[Près de Salvemer][FB] Brun et Bryn sont sur un bateau ◈ pv Brunhild

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Salvemer s’éloignait sous ses yeux noisette, et un rictus balafra son visage un instant. Enfin il se cassait loin de tout ce merdier. Loin de Corneilla, de sa famille, de ses obligations. Loin de sa fille, aussi, songea-t-il amèrement. Penser à elle lui causa une grande peine, car il avait beau l’aimer, la pauvre Taela méritait un meilleur père que lui. Elle n’avait que cinq ans. Deux ans qu’il l’avait rencontrée, et c’était déjà la deuxième fois qu’il l’abandonnait, seule auprès des autres Nerbosc. La première fois n’avait pas tout à fait été de son fait, enfin, si, Brynden voulait partir – mais avait appris en chemin que les Tully levaient le ban. Mais il l’abandonnait encore.

Sa pauvre petite. Il se ferait pardonner en lui ramenant un cadeau. Lequel ? Oh, là où il allait, il trouverait bien. Où allait-il, déjà ? Il ne savait même plus. Au sud, en tout cas. Il s’était suffisamment gelé les miches dans le Nord lors de ses derniers voyages, il espérait les prochains un peu plus ardents.

En parlant d’ardeur, il lâcha du regard les remparts de Salvemer en voyant une jolie paire de fesses se balader sur le pont. Dans toute sa délicatesse, Brynden se retourna pour reluquer la demoiselle, et sans plus réfléchir, il lui emboîta le pas. Elle s’appelait Rhea. Ou Raya ? Randa ? Il l’oublia vite. Tous deux se prirent à discuter, d’abord sur le pont, puis dans la cale du navire. La belle brune avait une délicieuse chute de reins, et une sacrée descente pour un si petit gabarit. Elle lui servit du vin qu’elle se permit de dérober et, au fil de la conversation, laissa entendre qu’elle était la fille du capitaine. Brynden songea que c’était bien pratique.

Après un long moment de discussion où le Riverain usa et abusa de sourires et de petites provocations, la jolie dame le gratifia d’un baiser chaste qu’il prolongea vite. Il n’avait pas de temps à perdre – sa vie avait été plutôt merdique les derniers mois et il avait une certaine pression à relâcher. Ce petit cul ferait l’affaire.

Très occupé avec la demoiselle, Brynden trouva à un moment que les bruits de pas sur le pont au-dessus de leurs têtes s’intensifiaient. Ils faisaient un boucan du diable ! Cela aurait au moins pour effet de camoufler les bruits de leurs ébats, Rhea-Raya-Randa couinait plus qu’elle ne gesticulait. Puis l’Ours sentit finalement que c’était mouillé. Pas mouillé, mouillé. Il fronça les sourcils quand le vantail de la cale s’ouvrit en grand. La lumière entra et lui fit enfin comprendre qu’il y avait effectivement de l’eau partout. Brynden repoussa Rhea-Raya-Randa qui s’était mise à hurler, et d’un geste maladroit, il remonta ses braies avant de remonter sur le pont.

Les marins couraient, en panique, alors que l’eau gagnait le navire. Dans les cris affolés, il crut comprendre que de l’eau s’était infiltrée – comment, où, pourquoi il n’en savait rien – dans le navire. Brynden songea un instant à rire de la situation, non pas que cela soit drôle – mais sa période de galère semblait loin d’être terminée.

Baelor Noirmarée était devenu un beau jeune homme, mais sa mère ne le reconnaissait plus. Oh, elle reconnaissait les traits de son enfant parti vivre au loin pendant près de huit ans et revenu depuis quelques années déjà sur son Île dont il était le Seigneur à présent. Il en était le Lord de droit, mais pas de fait car il peinait à gagner la loyauté des Fer-Nés qui voyaient d’un fort mauvais œil cet adepte des Sept revenu au bercail plus proche dans son esprit des nobles des contrées vertes que des îliens. Sans le soutien indéfectible de la blonde, il ne serait déjà plus là pour imposer ses lubies. Elle tenait encore et toujours la barre, louvoyant entre lui et les autres pour que tout fonctionne malgré le gouffre qui s’était creusé et qui continuait de se creuser, y compris entre elle et son fils. Il ne sentait même plus les embruns. Où donc était passé le gamin prêt à tout pour plare à son illustre père ? Il était mort à Villevieille et ces maudits Hightower l'avaient façonné à leur image, exécrable, imbu de sa personne, irrespectueux et pensant que tout lui était dû comme à un seigneur du continent.

__ Un septuaire ? Et puis quoi encore ! Tu t'es cru à Villevieille ?!
__ Si j’avais été un Hightower je t’aurais mise au pas depuis longtemps. Tu ne porterais ni armes ni armures et tu saurais rester à ta place. Mais père ne t’a jamais appris à rester à ta place. Tu me fais honte avec tes tenues et tes manières d’homme.

Brunhild, furieuse, attrapa son fils par le col et le secoua pour lui faire entendre raison.

__ Je me bats pour maintenir ton fief à flot pour toi depuis plus de dix ans et à chaque fois tu mets en danger l’unité de nos gens avec tes décisions de merde !
__ Tu es seulement ma mère, tu n’as pas voix au chapitre !

