[LA TREILLE] La voir sombrer…

La mine était grave, sévère. Son regard fermé empreint de cette même force de caractère qu'il lui avait fallut tenir quand il avait perdu sa mère et son père. Son pas décidé la suivait avec une distance et une pudeur naturelle même si il n'y avait que trois pas qui les séparaient. Trois pas, qui le rendait souvent à l'image d'un chien de garde, d'un cerbère. La douleur il la comprenait, il la ressentait même pour un homme qui n'avait pas été aussi proche qu'un père. Il avait fait de lui ce qu'il était. Il avait été loyal, fidèle, au service de son père. Aujourd'hui il servait sa fille, il la servirait bien et à jamais.

« Oui Madame. »

Il se retourne et passe furtivement la porte. De l'autre côté des serviteurs et des servantes cantonnés à l'entretien et à obéir aux ordres allaient et venaient à la Treille. Un endroit que Guilhem connaissait mieux que personne si se n'est des seigneurs qui y vivaient eux même. Il resserre sa main sur l'avant bras d'une femme, il reconnaît son visage et il sait qu'il peut faire passer le message. Le repas ne se fera pas attendre, le pas chancelant elle s’exécute alors que sa main gauche passe sur ses cheveux songeant à ce qui l'attendait dans cette pièce. La voir ainsi était difficile, douloureux. Sa mâchoire se referme il ne saurait s'absenter plus longtemps. Quand il revient dans le bureau il referme lentement la porte derrière lui son dos recouvrant partiellement la poignet de porte. Il laisse son regard fixe sur la silhouette de Desmera Redwyne.

« Le repas sera bientôt prêt. Est-ce que je peux vous être utile en quoique ce soit d'autres ? »

Son visage était empreint d'un silence et d'un sourire à vous briser le cœur. Faire face, rester digne c'est ce que Desmera s'efforçait de faire en apparence alors qu'à l'intérieur elle mourrait à petit feu.

« Comme vous voudrez. »


Il se retourne et s'apprête à repartir quand elle l'interpelle. Dans un mouvement lent Guilhem se reposte dos à la porte les bras croisés s'approchant lentement la mine songeur se remémorant si il avait eu une conversation ou entendu une conversation auquel lui aurait fait part feu lord Redwyne.

« Je n'ai pas souvenir madame. Se ne sont pas des choses avec qui votre père s'entretenait en privée avec un chevalier si je puis me permettre. »  

Il observe la paperasse et les tractations sans réelle envie de se plonger dans ce genre d'affaires. Sa place de chevalier était bien plus facile selon lui que celle d'être seigneur ou dame d'une place forte.

« Je ne vous envie pas sur ce point madame. »  

Bien que je m'en doutâsse je fus malgré tout déçu que Guilhem ne sache rien. Merde ! J'aurais aimé qu'il ait au moins entendu quelque chose... Mais visiblement non. Mais je n'aimais pas du tout ce que je lisais. J'inclinai la tête.

" Tu aurais pu entendre quelque chose. Ce n'est pas grave. "

Je me massai les tempes face à la monstruosité de désordre qu'il y avait face à moi. Je devais faire face. Tenir bon. M'assurer que tout irait bien et garder la face malgré l'image du cercueil flottant devant mes yeux. J'eus un bref éclat de rire sans joie aux mots de mon chevalier.

" Qui de saint d'esprit aurait aimé être à ma place Dandelion ? Personne. C'est bien pour ça que j'y suis. "

Je ne l'appelais jamais Guilhem. Je ne savais pas pourquoi. C'était juste une habitué sûrement dû à ses cicatrices et son armure. Je me massai le front alors qu'on frappait. Mon repas

" Veux tu aller me chercher le mestre s'il te plaît ? Même s'il est occupé. J'ai besoin de lui tout de suite. "

Car il me semblait y avoir trop de réponse pour que cela soit normal.... Je n'aimais pas ça. Pas ça du tout.

Qui aurait aimé être à ça place ? Effectivement la dame de la Treille avait raison. Le lord son père avait sans doute des projets pour elle mais aujourd'hui l'occasion était qu'elle pouvait désormais être maître de son destin.

