[Port-Réal] Rien qu'un chat d'une autre fourrure ♛ pv Rowena

 Rien qu'un chat d'une autre fourrure

Megalis Farman

Megalis allait donc se marier avec un dornien, elle allait partir vivre loin de Belcastel, comme un jour Rowena le ferait. La cadette était présente lorsque la désormais Reine d’Amour et de beauté leur avait présenté son fiancé. Eddarra avait été imbuvable, comme toujours, et elle, elle n’avait strictement rien dit, écrasée par la langue acérée de sa grand-mère et de sa sœur, écrasée par sa beauté et l’avenir radieux qui se profilait pour elle. Se taire et surtout ne pas se faire remarquer était alors la meilleure chose à faire et s’il lui arrivait dans ces moments là où la tension des non dits lui était insupportable de se montrer maladroite et d’enchainer les gaffes, cette fois, elle n’avait même pas bougé, même pas ouvert la bouche pour éviter de se ridiculiser. D’ailleurs, elle se demandait même si elle avait respiré tout le temps que l’échange avait duré. En tout cas, elle était trop concentrée pour ne pas faire ou dire de bêtise pour se rappeler quoi que ce soit.

Ce fut Melara qui vint prévenir la jouvencelle que son frère s’était réveillé, bien après que Luthor soit allé chercher son aînée. Elle allait donc entrer à l’instant où celle-ci en sortait visiblement bouleversée, la bousculant au passage. Rowena n’y entendait plus rien, elle entra dans la chambre et elle aussi se jeta au cou de Willos qui avait toujours été bon pour elle. Il était son roc, celui qui lui permettait de tenir debout malgré les affres de la vie. Mais il se dégagea de son étreinte, n’y comprenant rien non plus à toutes ces dames qui se jetaient à son cou.

__ Qui êtes vous ?

Demanda-t-il. Rowena en fut choquée, mais resta assise sur le bord du lit, elle l'interrogea du regard, mais dans le sien elle ne vit aucune réponse, que des questions. Elle tourna la tête vers sa mère qui s'approcha pour la réconforter avec un regard doux, mais plein de désarroi. Luthor lui expliqua.

__ Willos ne se souvient plus de nous. Il ne se souvient plus de rien.

La blonde sentit les larmes lui monter au nez et se mettre à couler ses ses joues. Mais avant de reposer son regard sur son frère avec un sourire tendre, elle les essuya, se voulant rassurante plutôt que triste, quand bien même son cœur était empli de chagrin.

__ Willos, je suis ta sœur. Tout va bien, tu es en sécurité.

Au fond d’elle, elle était effondrée, se demandant égoïstement qui à présent la protégerait de toute la noirceur de ce monde. Mais elle se souvint que c'était lui qui avait été blessé, lui qui était passé à deux doigts de la mort, lui encore qui venait de se réveiller et devait être totalement perdu, sans la mémoire de leurs jeunes années. Pour lui, elle n’avait pas le droit de flancher. Et puis son optimisme lui faisait croire que sa mémoire allait revenir. Après tout, il s'était réveillé, il allait mieux, il était en vie, rien que cela pouvait suffire à la rendre heureuse. La mémoire lui reviendrait, elle en était certaine, et si tel n'était pas le cas elle lui raconterait.

Elle aurait voulu rester à son chevet, mais un serviteur lui dit que Megalis voulait lui parler, alors, elle prit ses mains et les embrassa.

__ Je t’aime mon frère. Reposes toi…

La blonde sourit à son frère et quitta la pièce en posant une main sur l’épaule de son frère et en serrant sa mère dans ses bras. Puis elle rejoint sa grande sœur dans ses appartements débarrassée de toutes ses affaires. Cette vision lui laissa une sensation étrange, comme un vide froid au creux de la poitrine, mais le regard de sa sœur était encore bien plus glacial et il lui gela le sang. Elle baissa les yeux et joignit ses mains devant elle tandis qu’, ayant pleuré en allant dans al chambre de Megalis et malgré ses efforts pour sécher ses larmes, elle en avait plein les yeux.

