La meilleure défense, c'est encore l'attaque !

La meilleure défense, c’est encore l’attaque !

Au lendemain de son entraînement, de l’interrogatoire des prisonniers de Hautjardin, et, surtout, des instants passés avec Aelinor dans l’intimité d’une chambrée, Treyvir était tiraillé par bien des pensées.

L’une d’entre elle étant, bien évidemment… Aelinor. La jeune femme avait beau s’être montrée hésitante face à Treyvir, et ô combien prompt à céder à la peur, la terreur même, et à la fuite alors qu’il ne cherchait que témoignait une affection tant due à la reconnaissance du seigneur pour les soins donnés par la Dame que due au jeu qui se déroulait entre eux, quelque chose était né dans l’esprit du jeune Cendregué. Une chose puissante, mais douce ; ardente, mais froide ; dévorante mais apaisante. Une chose dont il ne connaissait absolument rien, mais qu’il apprenait à connaître, avec toute l’excitation que cela provoque… Et toute la peur que cela inspire. Se pourrait-il qu’il… Non, non. Impossible. S’il devait y avoir quoi que ce soit entre Treyvir et Aelinor, se serait une alliance militaire et politique, au pire ; un mariage arrangé et calculé, au mieux. Oui, au mieux.

Mais cela trouverait des réponses et des décisions plus tard. Oui, plus tard. Car, pour l’instant, Treyvir avait d’autres chats à fouetter. Notamment, des fanatiques, qui se trouvaient non loin. Aussi avait-il convoqué Gunthor, dans ce qui servait alors de pièce de commandement et d’état-major à l’armée de Cendregué, située non loin. Quelque chose de simple, au-dehors de Hautjardin. L’homme se présenta bien-sûr, il le devait. Quand bien même Treyvir n’était point son seigneur lige et son suzerain direct, ni même un chevalier qui serait un quelconque supérieur hiérarchique, il demeurait un seigneur. Et Gunthor, demeurait un chevalier au service d’Aelinor, et donc, en ces temps, de Hautjardin… Et donc, par effet ricochet, de Treyvir.

Lorsqu’il arriva, il fut accueilli par le jeune seigneur bien-sûr, mais également par le capitaine de cette moitié d’Ost qui avait fait le déplacement jusqu’ici. Après quelques révérences et poignées d’avant-bras communes aux guerriers, Treyvir déploya une carte qu’il gardait ultra secrète, et la montra à Gunthor.

« Sir, bienvenue ! Et merci de nous avoir octroyé ce lieu de stationnement. » Lui dit-il. « Nous avons besoin de vous. Vous connaissez ces lieux mieux que moi, car vous êtes stationnés depuis quelques temps maintenant. Rien d’étonnant, bien-sûr, mais votre savoir m’est aujourd’hui vital. » Il pointe du doigt la croix qui se trouvait au Nord-Est de Hautjardin. « Je sais de sources sûres et certaines, qu’un campement de fanatiques se trouve ici. Entre le fleuve et les reliefs, il me faut décider d’une stratégie à prendre pour cette attaque, et j’ai besoin de votre savoir de la région. Pouvez-vous m’aider ? »

Gunthor Hightower

Aelinor avait rendu sa justice et avait prévenu son oncle qu’elle allait faire vœu de silence pendant les prochains 7 jours. Elle s’était retirée après le déjeuner et Ser Gunthor avait répondu à l’invitation de Lord Cendregue. Enfin à la convocation pour être plus précis. Le jeune seigneur ne devait pas avoir saisi que Ser Gunthor était ici, tout comme la Hightower, au nom de Lord Baelor, Sire de Grand Tour, Protecteur de la Citadelle, Seigneur du Port, Phare du Sud et Voix de Villevieille et qu’en cette qualité, il n’avait de compte à rendre à personne, encore moins à l’hôte de Mestre Lomys, seul maître à bord officiellement. Mais qu’importe, il avait sauvé la vie de sa nièce et il n’était pas question de le snober pour une question de protocole. Et puis il venait, après tout, lui aussi aider Hautjardin, comme le chevalier et la jouvencelle.

