RIEN QU'UNE PETITE GOUTTE...

An 305 - Lune 9 - Semaine 1 - Jour 2
Feat @Nymeros Antaryon

Il fallut quelques secondes à Edmund pour réaliser qu’il n’avait plus la missive entre les doigts, il eut même le temps de se demander s’il n’avait pas rêvé de tout cela et qu’il allait se réveiller dans le divan qui se trouvait à quelques pas de lui. C’est le débit de paroles trop élevé de son ami Nym qui le fit sortir de son état léthargique.

Les sourcils froncés, il tenta tant bien que mal de comprendre ce qu’il pouvait dire. Mais sa manière de parler lui rappela Imeah lorsqu’elle lui passait un savon. Edmund avait beau parler couramment le braavien, il était très loin de la maîtrise poussée dont pouvaient faire preuve les natifs. Le prince se contenta donc de hocher la tête en regardant son ami, priant pour ne pas avoir à répondre à la moindre interrogation de sa part.

Edmund souffla lorsqu’il vit Nyméros prendre sa tête entre ses mains, au moins, il n’avait pas eu à comprendre le moindre mot de sa tirade. Il avait cependant de la peine pour son ami qui devait visiblement beaucoup tenir à son animal. Dorne ne manquait pas de ces reptiles, Edmund se mit alors en tête d’aller lui-même en capturer un comme remplaçant. Il tenta tant bien que mal de consoler son ami dans sa langue natale.

- Ao gīmigon nyke tolī nyke ojūdan iā dȳñes…Daor issa daor drēje, nyke dōrī ēdas iā dȳñes. Nyke istin eptan syt iā… Putain, c’est quoi le mot déjà, vous avez un mot pour Cocatrix en braavien ? Edmund attendit quelques secondes et face au manque de réponse de son ami, il continua. Ñuha kepa vestās bona ziry daoriot exist. Vestan īles doru-borto kesrio syt ziry iksos īlva symbol, sīr nyke eptan skoro syt. Se ziry hīlagon nyke. Nyke shifang bona īles daor bona sȳz lēda riñi. Sȳrī, mirre hen bona naejot ivestragon konir sagon sepār iā peldio se nyke hae naejot ivestragon konīr iksis plenty hen klios isse se embar.

(Tu sais moi aussi une fois, j’ai perdu un animal… Non, ce n’est pas vrai, je n’ai jamais eu d’animal de compagnie. Une fois, j’ai demandé un… Mon père m’a dit que ça n’existait pas. Je lui ai dit que c’était idiot, car c’était notre blason… Et il m’a frappé. Je réalise que mon père n'était pas si bon avec ses enfants. Bref tout ça pour dire, que ce n’est qu’un serpent et comme j’aime bien le dire : il y a plein de poissons dans l’océan.)

Fier de sa réponse, Edmund tapota quelques fois sur l’épaule de son ami. Avant de saisir le bout de papier et d’y mettre feu avec l’une des bougies, le regardant se consumer entre ses doigts.

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- Oh… Lâcha Edmund avant de s’affaler dans sa chaise.

Il y avait méprise et il se sentait un peu idiot avec son bout de papier en train de bruler entre ses doigts. Nym ne parlait pas d’un animal mais bien de son oncle, Seigneur de la Mer.
L’alcool et la drogue étaient encore bien trop présents dans l’organisme d’Edmund pour qu’il puisse réellement réfléchir. Dans un élan de bonne volonté, il se claqua les joues avec la paume de ses mains pour tenter de reprendre un peu ses esprits. Mais la dernière phrase de son ami eut pour seul effet de le lancer dans un fou rire. Une guerre civile ? Rien que ça.

- Nym… Est-ce que tu sais ce que c’est une guerre civile ? Demanda Edmund la larme à l'œil.
La vue du visage plus que sérieux du Braavien, le prince de Dorne se stoppa net de rire.

Visiblement il savait et Edmund se mit à maudire la création pour lui amener encore un nouveau problème. L’envie de tout lâcher revint encore une nouvelle fois, elle le fait toujours.

- Du coup… Tu dis guerre civile mais ? Les combats sont en cours ? Vous avez réellement une chance face au reste des familles ? Je n’ai pas compris un foutre mot de ton Braavien.

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Edmund faisait de son mieux pour tenter tant bien que mal de comprendre ce que lui disait Nymeros. Il ne pouvait pas lui en vouloir de tourner au ralenti, c’est lui-même qu’il l’avait empoisonné. Il devait d’ailleurs s’en mordre les doigts à cet instant.

Oh, tu sais… Je ne me suis pas beaucoup intéressé à la politique lorsque j'étais à Braavos. J’étais… Occupé…

Le Braavien était déjà au courant de tout cela, il en était d’ailleurs indirectement le responsable. La situation avait l’air de vraiment l’affecter et Edmund n'appréciait pas le voir dans cet état. Une situation plutôt complexe mêlant plusieurs familles dont il avait entendu les noms, mais sans pouvoir donner plus de détails. Le Gargalen avait déjà des lacunes sur les familles de Westeros, ce n’était pas la peine de lui demander ce qu’il se passait de l’autre côté du détroit. La fête était dorénavant finie, il allait devoir revêtir son manteau de prince.