Le jeune homme se dégagea de la poigne de fer de sa génitrice.

__ Je suis ta mère oui, et tes hommes me respectent plus qu’ils ne te respectent. Alors demande toi pourquoi !
__ Je fais ce que je veux ! Je suis le seigneur de Noirmarées !

Fit-il en se montrant du doigt avant de désigner l’épée dont le pommeau était orné d’une malachite verte.

__ Redescend Baelor ! Ton septon n’est déjà pas le bienvenue, mais alors construire un septuaire, ce serait déshonorer ton père !
__ Mon père s'est déshonoré tout seul en t’épousant et en participant à la rébellion.

Brunhild retourna une puissante gifle dans le visage de Baelor. Cette fois c’était trop, elle n’avait rien à prouver et pouvait encaisser les insultes, ne voyant dans ses mots odieux que les mauvaises graines semées par les Hightower. De plus, elle détestait frapper son fils qui était désormais un homme fait, mais il dépassait les limites en insultant son père que la blonde avait aimé dès le premier regard et tout le temps que le noyé leur avait octroyé ensemble.

__ Que ça te plaise ou non, c’est en les Sept que je crois !
__ Les Sept n’existent pas, ici il n’y a que le Noyé ! Ces faux Dieux te feront tuer !
__ Le Noyé est un faux Dieu…

Ouvrant de grands yeux, elle attrapa à nouveau Baelor par le col et lui mit un coup de tête dans le nez. Il tomba, inconscient et le nez en sang. Brunhild le regardant inerte, serra les dents. Elle se détourna de lui et ouvrit la porte à la volée. Ces ordres tonnèrent dans le château :

__ Qu’on prépare la Marée Sanglante, la Sirène du Noyé, le Grain Noir et Lady Janyce pour le départ ! Et qu’on me trouve ce putain de Septon !

A deux doigts de tuer son propre fils unique, elle préférait partir, mais elle comptait bien lui montrer que les Sept n’existaient pas.

Quelques heures plus tard, Baelor s’était réveillé. Il était nettement moins enclin à s’opposer à sa mère devant tous les marins et les guerriers de Noirmarées avec le nez cassé et le visage tuméfié. II resta donc sagement dans sa chambre des appartements seigneuriaux malgré la scène qui se déroula sous ses yeux. En effet, une fois l’homme de foi débusqué, Brunhild ordonna de l’attacher et de le clouer à la figure de proue du Vent Noir. Puis, après un bref coup d'œil,  la fenêtre d’où elle savait parfaitement que son fils l’observait, elle monta sur son boutre et prit la mer.

__ Cap sur le Conflans !

Deux jours plus tard, le septon, toujours attaché à la figure de proue, était certainement mort ou pas loin et des nuages noirs s'amoncelèrent au-dessus de la flottille. Ce n’était pas la première tempête de Brunhild, ni d’aucun de ses hommes, par prudence, elle essaya de la contourner, mais le vent se levant et la mer grossissant, Lady Janyce fut bientôt séparée des autres boutres et emportée dans le centre de la tempête. Les voiles des trois autres navires furent alors abattues et les marins prirent les rames pour tenter d’affronter les grosses vagues qui submergeaient en partie le pont. Brunhild attacha une corde à sa taille mais resta à la proue pour tenter d'apercevoir le boutre perdu. Elle vit une ombre au loin.

__ 15 degrés tribord ! Souquez !!

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La tempête hurlait. Les nuages noirs pesaient sur le ciel, comme menaçant de s’effondrer sur eux. Brynden se sentit con, au milieu du pont où l’eau montait. Ou peut-être le navire coulait-il. Ou peut-être les deux. Peu importait. Il n’avait pas le pied marin, ne connaissait foutrement rien aux bateaux et ne les empruntait que pour s’éloigner au maximum de ses obligations. Et il se trouvait maintenant dans une belle merde. Il entendit Rhea-Raya-Randa couiner en sortant de la cale et il tourna à peine la tête vers elle pour comprendre combien la demoiselle était bête – elle avait encore une mamelle à l’air et se rhabillait maladroitement en s’extirpant de la cale. Brynden fit mine de rien tandis que le capitaine son père hurlait et jurait – après elle ou la tempête, cela restait à voir.

L’Ours dut trouver une solution. Enfin, il commençait à se dire qu’il allait probablement crever bêtement ici et que Tytos aurait une bonne raison de le maudire, m’enfin, il voulait au moins tenter quelque chose pour sa survie.

Il se saisit d’un seau qui traînait sur le pont et le remplit d’eau avant de la jeter par-dessus bord. Effort inutile, il n’y avait rien à faire : les vagues se faisaient plus féroces et le navire, non content de tanguer follement, commençait à sérieusement pencher vers l’avant, peut-être alourdi par l’eau qui stagnait sur le pont. N’y avait-il rien à faire ?

Dans un ronflement agacé, Brynden songea qu’il aurait dû finir ses affaires avec Rhea-Raya-Randa plutôt que de crever les couilles pleines.

