Nour ✧

Malicieuse petite chose sournoise, Nour est une constante déception pour qui se laisse prendre à son beau sourire. Les mensonges sortent de sa bouche comme les poux des tresses dothrakies et elle en a brisé, des pauvres coeurs naïfs avec ses belles paroles et son intrépidité. C'est une femme charismatique, qui séduit, manipule et trahit en toute impunité du moment que ça sert ses intérêts. Elle n'est pourtant pas foncièrement mauvaise, l'équipage dont elle fait partie lui fait office de famille et elle ferait n'importe quoi pour lui, mais ses traumatismes ont rendu son empathie très limitée et son coeur ne bat pas pour grand monde. Mue par une volonté immuable de liberté, elle a beau être attachée à ses proches, elle fait preuve d'un important sens de l'auto-suffisance et d'un fort instinct de survie. Ils le savent, elle tentera tout ce qu'il faut en cas de situation critique, mais si les chances de mourir sont trop grandes elle sauvera d'abord sa peau. Par ailleurs sa fierté a été fortement amoindrie lors de son éducation et si les insultes la font sourire, c'est toujours avec insolence et désinvolture qu'elle répond aux provocations. Parfaitement capable de se défendre, elle ne craint pas le conflit, même si elle préfère laisser les autres se salir les mains. Son corps n'est qu'un outil de plus pour atteindre ses objectifs, elle l'utilise énormément pour le travail et par conséquent elle en prend soin et préfère éviter de l'abimer dans des bagarres futiles, mais il faut avouer qu'une petite altercation de temps en temps la ravie. Elle est moins sophistiquée qu'elle en a l'air, et si son vocabulaire est le plus étoffé de l'équipage et qu'elle sait faire preuve d'éloquence, elle n'en reste pas moins une jeune roturière sans éducation qui apprend tout sur le tas. Les grandes formules de politesse, de respect et autres étiquettes lui sont inconnues, mais même si elle les connaissait, pas sûr qu'elle en fasse grand usage.

Son maître ayant catégoriquement refusé de lui donner une éducation, elle ne sait ni lire, ni écrire. ✧ Ayant vécu à Meereen la plus grande partie de son existence, elle parle une forme très corrompue de haut-valyrien. ✧ A force de voyages et d'escales, elle comprend la langue commune de Westeros et peut la parler mais son accent est désastreux. Elle efface ses h, roule ses r, et sa construction lexicale est parfois bancale. Mais on la comprend et elle continue d'apprendre, elle vous dira que c'est tout ce qui compte. ✧ Une dague est attachée du côté gauche de sa ceinture et un poignard est retenu par une lanière de cuir sur sa cuisse droite, caché par ses jupons quand elle en porte. ✧ Elle sait se repérer aux étoiles et lire les cartes, terrestres et maritimes.

Mère prostituée inconnue
Père inconnu

An 280, lune 05 ✧
Naissance à Meereen dans un bordel d'une mère prostituée libre. Elle vend à contrecœur son enfant comme esclave à une riche famille de joaillers pour éponger quelques dettes.

Ans 280 à 292 ✧
Nour est une enfant têtue, désobéissante et caractérielle. Exclue de toute forme d'éducation autre que la servitude, elle est maltraitée, battue, humiliée.
Elle trouve un peu de réconfort dans la rue, quand elle retrouve des copains lors du peu de temps libre qu'elle a ou des courses qu'on l'envoie faire.

An 292, lune 07 ✧
Premières règles. Elle est abusée pour la première fois -d'une longue série- par le fils de la famille de 13 ans son aîné, y compris quand il sera marié.

Ans 293 à 296 ✧
Renfermée sur elle-même, le comportement de Nour se calme drastiquement pour mieux camoufler une haine profonde. Ses copains d'enfance deviennent de vrais amis. Jugée plus sage, son maître lui laisse un peu plus de liberté. Elle se rend régulièrement aux spectacles des arènes.

An 295 ✧
Elle tombe enceinte et s'arrange avec sa maîtresse pour obtenir discrètement une potion d'avortement qui fonctionne. Ce sera étrangement l'unique fois où elle aura besoin de recourir à ça. Vu les difficultés de la femme de son violeur à tomber enceinte, le problème semble venir de lui.

Ans 296 à 300 ✧
Elle voit pour la première fois combattre Sariel et se prend d'admiration pour lui. Elle s'arrange pour le croiser plusieurs fois, force la conversation, se lie d'amitié avec lui. Il lui apprend à se battre, à sa façon, comme une plume.

An 300
Lune 04, semaine 02, jour 04 ✧
Daenerys Targaryen s'empare de Meereen. Dépourvue d'argent, ne sachant ni lire ni écrire, Nour reste avec ses anciens maîtres.