La Compagnie Dorée ? Elle existe encore ? Je croyais qu’elle s’était éteinte à Port-Réal peu avant ces putains de Dothrakis… Donc vous rentrez réellement en guerre alors…
Encore une… Même dans une société où le dirigeant devait être élu, ces conflits éclataient encore. Edmund secoua la tête de déception, repoussant toute idée que cela arrive à Dorne. Le Prince se leva, passant à côté de Nyméros, il posa une main sur son épaule.

Oui, on accourt toujours pour sa famille. Les questions viendront après.

Edmund continua son petit périple jusqu’à la petite bibliothèque à la recherche d’un parchemin. Il n’était pas connu pour son sens du rangement et de l’organisation alors il lui fallut quelques minutes pour trouver ce qu’il cherchait. Il poussa un léger cri lorsqu'il posa les yeux sur le parchemin. Il retourna alors à son bureau et en révéla le contenu. Il s'agissait d’une carte de Braavos, elle n’était peut-être pas récente, mais il n'avait pas mieux sous la main. Le Gargalen posa quelques babioles pour maintenir les coins de parchemin avant de se saisir d’un bout de charbon qu’il utilisait pour écrire lorsqu'il ne voulait pas utiliser de plus.

Donc tu disais, ta famille s’est retranchée dans le palais. Dit-il en tapotant l'endroit correspondant.

Le Prince entoura alors la zone d’un cercle et commença à écrire le nom Antaryon pour signaler leur présence dans la zone. Comme pour aider à sa concentration face au poison, Edmund pinça sa langue entre ses lèvres tout en laissant dépasser le bout. Chaque lettre était écrite avec une précision quasi-divine. Il dut tout de même faire une pause à un moment, devant réfléchir si le nom s’écrivait avec un i ou un y. Et donc face à vous vous avez les… les… Edmund agitait sa main tenant le bout de charbon en direction de Nymeros comme pour lui soutirer l’information. On va les appeler “Les Méchants”. Cette fois-ci, il ne se contenta que d’écrire la lettre E pour ennemis à côté du nouveau cercle qu’il venait de tracer. Et à côté nous avons les autres méchants, plus méchants ou moins méchants, je te laisserais seul juge. Mais en tout cas, si on trace les lignes de front… Edmund dut une nouvelle fois sortir sa langue pour s’appliquer. On obtient… Il dut relever la tête de la carte pour prendre du recul afin de découvrir le résultat final. On obtient… Et bien, on obtient une bite apparemment. Annonça Edmund, tout en se grattant la barbe, laissant au passage des traces noires sur cette dernière. Ouais, et bien, c’est pour cela que je ne vais jamais aux conseils de guerre saoul. Dit-il avant de lancer son bout de charbon par le balcon et de s’affaler une nouvelle fois sur son siège.

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Des éléphants…

Edmund remercia une nouvelle fois silencieusement les dieux pour n’avoir jamais croisé leur route. Il en serait peut-être mort ou il les aurait rejoints, qui aurait pu savoir ? Cela lui aurait sûrement évité tout ce tas de merde qu’il se traînait depuis deux ans. Le prince fut tiré de ces pensées par Nymeros en train de lui secouer les épaules. Il voulait aller voir Imeah, il était vrai que ce conflit la concernait aussi. D’autant plus qu’elle se trouvait rattachée au camp opposé aux Antaryon, Edmund n’avait aucune idée de comment lui présenter la situation, il laissera très certainement son ami.

Tu as raison, allons-y directement, ça sera plus rapide que d’envoyer un corbeau. Priorité à l’information.

Le Gargalen emboîta le pas au Braavien et les deux passèrent la porte à la grande surprise de son bouclier-lige qui dut partir en trombe pour les suivre à son tour, le bâtard ne put contenir son étonnement.

Où allons-nous Votre Altesse ?

A Salrivage et promptement, l’heure est grave.

Dois-je demander à ce que l’on prépare votre embarcation ?

Non trop tard, nous partons à pied. Ce sera bien plus rapide.

Décontenancé par cette réponse somme toute lunaire, il fallut quelques secondes au bouclier-lige pour comprendre ce qu’il se tramait. Surtout une fois qu’il avait posé les yeux sur la bouteille que tenait Nymeros dans les mains. Daemon décida alors de rester silencieux et de suivre les deux hommes priant pour que leur bêtise ne dure pas trop longtemps.

Le petit groupe qui avait désormais attiré l’attention d’Erena s’était mis en route pour la porte de palais afin de sortir à l’extérieur se dirigeant vers les portes de la ville. Il ne faisait aucun doute qu’ils attireraient l’attention.