« Voyez le bon côté des choses, vous ne serez pas forcé à épouser un vieil homme ou n'importe quel homme qui vous soit présenté. »

Dandelion voyait les choses simplement. Même si sa posture était celle d'une dirigeante administrant son fief elle devait un peu s'en douter. Après tout quand on naît dans une maison de haute noblesse et qu'il ne reste plus que vous ? La suite semblait logique aussi tragique soit-elle.

« J'y vais de ce pas madame. »

Il se murait dans le silence tandis que son visage se voyait illuminé par les lumières des bougies dans le dédale du couloir qu'il traversait. Le mestre, si il y avait un homme d'autant plus sage qu'aviser ici se serait lui qui pouvait être d'un plus grand secours que Guilhem dans ces affaires. Il n'y avait pas grand chose à dire ou à rajouter. Quand il franchit le pas de la porte pour quérir son aide il croisa la servante rapportant le repas en direction de l'office de Desmera. Un sourire timide qu'il partagea, forme de compassion car tout deux voulaient faire et bien faire pour la famille Redwyne. Ils étaient leurs serviteurs et cela leur convenaient. Personne ne se soucieraient d'eux si se n'est leurs proches et les Redwyne qui devenait un peu comme une seconde famille. En toquant à la porte il finit par entendre l'homme d'un certain âge l'autoriser à entrer. Dans cette tenue caractéristique et des sourcils froncés la lueur de son regard elle était lumineuse d'idées. Guilhem ne fit pas attendre sans demande et il laissa le mestre lui passé devant pour mieux le suivre juste après. Il ne posa aucune question il était de toute évidence lui aussi un rouage du bon déroulement des choses en ce monde. Tout semblait étrangement calme, apaisé n'était pas le mot mais la tranquillité de la Treille était en quelque sorte reposant.

Ils entrèrent à nouveau le repas était apposée sur la table, la servante avait déjà repris son chemin.

« Le mestre est là. » Déclarais-je sobrement.

Il écouta la plaisanterie et laissa dérider son visage si sérieux et coutumier.

« Il y a des tas d'hommes prêt à s'agenouiller pour votre main j'en suis sûr. »

Dandelion s'effaça en présence du mestre. Il fallait savoir garder sa place et même si l'idée était amusante elle n'était pas à son goût pour bien des raisons.

« Madame ? »

Il prit un court temps de réflexion se reposant la question dans son esprit. Le peuple ? Qu'est ce qu'elle pouvait faire pour le peuple ? Ses sujets ? Il y avait bien des gens plus capable que lui pour répondre à cette question.

« Si je peux me permettre je ne pense pas être le mieux placer pour y répondre madame.. Le peuple veut un toit pour se couvrir et suffisamment à manger pour ne pas avoir à survivre. Votre protection ne vient qu'en troisième position mais leur loyauté vous est acquise il ne faut pas en douter. »

Il disait une vérité simple celle d'un peuple qu'il soit du Bief ou d'une contrée inconnue ou avoisinante.

Sa protection semblait au cœur de ses préoccupations mais le chevalier ne sourcilla pas à la réflexion de sa maîtresse. Les fer-nés étaient un fléau et ils étaient de puissants guerriers. Des ennemis auquel l'aversion se mêlait souvent à la rancoeur si bien qu'il ne comprendrait jamais si des hommes et des femmes puissants pouvaient accepter d'oublier les conflits antérieur.

« C'est à moi que revient cette tâche madame. Tant que je serai debout il ne vous arrivera rien. »

Tant que Dandelion serait debout oui. Le chevalier était né simple sujet et il mourrait sans aucun doute en dehors de son lit et moins vieillissant qu'il ne le songeait lui même.

« Vous aurez toujours besoin du peuple et ils auront toujours besoin de vous.  »

Sa parole semblait logique dans son esprit bien qu'il ne se doutait pas forcément de la manière dont certaines populations pouvaient s'organiser au delà du Détroit. Il y avait toujours un ou plusieurs puissants pour donner la direction au royaume.

« Je ne me plains pas madame. »

Il laissa échapper un sourire légèrement plus enfantin à ce sujet se permettant de détourner le regard vers la fenêtre qui donnait vers l'extérieur.

« Tout va pour le mieux madame. »

Une joie simple sans fioriture ou apparat.