avais visiblement mal prononcé le mot.

« J’ai dit Maristère, mais le me suis trompée c’est Matristère le bon mot. »

C’était ça de parler trop vite…

« C’est comme un septuaire, mais réservé aux septas, aux sœurs du silence et aux femmes. C’est là où sont pratiqués les embaumements, les recueillements, l’aide aux nécessiteux et où les jeunes filles dédiées à la foi étudient. »

J’inclinai la tête à ses derniers mots.

« Tu peux dire au mestre et à l’intendant de revenir en passant s’il te plaît ? »

Je retournai m’asseoir à mon bureau en la regardant sortir avant de me plonger dans mon travail avec grande attention, il fallait absolument que je sois plus productive ! J’avais fait ordonner que pour quatorze heures ma jument soit prête, et prévenir Humfrey que je partais à Port Ryam avec sa nièce, Dentdelion avait également préparé une escorte pour l’occasion.

Je m’arrêtais quand on frappa à la porte. Treize heures… Je fronçais les sourcils.

« Oui ? »

Je restais silencieuse, comme l’intendant qui était là… Qu’est-ce que… Je n’avais jamais demandé huit plats différents, du saumon, du poulet panés, des légumes rôtis, de la soupe, des tartines de légumes, des asperges avec une mayonnaise, un poulet aux épices et à la mangue… Je fronçai les sourcils.

« Qu’est-ce… Pourrais-je avoir une explication ?! »

Je n’avais rien demandé alors que les serviteurs déposaient cela sur les guéridons.

Je clignai des yeux en regardant la jeune fille. Elle était vraiment trop douce et naïve pour ce monde… Elle… Elle devait absolument apprendre aussi à ne pas attendre un ordre pour faire quelque chose. Je hochai légèrement la tête avec un sourire.

« Hé bien nous allons y aller à cheval. Donc à toi de décider. »

Et elle devait apprendre la langue du commerce au plus vite. Je retournai m’asseoir à mon bureau en étant mes jambes en dessous avant qu’elle ne me demande si elle commençait dès ce soir. Je haussais les épaules.

« Ce soir ou demain. Je vais voir avec le mestre. »

C’était lui qui donnerait le ton des leçons après tout. Le ton, la durée, et la fréquence, mais il allait devoir apprendre aux trois. J’expliquai ce qu’était un Matristère à Deana qui semblait pas autant au fait de la religion que sa cousine Aedinor. Qu’importe… Qu’importe. Elle était trop naïve, peut-être devrais-je lui faire parvenir quelques livres pour qu’elle se culture au-delà des clichés qu’on lui avait donnés ? Il faudrait que j’en touche quelques mots à Tante Denyse… Que je la trouvais un peu… niaise ? Si on pouvait dire ainsi ? Pourtant tante Dense n’était pas du tout dans ce genre ! Mon oncle non plus ? Pourquoi était-elle comme ça ? Je la regardai partir avant que le mestre et l’intendant ne reviennent. J’informai le premier de sa nouvelle charge, il m’indiqua qui les ferait travailler une heure tous les soirs à partir de demain. Très bien… Je me replongeai dans le travail avec eux jusqu’à midi, enfin, surtout avec l’intendant, le mestre lui n’avait pas à toujours être là. L’intendant bien plus souvent, je devrais lui faire installer un bureau plus proche du mien… Jusqu’à l’arrivée d’une farandole de huit plats. Je restais silencieuse une demi-seconde avant de réclamer une explication. Humfrey … Je me frappai le front du plat de la main avec un long soupir.