Gunthor trouvait d’ailleurs l’attitude de cette dernière étrange depuis qu’elle avait soigné Treyvir, mais il la connaissait suffisamment et connaissait sa foi pour savoir qu’il ne s'était rien passé. Rien de dramatique en tout cas, sauf peut-être pour elle. Néanmoins, cette retraite en prière qu’elle avait prévue était inquiétante. Elle semblait très troublée et elle avait passé toute la soirée de la veille isolée dans sa chambre. Il n’avait aucun doute sur elle, mais le Lord, lui, il ne le connaissait pas si bien que ça, et puis il était à moitié dornien, peut-être avait-il pris de leur sang aussi chaud que le désert. Pour autant, s’il l'avait touchée, elle lui en aurait parlé, s’il était allé trop loin, il l’aurait su d’une manière ou d’une autre. Alors que s'était il donc passé ? Ces questions resteraient en suspens tant qu’il n’aurait pas discuté avec la jeune femme, il ne pouvait en effet pas risquer l’incident diplomatique sur une suspicion aussi mince que les prières d’une demoiselle pour qui la foi était centrale. C’était un peu léger pour croire quoi que ce soit, mais par pour qu’on oncle s’inquiète pour sa nièce hélas.

Le chevalier entra et salua le jeune homme ainsi que son capitaine à grand renfort de poignées de bras virile, même s’il avait commencé par une révérence, celle d’un chevalier face à un Seigneur.

__ Merci, Sire. S’il vous convient, alors j’en suis ravi.

Il regarda la carte que Treyvir venait de dérouler. Il n’eut aucune peine à reconnaître Hautjardin et ses environs. Mais quand le Sire de Cendregué s’exprima sr ses intentions, il releva la tête soudainement en fronçant les sourcils.

__ Cette attaque ? Quelle attaque ?

Se raclant la gorge, il prit le temps de formuler quelque chose dans sa tête avant de parler.

__ Sire, nous nous efforçons depuis plusieurs semaines maintenant, de faire régner la paix sur les terres de Hautjardin. Ce n’est pas pour vous laisser organiser un déferlement de violence, fusse sur des fanatiques et quand bien même ceux-ci auraient été à l’origine de la tentative d’enlèvement sur Lady Aelinor. Ce qui, d’après ce que nous savons, n’est pas le cas. D’ailleurs, ce matin, elle a envoyé les prisonniers faits lors de cette attaque se racheter en infiltrant les campements de fanatiques et en lui rapportant toutes les informations qu’ils pourraient glâner. De plus, sans l’accord de Mestre Lomys, nous n’avons absolument pas le droit de massacrer des gens qui pourraient aussi bien être de bons Bieffois mélangés aux fauteurs de trouble. Ma Dame essaye de montrer à tous ce qu’est la vraie foi et également ce qu’est la vraie noblesse et non celle qu’ils décrient et contre laquelle ils montent la population, à raison, après avoir été gouvernés par… des personnes mal intentionnées. Je ne peux pas vous laisser toute détruire en un claquement de doigts. Déjà que ma nièce m’a rapporté que votre venue mets les habitants sous tension. En revanche, je peux vous aider à glaner davantage d’informations. Savez-vous combien ils sont et parmi eux combien de simples villageois qui les suivent pas dépit ou par peur ? Savez-vous comment ils sont organisés et ce qu’ils font précisément, s’ils arrangent les foules pour fomenter une rébellion ou s’ils sont juste là pour prêcher la bonne parole ? Nous pouvons organiser une procession qui passerait par ce campement afin de montrer à ses pauvres âmes ce qu’est la seule vraie foi. Mais croyez bien que si vous décidez d’attaquer de votre propre chef, j’en réfèrerais à Mestre Lomys et également à Aelinor quand elle sortira de ses prières, dans une semaine.

Hautjardin - An 306, lune 3, semaine 2, jour 3

NC

La meilleure défense, c’est encore l’attaque !

Les Dorniens faisaient sans doute cela de bien qu’ils pouvaient écouter la chaleur de leur sang et ne point obtenir quoi que ce soit de négatif en échange, sinon, quelques conséquences obligatoires en fonction de l’offense, ou de l’importance du fameux caractère sanguin. Nul doute que, chez les Dorniens, nombreux furent les hommes à mourir dans de pauvres duels sans importances. Et nombreuses furent les dames à porter les progénitures d’hommes ardents mais peu prompts à s’engager. Mais ici, c’était le Bief. Et en son for intérieur, Treyvir était surtout un Biefois. En réalité, uniquement un Biefois.

