[Volantis] Supplique à la Lumière de Sagesse | flash

Nymeros observa le grand temple, de l'appréhension dans le regard. Il prit une profonde inspiration. Ce n'était pas la première fois qu'il en franchissait les portes, il était venu prier de nombreuses fois ici, par le passé et depuis son arrivée à Volantis aussi. Mais ce serait sa première rencontre avec Benerro, Flamme de la Vérité. Un honneur immense pour le fidèle croyant de R'hllor.

Il s'avança alors, franchissant les portes, et on lui indiqua où trouver le Grand Prêtre. Nymeros le trouva facilement et s'inclina bas, faisant preuve de tout le respect du monde face à cette figure sacrée.

— Maître Benerro, je vous remercie de me recevoir. C'est un honneur.

Benerro était en pleine prière quand il entendit les bruit de pas derrière lui. Il se redressa lentement de sa haute taille, observant Nyeros qui s'inclina bien bas. Il avait entendu bien des choses sur le jeune homme.

— Messire Antaryon, je suis heureux de vous voir ici, et de ne point me prendre par surprise. Puisse le seigneur de la Lumière vous guider.

Nymeros inclina la tête avec respect.

— Merci, Maître, c'est trop d'honneur.

Un mince sourire aux lèvres, les mains dans le dos, le Renard chercha ses mots pendant quelques secondes avant de reprendre.

— Je ne viens pas innocemment, je dois l'admettre. Vous avez sans doute eu vent de la guerre civile à Braavos, guerre déclarée hélas par ma propre famille. Je viens pour parler avec vous de cette guerre mais aussi de la foi de R'hllor, si vous me permettez de plaider ma cause. Cause qui est aussi étroitement liée au Maître de la Lumière.

Benerro glissa ses mains dans ses larges manches en écoutant les mots du renard, son attention captée par les mots de l'homme.

— Je vous écoute, contez-moi donc tout cela. venez marcher un peu.

Il l'invita à venir marcher à ses côtés, avançant entre les braseros.

Nymeros acquiesça avant d'accompagner Benerro dans sa marche.

— Comme vous le savez sans doute, les Braaviens jouissent d'une certaine liberté de culte. Mais le culte des Chantelunes y est le plus pratiqué. Ma famille vénère plus R'hllor qu'aucun autre dieu, et nous espérons voir cette foi grandir au sein de notre belle cité. Seulement, à l'heure actuelle, le pouvoir des Antaryon est faible : le titre de Seigneur de la Mer est convoité par Tormo Fregar et mon propre cousin, Rhysand Prestayn. En tant que personne, je suis opposé à cette guerre. En tant qu'Antaryon, j'y suis contraint. J'espère un dénouement sans violence. C'est pourquoi je vous demande, au nom de la paix et au nom de notre foi commune, d'envoyer la Main Ardente à Braavos. Si mille soldats sacrés se présentaient à la cité, je doute que quiconque ose faire couler le sang.

Un soupir, une hésitation, et Nymeros reprit plus doucement.

— D'autant que vous devez savoir que j'ai pour allié le dernier Targaryen vivant. Aegon Targaryen, le dernier dragon. Et s'il était Azor Ahai, le champion de la lumière dont nous rêvons tant ? Cet homme a survécu aux dangers de Valyria...

Benerro avança en inclinant légèrement la tête.

— Vous demandez ma Main Ardente, cependant, vous montrerez aussi que les Antaryon ne peuvent qu'user de la violence, quand bien même Braavos est la citée de tous les cultes, cela serait rompre l'équilibre. Benerro écarquilla les yeux à la mention d'Aegon. Aegon Targaryen ? Êtes vous sûr de vous ? Vous a -t-il donné une preuve ?

Nymeros inclina la  tête aux mots de Benerro : celui-ci avait raison et Nymeros n'était pas un homme de mauvaise foi. Il savait que sa famille avait commis de graves erreurs, mais il devait au moins tenter de sauver les meubles.