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Edmund suivait son ami promptement. La destination était claire : Salrivage et rien dans cette ville ou dans ce désert ne pouvait les empêcher de rejoindre leur destination. Le groupe était pour ainsi dire inarrêtable, qui oserait se mettre au travers de la route de l’authentique Khalakka Khadokh et de son fidèle compagnon le Renard. Surtout, s’ils avaient la chance d’être accompagnés de la Furie du Désert et de Daemon le colosse.

L’image du groupe aurait pu être ternie lorsque le Prince sursauta à l’annonce de la présence d'ennemis par Nyméros.

DES ENNEMIS ? OÙ ÇA ? À L’INTÉRIEUR DE MES PROPRES MUUUUUUUUUUUURS ? Hurla Edmund, la main sur le pommeau de son sabre, prêt à le dégainer.

Ce fut le calme ou l’exaspération qui le fit revenir peu à peu à lui tandis qu’ils se dirigeaient tous les quatre à l’extérieur du Palais Vieux. Malgré l’heure tardive, la ville était en pleine ébullition profitant de la fraîcheur somme toute relative du moment. La totalité des échoppes du bazar étaient sorties et les tavernes étaient pleines à craquer. Les étrangers qui étaient venus célébrer les noces du Prince se mêlaient à la population locale, ce qui donnait un spectacle encore plus coloré qu'à l'accoutumée.

Contre les recommandations de Damion et d’Erena, le groupe s’engouffra à l’intérieur du bazar, car les deux hommes souhaitaient profiter eux aussi de cette effervescence. Les odeurs se mêlaient aux bruits ce qui aurait pu donner le vertige à un non-initié, mais Edmund parcourait ces rues depuis trop longtemps pour ressentir le moindre effet négatif.

Cependant, dans toute cette symphonie olfactive, quelque chose attira l’attention du Gargalen. Une odeur sucrée qu’il avait déjà humée des centaines de fois sans jamais pouvoir s’en lasser. Plantant ses pieds dans le sol, il scrutait les environs à la recherche de ce que son cœur désirait tant. Et là, comme par magie ses yeux se posèrent sur de succulentes et dégoulinantes pâtisseries au miel. Se frayant un chemin jusqu’à la fameuse échoppe, Edmund s’excusait auprès des personnes qu’il bousculait légèrement et l’on pouvait observer leur agacement passager avant de se rendre compte de qui il s'agissait.
Tout heureux d’avoir attiré un nouveau client, le pâtissier écarta les bras pour l'accueillir.

Bonsoir mon brave, que désirez-vous ? Je ne peux que vous recommander ces baklavas, mais à en croire votre regard, vous êtes venu pour les chebakias. Combien en voulez-vous ? Demanda le commerçant n’ayant toujours pas reconnu son interlocuteur.

Edmund se retourna vers ses compagnons pour prendre la commande de tout le monde. Le sourire de Nymeros ne laissait aucun doute sur le fait qu’il était tout à fait friand de l’idée. Ce qui n’était pas le cas d’Erena et Daemon qui étaient tous deux bras croisés en train de le dévisager.

Vous êtes sûrs ? Le désert ne va pas se traverser tout seul, et on marche moins vite le ventre vide ! Affirma Edmund, avant de se retourner vers le pâtissier voyant bien qu’il n’aurait pas de réponse de ces deux-là. Une douzaine oui s’il vous plaît.

L’homme qui avait suivi du regard à qui parlait Edmund commence à avoir des doutes quand il aperçut ces trois compagnons. Qui se promenait avec un noble ainsi que deux personnes en armure, il n’avait visiblement pas affaire à n’importe qui. Il profita du temps de préparation de la commande pour tenter d’observer le visage de l’homme grâce aux quelques torches disposées sur les colonnes. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu'il comprit finalement et sa voix à l’origine si posée était devenue tremblante.

Prince Edmund ? Demanda-t-il alors qu’il présentait les pâtisseries disposées sur des feuilles de palmier. Il sembla encore plus terrifié lorsqu’il observa le Gargalen poser la main sur sa bourse. Il n’avait déjà pas reconnu son seigneur et voilà qu’en plus il n’allait pas lui offrir ce qu’il avait demandé. Il tenta de se rattraper, essayant de le prendre de court. Cadeau de la maison Votre Altesse, considérez cela comme mon cadeau de mariage.

Edmund se contenta de sourire, il était hors de question de partir sans payer. Cependant, il était encore bien trop intoxiqué pour faire le moindre calcul, alors il piocha une poignée de pièces dans ladite bourse et les déposa sur le comptoir priant les dieux pour qu'il y ait le compte si ce n’est plus.

Merci. Conclut-il tout en s’emparant de son achat sans quitter du regard le pâtissier et rejoignant son groupe à reculons dans un mouvement bien trop lent.

Le dornien donna ses pâtisseries au miel à son ami pour se libérer une main et s’empressa d’en mettre une dans sa propre bouche. Il pointa alors son doigt plein de miel vers la porte sud de Lancehélion avant de s’exclamer : En route !