Mais l’attaque de ce campement n’était pas un coup de sang, ni une velléité uniquement due à une volonté d’assassiner en toute légalité, de combattre pour le beau-jeu ou l’adrénaline, ou de prouver sa valeur. Non, il n’avait pas besoin de cela. Point auprès des Hightowers, point aujourd’hui.

Il voulait surtout combattre ces fanatiques qui déformaient les mots des prêtres et les écrits sains. Il voulait combattre ceux qui voulaient renverser l’ordre établi, sous couvert de révolution religieuse qui, en réalité, n’offrait ni rédemptions pour les faibles d’esprits qui suivraient ces fous, ni réelle importance en ce monde. Qui serait assez fou pour suivre ces préceptes fous, autrement qu’un fou lui-même ? Et, en sachant cela… Méritait-il de vivre, alors qu’il était un danger constant pour la société féodale de Westeros ?

Treyvir voulait attaquer, et pour plusieurs raisons. D’une part, diminuer – voir couper la tête de – l’hydre fanatique dans le Bief, et ce faisant, sécuriser un peu plus l’intérieur des terres et autour de Hautjardin. De plus, étant donné les informations obtenues lors des tortures des prisonniers faits à Cendregué, capturer et torturer ces fanatiques autour de Hautjardin lui permettrait d’obtenir encore plus d’informations, ou d’en corroborer d’autres. Après tout : si ceux de Cendregué dénoncèrent l’emplacement de ce campement-là, nul doute qu’il doit y exister des fanatiques plus haut placés, ou obtenant plus d’informations encore. L’énigme fanatique devait être résolue… Surtout en sachant que Bronn y était lié d’une manière ou d’une autre.

Mais Ser Gunthor soulevait plusieurs points intéressants. Outre l’hypothèse selon laquelle de bons Biefois pourraient être pris dans la tourmente d’un massacre commandité, ou forcés d’y participer – ce à quoi Treyvir n’accordait absolument aucun crédit selon sa propre expérience – cette volonté pacifique ne pouvait point durer éternellement. Détruire l’argumentaire fanatique selon lequel les nobles usent et abusent de leurs pouvoirs et privilèges et méritent d’être châtiés ou rendus humbles, en se montrant justement patients, humbles et bienveillant, est en effet une bonne idée. Mais cela ne doit pas signifier détruire ou laisser mourir le cadre entier que doivent imposer les nobles. « Gentil n’a qu’un œil », comme disent les anciens… Et prier, au final, n’aura jamais rien fait avancer. La preuve en était lors de la Guerre des Deux Reines… Combien de prièrent furent faites pour que la paix revienne ? Pour éviter la destruction de Port-Réal ? Pour qu’il n’y ait plus de morts ? Et, est-ce que tout cela aura réellement éviter toute cette destruction ? Non, l’histoire l’aura prouvé.

« Hum… » Fredonnait-il dans sa barbe, mi-grondant, mi-raclant sa gorge, alors qu’il regardait la carte mise sur la tablée, temporisant un instant. « Je connais, et comprends, bien-sûr, l’étendue des initiatives de votre famille quant à la protection de Hautjardin et la lutte pacifique contre les fanatiques. Et, bien-sûr, je suis persuadé que combattre les idéaux fanatiques par l’action pacifique sur ce qu’ils peuvent reprocher aux nobles, est bien plus productif qu’une guerre d’éradication, bien qu’autrement plus demandeuse en temps, initiatives et difficultés. » Concédait-il, faisant une moue réflexive alors que ses pensées et ses réflexions le troublaient grandement. « Toutefois, mes informations sont formelles : ils ne sont point-là pour prêcher une parole que notre clergé véritable jugerait bonne, au nom des Sept. Ils sont-là, pour répandre leurs mensonges fanatisés. Je ne vous apprends rien quant à l’essence de ce message. Je sais d’où vient une partie de leur financement, et où se trouvent leurs chefs, dans Port-Réal. » Dit-il, donnant quelques informations que Gunthor devait déjà avoir, cela était certain. « Je ne crois pas qu’il faille patienter plus que cela. Les choses qui se jouent dans notre dos, et dans l’ombre de la lumière des Sept, grandissent en profitant de notre attentisme et de notre manque d’initiatives directes. Une politique offensive, menée autour d’actions pacifiques et de profondeur, me semble beaucoup plus cohérent. » Rajoutait-il enfin, terminant sa réflexion et ses pensées. « Mais j’entends, Ser, vos avertissement, vos craintes et vos précieux conseils. » Il reprend la carte, et la roule, consciencieusement. « J’attendrais, et me contenterais de reconnaissances du secteur dans lequel se trouve ce campement. »

