Re: [BELLE ILE][Terminé] Le cauchemar d’une jouvencelle | Tyldr Salfalaise

Le cauchemar d’une jouvencelle
AN 305 LUNE 10 SEMAINE 3 Salfalaise écoutait la jeune Farman aussi charmante qu'elle soit elle faisait piètre figure face à la comparaison de la Greyjoy. C'est vraie Yara n'était pas une femme faite pour la dentelle mais, c'était leur mode de vie qui voulait ça.

«  Je ne dirais pas ça. Le courage peut se traduire de bien des manières. »

Tyldr avait bien entraperçu une légère lueur de force dans les yeux de la belle mais, même si elle dénigrait cette facette de sa personnalité derrière un rideau de peur et d'incertitude on pouvait aisément le relever. Se crissant la barbe il offrait un sourire affable s'accordant sur la vision qu'avait Rowena sur les fer-nés.

« Nous avons nos propres lois c'est vraie. La rudesse des Îles de fer nous a ainsi fait. »

Son sourire et sa proportion à voir le bon côté de cette affaire finalement commençait à rendre le fer-né bien plus malléable. Un brin de ruse et de malice dans les yeux son comportement plutôt pêchu prenait une tournure cordiale sans perdre de vu les deux noisettes fixés sur lui.

« Vous serez certainement une bonne mère, la mienne le fut à sa façon. »

Elle lui avait inculqué certaines choses, d'elle il restait les histoires et les légendes qu'elle racontait au coin de son lit sur les valeureux guerriers fer-nés brandissant avec ferveur la volonté du Noyé. Il y avait une certaine pudeur, une douceur qu'elle n'avait jamais réellement pu ou peut-être voulu lui accorder.

« J'aspire à bien des choses, devenir père un jour si le Noyé le veut. »

Il marqua une pause en prononçant ces mots. Il avait la volonté de poursuivre ce qu'avait accompli son père et ses ancêtres avant lui. Mais devenir père ? Il avait bien des choses en tête cependant sa tentative de rapprochement avec Megalis la sœur aînée pour en tirer une entente mutuelle n'avait fait qu'assombrir la jeune mariée à son sujet.

«  Je ne sais guère ce que l'avenir me réserve. » Il y avait plus de chance de mourir glorieusement dans une guerre que de voir ses enfants grandir et devenir des fer-nés aussi valeureux si se n'est autant que lui.

«  Êtes-vous déjà promise à un grand et bon seigneur lady Rowena ? »

Le cauchemar d’une jouvencelle

Tyldr Salfalaise

Rowena émit un petit rire, une fois de plus, Tyldr se montrait fort aimable et compréhensif devant le manque de courage de la Farman. Elle trouvait cela adorable, presque autant que la façon dont Nymeros lui faisait des compliments malgré tous ses défauts. Elle lui sourit en guise de remerciement pour ces bons mots.

Elle acquiesça quand il dit que leurs lois étaient aussi rudes que leurs Îles, elle ne pouvait pas le nier, mais bizarrement, à le voir ainsi, si gentil et attentionné, elle avait envie de lui offrir un peu de la douceur de Belle Île et de le prendre dans ses bras. Évidemment elle n’en fit rien, cela pourrait être mal interprété et elle était une jouvencelle de bonne famille qui savait se tenir. Son sourire, enfin, s'élargit, quand il dit qu’elle serait une bonne mère et que la sienne l’avait été à sa manière. C’est tout ce qu’elle souhaitait, être une bonne mère, douce et aimante comme l’avait été la sienne. Elle sentit dans la phrase du Fer-Né que la sienne n’avait pas été aussi tendre que pouvaient l’être celles du continent et elle prit doucement la main du Fer-Né avec un sourire.

__ Je suis sûre que votre mère était une femme extraordinaire. Les mères le sont toutes, à leur manière.

La Perle de mer écouta Tyldr parler de son désir de paternité. Pour une femme, c’était l’ordre naturel des choses, mais elle n’avait jamais songé qu’il en soit de même pour les hommes, à part pour avoir un héritier bien sûr, pour transmettre nom, titre et terres. Cela était plutôt étonnant d’entendre un Fer-Né parler de cela, et pourtant il était un homme et un seigneur lui aussi, il avait une île à transmettre à son fils aîné après tout.

__ C’est tout ce que je vous souhaite.

Il lui demanda alors si elle était déjà promise ce qui la fit rougir violemment et baisser les yeux.

__ Non. Pas… pas encore…

Bien moins belle et solaire que sa sœur, elle n’attirait pas les regards comme Megalis et il semblait que sa famille fasse bien peu de cas de son mariage. Pour autant elle savait qu’elle servirait tôt ou tard de monnaie d’échange pour une alliance et qu’elle n’aurait pas son mot à dire dans le choix de son époux. Or, Luthor était sans aucun doute capable de la vendre à n’importe qui, même le pire des hommes, si cela pouvait servir ses intérêts. Elle ferait du mieux qu’elle pouvait pour honorer cette alliance et rendre son époux heureux et bien sûr lui donner des enfants.

Le cauchemar d’une jouvencelle
AN 305 LUNE 10 SEMAINE 3 Le rire de Rowena Farman avait une forme attendrissante. Pour Tyldr il s'agissait sans doute plus de son tempérament d'oiseau fragile qui avait beaucoup trop de retenue et de convenance pour marquer peut-être sa véritable opinion, sa manière de penser. Il l'observait le sourire aux lèvres sans comprendre pourquoi elle était si... Si différente ? Sa sœur ainée avait bien moins de tendresse dans ses agissements et sa manière de traiter avec son interlocuteur. Sans doute était-ce la position dans l'ordre familial qui imposait comme dans sa propre ligne de conduite la manière d'aborder ceux qui l'entoure.