« Un ordre de Ser Humfrey… Toujours dans l’exagération… »

Soupirais-je longuement avant d’essayer de faire un peu de place alors qu’on déposait tout cela autour de moi. Je fis signe à l’intendant que partager mon repas avec moi. Est-ce que c’était aussi une technique pour m’obliger à ranger mes papiers ? Du bout de ma fourchette je commençais à picorer dans les différents plats, sans pour autant lâcher mes papiers ou arrêter de travailler. J’avais les sourcils froncés en lisant les derniers rapports. Pas qu’ils furent mauvais, loin de là, mais j’étais concentrée…

Dommage pour Humfrey, malgré le nombre de plat, je ne mangeais pas non plus autant que cela, mais je mangeais un peu de tout avant de poser mes papiers. Il était l’heure d’aller en ville. Je passai par mes appartements, pour que Sarah ne m’aide à passer une tenue d’équitation et que je ne descende dans la cours. L’escorte était prête. Mais surtout ma jument semblait être en forme… Elle était en train de se cabrer en hennissant alors que mon palefrenier essayait de la retenir en douceur. J’avançai sans peur vers elle lorsqu’elle reposa ses sabots au sol. Je levai les mains pour venir gratouiller son poitrail et son encolure. Elle souffla par les nasaux et je souris en continuant de la câliner délicatement pour la détendre un peu. Je tournai la tête vers Dandelion et Humfrey ainsi que l’escorte.

« Messieurs, sommes-nous prêts à partir ? »

Je mis pieds dans l’étrier avant de me hisser sur le dos d’Asfalot qui se cabra à nouveau et j’accompagnai son mouvement avant qu’elle ne repose les quatre fers au sol. Je grattai tendrement son encolure à nouveau avant qu’elle ne s’ébroue.

« Nous sommes excitées ma dame Asfalot. Oh. Dorea, Tante Denyse. Vous nous accompagnez ? »

En tout cas elles sortaient du château.

Mon regard se posa sans doute un peu plus longtemps que nécessaire sur Humfrey qui portait mes couleurs. Presque du moins. Je restai cependant neutre en expression en public. Asfalot était très excitée, normalement elle aimait bien son palefrenier et était plus calme avec lui qu’avec les autres, mais visiblement je lui avais manqué terriblement. Je tournai la tête vers lui pour l’interroger du regard.

« Elle va bien. Elle est juste excitée de sortir ma dame. »

J’eus un sourire avant de grimper sur son dos, j’eus à peine le temps de poser mes fesses sur la scelle, elle se cabra à nouveau en hennissant, comme pour montrer sa force, je restai sur son dos sans difficulté avant qu’elle ne retombe sur ses quatre fers en secouant la tête, agitant la longue crinière, j’aimais qu’elle l’ait longue pour passer mes doigts dedans. Mais Tante Denyse et Dorea venaient. La petite évitait soigneusement mon regard… Allons bon… Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Je reviens sur ma tante.

« Non, absolument pas ma Tante, je vous en pris, joignez-vous à nous. »

J’attendis que tous fussent prêts pour donner le signal du départ. Il y avait des gardes disposés tout autour de nous, notamment Dandelion qui restait littéralement presque collé à moi, son écuyer également proche de moi. Je tournai la tête lorsque Humfrey vient vers moi. Je restais silencieuse à ses mots avant d’incliner la tête.

« Excuses acceptées. »

Fis-je d’une voix douce alors qu’Asfaloth s’étira un peu l’encolure, elle semblait plus calme… Cela serait bien que je puisse bientôt partir au galop sur les chemins de La Treille, cela lui ferait grandement du bien… Et à moi aussi. Bien mangé ? Je posais un regard sur lui :

« Vous voulez parler des huit plats pour trois personnes que j’ai reçu à midi ? »

Je lui offris un regard amusé en regardant tout autour de nous, profitant de la lumière du soleil.

« La prochaine fois, précisez les quantités aux cuisiniers. Ils sont bieffois… Et certains seraient allés à Lys… Ils sont passionnés par la cuisine. »

Je souris simplement sans rien dire d’autre en admirant Port Ryam rayonnant, malgré la présence de plus de garde que d’habitude. Mais la ville était en sécurité. C’était tout ce que je demandais. Les rues étaient propres, je ne voyais pas de prostituées ni de mendiants. De toute manière, pour ces derniers… il y avait assez de besoin de bras dans beaucoup de métiers. C’était très agréable en tout cas. Je me dirigeai vers le port avec ma garde, saluant les gens au passage avec des sourires et quelques gestes de mains.