Gunthor Hightower

Les prières d’Aelinor et les patrouilles de Gunthor avaient permis de rétablir l’ordre et la paix sur les terres de Hautjardin. Évidemment le Hightower était bien conscient que cette paix retrouvée ne tenait qu’à un fil, que les fanatiques étaient encore présents et puissants, car ils parvenaient à convaincre autour d’eux de bons bieffois, crédules mais néanmoins bieffois. En cet instant, il se demandait sincèrement si la violence d’une attaque servirait le Bief et la société féodale ou si elle achèterait de les détruire. Mais les ordres, tout comme la stratégie prévue venaient de plus haut que lui, Lord Baelor avait décidé cela avec sa fille et il n’allait certainement pas prendre la responsabilité de saper tout le travail fait jusqu’ici sur une possibilité d’amélioration qui d’ailleurs, était loin d’être certaine. De plus, s’il pouvait décider en son âme et conscience d’attaquer, il ne le pouvait pas vis à vis du droit féodal, pas sans l’accord express de Mestre Lomys. Il était capitaine du guet de Villevieille et son autorité s'exerçait là-bas, pas ici. Ici il ne faisait que ce qu’avait autorisé l’Intendant de Hautjardin, pas qu’il ne prenne pas d’initiative, mais organiser des patrouilles et prêcher la bonne parole pour aider n’était pas pareil que d'attaquer une campement se trouvant sur des terres ne leur appartenant pas.

De plus les fanatiques n'étaient un danger pour la société que tant que les armées levées par Villevieille et ses alliés restaient stationnées là où elles étaient et cherchaient à maintenir la paix. Le jour où Lord Baelor déciderait que le temps était venu de les éradiquer, il n’aurait qu’à envoyer quelques corbeaux et ils disparaîtraient comme ils étaient apparus. Quant au fait que Bronn leur soit lié, cela réclamait la plus grande prudence, surtout vue la position du Gouverneur ici même à Hautjardin. Si, comme le pensait la brune aux yeux céruléens et son oncle, il était à l’initiative de ce complot contre tous les nobles du Bief et, vu l’ampleur du problème, des Six Couronnes, il pourrait accuser les vassaux qui avaient outrepassé leurs droits et les faire tous exécuter ou les priver de leurs droits et de leurs fiefs pour mettre de sales reîtres comme lui à leur place. Une bien triste fin pour les nobles familles de cette terre sacrée et riche et une victoire pour la petitesse d’un homme dont il devenait de plus en plus vital de se débarrasser. En revanche, s’ils n’outrepassaient pas leurs prérogatives, il ne pouvait rien faire et une fois que les liens entre lui et les Fils du Berger seraient établis, il ne pourrait plus jamais gouverner quoi que ce soit.

__ Mais pas en vies humaines.

Fit remarquer Gunthor lorsque Treyvir évoqua le temps passé à établir cette paix relative autour de Hautjardin. Il écouta la suite avec attention cependant. Mais quand le Cendregué parla d’attentisme et de manque d'initiatives, il eut un sourire en coin.

__ Si vous souhaitez attaquer, demander l’autorisation de Mestre Lomys, il est le seul à pouvoir décider du sort des gens sur les terres de Hautjardin. Si j’étais vous, j'écrirais également à Lord Hightower pour le prévenir, par pure courtoisie.

Il marqua une courte pause.