__ Tu voulais me parler ?

Rowena ne demanda pas si elle savait pour l’état de Willos, sa sortie était révélatrice et elle n’avait aucune envie de réveiller la lionne, d’autant qu'elle craignait qu’elle ne soit déjà bien en colère et largement assez réveillée. Elle connaissait la furie qui se cachait derrière ce masque parfait, elle l’avait déjà vue à l’œuvre et s’en méfiait comme de la peste, elle la terrifiait aussi, d’ailleurs, ses mains tremblaient, mais elle serra ses doigts pour n’en rien montrer à Megalis. Elle pensa qu’en cet instant elle aurait mille fois préféré être avec Nymeros que face à sa sœur, qu’il se serait montré compatissant et lui aurait bien vite redonné le sourire. Même le mystérieux cuisinier comptable Edward aurait été d’une plus agréable compagnie. Peut-être même Lord Tytos le froid seigneur de Fléaufort aurait été moins effrayant que la Farman. Elle aurait voulu être n’importe où sauf ici et pourtant elle savait qu’elle ne pouvait pas fuir.

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Megalis Farman

Megalis prononça son nom, celui de leur frère adoré qu’elles avaient cru perdre, puis retrouver, et qui en fait n'était pas tout à fait revenu. Le cœur de Rowena s’arrêta un instant avant de reprendre sa course frénétique dans sa poitrine. Et alors, elle vit le visage de cette sœur qui la terrorisait se décomposer devant ses yeux. Un instant plus tôt, c'était elle qui tremblait, petite chose effrayée devant la féroce et enragée Lionne de Belcastel. Là, la lionne était abattue, à terre, blessée et terrifiée et la Perle, elle, était perdue. Elle hésita un court instant, ne sachant comment réagir à cela. La Reine d’Amour et de Beauté avança vers elle et ouvrit les bras au moment où l’évidence lui était apparu de faire de même. Alors elle fit un pas vers sa sœur et la prit dans ses bras. Elle laissa pleinement ses larmes noyer ses joues, elle la serra fort contre elle et accueilli les sanglots de Megalis sans un mot, juste sa main dans son dos qui la caressait tendrement et lui disait qu’elles restaient unies, même dans cette immense tempête de peurs et de chagrin qui tentaient de les engloutir.

Rowena partageait la souffrance de sa sœur, à ceci près qu’elle gardait espoir de retrouver le Willos souriant et rieur, un jour. peut-être demain, peut-être dans un an, peut-être même plus.Peut-être faudrait-il l’aider à se souvenir de chaque personne et bien sûr de qui il était avant ce stupide accident. Vraiment les joutes, les tournois, la guerre, elle ne voulait plus en entendre parler. C’est alors que Megalis raconta que les Lannister voulait les détruire, qu’ils étaient en danger. La jouvencelle pensa, sans oser le dire que les Lannister n’en avait probablement rien à faire et qu’elle parierai plus sur Eddara pour les tuer, ou en tout cas faire quelque chose d’idiot qui les mènerait à la mort. Mais elle se tut, préférant ne pas répondre aux divagations de la Lionne qui se recula et prit le visage trempé de la Perle dans ses mains.

Cette dernière fit oui de la tête pour lui signifier qu’elle avait compris le message. Mais en réalité, elle ne savait pas où Megalis voulait en venir. Enfin si, mais ces mots, elle les lui avait répété un millier de fois, elle avait déjà compris depuis longtemps qu’être une Farman était censé faire d’elle une Lionne selon sa sœur et sa grand-mère. Mais elle n’était tout simplement pas faite pour griffer, elle avait renoncé depuis bien longtemps et essayait juste d'éviter de faire honte à sa famille. De toute façon, elle ne voulait pas devenir comme son aînée, et à la voir ainsi pleine de rage mêlée de peur, elle en avait encore moins envie que jamais. Parfois elle enviait sa beauté, le masque qu’elle parvenait à porter et qui la rendait si désirable aux yeux du monde. Mais elle n’enviait pas l’ombre belliqueuse qui habitait son regard. Sauf que là, par rapport à toutes les fois où elle avait prononcé ces mots, quelque chose avait changé dans le ton de sa voix. N'était-ce que le chagrin qui étreignait sa gorge ?