Lune 10, semaine 04 ✧
Sariel veut partir, elle saisit l'occasion. La veille, elle réunit sa bande d'amis pour leur proposer de partir avec eux. Ils acceptent. Pendant la nuit, elle massacre ses maîtres dans leur sommeil. Ils embarquent tous le lendemain sur un petit navire marchand.

Lune 12 ✧
D'un commun accord, la bande d'amis prend le contrôle du navire. Ils balancent l'équipe marchande quelque part sur les côtés entre Myr et Pentos puis poursuivent jusqu'à Braavos.

An 301, lune 2 ✧
Arrivée à Braavos où ils déposent Sariel, vendent la marchandise volée, engagent quelques mousses et refont les stocks de provisions. Ils repartent sans destination précise en tête mais restent entre Essos et Westeros.

Ans 301 à 304 ✧
De pillages en magouilles, de vols en contrebandes, l'équipage s'éparpille dans ses activités, teste des choses, apprend de ses erreurs, s'améliore progressivement, économise de l'argent, rachète un navire un peu plus gros mais surtout plus rapide, et engage un équipage plus conséquent et mieux réparti. Navigateur, cuisinier, charpentier, voilier et un bon tas de marins. Des informateurs sont trouvés un peu partout dans les ports où ils mouillent pour rester informés de ce qu'il se passe dans le monde. La mort de Daenerys ne passe donc pas inaperçue.
Décision est prise de se focaliser sur le trafic d'êtres humains.
Nour écope du surnom de "La Garce du Basilic" auprès des autres bandits des mers, alors qu'elle n'y a jamais foutu les pieds. Pas plus cruelle ou moins trompeuse que ses compagnons, elle met cette exubérance sur le compte de son genre et de ses traits, tous deux peu communs dans le milieu de la piraterie et dans ce coin géographique. Si elle trouve le surnom amusant, elle n'aime pas particulièrement la célébrité qui va avec et décide à l'avenir de se masquer lors des raids.

An 305 ✧
Entre l'espèce d'équilibre bancale retrouvée à Westeros qui a de nouveau le temps de s'occuper de la criminalité alentour et les attaques militaires en Essos, l'équipage se rapproche plutôt du royaume des Sept couronnes. L'esclavage y est aboli, il se fait donc discrets. Le navire n'a pas encore accosté mais va bientôt devoir faire un choix.

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I remember running to the sea ✧ Irradiante, la douleur, à mesure que son enfant s'éloignait, les larmes qu'elle ne pouvait retenir. Elle était sûre d'avoir pris la bonne décision, elle n'avait ni le temps ni les moyens d'avoir cette fille, et pour quel avenir ? Le même que le sien ? Nour souffrirait quelques années, le temps de grandir, puis elle pourrait aller la récupérer, payer pour sa liberté. C'était ce que sa mère s'était répétée, un plan bancal, fantaisiste. Sans surprise, elle ne vint jamais la chercher.


Le sifflement dans l'air permettait à Nour de se contracter et de fermer les yeux quand le bâton souple arrivait à l'arrière de ses cuisses, claquant et résonnant. Ainsi, elle avait l'impression que la douleur était moins forte. Derrière elle, son maître l'insultait, les mêmes injures que d'habitude, voleuse, trainée, vaurien. Sa maîtresse les regardait, en silence, le visage attristé mais pas assez pour intervenir. La douleur était grande pour quelques pêches, mais elle valait le coup. Toutefois, la prochaine fois, elle ne manqua pas de laisser quelques indices malencontreux se diriger vers l'une des autres servantes. La première fois, elle sentit une pointe de culpabilité, et puis elle comprit que la solidarité n'avait pas sa place entre esclaves -du moins pas chez son maître- et elle redoubla d'idées pour se dédouaner d'un maximum de bêtises.


Bien coiffée, propre et un petit panier au bras, personne ne faisait attention à elle. Lorsque le marché était bondé de monde, c'était encore plus facile. Elle achetait quelques tomates, n'avait qu'à tendre la main pour en piquer une autre dans laquelle elle croquait pendant ses emplettes. Elle savait que si elle se faisait prendre, la punition allait être double, mais c'était justement ce petit frisson d'adrénaline qui rendait la manœuvre intéressante puisqu'elle ne crevait pas de faim. En revanche, quand il y avait moins de monde, il fallait s'organiser. Il y avait toujours un enfant pas loin qui acceptait de servir de distraction, et avec eux Nour n'avait aucun soucis à partager. Des esclaves, comme elle, parfois mieux traités, difficilement moins bien, mais ça ne changeait rien. Leur statut était une épée de Damoclès au dessus de leurs têtes.