— Je suis bien conscient de ce qu'a fait ma famille, Maître Benerro. Mais me concernant, je suis un ami de la paix. Peut-être la présence de la Main Ardente signerait-elle la fin des combats, ne serait-ce que par égard envers la foi de R'hllor ?

Un espoir peut-être naïf, mais il devait au moins essayer... Mais la Flamme de la Vérité sembla intéressé à la mention d'Aegon. Une faille, peut-être, à exploiter.

— Je suis certain qu'il est qui il prétend être. Au-delà de ses traits valyriens, il porte l'épée Feunoyr. Et comme je l'ai dit, il a mené une expédition dans les ruines de l'antique Valyria. Il y a perdu nombre d'hommes mais lui, il a survécu. Kinvara, l'une des plus hautes dignitaires du culte du Maître de la Lumière, avait vu en Daenerys Targaryen la réincarnation d'Azor Ahai. Une erreur sans doute, la mère des dragons étant morte. Et si ce champion que nous attendions tous était en fait son neveu? Et si c'était Aegon ?

Benerro resta silencieux un instant en marchant toujours lentement. Ses yeux dans le vague à l'explication de Nymeros. Cela pourrait mettre en danger le culte de R'hllor… mais en même temps, si les légions ardentes apaisaient la situation sans tuer qui que ce soit, Enfin, à voir bien sûr. Mais Aegon…

— Nous pourrons voir pour que la Main Ardente vienne. Cependant, elle rétablira le calme sans tuer qui que ce soit. Quant à Aegon… Feunoyr… Valyria… Elle est morte, Daenerys Targaryen, et n'a pas rompu la roue. Que propose-t-il ?

Le Renard eut un bref soupir soulagé. La Main Ardente saurait peut être rétablir le calme. Eviter une confrontation à laquelle, sans eux, ils étaient condamnés. L'influence de Benerro et du Maître de la Lumière sauraient peut-être tout arrêter. Permettre une trêve, une discussion.

— Je ne demanderai pas à la Main Ardente de se battre, je le jure. Seulement de jouer de leur influence. Puis il sourit faiblement. Merci de votre aide, Maître Benerro.

Mais la question d'Aegon était plus épineuse. Parce que Nymeros lui-même n'appréciait guère le visage qu'il affichait. Sombre. Torturé. Pire, mauvais. Pourtant, il s'éclaircit la gorge et fit mine de rien autant que possible.

— Il souhaite reprendre le trône de ses ancêtres. Sachez que, habituellement je n'ai que faire des histoires de politique ou pire, de guerre. Que j'aspire à une vie d'honnête homme, je ne suis qu'un capitaine-marchand, un marin... Il grimaça légèrement, hésitant dans ses mots. Mais il n'y a rien de plus important que la famille, n'est-ce pas ? J'ai juré à mon père de rentrer à Braavos avec une armée, or je ne sais pas diriger une armée. Aegon, si. J'ai promis que s'il reprenait Braavos pour la famille Antaryon, Braavos soutiendrait ses prétentions sur le trône de fer. Alors je ne sais pas exactement ce qu'il propose, lui et moi ne sommes pas les mêmes hommes. Il est un soldat, moi un marchand. Mais il me semble animé par un désir de justice. Il veut que les choses soient à leur place. Rendre à son nom son héritage. Et surtout, il m'aide, sur la seule base d'une promesse. Alors je ne peux que vous suggérer de croire en lui.

Nymeros se tut enfin, espérant que son plaidoyer saurait convaincre Benerro.

Benerro resta silencieux pendant quelques secondes supplémentaires avant de hocher la tête.

— La Main Ardente se tiendra à vos côtés pour rétablir le calme à Braavos. Il resta silencieux encore un instant avant de hocher la tête. S'il est vraiment ce champion… Les signes sont visibles… Nous le suivrons également s'il a besoin de nous pour Westeros.

Nymeros poussa un profond soupir. Il avait réussi. Il joignit ses mains en prière, inclinant bas le buste devant Benerro.

— Je vous remercie Maître Benerro. Moi, ma famille... Aegon... Nous vous serons éternellement redevables.