Et là, comme un mirage, un navire apparut au loin. Sans se poser de questions, le Riverain commença à faire de grands gestes avec les bras en beuglant vers le vaisseau qui perçait la noirceur alentour. Si quelqu’un sur ce navire pouvait attirer l’attention de celui au loin, c’était lui : avec un peu de chance, la tonitruance de sa voix, travaillée par une pratique assidue du chant de taverne, saurait les interpeler.

Il l’espérait, en tout cas. Comment la petite Taela ferait-elle sans lui ? Tytos s’occuperait-il de sa petite-fille, même si elle était bâtarde ? Puis, putain. Crever les couilles pleines, non merci.

Le vent soufflait bien trop fort pour que qui que se soit entende l’homme qui s’agitait sur le pont, mais Brunhild sut qu’il ne s’agissait pas de Lady Janyce. Elle avait fait abaisser les voiles pour ne pas chavirer et les rameurs avançaient aussi vite que possible dans la tempête, s’approchant bientôt assez près pour pouvoir lire le nom. Mais elle l’avait vu à sa ligne bien avant qu’ils n’arrivent dessus et ses hommes également. La Marée Sanglante barrée par son second, la blonde donnant le cap en hurlant, elle aussi, pour rester face aux vagues, ils traversaient ce violent grain pour sauver un navire qui n’étaient pas des leurs parce qu’ils étaient marins avant d'être pirates, parce qu’ils étaient des gens de mer avant d’être des pillards sanguinaires. L’océan rendait humble et solidaire, parce que devant sa puissance déchaînée, nul ne pouvait faire le fier.

Ce n’était d’ailleurs pas le cas du cadavre de septon en robe de bure ficelé et cloué sur la figure de proue, mais qu’importe que sa tête soit prête à se détacher après avoir été tant et tant frappée par les vagues qu’il ne ressemblait plus à rien. Qu’importe que la robe soit arrachée et qu’il n’en reste que quelques lambeaux, qu’importe qu’il ait un bras arraché et une jambe brisée en mille morceaux, comme liquide. Il était là, rappelant à ceux qui n’auraient pas remarqué qu’il s’agissait d’un boutre fer-né aux boucliers couleurs de Noirmarées et à la coque rouge sang. Un boutre qui, fut un temps, avait terrorisé les riverains et les marins de tout bord. Mais aujourd’hui, alors qu’il chevauchait les énormes vagues écumeuses et retombait dans un grand fracas dans leurs creux tandis que les hommes s'accrochent tant bien que mal au bastingage, aujourd’hui, la mort n’était pas sa mission.

Brunhild ajusta plusieurs fois la trajectoire pour prendre les déferlantes de face et éviter que le boutre ne chavire, mais finit par rejoindre l’embarcation en perdition et entreprendre une manœuvre pour l’approcher d’aussi près que possible. Elle entendit les hurlements, ou plutôt des beuglement, sur le pont, ceux d’un grand brun notamment. Elle se rendit rapidement compte que la bateau commençait à prendre du gît et à piquer de l’avant. Un violent coup de vent brisa le mat qui vint s’abattre à quelques mètres seulement du Vent Noir. Quelques marins paniqués tombèrent à l’eau sous l’effet d’une nouvelle vague et les Fer-Nés en repêchèrent quelques-uns pendant que leurs camarades étaient submergés par les vagues. Ainsi la Sirène Sanglante apprit que le bâtiment prenait l’eau et qu’ils n’étaient pas parvenu à trouver la voie d’eau. Hélas, la coque tanguait tant et plus qu’il devenait de plus en plus dangereux de s’en approcher, elle ne pourrait pas rester au contacte sur cette mer déchaînée. Mais elle ne pouvait pas laisser des marins périr en mer sans au moins essayer de les secourir, alors elle réunit quelques guerriers et monta sur le navire en contre-haut à l‘aide de grappins. Armés de cordes et de haches, ils mirent bientôt les pieds sur le pont de la cogue.

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Fut-ce la puissance de son cri ? Ou la vigueur de ses gestes ? Peu importait, au final, car le résultat était là : le navire au loin s’approcha, bravant les vagues hautes pour venir à leur secours. Brynden eut un sourire derrière son soupir : ils étaient saufs. Enfin, presque tous. Il entendit un gémissement bien connu, et vit Rhea-Raya-Randa glisser le long du pont qui tanguait de plus en plus à mesure que le navire coulait. Dans un élan chevaleresque, Brynden la regarda disparaître, avalée par les flots sombres. La bouche ouverte, cramponné au bastingage, il songea à sa chute de reins et hésita à sauver la donzelle. Puis se rappela qu’il n’était pas très bon nageur.

C’était dommage.

Il pleura Rhea-Raya-Randa une seconde, puis cilla pour mieux l’oublier, dardant un regard plein d’espoir sur leurs sauveurs. À mesure que le navire approchait, Brynden put découvrir la surprenante figure de proue. Sous les embruns qui picotaient ses yeux, il les plissa pour mieux voir – était-ce un homme, cloué au bord du navire ? Oh, merde. Se pourrait-il que…

— Des pirates !, hurla un gamin à l’accent du fin fond du Conflans.