__ Pour en revenir à vos informations, nous savons où se trouve la Jouvencelle, le Guerrier, le Ferrand et l’Etranger. Si vous savez où trouver le Père, la Mère et l’Aïeul, en mettant nos informations en commun, nous pourrions déjà en aviser la couronne. En revanche, nous ignorons par qui ils sont financés. Enfin nous pourrions envisager de passer à la vitesse supérieure quant à la lutte contre leur parole hérétique. Mais je continue de penser que passer à l’attaque frontalement avant d’avoir plus d’informations est une mauvaise idée. En effet, une partie de ce qu’ils racontent reste une vérité pour beaucoup de nos concitoyens, le souvenir des guerres qui ont déchiré le royaume est encore vivace et on ne peut pas dire qu’alors, le comportement des puissants ait été exemplaire. Comme je le disais, une telle offensive pourrait à mon sens faire basculer le pays dans la guerre civile plus assurément que toute autre action. Enfin, je refuse de faire couler du sang Bieffois, nous avons payé un assez cher tribut dans la Guerre des Cinq Rois puis la Guerre des Deux Reines. Mais vous dites savoir l’essence de leur message. Que disent-ils précisément ? Nos informations à ce sujet sont très floues, ils ont prétendu un temps que les hommes de Bronn commettaient des exactions dans le pays, mais nous n’avons trouvé aucune preuve en ce sens et avons compris qu’ils répandaient des mensonges pour attiser la rébellion. Je me demande ce qu’ils peuvent bien dire à présent que nous sommes là et que nous montrons l'exact inverse de ce qu’ils prêchent.

Le chevalier posa sa main sur la carte et observa.

__ Avez-vous prévenu Dame Redwyne de l’emplacement des fanatiques sur son Île ?

Hautjardin - An 306, lune 3, semaine 2, jour 3

NC

La meilleure défense, c’est encore l’attaque !

De toute évidence, Ser Gunthor était bien trop profondément ancré dans la politique des Hightower dans cette partie du monde. Une politique doucereuse, attentiste, patiente et sans aucun doute, bienveillante. Une volonté assumée et calculée de vouloir contrecarrer tous les points évoqués par les fanatiques, et notamment en ce qui concerne leurs revendications quant aux droits, privilèges et comportements des nobles de toutes les terres de Westeros. Et il n’avait pas tort ! Un jour ou l’autre, un mouvement naîtrait des velléités d’égalités entre les strates des populations de ce monde, et prendrait les armes – et les messages religieux à leur compte – pour pouvoir se faire entendre et peser sur les discussions de ce monde. Il fallait dire que les dernières guerres avaient été meurtrières, destructrices, violentes et profondément cruelles.

Mais, en son for intérieur, Treyvir savait que tous les nobles jouaient contre la montre. De toute évidence, les fanatiques, de part leurs finances et leurs ramifications, étaient plus prompt à toucher un maximum d’individus en comparaison des nobles et des maisons fières et fortes, qui, justement, étaient les cibles de ces fanatiques. Frapper en premier, frapper fort et frapper durablement, étaient les seules solutions pour Treyvir qui voulait obtenir davantage d’informations.

Seulement voilà… Il semblait évident qu’Aelinor – et Gunthor – en possédaient autrement plus, d’informations, concernant les fanatiques. Plus d’informations, plus de noms, plus de localisations… Que voilà des choses intéressantes, mais aussi inquiétantes, que Treyvir désirait connaître. Il devait les connaître. Car cela était vital, évidemment.

« Ils sont financés par un seigneur de l’Ouest. Sans doute possèdent-ils d’autres financements, cela me paraît évident. Mais ma source s’est… Tarie, avant de pouvoir m’en dire plus. J’ai eu toutes les peines du monde à tirer d’eux la localisation de ces camps. Ils les ont protégées, et ce, malgré la soumission à la question. M’est avis qu’ici, nous obtiendront bien plus d’informations encore. » Expliquait-il, donnant donc une des informations en sa possession. « L’essence de leur message, vous semblez déjà le connaître. Du moins, c’est le cas d’Aelinor. Mais, là aussi, il me faut d’autres informations pour croiser celles obtenues. L’avantage de la question, c’est qu’elle fait parler tous les hommes, tôt ou tard ; l’inconvénient, c’est qu’ils peuvent dire tout et n’importe quoi pour pouvoir s’en sortir. Croiser les sources d’informations me semble pertinent, et obligatoire. » Dit-il ensuite, terminant d’expliquer ce qu’il pouvait – et voulait – répondre à Gunthor. Pour la suite, il préférait qu’Aelinor soit là. « En effet. J’ai envoyé une missive de la plus haute importance à Dame Redwyne, mais, au jour d’aujourd’hui, elle ne l’a pas encore reçue. Mais l’information est en route. » Confiait-il, conscient que la distance entre Cendregué et la Treille demandait de longs temps de trajet. « Ser, je vous remercie de vous êtres déplacé jusqu’ici. Je m’étais permis de vous… Convoquer, car je pensais l’offensive imminente, et votre présence, extrêmement importante à ce conseil. Mais vous m’avez ouvert les yeux. J’aimerais toutefois pouvoir lancer des missions de reconnaissance rapidement, si vous l’acceptez. A défaut de les attaquer, je souhaiterais au moins connaître leurs mouvements, leur localisation et leur environnement. »

