[PORT REAL] Entre l’armoise et le datura | Larence Corbois

Aelinor pouvait l'apercevoir depuis sa fenêtre de sa chambre, le grand bois sacré du donjon rouge dans lequel se dressaient des aulnes, des ormes. L’arbre cœur n’était qu’un vieux chêne sans face, il avait perdu de sa superbe, calciné par endroit, mais des feuilles sur les branches nouvelles montraient que la vie reprenait ses droits. Avant tout cela, avant que Daenerys n’abatte le feu du dragon sur Cersei et sur tout Port-Real, Aelinor aimait cet endroit. Elle priait les Sept et n’avait aucun doute sur sa foi, mais on trouvait ici quelques plantes qui faisaient de miraculeux remèdes et un calme que, nulle part ailleurs dans la capitale on ne pouvait trouver. On disait que c’était le lieu des secrets aussi, parce que les espions n'avaient nulle part où se cacher, mais avec les fougères, les arbres, il ne fallait pas être un espion si talentueux pour s'y cacher en vérité, seulement, était-ce parce que l’odeur d’humus éveillent les sens ou que les brindilles au sol vous faisait espérer au moindre mouvement, le lieu était néanmoins préservé.


La brune aux yeux azur traversa la cour avec son épée lige et poussa la lourde porte qui menait au bois sacré, Ser Creighton resta à l'extérieur pour monter la garde tandis qu’elle s’aventurait entre les arbres avec une tenue peu appropriée, il fallait bien le dire. Elle portrait une robe en damas vert avec large décolleté carré qui dégageait la poitrine et des manches ajustées. Par dessus, elle avait un manteau de laine assortie à la robe avec un col lacé, serré sur le cou qui s’ouvrait sur le devant. De grands pans de laine verte aux reflets dorés étaient drapés sur ses épaules et descendaient à l'avant et à l’arrière de ses bras jusqu’au sol. Ses épais cheveux de jais coulaient dans son dos et sur ses épaules.  


Elle venait régulièrement pour cueillir de quoi faire ses potions et justement, elle en avait grand besoin pour ce qu’elle prévoyait de faire depuis que Willos avait été éventré lors de la joute. Les plantes avaient repoussé, même le souffle dragon s'épanouissait avec ces belles fleurs rouges. Elle se mit en quête des ingrédients nécessaires pour le protéger, le guérir et demander aux Dieux de lui laisser la vie sauve. Elle s’approcha d’une fougère et arracha un bout de feuille. C’était là la plante la plus facile à trouver ici et elle l’enfourna dans une poche avant de se mettre en quête de la bruyère, elle devait soulever sa jupe pour ne pas marcher dessus et risque de tomber. Alors elle prenait bien garde là où elle mettait les pieds et ne regardait que peu devant elle, sachant parfaitement quel chemin suivre pour trouver la plante. Elle se baissa pour en prendre un joli brin qu’elle garda à la main quelques instants avant de le ranger. Le bruit que faisait le tissu ample de sa robe la rendait facile à repérer et sa concentration faisait qu’elle n’entendait bien que le bruit qu’elle faisait elle-même, n’ayant aucun talent pour se déplacer sans bruit et encore moins dans la nature.

__ Ah ! Te voilà toi.


Dit-elle à l’armoise qui s’était cachée derrière un mur de hautes fougères avec des ronces qu’elle eut toutes les peines du monde à contourner pour ne pas abîmer sa tenue. Satisfaite d’avoir enfin réussi à en prendre un brin, elle sortit du fourré où elle s’était enfoncée pour rejoindre le chemin. Il ne lui restait plus que la datura à prendre et elle aurait tout ce qu’il lui fallait. Mais pour l’atteindre, il fallait qu’elle s’enfonce plus loin dans le bois. Arrivée devant le mur végétal que faisait la plante aux fleurs en corolles jaunes vif, elle prit une fleur et se retourna, tombant alors nez à nez avec un homme qu’elle ne connaissait pas.

__ Oh, vous m’avez fait peur.  


Sursauta-t-elle en émettant un petit cri  avant de se faire violence pour reprendre contenance. Elle rit de sa frayeur avant de prendre un l’air détaché avec la fleure jaune des empoisonneuses dans la main qu’elle s’empressa de ranger avec les autres fruits de sa cueillette.

__ Bonsoir Monsieur. J’espère ne pas avoir dérangé vos prières. Quoi que les nordiens se font rares dans les Six Couronnes. L’êtes vous ?