L’Ours papillonna des yeux, songeant que le gosse était parfaitement demeuré. Des pirates, si proche de Salvemer ? Il y avait peu de chances. Par contre, au beau milieu de la Baie du Fer-Né, il n’était pas rare de croiser – oh surprise – des Fer-Nés. Pas les personnes les plus fréquentables, mais à la vue des grappins qu’ils avaient déployés, le peuple insulaire venait pour les sauver et non pour les piller. Ou alors, ils étaient particulièrement cons – un navire qui coulait en pleine tempête n’était pas la proie la plus intéressante pour des pillards.

Fermement cramponné pour ne pas finir comme celle qu’il faillit déflorer, Brynden plissa les paupières vers ceux qui venaient pour les aider.

— Celui qui me tire de là, non seulement je le paye, mais en plus je le suce !

Un rire gras – il n’était nul esprit de panique pour lui arracher son humour. Et merde, il allait vivre !

En entendant un type dire que celui qui le tirait de là il le payait et il le suçait, Brunhild leva la tête vers le grand brun tout mouillé mais pas moins sexy pour autant même s’il semblait un peu paniqué et un sourir carnassier se dessina sur ses lèvres. Joren se mit à rire et Soren dit :

__ Celui-là, il est pour Brun.

Les Fer-Nés, Brunhild comprise, se mirent à rire, mais un coup de tonnerre accompagné d’une déferlante ramena un peu de sérieux dans les rangs. La vague emporta quelques marins de plus, les Fer-Nés plantant leur hache dans le pont pour ne pas être emportés. La blonde se releva rapidement et se planta sur ses deux pieds.

__ Messieurs, ceci n’est pas un abordage ! Si vous voulez vivre aidez mes hommes !

Gueula Brunhild d’une voix aussi forte qu’un habitué des chansons de taverne ou un simple capitaine pour qui beugler contre le vent n’était pas une première. Ces hommes justement. L’un était en train d’attaquer le mât de misaine à la hache tandis que deux autres tiraient les bouts pour s’assurer qu’il ne tombe pas sur le boutre, mais de l’autre côté. Sans cette manœuvre de prévention, il était trop risqué de rester au contacte de la cogue, si le mat se cassait du mauvais côté, ils seraient tous perdus. Les deux derniers étaient en train de couper toutes les cordes qui retenaient la voile au mât.

Voyant que les Fer-Nés n’étaient que six à être monté à bord et qu’ils ne faisaient preuve d’aucune agressivité, la plupart des marins restèrent bras ballant sans savoir quoi faire. Certains sortirent des armes de fortune pour se défendre et d’autres paniquèrent et sautèrent par-dessus bord en espérant que la mer serait plus clémente que les insulaires. Brunhild regarda les premiers avec un sourire, des offrandes au Dieu Noyé pour apaiser la tempête, c’était sympa, même si leur couardise en ferait de piètres sacrifices. Elle se plaça entre eux et ses hommes la main droite sur sa garde prête à dégainer, sa hache dans l'autre main, Elle hocha la tête et attendit que l’un fasse un pas vers elle avec un sourire mauvais, fallait bien s’amuser, même si elle n’avait pas que ça à foutre vue l'urgence de la situation. Un marin eut la mauvaise idée de tenter sa chance contre, je cite “Cette salope de Fer-Née”. Brunhild sortit son épée, para son coup avec et lui planta sa hache dans le crâne. Putain ce qu’elle pouvait aimer ça quand le sang giclait sur son visage. Elle lécha les gouttes qui coulaient sur sa lèvre.

__ Quelqu’un d’autre veut jouer avec moi ou on peut arrêter les conneries maintenant ?

C’était encore loin d‘être gagné qu’ils puissent tous les sauver, mais le plan était en route, l’idée étant de fabriquer un toboggan de fortune avec la voile pour permettre à tous de glisser sur le boutre avant que l’autre navire ne coule. Cela permettait à la Marée Sanglante de rester relativement loin et à ces riverains très certainement peu habitués à descendre des cordages parfaitement instables au-dessus des vagues déchaînées de survivre. En théorie. Mais il fallait se hâter, car la cogue piquait sévèrement du nez.

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Les Fer-Nés confirmèrent ce qu’il pensait quand une voix féminine beugla qu’il ne s’agissait pas d’un abordage. Rien de surprenant, comme dit, ce n’était pas un navire déjà à moitié coulé qui allait les intéresser. Brynden eut un bref soupir soulagé – crever, c’était une chose, mais de la main d’un Fer-Né… Qu’y avait-il de pire ? Il lista mentalement les Frey, les Bracken, les Tully, les Lannister, et un bon paquet d’autres gens tout aussi sympathiques qui s’étaient attirés sa haine. Un Fer-Né, pas si pire. Mais il ne mourrait pas ce jour, soit.

Obéissant à l’aveuglette, il ne connaissait foutrement rien aux navires et à la mer, il se jeta près du mât du bateau et commença à aider ceux qui coupaient les cordages. Il n’avait pas de couteau ni de hache, seulement son immense espadon. Ça ferait le travail. De grands coups de lame, il imita les insulaires et aperçut du coin de l’œil la femme qui avait gueulé juste avant.

