Le destin du Royaume | Alcéaerys Velaryon

— Le destin du royaume. |  @Aelinor Hightower

Alcéaerys se souvenait encore de la fois où, enfant, Aelinor l'avait abordée afin de mettre en place un traité commercial entre les Hightower et les Velaryon. L'initiative l'avait amusée à l'époque, mais elle était encore mariée à Andar et son père et son frère étaient toujours en vie. Elle était bien loin d'être régente, et tout était encore beau et tranquille avant que Ned Stark ne soit choisi pour devenir la main du roi. Quoi qu'il en soit, elle n'avait jamais oublié la proposition et l'avait gravée dans un coin de sa tête : comme toutes les autres informations importantes. Généralement, la valyrienne se souvenait de tout et n'importe quoi : amis, propositions d'alliances... et ennemis. Elle était rancunière après tout. C'est la raison pour laquelle elle ne fut pas surprise lorsque la jeune femme - qui avait bien grandi entre temps - vint la chercher pour lui proposer de s'entretenir autour d'un bon repas. Rien d'étonnant à ce qu'elle ait accepté, une idée derrière la tête. Loin d'un traité commercial, c'était une alliance militaire qu'elle désirait. Et elle était persuadée de pouvoir l'obtenir auprès des Hightower : eux aussi, après l'emprisonnement de Baelor, semblaient avoir des griefs contre la Couronne.

C'est d'un pas décidé qu'elle traversa les couloirs du Donjon Rouge une fois l'heure du déjeuner arrivé. Elle s'était bien entendu occupée de Monterys avant de faire quoi que ce soit d'autre, et maintenant qu'elle était libre, elle comptait bien profiter du temps mis à sa disposition. Elle salua le garde devant les portes des appartements de la jeune femme et attendit qu'ils l'annoncent avant d'entrer. « Lady Aelinor. » Elle offrit un sourire à son alliée et s'installa à table après avoir épousseté sa robe. « Parfaitement bien, je vous remercie. Je suis enchantée à l'idée de partager un repas en si bonne compagnie. J'espère que vous vous portez bien également. » ajouta-t-elle d'un ton calme en l'observant quelques secondes avant de reporter son regard sur le festin disposé à table. Tout ceci lui donnait l'eau à la bouche : n'aillant pas mangé depuis le déjeuner de la veille, elle était affamée.

Elle finit par lever les yeux vers Aelinor en entendant sa question, amusée par sa franchise. Elle ne perdait décidément jamais de temps en bavardages inutiles. « Fort heureusement, mes bateaux de commerce partent plus souvent vers l'est, là où les Fer-Nés ne mouillent pas. Mais je vous retourne la question, j'ai eu vent des destructions perpétrées et de la désolation semée par ces malheureux. » Se saisissant à son tour du verre de vin finement décoré qui était posé devant elle, elle le porta à ses lèvres pour en boire quelques gorgées d'un air pensif. Les propos de la Hightower alarmèrent légèrement la jeune femme qui se redressa et posa immédiatement le vin sur la table, se mettant à la fixer de ses étranges yeux violets. « Nous savons tous ici que la Couronne n'est pas toujours apte à gérer ce genre de problèmes... tout comme d'autres incluant des emprisonnements sans justifications. » lâcha-t-elle d'un ton agacé, faisant référence au séjour dans les geôles de Hautjardin du père de sa vis-à-vis. L'information avait tourné et la Velaryon était friande des rumeurs, en semant parfois quelques unes au gré du vent. « La situation est donc plus complexe et grave que celle énoncée... Avez-vous subi de lourdes pertes ? »

Durant quelques secondes, Alcéaerys se demanda si l'affliction présente sur les traits de son alliée était véridique, ou si elle jouait un rôle : même si elle était observatrice, elle avait parfois du mal à décrypter Aelinor. Un sourire finit par étirer les lèvres de la jeune femme qui hocha la tête en l'entendant. « Vous avez bien raison. Voilà de sages paroles. » La blonde se saisit d'une tartelette après avoir hésité quelques instants sur le met qui lui faisait le plus envie, et elle commença à le déguster en silence, choisissant ses prochains mots avec hésitation. Elle ne devait pas se tromper sur les gens qu'elle voulait acheter : certains étaient trop loyaux à Bran Stark et elle se ferait couper la tête. « Sachez, Lady Aelinor, que vous avez tout mon soutien et ma sympathie face à ces épreuves. Et s'il en est nécessaire, je vous enverrai une partie de ma flotte de guerre pour vous aider à contrer l'avancée de la vermine. » lui dit-elle en s'essuyant les mains, le ton sérieux. Elle l'observa longuement avant de prendre sa coupe de vin et d'en boire une gorgée. « Plus que mon amitié, je peux vous offrir une alliance. » ajouta-t-elle d'un ton plus discret. Les conspirations étaient en marche.