Remember falling to my knees ✧ Hantée par des cauchemars qui n'en finissaient plus, des portes s'ouvraient devant elle, comme une sortie de ces rêves sans fin, malmenée entre le sommeil et l'éveil, jusqu'à ce que la douleur soit trop forte et qu'elle ouvre les yeux. Jamais auparavant elle n'avait ressentit une douleur si grande dans son ventre, même après avoir mangé trop de pêches. En se redressant dans le lit, elle écarquilla les yeux et rejoignit la chambre de sa maîtresse en pleurs, la robe tâchée, persuadée qu'elle allait mourir. Sans aucune sororité entre les esclaves de la maison, et en étant constamment avec des garçons à l'extérieur, les menstruations étaient un véritable mystère pour la pauvre Nour. Heureusement, malgré la passivité de sa maîtresse face à la violence de son mari, elle put compter sur son aide, sûrement pour, elle aussi, échapper à la mauvaise humeur du maître de maison.

Abus sexuels:

I remember gliding off the shore ✧ Résignée, abattue, lourde était la rage qui sommeillait au creux de son ventre, prête à exploser si on la réveillait. De nombreuses fois Nour avait enlacé des images fantaisistes que son esprit imaginait. Le tisonnier enfoncé dans une gorge, une tête coincée dans l'eau de la lessive, le tissu des draps assez serré autour d'un cou pour arracher des râles de désespoir, le fouet qui s'abattait sur leurs visages pour y laisser des traces indélébiles. Elle souriait. Baissait les yeux. Minaudait. L'envie insatiable de vivre. L'espoir d'un avenir meilleur. L'attente d'une occasion pour arracher sa liberté.

Avortement:

Le sourire. Les yeux baissés. Les paroles réfléchies. La voix douce. Les hurlements de frustration dans son estomac. Libre de ses mouvements, matée, dressée, Nour avait obtenu un semblant de liberté dans sa captivité. Des jours de repos, parfois même une pièce ou deux quand le maître se montrait généreux. Généralement, elle se rendait aux arènes avec ses compagnons de rue pour assister aux combats et acheter quelques fruits, dont elle négociait la quantité avec un beau sourire et quelques paroles mielleuses. Des combats de force, d'endurance, des mâles brutes qui se rentraient dedans dans des éclats bruyants, une forme de relâchement pour Nour qui laissait sa colère exploser par substitution. Et vint un jour où il entra en scène. Une plume, se jouant de ses adversaires, leur glissant entre les doigts, effleurant leurs armes avec une légèreté et une rapidité provocante. Nour se prit d'admiration pour Sariel au premier combat. Les semaines suivantes, elle s'arrangea pour assister à chacun de ses duels.


Son dos frappa le sol, levant un nuage de poussière qui lui retomba dessus et la fit tousser. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, un bâton était dirigé vers sa gorge. Elle laissa une grimace de dégoût traverser son visage et tapa doucement le bâton avec sa main pour le repousser, se redressant en massant l'une de ses hanches. Assise par terre, elle sentait son corps trembler de rage, elle avait envie de tout détruire autour d'elle. Et puis une main se tendit vers elle, la même qui l'avait foutu par terre. Elle releva les yeux vers Sariel et, doucement, son expression de colère s'estompa. Elle lui sourit, attrapa sa main pour se relever, et se remit en position. Réguler son souffle. Observer son adversaire. Le laisser se fatiguer. Taper vite et bien. Contrebalancer ses points faibles avec ses atouts. Elle aussi, avait la carrure pour être une plume, et elle en avait les capacités si elle se concentrait un peu.

Until I touched the ocean floor ✧ Des milliers de colliers, abandonnés, en train de cuir au soleil sur les murs de Meereen, et la lourde impression d'une occasion manquée. L'espoir avait guidé Nour jusque là, celui de pouvoir un jour s'enfuir, prendre ses propres décisions, quitte à crever, mais ne plus jamais servir. Et face à cette soudaine libération, elle se rendait compte d'une chose. Elle n'était pas prête. Parce qu'elle n'avait élaboré aucun réel plan, parce que son espoir, aussi brillant soit-il, n'était qu'un masque face au vide de son existence. Elle pouvait quitter ses maîtres, et elle se retrouverait sans toit, sans nourriture, sans argent, sans nulle part où aller. La révolte se fit sans elle, même après la victoire face aux Maîtres.

Massacre:

Le soleil n'était pas encore levé quand Nour rejoignit ses compagnons et Sariel sur le port. Elle s'était changée, avait nettoyé sa peau, et pourtant l'un de ses amis la fixa un long moment avant de venir essuyer quelque chose dans son cou. Il ne posa aucune question. Ils montèrent à bord du navire marchand qui avait accepté de les emmener en échange de quelques pièces et quittèrent Meereen.