Derrière ses hardes et son armure, ses cheveux emmêlés par le vent, elle avait le minois charmant et une sacrée paire de loches. Il sourit un instant avant qu’elle ne plante sa hache dans le crâne d’un malheureux. S’il pensait au départ avoir affaire à une sacrée femme de poigne, il se ravisa : c’était une vraie cinglée. Soit. Tant qu’il survivait.

Il trancha un cordage de plus, les paupières plissées par les embruns qui attaquaient ses yeux.

— Et après, m’dame capitaine ?

La voix enrouée par le vent, il y avait toujours dans son ton quelque chose de rieur, qu’on ne lui retirerait jamais. La seule fois où il avait perdu de sa superbe, c’était bien quand deux de ses frères étaient morts à la suite. Mais il tentait d’effacer tout ça, maintenant.

L’épée tirée, une main fermement crochetée à une des cordes encore tendues, titubant un peu sur le pont qui branlait sous les saccades des vagues, il tenta de discerner celle qui paraissait diriger les opérations. Elle s’y connaissait sans doute plus que lui dans ce domaine.

Une fois le premier type abattu, au moins, plus personne n’osa attaquer Brunhild. Passé un petit temps de réflexion intense, les moins motivés des marins se mirent tous à aider et la voile fut détachée en quelques instants. Alors elle rangea son épée et aida ses hommes à faire tomber le mât de misaine dans le bon sens. Elle se faisait balader par les violents mouvements du bateau sans que cela semble la perturber plus que ça. Avec ces hommes, elle passa les cordages accrochés au mât dans le bastingage pour plus de sécurité, ainsi ils pourraient s’y accrocher pendant qu'ils tiraient dessus.

__ Dégagez !

Fit la veuve avant que le mât ne tombe dans un grand fracas en emportant une partie du bastingage. D’un coup de hache elle coupa son bout pour pouvoir le récupérer et les autres firent de même. Heureusement, car pendant ce temps, les autres avaient déjà attaché leurs cordes à la voile, mais il allait manquer du mou. Ils se mirent donc en quête d’autres cordages et enjoignirent les marins à faire de même. Il faudrait faire plusieurs nœuds solides pour avoir la longueur nécessaire. C’est tout naturellement qu'elle donna le sien au beau brun gueulard et hirsute qui lui faisait maintenant face. Sa réflexion fit rire la Noirmarées qui lui répondit en lui donnant son grappin.

__ Prends ça et accroche le au bout de la corde. Va falloir les balancer sur le boutre.

Une déferlante fit tellement gîter le bateau qu’il manqua de se retourner et Brunhild s’accrocha de toutes ses forces à Brynden avant de planter sa hache dans le bout restant du grand mât pour s’assurer elle et attrapper le Nerbosc par la ceinture avec l’autre main pour l’assurer lui. Hors de question que son repas passe par dessus bord. Bon par contre, elle n’avait pas envie de crever bêtement, donc il fallait qu’elle règle ce problème. Alors une fois le bordel qui avait emporté plusieurs hommes passé, heureusement, pas un Fer-Né.

__ Putain de merde, ça commence à me faire chier !

Brunhild courut vers la barre et essaya de mettre le bateau face aux vagues. Avec la coque probablement percée à l’avant, ça n’était pas l’idéal, mais au moins, ils finiraient pas tous sous l'eau à la prochaine grosse vague. Ce ne fut pas sans mal dans la mer déchainée, mais elle finit par y parvenir. Ainsi, pendant que ces gars expliquaient aux autres ce qu’il fallait faire, à savoir lancer les cordages attachés à la voile jusqu’au boutre, elle tenait la barre. Le capitaine avait dû être emporté entre-temps, sinon il y serait certainement, en tout cas c’est ce que pensait la blonde.

__ Accrochez-vous !

Un nouveau mur d’eau submergea le pont et lorsque le bateau retomba dans le creux de la vague, Brunhild fut soulevée du pont et violemment projetée contre la barre. Erik, qui tenait la voile hurla :

__ Brunhild !

Mais elle ne se releva pas.

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Le mât s’écroula dans un bruit terrible, les craquements du bois se mêlant aux hurlements de la tempête autour d’eux. La question de Brynden fit rire la capitaine, qui lui donna un grappin. Il hocha la tête en obéissant. En s’exécutant, il songea que Tytos aurait tiré une sacrée gueule : son fils aîné savait obéir ! Pas à lui, en tout cas. Il fallait dire, aussi, qu’il était cette fois question de survie. Et que la dame en savait sans doute vachement plus que lui sur les bateaux. Lui savait payer un capitaine et grimper sur un navire, il ne connaissait rien à la gestion de celui-ci, à la capitainerie… Ou disait-on capitanat ? Peu importait.

Il accrocha le grappin au bout d’une corde. Mais une vague plus haute que les autres secoua le navire. La Fer-Née s’accrocha à lui d’une main, planta sa hache de l’autre, pour se maintenir debout. Il la regarda courir à la barre et obéit aux autres insulaires : il lança son cordage en direction de l’autre navire. Du coin de l’œil, il vit la capitaine être soulevée du pont par une autre vague. Un bref rire passa les lèvres de Brynden alors qu’il songeait que ça, c’était un sacré bout de femme.

