[PORT REAL][FB] Un cadeau pour un bateau [PV Desmera Redwyn]

Je fermais les yeux en écoutant silencieusement les rapports de Guilhem sur l’avancement de mon escorte. Bientôt nous pourrons repartir. Tout irait mieux. Je fermai un instant les yeux en m’appuyant contre les coussins de mon lit. Il faisait beau aujourd’hui… La Treille devait être sublime si elle avait un aussi beau soleil. Peut-être avait-il même plus pendant la nuit… J’essayais d’avaler les potions qu’Aelinor m’avait fait le matin même, mais je ne gardais pas grand-chose dans mon estomac. Au moins, le peu que j’avalai me faisait un peu dormir… Ce n’était pas plus mal, j’avais moins froid comme ça. Je dormais quand Sarah vient me secouer tout doucement et j’ouvris péniblement les yeux.

« Dame Myria Antaryon aimerait vous parler… À propos de mets de Braavos… »

Qu’est-ce que c’était cette affaire… Je me redressai lentement avant d’ordonner à Sarah de m’aider à me changer et m’habiller, je m’obligeai à boire quelques gorgées de tisanes, en espérant qu’elle passe avant de m’asperger d’eau fraîche, passer une robe d’un joli vert printaniers avec des broderies pourpres, Sarah arrangea mes cheveux en un chignon simple avec quelques rubans à l’intérieur. J’ordonnais à Guilhem de rester avec moi dans le salon. La préparation avait duré… une dizaine de minutes avant que je ne m’installe dans mon fauteuil. Comme d’habitude, une carafe de vin et quelques fruits sur une table basse. Sarah ouvrit la porte à la Rina à qui j’offris un signe de tête respectueux.

« Rina Myria. Je suis surprise de vous voir, je vous en prie, installez-vous. »

Je lui désignai un siège en face de moi, Guilhem était également avec nous dans la pièce.

J’observais la Rina, plus habillée comme un homme qu’autre chose. Je savais qu’elle était capitaine et de Braavos en plus… Cependant, peut-être aurait-elle dû faire un effort ? Qu’importe… Des produits d’Essos, que voulait-elle ? Je ne savais pas pourquoi, j’avais une mauvaise impression… mauvais instinct quelque chose dans ce goût là. Mais qu’importe… voyons ce qu’elle voulait. Je hochais légèrement la tête.

« Vous avez de la chance, en effet, je pars bientôt. »

Le plus tôt serait le mieux en effet. Mais elle n’avait pas besoin de le savoir après tout. Qu’elle m’explique ce qu’elle venait faire ici. J’observai silencieusement les objets. La dernière tisseuse d’Essos ? Pourtant je connaissais d’autres tisseuses de dentelles. Mais soit… Qu’importe. Que voulait-elle ? Les boîtes en verre fumé, j’en avais vu. Bien que magnifique, je préférais les modèles en bois et les vases en verres ou les fioles, voir les bijoux. J’ouvris la boîte en question toujours en silence sans rien laisser paraître. L’odeur du fromage me sauta à la gorge. Je refermai le couvercle, toujours sans dire mot. Unique, sans aucun doute, mais je refusais de le manger pour l’instant.

Elle se servit une coupe de vin, je la laissai faire, attendant la suite des évènements. Je n’en pris pas, mais je notais son regard vers Dandelion qui était mon ombre protectrice derrière moi. Oui, Braavos. Elle en avait un peu parlé et j’avais entendu bien des choses sur la situation. Je savais aussi quelques difficultés à commercer avec Braavos, heureusement qu’avec Volantis, Lys et les autres citées le commerce était toujours égal. Et en positif pour moi. Oui, mes vins en Essos et la beauté d’Essos au travers de Westeros. La Treille était un partenaire commercial dont on ne pouvait que peu se passer quand on voulait faire du commerce de grande ampleur à Westeros.

Elle voulait donc que je m’implique dans une politique qui n’était pas la mienne. Des navires et des provisions ?! Et ne voulait-elle pas en prime mon ost ? Je fronçais les sourcils, j’étais dure en affaire, je le savais très bien.

« On ne peut vous reprocher de ne pas aller droit au but. »

Et de ne pas faire ainsi perdre trop de temps.

« Vous n’êtes pas censés savoir que les Fernés ont attaqué la Treille ainsi que les côtes de Westeros ces dernières années. Pourquoi m’impliquerais-je dans un conflit, qui même s’il est parfois gênant pour mes affaires, ne me touche pas ? S’il me semble avoir tout saisit, ce conflit vient en partie parce que votre Oncle refuse de laisser un poste qui ne lui ait point dû par le droit du sang ou tout autre chose. »

Je fis tourner du bout des doigts une coupe sans la lâcher des doigts.

