[LA TREILLE] J'ai essayé de parler

On m’avait informé que l’un des prisonniers était prêt pour parler avec moi. Bien. J’avais demandé à l’intendant de réfléchir à un problème que j’avais relevé et à Dandelion de prévenir deux septons ainsi qu’une septa pour qu’ils viennent avec moi. J’avançai dans les couloirs jusqu’aux geôles puis à la petite pièce que j’utiliserais pour l’interrogatoire. Il y avait plusieurs gardes, dont deux à l’intérieur, normalement, les fanatiques n’avaient pas eu de contact les uns les autres. Tant. Mieux. J’observai l’homme, c’était un homme tout ce qu’il y avait de plus classique… pourquoi ? Aucune idée, je le saluai :

« Je vous souhaite le bonjour, je suis Desmera Redwyne, seigneuresse et protectrice de La Treille.
- Wyl m’dame. »

Fut sa seule réponse. Je m’assis en face de lui, les religieux s’installèrent derrière moi. Je connaissais l’homme, ou du moins sa famille. Je soutiens son regard sans frémir une seconde, c’était lui qui devrait me craindre… non ?

« Wyl… Ton père travaille dans les vignes à l'ouest d'ici, n'est-ce pas ? Je crois même que tu as une sœur qui travaille dans une auberge. Aucun mal ne te sera fait. Ni à toi, ni à eux. J'ai seulement des questions à te poser.
- Ma famille n'a rien à voir avec ce que j'ai fait… »

Oui, sa famille n’avait rien à voir avec ce qu’il avait fait… J’espérais pour lui du moins et j’inclinai la tête alors qu’il semblait mal à l’aise, il détournait les yeux.

« Qu'est ce que vous voulez savoir ? »

Tout. Tout ce que tu peux savoir… Mais rassurons-le d’abord, n’est-ce pas ?

« Je le sais bien, c'est pour cela que devant les sept je te promets qu'aucun mal ne leur sera fait. As-tu été bien traité ? »

Je parlais toujours d’un ton calme et neutre. Il fallait le mettre en confiance.

« J'étais venue écouter vos revendications la dernière fois. Je suis venue à nouveau te les demander Wyl. Qu'est-ce que vous souhaitez. »

Il semblait sûr de lui, même s’il n’était pas à l’aise, tant mieux quelque part… J’attendis sa réponse :

« Je le suis m'dame Redwyne... Je ne vais m'plaindre. »

Au moins était-il bien traité… mes ordres étaient respectés… Il était tout voûté et se frotta la nuque, mal à l’aise.

« Je ne peux parler que pour moi m'dame. La foi est importante et l'étoile à sept branche c'est elle qui nous guide… »

Des mots creux. Parfaitement creux. Parce que cela ne voulait rien dire ici pour eux. Ils s’en servaient simplement comme prétexte. Ici tout le monde était bien traité… N’est-ce pas ? Mais j’inclinai doucement la tête pour le rassurer. Je désignai les septon et la septa derrière moi :

« J'entends bien cela Wyl. La foi des Sept guide également mes pas et me guide. J'essaie de faire de mon mieux pour avancer à leurs côtés. C'est pour cela que je souhaitais vous écouter et vous comprendre. Puisque qu'ici les sept sont rois… Alors, j'essaie de comprendre. »

Je ne comprenais pas tout ce qu’il voulait dire… Cela n’avait aucun sens que les rebelles soient furieux ici…

« Vous êtes bien traités ici… Je ne vous écrase pas d'impots, j'essaie de faire en sorte que vous ayez tous à manger et la sécurité, que vous puissiez prier… Alors je souhaite comprendre. Sincèrement. »

Il semblait fatigué et me regarder de hauts.

«     Vous ne comprenez pas ? Ils sont venu jusqu'à nous pour nous guider. Ils ont foi, la vraie Foi pas celle que les grands seigneurs font semblant de célébrer… »

Je restais silencieuse puisqu’il fit une pause avant de reprendre :

«     Nous cherchons à rétablir la vraie croyance, celle qui nous permet de nous rapprocher au plus près des Sept. Pour ça'nous autres nous devons purger le Bief et l'royaume des incroyants. »

Non sens que cela ait lieu dans le Bief. Le conflans, pourquoi pas, le Val encore ! Mais le Bief ? Qu’importe. Je croisais mes mains sur mon ventre.

« Vous voulez purifier sûrement le royaume le plus croyant des incroyants. Si vous vous étiez attaqué au Nord... J'aurais pu le comprendre. Mais ici ? A La treille ? Où je fais de mon mieux pour protéger les sept ? Ou nous prions tous en cœur ? Suis-je donc pour vous si peu croyante ? Pensez-vous que je fais semblant de croire ? Wyl. Regardez-moi. Pensez-vous vraiment que je ferais venir des gens dont les maisons ont été brûlées par ceux qui selon vous ont la vraie foi ... Si je ne l'avais pas moi-même ? Donnez du pain a ceux qui n'en ont pas. N'est-ce pas ce que j'ai fait ? N'ai-je pas tenté d'aller vers vous dans la paix ? »

Il pesta, peste si tu veux, j’ai très envie de m’arracher moi-même les cheveux… Qu’importe.

«     Votre foi n'est rien face à celle que nous défendons. Embrassez la foi comme nous l'avons fait, montrez nous le chemin m'dame Redwyne comme de nombreuses autres maisons l'ont fait. Les incroyants mourront. Les égarés se joindront à nous quand ils auront entendu les saintes paroles du Berger… »

Je restais silencieuse un long moment. J’essayais vraiment de discuter, de les aider, de les comprendre… Mais j’avais l’impression que c’était sans aucune logique… S’ils étaient un danger pour les autres… J’essayais de le raisonner rien qu’un peu :

Et les enfants ? Ne sont-ils pas innocents ? J'ai entendu plusieurs de mes gens dirent que des enfants s'étaient retrouvés pris dans ces affrontements, certains ont été gravement blessés Wyl… Des enfants. »

J’essayais malgré tout encore une fois de tendre la main :

« Et si je souhaite parler à vos chefs. Comment pourrais-je le faire ? »

Il semblait… épuisé…

« Oui des enfants... bien des innocents meurent malheureux que nous sommes. »

Je me mis à le haïr à cet instant… Il trait cela par-dessus la jambe.

« Je ne sais pas m'dame… »

Je frappais du poing sur la table, dans une rage froide

« Malheureux que vous êtes ?! Pensez-vous à la douleur des parents ?! Des familles qui n'ont rien demandé ?! Ne pensez-vous que La Treille n'a pas déjà assez souffert avec les attaques de Fernés ! Vous deviez en rajouter ?! Tuer des enfants qui ont eut le seul malheur d'être sur votre route ?! »

Et pourtant… j’essayais… J’essayais encore une dernière fois…

«  À qui pourrais-je m'adresser pour au moins avoir discuter »

Il s’en moquait… il se moquait de tout…

« C'est trop tard... »

Trop tard ? Je refusai cela… Je serrais les dents…

« Aux Sept m'dame, adressez vos prières pour qu'ils soient miséricorde avec vous et ceux qui mériteront une place à leurs côtés. »

Je me levai en le fixant froidement.

« Puissent les sept être miséricordieux avec tous ceux le méritant. »

Rétorquais-je en sortant d’un pas rapide. Les septons et la septa me suivirent et j’avançai rapidement. Guilheum aurait du travail.