Gunthor Hightower

Pour la famille Hightower, les droits et privilèges des nobles s’accompagnaient de devoirs et d’importantes responsabilités, cela avait toujours été et c’était ce qui garantissait la stabilité de la société féodale qui existait depuis près de 6000 ans. Les critiques des fanatiques, dont certaines étaient légitimes, n’y changeraient rien, pas tant que les paysans se sentaient protégés et justement traités par leurs seigneurs. Ils n’étaient qu’un grain de sable dans les rouages de la stratégie bien plus vaste de Lord Baelor et il était hors de question de gâcher les ressources dont ils auraient besoin par la suite pour ce problème. Ils cherchaient donc à le régler autrement que par un conflit ouvert et meurtrier. Les revendications et les velléités de justice avaient été entendues et prises en compte. La paix avait été rétablie et d’après la carte, cette politique avait fonctionné puisqu’aucun campement de fanatique ne s’était établi sur les terres des vassaux qui avaient suivi la stratégie de Grand Tour. Cela dit, il se pouvait également que le jeune Seigneur ne les ait tout simplement pas obtenus. Les armes appartenaient aux nobles et à leurs soldats qui patrouillaient dans les campagnes et les villages de Rubriant, Villevieille, Corcolline et Pont l’Amer. Cependant, Treyvir avait raison sur un point, il fallait passer à l’action concernant le campement établi près de Hautjardin, mais pas avant d’avoir plus d'informations et certainement pas en leur envoyant une armée si l’on pouvait trouver une autre solution plus pacifique.

Gunthor écouta attentivement le Cendregué lui révéler quelques informations, mais finalement assez peu, à part le fait qu’il avaient voulu à tout prix cacher les localisations de leurs campements. C’était intéressant, car cela révélait qu'effectivement, ces campements placés proches de certaines forteresses stratégiques pour le Bief étaient cruciales pour leur plan. Mais il ne donna pas le nom du seigneur de l’Ouest qui les finançait.

__ Certes, la question présente des avantages, mais aussi des inconvénients, nous avons eut nos informations… autrement… comme vous pouvez vous en douter.

Dit-il en hochant la tête.

__ Je suis contente d’apprendre que Dame Redwyne aura bientôt l’information.

Ajouta-t-il.

__ Pour les missions de reconnaissance, vous pouvez compter sur moi. Comme je vous disais, Aelinor a demandé aux hommes qui se sont repentis de son enlèvement de les infiltrer, nous aurons peut-être de plus amples informations d’ici peu grâce à eux. Mais nous devons effectivement en apprendre plus sur leur organisation et leurs défenses si une attaque se devait d’être menée. Avec un peu de chance, nous pourrions tomber sur quelques fanatiques esseulés et les faire prisonnier pour les passer à la question. J’aviserais tout de même Mestre Lomys pour avoir son accord si vous le permettez.

Hautjardin - An 306, lune 3, semaine 2, jour 3

NC

La meilleure défense, c'est encore l'attaque !

La meilleure défense, c'est encore l'attaque !

Re: La meilleure défense, c'est encore l'attaque !

Re: La meilleure défense, c'est encore l'attaque !

Re: La meilleure défense, c'est encore l'attaque !

Re: La meilleure défense, c'est encore l'attaque !

Re: La meilleure défense, c'est encore l'attaque !

Re: La meilleure défense, c'est encore l'attaque !