« Vous-êtes... Charmante. »

Tyldr fronçait légèrement les sourcils au contact de sa main à celle que lui reprenait la jeune Farman. Il ne s'en offusquait pas mais, cela lui semblait toujours si... Si étrange ? Peut-être qu'il n'avait pas de mot pour expliquer ce que sa produisait chez lui. Il cligna des yeux en entendant que

« Impossible vous vous moquez. »

Il entrevoyait chez la jeune lady une forme de gêne qu'il partagea subitement à son tour. Il ne rougissait pas mais, il préférait garder son attention sur la main qu'elle lui avait offert en toute gentillesse. Dans cette forme maladresse il comprenait partiellement qu'elle ne mentait pas pour autant.

« Vous trouverez certainement quelqu'un de bien. »

Et quand il disait ça c'était pour marquer l'inverse de ce qu'il était lui. Peut-être qu'il en exagérait le trait ou peut-être pas assez. Quoiqu'il en soit il n'était pas le genre d'homme qu'on présentait comme le mari idéal. Pleinement conscient de ma situation j'en riais légèrement pour décoincer l'empourprée.

« Tout le contraire de quelqu'un comme moi. »

La plaisanterie et le dénigrement semblait lui plaire. Ironiser sur sa propre personne, se moquer de lui même, jouer le rôle d'un simple curieux qui faisait parfois l'objet des railleries. C'était sa manière à lui de cacher son véritable jeu. De paraître moins dangereux tandis que le loup se dissimulait dans la bergerie.

Le cauchemar d’une jouvencelle

Tyldr Salfalaise

Rowena arrêta de respirer et ouvrit de grands yeux au compliment de Tyldr. On ne lui faisait pas souvent des compliments et jamais aucun Fer-Né ne lui avait dit qu’elle était charmante alors elle ne savait vraiment pas quoi faire, elle était totalement perdue et décontenancée. Ses joues écarlates trahissaient sa gêne. Soudain elle se rendit compte qu'elle manquait d’air et se remit donc à respirer, puis elle se rendit compte qu’elle n’avait même pas eut la décence de répondre, alors elle souffla un timide :

__ Merci.

Baissant les yeux, elle lâcha la main du Salfalaise. Probablement était-ce le contact de trop, peut-être qu’elle l’avait laissé croire des choses. Edarra avait toujours été claire sur ce point, elle pouvait tout à fait écarter les cuisses s’il y avait quelque chose à gagner, mais encore fallait-il être certaine de l'obtenir. En effet, dans ce domaine la moindre erreur pouvait être fatale. Or, si Megalis pouvait se targuer d’avoir cette assurance et d’être assez maline pour ne pas se laisser avoir, ce n’était pas le cas de sa cadette. Bien trop naïve pour ce monde, elle savait qu’elle n’était pas faite pour obtenir la moindre faveur en usant de ses charmes.

Elle secoua la tête pour dire que non, elle ne se moquait pas. Aucune opportunité de mariage, ni aucun prétendant ne s'était présenté pour l’instant. Il faut dire qu’à part son court voyage à Port-Real lors du tournoi du Donjon Rouge ainsi que quelques déplacements dans l’ouest, la jouvencelle n’avait pas fait beaucoup d’apparition public. Trop maladroite qu’elle était pour faire honneur à sa famille. Et quand elle n’était pas à Belcastel, elle s’effaçait pour laisser toute la place à sa sœur, cela elle savait très bien le faire et elle passait donc tout à fait inaperçue, ce qui au fond, l’arrangeait.

__ Merci.

La Perle de Mer rit à son tour quand le Fer-Né dit qu’elle trouverait tout le contraire de quelqu’un comme lui. Elle repensa à Nymeros et se dit qu’il faudrait un miracle, au moins, pour qu’il veuille bien l’épouser un jour. Elle avait envie de le revoir et rougit de plus belle avant de lever les yeux vers le Salfalaise.

__ Je vous souhaite aussi de trouver quelqu’un de bien, une femme courageuse et forte qui saura vous épauler. Tout sauf quelqu’un comme moi.

Sourit la blonde avant de se lever.

__ Sire, je suis épuisée je vais aller me coucher. Merci pour votre agréable compagnie.

Une courte révérence plus tard, la Farman prit congé de Tyldr avec un sentiment étrange au creux du ventre, la peur était encore bien présente, mais elle avait découvert un Fer-Né gentil, aimable et respectueux. Chose qu’elle pensait impossible. Avenant n’était pas le mot, hypnotique conviendrait mieux, son regard l’était. Il n’avait rien du chevalier ou du seigneur dont Rowena rêvait, il était moins bien coiffé et propre sur lui que Nymeros. Mais ses yeux étaient eux aussi de la couleur de l’océan et elle s’y était perdue quelques instants, même si c’était un océan plus tempétueux que celui des prunelles du Braavien. Il s’était montré, en tout cas, aussi attentionné que l’Antaryon et c’était notable, car personne ne faisait jamais attention à elle.

Quand elle referma la porte de sa chambre derrière elle, appuyant son dos sur la porte, elle se demanda ce qui avait bien pu changer chez elle pour que les hommes lèvent les yeux sur elle. Elle se demanda aussi s’ils disaient qu’elle était charmante par politesse ou s’ils le pensaient vraiment. Elle s’endormit en pensant à Nymeros et en rêvant de leur mariage. Elle ne savait pas comment, mais elle devait tout faire pour le convaincre de l’épouser, elle en était certaine, car ainsi elle serait heureuse et même si ce n’était pas le projet de Luthor, l’alliance était suffisamment respectable et lucrative pour qu’il accepte.