La Perle de Mer sécha tant bien que mal ses larmes et sourit à la Lionne qui lui offrait un regard neuf. Jamais elle n’avait vu les prunelles de Megalis se poser avec tendresse sur elle, il y avait toujours du mépris de la moquerie, elle était toujours hautaine. Là, non, elle était complice, elle était sa sœur aînée. Si elle était déjà perdue après le discours de la Farman, elle l’était encore plus à présent.

__ Tu sais que je ne suis pas aussi forte que toi. Je ne le serais jamais Megalis. Mais Willos va recouvrer la mémoire et s’il ne le fait pas seul, nous l’aideront. Tout ira pour le mieux. Il est en vie, c’est tout ce qui importe.

Son sourire se fit plus franc et plus lumineux. L’espoir était grand, Willos était revenu d’entre les morts. Elle ne comprenait pas pourquoi sa sœur était si pessimiste.

__ Mais pourquoi me parles tu des Lannister, que pourraient-ils donc faire contre Willos ? Je ne comprends pas.

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Megalis Farman

Rowena avait été mise au courant pour l’invitation de la Maison Farman au mariage du Prince de Dorne il y a peu, elle n’arrivait pas encore à se faire à l’idée qu’elle allait aller à Lancehélion. Elle n’était pas mise au courant de grand chose de toute façon, il fallait bien le dire. Et au fond, cela l’arrangeait, elle préférait ne rien savoir et se contenter de suivre le courant tranquillement, comme un petit poisson insignifiant dans l’océan. Tout le contraire de Megalis en somme. Elle qui n’avait connu presque que Belcastel et l’Ouest, elle était impressionnée par la simple idée d’assister à un mariage princier dans l’exotique capitale dorienne. Impressionnée et néanmoins ravie de voir le Vieux Palais, de découvrir de nouveaux horizons, mais elle ne s’était pas imaginé faire ce voyage sans sa sœur.

__ Tu ne viens pas avec nous à Lancehélion ? Tu auras tout le loisir de te recueillir sur la tombe de père quand nous serons rentrés, ne te prive pas de ce voyage.

Fit-elle donc surprise de voir sa sœur rentrer à Belle Île avant le reste de la famille et rater l’occasion de se montrer à Dorne. Elle était à mille lieues de s’imaginer ce que la blonde préparait et pour cause, elle avait une peur bleue des Fer-Nés depuis toute petite. Ils avaient toujours été l’ennemi des Farman, depuis des lustres Belle Île subissent leurs assauts et la dernière fois en date était encore gravée dans l’esprit de la jouvencelle aux yeux noisette. En plus, son aînée s'était jouée de cette peur durant toute leur enfance et si désormais, Rowena avait suffisamment de maîtrise pour ne pas se mettre à pleurer dès que Megalis évoquait les boutres terrifiants, elle gardait, tapie au fond de ses tripes une crainte profonde de voir leurs voiles surgir depuis l’horizon. Ils hantaient ses pires cauchemars et les mots de la Lionne s’étaient fait une place de choix dans son esprit au fil des années, l'idée d'être enlevée par ses brutes la pétrifiait et cela n’arrangeait en rien son manque de courage.

Pour elle, il était impensable de s’allier à eux, quel que soit l’enjeu, les nobles insulaires ouestriens ne pouvaient côtoyer les sauvages d’un archipel sans foi ni loi à part celle de l’antique voie. Mais même si elle avait su, comment aurait-elle bien pu s'opposer à Megalis, la convaincre de ne pas faire une chose pareille. si Eddara et Luthor n’avaient eux même pas été capables de faire changer d’idée à la blonde, que pourrait bien faire la douce et naïve cadette de la famille qui n’aspirait qu’à la paix et à une vie douce loin, des luttes de pouvoir et de la guerre. Ainsi, elle ouvrit de grands yeux plein de stupeur lorsque son aînée évoqua cette possibilité que la guerre ne revienne.