Mais il constata qu’elle ne se relevait pas. Merde.

Il hésita. Songea à continuer sans elle. Puis se ravisa. Il allait pas la laisser là, quand même… Malgré le vent et le tumulte des flots qui secouaient incessamment le navire, Brynden avança d’une démarche cahotante sur le pont. Plusieurs fois, il manqua de glisser, mais parvint à se rattraper autant que possible sur tout ce qu’il pouvait trouver sur son chemin : un bout de garde-corps, une aspérité dans le bois, même la tronche d’un marin – qu’est-ce qu’il foutait sur son chemin ce con – puis il parvint à se hisser au niveau de la barre.

Le geste maladroit, l’Ours secoua un peu la Fer-Née par l’épaule.

— Hé ! C’pas le moment de ronfler !

Mais elle ne réagissait pas. Brynden se trouva un peu désemparé, puis se ressaisit vite : il n’avait pas le pied marin, n’avait jamais prétendu être un génie… Mais il était fort. Ça, c’était sûr. Il attrapa le corps de la femme et la jeta sur son épaule avant de traverser de nouveau la tempête. D’une main dans le dos de m’dame capitaine, il la maintint contre lui, et de l’autre, il s’accrocha de nouveau à tout ce qu’il trouvait. Puis il revint vers les autres.

— J’ai l’paquet, on peut y aller !, beugla-t-il à travers la tempête.

A force de faire l’imbécile sur un navire en perdition en plein milieu d'une violente tempête, il devait bien lui arriver des noises. Faut dire que la blonde n’avait jamais tellement eu froid au yeux, et comme tout bon Fer-Nés, elle serait trop honorée de mourir noyée comme son Dieu pour refuser une petite confrontation avec l'océan. Mais son entrevue avec la barre du navire fut de courte durée et clairement, la barre avant gagné le combat, mettant la Noirmarée au tapis d’un seul coup. Erik ne pouvait pas lâcher la voile, la survie de tous en dépendait et vu le vent, elle aurait tôt fait de s’envoler, mais avant qu’il ne puisse confier son bout de tissu à son voisin, ce dernier décida d’aller secourir Brunhild. Il le surveilla tout de même du coin de l'œil tout en attachant la voile au bastingage pour en faire une sorte de toboggan géant jusqu’au boutre en contre bas où les autres passaient les cordages dans les taquets pour tendre la toile.

Les hommes de la Marée Sanglante invitèrent les premiers passagers à glisser pour quitter le bord, ils hésitèrent un moment mais les Îliens les pressèrent quelque peu et finalement, un craquement sourd provenant de la coque de commerce les décida à fuir au plus vite. Ainsi débuta l’évacuation qui se poursuivit jusqu’à ce que l’ours du Conflans revienne avec la Sirène Sanglante sur l’épaule. Cette dernière avait une belle entaille au front et elle ne s'était visiblement pas réveillée quand Brynden l’avait secouée. Mais elle commençait à grogner, c’était bon signe. Les Fer-Nés remercièrent le bons gars qui avait secouru leur capitaine et Erik ajouta.

__ Merci mon gars. Par contre fais gaffe, elle se réveille je crois.

Brunhild ouvrit un œil, puis l’autre et son réflexe fut de descendre illico de l’épaule du grand brun. Elle le fixa d’un air étonné, il lui fallut quelques secondes pour remettre ses idées en place et se souvenir de ce qu’elle était en train de faire avant de perdre connaissance. Et franchement entre-temps, le fait d’avoir été portée par un sombre inconnu lui mit quelque peu les nerfs en pelote. Sauf que l’absence de réaction de ses hommes était une preuve suffisante pour elle qu’il n’avait rien fait de mal, et donc qu’elle n’avait pas besoin de l’ouvrir en deux. Perplexe tout de même, elle se rendit compte que la tempête était probablement une bonne raison aussi, de ne pas l'engueuler. Voyant bien qu’elle était un peu paumée, Erik lui expliqua

__ Tu t'es mangé la barre, il est parti te récupérer.
__ Ah…

Fit-elle.

__ Heu… merci. Après toi.

Ajouta-t-elle après un long moment de réflexion à le fixer sans trop savoir quoi dire. Avec un vague sourire se voulant reconnaissant mais ressemblant plutôt à celui d’un loup montrant les crocs, elle désigna le toboggan de fortune pour qu’il rejoigne le boutre.

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Brynden revenu auprès des Fer-Nés, ceux-ci le remercièrent. Il gonfla les joues dans une grimace incertaine, il n’avait pas fait grand-chose si ce n’est sauver le cul de celle qui lui avait sauvé le cul. Il n’était pas un chevalier, en fait, si, mais il n’était moralement pas le plus chevalier des chevaliers : sauver la veuve de l’orphelin, ce n’était pas trop son truc en temps normal, il avait suffisamment guerroyé à cause de la naïveté d’un Stark, maintenant il espérait bien se poser dans un endroit assez riche, goûter à des bières et autres alcools exotiques, et se reposer avec les doigts de pied en éventail. Il l’avait sauvée parce que… Oh, peut-être avait-il un petit côté chevaleresque au final.