« Vous me demandez vivres et navires, mais en quoi puis-je être sûre que cela ne servira pas à alimenter simplement une guerre civile, nourrir vos troupes aux détriments de la population ? Comment puis-je être sûr d’avoir un retour sur investissement ? Vous me promettez des choses, mais en réalité, vous n’avez absolument aucune garanti. Si vous perdez ce conflit, je pourrais perdre des contrats importants avec Braavos. »

Ma Treille n’avait pas besoin d’être affamée et désarmée pour des conflits qui pourrait être réglé si les hommes ne pensez pas avec leur égo et leur bite.
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Les présents qu’elle m’avait ramené d’Essos n’étaient que des babioles pour moi. Des choses parfaitement banales, que je possédais d’ailleurs déjà ou en mieux. Mais elle n’avait pas besoin de savoir cela. Je ne souhaitais pas m’engager dans quoi que ce soit si je n’avais absolument aucune garantit de mon retour sur investissement. Était-ce aussi tout ce qu’elle pouvait me proposer ? Pour des navires et des vivres. Je devais aussi penser à mon peuple après tout. C’était lui le plus important. Même si cela faisait deux années que La Treille avait subit des revers, les reconstructions étaient largement terminées et mon commerce était prospère, mais j’avais une tendance à la prudence.

Ses intentions étaient louables, les intentions sont toujours louables devant les autres. Mais elle n’avait pas à m’entendre penser ainsi. Elle l’ignorait, grand bien lui fasse, pour ma part, je ne l’oublierais pas c’était trop dangereux, de baisser sa garde. Mon peuple, et mes terres, allaient enfin mieux et je les protégerais… Toujours. Je fronçai les sourcils à sa remarque.

« Comment mes vivres et mes bateaux pourraient aider votre peuple en aidant qu’un homme. »

Je fronçais les sourcils en gardant mon attention rivée sur elle. Mon inquiétude était normale. Sans blague. Elle voulait que je me lance dans une guerre civile, enfin aider ! Prendre position. Non, elle ne pouvait pas promettre, elle ne m’offrait ainsi presque aucune garantie. Pas presque, aucune. Sa parole et un titre comme Garanti ? Je pouvais presque imaginer la tête de Dandelion sous son casque. Un de mes officiers. C’était éventuellement possible, j’avais quelques capitaines de ma flotte de commerce qui connaissaient sans aucun doute Braavos. Des services ?

« Vous ne m’offrez qu’un titre et une parole comme garanti. Vous êtes marchandes, vous devez le savoir, dans ce genre de… commerce, si on peut le dire ainsi, une parole et un titre ne valent strictement rien. Ce sont les garantis qui sont intéressantes à mes yeux. Je ne connais pas la population de Braavos. En quoi ensuite vos services pourraient être intéressants à mes yeux ? Vous ne m’amenez après tout en présent rien que je ne connaisse ou ne possède déjà. »

Je pouvais sembler douce et gentille, mais le commerce c’était dans mes veines.
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Je la fixais sans rien dire, pas le moins du monde impressionnée par son histoire. Voulait-elle me raconter à quel point elle était une mauvaise marchande et que son père devait sûrement avoir honte d’elle ? En donnant toutes ses richesses, aux Braaviens, elle avait certes fait un geste généreux, mais elle s’était surtout cloué les pieds au sol, se privant ainsi de fonds pour pouvoir refaire des expéditions… Son père ne l’avait pas déshérité, elle avait de la chance. J’avais déjà eu à faire avec des Capitaines Antaryon ou du moins de leur flotte, mais aucun avec aussi peu de jugeote… Elle était la première. Peut-être était-elle débutante, mais en tout cas, ses idées et ses manières de faire étaient… idiotes. Un nom ne suffisait pas à faire affaires, cela aidait, bien sûr, mais un nom, une garantit, des choses à proposer… Je ne lui offris aucune réaction à sa petite histoire démontrant ainsi qu’elle ne connaissait rien au monde des affaires, mettons cela sur le compte de sa première expédition.

Tout cela pour dire que son peuple lui tenait à cœur. Très bien jeune fille, mais apprends malgré tout les règles du commerce et des demandes. Les droits du commerce retirés ? Pour une citée dont la moitié, voir plus, de la survie était liée au commerce ? Elle me prenait vraiment pour la dernière des idiotes. Et elle inversait, d’abord les taxes et ensuite le droit…

« Braavos est une citée qui est grandement dépendante du commerce et de la mer il me semble. Retirer des partenaires commerciaux serait… désastreux pour la Banque de Fer. Quant aux taxes, c’est éventuellement une possibilité, oui. »

Je restais très neutre et distante envers elle. Elle ne négociait jamais ou comment cela se passait ? Je me demandais ce qu’en pensait Guilhem qui était toujours derrière moi. Au moins cette conversation, où j’avais la maîtrise, ne me levait pas l’estomac. J’attendis tranquillement la suite de ses remarques. Son frère assemblait une armée pour contrer la guerre civile. S’aider mutuellement ? Il y avait des milliers de milles entre Braavos et La Treille. Je fronçais les sourcils, laissant la colère se peindre sur mon visage.

