Nesora - Ses cheveux sont teintés du sang de ses adversaires

Je levai une coupe et la portai à mes lèvres comme pour en boire quelques gorgées, mais je la reposai intacte proche d’une vide et l’homme se cala contre ma poitrine.

« Tu connais bien la compagnie dorée ? »

Si je la connaissais ? Oh que oui… Mais je ne fis qu’un petit sourire en haussant les épaules.

« C’est des putains de connards enculeur de chèvres. Tu le sais ça ? P’tre bien… ils t’ot p’tre eu… r’garde ta peau. »

Couverte de cicatrices… Ça c’était les arènes de Meereen… J’avais quinze ans quand leur chef m’avait sorti de là après avoir assisté à une de mes prestations… Le sable rouge… Dans mes cauchemars, j’en avais encore le goût en bouche… 297… Au revoir Meereen, j’avais observé la cité disparaître derrière moi avant de me retourner vers mon sauveur. Il n’avait pas fait ça par pure bonté d’âme… Ça non ! Il avait besoin d’excellentes lames et de recrues. Mais au moins j’avais le goût de la liberté et du voyage… La Compagnie Dorée avait quelques rencontres à faire avec le Prince Viserys de la maison Targaryen. Je me souvenais d’un des anciens de la compagnie, un guerrier qui m’avait pris sous son aile. Il n’avait plus qu’un œil et il lui manquait des doigts à la main droite. C’était un bon gars qui m’avait appris à me battre, enfin qui avait continué à m’apprendre l’art de tuer. Épée, dagues longues et arc, mes armes préférées, poison… Garp c’était un vrai bon gars, bourru, oui, mais au moins il m’apprenait plein de chose, corrigeait les défauts que j’avais prit à l’arène… Les dagues et l’arc me convenaient bien mieux que le simple cimeterre qu’on m’avait collé dans les mains. Je me souvenais bien de ce que Garp avait dit après la première rencontre avec Viserys :

« Viserys Je-sais-plus-combien Targaryen, l’premier était un Pignouf qui n’avait jamais voulu être roi, j’crois bien. Lui l’veut trop. Les Viserys c’pas des bons rois. Crois-moi rouquinette. »

En tout cas, on avait obéi aux chefs. Nous sommes allés stationner aux Terres Disputées proche de Myr. Je n’avais pas spécialement d’avis sur Myr, j’avais seize ans, je découvrais le monde et tout doucement je sortais du moule de l’esclave que j’avais laissé derrière moi. Je préférais laisser la morosité et tout ça loin, je n’étais plus juste un divertissement, j’étais un membre d’un groupe… Je n’étais plus seule.

Griff rejoint la compagnie avec son père. Je le trouvais curieux, intéressant… Il y avait quelque chose que j’aimais chez lui. Je ne savais pas quoi… Mais j’entrepris d’être aimable avec lui. Et je continuai mon apprentissage des armes sous les ordres de Garp. En tout cas, il eut une longue période de calme jusqu’en 302, la lune de mon anniversaire… La Compagnie se divisa, une partie rejoignit Cersei Lannister… et les autres restèrent en Essos pour honorer leur serment auprès des Dragons. Garp lui haussa les épaules, il resta : « J’aime pas les bateaux et j’aime pas cet abruti d’Harrys Baiselagueuse » qu’il disait. Il avait toujours son propre humour, moi j’avais ris et rejoins Griff pour passer du temps avec lui. Je crois que Garp avait raison sur Farrys, puisqu’il se fit botter le cul.

Pentos… Et Griff fut notre nouveau capitaine général. Je ne savais pas si c’était bien ou mal. C’était ce qu’il se passait. Point. Garp fatiguait et quelques jours après, il s’éteignit dans son sommeil. Le cœur. J’en fus touchée… Mais c’était ainsi, on n’y pouvait rien. Certains prièrent, pas moi. Les dieux… comment aurait dit Garp ? Qu’ils aillent se faire foutre. Les Dothrakis sont des dangers à cheval… Mais bon sang… L’odeur du sang et la bataille m’avaient manqué… J’aimais tuer. J’aimais me laisser emporter par une fureur de bataille… C’était bien… c’était… nécessaire pour moi. Depuis le temps maintenant, je suivrais Griff, ou Aegon, jusqu’au bout du monde. Pas parce que c’était un prince ou quoi, juste parce que j’avais une confiance en lui.

J’observai le cadavre que je venais de planter, je quittai sa couche avant de me rhabiller et disparaître dans l’obscurité. Je ne savais pas ce qu'il avait fait, mais la Compagnie m'avait demandé de le tuer. Je l'avais fait. Griff m’attendait et je ne pouvais pas le faire attendre.

La Compagnie Dorée c’était ma famille. Le reste du monde pouvait brûler.