And the river flows beneath your skin ✧ Tout alla très vite. Quelques menaces, des cordes pour immobiliser les plus récalcitrants, et en quelques minutes à peine le navire était à eux. Voilà deux mois déjà qu'ils en parlaient, que l'évidence d'une existence misérable, peu importe où ils iraient, s'imposait à eux, et que l'envie de ne plus suivre les règles les titillaient. Ils n'auraient rien, jamais, sauf s'ils le prenaient de force. Les débuts seraient difficiles, surtout avec le petit bateau dans lequel ils étaient, mais à part leur vie, qu'avaient-ils à perdre ? Les chaines envolées, ils n'auraient plus jamais à vivre de frustrations.


Au loin, les marchands jetés à la mer nageaient les derniers mètres avant de s'étaler sur le sable de la côte, épuisés. Quelques part entre Myr et Pentos, depuis leur nouveau navire, des paris avaient été lancés sur combien arriveraient avant de se faire engloutir par les vagues. Pas de chance, personne ne gagna ce jour là. Quelques heures plus tard, les autorités furent probablement prévenues de ce vol mais furent bien incapables -ou s'en foutaient royalement- d'intervenir. Deux mois plus tard, l'équipage arrivait à Braavos pour y déposer Sariel qui, à leur grand regret, avait d'autres plans que de rester avec eux. La marchandise vendue, quelques mousses engagés, des provisions faites, ils firent leurs adieux à la Plume avant de reprendre la mer.

Like savage horses kept within ✧ Tranquillement, la jeune femme avançait parmi les corps éparpillés sur le pont, prenant soin de ne pas marcher dessus. Elle s'arrêta près du capitaine, qui observait les prisonniers avec l'air grave de celui qui se demandait quoi en faire. Derrière eux, les autres faisaient passer la marchandise sélectionnée qu'ils revendraient, avant de se servir dans ce qui restait pour leur plaisir personnel. Nour aidait généralement son capitaine à faire le tri dans ceux qu'ils allaient garder pour revendre, mais à chaque fois les problèmes étaient le même. La marchandise matérielle prenait de la place, ils n'étaient pas à l'abris que les capturés la détériorent, et ils devaient passer plus de temps à arpenter les marchés spécialisés. Alors un beau jour, en accord avec le reste de l'équipage, ils prirent la décision de se focaliser sur la traite d'êtres humains. Une décision radicale qui fructifia leurs bénéfices. Dorénavant, sur les navires qu'ils faisaient couler en pleine mer pour ne pas laisser d'indices, il n'y avait plus de victimes collatérales.

And all is wasted in the sand ✧ Un petit sourire en coin, les doigts fins de la jeune femme remuaient une petite boite avant de la reposer brusquement sur la table. Le regard joueur, elle observait les personnes autour d'elle qui la pressaient de révéler les dés cachés. Elle l'ouvrit et des exclamations retentirent tandis qu'elle frappait la table du plat de sa main en éclatant de rire. Elle la tendit pour attraper les pièces posées sur la table et les fourra dans sa sacoche, avant que le perdant ne l'interpelle d'une façon qu'elle n'avait jamais entendu auparavant et qui ne sembla surprendre personne. La Garce du Basilic. Une insulte qui sonnait comme un doux chant à ses oreilles, contrairement aux menaces qui commençaient à la fatiguer. Elle n'aimait pas les mauvais perdants et lorsqu'elle se leva finalement, lassée de ces invectives, et qu'une dizaine de marins se levèrent derrière elle, prêts à assurer ses arrières, l'autre s'en alla sans demander son reste. Dans la même soirée, elle se renseigna un peu sur ce surnom pour découvrir qu'il n'était pas nouveau, et elle commanda à l'un de ses mousses de lui trouver quelques masques pour les prochains raids. Masques qu'elle prit aussi la décision d'utiliser lors de ses ventes aux marchés noirs.

Like breaking diamonds with your hand ✧ Au loin, une flamme brûlait. Accoudée au bord d'un des gaillards du navire, elle regardait ce point lumineux avec hésitation. Essos étant en pleine effervescence avec la reprise des grandes villes par les Maîtres, elle préférait l'éviter pour l'instant. L'équipage s'était donc dirigé vers le royaume des Sept Couronnes. Ils y avaient mouillé plusieurs fois déjà, dans différentes villes, mais depuis la mort de toutes ces reines capricieuses les grandes villes portuaires avaient de nouveau de quoi protéger leurs côtes, et la prudence était de mise. Une forme se glissa dans son dos, passant sa main sur ses hanches, et un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Un bref baiser échangé avec son ami et capitaine et elle l'accompagna dans sa cabine, sans se soucier plus de leur destination. Insouciante, portée par le vent, par ses envies, par la liberté de vivre ce qu'elle voulait, quand elle le voulait.