__ Non non. Nous devons tout faire pour préserver la paix. Comme tu le dis nous avons déjà trop perdu, si la guerre revenait…

Elle eut soudain du mal à respirer, sa poitrine avait beau se soulever à une vitesse folle, elle manquait d’air. Elle mit quelques instants à pouvoir articuler la suite de sa phrase, et encore, elle balbutiait, elle devait se forcer à respirer, se faire violence pour ne pas perdre pied. Pourquoi Megalis parlait-elle de guerre ? Et comment la Maison Farman pouvait-elle l’éviter ? Était-elle au courant de quelque chose que Rowena ignorait ? Il y avait des tas de choses que la blonde jouvencelle ignorait, des tas.

__ Si la guerre revenait, je ne pourrais jamais me défendre. Que les Sept aient pitié de moi, pitié de nous.

Ajouta-t-elle entre deux hoquets de terreur en fixant Megalis d’un air horrifié.

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Megalis Farman

Rowena sourit, mais les gestes de Megalis envers elle étaient si inhabituels qu’elle ne savait pas trop à quoi s’en tenir, cette douceur qu’elle ne lui connaissait pas lui semblait étrange. Mais cela devait-être la lettre et le contre-coup d’avoir failli perdre Willos. La lionne devait s’être rendue compte, enfin, qu’il fallait rester unis pour cette famille et que même la cadette en faisait bel et bien partie. Oui, la blonde comprenait tout à fait que Megalis ait été trop longtemps séparée de leur père, la pauvre, il était déjà mort quand elle était enfin revenue de Port-Réal, quelle tristesse cela devait-être pour elle, quel déchirement. La Perle de mer hocha la tête avec un sourire bienveillant.

__ Je comprends oui, mais tu ne peux pas préparer ton propre mariage toute seule. Mère devrait venir avec toi. Ou moi si tu veux. Je sais que c’est pour toi un gros sacrifice de ne pas voir Lancehélion, pour toi je suis prête à le faire aussi. Et puis peut-être que nous le verrons un jour, grâce à ton promis.

La Farman trouvait que c’était véritablement affligeant de préparer soi-même son mariage, elle voulait aider sa sœur, elle ne voulait pas que Megalis se retrouve seule à Belle-Ile à pleurer sebaston sans aucun bras pour l’enlacer ni personne pour veiller sur elle. Elle pouvait bien faire une croix sur Lancehélion pour son aînée, après tous les sacrifices que celle-ci avait fait pour la famille, après tout ce qu’elle avait subi de la part d’Eddara. Elle méritait bien un peu de soutien, même si c’était celui de Rowena, la moins forte et solide de tous les Farman certainement.

__ Je ferais comme tu voudras Megalis, mais saches tout de même que si tu as besoin de moi, je répondrais présente.

Présente pour un mariage, oui, pour la paix. Pour la guerre, c’était plus compliqué, elle aurait bien aimé, la douce blonde, pouvoir faire face à cette menace avec l’aplomb de Megalis et le calme de Luthor ou l’humour de Willos. Mais rien que le mot la terrifiait, alors l”idée, cela lui donnait des sueurs froides et la guerre en elle même elle n’osait pas l’imaginer. Pourtant Megalis avait raison, au fond elle le savait, elle l’avait toujours su. Cette paix était un doux interlude dans un monde de conflits, encore que les Fer-Nés l'avaient déjà ébranlée, amenant les tambours dans un mouvement inattendu. Cette paix ne durerait pas. La guerre revenait toujours, inexorablement elle s’immisçait partout avant de prendre les vies des innocents. Les hommes étaient malades de ce pouvoir qu’ils recherchaient à tout prix et cette maladie brûlait tout sur son passage. Elle ne pouvait rien y faire à part espérer être du bon côté, rester en vie, et comme le suggérait sa sœur, apprendre à se défendre avec d’autres armes.