Je mis pieds à terre en arrivant au port, Dandelion m’imita également et un garde s’approcha pour tenir Asfaloth qui semblait un peu plus calme. Il y avait du monde et de toutes les langues qui gueulaient dans tous les sens. J’adorais cette ambiance ! Et un large sourire étira mes lèvres alors que je fis signe à Dame Roanne et Deana de venir à mes côtés alors que je m’approchai des marchands. Je ne souhaitais pas pour l’instant créer des alliances ou négocier ! Je voulais voir les nouveautés qu’on pouvait me proposer.

Je me mis à marcher d’un pas vifs, m’arrêtant parfois à un étale pour discuter joyeusement avec le marchand en question, admirant quelques pièces, sans pourtant rien acheter. Je ne voyais rien de nouveau ou d’intéressant en tout cas. Un marchand m’attira avec quelques fruits… Mangue ! J’adorais cela ! Je discutais avec lui quelques instants en langue du commerce, Dandelion la comprenait plus qu’il ne la parlait. J’achetais une mangue, mais laissai mon garde la choisir et sortir son poignard pour me la couper en quartier. Ce n’était pas exactement comme ça qu’on devait la manger, mais en attendant c’était plus pratique ! Je croquai dedans avec un sourire en continuant de discuter, il y avait des choses intéressantes, rien de révolutionnaire, mais j’aimais l’ambiance de cet endroit. Je passais plus d’une heure sur le port à échanger, voir avant de remonter vers ma jument, je lui avais acheté quelques carottes au passage. Je lui en offris une qu’elle croqua avant que je ne me hisse sur son dos. Direction de Matristère, ensuite, le septuaire et après… nous allions rentrer. En remontant, un manteau dans une vitrine attira mon attention. Une coupe longue, masculine sans aucun doute, avec quelques broderies. Presque militaire. Bleu marine… Mais en bleu et en pourpre… cela serait magnifique… Je détournai les yeux pour me concentrer sur la suite.

Le Maristère semblait être en bon état, je discutai avec les septas, pas de grand problèmes à me signaler. Les filles allaient bien, la garde se tenait toujours prête à intervenir en cas de besoin. Mais cela se passait bien en tout cas… Quant au septuaire, j’en profitai pour prier pendant quelques minutes, dans le silence et le calme. J’allumais les bougies pour le Père, la Mère, le Guerrier, la Jouvencelle et le Ferrant.

Une belle partie de la journée avait été occupée par tout cela et je ne fus pas mécontente de pouvoir remonter sur Asfaloth qui faisait clairement la gueule. J’eus un sourire en gratouillant son encolure.

« Je suis tu préfères les balades en forêts. Bientôt ma chérie. »

Bientôt. Je me le promis. En la faisant tourner, j’attrapais une grappe de fleur de glycine que je déposai derrière l’oreille de Humfrey en passant avec un petit clin d’œil. Mais il était l’heure de retourner au château ! Ce que je fis avec mon escorte, les joues rosies de plaisir de la journée en plein air. Cela me faisait du bien et j’avais hâte de pouvoir faire le tour de l’île une fois les fanatiques neutralisés. Je pourrais tout montrer enfin à Deana, même si elle devait la connaître ! Mais surtout à Humfrey… Je me tournai vers Deana :

« La journée vous a plus dame Deana ? »

Je reviens vers ma tante et la petite.

« Avez-vous trouvé ce qu’il vous fallait Ma Tante ? »

Et mon regard se posa sur Humfrey, je n’avais pas noté de problème, mais peut-être que lui oui ? C’était possible également.

J’eus un petit sourire à l’étonnement de Humfrey.