Merde.

Elle grogna contre son épaule, et sans qu’il n’ait eu le temps de faire quoi que ce soit, la capitaine descendit de son épaule. Brynden la sonda un peu du regard. S’il se fiait à son regard, elle était paumée et ne savait pas si elle devait lui mettre une mandale. D’un regard un peu benêt, l’Ours lui demanda de ne pas le faire. Pas qu’il craignait qu’elle le blesse, il avait probablement dû voir pire et un gaillard de sa stature savait encaisser les chocs… Mais tout de même. Une beigne pour un sauvetage, ça lui paraissait fort mal payé.

Elle le remercia et Brynden étala à ses lippes une sorte de sourire grossier.

— Bah, heu… De rien, hein.

Il l’observa encore un instant, avec son sourire carnassier, se demandant si elle le sauvait pour mieux le bouffer – peut-être serait-il plus en sécurité en sautant à l’eau ? L’Ours jeta un œil aux flots déchaînés, et décida que finalement, il préférait être dévoré par les Fer-Nés que par ces vagues outrageusement hautes. À la capitaine, il adressa un hochement de tête entendu et se laissa glisser sur la rampe improvisée entre les deux navires.

Une glissade plus tard, Brynden atterrit sur ses pieds sur le boutre Fer-Né. Les poings sur les hanches, il regarda le navire Riverain qui coulait toujours, sévèrement abîmé par la tempête. Il mit ses mains en porte-voix et se décida à encourager la cinglée blonde :

— Hé, attention à la tête cette fois, hein !

L’Ours brun ne devait pas être bien habitué à sauver des donzelles et Brunhild n'était pas tellement habituée à ce qu’on la sauve. L’échange fut donc bref, mais courtois, elle ne lui mit pas son poing dans la gueule et c'était déjà pas mal. Par contre, derrière, les autres Fer-Nés étaient pliés en deux de rire devant la gêne des deux rustres et rassurés de voir leur capitaine saine et sauve, il s’amusaient de ce manège. Elle avait une belle entaille au front, mais de toute façon, son sang se mêlait à celui du marin qui avait eu la bonne idée de la défier. Et puis ça n'était pas sa première blessure, loin de là, alors elle se contenta d’essuyer du revers de la manche le sang qui coulait trop près de ses yeux et reprit le cours de ses activités.

Le riverain se décida à glisser sur le boutre et elle le regarda avec un petit sourire en se disant que c’était un sacré morceau et que s’il avait réussi à la porter avec son armure en plus, la partie de sexe promettait d’être épique. Car oui, elle avait bel et bien l’intention de le manger, mais aucun des hommes qu’elle avait mangé comme elle comptait le manger ne s’était jamais plaint. Tandis que les derniers passagers du bateau en perdition rejoignaient le bord de la Marée Sanglante avec son cadavre de Septon cloué sur la figure de proue, elle se demanda s’il ne serait pas plus judicieux d’attendre la fin de la tempête tout de même.

La réplique de Brynden la fit sortir de ses pensées et lui arracha même un sourire. Puis, elle glissa jusqu’au point juste avant ses hommes. Une fois tous les Fer-Nés de retour sur le boutre, elle fit un signe à son second qui hurla dans le vent :

__ En arrière, souuuuuquez !

Le navire s’éloigna de plus en plus vite de la cogue et heureusement car bientôt, celle-ci fut engloutie par l’océan devant les yeux médusés des rescapés. Mais avec tout ça, il n’était plus temps de chercher le Lady Janyce, qui, s’il n’avait pas encore sombré corps et biens, s’était certainement bien trop éloigné pour prendre le risque de repartir à sa recherche alors que la tempête grondait encore. Elle discuta de la marche à suivre quelques minutes avec son second, puis elle revint vers les riverains.

__ Je vous conseille d’aller dans la cale pour être plus en sécurité et pour ne pas gêner les manœuvres sur le pont. Ça va encore secouer pendant plusieurs heures, je le crains.

Dit-elle aux nouveaux arrivants. Elle attrapa le grand brun par sa cape et le colla à elle.

__ Dis moi, t’avais pas dit que tu sucerait celui qui te sortait de là ?

Fit-elle en plongeant son regard dans celui de l’Ours.

__ Tu préfères les sucer eux ou me sucer moi ?

Ajouta-t-elle avec un sourire en désignant ses hommes avant de le pousser doucement vers sa cabine.

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Sur le nouveau navire, Brynden se satisfit de sentir le pont solide sous ses pieds. Il était trempé, comme Rhea-Raya-Randa le fut avant d’être engloutie par les eaux. Triste sort pour une si belle chute de reins, mais qu’il évinça rapidement au profit de la belle blonde qui l’avait attrapé. Elle se colla à lui et il eut un sourire grossier en la dévisageant.