__ Les larmes ?

Fit timidement la jouvencelle en plongeant son regard mouillé dans celui de sa sœur. Elle doutait fort que ce soit là ce dont parlait Megalis, elle qui ne pleurait jamais ou presque. Mais peut-être que pour Roena, se serait la meilleure défense. De toute façon, elle avait beau réfléchir, elle n’en voyait pas d’autres à part les hommes chargés de veiller sur elle et leur famille. Cependant, Luthor et Megalis à eux seuls ne pouvaient pas protéger tout le monde, il fallait qu’elle se montre forte elle aussi, qu’elle fasse honneur à sa maison. Elle ne voulait plus être la petite fille terrorisée qui avait vu partir son père lors de la guerre des cinq rois et n’avait pas su faire face à toute cette violence déchaînée avec dignité et courage. Elle ne voulait plus être cette enfant qui, lorsque ce dernier était revenu, sans vie, à Belle-Ile, s’était effondrée, incapable de soutenir les autres membres de sa famille, pefrant s’isoler plutot que de remplir son devoir. Pour autant, elle n’avait pas la solution pour devenir ce qu’elle n’était pas. Les complots n’étaient pas faits pour elle et elle ne se voyait pas rester stoïque et digne devant une situation dangereuse. Mais peu à peu, dans son esprit, sa peur se transformait en quelque chose d'autre. Elle ne savait pas quoi, tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle voulait que sa famille reste en sécurité. Et puisque la guerre reviendrait tôt ou tard, puisque les Fer-Nés avaient déjà planté un couteau dans le dos de la paix en réduisant à néant la flotte de guerre de Belle-Île, puisqu'elle ne pouvait rien faire pour empêcher que reprennent les conflits, elle prit son courage à deux mains. Serrant les poings elle prit une grande inspiration avant de dire quelque chose qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir dire un jour.

__ La meilleure défense, c’est l’attaque.

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Megalis Farman

Rowena fit une grimace à l'évocation d'Eddara. Ainsi Megalis allait être accompagnée à Belcastel par cette mégère. Rowena n'était pas convaincue par ce choix, elle ne savait que trop bien de quoi était capable l'horrible vieille dame. Mais il fallait bien avouer que, si l'on ne pouvait pas compter sur elle pour le soutien, elle était certainement la mieux placée pour motiver les serviteurs, à coups de bâton s'il le fallait. De plus, éviter sa présence à Dorne était une bonne chose pour la réputation de la famille. Cela rendrait également le voyage de la cadette et de sa mère avec Nymeros des plus agréables. Elle hocha donc la tête en signe d'approbation. La lionne ne semblait de toute façon pas embrasser l'idée que Rowena sacrifie sa découverte de Lancehélion pour elle. Elle n'insisterait pas, après tout elle était ravie de se rendre à ce mariage princier.

Il fallait juste qu'elle représente dignement la maison Farman. Cette fois elle n'aurait pas Megalis pour briller à sa place ni belle-maman pour la ramener dans le droit chemin. Cette fois elle devait être irréprochable et bien plus encore puisque sa sœur allait épouser un Dornien. Le moindre faux pas de sa part risquait de porter préjudice à la future Lady Uller et cela elle ne le voulait pas. D'autant moins que la lionne lui rebattrai certainement les oreilles si elle commettait un impaire. Elle voulait, une fois n'est pas coutume, faire son devoir comme son aînée l'aurait fait. Ainsi, contrairement au banquet du tournoi, elle ne boirait pas une goutte de vin. Elle éviterait dans le même temps les plats trop épicés en espérant que les dorniens aient quelques égards pour les palais sensibles des jouvencelles du centre. C'était beaucoup de pression pour elle, mais elle le ferait, pour la famille. Elle répondit enfin avec un sourire.

__ Comme tu voudras ma sœur.

Les mots que la Perle de mer venait de prononcer la terrorisait, elle n'était pas certaine de parvenir à attaquer qui que ce soit. Elle était à peine prête à suivre sa famille sur cette voie, tout juste avait-elle espoir de représenter dignement sa maison à Lancehélion. Pourtant elle savait au fond d'elle que c'était la chose à faire. Qu'à simplement attendre que la guerre arrive, ils ne gagneraient rien d'autre que de mourir pour les aspirations des autres. En voyant Megalis lui prendre les mains, elle se sentit comme une enfant qu'on félicite pour un coloriage réussi. Elle était même parvenu à surprendre Megalis, un exploit qui la rendait infiniment fière et lui donnait la force de serrer les doigts de sa sœur en retour et de ne pas se noyer dans la terreur qui lui inspirait l'idée d'une attaque et donc d'une guerre. Elle agita le chef en un oui enfantin, essayant timidement de soutenir le regard de son aînée. En réponse à ses multiples questions, une seule réponse elle le savait. Elle essaya de le dire d'une voix assurée comme celle de la lionne qui rugissait à présent. Mais seul un souffle sortit de sa bouche et le son se bloqua dans sa gorge.