« Je sais fort bien pour les Fernés. Je prends soin de mes gens et de mes terres en cette optique qu’ils reviennent. Cependant, les hommes ne sont pas des marchandises, ensuite, que viendraient faire des Braaviens défendre La Treille, espérer une attaque pour vite retourner chez eux ? »

Non décidément… elle ne maîtrisait pas l’art du commerce. Elle tentait de m’effrayer avec des choses que je réglais déjà. Je savais très bien que les fernés c’était qu’une question de temps.Elle voulait être un phare, j’avais déjà villevieille pas très loin de chez moi. Une place reconnue dans le conseil ?

« Mes prairies sont vertes. Je n’ai pas besoin du phare de Braavos pour éclairer une route que je fais moi-même capitaine. Les Terres de La Treille sont exceptionnelles pour le vin, que souhaitez-vous m’offrir des Terres de Braavos ? Je suis sûre que votre frère sera ravi d’entendre que vous me céder des terres pour des vivres et des bateaux. Et cette place reconnue, cela veut à la fois tout et rien dire. Après tout, les marchands Braaviens achètent déjà une belle part de ma production de vin. »

Son écrit une garantie, sans aucun doute si on se mettait d’accord. Mais pour l’instant à part des exportations déjà présentes et une vague place au conseil… Cela voulait tout et rien dire.
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La banque de fer n’était pas aussi stupide que Myria Antaryon. Elle avait besoin du commerce avec Westeros, c’était un plaisir. Elle me donnait surtout envie de soutenir son opposant et non pas son camp. À se demander comment elle était capitaine marchande… Les Antaryons avaient perdu beaucoup de leur valeur ? Ou c’était juste elle ? Je ne lui offris qu’un fin sourire à sa remarque sans réagir, je me demandai vraiment quelle tête faisait Dandelion sous son casque.

Quant à des hommes sur mes terres… Elle commençait à m’agacer prodigieusement… Sans pour autant que je ne le montre un instant. Elle croyait vraiment que je ferais confiance à ces hommes ? Non. C’était quoi ? Des menaces voilées ? Je soutiens simplement son regard sans bouger. J’inspirai profondément avant de répliquer d’une voix sèche, claquante comme un fouet :

« Vous parlez à une femme qui a déjà vu cela se produire. Cependant, ce ne sont pas vos hommes, mais bien ceux de votre frère. Et s’il n’était pas d’accord ? Ne promettez pas des choses que vous ne possédez pas. Ce qui appartient à votre frère n’est pas à vous. »

Elle commençait sérieusement à m’agacer. Sans s’en rendre compte, elle voulait me donner envie de soutenir son ennemi visiblement. Et elle faisait tout pour se saborder, encore et encore. Non, mais à ce stade c’était presque de l’art après tout. On atteignait un niveau… Incroyable. Elle critiquait le roi juste sous son toit. Formidable… Pourvu que tous les capitaines Braaviens ne soient pas contre elle.

« Je n’avais pas besoin de vous pour avoir ces idées. Je n’ai ni envie de terre en Braavos ni même de me mêler de la politique de ces terres. »

Discutailler. Merveilleux, elle avait conscience de ne rien comprendre et d’improviser ainsi ? Je lui lançai un regard noir à sa mention de ma famille. Elle osait user de cela pour me faire changer d’avis.

« Vous parlez à une femme dont toute la famille a été massacrée à la guerre. »

Je me levais d’un geste brusque.

« Mes envies Dame Antaryon ? Je ne le dirais pas à une femme sans cœur pensant pouvoir user de sujets douloureux pour gagner des alliances. Je refuse de négocier quoi que ce soit avec vous. Si les Antaryon souhaitent mon soutien, qu’ils m’envoient quelqu’un qui sait faire ce que vous prétendez savoir faire, je ne ferais pas d’affaires avec votre personne. Récupérez vos cadeaux je n’en veux pas. Que votre frère vienne s’il souhaite mon soutien. Vous venez de me donner qu’une envie : soutenir votre adversaire. Dentdelion, raccompagnez cette personne. »

Je ne la saluai que d’un signe de tête sec avant de m’approcher de la fenêtre pour regarder le paysage du Donjon Rouge alors que mon épée-lige faisait sortir cette petite idiote d’Antaryon de mon espace vitale. Sa famille devait être morte de honte de lui laisser porter le titre de Capitaine Marchand.
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