À sa première question, il hocha d’abord la tête, et quand elle demanda s’il préférait la sucer elle ou ses hommes, le visage de l’Ours changea. Une expression de choc, presque de la détresse, passa au fond de ses yeux et il se laissa faire pour aller vers la cabine.

— Hé, je suis pas une tapette, quand même, gronda-t-il.

Dans sa voix, une pointe d’ironie trahissait sa virilité froissée. Il allait lui montrer qu’il n’était pas une lope. À peine entré dans la cabine, il se retourna pour en fermer la porte derrière la capitaine, le geste brusque et précipité, comme toujours esclave de ses plus bas instincts. Ah, si son père le voyait… Hé bien, s’il le voyait, non seulement il détournerait le regard, mais en plus il menacerait encore de le déshériter.

Dans sa grande délicatesse, Brynden passa ses mains sous les fesses de la Fer-née pour les agripper. Il la colla contre lui d’un geste impérieux et enfouit aussitôt son visage contre son cou pour humer son parfum. Elle sentait la mer et le sang. Ça, c’était pas commun chez les femmes du continent. Mais le côté animal de la chose lui plaisait plutôt bien.

Ça le changeait des paysannes pouilleuses, des putains parfumées et des vierges effarouchées.

Brunhild annonça sans détour où elle voulait en venir, mais en voyant le visage choqué de l’Ours, elle se demanda s’il l’avait crue ou s’il faisait semblant. Mais cela ne changeait pas grand-chose au chemin qu’ils prenaient à présent et le fait qu’il se précipite pour fermer la porte derrière eux fit sourire la blonde. Son sourire s’élargit tandis qu’il usait de sa force pour agripper ses fesses et se coller à elle. Et pendant qu’il découvrait son parfum de Fer-Née, elle se délectait de son odeur de continental fraîchement secoué par une tempête.

La cabine n'était pas bien grande mais néanmoins confortable bien que la décoration soit très esprit Fer-Né, c’est à dire inexistante. Il n’y avait que des choses utiles, un petit lit recouvert de couvertures et de fourrures, un bureau, des cartes et des instruments de navigation, des fauteuils rembourrés. Une pièce sans fioriture, mais d’autant plus fonctionnelle, à l’image de la capitaine de la Marée sanglante et de sa façon d’opérer.

D’une main la Noirmarées attrapa une de ses fesses, de l’autre elle détacha la boucle qui retenait son manteau. Puis une fois ce dernier par terre, elle le fit tourner sur lui même et le poussa jusqu’au bureau pour l’y plaquer avant de l’embrasser sauvagement. Elle tira sur la boucle qui retenait son épée à sa taille. Mais c’est avec une certaine délicatesse qu’elle la posa sur le fauteuil le plus proche. Puis Brunhild glissa sa main calleuse sous la chemise de Brynden pour en caresser le torse et voir s’il était aussi poilu qu’elle l’avait pressenti. Ben pas du tout, constata-t-elle surprise par cet ours imberbe sous sa chemise, presque déçue, mais rapidement réconciliée avec son torse par les muscles qui s’y dessinaient sous ses doigts.

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Brynden releva la tête quelques instants, pour contempler la pièce autour d’eux. Il n’était pas bien habitué des navires, mais pas plus au luxe. Le nom Nerbosc pesait dans la politique du Conflans, mais cela ne faisait pas d’eux des nobliaux parfumés pour autant. Corneilla n’était pas particulièrement riche, et ils ne s’encombraient pas de cadres d’or et de bibelots d’argent. Tout au plus, les appartements du lord son père étaient confortables, les siens aussi l’étaient en soi, quand ils ne servaient pas de réserve à tout un tas de babioles lors de ses longues absences. Voilà bien longtemps que Brynden n’avait plus vraiment ses quartiers dans leur demeure ancestrale.

Alors, la simplicité des lieux ne le choquait nullement. Puis il se fichait d’où il couchait la gazelle tant qu’il finissait les bourses vides.

Ladite gazelle n’avait rien à voir avec les continentales : elle attrapa une fesse de Brynden qui haussa les sourcils dans une surprise appréciatrice, et jeta son manteau à terre. Parfait. Il se surprit qu’elle le dirige autant dans ses gestes mais trouva à cette autorité quelque chose d’exotique. Ainsi, il se laissa faire docilement et elle le guida jusqu’au bureau de la cabine. Un instant, l’Ours se méfia, une main prête à saisir l’épée que la Fer-Née ôtait à sa ceinture. Peut-être par sécurité, elle la posa sur un fauteuil proche. Brynden jeta un œil à la Canine, épée familiale d’acier château, songeant que son oncle Jason lui aussi hurlerait de le voir en compagnie d’une Fer-Née. Entre les Mallister et les insulaires, ce n’était pas non plus le grand amour – mais Brynden n’était pas très attaché à la politique.

Elle glissa une main sans douceur sous sa chemise, il put sentir à son toucher la rugosité d’une femme de mer, mais s’en satisfit. Cela lui changeait des putains et des demoiselles nobles et fleuries. Il repassa ses mains sous les fesses de la fer-née et la souleva pour l’approcher de lui. Et cette fois, c’est les dents sorties qu’il grignota son cou.