__ Les Lannister.

Elle s'éclaircit la voix et répéta, sans plus d'assurance, mais avec un timbre audible à défaut d'être rageur.

__ Les Lannister.

C'était bien eux les responsables de leurs malheurs. Rowena avait cependant bien moins subi leurs courroux qu'Eddara ou Megalis. Elle en était bien consciente et se montrerait solidaire avec sa sœur.

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Megalis Farman

Le nom des Lannister n’inspirait que la plus profonde crainte à Rowena, surtout après que Cersei ait pris Megalis en otage et qu’elle ait fait exploser le Grand Septuaire. Tout comme celui des Greyjoy. Mais que faire devant la détermination d'une Lionne visiblement enragée ? Elle n’était pas prête à contredire sa sœur et en un sens, elle comprenait, même si elle était terrifiée par ce qui se profilait à l’horizon. L'horizon que, quelques jours plus tôt à peine, elle voyait bleu, peut-être même avec le titan de Braavos au loin. Heureusement, le voyage avec sa mère et Nymeros serait des plus présent, lui ferait oublier, pour quelques semaines au moins la guerre que, sans nul doute, son aînée allait déclencher. Oui, il fallait attaquer avant que leur famille ne soit une fois de plus prise dans le tourbillon des conflits et décimée par les guerres des autres. Mais Belle Île était-elle prête à lancer les hostilités ? La jouvencelle préférait ne pas y penser, ne pas se mêler de sujets qu’elle ne maîtrisait pas, qui ne l’avaient jamais regardé et qui n'étaient pas faits pour elle. Elle soutiendrait sa sœur du mieux qu’elle pourrait, elle ferait bonne figure et elle prendrait sa part de responsabilité dans les manœuvres à venir, mais elle ne ressentait pas cette rage, tout ce qui la muait était la peur, une peur sourde qui emballait son cœur.

__ Je l’ai su, mais je préfère ne pas m’en souvenir. Je déteste cette histoire. Elle me fait peur.

N’était-ce pas l'orgueil du Seigneur de Castamere qui lui avait valu l’ire mortelle des lions ? Et que s'apprêtait à faire Megalis si ce n’est provoquer la colère des Lannister et de bien d’autres ? Non vraiment, elle ne voulait pas entendre une nouvelle fois cette histoire, elle suppliait sa sœur du regard de ne pas la lui rappeler. Les pluies pleurent à sa demeure. Ainsi les Lannister payaient leurs dettes, en éradiquant des familles entières pour un simple mot de travers, en éliminant tous ceux qui s'opposaient à eux. Fallait-il vraiment que ce soir le destin des Farman d’être parmi ceux-là, de devenir leur cible ? Rowena tenta de sourire pour cacher un peu la terreur qui l'assaillait. Mais Megalis insistait.

__ Je sais tout ça Megalis. Inutile de me le rappeler. Je sais pourquoi nous devons agir avant qu’ils nous tuent tous.

Aucune colère, en vérité, dans sa voix. De la peur, une once de courage peut-être, mais bien fragile et toujours cette douceur qui l’habitait, qui faisait d’elle ce qu’elle était, un chaton au milieu des lions. Toujours cet amour qu’elle éprouvait pour Megalis et pour tous les membres de sa famille, même Eddara, et qui l'empêchaient à présent de reculer et de renoncer à participer à ce complot quel qu’il soit. Toujours cette empathie envers Megalis, qu'elle voulait aider, qu’elle voulait voir couronnée du même succès qu’au tournoi, mais sans qu’une ombre vienne gâcher le tableau.

__ C’est eux ou nous ma sœur.

Fit-elle avec un semblant de détermination, mais toujours aucune rage, elle qui ne connaissait pas ce sentiment, qui avait plutôt tendance à aimer tout le monde et à vouloir apaiser les tensions. Elle était bien incapable de comprendre ce que l’esprit de sa grand-mère et celui de sa grande sœur étaient capable d’imaginer pour venir à bout de leurs ennemis, elle savait juste que son monde allait s’écrouler et qu’elle devait y être préparée, parce qu’elle n’oserait jamais s’opposer à la Lionne, et que même si elle le faisait, cela ne changerait rien. Elle était impliquée qu'elle le veuille ou non. Les Lannister la tueraient elle aussi, toute innocente soit-elle, s’ils venaient à apprendre le complot qui se fomentait contre eux.