« Oui, tant que ça. Je crois que je ne rends pas assez hommage à leur cuisine… Alors tu leur as fait grand plaisir avec ta demande. »

Fis-je d’une voix douce en le regardant. J’inclinai la tête. Il avait cru bien faire ! Je hochais la tête.

« Ce n’est pas grave chevalier. J’ai partagé avec mon mestre et mon intendant en travaillant. »

Hors de question de gaspiller… Mais la journée au port se déroula rapidement, j’adorais sortir au port et voir mes gens, même pour passer un peu de temps avec eux. Discuter plus ou moins joyeusement, je partageai la mangue avec Deana, elle ne posait pas beaucoup de question… Mais c’était son problème… Je lui avais dit qu’elle pouvait. Je ne sentis même pas le frôlement de Humfrey dans le septuaire, mais je levai les yeux vers lui, offrant ainsi un mince sourire à son amour que je lui rendis avant de revenir face à la statue pendant quelques minutes. Je priais pour les morts et qu’aucun des miens ne vienne les rejoindre. J’avais besoin d’eux tous…

À mon chevalier, j’offris des fleurs qui le fit rire, mais visiblement il aimait bien cela et tout le monde avait passé une bonne après midi. Et nous arrivions avec la fraîcheur et je mis à peine pieds à terre que le mestre se précipita, la mine inquiète.

« Ma dame… »

Il était livide et tenait un parchemin entre ses mains. Je reconnus le sceau du donjon rouge… Je me sentis pâlir à mon tour et je le pris aussitôt, laissant Asfaloth se presser contre moi alors que je brisai la cire pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Je lus le contenu et mon cœur s’apaisa… rien qu’un peu. Le mestre leva les yeux vers moi, angoissé… Je me mordis les lèvres une seconde.

« Ils organisent un concile à Hautjardin avec tous les seigneurs du Bief. Deuxième semaine de la cinquième lune. »

Fis-je d’une voix douce en laissant le parchemin se rouler sur lui-même.

« Pour élire un régent tant que le seigneur La Néra n’est pas retrouvé ou déclaré mort. »

Expliquai-je. Ce n’était pas un secret d’État… Et mon regard se posa sur Deana avec attention.

« Je crains que nous devrions accélérer votre formation dame Deana. »

Elle ne serait pas seule décisionnaire, je resterais à distante présente, et il y aurait le mestre ainsi que l’intendant et mes ordres.

Je ne vis pas le regard d’Humfrey envers mon mestre. S’il venait me voir pour les missives, c’était qu’elles étaient importantes. Et que cela ne pouvait attendre. Et une lettre du donjon rouge… Cela n’attendait jamais. J’avais donné mes règles de priorité après tout. Donjon rouge, supérieur à tout. Et après le reste de ma classification n’était que pour moi et le mestre, pas besoin d’en savoir plus, n’est-ce pas ? J’annonçai la nouvelle d’une voix douce. Mon regard se porta sur Humfrey sans répondre à ses remarques pendant quelques secondes.

« Ils espéraient retrouver le seigneur Bronn. Je peux les comprendre. Au moins, ils sont intervenus. »

Je préviens aussitôt mon héritière qu’elle devrait sûrement travailler beaucoup plus maintenant. Elle sembla blêmir à ma remarque et je soutiens son regard.

« Vous ne serez pas seule dame Deana. Mon mestre et mon intendant seront à vos côtés. Nous nous pencherons sur la gestion du domaine en priorité. »

Le reste, je verrais au fur et à mesure. Je devrais organiser le voyage et je glissai un regard au mestre en lui rendant la lettre. Quel merdier ! Je passai une main sur mon visage avec une hésitation. Est-ce que j’allais rédiger la réponse maintenant… Ou…

« Nous verrons pour rédiger la réponse demain Mestre. »

J’avais besoin d’un bain brûlant, d’un massage des épaules. Et de quelque chose pour calmer une migraine naissante… Je m’approchai du mestre pour lui demander de préparer cela. Je regardai Dandelion qui avait mit pieds à terre pour me suivre immédiatement.

« Nous discuterons bientôt pour préparer l’escorte et savoir quel jour nous partons. »

Je lui parlais d’une voix très basse, il inclina la tête.

« J’écrirais aux Hightower comme je vais passer par leur port. Alors nous aurons sûrement aussi une partie de leur escorte avec nous.
- J’aurais besoin de la date de votre départ… Et je pourrais m’organiser avec Ser Humfrey. »

J’inclinai la tête. C’était parfait.

« Je ne compte pas ressortir pour aujourd’hui, si vous souhaitez vous détendre vous pouvez y aller. J’irais sans doute aux jardins après avoir jeté un dernier œil aux papiers. »

Il inclina la tête et s’inclina totalement avant que je ne tapote l’encolure de ma jument une dernière fois. Je comptais régler le problème des fanatiques avant de partir. Pour qu’elle n’ait pas à s’en occuper. Je me dirigeai vers mon château, attrapant au passage un serviteur pour ordonner qu’on me prépare un bain brûlant. Sarah devait être encore en train de ranger des robes et tout cela… Je la laisserais me coiffer et m’habiller après mon bain, mais en attendant, je montais relire quelques documents et consigner les dernières informations que j’avais. Je n’avais pas envie de travailler… Mais en attendant juste qu’on monte les sceaux dans mes appartements.…

Je regardais Deana à sa question avant de secouer la tête.

« Nullement, j’aimerais que vous vous concentriez sur votre tâche. Je n’en ai pas pour très longtemps, simplement le temps qu’on prépare mon bain. Je me pencherais dessus demain sans doute. »

Pour une fois, j’avais parlé assez fort pour que Humfrey juste derrière moi puisse m’entendre accepter de prendre du repos. Ce n’était pas rien… Le mestre semblait satisfait de ma décision, car il s’éloigna pour tenter d’attraper Dorea pour lui donner une dernière leçon avant le souper. Tant mieux. Je m’assis donc à mon bureau pour lire quelques documents qu’il y avait dessus. J’avais l’impression que le plus gros était fait, il n’y avait du détail à faire, mais cela pourrait sans aucun doute attendre demain.

Sarah vient me chercher pour m’avertir que le bain était prêt. Je me plongeai dans l’eau une fois nue dans mes appartements. L’eau était brûlante et j’entrepris de me laver sous tous les angles, Sarah avait préparé une toilette, cadeau d’Aelinor, faites pour séduire Humfrey. Je sortis de l’eau, propre comme un sous neuf et Sarah entreprit de rassembler mes cheveux lourdement bouclés en une coiffure complexe faites avec des tresses et un peigne en argent représentant des fleurs qu’elle glissa dans mes mèches. Elle m’aida à passer une robe bleu et verte, damassée, avec un liseré violet, une encolure ronde, très sage et aux manches à crevées mes proches du corps. Peu encombrante elle tombait joliment autour de moi. Sarah passa une dizaine de minutes à peaufiner les détails et je la laissai faire, souriant à ma cousine qui rentrait dans les appartements.

« Qu’en penses-tu ? Sarah profite que je la laisse faire je crois. »

Ma servante me fit un clin d’œil.

« Je ferais préparer vos robes pour le concile ma dame. »

Je hochais la tête, j’avais confiance en elle. Je souris à Deana avant de sortir tranquillement de mes appartements pour me diriger vers l’un des salons où je savais ma tante et mes cousines se reposaient le soir. Je donnais un petit coup contre la porte avant d’entrer.

« Bonsoir à toutes. Et bonsoir Humfrey. »

Il était là. J’avançai sous les regards avant de m’asseoir à ma place dans un bon fauteuil moelleux. Mon regard nota aussitôt la présence de trois bouquets et l’absence de Dorea…

« Dorea devait être ravie de cette leçon tardive ! »

Connaissant un peu ma cousine…