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Megalis Farman

Pourquoi vivre pour la guerre, la haine et la vengeance quand on pouvait vivre pour la beauté, la douceur et l’amour ? Tout ceci était-il vraiment nécessaire ? Malgré ce qu’elle avait dit, Rowena continuait de se poser la question. Dans la rage qui faisait briller les yeux de sa soeur, elle voyait celle d’Eddara et elle craignait que cette dernière n’ait pervertit toute la famille, y compris elle au final, puisqu’elle avait décidé, contre toute attente d’attaquer la premier aux côtés de Megalis, soit disant pour se défendre, mais en fait parce que la peur seule la faisait parler. La peur des Lannister étant plus grande encore que la peur de la guerre insensée qui se préparait. Mais peut-être était-ce la peur de se retrouver toute seule, exclue de cette famille parce qu’elle se refusait à la violence qui était la plus forte. C’était les Lannister contre les Farman, et elle était une Farman, que cela lui plaise ou non. Elle n’avait pas le choix car même si elle ne faisait rien, les Lannsiter la tuerait, parce qu’elle était une Farman, alors oui, elle en faisait partie, car sans cela, elle ne faisait plus partie de rien.

Le port du Chiffonnier de Braavos, que je préfère au port Pourpre… a une odeur d’aventure. Les paroles de Nymeros lui revinrent comme un doux songe. Le rêve d’un voyage qu’elle ne ferait jamais. Oh comme elle aurait aimé pouvoir fuir avec lui de l’autre côté du détroit et vivre des jours paisibles avec cet homme plein de charme et de douceur. Mais elle ne le pouvait pas, elle voulait bien faire et elle savait que cela était mal. Elle ne pouvait pas abandonner les siens maintenant, malgré le danger, malgré le fait que son courage déjà si timide s'abandonnait à mesure qu’elle voyait la terrible haine qui habitait sa sœur comme un monstre qui grandissait et prenait peu à peu possession d’elle. Elle s'était déjà comportée enfant geignarde après la mort de Sebaston, elle avait juré de ne plus se plaindre et d’être un soutien pour la famille plutôt qu’un fardeau, alors même si elle ne se sentait pas les épaules pour être un soutien, elle pouvait au moins alléger leur fardeau en ne se débinant pas et en accomplissant son devoir du mieux possible. Pour une fois.

Tout ce que ressentait Megalis, tout ce qu’elle avait appris était si loin de ce que sa cadette pouvait seulement imaginer. La blonde était une candide rêveuse qui n'aspirait qu’à fonder une famille avec un jeune homme beau et romantique. Un joli mariage d’amour comme il en existe dans les contes de fées. Elle ne voulait pas être une princesse, rien de plus que ce qu’elle était déjà et cela était largement suffisant à ses yeux. Elle rêvait de voyages mais savait que ce n’était rien de plus que l’image puérile qu’elle en avait qui l'attirait vers le chant des sirènes, car elle ne saurait sauter le pas vers le grand large, pas toute seule en tout cas. Et Nymeros, à mesure que la Lionne lui parlait, lui filait entre les doigts. Elle fut surprise cependant d’entendre que son aînée ne laisserait personne lui faire de mal. Jamais elle n’aurait pensé que cette dernière la protégerait. Alors elle lui sourit, et la prit dans ses bras pour la serrer contre elle. Elle eut envie de lui dire qu’elle la protégerait aussi, mais mieux valait ne pas trop s’avancer sur sa capacité à protéger qui que ce soit étant donné qu’elle n'arrivait pas à se protéger elle même.

__ Oui ma sœur, nous devons rester unis.

Cela, elle l’appelait de ses vœux, que la Maison Farman reste unie et que tout le monde reste en vie. Elle l’avait même écrit dans sa lettre, mais pouvait-elle encore seulement y croire alors que son monde était en train de s'écrouler sous ses pieds ?